Structure, composition et diversité floristiques d’une forêt
équatoriale du Gabon
Patrick CAMPBELL1, Pedro RIVERA2, Duncan THOMAS3, Henri BOUROBOU-BOUROBOU4,
Thomas NZABI5, Alfonso ALONSO1 et Francisco DALLMEIER1
1 Introduction
Le Gabon est situé en pleine zone tropicale, à cheval
sur l’équateur, sur la côte atlantique de l’Afrique.
Près de 85 % de son territoire est recouvert de forêt,
ce qui en fait le pays le plus boisé d’Afrique (Catinot
1978, FAO 2003). Cette forêt pluviale tropicale quasiment intacte, d’une superficie atteignant presque
celle du Royaume-Uni, est d’une valeur inestimable
pour la biodiversité de l’Afrique centrale (voir les
autres chapitres de ce volume); sa conservation est
donc prioritaire. De 1990 à 2000, l’Afrique a perdu
chaque année 5,3 millions d’hectares (ha) de couvert
forestier (0,8 %/an), avec à peine 0,5%/an au Gabon
(FAO 2000, FAO 2003). Cet état de conservation
exceptionnel de la forêt gabonaise peut sans doute
s’expliquer par la population peu nombreuse du pays
et, paradoxalement, par son industrie pétrolière. En
effet, seulement 1,3 millions de personnes habitent
le Gabon, dont 81% dans les zones urbaines, ce qui
laisse de vastes régions pratiquement dépourvues de
population humaine, voire inhabitées (United
Nations Secretariat 2002). Par ailleurs, 43 % du produit intérieur brut du Gabon provient des recettes
pétrolières (U. S. Department of Energy 2004), ce
qui a atténué la nécessité d’exploiter les autres
ressources naturelles, dont le bois et les minerais, ce
qui aurait entraîné la perte de davantage de couvert
forestier. Cependant, avec la baisse des recettes
pétrolières, le pays risque d’envisager l’exploitation
du bois et d’autres ressources forestières, qui ont
déjà contribué à l’économie du pays, mais avec des
taux d’extraction relativement faibles (WRI 2000).
Si l’on veut comprendre la biodiversité d’une
région, il est important de bien caractériser sa végétation, responsable de la production primaire de l’écosystème naturel. En effet, ce sont les plantes qui
transforment la lumière du soleil en énergie utilisable par toutes les composantes de l’écosystème. Or,
la répartition et l’abondance de chaque espèce végé-
tale dépendent de facteurs écologiques tels que le
type de sol, la disponibilité des éléments nutritifs et
la quantité de précipitations. Par conséquent, les
espèces végétales sont souvent regroupées en types
de végétation définis où sont réunis les divers facteurs écologiques privilégiés par chaque espèce. Les
espèces animales, en fonction de leurs besoins, tendent elles aussi à former des ensembles définis,
reliés aux types de végétation. Ainsi, une bonne connaissance de la diversité et de la répartition des
divers types de végétation composant le paysage
aide à comprendre autant la diversité des espèces
végétales que la répartition et l’abondance des
espèces animales.
La forêt gabonaise fait partie de cet ensemble de
forêts pluviales sempervirentes ou semidécidues de
basse altitude que White (1983) appelait « forêt pluviale guinéo-congolaise ». Le long de la côte du
Gabon et dans certains secteurs isolés répartis dans
tout le pays comme la Lopé et les Plateaux Batékés, la
végétation est constituée d’une mosaïque de savane et
de forêt pluviale de basse altitude (White 1983). Le
long des côtes, on rencontre également des mangroves.
La forêt guinéo-congolaise du Gabon constitue un
milieu important pour la biodiversité végétale et est
riche en espèces endémiques. Le nombre total d’espèces que compte la flore du Gabon se situerait
entre 6000 et près de 10 000, selon les diverses esti1
Monitoring and Assessment of Biodiversity Program,
National Zoological Park, Smithsonian Institution, 1100
Jefferson Drive SW #3123, Washington DC 20560-0705,
USA. Emails: pcampbell@si.edu, aalonso@si.edu,
fdallmeier@si.edu
2
EcoAventuras Environmental Consultants, PO Box 22768,
San Juan, Puerto Rico 00931, USA, Email:
coabey@caribe.net
3
Department of Forest Science, Oregon State University,
Corvallis, Oregon 97333, USA. Email: duncanwt@aol.com
4
IRET - CENAREST, BP 13354, Libreville, Gabon. Email:
henribourobou@yahoo.fr
5
Herbier National du Gabon - CENAREST, BP 1156,
Libreville, Gabon.
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
■
29
mations (Hallé et Le Thomas 1968, Floret 1976,
Breteler 1988, 1996), et jusqu’à 20 % de ces
espèces seraient endémiques (Brenan 1978). Les
botanistes de l’Université de Wageningen, aux Pays
Bas, et de l’Herbier National du Gabon, à Libreville,
ont herborisé dans le Complexe d’Aires Protégées de
Gamba, et le World Wildlife Fund-Gabon a compilé
une série de photos aériennes et d’images satellites
en vue d’obtenir une base de données géographiques
permettant de délimiter grossièrement les divers
types de végétation. Des données quantitatives sont
disponibles pour un relevé des grands arbres mené
dans la région de Rabi (de Bie et Geerling 1989), une
parcelle d’un hectare établie dans la zone orientale
des Monts Doudou (Reitsma 1988), une parcelle
d’un hectare établie près de Rabi pour étudier une
sélection d’espèces (Wieringa 1999), un inventaire
récemment mené dans la région des Monts Doudou
(Sosef et al. 2004), et des données qualitatives existent de par plusieurs études réalisées pour l’industrie pétrolière dans le cadre d’évaluations environnementales (Gabon Vert 2002). Les objectifs de la
présente étude sont les suivants: (1) identifier les
types de végétation présents dans la région et
décrire leur diversité, leur structure et leur composition; (2) identifier les principales espèces et familles
d’arbres présentes dans chacun de ces types de
végétation; (3) comparer les divers types quant à
leur structure et à leur composition floristique; (4)
faire progresser les connaissances sur la biodiversité
végétale de la région.
2 Zone d’étude
Le Complexe de Gamba possède un climat tropical humide, avec deux saisons sèches, de juin à
septembre et de janvier à février.
Le relief est plat vers la côte, légèrement
ondulé vers l’intérieur des terres, où se développent des collines escarpées dont l’altitude varie de
600 à 800 m dans les Monts Doudou. Nous avons
étudié la végétation de quatre secteurs dont
l’ensemble est largement représentatif des types
de végétation et des degrés d’activité humaine
présents: le Parc national de Loango (PNL), le
Parc national de Moukalaba-Doudou (PNMD) et
les concessions pétrolières de Rabi et de Toucan.
Les caractéristiques de la zone d’étude et les sites
d’échantillonnage sont présentés en détail par Lee
et al. (ce volume).
30
■
De manière générale, le paysage végétal se
présente comme une mosaïque de grands types de
végétation : près de la côte, les divers types de
forêts littorales, la mangrove, puis la brousse
côtière, les marécages, la forêt de terrain bas (périodiquement inondée), la forêt de terrain élevé (non
inondable) et la prairie herbeuse. Vers l’intérieur, la
végétation se caractérise par de grandes étendues de
forêts de terrain élevé (non inondables) que dissèquent par endroits les forêts de terrain bas (périodiquement inondées) bordant les cours d’eau.
Toute la région peut être considérée comme une
zone de transition entre la forêt tropicale guinéocongolaise et les écosystèmes de savane se trouvant
plus au sud (White 1983).
3 Méthodes
Nous avons effectué des relevés de végétation dans
trois secteurs du Complexe de Gamba : le secteur de
Rabi (février et mars 2002 et février 2003) et de
Toucan (mai et juin 2002), que nous avons groupés
en Rabi-Toucan de par leurs proximités spatiales et
écologiques, le Parc national de Loango (septembreoctobre 2002) et le Parc national de MoukalabaDoudou (mars-avril 2003). Dans chacun des
secteurs, nous avons établi des parcelles de 0,1 ha
mesurant 50 m sur 20 m (Shmida 1984, Stohlgren et
al. 1995, Comiskey et al. 2001, Campbell et al.
2002). Dans chacune des parcelles, nous avons
recueilli des données sur tous les arbres mesurant au
moins 5 centimètres (cm) de diamètre à hauteur de
poitrine (DHP, diamètre mesuré à une hauteur de 1,3
m). Nous avons identifié chaque arbre et en avons
mesuré le DHP.
Dans le secteur de Rabi et de Toucan, nous avons
disposé les parcelles selon un plan aléatoire stratifié : les deux strates retenues, correspondant d’une
part aux terrains élevés et d’autre part aux terrains
bas inondés en permanence ou périodiquement
inondés, ont été délimitées soit par télédétection,
soit à l’aide d’un système d’information géographique (SIG), soit à partir d’observations personnelles faites au sol. Les parcelles ont ensuite été
disposées au hasard à l’intérieur de chaque strate.
Dans le PNL et le PNMD, nous avons établi les parcelles le long de transects longeant ce qui semblait
constituer l’axe principal de la variation
topographique. Dans le PNL, cet axe était perpendiculaire à la côte, tandis que dans le PNMD il
Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
suivait la direction générale de la pente depuis les
marécages de la lagune jusqu’à la crête de la
colline. Nous avons ainsi établi 40 parcelles dans
le secteur de Rabi et de Toucan, 27 dans le PNL, et
8 dans le PNMD. Nous avons utilisé un appareil GPS
pour obtenir les coordonnées de chaque parcelle.
Pour déterminer quelles espèces étaient les plus
« importantes » dans chaque type de végétation,
nous avons utilisé comme indice l’importance
value (IV). Cet indice est égal à la somme de la
densité relative (nombre total d’individus de l’espèce, divisé par le nombre total d’individus de
l’ensemble des espèces), de la surface terrière relative (surface terrière totale de l’espèce, divisée par
la surface terrière de l’ensemble des espèces) et de
la fréquence relative (nombre de parcelles où l’espèce est présente, divisé par le nombre total de
parcelles étudiées). Nous avons ensuite classé les
espèces selon leur IV, l’espèce à l’IV le plus élevé
étant considérée comme la plus « importante »
dans la parcelle (Curtis et McIntosh 1951). Pour
établir l’importance relative des familles, nous
avons utilisé comme indice le familial importance
value (FIV) de Mori et al. (1983). Cet indice est
égal à la somme de la densité relative (nombre total
d’individus appartenant à la famille, divisé par le
nombre total d’individus appartenant à l’ensemble
des familles), de la surface terrière relative (surface
terrière totale de la famille, divisée par la surface
terrière de l’ensemble des familles) et de la diversité relative (nombre total d’espèces de la famille,
divisé par le nombre total d’espèces de l’ensemble
des familles). Nous avons ensuite fait plusieurs
comparaisons des deux indices, par analyse de variance (ANOVA) simple. Les divers types de végétation sont décrits en fonction des indices IV et FIV.
Nous avons analysé séparément chacun des trois
secteurs de la zone d’étude (le secteur de Rabi et de
Toucan, le PNL et le PNMD). Par ailleurs, nous
avons soumis les données d’abondance des espèces
à une analyse factorielle des correspondances
détendancée (Hill et Gauch 1980, McCune et
Mefford 1999), pour classer les types de végétation
au sein des sites d’échantillonnage sur base des
similarités dans la composition d’espèces d’arbres
d’au moins 10 cm de DHP. Les types de végétation
ont été nommés d’après la zone administrative et
les conditions écologiques, et non selon une
nomenclature normalisée à l’échelle de la région.
Dans tout le texte, le terme « terrain bas » s’ap-
plique à tout terrain inondé en permanence ou périodiquement inondé, et le terme « terrain élevé »
signifie que le terrain n’est jamais inondé.
Le Gouvernement du Gabon nous a autorisés à
faire ces recherches et à récolter des spécimens de
référence de toutes les espèces. Les spécimens ont
été identifiés par comparaison avec ceux de
l’Herbier National du Gabon, à Libreville, et de
l’herbier du Missouri Botanical Garden. Nous avons
récolté au moins un spécimen de chaque espèce
recensée durant le projet. Les spécimens de
référence seront déposés à l’Herbier National du
Gabon, à Libreville, et un certain nombre de doubles
sont répartis entre le Centre d'Études sur la
Biodiversité, le Musée National d’Histoire Naturelle
de l’Institution Smithsonian et le Missouri Botanical
Garden aux États-Unis.
4 Résultats et discussion
4.1 Généralités sur la flore
Les 75 parcelles étudiées dans l’ensemble du Complexe
de Gamba nous ont permis de recueillir des données sur
6626 arbres mesurant au moins 5 cm de DHP et sur
679 lianes, soit en tout 7305 végétaux. Il s’agit du plus
grand ensemble de données quantitatives jamais réuni
sur la végétation du Complexe de Gamba. Nous avons
recensé en tout 353 espèces ou morpho-espèces, 179
genres et 53 familles (à l’exclusion des lianes, voir
Annexe 1). Nous avons recensé 203 espèces (n = 21
parcelles) à Rabi, 180 à Toucan (n = 19), 95 dans le
PNL (n = 27) et 137 dans la PNMD (n = 8). Nous
avons pu déterminer l’espèce pour 80 % du matériel
(5285 specimens) et au moins la morpho-espèce pour
98 % (6506 specimens). Plus du tiers (34 %) des individus de l’ensemble des secteurs appartenaient à la
famille des Ébénacées (1149) ou des Euphorbiacées
(1089), tandis que plus du quart des espèces (27 %)
appartenaient à celle des Légumineuses (49), des
Rubiacées (28) ou des Ébénacées (20).
Dans le cadre de l’étude, l’espèce la plus répandue
était Diogoa zenkeri (Olacacées), recensée dans 41 parcelles. Les autres espèces répandues incluaient Coula
edulis (Olacacées, 37 parcelles), Garcinia smeathmannii (Clusiacées, 35 parcelles), Diospyros piscatoria
(Ébénacées, 35 parcelles), Strombosia pustulata
(Olacacées, 34 parcelles) et Dichostemma glaucescens
(Euphorbiacées, 32 parcelles). La famille la plus
répandue était celle des Euphorbiacées, présente dans
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
■
31
Tableau 1. Nombre moyen d’espèces par parcelle (avec écart-type), chez certains types de végétation du Complexe de
Gamba, au Gabon. Données fondées uniquement sur les arbres ayant au moins 10 cm de DHP et sur les lianes ayant
plus de 5 cm de DHP.
Type de végétation
Nombre de parcelles
Espèces
Individus
BA (m2)
Nombre de lianes
15
15
10
7
11
7
21.9 (2.3)
23.2 (4.4)
17.8 (5.0)
7.4 (2.1)
13.0 (2.6)
26.3 (7.1)
46.3 (9.3)
41.1 (7.7)
46.2 (14.8)
46.3 (26.9)
51.6 (13.2)
48.7 (7.3)
3.1 (1.1)
3.4 (1.2)
3.3 (1.7)
4.2 (1.5)
4.7 (1.4)
4.1 (1.5)
11.3 (5.6)
13.9 (6.8)
8.8 (7.7)
3.6 (2.2)
8.0 (4.4)
6.4 (4.4)
Forêt de terrain élevé à Rabi
Forêt de terrain élevé à Toucan
Forêt de terrain bas à Rabi-Toucan
Forêt de terrain bas à Loango
Forêt de terrain élevé à Loango
Forêt de terrain élevé à Moukalaba-Doudou
FAMILLE
Leguminosae
Euphorbiaceae
Olacaceae
Simaroubaceae
Densité relative
Surface terrière
relative
Ebenaceae
Burseraceae
Anacardiaceae
Clusiaceae
Anisophylleaceae
Sapindaceae
0. 0
0. 1
0. 2
0. 3
0. 4
0. 5
Figure 1. Structure et composition familiale de la forêt de terrain élevé de Rabi (arbres de DHP ≥ 10 cm), dans le Complexe
de Gamba, au Gabon. Les familles les plus importantes sont présentées en ordre décroissant de FIV, indice composite fondé
sur l’abondance, la surface terrière et la richesse en espèces. Les résultats proviennent de 15 parcelles de 0,1 hectare. Les
barres représentent la densité relative et la surface terrière relative de chaque famille, en fonction des individus.
65 parcelles. Les Légumineuses (60 parcelles), les Ébénacées (59), les Rubiacées (58), les Annonacées (57) et
les Olacacées (57) étaient également répandues.
À moins d’indication contraire, les résultats et
discussions qui suivent sont fondées uniquement sur
les arbres mesurant au moins 10 cm de DHP.
4.2 Classification de la végétation
4.2.1 Secteur de Rabi-Toucan
Les forêts du secteur de Rabi et de Toucan sont à la
fois dynamiques et matures. Les ouvertures causées
par la chute d’arbres et les activités humaines sont
communes, ce qui produit un mélange d’espèces de
début et de fin de succession. Les lianes sont
partout abondantes et souvent indicatrices de perturbations naturelles ou anthropiques (Laurance et
32
■
al. 2001). Les traces d’anciennes coupes sélectives
sont visibles ça et là dans tout le secteur, ainsi que
des traces d’exploitation récente à Toucan. La
diversité alpha (richesse en espèces; voir Meffe et
al. 2002) était élevée dans toute la région, tandis
que la diversité bêta (richesse en habitats) était
faible. Parmi les 40 parcelles, nous avons pu distinguer trois types de végétation, ayant des compositions différentes mais une structure semblable :
deux types de terrains élevés, et un type de terrains
bas. Le nombre moyen d’espèces dans les parcelles
de terrains bas de Rabi-Toucan était un peu moins
élevé que dans les deux parcelles de terrain élevé
(ANOVA, F 2, 37 = 5,91; P = 0,01), mais la surface
terrière moyenne par parcelle, le nombre moyen
d’individus par parcelle et le nombre de lianes par
parcelle ne variaient pas parmi ces trois types de
végétation (tableau 1).
Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
FAMILLE
Leguminosae
Olacaceae
Burseraceae
Euphorbiaceae
Densité relative
Surface terrière
relative
Simaroubaceae
Annonaceae
Ebenaceae
Chrysobalanaceae
Anacardiaceae
Ochnaceae
0. 0
0. 1
0. 2
0. 3
0. 4
0. 5
Figure 2. Structure et composition familiale de la forêt de terrain élevé de Toucan (arbres de DHP ≥ 10 cm), dans le complexe de Gamba, au Gabon. Les familles les plus importantes sont présentées en ordre décroissant de FIV, indice composite
fondé sur l’abondance, la surface terrière et la richesse en espèces. Les résultats proviennent de 15 parcelles de 0,1 hectare.
Les barres représentent la densité relative et la surface terrière relative de chaque famille, en fonction des individus.
La forêt de terrain élevé de Rabi est une forêt continue occupant la plus grande partie du paysage de la
région de Rabi. La richesse en espèces était élevée,
le nombre moyen d’espèces par parcelle étant de
21,9 (tableau 1), mais les mêmes espèces tendaient
à dominer partout. L’espèce la plus abondante était
Dichostemma glaucescens, qui réunissait 17 % de
tous les individus. C’était également l’espèce la plus
répandue, étant présente dans 14 des 15 parcelles.
Les autres espèces communes et répandues étaient
Coula edulis, Diogoa zenkeri, et Crudia gabonensis
(Légumineuses).
Odyendyea
gabonensis
(Simaroubacées) n’était pas commune, mais c’était
la deuxième espèce en importance, étant représentée
par cinq gros arbres répartis entre trois parcelles; un
de ces arbres était même le deuxième en taille (207
cm de DHP et au moins 40 m de hauteur) de tous les
arbres recensés. La famille des Légumineuses était
la plus riche en espèces (28) et la plus importante
dans ce type de végétation; cependant, seulement 2
des 10 espèces les plus importantes étaient des
Légumineuses, Crudia gabonensis et Calpocalyx
heitzii. Les Euphorbiacées étaient importantes
surtout en raison du grand nombre d’individus de
l’espèce Dichostemma glaucescens. La famille des
Olacacées était également importante, au travers de
sa représentation par Coula edulis et Diogoa zenkeri.
Ces trois familles dominaient ensemble la forêt de
terrain élevé de Rabi, y réunissant 53 % des indi-
vidus, 56 % de la surface terrière et 37 % des
espèces (figure 1). Globalement, nous avons recensé 112 espèces d’arbres ayant au moins 10 cm de
DHP, dont 49 (44 %) étaient représentées par un
seul individu; 33 des espèces étaient présentes
uniquement dans ce type de végétation (Annexe 1).
La forêt de terrain élevé de Toucan est également
une forêt continue et occupe la plus grande partie du
paysage de la région de Toucan. La richesse en
espèces était élevée, le nombre moyen d’espèces par
parcelle étant de 23,2 (tableau 1); contrairement à
la forêt de terrain élevé de Rabi, celle de Toucan ne
comportait aucune espèce tendant à dominer toutes
les parcelles. Les espèces les plus importantes
étaient Coula edulis, Diogoa zenkeri et
Klaineanthus
gaboniae
(Euphorbiacées).
Dichostemma glaucescens, qui était l’espèce la plus
abondante et la plus répandue à Rabi, était peu commune dans la canopée de la forêt de terrain élevé de
Toucan, ce qui constitue une différence importante
par rapport à la forêt de terrain élevé de Rabi.
Lophira alata (Ochnacées) et Odyendyea gabonensis étaient des espèces peu abondantes, mais importantes : ces espèces réunissaient à peine 5 et 7 individus respectivement, mais ceux-ci étaient de
grande taille. La famille des Légumineuses était la
plus importante, avec le plus grand nombre d’espèces (15), et une des 10 plus importantes espèces,
Tetraberlinia moreliana. Les Olacacées étaient
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
■
33
FAMILLE
Euphorbiaceae
Humiriaceae
Myrtaceae
Verbenaceae
Densité relative
Surface terrière
relative
Ebenaceae
Leguminosae
Annonaceae
Anacardiaceae
Bombacaceae
Rubiaceae
0. 0
0. 1
0. 2
0. 3
0. 4
0. 5
0. 6
Figure 3. Structure et composition familiale de la forêt de terrain bas de Loango (arbres de DHP ≥ 10 cm), dans le
Complexe de Gamba, au Gabon. Les familles les plus importantes sont présentées en ordre décroissant de FIV, indice composite fondé sur l’abondance, la surface terrière et la richesse en espèces. Les résultats proviennent de 7 parcelles de 0,1
hectare. Les barres représentent la densité relative et la surface terrière relative de chaque famille, en fonction des individus.
presque aussi importantes, en raison du grand nombre d’individus des espèces Coula edulis et Diogoa
zenkeri. Les Burséracées et les Euphorbiacées constituaient également des familles importantes dans
ce type de végétation (figure 2). Parmi les 116
espèces d’arbres ayant au moins 10 cm de DHP, 40
(35 %) étaient représentées par un seul individu; 31
des espèces étaient présentes uniquement dans ce
type de végétation (Annexe 1).
Les forêts de terrain élevé de Rabi et de Toucan
présentaient des ressemblances frappantes de structure et de diversité : même nombre total d’espèces
dans les 15 parcelles de chacune, même nombre
moyen d’espèces, même nombre moyen d’individus,
même surface terrière moyenne et même nombre
moyen de lianes par parcelle (tableau 1). La proportion d’espèces rares était également la même.
Pourtant, malgré leur proximité géographique, ces
deux types de végétation présentent des compositions assez différentes. En effet, seulement 3
espèces sont importantes dans les deux sites, et
seulement 40 % de toutes les espèces recensées
dans l’un ou l’autre sont communes aux deux. Nous
n’arrivons pas encore à expliquer cette différence de
composition entre les deux forêts, qui poussent dans
des sols et des conditions apparemment assez semblables. Il est possible qu’elles aient connu dans le
passé des impacts anthropiques différents. En effet,
l’exploitation forestière a actuellement un impact
34
■
marqué dans la région de Toucan, où elle semble avoir
débuté il y a fort longtemps et est encore en cours.
Dans la région de Rabi, au contraire, il n’y a aucune
exploitation forestière depuis au moins 18 ans.
Les villages sont plus nombreux dans la zone de
Toucan, de par la proximité à des rivières. La forêt
pourrait aussi être structurée de telle manière que 40
parcelles d’échantillonnage de 0,1 ha ne reflètent pas
adéquatement sa composition.
Les parcelles de terrains bas de Rabi et de
Toucan se groupaient dans le même « type »,
avec dix parcelles. De manière générale, les forêts
de terrain bas de Rabi-Toucan sont un peu moins
riches en espèces que les forêts de terrain élevé de
Rabi et de Toucan, mais leurs surfaces terrières
sont semblables. C’est également dans ces forêts
de terrains bas que se trouvent les parcelles ayant
le plus petit nombre d’espèces (11) et le plus
grand nombre d’individus (75) de tout le secteur
de Rabi-Toucan, ainsi que la surface terrière la
plus élevée (7,98 m2) de toute la zone d’étude.
Les lianes sont parfois absentes ou peu communes
dans les forêts de terrain bas. Les conditions environnementales dans chaque site variaient, d’inondations temporaires à permanentes, et il y avait
trop peu de similarités dans les compositions d’espèces entre les parcelles pour avancer des
généralisations, donc les parcelles seront considérées séparément.
Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
Les parcelles RT01 et RT21 présentaient une particularité :
Gilbertiodendron
unijugum
(Légumineuses) y était commun, même s’il n’a été
recensé dans aucune autre des 73 parcelles de la zone
d’étude. Diospyros simulans (Ébénacées) était commun dans la souscanopée des deux parcelles, qui par
ailleurs présentaient peu de similitudes entre elles et
par rapport aux autres types de végétation relevés
dans notre étude. La parcelle RT01 renfermait relativement peu d’espèces et peu d’individus, et les
lianes y étaient absentes. Dans la canopée, l’espèce la
plus abondante était G. unijugum, suivie de Sibangea
arborescens (Putrangivacées), qui lui aussi n’a été
observé dans aucune autre parcelle. La parcelle RT21
était également pauvre en espèces, mais elle comptait
un nombre d’individus parmi les plus élevés et la surface terrière totale la plus élevée parmi toutes les parcelles de la zone d’étude. Les lianes étaient communes. G. unijugum était également commune, mais
l’espèce la plus abondante était Lecomtedoxa birreyi
(Sapotacées). Lecomtedoxa sp.1 était également commune. La parcelle RT21 renfermait de nombreux gros
arbres : 13 avaient un DHP supérieur à 50 cm, dont
11 de Lecomtedoxa sp.1.
La parcelle RT04 se trouvait dans un petit îlot de
forêt dont le type de végétation particulier n’a été
observé dans aucune autre parcelle. Cet îlot de forêt
occupait moins d’un hectare et était bordé de deux
côtés par un petit cours d’eau. Le terrain était plat et
humide. De gros rochers, mesurant 1 à 2 m de hauteur et jusqu’à 4 m de longueur, étaient éparpillés sur
le terrain. Ces rochers étaient absents de la forêt de
terrain élevé environnante. Dans bien des cas, ils
étaient recouverts de plusieurs centimètres de terre, où
poussaient souvent de gros arbres. Cette particularité
semble indiquer que le terrain n’a pas été perturbé
depuis longtemps. Dans la canopée, les espèces les
plus communes étaient Angylocalyx oligophyllus
(Légumineuses), Homalium letestui (Flacourtiacées)
et Diospyros physocalycina (Ébénacées), réunissant
respectivement 6, 5, et 6 des 47 arbres de la parcelle.
H. letestui n’a été observée dans aucune autre parcelle de la région de Rabi-Toucan, tandis que A. oligophyllus était rare ailleurs. La surface terrière et le
nombre d’individus étaient semblables à ceux
observés dans les autres parcelles, et des lianes étaient
présentes. Calpocalyx heitzii et Strombosia grandifolia (Olacacées) étaient également représentées par
plusieurs individus; S. grandifolia n’a été recensée
dans aucune autre parcelle de la région de Rabi-
Toucan, tandis que C. heitzii était importante dans les
forêts de terrain élevé de Rabi; les deux espèces
étaient importantes dans les forêts de terrain élevé de
Moukalaba-Doudou, tout comme D. physocalycina.
Les parcelles RT05, RT12, RT13, RT20 et RT28
avaient en commun la présence d’Anthostema
aubryanum (Euphorbiacées), mais elles présentaient
par ailleurs des types différents de forêts. La structure des forêts variait d’une parcelle à l’autre, et
aucune n’était dominée par une seule espèce. Dans
chacune des parcelles, les espèces abondantes
étaient les suivantes : RT05 – Combrétacées sp.1 (6
individus) et Anthostema aubryanum (5); RT12 –
Combrétacées sp.1 (14), Laccodiscus sp.1
(Sapindacées, 10) et A. aubryanum (6); RT13 –
Amanoa strobilacea (Phyllanthacées, 6) et Diogoa
zenkeri (4); RT20 – A. aubryanum (14),
Gilbertiodendron stipulaceum (Légumineuses, 11)
et Englerophytum letestui (Sapotacées, 8); et RT28 –
Protomegabaria stapfiana (Euphorbiacées, 5) et
Librevillea
klainei
(Légumineuses,
5).
Gilbertiodendron ogoouense (Légumineuses, 3) était
présent dans la parcelle RT13 mais n’a été recensé
dans aucune autre parcelle de la zone d’étude.
Aucune des 17 espèces recensées dans la parcelle
RT14 n’était unique à celle-ci, mais cette combinaison
particulière d’espèces n’a été observée dans aucune
autre parcelle. Aucune espèce ne dominait la parcelle.
Les trois espèces les plus abondantes, Diospyros simulans, Protomegabaria stapfiana et Diogoa zenkeri,
ne réunissaient que 3 individus chacune. Librevillea
klainei pouvait également être considérée comme
importante, étant représentée par deux gros arbres
(DHP de 77,9 et 120,8 cm, hauteur d’au moins 45
m). Globalement, les espèces semblaient moins nombreuses et moins abondantes que dans les autres parcelles. Aucune liane n’a été recensée.
La parcelle RT38 se distinguait par l’extrême
abondance
de
Glossocalyx
longicuspis
(Monimiacées), qui réunissait 23 (52 %) des 44
arbres ayant au moins 10 cm de DHP. Aucune autre
parcelle de la région de Rabi-Toucan n’était à ce
point dominée par une seule espèce (voir cependant
certaines forêts du Parc national de Loango). De
plus, G. longicuspis n’a été observée ailleurs que
dans la parcelle RT36, où elle comptait un seul individu. En fait, toute la famille des Monimiacées était
peu présente dans notre étude : seulement deux
autres parcelles renfermaient des arbres de cette
famille, un seul individu dans chaque cas (la G.
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
■
35
FAMILLE
Ebenaceae
Meliaceae
Euphorbiaceae
Simaroubaceae
Olacaceae
Densité relative
Surface terrière
relative
Leguminosae
Clusiaceae
Flacourtiaceae
Myristicaceae
Burseraceae
0. 0
0. 1
0. 2
0. 3
0. 4
0. 5
0. 6
Figure 4. Structure et composition familiale de la forêt de terrain élevé de Loango (arbres de DHP ≥ 10 cm), dans le
Complexe de Gamba, au Gabon. Les familles les plus importantes sont présentées en ordre décroissant de FIV, indice composite fondé sur l’abondance, la surface terrière et la richesse en espèces. Les résultats proviennent de 11 parcelles de 0,1
hectare. Les barres représentent la densité relative et la surface terrière relative de chaque famille, en fonction des individus.
longicuspis mentionnée ci-dessus, et une G. brevipes
var. letouzeyi recensée dans la parcelle RT26). Par
ailleurs, la parcelle RT38 renfermait moins d’espèces (11) d’arbres ayant au moins 10 cm de DHP
que toute autre parcelle de la région de Rabi-Toucan.
La surface terrière et le nombre d’individus étaient
semblables à ceux observés dans les autres parcelles.
4.2.2 Parc national de Loango
Le Parc national de Loango (PNL) occupe grossièrement la moitié septentrionale de la partie du Complexe
de Gamba qui borde l’Atlantique. Dans le nord du
parc, la partie la plus à l’intérieur des terres, à presque
40 km de la côte, s’approche de Rabi. Il s’agit d’un
parc relativement petit (1550 km2, soit 14 % de la
superficie du Complexe), dont la végétation côtière est
différente des autres secteurs de la zone d’étude. Ses
100 km de littoral non aménagé constituent un des plus
longs segments de plage vierge de tout le continent.
Contrairement aux forêts étendues et ininterrompues
qu’on rencontre plus loin de la mer, la végétation du
PNL forme une mosaïque de nombreux petits îlots
présentant des types de végétation successifs très variés, à mesure que l’on s’éloigne de la plage. Une
analyse factorielle des correspondances détendancée a
permis de distinguer sept types de forêts à Loango :
deux types de forêts de terrain élevé, deux de forêts
côtières, deux de mangroves, et un de forêts de terrains
36
■
bas. Dans l’ensemble du PNL, la diversité bêta était
élevée, tandis que la diversité alpha (ou richesse en
espèces) était basse en comparaison avec des sites à
l’intérieur des terres. Nous avons établi 27 parcelles
dans le PNL, qui nous ont permis de décrire plusieurs
types de végétation.
Dans notre site d’étude, les forêts côtières bordaient la plage et formaient de longues bandes
étroites parallèles à celle ci. Les forêts côtières
étaient pauvres en espèces, avec seulement cinq
espèces recensées dans trois parcelles. La palmeraie
côtière de Loango était dominée par Manilkara lacera (Sapotacées) et Hyphaene guineensis
(Arécacées), et les trois autres espèces étaient
Fegimanra africana (Anacardiacées), Casearia barteri (Flacourtiacées) et Ongokea gore (Olacacées),
chacune de ces trois étant représentée par un seul
individu. La structure de la forêt se caractérisait par
la faible abondance des arbres; chaque parcelle ne
comptait pas plus de 16 individus ayant un DHP d’au
moins 10 cm. Aucune liane n’a été recensée. Les
arbres tendaient à avoir un gros diamètre : le DHP
moyen de M. lacera était de 58,6 cm (n = 26), tandis que celui de H. guineensis était de 32,5 cm (n =
18). De plus, aucun des arbres ne dépassait 25 m de
hauteur. La brousse côtière de Loango était dominée
par Syzygium guineense (Myrtacées), espèce produisant souvent des tiges multiples; dans les parcelles, de nombreux individus comptaient 2 ou 3
Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
FAMILLE
Leguminosae
Ebenaceae
Euphorbiaceae
Olacaceae
Densité relative
Surface terrière
relative
Simaroubaceae
Rubiaceae
Melastomataceae
Burseraceae
Annonaceae
Flacourtiaceae
0. 0
0. 1
0. 2
0. 3
0. 4
0. 5
Figure 5. Structure et composition familiale de la forêt de terrain élevé de Moukalaba-Doudou (arbres de DHP ≥ 10
cm), dans le Complexe de Gamba, au Gabon. Les familles les plus importantes sont présentées en ordre décroissant de
FIV, indice composite fondé sur l’abondance, la surface terrière et la richesse en espèces. Les résultats proviennent de 7
parcelles de 0,1 hectare. Les barres représentent la densité relative et la surface terrière relative de chaque famille, en
fonction des individus.
tiges, et plusieurs en comptaient plus de 10. S.
guineense était de loin l’espèce la plus commune,
réunissant 71 (77 %) des 92 individus présents. Ce
type de forêt était pauvre en espèces : nous y avons
recensé seulement 8 espèces d’arbres ayant au moins
10 cm de DHP. Le Chrysobalanus icaco
(Chrysobalanacées) ainsi qu’une espèce inconnue de
la famille des Rubiacées étaient les deux autres
espèces communes, étant chacune représentée par 6
individus. Le nombre total d’arbres était beaucoup
plus élevé que dans la palmeraie côtière, mais la
morphologie des arbres était similaire; les tiges primaires de S. guineense étaient généralement grosses
et courtes (DHP supérieur à 50 cm, hauteur dépassant rarement 10 m). Aucune liane n’a été recensée.
La bapheraie de terrain élevé de Loango était
représentée par une seule parcelle, dominée par Baphia
laurifolia (Légumineuses), avec 15 (56 %) des 27 individus recensées. Cette espèce dominait par son abondance, mais Sacoglottis gabonensis (Humiriacées),
Vitex grandifolia (Verbénacées) et Chrysobalanus
icaco étaient également importants, car ils comptaient
quelques gros individus. La forêt était relativement
pauvre en espèces : nous y avons recensé seulement 7
espèces d’arbres mesurant au moins 10 cm de DHP.
Les lianes étaient présentes mais peu communes.
Dans le Parc national de Loango, nous avons distingué deux types de mangroves, la mangrove rouge
(n = 2) et la mangrove noire (n = 1). Ces deux types
de végétation étaient les plus pauvres en espèces de
toute la zone d’étude. La mangrove rouge de Loango
était dominée par Rhizophora racemosa
(Rhizophoracées). Aucune autre espèce n’était
présente, outre un seul individu de Syzygium
guineense. La mangrove noire était dominée par
Avicennia germinans (Verbénacées), mais R. racemosa était également présente dans la parcelle, où il
réunissait 6 (24 %) des 25 individus présents.
Aucune autre espèce n’a été observée. La structure
des deux types de mangroves se caractérisait par une
faible abondance et une faible hauteur, la plupart des
arbres n’atteignant pas 20 m. Cependant, dans la
mangrove noire, les arbres tendaient à être beaucoup
plus grands que dans la mangrove rouge, et la surface terrière était plus de trois fois plus élevée. Nous
n’avons recensé aucune liane.
La forêt de terrain bas de Loango (n = 7 parcelles)
était constituée d’une série d’îlots de forêt généralement associés à de petits cours d’eau ou à des
cuvettes. Toutes les parcelles étaient pauvres en
espèces. Dans l’ensemble des parcelles, nous
n’avons recensé que 28 espèces d’arbres ayant au
moins 10 cm de DHP, et le nombre moyen d’espèces
par parcelle était de 7,4 (tableau 1). Le nombre d’individus et la surface terrière totale étaient semblables
à ceux des autres types de végétation de terrain bas
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
■
37
ou élevé. Anthostema aubryanum était l’espèce la
plus importante et dominait toutes les parcelles.
Cette espèce des terrains bas était également commune dans les terrains bas de Rabi-Toucan. Elle était
répandue dans la forêt de terrain bas de Loango,
étant présente dans toutes les parcelles sauf une; c’était aussi l’espèce la plus commune, réunissant 167
(51 %) des 329 individus présents. Une des parcelles présentait un peuplement presque pur d’A.
aubryanum: 92 (94 %) des 98 arbres appartenaient
à cette espèce. Les autres espèces importantes de la
forêt de terrain bas de Loango étaient Sacoglottis
gabonensis, Eugenia sp.1 (Myrtacées) et Vitex sp.1
(Verbénacées). Peu d’espèces étaient rares: seulement 8 (29 %) étaient représentées par un seul individu. Tout au plus 6 lianes ont été recensées dans
chacune des parcelles. La composition en espèces
n’avait rien de particulier. Cinq espèces ont été
recensées uniquement dans ce type de végétation, et
4 de celles ci étaient représentées par un seul individu (Annexe 1). La famille des Euphorbiacées était
de loin la plus importante, en raison de l’importance
d’A. aubryanum, et 53 % des individus appartenaient à cette famille (figure 3). Les Humiriacées et
les Myrtacées étaient également importantes en raison de l’importance d’une seule espèce de chacune
de ces familles. Aucune des 19 familles n’était
représentée par plus de 3 espèces.
La forêt de terrain élevé de Loango était le type de
végétation le plus riche en espèces et le plus étendu du
Parc national de Loango. Cette forêt se rencontre
habituellement à au moins 0,5 km de la plage. Le terrain n’est jamais inondé, mais le sol peut être saturé
d’eau à certains moments. La forêt de terrain élevé de
Loango est répartie en îlots distincts, souvent entourés
de savane. La transition entre les deux écosystèmes
est abrupte, et la forêt empiète rarement sur la savane.
Les îlots de forêt avaient généralement un diamètre
minimal supérieur à 1 km. Ce type de végétation était
plus riche en espèces (13,0) que tout autre type de
forêt de Loango, mais bien moins riche que les forêts
de terrain élevé de Rabi, de Toucan et du Parc national de Moukalaba-Doudou (tableau 1). Diospyros sp.
nov. (Ébénacées), qui n’a sans doute jamais été
décrite, réunissait 48 % des individus et se rencontrait
dans toutes les parcelles. En revanche, la deuxième
espèce en importance, Entandrophragma angolense
(Méliacées), n’était représentée que par 5 individus;
cependant, quatre de ces arbres étaient assez grands,
et trois avaient un DHP supérieur à 120 cm; un des
38
■
arbres présentait même le plus fort DHP (219,5 cm)
de toute la zone étudiée. Les deux espèces n’étaient
présentes qu’à cet endroit. La structure de la forêt était
semblable à celle des autres forêts de terrain élevé
quant à la surface terrière et au nombre d’individus,
mais elle tendait davantage à renfermer de gros arbres
(13 avaient un DHP supérieur à 100 cm).
La famille des Ébénacées était la plus importante de
ce type de végétation (figure 4), principalement en
raison du Diospyros sp. nov., mais c’est la famille des
Euphorbiacées qui renfermait le plus d’espèces (8).
Nous avons recensé 28 familles d’arbres ayant au
moins 10 cm de DHP. Les Méliacées, les
Euphorbiacées et les Simaroubacées étaient également
des familles importantes, principalement en raison de
la présence de gros arbres (surface terrière de 53 %),
mais elles réunissaient seulement 16 % des individus
et 28 % des espèces (figure 4). Les lianes étaient
abondantes, constituant 15 % des individus recensés,
et elles étaient présentes dans toutes les parcelles.
Ce type de forêt contient des espèces exploitables
qui sont peut-être menacées, donc leur protection
locale selon les règles qui régissent le parc est
importante pour leur conservation. Par exemple, il y
avait beaucoup d’Entandrophragma angolense, un
bois de sciage important au Gabon, et des études
récentes semblent indiquer que le niveau d’extraction actuel n’en permet pas une exploitation durable
(Hall et al. 2003a, b). Nous avons également recensé un gros okoumé (Aucoumea klaineana,
Burséracées); cette espèce n’a été observée dans
aucune autre des 75 parcelles. L’okoumé est sans
doute l’espèce la plus recherchée au Gabon comme
bois de sciage (Brunck et al. 1990, WRI 2000), mais
il semble se régénérer très mal. Par conséquent, il se
peut que le taux d’extraction actuel de l’okoumé, au
Gabon, n’en permette pas une exploitation durable
(White et al. 1998, White 2001).
4.2.3 Parc national de Moukalaba-Doudou
Les forêts échantillonnées du côté ouest du Parc
national de Moukalaba-Doudou (PNMD) sont riches
en espèces et semblent être plus anciennes et avoir
été moins perturbées par les activités humaines que
celles du PNL et de Rabi-Toucan. Nous n’avons
observé pratiquement aucun signe de coupe sélective
récente, et il n’y avait aucun chemin d’accès.
Comme dans le cas des forêts de Rabi-Toucan, la
diversité alpha était élevée, tandis que la diversité
Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
bêta était faible. À cause de contraintes de temps,
nous avons dû nous contenter de huit parcelles d’étude à Moukalaba-Doudou, dont sept dans la forêt de
terrain élevé et une dans une forêt inondée en permanence. La forêt de terrain élevé de MoukalabaDoudou est une forêt continue qui occupe la plus
grande partie du paysage régional. Le relief se caractérise par des collines escarpées dépassant souvent
500 m d’altitude. La pente abrupte des versants
assure un bon drainage des sols. Les forêts de terrain
bas (périodiquement inondé ou inondé en permanence) se trouvent au pied des collines, dans la
plaine inondable de la rivière Ndogo et de la lagune
du même nom.
La forêt de terrain élevé de Moukalaba-Doudou
est une forêt ancienne et diverse. Elle est riche en
espèces, le nombre moyen d’espèces par parcelle
étant de 26,3 (tableau 1). Ce nombre est plus élevé
que celui relevé dans les autres forêts de terrain élevé
situées à l’intérieur des terres, mais la différence
n’est pas significative (ANOVA, F 2,34 = 2,43; P =
0,10). L’espèce la plus importante était Dichostemma
glaucescens, qui dominait toutes les parcelles, où
elle réunissait 15 % des individus présents. Les
autres espèces communes et répandues étaient
Diospyros physocalycina, Diospyros sanza-minika
(Ébénacées) et Calpocalyx heitzii.
La forêt de terrain élevé de Moukalaba-Doudou
présentait de nombreuses ressemblances avec celle de
Rabi, où le Dichostemma glaucescens était également
l’espèce la plus importante, et présentait des densités
relatives et des surfaces terrières relatives remarquablement semblables. Cette forêt était semblable à
celles de terrains élevés de Rabi et Toucan en ce qui
concerne le nombre d’individus et la surface terrière
totale par parcelle. Une des différences majeures était
l’importance et la diversité du genre Diospyros à
Moukalaba-Doudou. Trois espèces de ce genre figuraient parmi les espèces les plus importantes de la
forêt de terrain élevé de Moukalaba-Doudou, et 11 ont
été signalées dans les 7 parcelles de ce type de végétation, où le genre réunissait 23 % de tous les individus recensés. Dans la forêt de terrain élevé de Rabi,
nous n’avions observé que 5 espèces de Diospyros,
qui réunissaient à peine 4 % des individus recensés.
Les lianes représentaient encore une autre différence.
Le nombre moyen de lianes par parcelle était à peu
près deux fois moindre dans le PNMD (6,4) qu’à Rabi
(11,3) et à Toucan (13,9) (ANOVA, F 2,34 = 3,82; P
= 0,03). Cette différence semble elle aussi confirmer
que la forêt de Moukalaba-Doudou est plus ancienne
et moins perturbée que les autres.
En tout, 39 espèces ont été recensées uniquement
dans ce type de végétation, dont Diospyros bipindensis
(Ébénacées), espèce importante de la canopée. La
famille des Légumineuses était la plus riche en espèces
(17) et aussi la plus importante (figure 5). Elle comprenait notamment deux des espèces les plus importantes, Calpocalyx heitzii et Cynometra mannii.
L’importance de cette famille était liée à sa richesse en
espèces et à la taille relativement grande des C. heitzii.
Deux autres familles étaient importantes, celle des
Ébénacées, en raison de la diversité et de l’abondance
des Diospyros, et celle des Euphorbiacées, surtout en
raison de l’abondance du Dichostemma glaucescens,
l’espèce la plus importante. Ces trois familles dominaient ensemble la forêt de terrain élevé de
Moukalaba-Doudou, où elles réunissaient 57 % des
individus, 46 % de la surface terrière et 34 % des
espèces. Les lianes étaient présentes dans 6 des 7 parcelles, mais elles étaient moins abondantes (9 % des
individus recensés).
La forêt de terrain bas de Moukalaba-Doudou
était représentée par une seule parcelle. Elle était
pauvre en espèces (seulement 12). L’espèce la plus
abondante était l’Englerophytum letestui, qui réunissait 37 (63 %) des 59 individus recensés et 23 % de
la surface terrière. Mitragyna ciliata (Rubiacées)
arrivait au deuxième rang, avec 10 (17 %) des 59
individus présents; ces arbres étaient assez gros et
constituaient 42 % de la surface terrière. Les 10
autres espèces étaient rares (Annexe 1). E. letestui
et M. ciliata étaient plus communes dans cette parcelle que dans toute autre, mais elles étaient aussi
présentes ensemble dans la forêt de terrain bas de
Rabi-Toucan, particulièrement dans les parcelles
RT05, RT12 et RT20; ces espèces semblent donc
avoir une affinité pour les terrains humides. M. ciliata était également présente dans la forêt de terrain
bas de Loango. Les deux espèces semblent associées
à l’Anthostema aubryanum, espèce des terrains bas
souvent dominante là où elle est présente. La structure de la forêt de terrain bas de Moukalaba-Doudou
se caractérisait par un grand nombre d’individus (59)
et par une surface terrière élevée (7,58 m2), arrivant
au deuxième rang parmi toutes les parcelles. Les
lianes étaient fréquentes dans la parcelle, qui en
comportait un plus grand nombre (34) que toute
autre parcelle de la zone étudiée.
Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
■
39
4.3 Comparaison entre sites de
terrains élevés
Les quatre types de forêts de terrain élevé décrits
dans le présent chapitre tendent à avoir des compositions différentes quant à l’importance des diverses
espèces, mais elles se ressemblent grandement quant
à la composition et à l’importance des familles (figures 1, 2, 4 et 5). La famille des Légumineuses était
la plus importante dans trois des quatre sites, bien
que dans une moindre mesure à Loango. La dominance de cette famille est d’ailleurs une des caractéristiques de la forêt guinéo-congolaise (White
1983, Rietkerk et al. 1995). La famille des
Euphorbiacées était également importante dans tous
les sites; cette importance était due à la prévalence
de Dichostemma glaucescens à Rabi, dans le PNL et
le PNMD, et de Klaineanthus gaboniae à Toucan.
Les Burséracées, les Ébénacées, les Olacacées et les
Simaroubacées étaient également importantes dans
les quatre sites.
5 Sommaire et mesures de
conservation recommandées
De toute évidence, les forêts tropicales d’Afrique
n’atteignent pas le degré extrême de biodiversité qui
a été observé dans certaines forêts tropicales d’Asie
et d’Amérique du Sud. Ainsi, nous avons recensé
seulement 353 espèces d’arbres (DHP ≥ 5 cm) dans
nos 75 parcelles de 0,1 ha du Complexe de Gamba,
alors que Comiskey et al. (2001) en ont recensé 307
(DHP ≥ 4) dans une seule parcelle de 1 ha du sudouest du Pérou. Cependant, les forêts du Complexe
de Gamba demeurent parmi les plus riches en
espèces de toute l’Afrique tropicale et sont à cet
égard semblables à d’autres forêts guinéo-congolaises de la région, comme celles du Parc national de la
Lopé, au Gabon (Tutin et al. 1994), du Parc national
de Korup, au Cameroun (Thomas et al. 2003,
Chuyong et al. 2004) et de la Réserve forestière de
Takamanda, également au Cameroun (Sunderland et
al. 2003). De plus, le Complexe de Gamba renferme
une grande variété de types de végétation, ce qui
donne à ses habitats intacts une grande valeur pour la
conservation à l’échelle de la région.
De réelles menaces pèsent sur les forêts de Rabi
et Toucan, qui font face à des activités industrielles,
et ne bénéficient pas d’un niveau de protection égal
à celui des parcs nationaux. Les forêts de Rabi,
40
■
appartenant à une zone classée en Catégorie IV par
l’UICN, se trouvent dans un corridor exploité par
l’industrie pétrolière qui sépare deux parcs
nationaux. Les forêts de Toucan se trouvent juste en
dehors de l’aire protégée, dans une zone qui subit
simultanément des activités pétrolières et d’exploitation forestière. Les activités pétrolières ont eu divers
impacts directs, tels que la coupe de forêt pour la
construction des routes et autres infrastructures, et la
création accidentelle de marais artificiels. Tandis
que les impacts directs des aménagements sont relativement faibles dans l’industrie pétrolière en comparaison d’autres industries, la déforestation génère
cependant des effets de fragmentation plus graves, et
des marais sont créés là où les cours d’eau ont été
bloqués. Les routes traversant la rivière Rabi (spécialement dans le nord de son cours) ont altéré son
écoulement, et causé des accumulations d’eau stagnante. Ces plans d’eau artificiels, d’une surface d’un
à plusieurs hectares, provoquent souvent la mort de
la végétation locale, et au mieux convertissent le
type de forêt en forêt marécageuse, s’ils ne stressent
pas la végétation au point d’en empêcher la
régénération. Ce phénomène existe mais n’est pas
encore très visible à Toucan, qui est en plein
développement. Peu d’efforts ont été entrepris
jusqu’à présent pour y remédier, et les sites n’ont
que peu été évalués avant les travaux. Les impacts
secondaires pourraient aussi être importants, de par
les effets combinés des activités pétrolières et d’exploitation forestière dans la zone de Toucan, et de
l’érosion du sol. Dans le cas d’habitats, d’espèces et
d’assemblages d’espèces sensibles, il est recommandé de mettre en place des mesures appropriées
de limitation ou d’interdiction d’accès, dans l’intérêt
de la protection de la biodiversité.
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Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
Annexe 1. Liste des espéces. MDTE = Moukalaba-Doudou, forêt de terrain élevé; MDTB = Moukalaba-Doudou, forêt
de terrain bas; LBTE = Loango, bapheraie de terrain élevé; LPC = Loango, palmeraie côtière; LBC = Loango, brousse
côtière; LTE = Loango, forêt de terrain élevé; LTB = Loango, forêt de terrain bas; LMN = Loango, mangrove noire;
LMR = Loango, mangrove rouge; RTE = Rabi, forêt de terrain élevé; RTTB = Rabi-Toucan forêt de terrain bas; TTE =
Toucan forêt de terrain élevé.
Site et type de végétation
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Acanthaceae
Thomandersia butayei De Wild.
Thomandersia hensii De Wild. & T. Durand
Anacardiaceae
Anacardiaceae sp.1
Fegimanra africana Pierre
Sorindeia africana (Engl.) Van der Veken
Sorindeia grandifolia Engl.
Sorindeia sp.1
Sorindeia sp.2
Trichoscypha abut Engl. & Brehmer
Trichoscypha acuminata Engl.
Trichoscypha arborea (A. Chev.) A. Chev.
Trichoscypha ferruginea Engl.
Trichoscypha sp.1
Trichoscypha sp.2
Trichoscypha sp.3
Trichoscypha sp.4
Trichoscypha sp.5
Trichoscypha sp.6
Anisophylleaceae
Anisophyllea myriosticta Floret
Anisophyllea polyneura Floret
Anisophyllea purpurascens Hutch. & Dalziel
Annonaceae
Cleistopholis patens (Benth.) Engl. & Diels
Enantia chlorantha Oliv.
Isolona thonneri (De Wild. & Th. Dur.) Engl. & Diels
Meiocarpidium lepidotum (Oliv.) Engler & Diels
Monodora myristica (Gaertn.) Dunal
Pachypodanthium confine Engl. & Diels
Piptostigma multinervium Engl. & Diels
Piptostigma pilosum Oliv.
Polyalthia sp.1
Polyalthia suaveolens Engl. & Diels
Uvariastrum pierreanum Engl. & Diels
Xylopia aethiopica (Dunal) A. Rich.
Xylopia hypolampra Mildbr.
Xylopia le-testui Pellegr.
Xylopia pynaertii De Wild.
Xylopia quintasii Engl. & Diels
Xylopia sp.1
Xylopia sp.2
LBTE
LPC LBC LTE
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
LBTE
Apocynaceae
Apocynaceae sp.1
Picralima nitida (Stapf) T. Durand & H. Durand
Rauvolfia mannii Stapf
Rauvolfia vomitoria Afzel.
Arecaceae
Hyphaene guineensis Schumach. & Thonn.
Asteraceae
Vernonia conferta Benth.
Bignoniaceae
Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seem. ex Bureau
Bombacaceae
Ceiba pentandra (L.) Gaertn.
Burseraceae
Aucoumea klaineana Pierre
Dacryodes buettneri (Engl.) Lam.
Dacryodes edulis (G. Don) H. J. Lam
Dacryodes igaganga Aubrév. & Pellegr.
Dacryodes sp.1
Santiria balsamifera Oliv.
Santiria trimera (Oliv.) Aubrév.
Chrysobalanaceae
Chrysobalanaceae sp.1
Chrysobalanaceae sp.2
Chrysobalanus icaco L.
Dactyladenia bellayana (Baill.) Prance & F. White
Dactyladenia chevalieri (De Wild.) Prance & F. White
Dactyladenia florettii Breteler
Dactyladenia icondere (Baill.) Prance & F. White
Dactyladenia mannii (Oliv.) Prance & F. White
Dactyladenia sp.1
Dactyladenia sp.2
Dactyladenia staudtii (Engl.) Prance & F. White
Magnistipula bimarsupiata Letouzey
Magnistipula cuneatifolia Hauman
Maranthes aubrevillei (Pellegr.) Prance
Maranthes gabunensis (Engl.) Prance
Maranthes glabra (Oliv.) Prance
Clusiaceae
Garcinia smeathmannii (Planch. & Triana) Oliv.
Garcinia sp.1
Symphonia globulifera L. f.
Combretaceae
Combretaceae sp.1
Strephonema mannii Hook. f.
Strephonema sp. 1
Ebenaceae
Diospyros bipindensis Gürke
Diospyros boala De Wild.
Diospyros cinnabarina (Gürke) Gürke
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LPC LBC LTE
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Diospyros conocarpa Gürke & K. Schum.
Diospyros dendo Welw. ex Hiern
Diospyros fragrans Gürke
Diospyros gabunensis Gürke
Diospyros hoyleana F. White
Diospyros iturensis (Guerke) Letouzey & F. White
Diospyros mannii Hiern
Diospyros physocalycina Gürke
Diospyros piscatoria Gürke
Diospyros sanza-minika A. Chev.
Diospyros simulans F. White
Diospyros sp.3
Diospyros sp.4
Diospyros sp.nov.
Diospyros vermoesenii De Wild.
Diospyros zenkeri (Gürke) F. White
Erythroxylaceae
Erythroxylum mannii Oliv.
Euphorbiaceae
Alchornea cordifolia (Schumach. & Thonn.
Müll. Arg.
Anthostema aubryanum Baill.
Crotonogyne manniana Müll. Arg.
Cyrtogonone argentea (Pax) Prain
Dichostemma glaucescens Pierre
Elaeophorbia grandifolia (Haw.) Croizat
Euphorbiaceae sp.1
Klaineanthus gaboniae Pierre ex Prain
Macaranga staudtii Pax
Maprounea membranacea Pax & K. Hoffm.
Mareya micrantha (Benth.) Müll. Arg.
Mareyopsis longifolia (Pax) Pax & K. Hoffm.
Plagiostyles africana (Müll. Arg.) Prain
Ricinodendron heudelotii (Baill.) Heckel
Sapium ellipticum (Hochst.) Pax
Flacourtiaceae
Caloncoba glauca (P. Beauv.) Gilg
Camptostylus mannii (Oliv.) Gilg
Casearia barteri Mast.
Homalium africanum (Hook. f.) Benth.
Homalium letestui Pellegr.
Homalium longistylum Mast.
Homalium sp.1
Scottellia coriacea A. Chev. ex Hutch. & Dalziel
Scottellia klaineana Pierre
Hoplestigmataceae
Hoplestigma klaineanum Pierre
Humiriaceae
Sacoglottis gabonensis (Baill.) Urb.
LBTE
LPC LBC LTE
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LTB
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Icacinaceae
Desmostachys tenuifolius Oliv.
Lauraceae
Beilschmiedia alata Robyns & R. Wilczek
Beilschmiedia congolana Robyns & R. Wilczek
Beilschmiedia fulva Robyns & R. Wilczek
Beilschmiedia grandifolia Baill. ex Laness.
Beilschmiedia oblongifolia Robyns & R. Wilczek
Beilschmiedia sp.1
Beilschmiedia sp.3
Beilschmiedia sp.4
Beilschmiedia sp.5
Beilschmiedia sp.6
Beilschmiedia staudtii Engl.
Hypodaphnis zenkeri (Engl.) Stapf
Lecythidaceae
Napoleonaea vogelii Hook. & Planch.
Leguminosae
Angylocalyx oligophyllus Baker f.
Anthonotha fragrans (Baker f.) Exell & Hillc.
Anthonotha lamprophylla (Harms) J. Léonard
Anthonotha trunciflora (De Wild.) Exell & Hillc.
Baikiaea insignis Benth.
Baphia laurifolia Baill.
Baphia sp.1
Baphia sp.2
Berlinia auriculata Benth.
Berlinia bracteosa Benth.
Berlinia confusa Hoyle
Leguminosae sp.1
Leguminosae sp.2
Calpocalyx dinklagei Harms
Calpocalyx heitzii Pellegr.
Calpocalyx klainei Pierre ex Harms
Calpocalyx ngounyensis Pellegr.
Crudia gabonensis Pierre ex Harms
Cynometra mannii Oliv.
Daniellia pynaertii De Wild.
Dialium guineense Willd.
Dialium pachyphyllum Harms
Dialium sp.1
Dialium sp.2
Dialium zenkeri Harms
Didelotia africana Baill.
Didelotia brevipaniculata J. Léonard
Didelotia letouzeyi Pellegr.
Eurypetalum batesii Baker f.
Gilbertiodendron ogoouense (Pellegr.) J. Léonard
Gilbertiodendron stipulaceum J. Léonard
Gilbertiodendron unijugum (Pellegr.) J. Léonard
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LBTE
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Guibourtia ehie (A. Chev.) J. Léonard
Hymenostegia floribunda (Benth.) Harms
Hymenostegia klainei Pierre ex Pellegr.
Hymenostegia ngounyensis Pellegr.
Julbernardia seretii (De Wild.) Troupin
Librevillea klainei (Pierre ex Harms) Hoyle
Millettia sp.1
Monopetalanthus microphyllus Harms
Monopetalanthus sp.1
Neochevalierodendron stephanii (A. Chev.) J. Léonard
Parkia bicolor A. Chev.
Pentaclethra macrophylla (K. Schum.) Pierre ex Beille
Pterocarpus soyauxii Taub.
Sindora klaineana Pierre ex Pellegr.
Stachyothyrsus staudtii Harms
Tetraberlinia bifoliolata (Harms) Hauman
Tetraberlinia moreliana Aubrév.
Lepidobotryaceae
Lepidobotrys staudtii Engl.
Linaceae
Ochthocosmus sessiliflorus (Oliv.) Baill.
Loganiaceae
Anthocleista vogelii Planch.
Strychnos sp.1
Medusandraceae
Soyauxia gabonensis Oliv.
Melastomataceae
Memecylon lateriflorum (G. Don) Bremek.
Memecylon sp.2
Memecylon sp.3
Memecylon sp.4
Memecylon sp.5
Warneckea macrantha Jacq.-Fél.
Warneckea pulcherrima (Gilg) Jacq.-Fél.
Warneckea sapinii (De Wild.) Jacq.-Fél.
Warneckea wildeana Jacq.-Fél.
Meliaceae
Carapa sp.1
Carapa sp.2
Entandrophragma angolense (Welw. ex C. DC.) C. DC.
Khaya anthotheca (Welw.) C. DC.
Meliaceae sp.1
Trichilia prieuriana A. Juss.
Trichilia sp.1
Trichilia sp.2
Monimiaceae
Glossocalyx brevipes var. letouzeyi Fouilloy
Glossocalyx longicuspis Benth.
Moraceae
Treculia africana Decne.
LBTE
LPC LBC LTE
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Myristicaceae
Coelocaryon preussii Warb.
Pycnanthus angolensis (Welw.) Warb.
Staudtia stipitata Warb.
Myrtaceae
Eugenia sp.1
Eugenia sp.2
Syzygium guineense (Willd.) DC.
Ochnaceae
Lophira alata Banks ex C.F. Gaertn.
Ouratea sp.1
Ouratea sp.2
Ouratea sp.3
Rhabdophyllum sp.1
Testulea gabonensis Pellegr.
Olacaceae
Coula edulis Baill.
Diogoa zenkeri (Engl.) Exell & Mendonça
Heisteria parvifolia Sm.
Ongokea gore (Hua) Pierre
Strombosia grandifolia Hook. f.
Strombosia pustulata Oliv.
Strombosia scheffleri Engl.
Strombosiopsis tetrandra Engl.
Pandaceae
Centroplacus glaucinus Pierre
Panda oleosa Pierre
Passifloraceae
Barteria fistulosa Mast.
Barteria nigritiana Hook. f.
Phyllanthaceae
Amanoa strobilacea Müll. Arg.
Antidesma vogelianum Müll. Arg.
Cleistanthus letouzeyi J. Léonard
Maesobotrya barteri (Baill.) Hutch.
Maesobotrya bipindensis Hutch.
Maesobotrya staudtii (Pax) Hutch.
Margaritaria discoidea (Baill.) G.L. Webster
Protomegabaria stapfiana (Beille) Hutch.
Spondianthus preussii Engl.
Uapaca staudtii Pax
Putrangivaceae
Drypetes bipindensis (Pax) Hutch.
Drypetes gilgiana (Pax) Pax & K. Hoffm.
Drypetes ituriensis Pax & K. Hoffm.
Drypetes pierreana Hutch.
Drypetes principum (Müll. Arg.) Hutch.
Drypetes sp.1
Sibangea arborescens Oliv.
Sibangea sp.1
Sibangea sp.2
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LBTE
LPC LBC LTE
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Rhamnaceae
Lasiodiscus marmoratus C.H. Wright
Rhamnaceae sp.1
Rhizophoraceae
Cassipourea sp.1
Cassipourea sp.2
Rhizophora racemosa G. Mey.
Rhizophoraceae sp.1
Rubiaceae
Aidia genipiflora (DC.) Dandy
Aulacocalyx jasminiflora Hook. f.
Coffea sp.1
Corynanthe pachyceras K. Schum.
Craterispermum caudatum Hutch.
Craterispermum cerinanthum Hiern
Craterispermum ledermannii K. Krause
Heinsia crinita (Afzel.) G. Taylor
Ixora sp.1
Massularia acuminata (G. Don) Bullock ex Hoyle
Mitragyna ciliata Aubrév. & Pellegr.
Pauridiantha floribunda (K. Schum. & K. Krause) Bremek.
Pauridiantha sp.1
Pausinystalia johimbe (K. Schum.) Pierre ex Beille
Pausinystalia macroceras (K. Schum.) Pierre ex Beille
Porterandia cladantha (K. Schum.) Keay
Pouchetia sp.1
Psychotria sp.1
Psydrax moandensis Bridson
Psydrax parviflora (Afzel.) Bridson
Rothmannia macrocarpa (Hiern) Keay
Rothmannia whitfieldii (Lindl.) Dandy
Rubiaceae sp.1
Rubiaceae sp.2
Rubiaceae sp.3
Rubiaceae sp.4
Rubiaceae sp.5
Tarenna jolinonii N. Hallé
Rutaceae
Zanthoxylum sp.1
Sapindaceae
Allophylus sp.1
Aporrhiza paniculata Radlk.
Aporrhiza sp.1
Chytranthus sp.1
Eriocoelum macrocarpum Gilg ex Radlk.
Eriocoelum oblongum Keay
Eriocoelum paniculatum Baker
Ganophyllum giganteum (Chev.) Hauman
Laccodiscus ferrugineus (Baker) Radlk.
Laccodiscus sp.1
Placodiscus leptostachys Radlk.
LBTE
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
LBTE
Sapotaceae
Englerophytum letestui De Wild.
Gambeya africana (A. DC.) Pierre
Gambeya boukokoensis Aubrév. & Pellegr.
Gambeya perpulchra (Mildbr. ex Hutch. &
Dalziel) Aubrév. & Pellegr.
Gambeya sp.1
Gambeya sp.2
Lecomtedoxa biraudii Aubrév. & Pellegr.
Lecomtedoxa sp.1
Manilkara lacera (Baker) Dubard
Omphalocarpum sp.1
Sapotaceae sp.1
Synsepalum sp.1
Synsepalum stipulatum (Radlk.) Engl.
Tieghemella africana Pierre
Zeyherella mayombensis (Greves) Aubrev. & Pellegr.
Scytopetalaceae
Oubanguia africana Baill.
Rhaptopetalum pachyphyllum (Gurke) Engl.
Rhaptopetalum sessilifolium Engl.
Rhaptopetalum sp.1
Scytopetalum klaineanum Pierre ex Engl.
Simaroubaceae
Desbordesia glaucescens (Engl.) Tiegh.
Irvingia gabonensis (Aubry-Lecomte ex O’Rorke) Baill.
Irvingia grandifolia (Engl.) Engl.
Irvingia robur Mildbr.
Klainedoxa gabonensis Pierre ex Engl.
Odyendyea gabonensis (Pierre) Engl.
Pierreodendron africanum (Hook. f.) Little
Sterculiaceae
Cola ficifolia Mast.
Cola lateritia K. Schum.
Cola sp.1
Cola sp.2
Cola sp.3
Cola verticillata (Thonn.) Stapf ex A. Chev.
Nesogordonia papaverifera (A. Chev.) Capuron
Sterculia sp.1
Styracaceae
Afrostyrax kamerunensis Perkins & Gilg
Tiliaceae
Grewia coriacea Mast.
Tiliaceae sp.1
Non Identifié
non identifié sp.1
non identifié sp.2
non identifié sp.4
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LPC LBC LTE
LTB
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Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine
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Annexe 1. Suite.
Parc National
de Moukalaba- Rabi-Toucan
Doudou
LMN LMR MDTE MDTB RTTB RTE TTE
Parc National de Loango
Famille-Espèce-Auteur
Verbenaceae
Avicennia germinans (L.) L.
Vitex grandifolia Gürke
Vitex sp.1
Vitex sp.2
Violaceae
Allexis cauliflora Pierre
Rinorea dentata (P. Beauv.) Kuntze
Rinorea ilicifolia (Welw. ex Oliv.) Kuntze
Rinorea sp.2
Rinorea sp.4
Vochysiaceae
Erismadelphus exsul Mildbr.
LBTE
LPC LBC LTE
LTB
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Bulletin of the Biological Society of Washington, No. 12
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Gamba, Gabon: Biodiversité d'une forêt équatoriale africaine