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TOHIRAVINA

3
RECUEIL DE DOCUMENTS
DOCUMENTS POUR SUIVI
ECOLOGIQUE DU PROGRAMME
ENVIRONNEMENTAL

Editeurs scientifiques: ROGER Edmond

RAJERIARISON Charlotte

RAKOUTH Bakolimalala
malala

-2014-
TOHIRAVINA
3

RECUEIL DE DOCUMENTS POUR SUIVI


ECOLOGIQUE DU PROGRAMME
ENVIRONNEMENTAL

Editeurs scientifiques : ROGER Edmond


RAJERIARISON Charlotte
RAKOUTH Bakolimalala

-2014-
Table des matières

I- ETHNOBOTANIQUE

Titre Auteurs Pages


Les plantes alimentaires sauvages Richard Stéphan
utilisées par les populations autour de la RAKOTONANDRASANA ;
1
baie de Rigny, de la Région de Diana Andriamalala
Madagascar RAKOTONDRAFARA
Nomenjanahary Aina
Etude ethnobotanique et santé de
Dimbilala RABEARIVONY;
régénération des plantes médicinales
Zo Lalaina RAZAFIARISON ; 14
utilisées par les hommes à Ambalabe
Fidèle RAHARIMALALA;
Vatomandry
Fortunat RAKOTOARIVONY
Etudes ethnobotaniques des plantes Herisitraka L.
médicinales les plus utilisées par les RATSARALAZA; Charlotte
28
hommes dans la commune rurale de RAJERIARISON ; Edmond
Mahabo Mananivo ROGER; Ludovic REZA
Enquêtes ethnobotaniques sur les
Hanitriniela Lisy
ignames cultivées (Dioscorea alata,
RAZAFINIMPIASA; 41
Dioscoreaceae) de la Région occidentale
Vololoniaina JEANNODA
Malgache
Zarasoa Jean Noel
Usage populaire des plantes utiles dans la
RANDRIANJAFY, Edmond 51
partie Nord de Madagascar
ROGER

II- STATUT DE CONSERVATION, BOTANIQUE, ECOLOGIE ET


ECOPHYSIOLOGIEVEGETALES

Titre Auteurs Pages


Ecologie et statut de conservation de trois
Seheno
espèces d’Adansonia za, A. digitata et A.
ANDRIANTSARALAZA ; 70
madagascariensis) dans la Région Boeny
Bakolimalala RAKOUTH
(Mahajanga)
Description, distribution, écologie et risque
Cyprien MIANDRIMANANA;
d’extinction de quelques espèces
Charlotte RAJERIARISON ; 79
endémiques de Madagascar de la famille
Edmond ROGER
des ELAEOCARPACEAE
II- STATUT DE CONSERVATION, BOTANIQUE, ECOLOGIE ET
ECOPHYSIOLOGIE VEGETALES (suite)
Titre Auteurs Pages
Dinasoa Donné
Suivi dendrométrique de la végétation de la
TAHIRINIRAINY ; Charlotte 93
RNI n°1 de Betampona (Région Atsinanana),
RAJERIARISON ; Edmond
selon la méthode de parcelle permanente
ROGER
Rova Jorotanteraka
Evaluation du rôle du Parc National de
RAZAFINDRAZAKA; 109
Ranomafana dans le maintien de l’intégrité de
Vololoniaina JEANNODA ;
la diversité végétale
Kerry BROWN
Herizo
Potentialités de régénération des espèces
RANDRIAMBANONAElie
herbacées de Madagascar dans les 120
Léonard AKPO ; Charlotte
plantations de pins et d’Acacia sur les Hautes
RAJERIARISON ;
Terres malgaches
CARRIERE M. Stéphanie
Herisoa RAZAKANIRINA;
Suivi phénologique des espèces végétales
Edmond ROGER; Charlotte 142
consommées par Propithecus coronatus dans
RAJERIARISON; Claude
la forêt de Badrala (Antrema - Région Boeny)
Marcel HLADIK
Solonombana Koly
Etude de la végétation, micro-habitats
VITANTSOA; Agnès 155
préférentielsde Pyxis arachnoides dans la
RADIMBISON; Edmond
zone littorale de Toliara- Morombe
ROGER
Biogéographie des baobabs des Comores : Maoulida Mohamed
analyse spatiale de la distribution des ABDILLAHI; Pascal DANTHU 173
individus pour la conservation de la Charlotte RAJERIARISON;
biodiversite d’adansonia digitata Edmond ROGER
Andry RANDRIANARISON,
gaëtan RATOVONIRINA,
Elément de typologie des forêts humides de 193
samuel RAZANAKA, vonjison
moyenne altitude
RAKOTOARIMANANA,
dominiqueHERVE
Etude écologique de dix (10) espèces
végétales les plus utilisées des massifs
forestiers du Mont mzékukulé mohéli : statut Anli MOHAMED; Edmond
de conservation, caractérisation de l’habitat, ROGER; Charlotte 209
distribution géographique en vue de la RAJERIARISON.
création d’une aire protégée terrestre.
II- STATUT DE CONSERVATION, BOTANIQUE, ECOLOGIE ET
ECOPHYSIOLOGIE VEGETALES (suite)
Titre Auteurs Pages
Caractérisation écologique des espèces
Anlaoudine Abou HOUMADI,
vagétales les plus utilisées et de leurs habitats
Edmond ROGER; Charlotte 227
dans la partie Nord du massif de LA GRILLE
RAJERIARISON
(Grande Comore)
Caractérisation écologique de la zone Daroussi Oili AHAMADI ;
forestière du Jardin botanique de Edmond ROGER; Charlotte 247
Ngnoubadjou (Grande Comore) RAJERIARISON
Harindra Mialy
Caractérisation écologique et analyse
RAZANAJATOVO; ROGER
structurale des forêts humides d’altitudes
Edmond ; Charlotte 260
supérieures de la montagne d’Ambre (Région
RAJERIARISON; Laurent
Diana)
GAUTIER
Deraharilanto Solotiana
Analyse floristique de quelques groupements RAMANDIMBIMANANA;
végétaux des forêts à altitudes élevées de la Edmond ROGER; Charlotte 280
Montagne d’Ambre RAJERIARISON; Laurent
GAUTIER
Evaluation et stratégies de conservation de la Antinone RAZANAKOLONA;
zone d’Oronjia (ORANGEA), Commune Eustache MIASA; Edmond 294
Rurale de Ramena – Région Diana ROGER

Effets de l’exploitation sur le peuplement Nivo RAZAFIMAMONJY;


forestier d’une forêt dense sèche de la Région Charlotte RAJERIARISON; 303
de Menabe – Cas de la forêt de Kirindy Bakolimalala RAKOUTH
Lovanomenjanahary
Transfert de gestion de la forêt de Marovato,
MARLINE, Charlotte
Midongy du Sud : Zonage et inventaire 316
RAJERIARISON, Fara Lala
floristique
RAZAFY, Edmond ROGER
Dynamique des savanes incluses dans le Gaétan Donatien
corridor forestier de Fianarantsoa : Zone de RATOVONIRINA, Vonjison 326
Sahabe - Ambohimahamasina RAKOTOARIMANANA
Effets des pratiques culturales sur la banque R.J. RANDRIAMALALA; J.C.
de graines du sol dans les recrus post- RANDRIAMBOAVONJY,
agricoles d'origine forestière (raf) en lisière 335
Domique HERVE ; Stéphanie
ouest du corridor Ranomafana-Andringitra
M.CARRIERE
(Fianarantsoa).
III- PHYSIOLOGIE VEGETALE

Titre Auteurs Pages

Misa L. RAKOTONDRAINA;
Approche quantitative des organismes Isabelle RATSIMIALA 347
mychoriziens d’Uapacadensifolia Leandr de RAMONTA
trois formations forestières de Vohimana

Herintsoa RAFATRO ;
Hajatiana
Criblage pharmacologique à la recherche RAKOTOARIMANANA ;
des composés antipaludiques à partir Baholy ROBIJAONA ; 357
des extraits bruts de feuilles de Phyllarthron RAHELIVOLOLONIAlNA,
bernierianun Jean François
RAJAONARISON ; Suzanne
RATSIMAMANGA,
MEMBRE DE LA COMMISSION DE LECTURE (TOHIRAVINA III)

1. Pr. RAJERIARISON Charlotte


2. Pr. RAKOUTH Bakolimalala
3. Dr. RABAKONANDRIANINA Elizabeth
4. Pr. RAMAVOVOLOLONA
5. Pr. JEANNODA Vololoniaina
6. Pr. RATSIMIALA Ramonta Isabelle
7. Dr. RADIMBISON Agnès
8. Dr. ROGER Edmond
9. Pr. RAKOTOARIMANANA Vonjison
10 Dr. RABARISON Harison
NOTE DE PRESENTATION

Cet ouvrage constitue un recueil rassemblant une partie des études


effectuées (rapports scientifiques, mémoires et thèses) au sein du Département
de Biologie et Ecologie Végétales de la Faculté des Sciences de l’Université
d’Antananarivo.

Ces informations de haute valeur scientifique n’ont pas encore fait


l’objet de publication et notre objectif est de mettre à la disposition des
chercheurs et des décideurs des données de base qui pourraient permettre de
prendre des mesures pour la protection de l’environnement et de la biodiversité
ou pour la restauration des écosystèmes dégradés. La publication de ces
résultats vise aussi dans une certaine mesure à répondre aux objectifs de la
vision Durban pour l’extension des Aires protégées car ils mettent en évidence
les caractéristiques des écosystèmes naturels susceptibles d’être proposés
comme sites de conservation (richesse floristique, menaces et pressions sur les
habitats des espèces à protéger)

L’analyse des diverses menaces qui pèsent sur certaines espèces et


leurs habitats nous a permis d’inscrire certaines d’entre elles dans la liste
Rouge de l’IUCN (espèces endémiques menacées d’extinction)

Trois thèmes principaux répartis en 26 articles pouvant servir de


référence à un suivi écologique sont développés dans cet ouvrage.
- Ethnobotanique
- Statut de conservation, écologie et Ecophysiologie végétales
- Physiologie Végétale
Un recueil n’aurait pu être élaboré sans appui financièr accordé par nos
partenaires.

Pr. RAJERIARISON Charlotte Dr. ROGER Edmond Pr. RAKOUTH Bakolimalala


I- ETHNOBOTANIQUE
I. Ethnobotanique

LES PLANTES ALIMENTAIRES SAUVAGES UTILISEES PAR


LES POPULATIONS AUTOUR DE LA BAIE DE RIGNY, DE LA
REGION DIANA MADAGASCAR.
1 1
Stéphan Richard RAKOTONANDRASANA et Andriamalala RAKOTONDRAFARA
1
Centre National d’Application des Recherches Pharmaceutiques. BP. 702.. Antananarivo 101

RESUME

Des enquêtes sur les plantes alimentaires sauvages ont été menées
dans trois fokontany de la Commune rurale d’Andrafiabe, Région de DIANA,
province d’Antsiranana, Madagascar. Ces trois fokontany sont tous autour de la
Baie de Rigny : Ambolobozibe, Ambolobozikely et Sahankazo ambany. Des
questionnaires pré établis ont été posés aux 103 personnes de 14 à 60 ans. Dix
huit (18) espèces réparties dans 18 genres appartenant à 14 familles de plantes
sont inventoriées. Huit (8) espèces sont très importantes d’où la nécessite une
mesure de gestion rationnelle et de conservation selon la perception de la
population.
Mots clés : plantes alimentaires sauvages, Ambolobozokely, Ambolobozobe,
Sahankazo ambany, DIANA, Madagascar.

1- INTRODUCTION
Madagascar est classé parmi les pays les plus pauvres du monde. Un
recensement en 2005 montre que 71,3% de la population vivent en dessous du
seuil de pauvreté; 73,2% de la population vivent en milieu rural dont l’agriculture
constitue leurs activités principales (PNUD, 2008).
Les pratiques culturales sont archaïques donc, peu productives
(Rakotoarison-Ramiliarisoa, 1993). La croissance démographique de l’ordre de
2,9% n’est pas compensée par l’augmentation de la production agricole (PNUD,
2008). Cette derniere arrive à peine à satisfaire la consommation familiale et ne
peut pas fournir d’excédent convertible en revenu monétaire. Une des réactions
des populations locales face à cette insuffisance de la production est de cueillir
des espèces comestibles de la forêt surtout pendant la période de soudure.
Cette cueillette exclut l’idée de prévision ou de gestion responsable pour une
utilisation pérenne (Andriantsiferana et Rajaonson, 1998).
Les espèces alimentaires sauvages sont sources importantes de
vitamines, de sels minéraux, de glucides, de protéines et de matières grasses
(Grubben et Denton, 2004).

Ainsi, le présent article vise d’abord, à inventorier les espèces


alimentaires sauvages dans trois Fokontany de la Commune rurale
d’Andrafiabe, Région de DIANA, ex Faritany d’Antsiranana, et ensuite, à

1
I. Ethnobotanique

évaluer selon la connaissance de la population locale l’abondance, l’importance


et la nécessité de conservation de ces espèces.

Ambolobozobe (12°31’05’’S 49°31’95’’E), Ambolobozokely (12°28’01’’S


49°31’01’’E) et Sahankazo ambany (12°28’05’’S 49°29’51’’E) sont les deux
fokontany dans la commune rurale d’Andrafiabe (12°31’S 49°24’E). Les deux
premiers longent la côte Nord est de l’île, situés respectivement à 17km et à 25
km à l’est d’Andrafiabe. Le troisième se trouve à l’intérieur des terres à12 km au
nord est d’Andrafiabe (Figure n°1).

Le climat y est sec avec une température moyenne de 27°C et une


précipitation moyenne de 900mm (Cornet, 1974, Donque, 1975). Ce climat,
accentué par un sol généralement sableux sur grès ou sur dunes (Rossi, 1980,
Du Puy et Moat 1996), entraîne une végétation recouvrante en forêt sèche
caducifoliée (Moat et Smith, 2007) où l’effet multiple des activités humaines la
transforme en formation buissonnante ou en savane. Des mangroves y sont
également rencontrées au fond des estuaires (Moat et Smith, 2007) sur des
sédiments vaso-sableux (Rossi, 1980).

Les populations originaires et dominantes de la zone d’étude sont les


Sakalava. A Ambolobozobe, des migrants Antaisaka et Antaifasy y sont
installés récemment. A Ambolobozokely, des descendants Merina et Betsileo
sont également rencontrés.

Les populations de Sahankazo ambany sont généralement des


agriculteurs, celles d’Ambolobozobe sont à la fois des agriculteurs et des
pêcheurs, celles d’Ambolobozokely sont des pêcheurs.

2- METODES D’ETUDE
Pendant les enquêtes, des questionnaires préétablis ont été posés aux
hommes et femmes entre 14 et 60 ans (Quivy et Van Campenhoudt, 1995,
Blanchet et al., 1987, Alexiades, 1996). La langue locale est alors strictement
utilisée et respectée pendant la collecte d’informations. (Grenier, 2003).

L’enquête se déroule en deux phases. La première phase consiste à


inventorier toutes les plantes alimentaires sauvages utilisées par les villageois.

L’importance relative de chaque utilisation est calculée directement à


partir du degré de consensus des réponses des informateurs (Phillips, 1996).

2
I. Ethnobotanique

Carte1 : Carte de localisation (FTM, 1958)

La deuxième phase consiste à évaluer, selon la perception de la


population locale, l’état actuel des ressources végétales dont la valeur d’indice
d’usage dépasse 1. Il s’agit d’évaluer l’abondance, l’importance et la nécessité
à la conservation de ces espèces. Les réponses sont quantifiées suivant une
échelle de grandeur de0 à 3. Les espèces évaluées fortement abondantes,
importantes à la conservation sont affectées du score 2.

Abondance : 0 : Eteint

3
I. Ethnobotanique

1 : Rare
2 : Abondant
3 : Sans avis
Importance : 0 : Pas
1 : Moyenne
2 : Très important
3 : Sans avis
Conservation : 0 : Pas
1 : Moyenne
2 : Très nécessaire
3 : Sans avis
Le nom local de la plante, la partie comestible, la préparation, la saison
de cueillette ont été demandés lors de l’enquête.
Des herbiers de références ont été faits et déposés dans les herbiers du
TAN à Antanarivo et aussi dans les herbiers du Centre National d’Application
des Recherches Pharmaceutiques (CNARP : Alexiades, 1996). La
détermination des noms scientifiques des plantes a été effectuée par les
auteurs.

3- RESULTATS ET DISCUSSIONS
Cent trois (103) personnes âgées de 14 à 60 ans ont été interviewées.
18 espèces réparties dans 18 genres appartenant à 14 familles de plantes sont
inventoriées. 5 espèces sont utilisées comme légumes, 13 espèces sont des
plantes fruitières et deux espèces sont à tubercules alimentaires.

3-1- Les plantes utilisées comme légumes

Le tableau n°1 présente la liste des plantes utilisées comme légumes


sauvages avec le nom local, la période de récolte et la préparation.

Deux espèces sont à feuilles comestibles :

- Asystasia gangetica est une plante herbacée rampante rencontrée dans


les sous bois.

L’espèce est riche en éléments nutritifs. Ainsi, 100g de feuilles


apportent 56 kcal et contiennent : 82,6 g d’eau, 3,7g de protéines, 1,2 g de
lipides, 10,4 g de hydrate de carbone, 226 mg de calcium, 30mg de phosphate,
4,7mg de fer, 6250µg de carotène, 0,19mg de thiamine, 0,21 mg de riboflavine
et 42 mg d’acide ascorbique (Adetula, 2004).

- Colubrina asiatica Brongn est une liane sarmenteuse rencontrée le long


du littoral.

4
I. Ethnobotanique

- Les trois autres sont des palmiers dont les jeunes pousses sont
consommées par la population locale. La collecte de ces jeunes pousses est
actuellement interdite par la communauté locale de base afin de mieux gérer
les ressources naturelles.

Tableau n°1 : Liste des plantes utilisées comme légumes sauvages

Période
Nom scientifique Famile Nom local de Préparation
récolte
Asystasia gangetica Les feuilles cuites avec de l'eau sont
Acanthaceae Anamalemy Déc-avr
(L.) T. Anderson utiliséescomme romazava
Les jeunes pousses du bourgeon terminal
Bismarckia nobilis Sans peuvent être cuites directement sans
Arecaceae Mokoty
Hildebr. & H. Wendl. saison préparation préalable ou on en fait de la
soupe
Colubrina asiatica Sans Les feuilles cuites dans de l'eau sont
Rhamnaceae Vahitsivory
Brongn. saison utiliséescomme romazava
Les jeunes pousses du bourgeon terminal
Hyphaene coriacea Satrana, Sans peuvent être cuites directement sans
Arecaceae
Gaertn. Babangy saison préparation préalable ou on en fait de la
soupe
Les jeunes pousses du bourgeon terminal
Phoenix reclinata Sans peut être cuit directement sans
Arecaceae Dara
Jacq. saison préparationpréalable ou on en fait de la
soupe

3-2- Plantes à fruits comestibles

Le tableau n°2 présente la liste des plantes sauvages dont les fruits ou
une partie du fruit sont consommés par la population locale.
Trois espèces sont des lianes : Calopyxis eriantha, Landolphia myrtifolia,
Salacia madagascariensis.
Dix autres sont des espèces arborescentes ou arbustives : Adansonia
madagascariensis, Flacourtia ramontchi, Hyphaene coriacea, Mimusops
coriacea, Phoenix reclinata, Psidium guyava, Strychnos spinosa, Tamarindus
indica, Terminalia cattapa, Ziziphus jujuba.

Trois sont des plantes introduites mais naturalisées à Madagascar. Ce


sont Ziziphus jujuba, Tamarindus indica, Psidium guyava.
Ce sont surtout les enfants qui s’intéressent aux fruits sauvages.
Flacourtia ramontchi et Landolphia myrtifolia sont les espèces les plus
préférées par la population. Les valeurs d’usage sont respectivement de 1,49 et
de 1,45.

5
I. Ethnobotanique

Tableau n°2 : Liste des plantes sauvages à fruits comestibles

Période
Nom scientifique Famile Nom local de Indication
récolte
Adansonia Les graines sèchessont
Bombacaceae Voanabozo Mai-oct
madagascariensis Baill. comestible
Les graines sont consommées
Calopyxis eriantha Tul. Combretaceae Pistasiala
crues
Lamoty, Lamoty
Flacourtia ramontchi février- Le fruit mur est directement
Flacourtiaceae gomo, Lamoty
L'Hér. avril comestible
joby
Hyphaene coriacea Satrana, Le fruit sec est comestible à
Arecaceae Avril
Gaertn. Babangy l'état cru
Landolphia myrtifolia Le fruit mur est directement
Apocynaceae Vaheny oct- avril
(Poiret) Markgraf comestible
Mimusops coriacea (A. Mars- Le fruit mur est directement
Sapotaceae Anganaro
DC.) Miq. avril comestible
Le fruit mur est directement
Phoenix reclinata Jacq. Arecaceae Dara
comestible
Le fruit mur est directement
Psidium guyava Berg. Myrtaceae Gavo fev- mars
comestible
Salacia Le fruit mur est directement
Celastraceae Voankobobo Déc-juin
madagascariensis DC. comestible
Strychnos spinosa Le fruit mur est directement
Loganiaceae Mokotra Avril
Lam. comestible
Le fruit mur est directement
Tamarindus indica L. Fabaceae Madiro
comestible
Terminalia cattapa Le fruit mur est directement
Combretaceae Antafana
Linn. comestible
Le fruit mur est directement
Ziziphus jijuba Lam. Rhamnaceae Lamotimbazaha avril-sept
comestible

3-3- Plantes à tubercules alimentaires


Le tableau n°3 présente la liste des plantes sauvages dont les tubercules
sont comestibles.

6
I. Ethnobotanique

Tableau n°3 : Liste des plantes sauvages à tubercules comestibles.


Période
Nom scientifique Famile Nom local de Indication
récolte
Le tubercule peut être cuit
Angona, ovy,
Dioscorea seriflora directement sans préparation
Dioscoreaceae oviala, batata Jan- oct
Jumelle et Perrier préalable ou on en fait de la
ala
soupe
Le tubercule donne de ce
Tacca pinnatifida Forst. Taccaceae Kabija Avril-juin fécule après une préparation
préalable et peut être cuit

Quatre vingt huit pourcent (88 %) des personnes enquêtées font la


cueillette des tubercules de Dioscorea seriflora. La valeur d’usage est de 1,37.
La cueillette est très pratiquée non seulement pendant la période de soudure
c'est-à-dire de janvier à avril, mais s’étend jusqu’ au mois d’octobre. Le
tubercule de Dioscorea seriflora constitue un précieux aliment de substitution
pour la population. Des valeurs nutritives de quelques ignames malagasy (pour
100g de matière sèche) sont données dans le tableau 4.

Tableau n° 4 : Valeurs nutritives de quelques Ignames Malagasy

Energie
Espèces Protéines Lipides Glucides Eau
en Kcal
D. acuminata 10,39 0,6 66 80 258,55
D. maciba 10,93 0,6 67 73 262,01
D. nako 5,35 1,92 64,23 96 295,6
D. fandra 5,27 2,3, 70,51 97 323,82
D. bemarivensis 3,43 1,36 94,55 90,5 382,91
Source : RAKOTOARIMANANA, 2000

On a également observé que, dans notre site de recherche, comme dans


d’autres régions de Madagascar, la cueillette des ignames sauvages ne se fait
pas selon des techniques qui permettent la régénérationde ressource
(JEANNODA et al., 2003)

3- 4- Evaluation de l’état actuel des espèces selon la connaissance de


la population locale
Parmi les dix huit espèces de plantes alimentaires sauvages
inventoriées, six espèces sont les plus utilisées (valeur d’usage supérieur à 1) :
Dioscorea seriflora, Flacourtia ramontchi, Landolphia myrtifolia, Psidium
guyava, Salacia madagascariensis, Strychnos spinosa.

7
I. Ethnobotanique

Les histogrammes dans les planches I, II, III montrent la fréquence de


réponses des populations locales en fonction de l’état d’abondance,
d’importance et de conservation pour chacune des espèces.
Concernant l’abondance, parmi les 8 espèces, deux espèces : Dioscorea
seriflora et Psidium guyava, présentent des valeurs inférieures à 50%. Pour les
autres espèces, plus de 70% des personnes enquêtées confirment leur
abondance.
Concernant l’importance, toutes les espèces sont très importantes pour
la population sauf Strychnos spinosa. Cependant, cette espèce est qualifiée par
la population dans la classe d’importance moyenne (54,37%).
Quant à la nécessité de conservation, seul Dioscorea seriflora a besoin
d’être conservé. La réponse des populations locales dépasse 60%. La majorité
des personnes enquêtées (plus de 65%) pensent que la conservation des
autres espèces n’est pas nécessaire.
Ainsi, ces huit espèces sont très utiles pour la population locale dans la
vie quotidienne. Discorea seriflora tient une place importante dans l’alimentation
des villageois. Cette espèce se raréfie actuellement, d’où la nécessité de
lagestion pour une utilisation pérenne.
Parmi les espèces le plus utilisées par la population locale,
Flacourtia ramontchi, Strychnos spinosa, Salacia madagascariensis et Psidium
guyava sont également connues en médecine traditionnelle à Madagascar.
Nos suggestions de gestion de ces espèces consiste à :
A court terme :
- la sensibilisation de la population à la protection des forêts autour de la
baie de Rigny ;
- la valorisation des autres espèces à fruits comestibles surtout à des fins
commerciaux pour satisfaire les besoins locaux et pour réduire la sous
alimentation;
A moyen terme :
- la maîtrise de techniques culturales et agronomiques ;
A long terme :
- la culture et la production de Dioscorea seriflora qui a pour but non
seulement de satisfaire les besoins locaux mais aussi d’avoir un surplus de
production convertible en revenu monétaire ; la forêt dévient uniquement un site
de conservation de ressources phytogénétiques ;
- la plantation et la transformation des fruits des arbres à fruits comestibles
en produits dérivées. Notons que l’extrait de fruits de Flacourtia ramontchii est
connu sur le marché international ;
- la transformation des paysans cueilleurs en agriculteurs et de l’économie
de subsistance en économie de marché.

8
I. Ethnobotanique

PLANCHE I : Histogrammes de fréquence des réponses en fonction des statuts (d’abondance, d’importance et de conservation de
Dioscorea seriflora et Psidium guyava

Dioscorea seriflora

43,69 93,20
70,00 60,19
100,00

Fréquence en %
45,00 60,00

Fréquence en %
40,00 25,24
Frequence en %

80,00 50,00
35,00 25,24
40,00 21,36
30,00 60,00
25,00 30,00 13,59
40,00 2,91 3,88 4,85
20,00 5,83 0,00 20,00
15,00 10,00
10,00 20,00
5,00 0,00
0,00

re
ce e

is
M as
0,00

né nn

ai

av
nt

is
e

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rta
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ein

an
av
da

ye
Ra

po

S
an
Et

o
on

im
ns

s
M


Ab

Sa

ès

T
Tr
Etat d'abondance de Etat de
Etat d'im portance de conservation de
Dioscorea seriflora
Dioscorea seriflora Dioscorea seriflora

Psidium guyava

49,51 44,66 53,40 70,00 64,08


50,00 60,00
Fréquence en %

Fréquence en%
60,00
Fréquence en

40,00 27,18 50,00


50,00
16,50 40,00
30,00 40,00 23,30
%

30,00 0,97 30,00 11,65


20,00 6,80 20,00 0,97 0,97
20,00
10,00 10,00 10,00
0,00 0,00 0,00

nt

is

re
ne
as

ce ne

is
t

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Tr M as
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oy
s
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an

im

Sa
Sa
M
A

ès

Etat d'abondance
Tr

Etat de
de Psidium guyava Etat d'im portance de conservation
Psidium guyava Psidium guyava

9
I. Ethnobotanique

PLANCHE II : Histogrammes de fréquence des réponses en fonction de statut (abondance, Importance et conservation) de Flacourtia
ramontchiet Strychnos spinosa
Flacourtia ramontchi

86,41 47,57 51,46 68,93


90,00 60,00 70,00
Fréquence en %

fréquence en

Fréquence en
80,00 50,00 60,00
70,00 40,00 50,00
60,00 40,00 14,56 15,53

%
30,00

%
50,00 30,00
40,00 6,80 20,00 0,00 0,97 20,00 0,97
30,00 4,85 1,94 10,00 10,00
20,00 0,00
10,00 0,00
0,00 s ne is

po e
re

is
Pa

Sa ant
ai av

nn
Pa
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Et
e da av M éc Sa

M
R

im
n
bo an
s sn

s
è

è
A S Tr

Tr
Etat de conservation
Etat d'abondance de Etat d'importance de de Flacourtia
de Flacourtia ramontchi
Flaourtia ramontchi Flacourtia ramontchi
Flacourtia ramontchi ramountchi
Flacourtia ramontchi

Strychnos spinosa

73,79 54,37 100,0080,58


80,00 60,00
Frequence en %

Fréquence
70,00 50,00 33,98 80,00
Fréquence en %

en %
60,00 40,00 60,00
50,00 40,00 12,62 5,83
30,00 0,97
40,00 17,48 9,71 1,94 20,00
20,00
30,00 7,77 0,00
20,00 0,97 10,00
0,00 s e e is
10,00 Pa enn ai r av
0,00 s ne nt is o y s
s n s
Pa en rta av M éc e Sa
nt e
an
t is y o s
ei ar av o p n n
Et R nd s M im Sa ès
o n ès Tr
Ab Sa T r
Etat de
Etat d'abondance de Eta d'importance de conservatiion de
Strychnos
Strychnos spinosa
spinosa Strychnos
Strychnos spinosa
spinosa Strychnos
Strychnos spinosa
spinosa

10
I. Ethnobotanique

PLANCHE III : histogrammes de fréquence des réponses en fonction de statut (abondance, Importance et conservation) de Landolphia
myrtifolia et de Salacia madagascariensis

Landolphia myrtifolia

70,87 65,05 70,87


80,00 80,00
70,00 70,00 70,00
Fréquence

F ré q u e n ce
60,00 60,00

Fréquence
32,04 60,00 18,45
50,00 50,00
en %

21,36 50,00

en %
en %
40,00 40,00 40,00 9,71
6,80 30,00 0,97 30,00 1,94
30,00 0,97 0,97
20,00 20,00 20,00
10,00 10,00 10,00
0,00 0,00 0,00
nt e t
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s s n e nt is Pa
s
n e re vi s
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Et o n y o s o y
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Ab Sa M im Sa né
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s
Etat Tr
è r ès
T
Etat d'importance Etat de conservation
d'abondance de
de Landolphia de Landolphia
Landolphia
Landolphia myrtifolia de Landolphia myrtifolia de Landolphia myrtifolia
myrtifolia myrtifolia

Salacia madagascariensis

80,00
72,82 60,00 40,78
54,37 80,00 70,87
Fréquence

50,00 70,00

Fréquence
70,00
Fréquence en

40,00 60,00
en %

60,00 20,39

en %
30,00 50,00
50,00 18,45 20,00 2,91 0,97 40,00 7,77
30,00 1,94
%

40,00 10,00
30,00 5,83 2,91 0,00 20,00
20,00 10,00
po e 0,00

is
Tr Mo as

S tan
im enn
10,00

av
P

re
0,00

ce e
s

is
ès y

Pa

n
an

ai

av
n
ss
ye

ns
t

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in

is

Tr Mo
ar

Sa
av
da
e


R
Et

on

ns

ès
Ab

Sa

Etat d'abondance de Etat


Etat de conservation
d'importance de
Salacia de Salacia
Salacia madagascariensis Salacia
Salacia madagascariensis de Salacia madagascariensis
madagascariensis madagascariensis

11
I. Ethnobotanique

4- CONCLUSION
Dix huit (18) espèces de plantes alimentaires sauvages sont inventoriées
et utilisés dans le nord de Madagascar. Selon les villageois, 8 espèces sont très
importantes, une seule espèce se raréfie du fait de l’extraction excessive. Cette
espèce nécessite une meilleure gestion en vue d’une utilisation pérenne. Il est
nécessaire de valoriser ces espèces non seulement pour leurs valeurs
nutritives importantes mais aussi pour la possibilité d’amélioration du revenu
familial.

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Biodiversité. Rapport de L’Office Nationale pour l’Environnement.
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12
I. Ethnobotanique

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d’Antananarivo. 67p.
Rakotoarison-Ramiliarisoa, B., 1993.- L’agriculture traditionnelle et les utilités
des plants dans le nord-est Malgache. Doctorat. Université de Paris. 68p.
REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier le Centre National d’Application des


Recherches Pharmaceutiques (CNARP) et les autorités nationales à savoir La
Direction générale des eaux et forêts ainsi que La Direction Régionale sise à
Antsiranana, le personnel de la mairie d’Andrafiabe, les chefs fokontany et
toutes les populations de la zone d’étude.

13
I. Ethnobotanique

ETUDE ETHNOBOTANIQUE ET REGENERATION NATURELLE


DES PLANTES MEDICINALES UTILISEES PAR LES HOMMES A
AMBALABE-VATOMANDRY
1 1
Dimbilala Aina Nomenjanahary RABEARIVONY ; Zo Lalaina RAZAFIARISON ;
1 1
RAHARIMALALA Fidèle ; RAKOTOARIVONY Fortunat .
1
BP 906, Département de Biologie et écologie Végétales, Faculté des Sciences, Université
d’Antananarivo

RESUME

L’utilisation des plantes médicinales reste une pratique courante, en


particulier pour ceux qui habitent loin des postes sanitaires. Le pouvoir d’achat
de la population favorise l’utilisation de la médecine traditionnelle malgré le
progrès incessant de la médecine moderne. Les gens sont obligés d’utiliser les
plantes médicinales, remèdes qui leurs sont facilement accessibles.Cet article a
pour objectif de connaître les plantes médicinales utilisées par les hommes et
leur régénération naturelle à Ambalabe Vatomandry.L’étude est basée sur des
enquêtes ethnobotaniques. Douze espèces forestières ont été identifiées
comme espèces cibles pour une étude plus approfondie à savoir Noronhia
gracilipes, Xylopia humblotiana, Polyalthia ghesquiereana, Phyllarthron
bojerianum, Mauloutchia humblotii, Aphloia theaeformis, Dillenia triquetra,
Chrysophyllum boivinianum, Oncostemum boivinianum, Canthium
humbertianum, Eugenia goviala et Macaranga alnifolia. Concernant la santé de
la régénération de ces espèces, quatre espèces : Xylopia humblotiana,
Polyalthia ghesquiereana, Phyllarthron bojerianum et Mauloutchia humblotii ont
une mauvaise santé de régénération, sept sont en bonne santé : Noronhia
gracilipes, Chrysophyllum boivinianum, Canthium humbertianum, Aphloia
theaeformis, Eugenia goviala, Macaranga alnifolia, Dillenia triquetra et
Oncostemum boivinianum présente une très bonne santé de régénération. Les
plantes médicinales sont, dans la plupart des cas, cueillies dans la forêt.
Quelques plantes sont devenues difficiles à trouver à cause de la destruction de
leur habitat. Il s’avère donc urgent d’adopter une approche de gestion durable
pour la sauvegarde et la conservation des espèces médicinales de la forêt de
VOHIBE.

Mots clés : Ethnobotanique, régénération, conservation, plantes médicinales,


hommes, Ambalabe-Vatomandry, Vohibe,

1- INTRODUCTION
De nos jours, dans les pays en voie de développement, les plantes
médicinales sont considérées comme une des composantes essentielles de la
vie quotidienne. Les populations africaines ont eu recours à la médecine
traditionnelle pour leurs besoins sanitaires. A Madagascar, l’utilisation des
plantes à des fins thérapeutiques est très répandue surtout en milieu rural.

14
I. Ethnobotanique

L’importance de l’usage de ces plantes représente des intérêts locaux car la


majorité de la population locale n’a pas la possibilité d’acceder aux
médicaments modernes à cause de leurs coûts élevés.

Aujourd’hui, les ressources en plantes médicinales ne cessent pas de


baisser, surtout dans les zones rurales dans lesquelles les populations en sont
fortement dépendantes. D’où l’intérêt de cette étude sur l’utilisation des plantes
médicinales afin d’assurer leur gestion rationnelle dans la forêt de VOHIBE à
Ambalabe VATOMANDRY. Une étude ethnobotanique sur les plantes
médicinales a été réalisée dans cette commune. Elle a permis de recenser les
plantes utilisées comme remèdes par les tradipraticiens et les hommes dans
cette commune. L'objectif global de cette étude est la conservation et
l'exploitation durable des plantes médicinales afin de faciliter l’accès à ces
ressources pour les soins de santé des habitants. C’est dans ce cadre que la
présente étude se propose de fournir des informations relatives aux plantes
médicinales dans cette commune. Le présent article concerne l’étude
ethnobotanique et la santé de la régénération des plantes médicinales utilisées
par les hommes à Ambalabe-Vatomandry.

2- MILIEU D’ETUDE
La forêt de Vohibe se trouve dans la Commune Rurale d’Ambalabe,
District de Vatomandry, Région Atsinanana.

Le climat est du type tropical humide. La moyenne annuelle des


précipitations est de 1773mm.
La forêt de Vohibe appartient à la Région orientale, au Domaine de l’Est
et au secteur Nord-Est (Humbert& Cours Darne, 1965). La végétation
climacique de cette région est une forêt dense humide sempervirente. Cette
zone fait la transition entre la forêt dense humide de basse altitude de la série à
Anthostema et Myristicaceae et la forêt dense humide de moyenne altitude
appartenant à la série à Tambourissa et Weinmannia (Faramalala&
Rajeriarison, 1999). La carte n° 1 montre la localisation de la végétation
d’Ambalabe.

3-METHODE D’ETUDE

Afin d’atteindre les objectifs, les méthodes d’étude se divisent en deux


parties, à savoir: les enquêtes ethnobotaniques et l’étude de la régénération
naturelle des plantes médicinales afin d’établir un plan de conservation de leurs
habitats.

15
I. Ethnobotanique

Carte 1 : Localisation de la zone d’étude

16
I. Ethnobotanique

3-1- Enquetes ethnobotaniques

Après avoir eu l’autorisation des autorités locales (Maire, Président du


Fokontany, Chef de village…), les enquêtes ont été menées auprès de
«personnes ressources», identifiées comme ayant un savoir et/ou un savoir-
faire en lien avec les plantes médicinales.

Deux modes d’enquête ont été appliqués :

- une enquête collective qui s’est déroulée avec les hommes (dans le
Lapa, dans les écoles ou en plein air).

- une enquête individuelle auprès des hommes disponibles et


susceptibles de donner des informations.

Dix huit villages dans cinq fokontany qui composent la Commune


Rurale d’Ambalabe ont été choisis pour les enquêtes. Les critères suivants ont
été retenus pour choisir les villages :

- la proximité par rapport à la forêt

- la présence d’un sentier qui conduit directement à la forêt

- la connaissance et l’influence de la population sur les ressources de la


forêt.

• Réalisation de l’enquête
Les enquêtes se sont déroulées sous forme d’entretiens semi-directs
avec des questions semi-ouvertes, ouvertes ou parfois fermées (Martin, 1995).
Cette approche permettait de garder une certaine flexibilité dans la
conversation et d’ouvrir les échanges avec l’informateur.

Ces entretiens sont réalisés suivant deux approches :

- soit par le biais de la maladie : description des symptômes puis


désignation des plantes utilisées.

- soit par le biais de la plante : l’informateur désigne la plante et son


indication thérapeutique.

Pour l’identification des espèces sur terrain, deux méthodes ont été adoptées :

- récolte des échantillons avec les guides et détermination par les


habitants

17
I. Ethnobotanique

- visite des lieux avec les personnes de la localité et les guides ;


l’identification des plantes par leurs noms vernaculaires est faite sur le
terrain.

• Choix et caractérisation des espèces cibles


Comme le cadre global de cette étude est de contribuer à la recherche
des espèces médicinales utilisées par les hommes, la sélection des espèces
étudiées a été faite à partir des listes espèces obtenues lors des enquêtes
ethnobotaniques.

Les critères suivants ont été retenus pour le choix des espèces cibles :

Endémicité : les espèces endémiques de Madagascar ont été sélectionnées car


leur présence montre à la fois la fragilité de la flore originelle et la mise en
valeur du pays au niveau international;

Espèces forestières : les espèces sélectionnées doivent être forestières car


ce qui intéresse dans cette étude est d’élaborer une stratégie de conservation
de ces espèces dans la forêt de Vohibe ;

Fréquence de l’utilisation thérapeutique : Plus une espèce est utilisée par la


population locale, plus le niveau de menace risque d’être élevé ;

Existence des menaces sur l’espèce : les pressions et les menaces exercées
sur les espèces sont principalement anthropiques ; les cataclysmes naturels
tels que le cyclone sont aussi importants ;

Indice d’utilisation élevé

Afin d’évaluer les espèces les plus utilisées et les mieux appréciées par
la population, l’indice d’utilisation de chaque espèce a été calculé selon la
formule de Lance et al. (1994) :

I.U. (%) = n/N x 100

Avec I. U. (%) : indice d’utilisation en pourcentage


n : nombre de personnes citant l’espèce
N : nombre total de personnes enquêtées

Si la valeur de I est comprise entre 60 et 100%, l’espèce est très


connue et très utilisée ;
Si I est entre 30 et 60%, l’espèce est moyennement connue et
moyennement utilisée ;
Si I est inférieure à 30%, l’espèce est peu connue et peu
utilisée.

18
I. Ethnobotanique

Les données ont été ensuite traitées sous forme de tableau pour
faciliter leur exploitation. Ces informations ont été, par la suite, analysées pour
faire ressortir les espèces à étudier.

3-2- Etude de la regeneration naturelle

Selon Rollet (1979), la régénération naturelle est l’ensemble des


processus naturels par lesquels les plantes se reproduisent dans une formation
végétale. Cette méthode a pour but de connaître la santé de la régénération
des espèces cibles.

Pour la réalisation de l’étude de régénération, une parcelle de 8 m x 8


m a été délimitée. Pour faciliter le comptage des individus régénérés, la parcelle
est découpée en petites placettes de 2m x 2m. Les individus semenciers et
régénérés sont comptés, leurs diamètres ont été mesurés, afin de pouvoir les
classer par intervalle ([0-5[ ; [5-10[et ≥ 10 cm).

L’étude de la régénération a un intérêt à la fois scientifique et


technique. Elle permet de déterminer la santé d’une formation vagétale.

La distribution des troncs par classe de diamètre permet d’obtenir des


informations sur l’état de la perturbation de la forêt : une formation forestière
jeune est caractérisée par une abondance d’arbres de petit diamètre avec une
diminution progressive vers les gros diamètres ; c’est le cas contraire pour une
formation forestière âgée (Rollet, 1979).

Selon Rothe (1964), le taux de régénération est calculé à partir de la formule


suivante :

TR = Nr / Ns x 100

Où : Nr est le nombre des individus régénérés


Ns est le nombre des individus semenciers
Deux critères (diamètre et hauteur) ont été retenus pour la distinction des
individus régénérés et semenciers :

- Individus régénérés : ce sont des individus ayant un diamètre inférieur à


10 cm et une hauteur inférieure’ à 4 m.
- Individus semenciers : ce sont des individus ayant un diamètre supérieur
ou égal à 10 cm et une hauteur supérieure à 4 m.

Selon l’échelle de Rothe (1964) :


- la santé de la régénération est mauvaise si le taux de régénération est
inférieur à 100% ;

19
I. Ethnobotanique

- elle est bonne pour un taux compris entre 100% et 1000% ;


- elle est très bonne quand le taux est supérieur à 1000%.

4- RESULTATS ET INTERPRETATIONS

4-1- Enquêtes ethnobotaniques

Les informations obtenues après les enquêtes ethnobotaniques ont été


inscrites sur des fiches de données brutes puis traitées et analysées pour
obtenir des données sur:

– les classes d’âge des personnes enquêtées;


– les plantes médicinales à usage très fréquent ;
– les parties utilisées de chaque espèce végétale ;
– les modes de préparation.
• Classes d’âge
Au total, dans tous les sites d’étude, 177 hommes ont été enquêtés
dont trois sont des tradipraticiens qui côtoient quotidiennement les plantes. Les
informateurs sont des paysans, des pépiniéristes et des responsables
administratifs. La fréquence d’utilisation des plantes médicinales dans la
commune d’Ambalabe est liée au profil des personnes enquêtées. Ainsi, la
connaissance des jeunes sur les plantes médicinales est limitée. La majorité
des jeunes ne connaissent généralement pas les noms et l’utilisation des
espèces végétales. La classe d’âge des enquêtées varie de 16 à 70 ans (figure
n°1). Les personnes d’âge supérieur à 61 ans ont une fréquence d’utilisation
des plantes médicinales de 25 %, viennent ensuite les tranches d’âge [51-60],
[41-50], [31-40], [21-30] et enfin celle de moins de 20 ans avec respectivement
22%, 20 %, 16 %, 12 % et 5 %.

La connaissance des usages des plantes médicinales et de leurs


propriétés sont généralement acquises suite à une longue expérience
accumulée et transmise d’une génération à l’autre.

Les résultats obtenus montrent effectivement que les personnes les plus âgées
ont plus de connaissances en plantes médicinales par rapport aux autres
classes d’âges.

L’expérience accumulée avec l’âge constitue la principale source


d’information à l’échelle locale au sujet de l’usage des plantes en médecine
traditionnelle.

20
I. Ethnobotanique

[51-60]

classes d'âge [41-50]

[31-40]
Pourcentage%
[21-30]

<20

0 5 10 15 20 25

Figure 1 : Répartition par classe d’âges des personnes enquêtées

• Plantes médicinales à usages très fréquents


L’analyse de l’information collectée
collectée montre que 12 plantes médicinales
sont les plus utilisées dans la région étudiée. Suivant la valeur de leur indice
d’utilisation (Tableau I), Dillenia triquetraa été signalée par la totalité des
informateurs (avec un indice d’utilisation le plus élevé : 93,78%),suivie de
Noronhia gracilipes (92,09%), Chrysophyllum boivinianum (87,57%), Xylopia
humblotiana(85,87%), Phyllarthron bojerianum(85,31%), Mauloutchia
humblotii(84,74%), Macaranga alnifolia, Aphloia theaeformis (81,35%),
Eugenia goviala (79,09%), Oncostemum boivinianum (74,01%), 74,01%), Canthium
humbertianum (71,18%) et Polyalthia ghesquiereana représente une un indice
d’utilisation le plus faible par rapport aux autres espèces (69,49%).

• Parties utilisées
Dans la zone d’étude, presque toutes les parties de la plante comme les
feuilles, l’écorce, la tige, la racine et les fruits sont utilisés. Le pourcentage
d’utilisation des feuilles est très élevé : 66%, l’écorce à 11%, les tiges à 9% et la
racine à 6%. Les bourgeons, les latex et autres sont utilisés à une proportion de
8% (figure n° 3). Sur leterrain,
terrain, on a remarqué que les utilisateurs ont tendance
à arracher la plante entière au lieu de s’intéresser uniquement à la partie
souhaitée (principalement les feuilles).

21
I. Ethnobotanique

Autres
Autreparties
partie 8%

Racine 6%

Tige 9%

Ecorce 11%

Feuille 66%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%

Figure 3 : Fréquence d’utilisation des différentes


différentes parties de la plante

Tableau 1:: Liste des espèces cibles avec leurs indices d’utilisation

Nombre total Indice


Noms
Noms scientifiques Familles des hommes d’utilisati
vernaculaires
citant l’espèce on en %

Dillenia triquetra (Rottb.) Gilg DILLENIACEAE Bararaka 166 93,78


Noronhia gracilipes
OLEACEAE Tsilaitra 163 92,09
H. Perrier
Chrysophyllum boivinianum
SAPOTACEAE Famelona 155 87,57
(Pierre) Baehni
Xylopia humblotianaBaill ANNONACEAE Hazoambo 152 85,87
Phyllarthron bojerianum
BIGNONIACEAE Zahana 151 85,31
A. DC.
Mauloutchia humblotiiH. Perr.
MYRISTICACEAE Ilondraharaha 150 84,74
R. Cap.
Macaranga alnifolia Baker EUPHORBIACEAE Mankaranana 144 81,35
Aphloia theaeformis(Vahl)
APHLOIACEAE Fandramanana 144 81,35
Benn
Eugenia govialaH. Perrier MYRTACEAE Gavoala 140 79,09
Oncostemum boivinianum H.
MYRSINACEAE Ramitsiaka 131 74,01
Perrier
Canthium
RUBIACEAE Pitsikahitra 126 71,18
humbertianumCavaco
Polyalthia
ghesquiereanaCavaco & ANNONACEAE Ambavy 123 69,49
Keraudren

• Mode de préparation
Pour préparer les
es recettes, la population a recours à differents modes
de préparation dont principalement la décoction qui constitue le mode de

22
I. Ethnobotanique

préparation le plus fréquent (85,81%), viennent ensuite le broyage (13,82%) et


le grattage
ttage (0,35%). La figure n° 4 présente
sente la répartition des différents modes
de préparation des plantes médicinales.

Grattage 0,50%

Broyage 14%

Decoction 86%

0% 20% 40% 60% 80% 100%

Figure 4 : Répartition des différents modes de préparation des plantes


médicinales

4-2- Sante de régénération


ration des especes cibles
La régénération des espèces cibles consiste à étudier le taux de
régénération de ces espèces afin de connaître leur santé de régénération. Le
taux et la santé de régénération de chaque espèce étudiée sont ont résumés dans
le tableau II.
- Seule l’espèce Oncostemumboivinianum présente une très bonne
régénération car son taux de régénération est de 1933% (supérieur à 1000%).
- Canthium humbertianum,
humbertianum Chrysophyllum boivinianum,
boivinianum Noronhia
gracilipes, Eugenia goviala,
goviala Macaranga alnifolia, Dillenia triquetra etAphloia
theaeformis présentent une bonne régénération (>100%) (Tableau II). La bonne
représentation des individus régénérés assure le renouvellement de la
population.
- Polyalthia ghesquiereana,
ghesquiereana Phyllarthron bojerianum,
bojerianum Mauloutchia
humblotii etXylopia
Xylopia humblotiana présentent un taux de régénération faible
(<100) (Tableau II). Ceci peut être attribué aux passages de feux ou encore à
un microclimat sec dû à l’ouverture de la canopée par les exploitations abusives
des grands arbres. La perturbation de la santé de régénération est donc due
aux changements des conditions
conditi écologiques du milieu.

23
I. Ethnobotanique

Tableau II : Régénération naturelle des espèces cibles

Nombre Nombre Taux de Santé de


FAMILLE Noms scientifiques d’individus d’individus régénération régénéra-
régénérés semenciers (%) tion
OLEACEAE Noronhia gracilipes 24 9 266,66 Bonne
Chrysophyllum 14 6 350
SAPOTACEAE Bonne
boivinianum
Oncostemum 58 3 1933
MYRSINACEAE Très bonne
boivinianum
Canthium 60 22 222
RUBIACEAE Bonne
humbertianum
ANNONACEAE Xylopia humblotiana 2 4 50 Mauvaise
APHLOIACEAE Aphloia theaeformis 9 6 150 Bonne
Polyalthia 22 25 88
ANNONACEAE Mauvaise
ghesquiereana
EUPHORBIACEAE Macaranga alnifolia 3 1 300 Bonne
MYRTACEAE Eugenia goviala 33 16 206,25 Bonne
Phyllarthron 11 12 91,66
BIGNONIACEAE Mauvaise
bojerianum
MYRISTICACEAE Mauloutchia humblotii 14 17 82,35 Mauvaise
DILLENIACEAE Dillenia triquetra 6 4 150 Bonne

5- DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
5-1- Discussions
Enquêtes ethnobotaniques
Il était très difficile d’obtenir des informations précises, surtout auprès
des tradipraticiens car leurs connaissances sont parfois couplées avec une
forte croyance spirituelle secrète. La méfiance de certains tradipraticiens induit
ainsi à la rétention d’informations. Ils veulent garder le secret de leurs recettes
pour les transmettre plus tard à un des membres de leur famille.
L’utilisation de la feuille dans la médecine traditionnelle ne présente
pas une menace alarmante pour les espèces cibles bien que le taux d’utilisation
est élevé (65,73%). Par contre, le taux d’utilisation de l’écorce (10,59%) est
assez inquiétant. L’écorce joue un rôle important pour la protection de la plante
car elle constitue l’enveloppe protectrice des végétaux contre les agressions
externes. Par conséquent, son exploitation abusive et incontrôlée constitue une
menace pour l’espèce. Et aussi, l’utilisation des racines même à un taux faible
(5,91%), surtout le déracinement, constitue un danger pour la plante car la
pérennité de l’espèce n’est plus assurée et on assiste à un déclin passif des
ressources. Le mode de collecte et la forte utilisation de certaines espèces
peuvent contribuer à la dégradation de la biodiversité végétale.

24
I. Ethnobotanique

Choix des sites d’études


Le choix des sites d’études a été basé sur la présence des espèces
cibles dans le site, mais lors des enquêtes, certaines personnes ont des
difficultés pour distinguer les types de forêt contenant les espèces cibles, ce qui
rend difficile la localisation des sites. Les guides locaux nous ont aidés à
identifier les sites mais la durée de la prospection a été un peu longue.
Identification des espèces
La période de notre descente sur terrain a coïncidé avec la période de
stérilité des plantes. Par conséquent, nous avons rencontré des problèmes pour
l’identification des espèces recensées. Pour résoudre ces problèmes, les
espèces ont été identifiées à partir des clés d’identification et des informations
décrites dans différents ouvrages par certains auteurs comme Schatz, 2001.
Pour confirmer les identifications, des spécimens d’herbiers stériles ou fertiles
sont collectés et apportés aux herbaria de TAN, TEF Ambatobe pour les
identifier.
Sur la régénération naturelle
La régénération est considérée comme un des critères déterminant
dans l’évaluation des risques d’extinction. Le calcul du taux de régénération ne
reflète pas toujours la vérité sur le terrain. D’après le calcul, certaines espèces
ont un bon taux de régénération. Cependant, d’après l’analyse de la répartition
par classe de diamètre de la population sur terrain, certaines classes de
diamètre sont absentes, donc la population est perturbée et menacée. C’est le
cas des espèces Oncostemum boivinianum, Noronhia gracilipes et Macaranga
alnifolia.
5-2-RECOMMANDATIONS
Dans le but d’avoir de plus amples informations sur les espèces cibles
et d’établir un plan de gestion rationnelle de la forêt, une étude plus large et
plus approfondie des caractéristiques biologiques et écologiques des espèces
serait indispensable, en particulier les espèces les plus exploitées. Mais déjà,
des mesures de conservation devraient être prises afin d’éviter les pressions et
menaces sur les espèces cibles et leurs habitats:
- la conservation des espèces cibles est axée sur la réhabilitation de leur
population. Le reboisement de ces espèces constitue la meilleure solution qui
pourrait satisfaire les besoins en bois de la population locale.
- la surveillance de la forêt contre l’exploitation des essences forestières et
les coupes illicites devrait être assurée par le renforcement des agents de
contrôle et par l’application du « Dina ».
- les campagnes d’explication sur l’importance de la biodiversité dans la vie
courante est nécessaire pour assurer la conservation de la biodiversité.

25
I. Ethnobotanique

- l’action de sensibilisation sur l’éducation environnementale devrait être


renforcée. La formation des jeunes et des enfants devrait être prioritaire car ils
sont faciles à sensibiliser et à orienter. Aussi, la mise en œuvre d’un plan
d’éducation environnementale par la formation des enseignants en matière
d’environnement est indispensable.
- le respect du diamètre exploitable des arbres est utile afin d’assurer la
pérennité de la ressource naturelle.
- l’étude de la dispersion des diaspores, le mode de distribution des
espèces et l’identification des besoins nutritionnels de la population locale sont
nécessaires.
Pour réduire la pression sur les espèces médicinales les plus utilisées
en pharmacopée traditionnelle, la culture des plantes médicinales et la
réglementation de la récolte sont nécessaires.
6- CONCLUSION

L’utilisation des plantes médicinales reste encore une pratique


courante surtout en milieu rural. Par ailleurs, la difficulté socioéconomique de la
population et l’insuffisance de Centre de Santé de Base favorisent l’utilisation
de la médecine traditionnelle. D’où l’importance de la valorisation des plantes
médicinales. D’après les enquêtes ethnobotaniques menées auprès des
villageois, la majorité de la population d’Ambalabe a recours à l’utilisation des
plantes médicinales pour guérir les maladies et entretenir la santé. L’analyse
des résultats obtenus par cette étude ethnobotanique nous a permis de repérer
les plantes médicinales les plus utilisées dans cette commune. L’étude a permis
d’identifier douze espèces les plus utilisées : Noronhia gracilipes, Xylopia
humblotiana, Polyalthia ghesquiereana, Phyllarthron bojerianum, Mauloutchia
humblotii,Aphloia theaeformis, Dillenia triquetra, Chrysophyllum boivinianum,
Oncostemum boivinianum, Canthium humbertianum, Eugenia goviala et
Macaranga alnifolia. L’étude de la régénération naturelle a apporté des
informations sur la santé de la régénération des espèces cibles. Quatre
espèces telles que Xylopia humblotiana, Polyalthia ghesquiereana, Phyllarthron
bojerianum et Mauloutchia humblotii ont une mauvaise santé de régénération,
sept sont en bonne santé : Noronhia gracilipes, Chrysophyllum boivinianum,
Canthium humbertianum, Aphloia theaeformis, Eugenia goviala, Macaranga
alnifolia, Dillenia triquetra.Oncostemum boivinianumprésente une très bonne
santé de régénération. Les données obtenues pour les relevés écologiques ont
apporté des informations sur la population des espèces cibles les plus utilisées
par la population locale. La plupart des espèces cibles ont une structure
démographique perturbée.

26
I. Ethnobotanique

La culture des plantes médicinales et la réglementation de la récolte


des plantes spontanées pourraient réduire la pression sur les espèces
végétales médicinales les plus utilisées en pharmacopée traditionnelle. Lorsqu'il
s'agit de plantes rares, menacées d'extinction ou surexploitées en vue de leur
commercialisation, la culture est la seule façon d'obtenir les quantités végétales
nécessaires sans compromettre davantage la survie de ces espèces (OMS,
UICN et WWF, 1993).

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Schatz, G., 2001. Flore générique des arbres de Madagascar. 503p.

27
I. Ethnobotanique

ETUDES ETHNOBOTANIQUES DES PLANTES MEDICINALES


LES PLUS UTILISEES PAR LES HOMMES DANS LA COMMUNE
RURALE DE MAHABO –MANANIVO (FARAFANGANA).
Herisitraka L. N RATSARALAZA, Charlotte RAJERIARISON, Edmond ROGER, Ludovic REZA.
BP : 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales,Faculté des Sciences
Université d’Antananarivo.
Mail : sitrakahery@yahoo.fr

RESUME
Les plantes médicinales les plus utilisées par les hommes (sexe
masculin) dans la commune rurale de Mahabo- Mananivo ont été obtenues à
partir des enquêtes ethnobotaniques effectuées dans les 10 Fokontany de la
commune. Ces espèces peuvent guérir de nombreuses maladies courantes
ainsi que les infections sexuellement transmissibles. La collecte des plantes
médicinales effectuée par les villageois ne présente aucune influence
destructive à la survie des espèces médicinales. Le risque de disparition est
causé essentiellement par la perte d’habitat attribuée aux activités
anthropiques. Pour d’éventuelle conservation du site, des mesures relatives à la
conservation de la forêt et à la multiplication de ces espèces devraient être
entreprises en vue de pérenniser l’utilisation des plantes médicinales.
Mots clés : ethnobotanique, plante médicinale, Agnalazaha, Mahabo-
Mananivo.

1- INTRODUCTION
La richesse floristique de Madagascar est reconnue à l’échèle mondiale
dont le taux d’endémicité spécifique s’élève à 96% (Schatz, 2001). Le peuple
malgache utilise des plantes pour subvenir à leurs besoins quotidiens. En
matière médicinale, de nombreuses espèces sont utilisées comme des
remèdes efficaces pour guérir les maladies. Ce fait est actuellement
prédominant surtout en milieu rural vue l’insuffisance des infrastructures
sanitaires et les prix très élevés des médicaments. Pour le cas de la commune
rurale de Mahabo-Mananivosituée à l’extrême Sud de Farafangana (région
Atsimo Atsinanana), la fragilité sanitaire des villageois locaux est accentuée par
la sous–alimentation et la pauvreté. Vue l’insuffisance des données disponibles
sur l’utilisation des plantes médicinales locales, l’étude ethnobotanique des
plantes médicinales collectées par les hommes (sexe masculin) dans la forêt
d’Agnalazaha au cœur de la commune est nécessaire afin d’évaluer la richesse
ainsi que les pressions et menaces existantes. C’est la raison pour laquelle
cette étude a été menée afin de fournir des données scientifiques de base pour

28
I. Ethnobotanique

conserver les plantes médicinales et orienter les utilisateurs vers une gestion
plus rationnelle dans ce site nouvellement créé. Ainsi il est important de :
connaître les noms vernaculaires des espèces médicinales employées
par les hommes ainsi que leurs utilisations thérapeutiques pour évaluer leurs
diversités et leurs abondances;
connaître les parties prélevées et leurs quantités pour évaluer les
pressions et menaces qui pèsent sur les espèces;
sélectionner les espèces médicinales autochtones et / ou endémiques
les plus utilisées par la population locale.

2- MILIEU D’ETUDE
La forêt littorale d’Agnalazaha est localisée dans la commune rurale de
Mahabo-Mananivo, District de Farafangana, Région Atsimo Atsinanana.
La forêt d’Agnalazaha se trouve sur des sols sableux parsemés de sols
tourbeux dans les bas fonds marécageux.
Le climat est du type perhumide chaud et caractérisé par des
précipitations (2706 mm) et des températures (23°05 C) moyennes annuelles
élevées (Donque, 1975). La végétation climacique est une forêt dense humide
sempervirente de la Série à Anthostema et à Myristicaceae présentant des
particularités édaphiques.

3- METHODES D’ETUDE
La collecte des informations sur les plantes médicinales a été réalisée
par voie d’enquêtes ethnobotaniques.
Modes d’enquête
Pour permettre aux villageois d’exprimer librement leurs connaissances
et leurs opinions sur la médecine traditionnelle, les enquêtes se sont déroulées
sous forme de conversation libre sans structure et sans règle afin d’obtenir les
informations nécessaires suivant les objectifs. Les questionnaires ont été
préalablement préparés pour pouvoir poser les questions de façon indirecte au
cours de la conversation.

Collecte d’échantillons
La collecte d’herbiers des plantes citées par les villageois au cours des
enquêtes a été organisée avec les guides locaux qui connaissent les plantes
par leurs noms vernaculaires. L’objectif de cette collecte est d’avoir la liste
floristique des espèces médicinales inventoriées. Les échantillons collectés ont
été émis en herbiers pour la détermination.
Le choix des espèces médicinales les plus utilisées est basé sur les
critères suivants :
29
I. Ethnobotanique

Espèces médicinales forestières : endémiques et/ou autochtones


rencontrées dans la forêt d’Agnalazaha;
Genre des utilisateurs : les espèces essentiellement utilisées par le sexe
masculin ont été ciblées dans le cadre de cette étude. Les plantes
médicinales fréquemment utilisées par les femmes font partie d’une autre
étude en parallèle avec ce travail;
Indice d’utilisation élevé : l’indice d’utilisation de chaque espèce est calculé
par la formule de Lance et al. (1994).
I=
(n/N). Avec n : nombre de personnes citant l’espèce;
100 N : nombre total des personnes enquêtées.

• Si 60 < I < 100% : l’espèce est très connue et très utilisée;


• Si 30 < I < 60% : l’espèce est moyennement connue et
moyennement utilisée;
• Si I < 30 % : l’espèce est peu connue et peu utilisée.

4- RESULTATS et DISCUSSIONS
Les enquêtes ethnobotaniques menées dans la commune de Mahabo-
Mananivo ont permis d’obtenir des informations relatives aux réalités existantes
sur le domaine de la phytothérapie locale. Le nombre depersonnes enquêtées,
le taux de réponses obtenues, les catégories de plantes médicinales connues
ainsi que les perceptions villageoises sur ces plantes sont pris en compte dans
la présentation des résultats.
Bilan des enquêtes
Deux cent soixante onze (271) hommes ont été interviewés au cours
des enquêtes. L’âge des enquêtés illettrés a été estimé par eux-mêmes; le
minimum d’âge est de 17 ans, l’âge maximum est estimé à 70 ans. Sept pour
cent (7%) ont moins de 25 ans, quarante cinq pour cent (45%) appartiennent
aux tranches d’âge entre 25 à 45 ans et quarante huit pourcent (48%) ont plus
de 45 ans. Notons que les femmes peuvent donner également des informations
sur les plantes spécialement utilisées par les hommes surtout pour les espèces
utilisées pour traiter les maladies courantes comme les angines, les maux de
ventre, les plaies et les furoncles. Cent quatre vingt dix neuf (199) femmes ont
été interviewés au cours des enquêtes.
Les enquêtés ont révélé au total 102 espèces de plantes médicinales qui
se répartissent dans 53 familles et 96 genres. Ces plantes peuvent guérir 34
maladies courantes et les infections sexuellement transmissibles. Le nombre de
personnes enquêtées par Fokontany ainsi que le taux de réponses obtenues
sont présentés sur le tableau 1.
30
I. Ethnobotanique

D’après ce tableau, le nombre de personnes enquêtées varie d’un


Fokontany à l’autre. Le nombre des enquêtés le plus élevé appartient au
Fokontany de Nosiala, le plus proche de la forêt d’Agnalazaha puisque les
villageois de cette Fokontany utilisent considérablement des plantes
médicinales par rapport aux autres Fokontany de la commune.
Catégorisation des plantes médicinales
L’ensemble des plantes utilisées pour la médecine traditionnelle est
localement appelé : « Hazo mahavelo ».
Tableau 1: Nombre des personnes enquêtées par Fokontany.
Nom du Sexe des enquêtés Nombres et taux de réponses
Fokontany M F NPE/ FKT Taux des réponses (en %)
ANATEZA 35 19 54 87,04
MAHABO 32 22 54 90,75
KARIMBELO 18 13 31 90,33
NOSIALA 54 30 84 95
BABOAKY 26 23 49 87,76
IABOMARY 21 16 37 89,19
ROROBE 26 26 52 88,47
IABOTAKO 25 24 49 95,92
LOHAGISY 18 12 30 86,67
VOHIMASY 16 14 30 83,34
Total des PE 271 199 470
Moyenne de réponse 89,44
FKT : Fokontany ; M : Masculin ; F : Féminin ; NPE : Nombre total des personnes enquêtées.

On peut classer ces plantes médicinales en trois catégories :


- Plantes médicinales à usages courants : ces plantes peuvent être
utilisées directement sans consulter les tradipraticiens et ont la capacité de
guérir.
- Plantes à usage médico -magique appelées localement« Hazo masy » :
ces plantes ne peuvent être utilisées directement par les patients qu’après
l’autorisation du tradipraticien pour écarter le mauvais esprit et pour bloquer
l’origine de la maladie. Elles sont majoritairement inconnues par les villageois
(nom, habitat).
- Plantes aphrodisiaques : plantes stimulantes pouvant donner aux hommes
des forces en cas de fatigue attribuée aux activités journalières.
Perceptions villageoises sur les plantes médicinales et leurs
utilisations
Les plantes médicinales sont les ressources naturelles les plus utilisées
par la population locale car elles sont indispensables au maintien de la santé.
Le mode d’utilisation des plantes peut varier d’une plante à une autre en

31
I. Ethnobotanique

fonction de la maladie. La majorité de la préparation des plantes par les


utilisateurs avant la consommation est faite par décoction et inhalation.
Concernant les espèces sélectionnées, certaines espècesespèces prélevées
dans la forêt sont difficiles à trouver à cause de leur rareté comme c’est le cas
d’Olax thouarsii ou Ambihitry (Olacaceae)
(O et de Physena madagascariensis ou
Resojo (Physenaceae). ). Par contre, pour les espèces non forestières, la récolte
est faite dans les champs de culture situés à proximité du foyer ou du village.
Ces
es espèces sont plus faciles à trouver par rapport aux espèces forestières.
Utilisations des plantesmédicinales
plantesmé
La partie utilisée des plantes médicinales
médicinales inventoriées au cours des
enquêtes ethnobotaniques est relativement variée pour chaque espèce. La
figure suivante nous montre le pourcentage sur les utilisations des parties
prélevées des plantes médicinales
médici inventoriées à Mahabo –Mananivo
Mananivo

Partie prélevée
Fleur, fruit et graine 3%

Rameaux feuillé 78%

Tige et latex 9%

Ecorce de la tige 5%

Racine 2%

Tubercule 1%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80%

Figure 1 : Pourcentage
ourcentage d’utilisations des parties prélevées des plantes
médicinales recensées.
Les utilisateurs n’utilisent jamais la plante entière pour guérir les
maladies ; seulement quelques parties sont prélevées prélevées pour les besoins
familiaux. La partie la plus utilisée est le rameau feuillé (78% des collectes) ; ce
mode de prélèvement ne présente pas d’influencedestructive
d’influencedestructive qui pourrait
pourrai
engendrer directementent le risque de disparition de l’espèce.
l’espèce. Les autres parties
partie
de la plante comme la tige et le latex, l’écorce de la tige ne sont utilisées
qu’avec un taux respectif de 9% et 5%.
La quantité prélevée varie d’un collecteur à l’autre suivant leur besoin.
Personne ne pratique la collecte massive destinée à la vente sur su les marchés

32
I. Ethnobotanique

publics locaux. Les utilisateurs prélèvent une quantité assez abondante pour la
mise en réserve, séchée dans leur foyer (Olax thouarsii ou Ambihitry et
Physena madagascariensis ou Resojo) pour éviter la pénurie en cas d’urgence.
Espèces les plus utilisées par les hommes
Dix (10) espèces médicinales ont été choisies comme étant les plus
utilisées en tenant compte de leur indice d’utilisation respectif (Tableau 2).
D’après ce tableau, on peut classer les espèces cibles en deux
catégories suivant leur indice d’utilisation respectif:
Huit (8) espèces sont classées très connues et très utilisées par les
utilisateurs locaux. C’est le cas de Phyllarthron madagascariense, Quassia
indica, Ficus reflexa, Physena madagascariensis, Petchia madagascariensis,
Vernoniopsis caudata, Potameia incisa et Olax thouarsii.
Deux (2) espèces sont moyennement connues et moyennement utilisées à
savoir Morella spathulata et Tambourissa castri-delphinii.
Tableau 2: Indice d’utilisation de chaque espèce cible.

FAMILLE Genres & espèces Nom vernaculaire Indice d'utilisation Habitats

Phyllarthron Forêt primaire et forêt


BIGNONIACEAE Retsiriky 85,12%
madagascariense dégradée

SIMAROUBACEAE Quassia indica Rembiky 72,00% Zones marécageuses


Forêt primaire et forêt
LAURACEAE Potameia incisa Kangy 71,13%
dégradée
PHYSENACEAE Physena madagascariensis Resojo 70,00% Forêt primaire
APOCYNACEAE Petchia madagascariensis Tandrokosy 68,00% Savane arbustive
ASTERACEAE Vernoniopsis caudata Maranitratoraky 65,00% Forêt dégradée
MORACEAE Ficus reflexa Laza 64,94% Forêt primaire
OLACACEAE Olax thouarsii Ambihitry 63,23% Forêt primaire
MYRICACEAE Morella spathulata Hazosiay 59,25% Savane arbustive
MONIMIACEAE Tambourissa castri-delphinii Amborabe 57,25% Zones marécageuses

Maladies traitées par les espèces sélectionnées


L’utilisation médicinale de chaque espèce que nous avons retenue
concerne en particulier les maladies pouvant toucher les hommes. L’utilisation
thérapeutique et la partie utilisée de chaque espèce sont présentées sur le
tableau 3.

33
I. Ethnobotanique

Tableau 3 : Maladies traitées par les espèces cibles


Espèces cibles Parties utilisées Maladies traitées

Fatigue, douleur lombo- pelvienne,


Phyllarthron madagascariense Rameau feuillé
hernie, plante aphrodisiaque.

Maux de ventre, hernie, paludisme, plante


Quassia indica Feuille
aphrodisiaque.

Potameia incisa Feuille et écorce Plante cicatrisante, entorses, furoncles


Physena madagascariensis Racine Angines
Petchia madagascariensis Rameau feuillé Maux de ventre, plante aphrodisiaque.
Jeune feuille et bourgeon
Vernoniopsis caudata Plaies, furoncles
terminal
Entorses chez l'homme et les zébus,
Ficus reflexa Feuille, latex
plante cicatrisante
Olax thouarsii Rameau feuillé et tige Plante médico –magique
Morella spathulata Feuille et rameau Maux de dents
Tambourissa castri-delphinii Feuille Maux de ventre

Parmi les dix (10) espèces ciblées, trois (3) espèces sont utilisées pour
les maladies des hommes sur le fonctionnement de l’appareil génital à savoir
Phyllarthron madagascariense, Quassia indica, Petchiamadagascariensis. Ces
trois espèces ont des vertus aphrodisiaques pour atténuer les fatigues lors des
travaux journaliers et pour lutter contre l’impuissance. Le soin des maladies
courantes comme les angines, les maux de ventre et le paludisme se fait par
l’utilisation des plantes médicinales à usages courants (Potameia incisa,
Physena madagascariensis, Vernoniopsis caudata, Ficus reflexa, Morella
spathulata et Tambourissa castri-delphinii). Les hommes sont plus exposés aux
maux de dents (fatigue), plaies, furoncles, entorses à cause des travaux
quotidiens. Les maladies attribuées à la sorcellerie sont traitées spécialement
avec les plantes médico-magiques en consultant le tradipraticien.

5- CONCLUSION
L’étude des plantes médicinales les plus utilisées par les hommes dans
la commune rurale de Mahabo-Mananivo a permis de collecter des informations
dans le domaine de la phytothérapie au niveau local et le type d’habitat des
espèces les plus utilisées. Au cours des enquêtes ethnobotaniques, 271
hommes et 199 femmes ont été interviewés, une dizaine d’espèce a été
sélectionnée comme les plus utilisées par les hommes pouvant guérir diverses
maladies courantes et les maladies de l’appareil génital des hommes. Les dix
(10) espèces les plus utilisées sont rencontrées dans la Nouvelle Aire Protégée
d’Agnalazaha à savoir Phyllarthron madagascariense, Quassia indica,
34
I. Ethnobotanique

Potameia incisa, Physena madagascariensis, Petchia madagascariensis,


Vernoniopsis caudata, Ficus reflexa, Olax thouarsii, Morella spathulata et
Tambourissa castri-delphini.
Pour l’utilisation des plantes médicinales, les villageois ne font aucune
collecte massive qui pourrait engendrer la disparition des espèces médicinales
locales. Il n’y a pas de commerce de plantes médicinales utilisées spécialement
par les hommes dans cette commune, ni d’exploitations destinées à
l’approvisionnement des marchés locaux. Les résultats émanant de cette étude
pourraient servir d’outils d’aide à la gestion de la Nouvelle Aire Protégée
d’Agnalazaha, surtout à la conservation et à la multiplication des espèces cibles
en tenant compte de leurs valeurs médicinales dans la communauté locale.

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REMERCIEMENTS
Noustenons à remercier le Département de Biologie et Ecologie Végétale de
l’Université d’Antananarivo ainsi que le Missouri Botanical Garden (MBG) et les

35
I. Ethnobotanique

villageois de la commune rurale de Mahabo-Mananivo (Farafangana) qui ont


collaboré pour la réalisation de cette étude.

Annexe I : Carte de localisation de Mahabo-Mananivo.

36
Ethnobotanique

AnnexeII : Liste des plantes médicinales recensées au cours des enquêtes ethnobotaniques à Mahabo – Mananivo.
Nom Indice
FAMILLE Nom scientifique Partie utilisée Maladies traitées Habitats
vernaculaire d'utilisation
ACANTHACEAE Justicia rhodoptera Kamarary feuille Rougeole Savane 75%
ACANTHACEAE Barleria alluaudii Laingopatsy feuille Jaunisse Forêt littorale 23%
AGAVACEAE Agave rigida Taretragasy feuille Fortifiante Savane 10%
ANACARDIACEAE Manguifera indica Manga gasy écorce Maladie dentaire Plante cultivée 53%
ANNONACEAE Annona muricata Sarisoky feuille Maux de ventre Savane 15%
APHLOIACEAE Aphloia theiformis Fandramana feuille Paludisme, accouchement Forêt littorale 64%
APOCYNACEAE Tachiadenus carinatus Sofin'akanga feuille et tige Jaunisse Savane 43%
APOCYNACEAE Gerbera mangas Kabokala feuille Accouchement Formation dégradée 52%
APOCYNACEAE Petchia madagascariensis Tandrokosy feuille Aphrodisiaque, épilepsie Savane et forêt littorale 68%
APOCYNACEAE Catharanthus lanceus Voneny feuille Cicatrisant Savane 41%
ARACEAE Typhonodorum lindleyanum Via fruit La gale Marécage 53%
ARALIACEAE Schefflera longipedicellata Membiloha feuille Asthme Forêt littorale 12%
ASCLEPIADACEAE Gomphocarpus fruticosus Tsipaky fruit La gale Savane 56%
ASTERACEAE Helianthus annuus Tanamasoandro feuille Maux de ventre Savane 54%
ASTERACEAE Siegesbeckia orientalis Ahitrak'akondro feuille Fanintona, maux de ventre Champ de culture 52%
ASTERACEAE Bidens pilosa Traka feuille Cicatrisante Savane 65%
ASTERACEAE Vernonia exserta Seva feuille La gale Savane 13%
ASTERACEAE Helichrysum faradifani Aferombohitry feuille Diarrhée Champ de culture 61%
ASTERACEAE Psidia altissima Dinga feuille Fatigue Savane 75%
jeune feuille et bourgeon
ASTERACEAE Vernoniopsis caudata Maranitratoraky Plaie Forêt littorale 65%
terminal
ASTERACEAE Elephanthopus scaber Ambora feuille Maux de ventre Savane 32%
ASTEROPEIACEAE Asteropeia multiflora Manoky mena feuille Accouchement Forêt littorale 65%
Phyllarthron
BIGNONIACEAE Retsiriky feuille et jeune rameau Fatigue, aphrodisiaque Forêt littorale 75%
madagascariense
BROMELIACEAE Ananas sp. Voafandra gasy feuille Syphilis Plante cultivée 41%

37
Ethnobotanique

AnnexeI : Liste des plantes médicinales recensées au cours des enquêtes ethnobotaniques à Mahabo – Mananivo (suite)
Nom Indice
FAMILLE Nom scientifique Partie utilisée Maladies traitées Habitats
vernaculaire d'utilisation
Cinnamosma
CANNELACEAE Fotsinana feuille, écorce Accouchement Forêt littorale
madagascariensis 57%
CARICACEAE Carica papaya Vapaza feuille Diarrhée Plante cultivée 81%
CHENOPODIACEAE Chenopodium ambrosioides Taimbototsiloza feuille Asthme Plante cultivée 65%
COMBRETACEAE Terminalia mantaly Atafana feuille Albumine Plante cultivée 15%
CONVOLVULACEAE Ipomea batata Bokala feuille Asthme Plante cultivée 16%
CRASSULACEAE Kalanchoe prolifera Silafafa feuille Asthme Savane 23%
Formation
DIOSCOREACEAE Dioscorea sp. Bodoa tubercule Anti-brûlure
dégradée 49%
ERICACEAE Erica sp. Anjavidy feuille et tige Soin des enfants malnutris Savane 65%
ERICACEAE Agarista salicifolia Arongampanihy feuille La gale Forêt littorale 25%
EUPHORBIACEAE Voacanga thourasii Kaboky feuille Accouchement Marécage 35%
EUPHORBIACEAE Croton sp. Tsavadika feuille Accouchement Forêt littorale 46%
EUPHORBIACEAE Suregada boiviniana Lelangana feuille Paludisme Forêt littorale 57%
EUPHORBIACEAE Jatropha multifada Savoa feuille Toux Plante cultivée 49%
EUPHORBIACEAE Macaranga obovata Mokarana feuille Maux d'estomac Forêt secondaire 24%
feuille et
FABACEAE Albizia gummifera Bonara Maladie dentaire Forêt secondaire
écorce 65%
FABACEAE Cassia tora Saringaza feuille Paludisme Savane 69%
FABACEAE Cajanus cajan Ambatry feuille Accouchement Savane 58%
FABACEAE Intsia bijuga Hitsy écorce Accouchement Forêt littorale 13%
FABACEAE Desmodium ramossi Sindida feuille La gale Savane 58%
FABACEAE Mimosa pudica Ramiria feuille Jaunisse Savane 89%
FABACEAE Mimosa latispinosa Remoro feuille Maladie dentaire Savane 78%
Viguieranthus
FABACEAE Ambilazo feuille Anti effet surnaturel des sorciers Forêt secondaire
cylindricostachys 46%
GINZIMBERACEAE Hediycium sp. Longoza feuille Paludisme Marécage 48%

38
Ethnobotanique

AnnexeII : Liste des plantes médicinales recensées au cours des enquêtes ethnobotaniques à Mahabo – Mananivo (suite)
Nom Indice
FAMILLE Nom scientifique Partie utilisée Maladies traitées Habitats
vernaculaire d'utilisation
HYPERICACEAE Harungana madagascariensis Arongana feuille et jeune tige Maux d'estomac Forêt secondaire 37%
LAMIACEAE Ocimum gratissimum Romba feuille Accouchement Savane 79%
LAURACEAE Potameia incisa Kangy feuille et écorce Cicatrisante, entorse Forêt littorale 71%
LAURACEAE Cinamomum sp. Kanely gasy feuille Grippe et paludisme Plante cultivée 52%
LILIACEAE Dracaena reflexa Fananara feuille Entorse Forêt littorale 46%
LILIACEAE Dianella ensifolia Kajà rano feuille et tige Accouchement Zone humide 59%
LOGANIACEAE Strychnos spinosa Votaka racine Maux de ventre Savane 67%
MALVACEAE Sida rhombifolia Siditry feuille Plaie Savane 45%
MALVACEAE Urena lobata Tsipaky feuille Plaie Savane 25%
MELASTOMATACEAE Tristanum virusianum voatrotroky feuille Paludisme Savane 67%
MELASTOMATACEAE Clidemia hirta Mazambody feuille Lèpre Foret secondaire 86%
MELIACEAE Melia azedarach Voandelaka racine Cysticercose Plante cultivée 75%
MENISPERMACEAE Burasaia australis Angoto feuille Maux de ventre, plante médico-magique Foret littorale 48%
MINISPERMACEAE Casmanthera uviformis Rangatsara tige lianescente Hernie, plante aphrodisiaque Forêt sur latérite 65%
MONIMIACEAE Tambourissa castri-delphinii Ambora be feuille Maux de ventre Forêt littorale 57%
MORACEAE Artocarpus incisa Soanambo feuille Maladie dentaire, ventre Plante cultivée 59%
MORACEAE Ficus antandronarum Mandresy feuille Accouchement Forêt littorale 46%
MORACEAE Ficus sp. Amonta feuille, latex Maux d'estomac Forêt littorale 13%
MORACEAE Ficus reflexa Laza feuille, latex Entorse Forêt littorale 65%
MORACEAE Streblus dimepate Manorovelo feuille Plante médico-magique Forêt littorale 11%
MYRSINACEAE Morella spathulata Hazosihay feuille et tige Maladie dentaire Forêt littorale 59%
MYRISTICACEAE Brochoneura acuminata Rara feuille La gale Forêt littorale 9%
MYRTACEAE Eugenia sp. Rotra feuille Paludisme Forêt littorale 15%
MYRTACEAE Eucalyptus globulus Kininy feuille Grippe Plante cultivée 42%
MYRTACEAE Psidium cattleyanum Angavombaza feuille Diarrhée Savane 68%
MYRTACEAE Melaleuca quinquinerva Kininy bonaky feuille Maux de tête, grippe Marécage 86%
MYRTACEAE Psidium goyava Angavo gasy feuille Maux de ventre Savane 89%
MYRTACEAE Eucalyptus sp. Kininy manitra feuille Grippe et paludisme Cultivée 45%

39
Ethnobotanique

Annexe II : Liste des plantes médicinales recensées au cours des enquêtes ethnobotaniques à Mahabo – Mananivo (suite)
Nom Indice
FAMILLE Nom scientifique Partie utilisée Maladies traitées Habitats
vernaculaire d'utilisation
MYRTACEAE Syzygium emirnense Rotra feuille Accouchement Forêt littorale 14%
MYRTACEAE Syzygium aromaticum Jirofo feuille Maladie dentaire Plante cultivée 92%
MYRTACEAE Eugenia sp. Angavosira feuille Maux de ventre Savane 68%
NEPENTHACEAE Nepenthès madagascariensis Kapilanomba feuille et tige Accouchement, syphilis Marécage 74%
NYMPHEACEAE Nymphea stellata Tatamo fruit Aphrodisiaque, furoncle, tension Aquatique 23%
OLACACEAE Olax thouarsii Ambihitry feuille et tige Contre l’effet surnaturel des sorciers Forêt littorale 60%
OLACACEAE Olax emirnensis Soazanahary feuille Accouchement Forêt littorale 62%
OLEACEAE Noronhia emarginata Randra feuille Asthme Forêt littorale 13%
ORCHIDACEAE Angraecum sp. Velomihato feuille Paludisme Forêt littorale 46%
PASSIFLORACEAE Passiflora sp. Garana drely feuille Tension Savane 68%
PASSIFLORACEAE Paropsia foetida Tabiripsiso feuille Hernie Savane 79%
PHYSENACEAE Physena madagascariensis Resojo tige et racine Angines Forêt littorale 70%
POACEAE Imperata cylindrica Teny feuille Hernie Savane 59%
POACEAE Stenotaphrum dimidiatum Ahipisaka feuille Maux de tête, grippe Savane 48%
POACEAE Eleusine indica Ahitrombilahy feuille Entorse Champ de culture 65%
POACEAE Sigesbeckia orientalis Ahitrak'akondro feuille Accouchement Champ de culture 75%
ROSACEAE Rubus rosifolius Vandroy feuille Diarrhée Champ de culture 61%
RUBIACEAE Breonia cf, chinensis Valotry feuille Plaie Forêt littorale 16%
RUTACEAE Citrus aff, aurantifolia Voangy gasy feuille Diarrhée Savane 86%
SALICACEAE Homalium perrieri Tsilaitry feuille Anti-effet surnaturel des sorciers Forêt littorale 21%
SAPINDACEAE Nephelium litchi Letsia feuille Maladie dentaire Cultivée 65%
SCHIZEACEAE Lygodium lanceolatum Dito feuille et tige Plante aphrodisiaque Savane 71%
Savoka et forêt
STRELITZIACEAE Ravenala madagascariensis Fontsy pétiole Plaie
dégradée 26%
SIMARUBACEAE Quassia indica Rembiky feuille Plante aphrodisiaque Marécage 72%
ULMACEAE Trema orientalis Vakoky feuille Accouchement Forêt secondaire 53%
VERBENACEAE Lantana camara Radriaky feuille Plaie Savane 67%

40
Ethnobotanique

ENQUETES ETHNOBOTANIQUES SUR LES IGNAMES CULTIVEES


(Dioscorea alata, DIOSCOREACEAE)
DE LA REGION OCCIDENTALE MALGACHE
Lisy Hanitriniela RAZAFINIMPIASA et Vololoniaina JEANNODA
B.P. 906. Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences. Université
d’Antananarivo

RÉSUMÉ
Les enquêtes effectuées dans les régions occidentales malgaches (région
de Menabe et région du Boeny) ont permis de mettre en évidence l’existence de
sept formes de D. alata différenciées selon la perception des paysans : ovibe, ovy
fantaka, ovy voay, ovy fotsy, ovy toko, bemako et bodoa. La technique de culture
des ignames se fait encore d’une façon traditionnelle. Cette culture se fait selon le
système de végéculture (mélangées à d’autres cultures) dans les jardins de case,
dans les champs de culture, dans les baiboho ou dans les jachères. Les ignames
cultivées font partie des plantes vivrières et se prêtent à différentes utilisations. Les
tubercules sont consommés, en tant que collation ou substitut du riz, lors des
périodes de soudure. Les feuilles sont aussi utilisées dans la pharmacopée
traditionnelle : pour la cicatrisation des brûlures ou diverses plaies et dans le
traitement de certaines maladies. Par ailleurs, certains paysans vendent les
ignames pour subvenir à leurs besoins quotidiens. La meilleure connaissance de
Dioscorea alata, une plante cultivée longtemps négligée, permet d’envisager
l’amélioration du mode d’exploitation et d’utilisation de cette espèce qui pourra être
vulgarisée auprès de la population malgache dans le contexte de sécurité
alimentaire.

Mots clés : cultured’igname, Dioscorea alata, utilisations, Région occidentale,


Madagascar

1- INTRODUCTION
Les ignames ou Dioscorea (Dioscoreaceae) sont des plantes, cultivées ou
sauvages des pays tropicaux (Asie, Afrique et Amérique). Les espèces cultivées,
représentées par D. alata et D. esculenta originaires de l’Asie et/ou du Pacifique,
ont été cultivées par les malgaches dans de véritables champs (Perrier de la
Bâthie, 1925). Avant le 18ème siècle, elles constituaient l’alimentation de base des
premiers malgaches ayant peuplé l’île mais elles ont été supplantées par le riz et
d’autres plantes à racines et tubercules (Raison, 1992). Ainsi, l’igname est tombée
en désuétude au profit de ces autres ressources dont la culture s’avérait être plus
facile. Or, il a été démontré scientifiquement que les ignames sont plus

41
Ethnobotanique

intéressantes, du point de vue nutritionnel et digestibilité, que les tubercules


habituels (DBFA et DBEV, 2005).

Ce travail a été élaboré dans le cadre du projet valorisation de


l’agrobiodiversité des ignames malgaches du programme CORUS II (Coopération
pour la Recherche Universitaire et Scientifique) dont le principal objectif est de
valoriser, par la recherche, les ignames cultivées de Madagascar afin de contribuer
à terme à une meilleure sécurisation alimentaire et de soutenir une diversification
des produits alimentaires très centrés sur le riz. En effet, la connaissance des
cultivars intéressants chez les espèces cultivées de Madagascar et la maîtrise de
leurs techniques culturales pourront encourager leur culture et leur production en
grande quantité.

2- MILIEUX D’ETUDE
Les études ont été effectuées dans la région occidentale de Madagascar
où les ignames occupent une place importante dans la vie de la population locale.
Les enquêtes ethnobotaniques ont été réalisées dans la région du Menabe :
Morondava, Mahabo et Miandrivazo (entre 19°58’ et 20°24’ de latitude sud et
44°25’ et 44°41’ de longitude est) et la région du Boeny avec les villages inclus
dans le MNP (Madagascar National Parks) d’Ankarafantsika (entre S : 16°08’ et
16°20’ et E 46°44’ et 46°52’).

3- MATERIELS ET METHODES D’ETUDE


• Matériel végétal
Cette étude concerne l’espèce Dioscorea alata, seule espèce d’igname
cultivée dans la région de Boeny et de Menabe. C’est une plante lianescente à
feuilles opposées ou alternes plus ou moins cordiformes et la tige est
quadrangulaire ailée. Actuellement, il existe plus de 35 noms vernaculaires
malgaches pour D. alata et plus d’une vingtaine de formes différentes (Jeannoda,
com. pers.).

• Methodes
Des enquêtes ethnobotaniques ont été menées individuellement ou par
groupe (focus groupe). Ce dernier a permis d’enrichir les informations tout en
faisant participer chaque enquêté par des échanges d’idées sur les ignames et leur
culture. Diverses questions ont été formulées de manière à obtenir le maximum
d’informations sur les formes d’ignames cultivées tels que la perception paysanne
de la valeur des ignames cultivées, leurs systèmes de culture et leurs utilisations.
Ces enquêtes ont été effectuées auprès de différentes catégories de personnes :
des cultivateurs, des chefs de famille, des femmes de ménage, des enfants et

42
Ethnobotanique

toute personne susceptible de côtoyer le monde végétal comme les responsables


forestiers ou les guides forestiers.

4- RESULTATS
4-1- Différentes formes d’ignames cultivées
Toutes les ignames cultivées sont appelées ovy par les paysans, ce qui les
distingue des ignames sauvages ou oviala. Pour différencier les différentes sortes
d’ignames cultivées, les paysans ajoutent au terme ovy un adjectif qualificatif relatif
aux caractéristiques du tubercule (couleur de la chair, forme ou taille du tubercule).
Sept formes d’ignames cultivées ont été recensées, quatre à Ankarafantsika
(ovibe, ovy fantaka, ovy voay et ovy lava) et trois dans la région du Menabe (ovy
toko, bemako et bodoa) :

- ovibe : les paysans arrivent à le reconnaître par son tubercule pourvu de


bosses avec la tête qui apparaît à la surface du sol. Ovibe (littéralement : igname
de grande taille) est doté d’un tubercule de forme arrondie et de grande taille, d’où
son nom. Les bulbilles et les feuilles sont également arrondies. Enfin, la chair du
tubercule est de couleur orangée ;
- ovy fantaka (ouovy mena) : fantaka est un adjectif désignant toute chose qui
est enfoncée. A la différence de ovibe, le tubercule, plus mince, allongé et enfoui,
s’enfonce profondément dans le sol à tel point qu’il est difficile de le déterrer. Il
porte des feuilles et des bulbilles allongées. La surface du tubercule est plutôt
régulière mais ne présente pas de bosses. Le tubercule est à chair jaune
rougeâtre, d’où il tire son nom ovy mena (igname rouge) ;
- ovy voay : estreconnu par son tubercule de grande taille pourvu de bosses.
L’aspect général du tubercule évoque celui du crocodile (voay). La tête du
tubercule sort également du sol à l’image de la tête du crocodile qui sort de l’eau.
Les bulbilles ainsi que les feuilles sont arrondies ;
- ovy lava (ou ovy fotsy) : lava fait référence au tubercule qui est allongé. Et
les paysans l’ont aussi appelé ovy fotsy (igname blanche) à cause de la couleur
blanche de la chair du tubercule. Les bulbilles sont de forme arrondie ;

Fig. 1 Fig. 2 Fig. 3a Fig. 3b

43
Ethnobotanique

Fig. 4 Fig. 5 Fig. 6 Fig. 7

Fig. 1 : Feuille de Ovibe Fig. 4 : Tubercule de Ovy voay


Fig. 2 : Tige épineuse de Bemako Fig. 5 : Tubercule de Ovy lava
Fig. 3a : Bulbilles de Ovibe Fig. 6 : Tubercule de Ovibe
Fig. 3b : Bulbilles de Ovy fantaka Fig. 7 : Tubercule de Ovy fantaka

- ovy toko : c’est la forme d’igname cultivée rencontrée à Morondava qui est
appelée ovy toko (ou igname en tas) car ca elle se vend à l’étalage par tas de
tubercules mais non par pesage comme la vente d’autres tubercules (ovy ( hatoko
rehefa amidy fa tsy lanjaina na afatra)
afatra ;
- bemako (ou betoaka) : le mot bemako veut dire à Morondava « qui fait
beaucoup déféquer » et le mot mo betoaka est propre aux ignames cultivées de
Miandrivazo. Il possède un tubercule, unique ou au nombre de deux, de grande
taille et présentant des bosses à sa partie proximale. La forme du tubercule
ressemble au caïman. Les bulbilles sont de forme arrondi
arrondie.
e. La chair du tubercule
est de couleur jaunâtre. La tige est pourvue d’épines et les feuilles sont arrondies.
Le tubercule de bemako possède une odeur typique ;
- bodoa : à la différence de bemako,, ilpossède de nombreux tubercules plus
minces et allongés surr un même pied. Les bulbilles ont plutôt une forme allongée.
La chair du tubercule est de couleur blanchâtre. A Miandrivazo, l’absence d’odeur
fait du bodoa l’igname plus appréciée que le bemako.. La tige ne présente pas
d’épines et les feuilles sont plutôt allongées.

4-2- Perception paysanne de la valeur des ignames cultivées


Autrefois à Ankarafantsika, les ignames cultivées occupaient une place
importante dans la vie quotidienne des paysans. Au dire d’un vieux cultivateur
d’ignames, les paysans pratiquaient du troc avec les ignames cultivées à
Ankarafantsika ; une bêche valait un demi-sac
demi sac de cormes ou têtes de tubercule.

44
Ethnobotanique

Mais actuellement, aucune culture ni tradition particulière n’est restée aux ignames
cultivées dans la région occidentale malgache.

Dans le Menabe, bien que la préférence pour l’igname sauvage au point


de vue organoleptique soit un fait avéré, la culture de l’igname est le signe d’un
rang social inférieur. « Ce sont surtout les pauvres qui cultivent les ignames », a
déclaré un de nos interlocuteurs. Chez la majorité des ménages ruraux, les
ignames cultivées ou sauvages sont les derniers recours pour assurer
l’alimentation pendant les périodes de disette. Toutefois, les ignames cultivées
sont qualifiées de ovindrazana à Ankarafantsika ou de zavamanirin’ny Ntaolo dans
le Menabe (ce qui signifie plantes ancestrales ou plantes des ancêtres). Ce fait
témoigne de l’ancienneté de la culture de l’igname qui a ensuite été supplantée par
d’autres cultures.

4-3- Culture d’igname


a. Technique de culture
A l’opposé d’autres plantes à racine, les paysans perçoivent les ignames
comme des espèces faciles à cultiver et à régénérer c’est pourquoi ils n’accordent
aucun soin particulier à leur culture. La corme ou tête de tubercule est de loin la
semence la plus utilisée. La technique culturale varie selon les milieux de culture.
Généralement, la culture se fait dans un trou de 40cm de diamètre et de 60cm de
profondeur creusé auprès d’un arbuste qui servira de tuteur. Ce trou est ensuite
rempli d’un mélange de terre et d’éléments fertilisants comme des déchets
ménagers, des herbes sèches, des pailles de riz, des fumiers ou des feuilles
sèches de bananier ou de tamarinier. La semence est placée à 20cm du trou puis
recouverte par une couche de terre sans engrais. Cette technique s’appelle voly
atrika dans le Menabe. Non seulement ces éléments, lors des périodes de pluies,
vont pourrir et servir d’engrais pour le bon développement du tubercule, mais ils
vont rendre le sol plus meuble, facilitant ainsi les opérations de déterrage.

En présence de sol naturellement meuble tel que les baiboho (sol limono
argileux), l’apport de fertilisant n’est pas indispensable. Au moment du déterrage,
les paysans se contentent de récolter la partie consommable du tubercule et de
laisser la corme dans le trou rebouché pour servir de semence l’année suivante.
Certains paysans peuvent ne pas replanter la corme, mais laissent simplement
l’igname se régénérer par ses bulbilles. Ces dernières tombent naturellement au
sol, s’enracinent et donne naissance à un nouveau tubercule. Cependant, la taille
d’un tubercule issu de la corme est deux fois plus importante que celle d’un
tubercule issu d’une bulbille au bout d’une année.

45
Ethnobotanique

Certaine technique culturale permet aux paysans de donner aux ignames


cultivées une forme spécifique. C’est ainsi qu’en plaçant une pierre plate dans le
sol, ils forcent le tubercule à avoir une forme plus arrondie ou aplatie au lieu de
s’enfoncer profondément dans le sol.

b. Lieux de culture
Les ignames poussent dans presque tous les types de milieu, quelles que soient
les conditions écologiques. La culture d’ignames ne se fait pas suivant un
aménagement spécifique ni dans des champs particuliers mais elles sont
généralement mélangées à d’autres cultures ou en végéculture. Les ignames sont
cultivées dans différents milieux :

- dans les jardins de case qui sont des terrains clos aménagés auprès des
habitations destinés généralement à la culture maraîchère, à la culture des arbres
fruitiers et à quelques plantes d’agréments. Ainsi, les haies de la cour et les jeunes
arbres fruitiers (annonier, manguier, tamarinier, …) servent naturellement de tuteur
aux ignames ;
- dans les champs de culture de taro, de manioc et de maïs où le sol est bien
entretenu par les cultivateurs. Pourtant, il n’existe pas assez d’arbres pouvant
servir de tuteur dans ces lieux, ce qui pourra avoir une influence sur le rendement
en tubercule d’ignames ;
- dans les baiboho quisont des terres alluviales destinées surtout à la
riziculture. Bien qu’aucun entretien ne soit apporté à la culture, le tuteurage est
assuré par les arbres ou arbustes qui se trouvent autour des rizières et les
ignames se développent de manière optimale à cause de la fertilité du sol. Tous
les paysans ont affirmé que les baiboho sont de loin les endroits où on trouve le
plus grand nombre de pieds d’ignames cultivées (jusqu’à 500 pieds) car elles se
régénèrent et se multiplient par les innombrables bulbilles qui tombent à la surface
du sol. Ceci est dû à la fertilité du sol dans les baiboho ;
- dans les parcelles de culture laissées en jachère. Les ignames sont
cultivées surtout dans les jachères sous forme de savanes arborées ou arbustives
appelées monkaala où les plantes ligneuses servent naturellement de tuteur et
vont permettre un bon développement des ignames.

4-4 Utilisations
a. Utilisations alimentaires
L’igname peut se prêter à différentes préparations culinaires et est
appréciée à cause de son bon goût, sa digestibilité plus facile par rapport au
manioc et son caractère plus rassasiant. Les tubercules sont consommés comme
collation ou à la place du riz. Les bulbilles, très peu utilisées à Morondava, mais

46
Ethnobotanique

appréciées à Ankarafantsika se préparent de la même façon que les tubercules.


Les enfants s’amusent à les griller, avec ou sans la peau, comme des arachides.
Les jeunes feuilles d’ovibe et d’ovy fantaka peuvent être aussi consommées et se
préparent comme des brèdes, à Ankarafantsika. Il s’agit en particulier de feuilles
jeunes ayant un aspect rouge violacé ou marron. A notre connaissance, c’est la
première fois qu’il est rapporté que les feuilles d’ignames peuvent être mangées.
Ceci peut se comprendre par le fait que le développement des tubercules est
fortement corrélé avec celui des feuilles que le prélèvement des feuilles pour leur
consommation peut donc être préjudiciable aux tubercules et que, de ce fait, la
consommation des feuilles est très peu fréquente.

b. Utilisations médicinales
Les ignames cultivées sont utilisées également dans la pharmacopée
traditionnelle. Les broyats de feuilles fraîches de toutes les formes de D. alata
servent à soigner les brûlures ou les furoncles. La décoction des feuilles sèches de
ovibe, ovy fantaka et ovy toko, surtout celles qui tombent naturellement par terre,
est utilisée pour traiter la fièvre et le paludisme. Chez les femmes et les jeunes
filles, les feuilles d’ovibe et d’ovy fantaka entrent dans la préparation d’un remède
contre une hémorragie pendant les menstruations. Enfin, à Mananjaka (Mahabo),
la décoction de feuilles sèches d’ovy toko est administrée aux enfants pour traiter
la rougeole, une maladie qui est appelée localement fanopoa.

c. Usages économiques
Les ventes d’igname permettent, en partie, d’améliorer le revenu de
certains foyers. Il n’existe pas encore de véritable filière ; les ventes se font
directement au marché hebdomadaire ou au bord des routes. « Les ovy sont très
chers à cause du temps et du travail nécessaires pour son déterrage » a affirmé un
de nos enquêtés. Généralement, les tubercules sont cuits à l’avance, étalés en
tranches dans un plat et vendus à 100 jusqu’à 500 Ariary selon la taille. Les
tubercules d’ovibe sont vendus frais et entiers au marché d’Andranofasika à
Ankarafantsika. Le prix des tubercules varie de 1000 à 2000 Ariary suivant leur
taille.

5- DISCUSSION
Avant le 18ème siècle, les ignames ont été cultivées dans de véritables
champs qui leur étaient dédiés (Perrier de la Bâthie, 1925) mais, actuellement, les
ignames ne sont plus plantées que sous forme de quelques pieds dans les cours
des habitations ou mélangées à d’autres cultures dans les champs (végéculture).
Si la culture de l’igname dans les jardins de case est fréquente dans nos deux
régions d’étude, pour l’ensemble de Madagascar, la végéculture représente la

47
Ethnobotanique

technique culturale la plus répandue. Elle se rencontre en particulier dans les


régions orientales de Madagascar qui sont pourtant les premières zones
productrices d’ignames, c’est le cas à Brickaville (Jeannoda et al., 2007) et à
Antongombato (Penche, 2008). De ce fait, le mode de culture de l’igname diffère
des systèmes monoculturaux pratiqués dans les pays producteurs et
consommateurs d’igname. C’est ce qui se passe notamment en Afrique où la
culture de l’igname se fait au niveau de champs très élaborés avec des buttes ou
des billons. A Madagascar, la culture de l’igname se fait actuellement de manière
extensive, sans labour ni entretien particulier porté aux plants d’ignames. Seul le
dina (ou pacte social assorti de sanctions) qui existe chez le Betsimisaraka et qui
stipule que chaque tête d’igname déterrée doit être replantée (Jeannoda et al.,
2003) témoigne de l’importance attribuée jadis à la culture de l’igname.

En ce qui concerne l’utilisation des ignames, il est curieux de constater que


dans le traitement des diverses affections, ce sont les feuilles qui sont, les plus
couramment utilisées. Par contre, dans d’autres régions, notamment à
Ambositra/Ambohimahasoa et à Brickaville, les tubercules à l’état cru sont utilisés
pour soigner différentes affections : maux d’estomac, brûlure, furoncle, (DBFA et
DBEV, 2005). Quant à la consommation de l’igname, les données dont nous
disposons font tout état du fait que seul le tubercule est consommé à travers le
monde entier. Nos recherches ont permis de relever l’originalité de Madagascar
dans ce que, à Ankarafantsika, les feuilles sont également consommées.

6- CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Nos travaux ont permis de réaliser des études plus approfondies sur
l’espèce Dioscorea alata. Cette étude est basée sur les inventaires des formes
cultivées de cette espèce dans le milieu rural et l’investigation des savoirs et des
connaissances des paysans sur la culture d’igname. Sept formes de D. alata sont
cultivées dans la région occidentale malgache : quatre recensées à Ankarafantsika
(ovy fantaka, ovibe, ovy lava et ovy voay) et trois dans le Menabe (ovy toko,
bemako et bodoa). Ces appellations se rapportent aux caractéristiques du
tubercule. Du point de vue culture, il n’existe pas de véritable culture de l’igname
dans des champs spécifiques, mais uniquement des cultures de pieds isolés dans
les jardins de case, sous forme de végéculture ou dans les jachères. Et ces
ignames sont cultivées dans l’ouest du pays en grande majorité pour
l’autoconsommation et ne font donc pas encore l’objet de commerce.

Aussi, pour rehausser la valeur de l’igname, longtemps négligée, il est


important de vulgariser les données disponibles : les données scientifiques et les
savoirs ancestraux. Il s’agit de diffuser, dans les milieux ruraux, toutes les

48
Ethnobotanique

informations intéressantes sur l’igname cultivée dans le but de persuader et


d’inciter la population locale à s’investir davantage dans la plantation d’igname, et
ce, en collaboration avec des ONG et des opérateurs socio-économiques. Ces
informations concernent les techniques culturales d’igname (culture sur billon pour
faciliter la récolte, tuteurage, contrôle des fertilisants, possibilité de régénération
par les bulbilles, par la corme ou par les fragments de tubercule, technique de
minisets, …), les intérêts de sa culture (culture adaptée à tous types de milieux,
consommant moins d’eau que le riz, ne demandant pas de matériels ou
équipements spécifiques comme dans la culture de riz, culture mieux armée contre
les risques naturelles telles que la sècheresse, …), ses qualités nutritionnelles et
alimentaires (préparations culinaires, possibilités de transformation, démonstration
de la qualité nutritionnelle de l’igname par rapport aux autres ressources, …), ses
vertus médicinales (soigne les brûlures, furoncles, plaies, …).

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Bourret, D., 1973.Etude ethnobotanique des Dioscoréacées alimentaires.


Ignames de Nouvelle Calédonie. Thèse de troisième cycle. Paris. 240p
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Ethnobotanique

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Raison, J. P., 1992. Le noir et le blanc dans l’agriculture ancienne de la côte
orientale malgache. Revue d’Etudes dans l’Océan Indien 15 : 199-215.

50
Ethnobotanique

USAGE POPULAIRE DES PLANTES UTILES DANS LA


PARTIE NORD DE MADAGASCAR.
Zarasoa Jean Noël RANDRIANJAFY, Edmond ROGER
BP : 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences, Université
d'Antananarivo-Madagascar

RESUME

Madagascar, un pays insulaire situé dans l’Océan Indien, dispose au


niveau de sa biodiversité floristique, d’importantes variétés de plantes utiles
pouvant satisfaire divers besoins de la population humaine. Des inventaires et des
enquêtes effectués dans la partie Nord du pays ont permis de recenser 202
espèces et variétés de plantes utiles correspondant à 135 genres et appartenant à
60 familles. Rien que dans les zones étudiées, les plantes utiles inventoriées sont
représentées dans au moins 30% des familles de plantes vasculaires,
Phanérogames et Ptéridophytes, de Madagascar. Par rapport aux types
d’utilisation, les plantes alimentaires prédominent dans les usages populaires et
représentent 65,84% des taxa, suivies par les plantes médicinales avec un taux de
14,85%. Concernant les parties des espèces consommées utilisées dans
l’alimentation humaine, on trouve : 48% de fruits, 17% de feuilles, 15% de graines,
14% de tubercules, le reste étant des choux de palmiers, des fleurs et des
écorces. Il a été, cependant, constaté que parmi ces espèces utiles, 44,55% ne
sont pas plantées mais, soit elles existent à l’état sauvage dans les champs
proches du village ou dans la forêt, soit elles poussent spontanément dans la
parcelle et y sont volontairement entretenues au même titre que les espèces
cultivées. Ces espèces utiles non plantées, sont exposées aux diverses pressions
anthropiques et risquent ainsi de disparaître de nos écosystèmes si une politique
de conservation durable n’est pas considérée en leur endroit.

Mots clés : Utilisation, plantes utiles, population, Nord de Madagascar

1. INTRODUCTION
Les zones d’études, sont toutes situées dans la partie Nord de
Madagascar à savoir : Mananara/ Avaratra, Mandritsara, Tsaratanana,
Ankarafantsika et Analalava. La comparaison des données au niveau de ces
zones est d’autant plus intéressante qu’elle nous permet de connaître, non
seulement la richesse floristique du milieu considéré mais également de
déterminer la répartition géographique des plantes utiles recensées. Certaines de
ces plantes sont restées à leur état sauvage, et n’ont jamais été plantées par
l’homme, mais elles sont seulement récoltées dans la nature au moment où l’on en

51
Ethnobotanique

aura besoin. Cependant, le milieu qui sert d’habitat naturel à ces espèces est de
plus en plus déstabilisé suite aux divers phénomènes de dégradation tels que les
défrichements pour la conquête de terrain cultivable et les feux de végétation
incontrôlés. Ces actions humaines sur la végétation ne sont pas favorables à la
stabilité pérenne des écosystèmes et nuisent ainsi à la subsistance des espèces
végétales utiles dont la plupart ne se trouvent nulle part ailleurs qu’à Madagascar.
L’objectif de ce travail consiste à inventorier les plantes utiles à la population
humaine afin d’enrichir les connaissances sur la flore terrestre du pays et de
participer à la recherche de stratégie pour prévenir la disparition éventuelle de ces
espèces. Il consiste également à décrire les formes d’utilisation de chaque plante
identifiée tout en effectuant des comparaisons de présence ou absence des
espèces sur cinq zones agroécologiques différentes, considérées comme les aires
d’études.

2. METHODES D’ETUDE
Des inventaires floristiques ont été effectués en allant de la côte Est de
Madagascar (Mananara – Avaratra) vers la côte Ouest (Analalava), autrement dit,
de la zone littorale climatiquement humide de l’Océan Indien vers la zone littorale
climatiquement sèche du Canal de Mozambique, en considérant des zones
intermédiaires dont Mandritsara (1 300 m d’altitude), Tsaratanana (1 250 m
d’altitude) et Ankarafantsika (240m d’altitude). Les terrains choisis pour les
inventaires ont été limités au niveau des terroirs villageois, là où il existe d’intenses
activités humaines tels que les zones d’habitation, les abords du village, les
champs de culture, les pâturages, les plans d’eau, les berges de cours d’eau et les
marécages.

Des enquêtes ethnobotaniques ont été effectuées auprès des paysans sur
les plantes qu’ils utilisent et d’identifier par la suite les espèces en question, soit
par une détermination directe sur place, soient en constituant des échantillons
d’herbier pour une détermination taxonomique en laboratoire.

3. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Les résultats qui seront présentés dans ce document visent à faire
apparaître les données suivantes :
- la liste floristique des espèces utiles présentes dans les champs de culture ou
dans les endroits proches du village, y compris les plantes non cultivées ;
- la caractéristique floristique des champs de culture et le classement des familles
de plantes utiles par ordre décroissant selon leur richesse en genres ;
- la répartition des différentes plantes utiles par zone d’études ;

52
Ethnobotanique

- la répartition par type biologique des plantes (arbre, arbuste, arbrisseau,


herbacée, liane, …) suivant la classification d’Aubreville ;
- les différents usages des plantes pour satisfaire les besoins quotidiens de la
population humaine ;
- les parties utilisées de la plante pour chaque espèce en traitant particulièrement
les parties consommées de la plante pour les espèces à vocation alimentaire.

Carte 1 - Localisation des zones d’inventaire

53
Ethnobotanique

Les espèces utiles inventoriées dans le cadre de ce travail sont présentées


en annexe. Ainsi, 202 espèces regroupées dans 60 familles ont été recensées.
Les familles les mieux représentées sont les Fabaceae (27 espèces) et les
Moraceae (12).

3.1. Répartition des taxa par zone d’études


Apparemment, la comparaison des taxa par zone d’étude ne montre
qu’une légère différence au niveau de la richesse en espèces de chaque zone
agroécologique étudiée (Tableau 1). La zone de Mandritsara, avec 153 taxa
inventoriés, est beaucoup plus riche que les autres. Cette légère supériorité peut
être expliquée par l’altitude, la position géographique et la situation climatique de
cette zone. En effet, comme il a été déjà mentionné plus haut, Mandritsara est une
zone intermédiaire caractérisée par la cohabitation harmonieuse d’espèces,
végétales et animales, typiques des côtes Est et celles typiques de l’Ouest.

Tableau 1 - Répartition par zone d’études des 202 taxa inventoriés.

Zones Nbr Taxa %


MANDRITSARA 153 75,74
ANKARAFANTSIKA 132 65,35
MANANARA AVARATRA 132 65,35
ANALALAVA 129 63,86
TSARATANANA Mahajanga 116 57,43
TOTAL 202 100

3.2. Spectre biologique


En matière de plantes utiles, les écosystèmes étudiés sont caractérisés
par la présence de divers formes biologiques (Figure 1) dont : 33,66% des plantes
sont des arbres (A), 23,76% des herbacées (H), 23,27% des arbustes (a), 15,35%
des lianes et/ou lianessants et 3,96% des arbrisseaux (ab).

3.3. Utilisations des plantes


Par rapport aux types d’utilisation, les plantes alimentaires prédominent
dans les systèmes et représentent 65,84% des taxa inventoriés, suivies par les
plantes médicinales (14,85%). Le manioc et la patate douce sont fréquents dans
toutes les zones étudiées parce qu'on peut consommer les tubercules et les
feuilles. Selon les formes d'utilisation (alimentation, médicinale, stimulant, …) la
répartition des plantes utiles est illustrée dans la Figure 2.

54
Ethnobotanique

Herbacées (H) Arbres (A)


23,76% 33,66%

Arbustes (a) Lianes et


23,27% Lianessantes
Arbrisseaux (L)
(ab) 15,35%
3,96%

Figure1- Répartition des espèces utiles présentes dans les zones d’étude selon les
types biologiques.

Abondance des plantes utiles (%)


65,84

80

70

60

50

40
14,85

12,87
9,90

30
5,94

5,94

3,47
3,47

1,98

20

10

0
Stimulante
Alimentaire

Combustibl

Constructio

Utilités
Medicinale

Ombrage

Tuteur

Rente

Autres
e

Formes d’utilisation

Figure 2 - Répartition (en %) des plantes utiles présentes dans les terroirs selon
les formes d’utilisation.

3.4. Parties utilisées sur les plantes


Il a été considéré comme parties utiles d’une plante : la racine, le bois, le
chaume, la feuille,
euille, la fibre, la fleur, le fruit, la graine, le chou pour le palmier et
ravinala, l’écorce et le tubercule et/ou bulbe. Dans ce sens les parties les plus

55
Ethnobotanique

utilisées sont en premier lieu les fruits (35,64%) et les feuilles (25,25%), puis en
second lieu lee bois (18,81%), les
l graines (14,36%) et les tubercules
tubercule (9,90%).
(Figure 3).

Abondance des plantes utiles (%)


35,64

40

35
25,25

30
18,81

25
14,36

20

15
9,90

10

0,99

0,99

0,50

0,50
2,48

1,98

0,99
5

0
Fruit

Feuilles

Bois

Graine

Tubercule

Fleur

Fibre

Ecorce

Chaume

Stipe
Choux

Liane

Parties utilisées

Figure 3 - Répartition (en %) des plantes utiles selon les parties utilisées.

3.5. Parties consommées pour les plantes alimentaires


En ce qui concerne les parties utilisées dans l’alimentation humaine sur les
espèces végétales consommées : 48% sont des fruits, 17% des feuilles, 15% des
graines, 14% des tubercules, 3% des choux, 2% des fleurs et 1% des écorces
(Figure 4).

Feuilles (fe)
Fruits (fr) 17%
48%
Graines (gr)
15%

Tubercules
Ecorces (ec) Choux (Tu) 14%
1% Fleurs (fl) 3%
2%

Figure 4 – Répartition des parties consommées.

56
Ethnobotanique

4. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
• La richesse en espèces alimentaires est insuffisante pour satisfaire
les besoins des paysans. Sur les plantes cultivées, l'habitude alimentaire
considérant le riz comme aliment de base constitue un facteur de blocage sur la
diversification des espèces à planter dans les parcelles. Il a été constaté que
dans les zones d’études, les Ombellifères (Choux de Bruxelles, Choux à fleur et
Cresson) sont relativement rares alors que celles-ci peuvent bien y pousser ;
idem pour les Légumineuses alimentaires telles que le haricot et divers types de
pois. Le blocage pourrait se situer au niveau de l’habitude alimentaire aussi bien
qu’au niveau de la non maîtrise des techniques culinaires relatives à la
préparation desdits produits. La diversification des espèces cultivées est très
importante, aussi bien, pour la conservation des espèces, que, pour mettre à la
disposition des familles des aliments variés.
La domestication ou l’intégration volontaire de toutes les espèces jugées
de forte utilité dans les champs de cultures est recommandée pour penser aux
subsistances de ces espèces.

• La complémentarité des espèces utiles avec le riz, alimentation de


base, ne semblerait pas évidente par rapport aux calendriers de leur récolte et la
période de soudure en riz. Les importants produits alimentaires de substitution
sont récoltés en dehors de la période de disette : le maïs du mois d’avril à mai,
coïncidant ainsi avec la récolte du riz pluvial, donc trop tardif ; la patate douce plus
abondante durant les mois de septembre et octobre. Le paysan se trouve ainsi
dépourvu de solution car on n’a pas assez de denrées alimentaires de
substitutions disponibles dans leur parcelle de culture. Cela pour dire que la
politique de vulgarisation agricole devrait tenir compte non seulement de la
diversification des espèces cultivées mais aussi du bon choix de l’espèce à cultiver
pour que les récoltes des plantes alimentaires, autres que le riz, coïncident avec le
moment où on en aurait vraiment besoin.
• Une des meilleures solutions recommandées pour répondre à la
raréfaction des espèces végétales utiles est de les planter pour assurer leur
entretien et leur survie. Pour le paysan, c’est une parcelle d’échantillonnage et
d’expérimentation car, il a été constaté que, les espèces rares qu’on ne trouve pas
dans les autres systèmes de culture sont présentes dans ces jardins (Randrianjafy,
1991).
Cependant, la réalité a montré qu’une grande partie (44,55%) des espèces
utiles ne sont pas plantées, même pas dans les jardins de case, car il existe des
espèces que le paysan ne désirerait pas installer dans sa parcelle bien qu’elles
soient très utiles dans sa vie quotidienne. Citons, par exemple, les cas des épineux

57
Ethnobotanique

désagréables, des grands arbres trop gênants, des urticants à éviter, des toxiques
à manipulation dangereuse et d’autres encore. Il existe également des plantes qui
exigent des techniques plus performantes pour se développer dans les jardins de
case, des savoirs que le paysan, avec ses moyens relativement limités, ne
maîtrise pas. Enfin, il y en a qui exigent la reconstitution d’un microclimat favorable
pour pouvoir pousser nécessitant pour cela la construction d’infrastructure tels que
les serres ou les abris.
5. CONCLUSION
Les plantes utiles recensées dans le cadre de ce travail ont une place très
importante dans la biodiversité floristique de Madagascar car elles sont
représentées dans au moins 30% des familles de l’ensemble des plantes
vasculaires malagasy. Cependant, parmi cette richesse, il existe des espèces et
variétés qui sont toujours restées à l’état sauvage sans avoir fait l’objet de
domestication par l’homme car on croit que celles-ci resteront toujours disponibles
dans la nature au moment où l’on en aura besoin. Ladite nature ne cesse pourtant
de se dégrader suite aux diverses exactions humaines. Il est fort probable que la
population ne connaît pas toutes les utilités d’une plante déterminée et déjà, sur
les plantes existantes, il y en a qui sont négligées à tort car on n’a jamais
soupçonné ses utilités possibles dans l’alimentation, la médecine, l’extraction
d’huile essentielle ou l’industrie.
En termes de conservation, l’Etat malagasy a déjà considéré dans les
priorités environnementales l’augmentation des Systèmes d’Aires Protégées
(SAPM) pour optimiser la gestion des ressources naturelles et la préservation de la
diversité biologique. Les jardins de case paysans constituent également une bonne
initiative en milieu rural, mais vu l’ampleur de l’enjeu, ces espaces ne pourront
jamais assurer le rôle entendu dans la sauvegarde de toutes les espèces
menacées. Les espèces utiles non plantées, ont peu de chance d’être intégrées
dans les jardins de case paysans. Donc, à moins qu’elles ne soient installées dans
les Aires Protégées Nationales, elles seraient fortement menacées de disparition
face aux diverses pressions d’origine anthropique. Ainsi, il est recommandé aux
entrepreneurs publics et privés, de créer des jardins de plantes et des parcs
botaniques, pour penser à la sauvegarde de cette richesse nationale qu’est la flore
utile.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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Madagascar, CNRP, Éd. SME, Antananarivo, 373p.

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Ethnobotanique

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Randrianjafy, Z. J. N., 2005 – Le raphia, une plante à usage multiple. - Note de


recherches :www.smbmada.net. 4p.

Randrianjafy, Z. J. N., 2005 – Le vétiver, une plante utile pour la protection des
bassins versants et la production agricole à Madagascar. - Note de
recherches :www.smbmada.net. 3p.

60
Ethnobotanique

Annexe : Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques.

[Statut] p : plantée ; np : non plantée, pour indiquer que l’espèce n’a pas été plantée par l’homme, elle est spontanée ou sauvage mais
gardée dans l‘espace de culture à cause de son utilité.
[Type de Port] A : arbre - a : arbuste - ab : arbrisseau - L : liane - H : herbacées.
[Parties utilisées] bo : bois - ch : chaume - fe : feuille - fi : fibre - fl : fleur - fr : fruit- gr : graine - r : racine – ec : écorce - tu : tubercule/bulbe.
[Utilisations] A : alimentation - C : combustible - K : construction - M : médicinale – T : tuteur de vanille/ de poivre - O : ombrage - R : rente /
commerciale –
S : stimulante - U : autres utilisations (ficelle, rembourrure, clôture, ...).
[Présence/ Absence] : (Hachurée ou 1 = présence ; Non hachurée ou 0 = absence).

MANANARA AVARATRA

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
PARTIES

(Mahajanga)
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION
UTILISATIONS

AMARANTHACEAE
Amaranthe
1 Amaranthus hybridus [(Linnaeus) Thell.] Bemavao np H fe – A Nov. - Mai 1 1 1 1 1
hybride
2 Amaranthus hypochondriacus [L.] Anampatsy, Felipatika Amaranthe np H fe – A Nov. - Mai 0 0 1 0 1
3 Chamissoa altissima. [(Jacq.) HBK] Anampatsimena Amar. rouge np H fe – A Nov. – Mai 1 1 1 1 0
ANARCADIACEAE
4 Anacardiumoccidentale[L.] Mahabibo, Masiloka Anacardier, cajou p a fr. gr – A Juin - Juil 1 1 1 1 1
5 Mangifera indica. [L.] Manga Manguier p A fr – A Nov - Janv 1 1 1 1 1
6 Sorindeia madagascariensis [Baill.] Matsindra, Sorindrina np A fr – A Oct - Déc 1 0 0 1 1
7 Spondias dulcis [Forester] Manga sakoa, Zevy Arbre de Cythère p A fr – A Mars - Juin 1 1 1 1 1
8 Poupartia caffra [H. Perrier] Sakoanala np A fr – A Mars - Avril 0 0 0 1 1
ANNONACEAE
9 Annona muricata [L.] Voantsokina Corossolier p a fr – A Mars - avril 1 1 1 1 1
10 Annona reticulata [L.] Amparibabefo Coeur de boeuf p a fr – A Août - Sept 1 1 0 1 0
11 Annona squamosa [Delile] Zanao, Zaty Pomme cannelle p A fr – A Févr – Mars 1 1 0 0 0
12 Annona sp1 [L.] Konokono p a fr – A Janv - Fevr 1 1 1 1 1
13 Annona sp2 [L.] Koropetaka np a fr – A Oct –Nov 0 0 0 1 0
14 Cananga odorata [Hook f. & Thoms.] Langilangy Ylang - ylang p A fl – U, bo - C Janv - Déc 1 0 0 1 0

61
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
MANANARA

(Mahajanga)
Numéros

AVARATRA
PARTIES

STATUT
FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION
UTILISATIONS

APIACEAE
15 Daucus carotta [L.] Karaoty Carotte p H tu – A Janv - Déc 0 1 1 0 0
APOCYNACEAE
16 Cabucala erythrocarpa [(Vatke) Markgraf] Andriambavifohy np ab fe – M Janv - Déc 0 1 0 1 1
17 Catharanthusroseus[(L.) G. Don] Vonenina 1 Pervanche p H fe – M Janv - Déc 0 1 1 1 1
Catharanthus lanceus [Bojer ex (A. DC.)
18 Vonenina 2 Pervanche p H fe – M Janv - Déc 0 1 1 1 0
Pichon]
19 Landolphia myrtifolia [Perrier] Pira, Vahiheny np L fr – A, li - U Oct - déc 1 1 0 0 1
20 Voacanga thouarsii [Roem. & Schult.] Kaboka np a gr - M Juin - Oct 1 1 0 0 1
ARACEAE
21 Colocasia antiquorum [Schott] Saonjo, Sahono Taro p H fe, tu - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
22 Colocasia sp [Link.] Madaribo, Sahonondringitra Taro sauvage np H fe, A Janv - Déc 0 1 1 1 1
23 Typhonodorum lindleyanum [Schott] Via, Mangoaka Via np H fr - A Janv - Déc 1 1 0 1 1
ARALIACEAE
24 Schefflera sp [J.R. Forster & J.G.A. Forster] Matambelona np a bo - U Janv - Déc 1 1 1 1 1
ARECACEAE
25 Bismarckia nobilis [Hildebr. & H. Wendl] Satranambe Rônier np A fe - U Janv - Déc 1 1
fr, choux - A, St.
26 Cocos nucifera [L.] Voanio Cocotier p A Janv - Déc 1 1 1 1 1
U,
27 Chrysalidocarpus lutescens [H. Wendl.] Madiovozona np a choux-A, M Janv - Déc 1 1 0 1 1
28 Chrysalidocarpus madagascariensis [Becc.] Sirahazo, Menavozona np a choux-A, M Janv - Déc 1 1 0 1 1
29 Elaeis guineensis [Jacq.] Vaniosely Palmier à huile p A fr - A 1 0 0 0 0
30 Hyphaene schatan [Boj.] Satrana np a choux-A, fe - U Janv - Déc 0 1 1 1 1
fr - fe - fi -U,
31 Raphia ruffia [Martius] Rofia Raphia p A Janv - Déc 1 1 1 1 1
choux
32 Vonitra thouarsiana [Becc.] Vonitra np a fe- U Août - sept 1 0 0 0 0
ASTERACEAE
33 Bidens pilosa [L.] Anatsinahy, Anantialamba np H fe - A Janv - Déc 1 1 1 0 1
34 Brachilaena perrieri [Humbert] Hazotokana, kisaka np A fe – M, U Janv - Déc 0 1 0 0 0
35 Lactuca sativa [L.] Salady Laitue p H fe - A Janv - Déc 1 1 1 0 1

62
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIK
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
MANANARA
PARTIES

(Mahajanga)
AVARATRA
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION

A
UTILISATIONS

36 Spilanthes acmella [(L.) Murr.] Felimafana p H fe - A Janv - Déc 1 1 1 1 1


BIGNONIACEAE
37 Phylloctenium bernieri [Baill.] Voantsakalava np a fr - A Févr - Mars 0 0 0 1 1
BIXACEAE
38 Aphloia sp [Benn.] Ravimboafotsy np a fe - A Janv - Déc 0 1 0 0 0
BOMBACACEAE
39 Ceiba pentandra [(L.) Gaertner poll.] Pamba Kapokier p A fi, bo - U Oct - Nov 1 1 1 1 1
Noisetier de la
40 Pachira indica [A. Robyns.] Hazomatavy, Oliva p A gr - A Févr - Mars 1 0 0 0 0
Guyane
BROMELIACEAE
41 Ananas sativus [(L.) Merr.] Mananasy, Manasy p H fr - A Mars - Nov 1 1 1 1 1
CACTACEAE
42 Opuntiaficus indica[(L.] Raketa Cactus p a fr - A Nov - Janv 0 0 1 1 0
CARICACEAE
43 Papaya papaya [L.] Papay Papayer p a fr - A Mars - Sept 1 1 1 1 1
CASUARINACEAE
44 Casuarina littoralis [Salisb.] Fiofio Filao p A bo - U Janv - Déc 1 0 1 1 0
COMBRETACEAE
45 Combretum sp Manakobongo np L fe - M Janv - Déc
46 Calopyxis ambongensis [H. Perrier] Tamenaka boribory np L gr - M Févr - Mars 0 0 0 0 1
47 Poivrea coccinea [DC.] Tamenaka be np L gr - M Avril - Mai 0 1 0 0 1
48 Terminalia mantaly [H. Perrier] Talia, Mantalia np A bo - K, C Janv - Déc 0 1 1 0 1
49 Terminalia catappa [L.] Antafana Badamier p A bo - K, C Janv - Déc 1 1 0 1 1
CONVOLVULACEAE
50 Ipomoea batatas [(L.) Lamarck] Vomanga, Tsomanga Patate douce p H fe - tu - A Juin - Oct 1 1 1 1 1
51 Ipomoea aquatica [Burm. f.] Lalanda Epinard d’eau np H fe - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
CRUCIFEREAE
52 Brassica oleracea [L.] Laisoa Choux de Bruxelle p H fe - A Janv - Déc 1 1 0 0 0
CUCURBITACEAE
Citrullus vulgaris [Schrader ex Ecklon &
53 Tsikiry, Voajabo Pastèque rouge p L fr - A Oct - Janv 1 1 1 1 1
Zeyher]

63
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
MANANARA
PARTIES

(Mahajanga)
AVARATRA
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION
UTILISATIONS

54 Citrullus sp1 [Forsk.] Tsikirigasy Pastèque blanche np L fr - A Avril - Mai 0 0 0 1 1


55 Citrullus sp2 [Forsk.] Voatango p L fr - A Févr - Mai 0 1 0 1 1
56 Cucurbita maxima [Duchass. ex Lam.] Tsirebika , Citrouille p L fr, fe - A Févr - Oct 1 1 1 1 1
57 Cucurbita moschata [L.] Papangay p L fr - A Févr - Mai 1 1 1 1 1
58 Cucurbita pepo [L.] Kaorizety Courgette p L fr- A Févr - Oct 0 1 0 0 0
59 Momordica charantia [L.] Marogozy p L fe –A, M Nov - Mai 1 1 1 1 1
60 Sechium edule [(Jacquin) Swartz] Sosety Chouchoute p L fr- A Mars - Avril 1 1 1 0 0
61 Cucumis sativus [L.] kaokaombra Concombre p L fr- A Janv - Déc 0 1 0 1 0
DIOSCOREACEAE
62 Dioscorea alata [L.] Ovibe, Ovifantaka Igname p L tu - A Juin - Oct 1 1 1 1 1
63 Dioscorea maciba [Jumelle & Perrier] Masiba, Oviala Igname np L tu - A Mai - Oct 1 1 0 1 1
64 Dioscorea antaly [Jumelle & Perrier] Antaly, Ovimena Igname np L tu - A Mai - Oct 1 1 0 1 1
65 Dioscorea bemandry [Jumelle & Perrier] Bemandry Igname np L tu - A Mai - Oct 0 0 0 0
66 Dioscorea bulbifera [L.] Ofika Igname np L tu – A (+toxine?) Juin - Nov 1 1 1 1 1
67 Dioscorea esculenta [Burkill] Ovirozona Igname np L tu – A Juin - Août 1 1 0 0 0
68 Dioscorea hispida [Dennst.] Tonondinta Igname np L tu – A Mai - Juil 1 1 0 0 0
69 Dioscorea majungensis [Knuth.] Matahodambo Igname np L tu - A Avril - Sept 0 0 0 1 1
70 Dioscorea sp1 [Plum. ex L.] Fanganga Igname (n.d.) np L tu – A (+toxine?) Juil - Nov 0 0 0 0 1
71 Dioscorea sp2 [Plum. ex L.] Kiboaboantany Igname (n.d.) np L tu - A Juin - Oct 0 0 0 0 1
ERYTHROXYLACEAE
72 Erythroxylum pervillei [Baill.] Koropoka np A fr - A Janv - Févr 0 1 0 1 1
73 Erythroxylum boinensis [H. Perrier] Tapiaka, Tampiana np a fr - A Janv - Févr 0 1 1 1 1
EUPHORBIACEAE
74 Croton bernieri [Baill.] Lazalaza np a fe - M Janv - Déc 0 1 0 1 1
75 Jatropha curcas [L.] Valavelona Pignon d’Inde p a T, gr - U Janv - Déc 1 1 1 1 1
76 Manihot esculenta [Crantz] Mangahazo, Mahogo Manioc p ab tu, fe – A Juin - Oct 1 1 1 1 1
Manioc
77 Manihot glaziovii [Muell. Arg.] Mangahazobe p a fe - A Nov - Mai 1 1 1 1 1
arborescent
78 Macaranga madagascariensis [Steud.] Makarangana np a T Janv - Déc 1 1 0 0 1
79 Ricinus communis [L.] Tanatanamena Ricin np a gr - M Janv - Déc 0 1 1 1 1

64
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
MANANARA
PARTIES

(Mahajanga)
AVARATRA
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION
UTILISATIONS

FABACEAE/ CAESALPINIACAE.
80 Cajanuscajan [(L.) Millspaugh.] Antsotry Pois d'Angole p a gr - A Mai - Juil 1 1 1 1 1
81 Cassia siamea [Lam. (Mal.)] p A bo - U Janv - Déc 0 1 1 0 0
82 Cassia pulcheriima [L.] (Flamboyant nain) Francillade p ab bo - U Janv - Déc 0 0 1 1 1
83 Crotalaria grahamiana [Wight & Arn.] Kitsotrisotry Crotalaire np ab bo - U Janv - Déc 0 1 1 1 1
84 Delonix regia [(Bojer ex Hooker) Raf.] Hazomenavony Flamboyant p A bo - U Janv - Déc 1 0 1 1 1
85 Hintsia bijuga [Baill.] Hintsy np A bo – C, K, O Janv - Déc 1 0 0 0 0
86 Tamarindus indica [L.] Madiro Tamarinier np A fr – A, bo - C Juin – Sept. 1 1 1 1 1
FABACEAE/ MIMOSOIDAE
87 Albizzia bernieri [Baill.] Fandriamborona np A O, bo - U Janv - Déc 1 1 0 1
88 Albizzia boavinii [Fourn.] Sambalahirano np A O, bo - U Janv - Déc 0 1 0 1 1
89 Albizzia gummifera [C.A. Smith] Sambalahy np A O, bo - U Janv - Déc 1 1 1 1 1
90 Albizzia lebbeck [Benth.] Bonara Arbre à Bois noir np A O, bo - U Janv - Déc 1 1 1 1 1
91 Albizzia masikororum [R. Viguier] Maroampototra np A O, bo - U Janv - Déc 0 0 0 0 1
92 Albizzia stipulata [Boiv.] Bozaha np A O Janv - Déc 1 1 0 0 0
93 Dichrostachys sp [Wight. & Arn.] Tsitohizambadimalaina np A O, bo - U Janv - Déc 0 1 0 0 1
FABACEAE/ PAPILIONACAE
94 Arachis hypogaea [L.] Voanjolava Arachide p H gr - A Juin - Août 1 1 1 1 1
95 Caesalpinia bonducella [Feming.] Vatolalaka, Voakatra np L gr - M Août - Oct 0 1 0 1 1
96 Dolichos lablab [L.] Tsidimy p H gr - A Mai - Juil 1 1 1 1 1
97 Entada gigas [Fawcett & Rendle] Vahinkarabo np L gr - A 1 0 0 0 0
98 Erythrina sp [L.] Matambelona np a T Janv - Déc 1 1 0 1 0
99 Glycine max [L.] Saoza Soja p H gr - A Mai - juin 0 0 1 0 0
100 Glyricidia sepium [(Jacq.) Walp.] p A bo – U, T, O Janv - Déc 1 0 1 0 0
101 Mucuna conchinchina [Adans.] Tankilobazaha np L gr - A Juin - Juil 0 1 1 0 1
102 Mucuna sp. [Adans.] Saozà be np H gr - A Juin - Juil 0 1 1 0 1
103 Phaseolus lunatus [L.] Kabaro Pois du cap p L gr - A Juin - Juil 1 1 1 1 1
104 Phaseolus vulgaris [L.] Tsaramaso Haricot p H gr - A Mars - Juil 1 1 1 1 1
105 Vigna inguculata Voatsiroko, Tsiasisa p H gr - A Mai - Juil 1 1 1 1 1
106 Vigna subterranea [(L.) B. Verdcourt] Voanjobory Topinambour p H gr - A Mars - Avril 1 1 1 1 1

65
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
MANANARA
PARTIES

(Mahajanga)
AVARATRA
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION
UTILISATIONS

FLAGELLARIACAE
107 Flagellaria indica [L.] Vika, Vahizo Bambou liane np L li - U Janv - Déc 1 1 0 1 1
GUTTIFERAE
108 Garciniamangostana [L.] Mangosta Mangoustanier p A fr– A, fe – M Avril - Mai 1 0 0 0 0
109 Symphonia macrocarpa [Jumelle] Hazinina np A fr– A, bo–K, O 1 1 0 0 0
LAMIACEAE
110 Ocimum gratissimum [L.] Romba np ab fe - M Janv - Déc 1 1 1 1 1
LAURACEAE
111 Cinnamomum zeylinacum [Blume] Kanela Cannellier p A fe, ec – A, M Janv - Déc 1 0 0 1 0
112 Cinnamosma fragrans [Kanehira.] Mandravasarotra np A fe, ec – M Janv - Déc 1 1 0 0 1
113 Persea gratissima [Gaertn.f.] Zavoka Avocatier p A fr - A Avril - Mai 1 1 0 1 0
114 Ravensara gracilis [Kosterm.] Kabijalahy np A bo – K, fe - M Janv - Déc 0 0 0 1 1
LECYTHIDACEAE
115 Barringtonia sp [Forster & Forster] Manondro np a fr - U Janv - Déc 0 1 1 1 1
LILIACEAE
116 Allium esculentum [Salisb.] Tongolofilo p H fe - A Janv - Déc 1 0 0 0 0
117 Allium neapolitanum [L.] Tongoloravina Ciboulette p H fe - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
118 Allium porum [L.] Tongolopoarao Poirreau p H fe - A Janv - Déc 0 1 1 1 0
119 Allium sativum [L.] Tongololay Ail p H tu - A Janv - Déc 0 1 1 1 0
120 Allium sepa [L.] Tongolobe, T. vodiny Oignon à bulbe p H tu - A Janv - Déc 0 1 1 1 1
121 Dracaena reflexa [Lam.] Hasina p a fl – A, T Janv - Déc 1 1 1 1 1
LOGANIACEAE
122 Strychnos myrtoides [Gilg & Buss] Retendrika, Tsilanimboany Strychnos np ab fe, bo - M Janv – Déc. 1 1 1 1 1
123 Strychnos spinosa [L.] Mokotra, Marambonga Strychnos np a fr - A Juin - Sept 1 1 1 1 1
124 Strychnos vacacoua [Baill.] Vakakoa Strychnos np a fr - A Mars - Juint 0 1 1 1 1
MALVACEAE
125 Gossypium hirsutum [L.] Hasy Coton p ab fi - R Juin - août 1 0 1 1 1
MELIACEAE
126 Azadirachta indica [A. Juss] Nîme, 150-maladies Nimier p A fe - M Janv - Déc 1 1 1 1 1
127 Khayamadagascariennsis [A. Jussieu.] Hazomena_1 np A bo - K, C Janv - Déc 0 0 1 0 0

66
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA
PERIODES

ANALALAVA
MANANARA
PARTIES

(Mahajanga)
AVARATRA
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATIO
UTILISATIONS
N

128 Khaya senegalensis [A. Jussieu.] Hazomena_2 p A bo - K, C Janv - Déc 0 0 1 0 1


129 Melia azedarach [L.] Voandelaka Lilas de Perse np A bo -K, C, O, M Janv - Déc 1 1 1 1 0
MORACEAE
130 Artocarpus incisa Soanambo Arbre à pain p A fr - A Mars - Mai 1 1 0 0 0
131 Artocarpusintegrifolia[Forster & Forster] Finesy, Ampalibe Jacquier p A fr - A Déc - Avril 1 1 1 1 1
132 Morus alba [Bur.] Voaroihazo Murier p a fr - A Avril -Juin 1 0 0 0 0
Amontana,
133 Ficus baronii [Baker] Figuier royal np A fe - M Jan - Déc 0 1 1 1 1
Nonokaberavina
134 Ficus cocculifolia [Baker] Adabondrano Figuier np A fe - M Janv - Déc 0 1 1 1 1
135 Ficus megapoda [Baker] Mandresy Figuier np A fe – M, T Janv - Déc 1 1 0 1 0
136 Ficus mormorata Nonoka, Aviavy Figuier np A fe - M Janv - Déc 0 1 0 1 1
137 Ficus pyrifolia [Boerl.] Nonosay Figuier np A fe - M Janv - Déc 0 1 0 1 1
138 Ficus similis [Merill.] Adabomadinidravy Figuier np A fe - M Janv - Déc 0 1 1 1 1
139 Ficus soroceoides [Baker] Ampaly, Ampaliala Figuier np a T, O Janv - Déc 1 1 0 0 0
140 Ficustiliaefolia[H. Perrier] Voara Figuier np a fr – A, T Janv - Déc 1 1 1 1 1
141 Treculeamadagascarica [N. E. Br.] Tsitipaha, Tsitindry np A gr - A Janv - Févr 0 1 0 1 1
MORINGACEAE
Felimorongo,Ananamb
142 Moringa oleifera [Lam.] Benzolive p a fe,fl - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
o
MUSACEAE
143 Musa paradisiaca [L.] Akondro,Kida, Katakata Bananier p a fr - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
MYRTACEAE
144 Eucalyptuscamaldulensis[Dehnh] Kininina Eucalyptus p A bo - C, K Janv – Déc 1 1 1 0 1
145 Eucalyptus citrioides [Bentham] Kininina oliva Eucalyptus p A bo - C, K Janv – Déc 1 1 1 1 1
146 Eugenia caryophyllata [Thunb.]. Jirofo Giroflier p A fl – A, bo - C Nov - Janv 1 1 0 0 0
147 Eugenia jambolana [Lam.] Jambarao, Rotramanga p A fr - A, bo - C Janv - Févr 1 1 1 1 1
148 Eugenia jambos [L.] Zamborozano Jambosier rose np A fr - A, bo - C Janv - Févr 1 1 1 0 0
149 Eugenia malaccensis [Blanco.] Makoba Jambosier rouge p A fr - A Févr - Mas 1 0 0 0 0
150 Eugenia sakalavarum [H. Perrier] Motso, Rotrala np A fr – A, Bo- C, K Janv – Févr 0 1 1 1 1

67
Ethnobotanique

Annexe – Espèces utiles présentes dans les cinq (05) zones agro écologiques (suite)

ANKARAFANTSIKA
TYPE DE PORT

TSARATANANA
MANDRITSARA

ANALALAVA
MANANARA
PARTIES

(Mahajanga)
AVARATRA
Numéros

FAMILLES, NOMS SCIENTIFIQUES ET PERIODES D’

STATUT
NOMS MALAGASY NOMS FRANÇAIS UTILISEES, ET
AUTEURS UTILISATION
UTILISATIONS

Cerisier de
151 Eugenia uniflora [L.] Serizy p A fr - A Oct - Nov 1 0 0 0 0
Cayenne
152 Melaleuca viridiflora [Sol. ex Gaertn.] Kininindrano Niaouli np A bo - C Janv - Déc 1 0 0 0 0
Goavintsinahy,
153 Psidium cattleyanum [Sabine.] Goyavier de Chine np a fr - A, bo - C Janv - Mars 1 1 1 0 0
Gavontsinoa,
154 Psidium gojava [Raddi.] Goavy be Goyavier np a fr - A, bo - C Mars - Avril 1 1 1 1 1
NYMPHAEACEAE
155 Nymphaea madagascariensis [DC.] Agoago, Tatamo Nénuphar np a gr, tu - A Mars – Déc 0 1 0 1 1
ORCHIDACEAE
156 Vanilla fragrans [Ames] Lavanio Vanillier p L gr – A, R Juin - Oct 1 1 0 0 0
180 Citrus limonium [L.] Tsoha matsiko Citronnier p a fr - A Fev - Juin 1 1 1 1 1
181 Citrus media [L.] Voantolongo Cédratier p a fr – A Fev - Avril 0 0 0 0
182 Citrus reticulata [L.] Mandarina Mandarinier p a fr – A Mai – Juil 1 1 1 0 0
183 Citrus sinensis [Osbeck] Laoranjy Oranger doux p a fr – A Fev - Avril 1 1 1 1 1
SAPINDACEAE
184 Nephelium lappaceum [L.] Laotisy Sinoa Litchi chevelu p A fr – A, R Avril - Mai 1 0 1 0 0
185 Nephelium litchi [Camb.] Laotisy Litchi p A fr - A, R Nov - Déc 1 1 1 0 0
SAPOTACEAE
186 Calocarpum mammosa [Pierre] Sapaota Sapotillier p A fr - A Juil - Août 1 0 0 0 0
187 Crysophyllum caïmito [L.] Kametie Caïmitier p A fr - A Juil - Août 1 0 0 0 0
188 Mimusops commersonii [Engl.] Voaranto p A fr - A Févr - Mars 1 0 0 0 0
SCITAMINAE
189 Canna edulis [Ker-Gawl.] Sahonombazaha np H fe - U Janv - Déc 0 0 0 0 1
SOLANACEAE
190 Capsicum annuum. [L.] Sakay Piment p H fr - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
191 Lycopersicum esculentum [Mill.] Matimaty, Tamatesy Tomate p H fr - A Janv - Déc 1 1 1 1 1
192 Nicotiana tabacum [L.] Paraky Tabac p H fe - S Mai - Juin 1 1 1 1 0
193 Solanum anguivii [Lam.] Angivy p H fr - A Avril - Juin 1 1 1 1 0
194 Solanum melongena [L.] Baranjely, Aubergine p H fr - A Janv - Déc 1 1 0 1 1
195 Solanum nigrum [L.] Anamamy Morelle noire p H fe - A Janv - Déc 1 1 1 1 1

68
Ethnobotanique

STERCULIACEAE
196 Sterculia cola [Pers.] Kaola Colatier p A fr - S Oct - Déc 1 0 0 0 0
197 Theobroma cacao [L.] Cacao Cacaoyer p a fr – A, R Janv - Déc 1 0 0 0 0
TACCACEAE
198 Tacca pinnatifida [Forst.] Kabija, Tavolo np H tu–A Juil - oct 1 1 1 1 1
VERBENACEAE
199 Gmelina arborea [Roxb.] Gomely Gmelina p A bo - C, K Janv - Déc 0 1 1 0 1
200 Tectona grandis [L. f.] Kesika Teck p A bo - C, K Janv - Déc 0 1 1 0 1
ZINGIBERACEAE
201 Curcuma longa [L.] Tamotamo Safran p H tu - A Mai - Juin 0 1 1 1 1
202 Zingiber oficinale [Roscoe] Sakaitany Gingembre p H tu - A Mai – Juin 1 1 1 1 1

60 Familles comprenant 202 taxa 112p 132 153 116 129 132
90np

69
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

II-
II- STATUT DE
CONSERVATION,
CONSERVATION, ECOLOGIE
ET ECOPHYSIOLOGIE
VEGETALES
VEGETALES
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ECOLOGIE ET STATUT DE CONSERVATION DE TROIS


ESPECES D’Adansonia (Adansonia za, Adansonia digitata et
Adansonia madagascariensis) DANS LA REGION BOENY
(MAHAJANGA)
Seheno ANDRIANTSARALAZA, Bakolimalala RAKOUTH
B. P : 906.Département de Biologie et Ecologie végétales, Faculté des sciences.
Université d’Antananarivo.
RESUME

Trois espèces endémiques (Adansonia za, Adansonia


madagascariensis et Adansonia digitata) se rencontrent dans la Région de
Boeny au Nord-Ouest de Madagascar.Une étude écologique et une évaluation
du statut de conservation de ces trois espèces ont été menées afin de faire
ressortir les caractéristiques écologiques, floristiques, biologiques des baobabs
et de leurs habitats et d’évaluer leurs statuts écologiques pour proposer des
mesures de conservation. Ainsi, pour chaque espèce étudiée, une Parcelle
Permanente de Suivi (PPS) a été montée dans laquelle ont été effectués des
suivis de chaque individu pendant trois ans. Dans chaque parcelle, des relevés
écologiques ont été réalisés. Les enquêtes ethnobotaniques effectuées ont
montré que les usages des baobabs comme les croyances qui lui sont liées
sont multiples. L’utilisation locale a été récapitulée : alimentaire, médicinale,
cultuelle. Les trois espèces étudiées présentent un déficit de régénération. Ce
fait peut être attribué à plusieurs facteurs d’origine anthropique. A. za, A.
madagascariensis sont classées Vulnérables (VU). Adansonia digitataa été
classée En danger d’extinction (EN). Des mesures de conservation sont ainsi
proposées afin de développer des modalités de gestion durable de ces espèces
et des écosystèmes qui les abritent.

Mots clés : Adansonia za, Adansonia madagascariensis, Adansonia digitata,


Région Boeny, écologie, menaces, statut de conservation.

1- INTRODUCTION

Les baobabs représentés par le genre Adansonia, appartenant à la


famille des Malvaceae, ordre de Malvales (Schatz, 2001) constituent un
patrimoine biologique et culturel unique au monde. Trois espèces ont été
recensées dans la région Boeny (A. madagascariensis, A.digitata et A. za
(Baum, 1995). Or, ces espèces sont menacées par les pratiques humaines
directes telles que la déforestation, surtout dans le Nord Ouest de l’île. La
conservation et la valorisation de ces espèces patrimoniales, hautement
symboliques à l’échelle locale et nationale et des écosystèmes qui les abritent
s’avèrent alors indispensables. C’est dans ce contexte, et dans le cadre du
projet « Baobab », que la présente étud

70
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

.e a été entreprise en vue de faire la caractérisation écologique,


floristique et biologique des baobabs et de leurs habitats et d’évaluer leurs
statuts écologiques pour proposer des mesures de conservation.

2- MATERIELS ET METHODES

2-1- Matériels d’étude


Les trois espèces (Adansonia za, Adansonia madagascariensis,
Adansonia digitata) présentes dans la région Boeny ont fait l’objet de cette
étude.

2-2-Méthodes d’étude
Différentes méthodes ont été utilisées

a) Montage des Parcelles Permanentes de Suivi


Une Parcelle Permanente de Suivi d’une superficie d’un ha au moins a
été installée pour chaque espèce étudiée. Chaque individu dans la parcelle a
fait l’objet d’un suivi par un para-écologiste sur la phénologie, le mode de
croissance et les éventuelles perturbations au niveau de l’habitat, tous les 15
jours pendant trois ans. Le choix des sites d’étude a été basé sur trois critères :

− une formation végétale homogène ;


− l’existence d’au moins 30 individus matures de baobabs ;
− une superficie d’au moins 1ha.
Si ces critères ne sont pas remplis, la parcelle est repartie en petits plots
ayant chacun ses conditions écologiques. Ces petits plots doivent avoir une
superficie d’au moins 1 ha chacun.

Toutes les données relatives à chaque individu de baobabs tels que la


circonférence, la hauteur du fût, la hauteur maximale sont notées dans des
fiches de relevé.

b) Méthode de relevés écologiques


- Etude du sol : Afin d’apprécier la qualité du substrat des habitats des
espèces étudiées, une fosse pédologique de 40cm x 40cm et 40cm de
profondeur a été creusée dans chaque parcelle. Les caractères édaphiques à
savoir la structure, la texture ou la proportion des fractions de sable, de limon et
d’argile qui sont classées par catégorie de grosseurs présentes dans le sol et
les activités biologiques observés dans le sol ont été notés.
- Etude de la végétation et de la flore : La méthode de Braun Blanquet
(1969) a été utilisée afin de dégager les caractéristiques floristiques de la
formation végétale de chaque parcelle. Elle consiste à recensées tous les
individus de chaque espèces dans une parcelle donnée en tenant compte des
paramètres étudiées telles que : Diamètre, Hauteur fût.

71
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Etude de la structure de la végétation : Elle permet d’avoir une image


réelle ou représentative de l’ensemble de la végétation. La méthode de Gautier
(1994) (consiste à noter les hauteurs de contacte de la partie vivante de la
plante sur l’échellinoir gradué) a été utilisée pour déterminer la structure
verticale et la méthode de Godron (1972) pour la structure horizontale (consiste
à shématiser et numéroter les individus végétals qui touchent la ligne de 50m et
tous les individus de la même espèce portent le même numéro.
- Etude la flore associée : Elle a été déterminée par la méthode du
Quadrat Centré en un point adoptée par Brower (1990). En effet, un individu
mature de baobab a été choisi comme centre du quadrat.Deux lignes
imaginaires (déterminées à partir d’une boussole), perpendiculaires de direction
Nord-Sud et Est-ouest passant par l’espèce étudiée divisent le relevé en 4
quadrats. Dans chaque quadrat, le tronc d’arbre à Dhp > 10cm le plus proche
de l’espèce cible a été pris comme individu associé. La fréquence de
l’association de l’espèce cible avec les autres espèces est représentée par la
formule de Greig Smith (1964) suivante :

F (%)=Ni x 100/N

Ni : Nombre d’individus d’un taxon dans tous les quadrats


N : Nombre total d’individus recensés dans les quadrats

- Etude de la régénération naturelle : Le nombre d’individus régénérés


(Dhp≤ 32 cm) et semenciers (Dhp> 32cm) de chaque espèce a été compté
dans chaque parcelle afin d’estimer le taux de régénération naturelle des
baobabs. Ce dernier est déterminé à partir de la formule de Rothe (1964)
suivante :

TR (%) = Nombre d’individus régénérés x100


Nombre d’individus semenciers
c) Etude de la distribution
La carte de distribution est la répartition des espèces étudiées sur un
fond cartographique dans un espace donné. En effet, toutes les coordonnées
géographiques de tous les sites connus pour chaque espèce étudiée ont été
collectées ; celles enregistrées sur terrain à l’aide d’un Global Positioning
System (GPS) sont également considérées. Ces coordonnées géographiques
ont été ensuite traitées au moyen du Système d’Information Géographique
(SIG) en utilisant le logiciel Arcview 3.2 pour élaborer la carte de distribution
des espèces dans tout Madagascar.
d) Evaluation des risques d’extinction et statuts UICN
Elle est basée sur l’étude de l’aire de distribution géographique, l’aire
d’occupation, la capacité de régénération, la croissance et le degré

72
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

d’exploitation de l’habitat. Ces différents paramètres permettent d’attribuer pour


chaque baobab étudié une catégorie de statut UICN.
e) Enquête ethnobotanique
Des enquêtes ethnobotaniques ont été effectuées auprès des
villageois, guides et chefs de station et réserves. Les informations sur les
utilisations locales des baobabs et les menaces qui pèsent sur leurs habitats
sont collectées.

3- RESULTATS ET DISCUSSION
3-1 RESULTATS

1- Caractéristiques écologiques et édaphiques des habitats des espèces


cibles
Cinquante (50) individus d’Adansonia madagascariensis ont été
recensés dans la parcelle d’Amboazango (10ha), commune de Tsaramandroso.
Trente-deux (32) individus d’Adansonia digitata ont été numérotés dans la
parcelle d’Ampazony (10ha), commune de Belobaka. La parcelle d’Adansonia
za a été répartie en trois petits plots d’une superficie de 01 ha chacun. Ces
petits plots se trouvent dans la commune de Tsaramandroso où10 individus ont
été recensés au total.

Dans chaque parcelle, la densité des individus des baobabs varie


suivant plusieurs variables à savoir l’espèce et la superficie de la parcelle.

Dans la Région Boeny, les observations sur le terrain ainsi que les
données bibliographiques ont permis de déduire le type de végétation, le
bioclimat et le substrat de chaque formation occupée par les espèces. Les trois
espèces se trouvent dans une forêt dense sèche semi-caducifoliée très
dégradée à bioclimat subhumide chaud.

Les deux espèces d’Adansonia (A.za et A.digitata) se rencontrent sur


un substrat sableux à structure particulaire. Par contre, Adansonia
madagascariensiss’installe sur un sol poreux à texture argilo-sableuse.

2- Caractéristiques floristiques et physionomiques des habitats des


espèces
Les habitats des trois espèces étudiées sont pauvres floristiquement, la
famille des FABACEAE est la plus représentée. Les aspects physionomiques
varient suivant la parcelle et l’espèce étudiée. Les phanérophytes sont les plus
importants dans les formations végétales étudiées, de 52,09 à 69,4%.
L’abondance des lianes est également remarquée surtout dans la parcelle
d’Amboazango (33,33%). Les formations végétales étudiées sont dégradées
surtout dans la parcelle d’Ampazony dont la hauteur de la canopée ne dépasse

73
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

pas les 6 m. Le tableau 1 résume les caractéristiques floristiques et


physionomiques des PPS installées dans la Région Boeny.

Tableau 1 : Caractéristiques floristiques et physionomiques des PPS


Caractéristiques
Caractéristiques floristiques
physionomiques
PPS/ Petits Nombre Hauteur Richesse floristique Types biologiques
Espèces de maximal
plots
strates e de la
canopée Esp G F Ph Ch L
A. za Analamavelona 4 15 40 38 22 52,09 14,58 29,17
Analamarina 4 14 33 33 25 69,45 13,29 16,67
Kelisanga 3 12 41 37 23 65,12 16,28 18,60

A. digitata Ampazony 2 6 31 30 24 69,44 8,33 16,67


A.madagascariensis Amboazango 3 12 37 34 26 66,67 0 33,33
Esp : Espèces G : Genres F : Familles
Ph : Phanérophytes Ch : Chaméphytes L : Lianes

3- Flore associée

La famille des FABACEAE est la plus associée aux deux espèces


d’Adansonia (A.za et A.digitata) avec respectivement une fréquence de 45 et
25%. La famille des RUTACEAE (30%) est la plus associée à Adansonia
madagascariensis. Bivinia jalbertii (30 %) est la pus associée à Adansonia
madagascariensis. Tamarindus indica est l’espèce la plus associée à
Adansonia za et Adansonia digitata.

4- Régénération naturelle

Les trois espèces de baobabs étudiées présentent un déficit de


régénération avec un taux de régénération très faible entre 13,04 à 68%
(tableau 2). Ce fait peut être attribué à plusieurs facteurs surtout d’origine
anthropique comme les feux de brousse, l’agriculture extensive, la culture sur
brulis et le surpâturage.

Tableau 2 : Taux de régénération des trois espèces d'Adansonia


Espèces Individus régénérés Individus semenciers TR (%)
Classes de diamètre (cm) Classes de diamètre (cm)

]0-10] ]10-20] ]20-32] ]32-70] ]70-100] ]100-150] > 150cm


A za 1 2 1 2 0 1 4 57, 14
A. digitata 10 5 2 6 6 4 9 68
A.madagascariensis 1 3 2 13 14 14 5 13, 04

74
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

5- Utilisation et risques d’extinction

Les informations recueillies sur terrain et les données bibliographiques


disponibles ont permis d’estimer le risque d’extinction des espèces étudiées.
Les enquêtes effectuées ont montré que les usages des baobabs sont
multiples et varient d’une localité à une autre. Les fruits d’Adansonia za et
d’Adansonia digitata sont comestibles et sont appréciés par la population locale
dans le village de Tsaramandroso et d’Ampazony. Certains individus
d’Adansonia digitata (Bozy) sont considérés comme « sacrés » dans le village
d’Ampazony. Les baobabs sont également utilisés à des fins médicinales dans
la station forestière d’Antrema (Mahajanga). En effet, les villageois effectuent
un rituel appelé « Fankabe », rituel utilisant l’écorce bouillie pour favoriser la
croissance des bébés prématurés.
Les activités humaines liées aux défrichements et aux feux de brousse
détruisent l’habitat des espèces de baobabs. Les prédictions du déclin futur
sont très élevées pour les trois espèces. Cette prédiction est estimée à 100 %
pour Adansonia digitata avec une aire d’occupation de 187 km2.
L’étude des différents paramètres et les résultats obtenus sur les
caractéristiques des habitats a permis de proposer les statuts de conservation
des trois espèces étudiées. Adansonia digitata est classée En Danger (EN).
Les deux espèces Adansonia za etAdansonia madagascariensis sont classées
Vulnérables (VU) (tableau 3).
Tableau 3 : Statut de conservation des trois (3) espèces de baobabs

Adansonia
Espèces Adansonia za Adansonia digitata
madagascariensis

Types de végétation FDSC FDSC FDSC, FLE


2
Aire d’occurrence (km ) 240 384 2294 59023
2
Aire d’occupation (km ) 1106 187 1223
Nombre total de sous
14 6 8
populations
Sous populations dans les AP 1 0 1
Prédiction du déclin futur (%) 92,4 100 87,5
Abondance dans les sites
10 32 50
d’étude
Régénération Faible Très faible Faible
Utilisation Oui Oui Oui
Perte et destruction de l’habitat Oui Oui Oui
Vulnérable En Danger Vulnérable
Statut suggéré VU B2 ab (ii,iii) EN B1 ab (i,ii, iii, iv) + VU B2 ab (ii,iii,iv)
2 ab( i,ii,iii,iv)
FDSC : Forêt Dense sèche Caducifoliée
FLE : Forêt Littorale ou sublittorale (Montagne des Français, Daraina et Vohémar)

75
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

3-2- DISCUSSION
Le choix des PPS repose sur le nombre d’individus présents (30
individus) sur une superficie d’au moins 1 ha. Ces critères établis sont
spécifiques pour les baobabs dont 2 individus sont distants de quelques mètres.

Les données sur la distribution sont préliminaires et approximatives.


Elles serviront de bases pour les études et recherches ultérieures relatives aux
baobabs. De plus, des modifications peuvent être affectées aux paramètres
étudiés étant donné l’insuffisance des connaissances sur la distribution précise
des espèces de baobabs dans tout Madagascar.

Dans la Région Boeny, Adansonia za se rencontre dans des forêts


denses sèches semi caducifoliées. L’étude de la distribution a montré que cette
espèce est inféodée à plusieurs types de formation. Elle présente une
distribution assez large, du Nord-Ouest au Sud-Ouest de Madagascar. Divers
auteurs dont Baum (2003) et Razanameharizaka (2002) ont montré que cette
espèce a la distribution la plus large parmi les 8 espèces d’Adansonia. Les
caractéristiques écologiques, floristiques, physionomiques de cette espèce et
de son habitat varient suivant les régions. Afin d’effectuer une étude
comparative sur la caractérisation écologique de l’habitat d’Adansonia za,
d’autres PPS ont été installées dans d’autres régions de Madagascar. Les
résultats obtenus dans chaque PPS installée feront donc l’objet d’une étude
comparative afin de donner une explication écologique sur la répartition des
espèces de baobabs. Les menaces et pressions subies par les espèces de
baobabs évoquées dans cette étude exigent la mise en place de modalités de
gestion en faveur de leur préservation. Inclure les espèces non protégées dans
les nouvelles Aires Protégées s’avère donc primordiale.

La gestion communautaire des forêts et des Aires Protégées et la mise


en place d’autres Parcelles Permanentes de Suivi (PPS) permettront aussi
d’assurer une protection plus concrète des populations d’Adansonia. Des
initiatives de restauration forestière dans les zones protégées existantes et non
protégées surtout au sein des habitats des baobabs sont également à mettre en
œuvre pour conserver et protéger de façon durable les écosystèmes à
baobabs.

Les études et recherches ultérieures sur les menaces qui pèsent sur les
espèces de baobabs permettront de prendre des mesures de conservation plus
appropriées.

4. CONCLUSION

Les études sur terrain ont permis de recueillir de nombreuses


informations sur chaque espèce, en particulier sur leur habitat, leur

76
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

régénération et leur distribution. Les résultats présentés portent sur la


description, l’écologie, la biologie, l’abondance, la distribution, l’utilisation et les
risques d’extinction des trois espèces de baobabs qui sont exposées à des
menaces dues principalement aux activités humaines comme la déforestation,
les défrichements, les feux de brousse et les cultures sur brûlis. Les risques
d’extinction sont donc élevés. Par ailleurs, les trois espèces d’Adansonia
connaissent une difficulté de régénération. Elles ne tolèrent pas la perturbation
de leurs habitats. En outre, il est important de souligner que les résultats
obtenus dans le cadre de cette étude sont des données préliminaires. Des
études concernant la systématique de chaque espèce de baobab, des essais
de régénération ex situ et des suivis phénologiques sont également
nécessaires afin de procéder à la mise à jour de la base des données sur les
baobabs. Ainsi, cette étude contribuera en partie à la sauvegarde de ces
espèces endémiques en développant des modalités de gestion durable dans la
grande île.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Baum, D.A., 1995a.- A systematic revision of Adansonia (Bombacaceae). Ann.


Missouri Bot.Gard., 82 : 440-470.
Brower, E. J., Zar, H. J. & Von Ende, C. N., 1990 – Fields and laboratory
Methods for General Ecology. 3 rd ed. W.M.C. Brown Publishers. 268 p.
Greig Smith, P., 1964 – Quantitative Plant Ecology. 2nd edition. Butterworth.
London Great Britain. 256p.
Picard, N. & Gourlet-Fleury, S., 2007- Propositions de normes pour
l’installation de parcelles permanentes. Eds CIRAD Département
Environnements et Sociétés UPR Dynamique des forêts naturelles. 31p.
Razanameharizaka, J. H., 2002 - Régénération du genre Adansonia dans le
Sud-Ouest malgache : Démographie et Physiologie de semences. Mém
DEA. Option Phy.vég. Fac Sciences. Univ Antananarivo. 70 p.
Rothe, P. L., 1964 – Régénération naturelle en forêt tropicale. Le
Dypterocarpus dregyi (DAU) sur le versant cambodgien de Golf de Siam.
Bois et forêts des tropiques. Madagascar.Vol 8. Pp 368-397.
Schatz, G. E., 2001- Flore générique des arbres de Madagascar. Royal
Botanic, Gardens. Kew. 489p.
UICN, 2001- Catégories et critères de l’UICN pour la Liste Rouge. Version 3.1,
32p.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à montrer notre plus haute gratitude à toutes les personnes,
qui de près ou de loin, ont apporté leur aide, leur soutien et leur collaboration à
la réalisation de ce mémoire.

77
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Nous adressons nos plus vifs remerciements aux institutions qui, par
leurs soutiens matériels et logistiques nous ont permis de réaliser ce travail.
Nous citons en particulier le Département de Biologie et Ecologie Végétales de
l’Université d’Antananarivo, le Service de Coopération et d’Action Culturelle
Française par le biais du projet Madagascar Enseignement Supérieur
(MADES), le Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique
pour le Développement (CIRAD) et l’Unité de Recherche en Partenariat (URP).

78
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

DESCRIPTION, DISTRIBUTION, ECOLOGIE ET STATUT DE


CONSERV ATION DE QUELQUES ESPECES ENDEMIQUES DE
MADAGASCAR DE LÀ FAMILLE DES ELAEOCARPACEAE
Cyprien MIANDRIMANANA, Charlotte RAJERIARISON
Edmond ROGER
BP : 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales – Faculté des Sciences – Université
d’Antananarivo

RESUME
La famille des Elaeocarpaceae est une famille endémique subtropicale
renfermant 12 espèces connues dont sept (7) ont fait l'objet de cette étude.La
compilation des données bibliographiques et des résultats de nos observations
sur le terrain ont donné de plus amples informations sur ces espèces, plus
précisément sur leur distribution, les caractéristiques écologiques de leurs
habitats, leurs utilisations et les menaces sur leurs habitats. Des descriptions
ont été réalisées pour compléter les données antérieures. L'analyse de ces
informations a permis d'évaluer les risques d'extinction de chaque espèce.Pour
la distribution, cinq (5) espèces sont rares, à savoir Elaeocarpus corallococcus,
Elaeocarpus occidentalis, Elaeocarpus perrieri, Sloanea bathiei et Sloanea
rhodantha var. dalechampsoides, Trois (3) espèces sont à distribution
moyennement large, comme Elaeocarpus capuronii, Elaeocarpus rufovestitus
et Sloanea longisepala. D'autres ont une distribution très large Elaeocarpus
alnifolius, Elaeocarpus hildebrandtii, Elaeocarpus subserratus et Sloanea
rhodantha var. rhodantha).
Pour l'évaluation du statut de conservation, chaque espèce dans la famille des
Elaeocarpaceaesont classées dans quatre (4) grandes catégories de menace
:en Danger Critique d'Extinction (CR) :Elaeocarpus occidentalis et Sloanea
bathiei ; enDanger d'Extinction (EN), Elaeocarpus corallococcus, Elaeocarpus
perrieri,Elaecarpus rufavestituset Sloanea rhodantha var. dalechampsoides
;Vulnérables (VU), Eïaeocarpus alnifolius et Sloanea longisepala et espèces à
Préoccupation mineur (LC) :Elaeocarpus alnifolius, Elaeocarpus capuronii,
Elaeocarpus hildebrantii, Elaeocarpus subserratus et Sloanea rhodantha var.
rhodantha,

Mots clés : Elaeocarpaceae, espèces endémiques, distribution, ecologie et


statut de conservation, Madagascar.

1. INTRODUCTION
Madagascar possède une richesse exceptionnelle en biodiversité.Ce
patrimoine unique au monde est en train de détérioration, d'avilissement et de
disparition massive due à de multiples raisons. L'endommagement des
écosystèmes naturels par l'augmentation de défrichements, la répétition des

79
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

feux de brousse à intervalle très courte, l’exploitation commerciale de bois


figurent parmi les principales pressions s'exerçant sur les écosystèmes naturels
à Madagascar. La croissance démographique galopante et la pauvreté
flagrante des Malgaches accentuent et aggravent cette situation.
Ainsi, des efforts de préservation ont été déployés au début de XXe
siècle pour sauver les espèces menacées et pour rétablir l'équilibre des
écosystèmes à l'échelle mondiale dont l'une des premières tentatives est le
recours au processus législatif.
Dans le butd’atteindre cet objectif, la présente étude intitulée «Etude
bioécogéographique des 12 espèces endémiques de Madagascar dans la
famille des Elaeocarpaceae en vue d'une évaluation de leur statut de
conservation » a été entreprise. Le but de cette étude est de comprendre la
biologie et les facteurs écologiques influençant la distribution et l'existence des
ces espèces dans la nature. De plus, cette étude donne des informations sur
les caractéristiques de l'habitat et sur l'utilisation par la population locale des
espèces étudiées. Ces informations seront nécessaires dans l'évaluation des
risques d'extinction de ces espèces en se basant sur les critères de I'UICN.

2. MATERIELS D'ETUDE
La famille des Elaeocarpaceae classée par Bentham & Hooker (1862),
Baillon (1873) ou Hutchinson (1967) dans la tribu des Tiliaceae est une famille
à part (Tirel, 1984) et appartient à l’ordre des Malvales sous classe des
Rosideae (Heywoods, 1978). Toutes les espèces appartenant à cette famille
trouvées à Madagascar constituent les matériels d'études,
2.1. Description de la famille des Elaeocarpaceae (Tirel, 1984)
La famille est caractérisée par des buissons à grands arbres. Feuilles
simples, alternes, nervation pennée, fleurs solitaires ou en inflorescence du
type racème multiflore, axillaire ou plus rarement terminal ; sépales 4-5, libres,
valvaires ; pétales 4-5, libres ou rarement soudés, valvaires. apex
généralement denté ou lacinié. Etamines nombreuses (13-200), libres, insérées
sur le bord interne ou à la surface du disque ; anthères basifixes, biloculaires,
déhiscentes soit par un pore unique ou une courte fente apicale et transversale,
soit par deux pores ou des courtes fentes longitudinales ; fruits, soit une drupe
charnue, indéhiscente, à une seule graine, soit une capsule ligneuse,
déhiscente, à multiples graines (10-16) munies d'un arille et à albumen
abondant Embryon à cotylédons droits ou courbes.

La famille est représentée dans toutes les régions tropicales et


subtropicales, à l'exception de l'Afrique continentale (Tirel, 1984} ; et quelques
espèces d'Elaeocarpus se rencontrent dans les zones tempérées. Elle
comprend huit (8) genres : Aceratium, Aristotelia, Dubouzetia, Elaeocarpus,
Sericolea, Sloanea, Tricuspidaria et Vallea, dont deux (2): Elaeocarpus et

80
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Sloanea existent à Madagascar et toutes les espèces malgaches sont


endémiques.

2.2. Clés d'identification des genres Malgaches


La clé d'identification des genres Malgache est la suivante:
1- Fleurs généralement portées dans des racèmes multiflores; pétales blancs, à
peine plus longs que les sépales, toujours libres ; disque nectarifère ; annulaire
et plus ou moins lobé ; fruit drupaçé indébiscent, généralement à une seule
graine, les graines sans arille. Cette espèce correspond au genre Elaeocarpus.
1'- Fleurs sepalaires ; pétales rouges, généralement bien plus longs que les
sépales, parfois partiellement à entièrement soudés ; disque nectaire en forme
de coussin large ; fruit capsulaire déhiscent ligneux, à multiple graines, les
graines arillées. Cette espèce corespond au genre Sloanea.

3. METHODES D’ETUDE
Cette étude a pour but d'évaluer le statut de conservation des espèces
Elaeocarpaceae sus citées. En effet, elle a été menée en plusieurs étapes : les
études bibliographiques et cartographiques ainsi que les étudesdans les
herbaria ont précédé les descentes sur le terrain durant lesquelles des
enquêtes ethnobotanjques, des études de la régénération et des études des
habitats des espèces ont été réalisées.

3.1. Identification des espèces


Les espèces sur lesquelles porteront nos études ont été identifiées
d’aprèsles spécimens d'herbier de Parc Botanique et Zoologique de
Tsimbazaza (TAN) et de FOFIFA (TEF) Ambatobe.
3.2. Localisation et choix des sites d'études
Les sites d'études ont été choisis à partir des informations et des
coordonnées géographiques relevées sur les étiquettes d'herbier. Les critères
de choix ont été l'accès et la proximité des espèces cibles, données obtenues à
partir des études cartographiques.
3.3. Collecte des donnés et description
La partie systématique a consisté en la description morphologique de
chaque espèce dans les herbarias TAN, TEF, MO (Missouri), P (Paris), et
Laboratoire de Botanique del'Université d'Antananarivo ont été récoltés et
préparés selon la méthode de Liesner (1991) et décrits selon la terminologie de
Radford et coll. (1974).

3.4. Distribution
La distribution des espèces a été étudiée avec le logiciel ArcView 3.3.
Les coordonnées géographiques figurant sur les étiquettes d'herbier, tirées de

81
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

la base des données Tropicos du MBG


(%t1p :/rnobot.mobotor/WT3/Seafch/Vast.html) et enregistrées sur le terrain ont
été converties en décimales pour être utilisées en SIG et pour générer ensuite
les points de distribution de chaque espèce sur la carte de Madagascar.
Les paramètres considérés pour l'analyse ,de distribution sont la zone
d'occurrence EOO (superficie excluant la mer pouvant renfermer tous les sites
d'un taxon à l'intérieur d'un polygone convexe dans lequel aucun angle
n'excède pas 180°), l'aire d'occupation AOO (surface de végétation occupée
par un taxon mesurée ausein de la zone d'occurrence) (UICN, 2001), ainsi que
le nombre de sous populations, leur présence/absence dans les Aires
Protégées (AP) et la prédiction de déclin futur des espèces PDF. La PDF est
estimée par la formule suivante :

PDF =Nombre de sous populations hors des AP x 100 / Nombre total de


sous populations

3.5. Etudes de la végétation


• La description de l'habitat a étéfaite en terme de bioclimat, de
géologie, de topographie et de végétation en utilisant la carte bioclimatique de
Cornet (1974), les cartes géologique et végétation de DU PUY et MOAT (1996)
et la carte des domaines forestiers de Humbert (1965). Cet habitat est aussi
décrit selon sa structure et sa composition floristique.
• L'étude structurale comprend la structure verticale et la structure
horizontale.
La structure verticale a étéétudiée selon la méthode de Gautier (1994)
qui consiste à faire un relevé linéaire sur une ligne de 50 m de long dressée à
partir d'une çhevillièretendue horizontalement. Un échenilloir gradué est
déplacé par intervalle de 1 m le long de cette ligne et au niveau duquel la
hauteur de contact entre le piquet et la partie vivante des végétaux a été notée
sur une grille. Le relevé ainsi obtenu reflète la stratification de la formation
végétale, le taux derecouvrement de chaque strate, le type de végétation ainsi
que son état de dégradation.
L'individu cible constitue le centre de 4 quadrats délimités par 2 lignes
imaginaires orientées vers les 4 points cardinaux. Le diamètre et la distance par
rapport au centre de l'arbre ayant un dhp > 1 0 cm le plus proche ont été
mesuré et sa hauteur est estimée. Ces données ont permis d'évaluer la densité
des troncs/ha qui est calculée selon la formule suivante :
D = n (a + n') x 10000 / (∑di)2
a : nombre des troncs associés
n* : nombre des individus cibles à dhp > 10 cm
di : distance entre individu cible et troncassocié

82
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Cette étude permet également d'établir une courbe de distribution par


classe de diamètre dont l'allure, notamment l’absence de certaines classes peut
fournir des informations sur la perturbation de la forêt.
• La fiore associée à chaque espèce a été identifiée en notant les genres
et les espèces d'arbres relevés dansl'étude de la structure horizontale.
• La phénologie est l'étude de la succession des différents phénomènes
du cycle biologique de chaqueespèce dans le temps pour caractériser chaque
espèce selon leurs calendriers phénologiques.
• La régénération comprend trois (3) parties :
- L'étude de la pollinisationqui consiste à faire des observations directes,
des enquêtes auprès des guides etelles sont appuyées par des données
bibliographiques. De plus, l'étude consiste à identifier les agents depollinisation
de chaque espèce ;
- L'étude de la dispersion de grainesqui permet d'identifier les agents ou
les phénomènes assurant larégénération des espèces pardes enquêtes et des
observations directes ;
- La régénération naturelleévaluée suivant la distribution de la population
dans les classes dediamètre. Les individus de chaque classe de diamètre sont
comptés et l'analyse des résultats permet d'établir le diagramme de
régénération pour chaque espèce. Les individus à dhp < 10 cm sont considérés
comme régénérés et ceuxà dhp > 10 cm des semenciers ou individus adultes.
Le taux de régénération (TR %) est donné par la formule de Rothe (1964) :
-
TR (%) = Nombre d’individus régénérés x 100 / Nombre de semenciers

L'interprétation de ces données donne des informations sur le potentiel


de régénération de chaque espèce.
- Utilisations des espèces et menaces sur les habitats.Les observations
directes, les données bibliographiques et lesenquêtes auprès de la population
locale ont été menées pour acquérir les informations surlesutilisations de
chaque espèce et les menaces sur leurs habitats.
- Risque d'extinction (CR) : Toutes ces informations sont rassemblées afin
de permettre l'évaluation du statut de conservation des espèces. Selon UICN
(2001), il existe 9 catégories pour les listes rouges. Les catégories menacées
sont :
En danger critique d'extinction (CR) : le taxon risque fortement de
disparaître à Tétât sauvage et très court terme ;
En danger (EN) : le taxon est confronté à un risque d'extinction
très élevé à Tétât sauvage et à court terme ;
Vulnérable (VU): le taxon subit des menaces qui peuvent entraîner
sa disparition à l'état sauvage à moyen terme.

83
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Pour ces catégories, les critères définis par UICN (2001) concernent la
réduction des effectifs par cause de réduction de la zone d’occupation, perte de
l'habitat, exploitation sélective, la taille de Taire d'occurrence et la taille de la
population.

4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4.1. Description des espèces étudiées
Parmi les 12 espèces des Elaeocarpaceae de Madagascar, 7 ont été
rencontrées et étudiées sur le terrain. Ce sont : Elaeocarpus alnifolius, E.
capuronii, E. hildebrandtii, E. rufovestitus, E. subserratus, Sloanea
longipedunculata et S. rhodantha var. rhodantha. La description des ces 7
espèces a été basée sur les ouvragesscientifiques disponibles et est appuyée
par des observations directes sur le terrain ; tandis que.pour les autresespèces
(Elaeocarpus corallococcus, E. occidentalis, E. perrieri, Sloanea rhodantha var.
dalechkmpsoides etS. bathiei). La déscription a été faite uniquement à partir
des ouvrages et de spécimens d'herbiers disponibles.
Elaeocarpus alnifolius (Tirel, 1984)
Arbre de 6-15 m de haut. Feuilles légèrement ondulées, papyracées a
subcoriaces, entièrement glabres sur les deux faces ; limbe elliptique
rhomboédrique ou obové, à bords lâchement crénelés avec 3-10 échancrures ;
pétiole grêle, de 1-5 cm de long, inflorescence constituée de 3-13 fleurs
jaunesen formant de grappe, portée par unpédoncule de 0,5-8 cm. Fleurs
pentamères, hermaphrodites et monoïque. Fruit, drupe, ellipsoïde ovoïde, de 10
-15 x8 -12mm, vert
2. Elaeocarpus capuronii (Tirel, 1984)
Arbre de 5 à 15 m de haut. Feuilles épaisses et coriaces, glabres ;
limbe largement oblong - elliptique, à bords lâchement sérretés avec 10-19
échancrures ou presque entière. Pétiole assez robuste, de 3 - 8 cm.
Inflorescences en grappe constituées de 4-9 fleurs de couleur jaune verdâtre,
portées par un pédoncule de 2 - 10 cm. Fleurs hermaphrodites. 5-mères et
monoïques. Fruit, drupe ellipsoïde-globuleux, de 2 à 2,2 x 1,6 à 1 ,8 cm.
Elaeocarpus corallococcus {Tirel, 1984)
Arbuste ou arbre de 6 - 15 m de haut. Feuilles légèrement gaufrées entre
les nervures secondaires, coriaces, face supérieure glabre, face inférieure
glabre ou garnie de fins poils apprîmes ; limbe obové, à bords finement sérretés
avec 15 à 30 échancrures ; pétiole robuste de 0,8 - 2 cm de long.
Inflorescences composées de 2-5 fleurs de couleur blanche portées par un
pédoncule court, de 1 - 4 cm. Fleurs pentamères, dioïques, fruit, drupe
ellipsoïde globuleuse de 3 cm x 2,5 cm,
Elaeocapus hildebrandtiï (Tïrel, 1984)
Arbuste ou arbre de 10 - 15 m. Feuilles coriaces, généralement très
pâles, à fine pubescence apprimée sur les deux faces ; limbe obové oblong,

84
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

parfois elliptique, à bords finement et régulièrement sérretés crénelés (15 à 30


échancrures). Inflorescence constituée de 3-12 fleurs de couleur jaune, portée
par un pédoncule de 2 - 8 cm. Fleurs hermaphrodites, 5-mères, monoïque.
Fruit, drupe ellipsoïde ovoïde, de 1,5 x 0,8 cm.
Elaeocarpus occidentalis (Tirel, 1984)
Arbre de 10 m environ. Feuilles papyracées, glabre sur la face
supérieure, finement soyeuses sur la face inférieure ; limbe largement elliptique
lancéolé, a bords sérretés, à échancrures peu prononcées mais assez
nombreuses (plus de 20 de chaque côté). Grappes nombreuses ; pédoncules
de 4 - 7 cm, portant 6 — 10 fleurs. Fleurs hermaphrodites, de couleur blanches,
5-mères, monoïque. Fruit non observé.
Elaeocarpus perrieri (Tirel, 1984)
Arbre de 6 à 20 m. Feuilles subcoriaces, entièrement couvertes d'un
dense tomentum roux à la face inférieure et glabre à la face supérieure ; limbe
elliptique orbiculaire, à bords légèrement sérretés mucronulés. Grappes à axe
de 4 - 7 cm, portant 5-8 fleurs. Fleurs de couleur rouge vif pentamères et
dioïques. Fruit ellipsoïde globuleux, drupe, 2-3 x 1,8-2,5 cm.
Elaeocarpus rufovestitus (Tirel, 1984)
Arbrisseau de 6 m de hauteur en moyenne. Feuilles coriaces, à face
supérieure glabre, à face inférieure couverte d'un dense tomentum roux,
continu; limbe elliptique oblong, rarement obové, à bords finement mucronulés.
Fleurs très nombreuses à l'aisselle des feuilles sur les pieds hermaphrodites et
vers le sommet des rameaux sur les pieds mâles ; pédoncules de (1-) 2 - 5 cm
portant (1-) 3 - 10 fleurs. Fruit en drupe tomenteuse, ellipsoïde, apiculée au
sommet, de 1,5 x 1 cm.
Elacocarpus subserratus (Tirel, 1984)
Arbuste à arbre de 8 - 25 m de haut. Feuilles papyracées, chartacées
ou subcoriaces, face supérieure vert clair brillant, généralement glabre, parfois
finement soyeuse jusqu'à présenter un revêtement continu cuivré ou argenté ;
limbe lancéolé ou elliptique oblong ou ové, rarement obové, à bords nettement
ou très superficiellement sérretés crénelés avec 1-5-26 échancrures ou
muerons. Grappes nombreuses ; pédoncules de 1 - 9 cm portant 6 - 12 fleurs.
Fleurs de couleur jaune, hermaphrodites, 5-mères, monoïques. Fruit ellipsoïde,
de taille variable, 1,5-2,5 x 1-2 cm,
Sloanea rhodantha var. rhodantha (Tirel, 1984)
Arbre de grande taille, atteignant couramment 25 m de hauteur ;
diamètre du tronc de 60 - 80 (200) cm ; base du .tronc présentant des
contreforts. Feuilles de trois types extrêmes : type 1, feuilles obovées et
papyracées, de 6 - 14 (-18) x 4 - 9 (-11) cm, à sommet pourvu d'un bref et
brusque acumen émoussé, à base aigue arrondie, abords vaguement sinués
sérretés ; type 2, feuilles papyracées, de 4 - 10 x 1,5-3 cm, elliptiques, à
sommet acuminé, à base aiguë arrondie, à bords sérretés ; types 3, feuilles

85
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

allongées, très coriaces et complètement glabres alors que dans les deux
autres types, le limbe porte dorsalement des domaties poilues. Fleurs solitaires,
de grande taille, de couleur rouge vif, à l'aisselle d'ébauches foliaires portés par
un pédoncule de 2 - 4,5 cm. Fruit, capsule ligneuse, ovoïde oblongue, de 6 –
11x3-7 cm ; mésocarpe très dur et très épais, de 1 - 2 cm ; à ouverture
loculicide en 3-5 valves.
Sloanea rhodantha var. dalechampsoides (Tirel, 1984)
Grands arbres de 20 - 30 m. Feuilles papyracées et gaufrées,
largement obovées elliptiques, à bords souvent révolutés ; face inférieure
poilue. Fleurs de couleur rougeà sépales inférieurs de 1 cm, au nombre de 5 à
6 ; pétales 1 à 5, bordés de de denticules glandulifères bien visibles. Etamines
au nombre de 60 à 110, Ovaire de 4 - 5 mm, 4 loges contenant chacune 2 files
de 8 - 1 2 ovules. Fruit, capsule ligneuse, ovoïde oblongue, .de 6 - 11 x 3 - 7 cm
; mésocarpe très dur et très épais, de 1 - 2 cm ; à ouverture loculicide en 3-5
valves.
Sloanea bathiei (Tirel, 1984)
Grands arbres, feuilles subcoriaces, à limbe elliptique, complètement
glabre, sauf au niveau des domaties a poils laineux sur la face inférieure ;
pétiole 1-3 cm. Fleurs rouges, à pédoncule relativement long, 4 à 6 cm.
Sépales, longs de 1,2 à 1,5 cm et 0,6 à 1 cm de large. Pétales soudés à une
corolle fortement accrescente, 4,5 cm de longueur. Etamines.au nombre de
120, à anthère très allongé. Ovaire conique. Fruits non observées.
Sloanea longisepala (Tirel, 1984)
Grand arbre avec des contreforts. Feuilles coriaces possédant des
domaties à la face inférieure, de forme obovée elliptique, à bords vaguement
crénelés, glabres sauf sur les domaties. Nervure médiane très saillante sur la
face inférieure. Pétiole de l - 2 cm de long. Fleurs solitaires de couleur rouge vif
portées par un pédoncule de 1 - 4 cm de long, glabre. Sépales 1 - 4 étroitement
triangulaires ou oblongs, de 1,5 - 2,8 x 0,4 - 0,7 cm. 1 à 4 pétales, de 2;5 cm,
rouge foncé, munis des dents sur l'apex. Etamines au nombre de 90 environ
finement hirsutes à connectif longuement apiculé sur 2 mm. Pistil à dense
revêtement velouté sauf vers le sommet. Fruit capsulaire et ligneux contenant 0
-2 graines par loge.

4.2. Distribution géographique


Les données géographiques portent sur la répartition des espèces par
domaine phytogéographique (Humbert, 1965), l'aire d'occurrence, le nombre
total de sous populations et le nombre de sous- populationsdans les aires
protégées (A.P.). Les données sont récapitulées dans le tableau 1.

86
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 1 : Distribution géographique des espèces étudiées


Nombre des
Aire Nombre total Prédiction
Répartition par sous-
Espèces d'occurrence des sous - du futur
domaines 2 populations
(km ) populations déclin (%)
dans les A.P.
Elaeocarpus alnifolius Est Î2Î836 32 4 87,50
Elaeocarpus capuronïi Est, Centre 93401,9 9 4 55,56
Elaeocarpus corallococcus Hautes Montagnes, 2,41 3 1 26,60
Elaeacarpus hjldebrandtii Centre, fautes 189623 26 8 69,23
Montagnes, Ouest
Elaeocarpus occidentàlis Centre pente occidentale 0,0841 1 0 100
Elaeocarpus perrierî Hautes Montagnes 2,8012 14 4 97,95
Elaeocarpus rufovesfitus Centre, Hautes 18941 18 3 99,07
Montagnes
Elaeocarpus subserratus Est, Centre, Sambirano, 274795 83 33 60,24
Hautes Montagnes
Sloanea rhodantha var. Est, Centre, Sambirano, 274248 69 29 57,97
rhodantha
Sloanearhodantha var. \
Est 418 21 17 96,Î5
dalechampsoides
Sloanea longisepala .Est, Centre 12 15 4 98,22
Sloanea bathieï Hautes Montagnes 0,861846 2 0 100,00

Du point de vue répartition géographique (tableau 1), les


Elaeocarpaceae de Madagascar se répartissent dans tout Madagascar, sauf
dans la partie méridionale. Elles sont abondantes à l'Est et au Centre.
Les aires d'occurrence des espèces d’Elaeocarpaceae varient d'une
espèce à une autre, d'une valeur restreinte (inférieure à 10 krn2) à une valeur
assez large (plus de 250.000 km2). La formule de Schatz sur l'évaluation du
futur déclin a montré que la plupart des espèces ont un taux de futur déclin
assez élevé.

4.3. Caractéristiques écologiques des habitats des espèces cibles


L'habitat d'une espèce est caractérisé par son bioclimat type, la nature
de substrat, la topographie, l’altitude ainsi que la végétation climacique (tableau
2).
Ainsi, les Elaeocarpaceae de Madagascar se rencontrent dans
différents types de bioclimats correspondant aux différents types de formations
végétales : le bioclimat humide et subhumide avec la forêt littorale, les forêts
denses humides ; le bioclimat sec et semi aride correspondant à la forêt dense
sèche ; et le bioclimat montagnard avec le fourrée de montagne. La plupart des
espèces Elaeocarpaceae se reposent sur des roches métamorphiques ignées
et des roches quartzites. De 0 m à plus de 2000 rn d'altitude, des représentants
des Elaeocarpaceae sont toujours présents mais certains ont des intervalles
altitudinales plus ou moins nettes.

87
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 2 : Données écologiques des habitats des espèces étudiées


Espèces Bioclimat Nature du substrat Altitude Type de végétation
Etage humide et Roches Inférieure a 800 in littorales FL, FDHSMA
Elaeocarpus alnfolius
subhumide métamorphiques et et basses altitudes)
sédimentaires
Elaeocarpuss capuronii Etage subhumide Réelles Basse altitude et moyenne FDHSBA, FDHSMA
métamorphiques altitude (entre 0 et 1 800 m)
El&eocarpm corallococcus Etage montagnard Quartzites Haute altitude (1800 à plus FDHSBM, FM
de 2000m)
Etage subhumide, Roches Moyenne altitude {entre 800 FDHSMA, FDHSBM,
Elaeocarpus hïldebrantii
étage montagnard métamorphiques. et 1800m) FM, FDS
basaltes
Elaeocarpus occidentalis Etage subhumide Substrat calcaire Moyenne altitude (entre 800 FDS
et 1800 m)
Elaeocapus perrierî Etage montagnard Quartzites Haute altitude (1 800 à plus FDHSBM, FM
de 2000m)
Elaeocarpus rufovestitusEtage subhumide, Quartzites Haute altitude (1800 à plus FDHSMA, FDHSBM,
étage montagnard de 2000m) FM
Etage humide, Roches De 0 à plus de 2009 m FL, FDHSBA,
Elaeocarpus subserratus subhumide et métamorphiques, FDHSMA, FDHSBM,
montagnard basaltes, roches FM, FDS
sédimentaires
Sloenea bathiei Etage subhumide Roches Moyenne altitude (entre 800 FDHSBM
métamorphiques et 1800m)
Sloanea longisepala Etage subhumide Roches Moyenne altitude (entre 800 FDHSMA
métamorphiques a 1800m)
Sloanea rhodantha var. Etage humide, Roches 0e G à plus de 2000 m FDHSBA,
rhodantha subhumide métamorphiques FDHSMA, FDHSBM
Sloanea rhodantha var. Etage subhumide Roches Moyenne altitude (entre 800 FDHSMA
dalechampsoides métamorphiques a 1800m)
FDS : forets denses Sèches, FDHSBM : Forêts Denses Humides sempervirentes à Bioclimat Montagnard, FM : Fourrée
de Montagne, FDHSMA : Forêts Denses Humides Sempervirentes de Moyenne Altitude, FL : forêt littorale, FDHSBA :
Forêts Denses Humides Sempervirentes de Basse Altitude
Elaeocarpusalnifolius ne se rencontre que principalement sur le littoral
tandis que Elaeoearpus corallococcus et E. perrieri sont principalement sur les
moyennes et les hautes altitudes.

4.4. Abondance numérique


Selon Keith (1997), une espèce est dite rare si sa population compte
moins de 250 individus matures ; mais par contre la population est considérée
abondante si la taille de la population dépasse de 10000 individus matures. Les
valeurs de l'abondance calculées par la formule de Schatz (2001) ont montré
que les espèces d’Elaeocarpaceae de Madagascar peuvent être groupées en
deux (2) suivant la taille minimale connue de leur population : espèces rares et
espèces abondantes.
Les espèces rares sont : Elaeocarpus alnifolius, E capuonii, E
hildebrandtii, E. rufovestitus et Sloanea longisepala dont aucune sous

88
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

population de ces espèces ne contient des individus matures en nombre


supérieure250 ;
Les espèces abondantes sont formées par Elaeocarpus subserratus et
Sloanea rhodantha var. rhodantha.

4.5. Régénération naturelle


Phénologie des espèces et pollinisateurs potentiels de la fleur
Du point de vue période de floraison, la plupart des espèces
d’Elaeocarpaceae de Madagascar donnent des fleurs et des fruits pendant
presque toute l’année.
Les polinisateurs potentiels sinon les visiteurs des fleurs des espèces des
Elaeocarpaceae déduits à partir des caractéristiques florales sont
probablementApis mellifera, Coracopsis sp., Nectarinia souimanga, et Lolaits
sp.
Taux de régénération
Les taux de régénération de chaque espèce rencontrée sur le terrain
ont été calculés mais ils peuventsouvantvariées en fonction de la période
d'observation et de la période de germination des espèces. Trois (3) espèces
ont un taux de régénération élevé (>300%) : Elaeocarpus hildehrandtii (966%),
E. subserratus (617%), E. alnifolius (306%). La plupart des espèces ont un taux
de régénération moyen, mais Sloanea rhodantha var. rhodantha présente un
taux très faible (62%) dans la forêt de moyenne altitude de Manerinerina et ce
taux devient nul dans la forêt humide de Betampona.

4.6. Evaluation de catégorie de statut de conservation


Les informations requises pour la catégorisation des risques d'extinction
de chaque espèce sont présentées dans le tableau 3,
Ainsi, les espèces des Elaeocarpaceae de Madagascar ont été
classées selon les catégories de l’UICN en Danger critique d'extinction (CR) :
Elaeocarpusoccidentalis et Sloanea bathiei ;
- Endanger d'extinction (EN) : Elaeocarpus corallococcus, E. perrieri, E.
rufovestitus, Sloanea rhodantha var. dalechampsoides ;
- Vulnérable (VU) : Elaeocarpus alnifolius et Sloanea longisepala
- Et les autres espèces sont classées à préoccupation mineure

1. CONCLUSION
Les caractéristiques de l'habitat nous ont montré que les espèces des
Elaeocarpaceae étudiées (Elaeocarpus alnifolim, Elaeocarpus capuronii,
Elaeocarpus hildebrandtii, Elaeocarpus rufovestitus, ElaeocarpusSloanea
rhodantha var. rhodantha et Sloanea longisepala) se trouvent dans plusieurs
types bioclimatique (humide, subhumide, sec et semi aride, et montagnard), la
nature du substrat est très variable (soclescristallins, quartzite, calcaire, dépôt

89
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

alluvial et lacustre, sable non consolidé) et les variations topographiques (sur la


plaine littorale, les pentes à moyens et à forts pendage, et sur les pentes
escarpées de montagne) et de végétation (depuis la forêt littorale jusqu'aux
fourrés de montagne) déterminent également leurs distributions. La description
et la structure de la flore associée à chaque espèce cible a montré que la
plupart des habitats sont des formations secondaires (sauf à Betampona,
habitat de Sloanea rhodantha var. rhodantha qui est encore une formation
primaire), mais nous avons toujours noté la présence des taxons
caractéristiques des formations primaires. -La période de floraison est très
variable; certaines espèces fleurissent pendant la saison humide seulement
tandis que d'autres fleurissent et fructifient le long de l’année.
Sloanea rhodantha var. rhodantha, Sloanea longisepala présentent une
mauvaise régénération alors que les autres espèces trouvées sur le terrain ont
une bonne régénération.
À l'intérieur de certaines espèces, les résultats ont montré des
caractères qui ne sont pas encore stabilisés. Ceci devrait faire l'objetd'études
plus approfondies (Biologie moléculaire). Les variations n'ont pu être expliquées
par des facteurs écologiques car ces espèces se trouvent au même endroit. La
question qui se pose est de savoir si ces espèces sont encore en pleine
évolution.
Les risques d'extinction tiennent compte des modes d'utilisation des
espèces étudiées hors des Aires Protégées (A.P.) par les populations locales.
Toutes les espèces sont utilisées comme bois de chauffe et comme matière
première dans la fabrication des planches ou du charbon. Les contreforts des
individus du genre Sloaneasont utilisés dans la fabrication de vans et leurs
troncs servent à la construction de pirogue. Les principales menaces sur les
habitats de ces espèces sont surtout le défrichement, l'exploitation illicite, la
fragmentation du milieu et le passage de cyclone.
L'évaluation des risques d'extinction de chaque espèce a montré que
dans la famille des Elaeocarpaceae les espèces sont classées dans quatre (4)
grandes catégories de menace :
* en Danger Critique d'Extinction (CR) : Elaeocarpus occidentalis et
Sloanea bathiei ;
*
enDanger d'Extinction (EN), Elaeocarpus corallococcus, Elaeocarpus
perrieri,
*Elaecarpus rufavestituset Sloanea rhodantha var. dalechampsoides ;
* Vulnérables (VU), Elaeocarpus alnifolius et Sloanea longisepala ;
*Espèces à Préoccupation mineur (LC) : Elaeocarpus alnifolius,
Elaeocarpus capuronii, Elaeocarpus hildebrandtii, Eïaeocarpus subserratus et
Sloanea rhodantha var. rhodantha.
Cette étude devrait être considérée encore comme des études
préliminaires à compléter par des études plus approfondies car de nombreux

90
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

sites n'ont pu être prospectés alors qu'ils peuvent héberger d'autres espèces,
déjà décrites ou non, ces résultats pouraient permettre d’élaborer une stratégie
pour la conservation de ces espèces.
Tableau 3 ; Récapitulation des données pour évaluer les catégories des risques
d'extinction dechaque espèce
Espèces E- alnifolius E. capuronii E. soraliococcus E. hildebnsiàiii E. occidentalis E. perrieri
Répartition Hautes
Est, Centre Est, Centre Hautes montagne Est, Centr Ouest
géographique montagnes
Distribution
2
géographiqu EOO (km ) 137Ï72 7916 147 ! 69587 000 334
e AOO (km2) 270 JÏ7 36 198 000 36
PDF{%) 83 62 75 62 100 50
Etage humide Etage
Etage subhumide Etage
Bioclirnats et subhumide et Etage montagnard Etage subhumide
étage montagnard montagnard
subhumide humide
étage- sec
Ecologie des
Roches Roches Roches
espèces Quartzite Terrain calcaire
Nature de substrat métamorphiq métamorphique métamorphique, Quartzite
1
ues et sable s basaltes
FDHSMA,
Formation F L, FDHSBA, FDHSBA, FDS FDHSBM, FM
FDHSBM, FM FDHSBM, FM,
végétale FDHSMA FDHSMA
FDS
Abondance numérique
359 850 76
(individus/ha) dans tes sites
étudiés
Potentiel des régénérations Elevé Elevé Faible à moyen
Etal de l'habitai Perturbé Peu perturbé Peu perturbé
Bois de Bois de chauffe,
Construction,
Utilisation des espèces chauffe, cyclone,
chauffage
cyclone exploitation
minière
VU B2ab (i, ii, EN B2ab (i, îi) + LC CR B2ab (ii,iii) EN B1ab (i,ii) +
Catégorisation des espèces LC
iii) B2ab (I ,ii) B2ab {i,iî)
Est, Sambirano,
Reparution Centre. Est, -Centre. Sambirano, Sambirano,
Hautes Est, Centre «
Distribution géographique Hautes Sambirano, Haute Centre Centre
montagnes,
géographique montagnes montagne
Ouest
EOO (km2) 9002 274483 372421 2120Î 20183 27
AOOflon2) 45 531 432 63 63 25
PDF(%) 60 66 68 57 71 50
Etage subhumide,
Etage Etage humide,
étage Etage
Bioclimat subhumide et subhumide et Etage montagnard Etage subhumide
montagnard, montagnard
montagnard montagnard
étage sec
Sol acide,
Roches
Nature de cristalline
Ecologie des Quartzite quartzite métamorphiques, Terrain calcaire Quartzite
substrat Basaltes.,
espèces basaltes
roches
Sédimentaire
FDHSMA,
Formation FL FDHSBA, FDHSMA,
BM, FDHSBM, FM FDS FDHSBM, FM
végétale FDHMA, F8M, FDHSBM, FM
FM
FM, FDS

Abondance numérique mis 18


38 22809
(individus/ha) dans les sites
étudiés
Potentiel des régénérations Moyen Moyen Faible moyen
Peu à très
Etat de l’habitat Perturbé Peu perturbé Peu perturbé
perturbé
Utilisation, des espèces bois de Bois de chauffe, Bois de chauffe, Bois de chauffe,

91
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

chauffe, exploitation de exploitation de bois, exploitation de


exploitation bois, exploitation minière bois, exploitation
exploitation minière
minière
EN B2ab (ii, iii, LC LC . EN B2ab (i, ii, iii) VU B1ab (i,ii, iii) + CR B2 ab (i, ii iii)
catégorisationdes espèces
iv, v) B2ab (ï,ii, iiï)

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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92
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

SUIVI DENDROMETRIQUE DE LA VEGETATION DE LA RNI N°1


DE BETAMPONA (REGION ATSINANANA), SELON LA
METHODE DE LA PARCELLE PERMANENTE
1 1 2 1
Dinasoa Donné TAHIRINIRAINY , Charlotte RAJERIARISON , Bollen AN , Edmond ROGER
1
B.P. 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences, Université
d’Antananarivo.
2
B.P. 442, Madagascar Fauna Group, Morafeno Toamasina (501).

RESUME
Les caractéristiques dendrométriques de la végétation dans la RNI n°1
de Betampona ont été étudiées suivant les différents niveaux topographiques
des données au temps zéro (To), servant à la mise en œuvre du système de
suivi de la végétation ont été fournies. Neuf (9) parcelles de 0,25ha (50mx 50m)
ont été montées. Les résultats de l’étude ont montré que la forêt de Betampona
présente une densité très élevée (916 à 1464 individus par hectare), une
croissance normale des espèces d’arbres, une surface terrière élevée (33,96 à
52,4m2/ha) et un potentiel en bois élevé (152,4 à 323m3/ha). La présence de
différentes pressions qui pèsent sur la végétation et l’isolement de la forêt de
Betampona méritent la mise en place d’un système de Suivi Ecologique .pour
bien gérer et conserver la richesse en biodiversité dans cette Réserve.

Mots clés : Forêt dense humide, Dendrométrie, Suivi Ecologique, Parcelle


Permanente de Suivi, Betampona.

1- INTRODUCTION
La Réserve Naturelle Intégrale n°1 de Betampona fait partie des dix
premières Réserves Naturelles de Madagascar créées par le décret du 30
décembre 1927 et qui fut mis à jour par le décret n° 66-242 du 01 juin 1966. La
Réserve est très riche du point de vue spécifique, cette richesse est estimée à
68 espèces végétales par 100 m2 de surface (Perrierde la bathie, 1921).
Malgré cet atout, la Réserve est sujette à une invasion de plantes
envahissantes, aux effets néfastes des cyclones et aux diverses pressions
anthropiques. Toutes ces pressions ont contribué à la vulnérabilité de la
structure de certaines parties de la forêt (Ratovonamana, 2006). C’est pourquoi
Madagascar National Parks et Madagascar Fauna Group (MFG) en
collaboration avec le Département de Biologie et Ecologie Végétales de
l’Université d’Antananarivo ont mis en place un projet relatif au : « Montage de
plots de suivi dans la RNI de Betampona pour le suivi écologique de la
dynamique de la végétation ».Les objectifs de cette étude sont d’analyser la
structure de la végétation suivant les différents niveaux topographiques et de
fournir les données au temps zéro (To), servant à la mise en place du système
de suivi de la végétation.

93
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2- MILIEU D’ETUDE
La Réserve Naturelle Intégrale de Betampona se localise dans la partie
orientale de Madagascar, dans l’écorégion de l’Est. Elle se trouve à 25 km à vol
d’oiseau à l’ouest de l’Océan Indien, à 40 km au Nord Ouest de la ville de
Toamasina (Annexe 1). La Réserve s’étend entre 17°51’- 17°55’ de latitude Sud
et 49°11’- 49°15’ de longitude Est. La Réserve est localisée dans les
Communes Rurales d'Ambodiriana et de Sahambala, District de Toamasina II
dans l’ex- province de Toamasina, dans la Région Atsinanana.

Selon Cornet (1974), le massif forestier de Betampona est soumis à un


climat tropical humide, de type bioclimatique « perhumide tempéré ». Les mois
écosecs sont absents.

Le sol est de type ferralitique jaune et rouge, avec une masse importante
d’humus de nature acide (la teneur globale en matière organique est de 1 à
6,5%).

La végétation de la Réserve couvre 1758 ha de forêts primaires et 470


ha de forêts secondaires et de savoka. Selon Perrierde la bathie (1921), la
Réserve de Betampona appartient à la flore du vent. Elle fait partie du domaine
de l’Est (Humbert, 1955), de la zone écofloristique orientale de basse altitude
(Faramalala& Rajeriarison, 1999) et dans l’écorégion humide (Schatz, 2000). La
végétation climacique est caractérisée par une forêt dense humide
sempervirente de basse altitude (Humbert& Cours Darne, 1965), appartenant à
la série à Anthostema (Euphorbiaceae) et Myristicaceae.

La majorité de la population est des Betsimisaraka, mais des migrants


venant d’autres régions y sont installés, comme les Merina, les Betsileo, les
Sihanaka, les Tsimihety et les Antandroy. Leurs principales activités sont
l’agriculture, comme la riziculture sur brûlis, la culture de bananiers, des
caféiers, et autres.

3- MATERIELS ET METHODES
• Choix et localisation des sites d’études
Les sites d’études ont été choisis après une prospection de terrain en
tenant compte des types de forêts et des unités topographiques jugées
homogènes. Ainsi, neuf sites ont été sélectionnés pour le montage des
Parcelles Permanentes de suivi (PPS).

• Méthode de Parcelles Permanentes de Suivi (PPS) ou Plots de Suivi


- Principe
La méthode de Parcelles Permanentes de Suivi ou PPS a été utilisée
pour le suivi de la végétation, en particulier, pour avoir des idées sur la
composition floristique et la structure de la forêt. Elle permet aussi d’étudier la

94
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

régénération d’une formation végétale. Les parcelles permanentes constituent


les unités d’échantillonnage, définies comme les plus petites sections dans
lesquelles les plantes ou les animaux sont réellement comptés. La surface
totale, à laquelle la densité finale s’appliquera, s’appelle la surface
échantillonnée (White et Edwards, 2001).

Le montage des PPS est une méthode universelle de relevé écologique


(Dallmeier, 1992), lancée pour la première fois à Madagascar par le MBG. en
1991 (Malcomber, 1993). Cette technique, combinant à la fois les relevés
linéaires et les relevés de surface (BE et al., 1998), est basée sur l’étude des
espèces ligneuses dont le diamètre à 1,30 m du sol est supérieur ou égal à 10
cm (DHp≥ 10cm). Selon Rollet (1979), à partir de 10cm de DHp, la plupart des
espèces d’arbres ou arbustes sont capables de se reproduire (fleurir et
fructifier).

- Dispositif et installation
Neuf Parcelles Permanentes de Suivi (PPS) ont été montées, avec une
surface de 0,25 ha qui s’étend sur 50 m x 50 m sur différentes unités
topographiques, dont :

- 3 Parcelles Permanentes de Suivi sur bas versant : PPS 3, PPS 7 et


PPS 8;
- 3 Parcelles Permanentes de Suivi sur mi versant : PPS 2, PPS 5 et
PPS 6;
- 3 Parcelles Permanentes de Suivi sur haut versant : PPS 1, PPS 4 et
PPS 9.
Chaque parcelle est subdivisée en 25 carrés élémentaires ou placettes
de 10 m x 10 m. Pour chaque parcelle, le point de référence a été noté et les
points cardinaux sont marqués. Les coordonnées géographiques de chaque
coin qui délimite les parcelles sont notées.

Les relevés ont été effectués à l’intérieur de chaque unité de surface (50
m x 50 m). Cette dernière a été matérialisée grâce à des peintures de couleur
rouge sur ses bordures et des rubans plastiques (flag) à chaque coin (Figure 1).

95
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Figure 1 : Dispositif d’une Parcelle Permanente de Suivi (PPS).

- Mesure et marquage des arbres


Toutes les espèces d’arbres et arbustes vivants dont le diamètre à
hauteur de poitrine (DHp) à 1,30 m du sol est supérieur ou égal à 10 cm sont
marquées avec des plaquettes en aluminium pré numérotées. La plaquette a
été clouée à 20 cm au-dessus du niveau où le DHp a été mesuré, ce dernier a
été déjà marqué avec une peinture rouge. Dans un écosystème forestier donné,
la mesure du DHp des individus ligneux (arbres, arbustes) varie selon
l’inclinaison par rapport au sol (White et Edwards, 2001). Pour faciliter le suivi
de chaque individu d’arbre et arbuste dans le futur, le marquage des individus
dans une placette a été fait suivant le sens d’une aiguille d’une montre.

Les données sont soigneusement notées sur une fiche de relevés. Les
références (numéros) serviront plus tard à repérer chaque individu d’arbre et
arbuste, lors des recensements ou évaluation ultérieurs, pour le suivi
écologique.

- Paramètres observés

- Noms vernaculaires : noms utilisés par la population locale pour désigner


chaque espèce.
- Hauteur maximale (Hm) : hauteur maximale atteinte par l’individu (arbre
ou arbuste).
- Hauteur du fût (Hf) : hauteur du tronc jusqu’à la première ramification de
branches.

96
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Diamètre à hauteur de poitrine (DHp) : diamètre évalué en cm de chaque


individu à 1,30 m du sol.

• Etude structurale
- Distribution des individus par classe de diamètres
Les classes de diamètres peuvent être définies en fonction de la
répartition de diamètres des individus supérieurs à 10cm de la PPS à étudier
(Rakotondravony& Roger, 2006). Les classes de diamètres suivantes ont été
adoptées :
- d1 : [10 – 15 [cm d5 : [30 – 35 [cm d9 : [50 – 55 [cm
- d2 : [15 – 20 [cm d6 : [35 – 40 [cm d10 : [55 – 60 [cm
- d3 : [20 – 25 [cm d7 : [40 – 45 [cm d11 : ≥ 60 cm
- d4 : [25 – 30 [cm d8 : [45 – 50 [cm
L’allure des histogrammes de chaque structure permet de connaître la
santé de la population: si l’allure est en J inversé, cela implique une croissance
régulière, normale et un équilibre du peuplement, si elle est en J normale ou en
forme irrégulière, la formation étudiée présente une croissance irrégulière et un
déséquilibre écologique.
Au fil des années de suivi écologique, ces mêmes classes doivent être
maintenues.
- Abondance

Par définition, l’abondance est une appréciation du nombre d’individus de


chacune des espèces constituant la population végétale de l’aire étudiée (Cain,
1932).
- Densité

La densité est exprimée par le rapport entre le nombre d’individus et


l’étendue de surface occupée par eux (Pavillard, 1935).
D = N/S
D : densité
N : abondance numérique
2
S : surface de relevé (m )

- Surface terrière (m2/ha)

La surface terrière est le recouvrement basal représenté par la surface


occupée par les parties aériennes des individus des espèces au niveau du sol
ou, dans le cas des arbres, à hauteur de poitrine (Gounot, 1969).
Elle est exprimée par unité de surface, et obtenue par la formule de Dawkins
(1959) :
Gi = π/4 di2
Où, Gi : Surface terrière d’un individu de l’espèce i (m2/ha),

97
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

di : DHp d’un individu de l’espèce i (m).

La surface terrière G (m2/ha) représentant la surface occupée par tous


les individus dans un peuplement peut être exprimée par la formule :
G = Σ Gi
- Biovolume (m3/ha)

Le biovolume est le volume du bois fourni par une végétation dans une
surface donnée. Le volume du bois de chaque individu (Vi) peut être calculé par
la formule de DAWKINS (1959) :
Vi = Σ 0,53 Gi Hi
Où, 0,53 : Constante de forme,
2
Gi : Surface terrière d’un individu de l’espèce i (m /ha),
Hi : Hauteur du fût d’un individu de l’espèce i (m).

Le biovolume V (m3/ha) représentant la somme des volumes en bois de


tous les individus dans un peuplement peut être exprimée par la formule :
V = Σ Vi

4- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
• Parcelles Permanentes de Suivi sur bas versant : PPS 3, PPS 7 et
PPS 8
*Distribution des individus par classe de diamètres

La distribution des individus des trois (3) parcelles permanentes dans les
onze (11) classes de diamètres est montrée dans le tableau 1. Pour chaque
parcelle, une diminution progressive du nombre d’individus est observée au fur
et à mesure que le DHp augmente, signifiant qu’il y a tendance vers un
équilibre écologique. Les individus avec un diamètre compris entre 10 et 15 cm
sont abondants (97 à 171 individus). Pour la PPS 3, aucun individu à DHp
supérieur à 50 cm n’a été recensé. Or, pour la PPS 7 et PPS 8, les arbres de
gros diamètre (DHp ≥ 60 cm) sont présents tels que Faucherea urschii
(Sapotaceae), Poupartia sp. (Anacardiaceae), Cryptocarya acuminata
(Lauraceae), …

L’allure des histogrammes est en forme de « J » inversé pour les trois (3)
parcelles, cela indique l’équilibre du peuplement forestier car la forêt est encore
relativement intacte (Figure 2).

98
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 1 : Distribution des individus par classe de diamètres des trois


(3) parcelles sur bas versant

Observations Nombre d'individus


Classe de diamètres PPS 3 PPS 7 PPS 8 PPS 3+7+8
d1: [10- 15[cm 171 155 97 423
d2: [15- 20[cm 86 60 51 197
d3: [20- 25[cm 46 25 24 95
d4: [25- 30[cm 27 16 22 65
d5: [30- 35[cm 11 6 12 29
d6: [35- 40[cm 7 5 6 18
d7: [40- 45[cm 4 5 4 13
d8: [45- 50[cm 2 4 1 7
d9: [50- 55[cm 0 1 1 2
d10: [55- 60[cm 0 0 1 1
d11:≥ 60 cm 0 2 10 12
Total 354 279 229 862

60
d1:[10- 15[ cm
50
d2:[15- 20[ cm
d3:[20- 25[ cm
Frequence (%)

40
d4:[25- 30[ cm
30 d5:[30- 35[ cm
d6:[35- 40[ cm
20 d7:[40- 45[ cm
d8:[45- 50[ cm
10
d9:[50- 55[ cm
d10:[55- 60[ cm
0
PPS3 PPS7 PPS8 d11:≥ 60 cm

Classe de diamètres (cm)

Figure 2 : Diagrammes de fréquence des individus, des trois (3) parcelles sur
bas versant, par classe de diamètres

*Abondance (A), Densité (D), Surface terrière (G) et


Biovolume (V)

Pour l’ensemble des trois (3) parcelles, 862 individus de DHp ≥ 10 cm


ont été recensés. La PPS 3 présente un assez grand nombre d’individus (354
individus) et une densité plus élevée (1416 individus/ hectare) par rapport aux
deux autres parcelles (PPS 7 et PPS 8). Cette variation pourrait être attribuée à
l’exposition et à l’altitude de ses parcelles: les PPS 7 et PPS 8 sont exposées à
l’Est et sont installées à 396 m et 410 m d’altitude, or la PPS 3 est exposée à

99
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

l’Ouest et est située à 369 m d’altitude, la PPS 3 serait mieux protégée de


l’action nocive du vent de l’Est comparée aux PPS 7 et PPS 8.

La PPS 7 montre une surface terrière assez faible (33,96m2/ ha) et un


potentiel en bois faible (156,08m3/ ha) par rapport aux PPS 3 et PPS 8 (tableau
2). Ceci traduit un faible taux d’individus à DHp élevé dans la PPS 7. La PPS 8
présente une densité de peuplement moins élevée (916 individus/ha), mais la
présence d’individus à DHp élevé lui offre une surface terrière élevée (49 m2/
ha) et un potentiel en bois élevé (265,96 m3/ ha).

Tableau 2:Abondance (A), Densité (D), Surface terrière (G) et Biovolume


(V) des peuplements des trois (3) parcelles permanentes sur bas versant.

D
Paramètres A (individus/ G G V V
2 2 3 3
Parcelles (individus/ 0,25ha) ha) (m / 0,25ha) (m / ha) (m / 0,25ha) (m / ha)
PPS 3 354 1416 10,74 42,96 52,89 211,56
PPS 7 279 1116 8,49 33,96 39,02 156,08
PPS 8 229 916 12,25 49 66,49 265,96

• Parcelles Permanentes de Suivi sur mi versant : PPS 2, PPS 5 et


PPS 6
*Distribution des individus par classe de diamètres
Le tableau 3présente la distribution des individus par classe de
diamètres. En général, pour les trois (3) parcelles permanentes, toutes les
classes des diamètres sont présentes et le nombre d’individus diminue quand le
DHp augmente. Les individus dont le DHp est compris entre 10 à15 cm sont les
plus abondants, de l’ordre de 116 à 138 individus. Les espèces comme
Aspidostemon dolichocarpum (Lauraceae), Canarium madagascariensis
(Burseraceae), Polyscias maralia (Araliaceae), Rhopalocarpus louvelii
(Sphaerosepalaceae), Cryptocarya acuminata (Lauraceae), composent les
arbres à gros diamètre.
Les diagrammes de fréquence des individus par classe de diamètres
sont montrés sur la figure 3. L’allure des histogrammes pour les trois parcelles
permanentes est en forme de « J » inversé, cela implique une croisance
régulière, normale et un équilibre du peuplement.

100
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 3 : Distribution des individus par classe de diamètres des trois


(3) parcelles sur mi versant.

Observations Nombre d'individus


Classe de diamètres PPS 2 PPS 5 PPS 6 PPS 2+5+6
d1: [10- 15[cm 117 138 116 371
d2: [15- 20[cm 43 70 39 152
d3: [20- 25[cm 47 42 37 126
d4: [25- 30[cm 17 24 14 55
d5: [30- 35[cm 9 17 12 38
d6: [35- 40[cm 3 6 15 24
d7: [40- 45[cm 5 3 8 16
d8: [45- 50[cm 6 8 4 18
d9: [50- 55[cm 2 4 2 8
d10: [55- 60[cm 4 2 2 8
d11:≥ 60 cm 5 4 2 11
Total 258 318 251 827

50
45 d1:[10- 15[ cm
40 d2:[15- 20[ cm
35 d3:[20- 25[ cm
Frequence (%)

30 d4:[25- 30[ cm
25 d5:[30- 35[ cm
20 d6:[35- 40[ cm
15 d7:[40- 45[ cm

10 d8:[45- 50[ cm

5 d9:[50- 55[ cm
d10:[55- 60[ cm
0
PPS2 PPS5 PPS6 d11:≥ 60 cm

Classe de diamètres (cm)

Figure 3:Diagrammes de fréquence des individus, des trois (3) parcelles


sur mi versant, par classe de diamètres.

*Abondance (A), Densité (D), Surface terrière (G) et


Biovolume (V)

Le tableau 4 présente les caractéristiques dendrométriques du


peuplement végétal des trois (3) parcelles permanentes sur mi versant.
L’ensemble des trois (3) parcelles contient 827 individus. La PPS 5 présente un
assez grand nombre d’individus (318 individus) par rapport aux deux (2) autres
sites, accompagné d’une densité beaucoup plus élevée (1272 individus par
hectare).

La PPS 6 a la surface terrière la plus faible (44,64 m2/ha), comparée à


celles de deux (2) autres parcelles, car elle présente un nombre plus faible

101
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

d’arbres à gros diamètre et une densité plus faible. Par contre, elle offre un
potentiel en bois de 303 m3/ha, la densité faible et le faible taux des arbres à
grand diamètre sont donc compensés par la présence des arbres à hauteur
plus élevée. Pour la PPS5, la surface terrière élevée (52,4 m2/ha) et le potentiel
en bois élevé (323 m3/ha) sont dus à sa forte densité (1272 individus par
hectare) de peuplement et sa richesse en arbres à grand diamètre et à hauteur
élevée.

Tableau 4 : Abondance (A), Densité (D), Surface terrière (G) et


Biovolume (V) des peuplements des trois (3) parcelles permanentes sur mi
versant.

A D G G V V
2 2 3 3
Paramètres (individus/ (individus/ (m / (m / (m / (m /
Parcelles 0,25ha) ha) 0,25ha) ha) 0,25ha) ha)
PPS 2 258 1032 11,78 47,12 61,19 244,76
PPS 5 318 1272 13,1 52,4 80,75 323
PPS 6 251 1004 11,16 44,64 75,9 303,6

• Parcelles Permanentes de Suivi sur haut versant : PPS 1, PPS 4 et


PPS 9
2. *Distribution des individus par classe de diamètres
La classe de diamètres de 10 à 15 cm contient les plus nombreux
individus pour chaque parcelle (118 à 190 individus). En général, les arbres de
gros diamètres (DHp> 50m) sont rares (tableau 5). Ceci peut s’expliquer par
l’action néfaste des vents (cyclones, Alizé) qui pouvaient faire tomber ou briser
les grands arbres en altitude élevée.

Pour la PPS 1 et la PPS 9, l’allure des histogrammes est en forme de


« J » inversé, prouvant une croissance régulière et normale, au sens
écologique. Pour la PPS 4, cette allure est un peu désordonnée, la végétation
dans cette parcelle est donc un peu perturbée (figure 4)

Tableau 5 : Distribution des individus par classe de diamètres des trois


(3) parcelles sur haut versant.

Observations Nombre d'individus

Classe de diamètres PPS1 PPS4 PPS9 PPS 1+4+9


d1: [10- 15[cm 190 118 148 456
d2: [15- 20[cm 75 56 73 204
d3: [20- 25[cm 38 30 28 96
d4: [25- 30[cm 20 14 12 46

102
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

d5: [30- 35[cm 12 2 8 22


d6: [35- 40[cm 11 6 8 25
d7: [40- 45[cm 6 4 5 15
d8: [45- 50[cm 4 4 4 12
d9: [50- 55[cm 3 1 0 4
d10: [55- 60[cm 4 3 1 8
d11:≥ 60 cm 3 7 1 11
Total 366 245 288 899

60
d1:[10- 15[ cm
50 d2:[15- 20[ cm
d3:[20- 25[ cm
Frequence (%)

40
d4:[25- 30[ cm
30 d5:[30- 35[ cm
d6:[35- 40[ cm
20
d7:[40- 45[ cm

10 d8:[45- 50[ cm
d9:[50- 55[ cm
0 d10:[55- 60[ cm
PPS1 PPS4 PPS9 d11:≥ 60 cm

Classe de diamètres (cm)

Figure 4:Diagrammes de fréquence des individus, des trois (3) parcelles sur
haut versant, par classe de diamètres

*Abondance (A), Densité (D), Surface terrière (G) et


Biovolume (V)

Les caractéristiques dendrométriques des trois (3) parcelles sur haut


versant sont présentées dans le tableau 6. La PPS 1 montre un assez grand
nombre d’individus (366 individus) par rapport aux deux (2) autres parcelles, et
elle a une densité élevée (1464 individus/ ha). Ce cas est expliqué par
l’abondance de chablis dans la PPS 4 et PPS 9.

Pour la PPS 1, la densité élevée accompagnée de la présence d’arbres à


gros diamètre et à hauteur élevée, lui offre une surface terrière élevée (52,04
m2/ha) et un potentiel en bois élevé (234,2 m3/ha). Pour la PPS 4, la faible
densité (1016 individus/ ha) est compensée par la présence des arbres à gros
diamètre et à hauteur élevée, en lui offrant une surface terrière de 42,36 m2/ha
et un biovolume de 211,6 m3/ha. Par contre, pour la PPS 9, la densité élevée
(1152 individus/ ha) ne lui offre pas une surface terrière élevée et un biovolume
élevé, la rareté des grands arbres a été observée dans cette parcelle. En plus,
quelques arbres sont cassés par les vents forts mais restent encore vivants

103
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

dans la PPS 9. Par conséquent, il y a diminution du potentiel en bois dans cette


parcelle.

Tableau 6 : Abondance (A), Densité (D), Surface terrière (G) et


Biovolume (V) des peuplements des trois (3) parcelles permanentes sur haut
versant.

A D G G V V
Paramètres 2 2 3 3
(individus/ (individus/ (m / 0,25ha) (m / ha) (m / 0,25ha) (m / ha)
Parcelles 0,25ha) ha)

PPS 1 366 1464 13,01 52,04 58,55 234,2


PPS 4 245 1016 10,59 42,36 52,9 211,6
PPS 9 288 1152 8,54 34,16 38,1 152,4

5- DISCUSSION
Les caractéristiques et les particularités dendrométriques de la
végétation sont des points importants pour le futur suivi dendrométrique. Parmi
les forêts tropicales humides de basse altitude malgache, la forêt de
Betampona présente une densité très élevée (varient de 916 à 1464 individus
par hectare). La forêt dense humide de Betampona présente un peuplement
serré, à majorité d’arbres de taille moyenne. La forêt de Betampona présente
une surface terrière beaucoup plus élevée par rapport à celle des autres forêts
denses humides de basse altitude de Madagascar. Cette surface terrière
élevée n’est pas due à la présence des grands arbres à DHp élevé, mais
surtout à la densité élevée du peuplement végétal.

Le suivi écologique est un ‘monitoring’ ou contrôle des changements, et


doit fournir des informations rapides au gestionnaire de la Réserve, par
l’observation régulière des différents indicateurs (floristiques, structurales et
dendrométriques) qui permettent de présenter certaines conditions ou
pressions.

Le suivi dendrométrique de chaque parcelle devra être fait tous les trois
(3) ou cinq (5) ans par des spécialistes ou par les agents de l’AP. Les parcelles
devront faire l’objet de recensement pour obtenir les informations relatives à la
mortalité, la croissance des arbres en mesurant les arbres et intégrer les
nouveaux pieds selon les catégories de diamètres (DHp≥ 10 cm). Ces
nouveaux pieds doivent être marqués avec des plaquettes en aluminium
portant des numéros qui suivent ceux des plaquettes utilisées lors de
l’installation de la parcelle (To : Janvier- Février 2009). Des spécimens
d’herbiers seront prélevés sur ces nouveaux pieds. Les tâches à mener sont les
suivantes :

104
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Mesure du DHp ;
- Marquage des nouveaux pieds : « nouveaux recrûs »;
- Mesure de la hauteur ;
- Distribution des individus par classe de diamètres ;
- Distribution des individus par classe de hauteurs ;
- Calcul de la densité du peuplement ;
- Calcul de la surface terrière ;
- Calcul du potentiel en bois (biovolume);
- Evaluation de la mortalité des individus (pieds marqués morts);
- Carte de distribution de tous les individus marqués ;
- Evaluation des autres facteurs de dégradation.
Un entretien des parcelles permanentes devra être fait régulièrement par
les agents de l’AP. Il consiste à vérifier l’état de chaque parcelle (limites,
plaquettes,…)

6- CONCLUSION
Face aux diverses pressions anthropiques, pressions naturelles
(cyclones) et à l’invasion des plantes envahissantes qui pèsent sur la Réserve
Naturelle Intégrale n°1 de Betampona, le montage de Parcelles Permanentes
de Suivi a été proposé par le gestionnaire de cette Aire Protégée pour suivre
l’état évolutif des forêts, et d’avoir une idée sur le devenir de la RNI. Neuf (9)
parcelles permanentes de 0,25ha (50mx50m) ont été installées dans la forêt
primaire de la Réserve, dont trois (3) parcelles sur bas versant, trois (3)
parcelles sur mi versant et trois (3) parcelles sur haut versant.

La présente étude a permis d’obtenir des informations sur la végétation


de la Réserve Naturelle Intégrale n°1 de Betampona. Particulièrement, elle a
souligné les caractéristiques dendrométriques des formations végétales sur les
différents niveaux topographiques. Ainsi, les résultats obtenus lors de cette
étude peuvent servir comme des données au temps zéro (To : Janvier- Février
2009) pour la mise en œuvre du suivi écologique de la dynamique de la
végétation dans les neuf (9) parcelles permanentes montées.

La densité du peuplement de la forêt primaire de Betampona présente


une valeur très élevée, de l’ordre de 916 à 1464 individus par hectare, ce qui
implique une forêt encore intacte. Les analyses sur les formations végétales
étudiées ont montré que le peuplement végétal est en équilibre avec son milieu
et que la croissance des espèces d’arbres est normale. Les individus arbustifs
et arborés de diamètre (DHp) compris entre 10cm et 15cm et à une hauteur
comprise entre 8m et 12m sont fréquents dans la forêt. La forêt de Betampona
présente une surface terrière (33,96 à 52,4m2/ha) et un potentiel en bois élevés
(152,4 à 323m3/ha), qui sont dus à la densité élevée du peuplement.

105
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

En plus des études déjà effectuées dans la Réserve de Betampona, il est


nécessaire aussi de réaliser un suivi de la dynamique des plantes
envahissantes et un suivi sur le défrichement et la coupe illicite (ou coupe
sélective) pour avoir des idées plus pertinentes sur les mesures à prendre pour
la conservation des forêts.

La Réserve Naturelle Intégrale n°1 de Betampona a sa spécificité


particulière. Malgré la santé de la biodiversité “ assez bonne ”, sa biodiversité
élevée mérite la conservation totale de cette aire protégée. Quelques points
pourront être considérer:

- Réaliser un Suivi en relation avec tous les paramètres clés (climatiques,


impacts anthropiques,...)
- Renforcer le système de surveillance de la Réserve et des ressources
naturelles environnantes pour éviter l’extension des espèces invasives;
- Favoriser l’intégration de la population et toutes les parties prenantes
aux actions de conservation et de gestion des ressources naturelles ;
- Mettre à jour et capitaliser les données obtenues sur les études
antérieures dans la Réserve.

REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier : Madagascar Fauna Group et son équipe ;
leDépartement de Biologie et Ecologie Végétales qui a beaucoup contribué à la
rédaction et à la finalisation de cette publication et tous ceux qui ont de près ou
de, loin apporté leur aides.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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H.,Ranaivojaona, R. & Ravololonanahary, H., 1998.Structure et Flore de
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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Faramalala, M.H. & Rajeriarison, C., 1999. Nomenclature des formations


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Tome LIX, Vol. 3. N°31. pp 439-448.
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White, L. & Edwards, A., 2001. Conservation en forêt pluviale africaine:
Méthode de recherche. 455p.

107
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXES

Annexe 1 : Carte deLocalisation de la Réserve Naturelle Intégrale de


Betampona

1 : Réserve Naturelle Intégrale N°1 de Betampona - 2 : Limite de la Réserve –


3 : Rivière Fontsimavo – 4 : Cours d’eau – 5 : Courbes de niveau – 6 : Routes – 7 : Villages
Source : Carte numérisée par Map Info version 8.0 sur fond topographique FTM U44 et V44,
2008.
Réalisateur : ANDRIAMAMONJISOA

108
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

EVALUATION DU ROLE DU PARC NATIONAL DE


RANOMAFANA DANS LE MAINTIEN DE L’INTEGRITE DE LA
DIVERSITE VEGETALE
1 1 2
Rova JorotanterakaRAZAFINDRAZAKA , VololoniainaJEANNODA , KerryBROWN
1
Université d’Antananarivo, B.P. 906, Faculté des Sciences, Département de Biologie et
Ecologie Végétales,
2
University of Virgin Islands, Division Science and Math, St. Thomas, VI 00802

RESUME

Pour vérifier que le principal objectif d’une Aire Protégée est le maintien
de la biodiversité, une étude de la diversité végétale a été effectuée au sein du
Parc National de Ranomafana qui est divisé en deux zones, la zone protégée
proprement dite et la zone périphérique. Les études ont été effectuées dans dix
huit formations forestières dont neuf dans le parc et neuf dans la zone
périphérique. Les comparaisons des résultats obtenus sur les sites hors du
parc et à l’intérieur du parc ont montré que la présence d’espèces introduites ou
envahissantes est remarquable dans la zone périphérique. D’autre part au
niveau structural, les formations à l’intérieur du parc sont plus hautes et ont une
surface terrière plus élevée. Les espèces autochtones sont en bonne
régénération dans le parc, alors qu’elles sont gênées par les espèces
introduites dans la zone périphérique. Enfin, les espèces ligneuses utiles sont
plus abondantes dans le parc que dans celles de la zone périphérique.
Toutefois, l’interdiction du feu et l’autorisation du droit d’usage uniquement dans
la zone périphérique ont un impact positif sur la dynamique des formations
végétales.

Mots clés : Parc National de Ranomafana, zone périphérique, espèces


introduites, espèces envahissantes, Psidium cattleyanum, espèces
utiles, régénération, structure forestière.

1- INTRODUCTION :
La stratégie la plus courante pour promouvoir la conservation de la
biodiversité est la mise en place d’Aires Protégées. Malgré l’existence d’Aires
Protégées, les phénomènes de dégradations continuent toujours devant la
nécessité pour la population d’assurer sa subsistance. La dégradation est
synonyme de perte de biodiversité et aussi de développement des espèces
envahissantes empêchant la régénération forestière et le retour vers la
végétation originelle.

Pour évaluer l’efficacité des Aires Protégées dans le maintien de la


diversité végétale, des études portant sur l’évolution de la composition

- 109 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

floristique et de la structure de la forêt, sur la dynamique des populations et sur


le phénomène de développement des espèces envahissantes ont été
effectuées.

Le Parc National de Ranomafana (PNR) a été choisi comme site


d’étude. L’étude a été réalisée dans le parc et dans la zone périphérique.

Toutes activités humaines, autre que la recherche et l’écotourisme sont


théoriquement interdites dans le parc. Seul le droit d’usage ou prélèvement des
ressources à but non commercial est autorisé dans la zone périphérique.

L’objectif de ce travail est de voir si les conséquences des phénomènes


de dégradation ne s’observent plus ou sont minimes au niveau du parc.

2- MATERIELS ET METHODES :
2-1- Site d’étude :
Le Parc National de Ranomafana (entre 21°02’ et 21°25’ S ; 47°18’ et
47°37’ E) se trouve dans la province de Fianarantsoa, à cheval entre deux
Régions, la Haute Matsiatra et Vatovavy Fitovinany. Il est traversé par les
routes nationales RN45 et RN25 qui le divisent en trois parcelles dont la
parcelle I au nord, la parcelle II à l’Ouest et la parcelle III au Sud.

Le climat est du type perhumide frais (Koechlin et al., 1974 ;


Razafimamonjy, 1988), caractérisé par des températures moyennes variant
entre 14°C et 20°C, des précipitations annuelles moyennes de 2300mm à
4000mm et une absence de période écologiquement sèche.

Les sols sont humifères noirâtres assez profonds ou ferralitiques


rouges jaunes (Razafimamonjy, 1988).

La végétation est caractérisée par la forêt dense humide ombrophile de


basse altitude à série à Anthostema sp. et Myristicaceae et la forêt dense
humide sempervirente de moyenne altitude à Weinmannia sp. et Tambourissa
sp. (Humbert & Cours Darnes, 1965 ; Koechlin et al., 1974) qui ont été
remplacées par des formations secondaires ou « savoka » sous l’impact des
activités humaines.

2-2- Méthode de relevé :


Neuf sites ont été sélectionnés : Vohiparara, Ambodiriana, Sahateza,
Anjamba, Torotosy, Sambivinany, Sahavondronana, Mangevo et Marojano
d’après les critères suivants : (1) appartenir à la zone périphérique du PNR, être
accessible à pied à partir de la ville de Ranomafana, (2) présenter des
formations ligneuses (plus de 2m de haut et 1,5 cm de DHp) à leurs alentours
et (3) être situé près de la limite du parc.

- 110 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Pour chaque site deux formations végétales les plus proches possibles
des zones habitées ont été étudiées. L’une dans la zone périphérique et l’autre
dans le parc.

La méthode de transect de Brown (2004) a été utilisée lors de la


collecte des données qualitatives et quantitatives des formations végétales.
Tous les individus présents dans la surface de relevé de 4m x 100m ayant un
DHp supérieur ou égal à 1,5 cm ont été inventoriés.

La méthode de relevé linéaire de Gautier et al. (1994) à été aussi


utilisée pour déterminer le recouvrement et la stratification de la formation.

18 relevés de 4m x 100m soit 0,72ha ont été effectués dans les neuf
sites présélectionnés du PNR et ses zones périphériques.

Six relevés ont été effectués à basse altitude dont deux dans le parc et
quatre en dehors du parc. A moyenne altitude par contre, douze relevés ont été
établis dont sept dans le parc et cinq en dehors du parc.

Des enquêtes informelles auprès des personnes âgées, des vendeurs


de fruits de Psidium cattleyanum ou de miel et des guides locaux ont permis de
connaître les espèces introduites, les espèces utiles et l’âge des formations.

2-3- Analyse des données :


Les caractéristiques floristiques, structurales et la régénération naturelle
ont été analysées.
Plusieurs paramètres ont été retenus entre autres la richesse floristique
(Krebs, 1998), l’indice d’équitabilité ou de régularité, la surface terrière, l’indice
de valeur d’importance et constance (IVI) des espèces introduites (Cottam &
Curtis, 1956) et le taux de régénération naturelle.

H′
E=
log 2 s

L’indice d’équitabilité est calculé par la formule

où E : Indice d’équitabilité de Shannon Wiener

H' : Indice de diversité de Shannon Wiener en bits/individu, donné par


l’équation :

s
H ′ = ∑ ( pi )(log 2 p i )
i =1

- 111 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

où s indique le nombre d’espèces, pi la proportion de l’espèce i dans une


formation ou abondance relative.

La surface terrière est donnée par la formule :


gi = πdi²
4
4
avec, gi: Surface terrière de l’individu i en m²/ha

di: DHp en m de l’individu i

G est la somme des surfaces terrières.


L’indice de valeur d’importance (IVI) des espèces introduites est obtenu
à partir de la somme de la dominance relative, l’abondance relative et la
constance. D’après l’échelle de Bodenheimer (1955), une espèce introduite
peut être constante, accessoire ou accidentelle dans un milieu.
Le taux de régénération naturelle est calculé par la formule de Rothe
(1964) :
TR = Nr/Ns x 100

où, Nr : nombre d’individus régénérés


Ns : nombre d’individus semenciers

3- RESULTATS ET DISCUSSION:
Dans l’ensemble des relevés, 4779 individus répartis dans 152
espèces, 57 genres et 53 familles ont été inventoriés. Sept espèces introduites
ont été recensées et parmi elles figurent les espèces envahissantes Psidium
cattleyanum et Eucalyptus robusta. La liste globale des espèces inventoriées
lors de cette étude est présentée dans l’Annexe I.

Formations végétales de basse altitude (rencontrées à ≤ 800m d’altitude) :


Les caractéristiques des formations végétales à basse altitude sont
résumées dans le tableau I.

La formation où le relevé R18 a été effectuée est située loin du village,


elle présente un stade plus avancé et est caractérisée par un nombre
d’espèces élevé (56), un nombre important en espèces utiles (164), une
régularité élevée et une surface terrière élevée (59,48m²/ha). La régénération
est bonne (497,56%) mais beaucoup plus faible que celle de R16 (1090,00%)
car la formation proche du village (R16) est encore en plein dynamisme.

Par rapport à l’âge des formations, celle la plus âgée (> 30ans) R17
montre un niveau de dégradation faible. Elle présente un nombre élevé (44) d’

- 112 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

espèces et une surface terrière élevée (30,45m²/ha). Elle est aussi


caractérisée par une absence d’espèces introduites.

Les formations situées dans le parc sont beaucoup plus évoluées que
celles qui sont localiséesdans la zone périphérique. Elles sont caractérisées par
un nombre élevé d’espèces (54 et 56), une surface terrière élevée (30,28m²/ha,
59,48m²/ha), une absence d’espèces introduites, une hauteur maximale élevée
(18m) et un taux de régénération légèrement faible (1090,00%, 497,56%). Dans
le parc, les formations végétales sont composées d’espèces forestières comme
Gaertnera macrobotrys et Cryptocarya cf. lucida. Les formations végétales hors
parc par contre, sont constituées par des espèces secondaires telles que
Harungana madagascariensis, Dorathoxylon stipulatum et Dracaena reflexa
ainsi que par des espèces introduites comme Solanum auriculatum et Psidium
cattleyanum.

Formations végétales de moyenne altitude (rencontrées entre 800m et 1800m


d’altitude) :
Les caractéristiques des relevés effectués à moyenne altitude sont
récapitulées dans le tableau II.
Par rapport à l’âge des formations végétales, les formations jeunes sont
caractérisées par des richesses floristiques faibles (38, 43), de petits nombres
d’individus (172, 256), des régularités faibles (79, 116), des surfaces terrières
faibles (14,74m²/ha, 29,30m²/ha), des indices moins importants en espèces
introduites, des hauteurs maximales faibles (10, 12) et un taux de régénération
très élevé (1350) (cas de R5 et R6). Par contre, les formations âgées montrent
un stade beaucoup plus mature. Avec l’âge, l’envahissement par des espèces
introduites (surtout Psidium cattleyanum) devient important dans les milieux où
elles sont présentes.
Par rapport à l’éloignement, les formations rencontrées près des
villages sont les plus perturbées. Elles présentent les caractéristiques
suivantes, une surface terrière faible, une très bonne régénération et un
envahissement par l’espèce envahissante Psidium cattleyanum.
DISCUSSION :
La régénération naturelle est beaucoup plus faible (531,90%) dans les
formations du parc que celle dans la zone périphérique.
L’abondance numérique des espèces utiles a montré des
ressemblances dans et hors parc ; ceci indique que les pressions que subissent
les deux formations à l’intérieur et hors parc sont identiques.
La présence de l’espèce envahissante Psidium cattleyanum dans le
parc est la conséquence des activités humaines qui y sont effectuées avant sa
création.

- 113 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau I : Caractéristiques des formations végétales rencontrées à basse


altitude :

R16 (DP) R18 (DP) R3 (HP) R13 (HP) R15 (HP) R17 (HP)
Mangevo Marojano Ambodiriana Sambivinany Mangevo Marojano
[15, 30ans
Age > 30ans > 30ans < 15ans < 15ans > 30ans
[
Eloignement par rapport au
] 30mn, 1h
village > 1h [30mn, 1h [ [30mn, 1h [ < 30mn < 30mn
[
(heure de marche)
Nombre d'espèces 54 56 38 43 44 44
Endémicité 75,9% 73,2% 76,3% 73,8% 81,8% 81,8%
Abondance numérique 357 246 172 256 301 257
Abondance numérique des
159 164 116 79 209 165
espèces utiles
Equitabilité 0,839 0,864 0,833 0,765 0,838 0,826
Surface terrière 30,28m²/ha 59,48m²/ha 14,74m²/ha 29,30m²/ha 16,09m²/ha 30,45m²/ha
IVI des espèces introduites - - 70,5 14,52 38,34 -
Caractéristiques des
- - accessoire accidentelle accessoire -
espèces introduites
Hauteur maximale 18m 18m 10m 12m 12m 12m
Ouverture de la voûte très très très
ouverte très ouverte ouverte
forestière ouverte ouverte ouverte
Taux de régénération 1090,00% 497,56% 762,50% 675,75% 1617,65% 810,70%
DP : Dans le parc ; HP : Hors parc

Les structures des formations étudiées sont à peu près comparables.


Le classement des villages aux alentours du parc dans la zone périphérique où
seul le droit d’usage est autorisé et le feu est interdit permet donc, une
meilleure protection des habitats naturels et secondaires.

3. CONCLUSION :
L’éloignement est un facteur déterminant. Plus la formation est proche
du village, plus les pressions anthropiques qui agissent sur le milieu sont
accentuées, moins la diversité spécifique, l’abondance numérique, l’abondance
des espèces utiles, la taille des individus sont importantes, plus le
développement des espèces introduites est remarquable.
Le parc contribue à l’évolution des formations végétales du point de vue
structurale et floristique, à la protection du parc contre les diverses
perturbations. De ce fait, la richesse spécifique, les diamètres, les surfaces
terrières, et même le nombre des individus y sont beaucoup plus élevés.

Le rôle du parc apparaît donc, sous forme de maintien à l’état des


habitats naturels et de favorisation de l’évolution progressive des formations
végétales.

- 114 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau II : Caractéristiques des formations végétales rencontrées à moyenne altitude :

R2 (DP) R4 (DP) R6 (DP) R8 (DP) R10 (DP) R12 (DP) R14 (DP) R1 (HP) R5 (HP) R7 (HP) R9 (HP) R11 (HP)

Vohiparara Ambodiriana Sahateza Anjamba Torotosy Sahavondronana Sambivinany Vohiparara Sahateza Anjamba Torotosy Sahavondronana
[15, 30ans [15, 30ans [15, 30ans
Age > 30ans [15, 30ans [ < 15ans > 30ans [15, 30ans [ > 30ans < 15ans > 30ans [15, 30ans [
[ [ [
Eloignement du site
< 30mn > 1h [30mn, 1h [ > 1h > 1h < 30mn > 1h < 30mn [30mn, 1h [ < 30mn [30mn, 1h [ < 30mn
(heure de marche)

Nombre d'espèces 53 73 34 14 61 50 46 36 8 13 39 33

Endémicité 69,8% 78,1% 70,6% 100% 72,1% 80% 78,3% 75% 87,5% 92,3% 76,9% 81,8%

Abondance
391 308 175 200 237 356 297 342 69 281 178 356
numérique
Abondance
numérique 258 147 97 165 119 229 121 260 62 266 118 218
des espèces utiles

Equitabilité 0,817 0,892 0,892 0,739 0,869 0,807 0,776 0,644 0,368 0,399 0,857 0,789

Surface terrière 38,96m²/ha 45,95m²/ha 8,21m²/ha 13,65m²/ha 44,20m²/ha 33,50m²/ha 41,63m²/ha 58,09m²/ha 0,58m²/ha 17,38m²/ha 23,15m²/ha 17,66m²/ha

IVI des espèces


106,26 - 8,16 - - 102,24 - 269,02 14,78 111,29 - 65,77
introduites
Caractéristiques des
constante - accidentelle - - constante - constante accidentelle constante - accessoire
espèces introduites

Hauteur maximale 12m 22m 10m 6m 20m 18m 20m 10m 4m 10m 22m 10m

très très très très très


Ouverture très ouverte très ouverte ouverte ouverte très ouverte très ouverte ouverte
ouverte ouverte ouverte ouverte ouverte

Taux de régénération 1203,33% 616,27% 1844,44% 1076,47% 558,33% 1994,11% 531,90% 1454,54% - 2200,00% 888,88% 1994,11%

DP : Dans le parcHP : Hors parc

- 115 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

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Etudedescriptive et comparative. Candollea 60 (2). pp393 - 443
Quentin, C.B., Cronk et Janice, L.F. - 1995.Plant invaders. Ed. CHAPMAN
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Végétale, Université de Madagascar, 57p.
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des Ecosystèmes forestiers à Madagascar, Actes d’un séminaire
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Ranomafana dans le maintien de l’intégrité de la diversité végétale. Mém
DEA, Ecologie Végétale, Université d’Antananarivo, 76p.

- 116 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe I : Liste floristique globale de l’ensemble des relevés


FAMILLES Noms scientifiques Auteurs Noms vernaculaires Aff.
Abrahamia ditimena (H. Perrier) Randrianasolo & Lowry Sandramy Fotsy End
Abrahamia sericea (Engl.) Randrianasolo & Lowry Sandramy End
ANACARDIACEAE
Micronychia madagascariensis Oliv. Sehana End
Rhus taratana (Baker) H. Perrier Tarantana End
ANISOPHYLLACEAE Anisophyllea fallax Scott & Elliot Hazoharaka End
Ambavia gerrardii (Baill.) Le Thomas Ramiavontoloho End
ANNONACEAE Polyalthia cf. henricii Diels Masimposaina End
Xylopia lemurica Diels Ramiavona End
APHLOIACEAE Aphloia theaeformis (Vahl.) Benn. Fandramanana Trp
Carissa edulis (Forssk.) Vahl. Fatsy Trp
APOCYNACEAE Mascarenhasia madagascariensis A. DC. Herodrano End
Tabernaemontana retusa (Lam.) Palacky Kaboka End
AQUIFOLIACEAE Ilex mitis (L.) Radlkofer Hazondrano Trp
Polyscias fraxinifolia (Baker) R. Vig. Maniny End
ARALIACEAE Polyscias tripinnata Harms Vantsilana End
Schefflera vantsilana (Baker) Bernardi Vantsilambato End
Dypsis linearis Jum. Fanikara End
ARECACEAE Neodypsis tanalensis Jum. & H. Perrier Sira End
Ravenea robustior Jum. & H. Perrier Lafa End
Apodocephala pauciflora Baker Ramilevina End
Brachylaena merana (Baker) Humbert Merana End
Brachylaena ramiflora (de Candole) Humbert Mananitra End
Helichrysum gymnocephalum (DC.) Humbert Rambiazina End
ASTERACEAE Psiadia altissima (DC.) Drake Dingambavy End
Vernonia exserta Baker Tavilona End
Vernonia garnieriana Klatt Kandafotsy End
Vernonia secundifolia Bojer ex DC. Maranitratoraka End
Vernonia sp. Schreb. Fangetomandry End
Colea lantziana Baill. Disohasaka End
BIGNONIACEAE
Phyllarthron madagascariense K. Schum. Zahatavoka End
BUDDLEYACEAE Nuxia capitata Baker Lambinana End
Cinnamosma fragrans Baillon Mandravasarotra End
CANNELACEAE
Cinnamosma madagascariensis Danguy Sena End
CELASTRACEAE Gymnosporia cf. senegalensis (Lam.) Loes. Fantsinakoho Trp
CELTIDACEAE Trema orientalis (L.) Blume Vakoka Trp
Calophyllum milvum P.F. Stevens Vitanina End
Garcinia chapelieri (Planch. & Triana) H. Perrier Kimbaletaka End
Garcinia verrucosa Jum. & H. Perrier Voamalambotaholahy End
Harunga madagascariensis Lam. ex Poir. Harongana End
CLUSIACEAE Mammea bongo (R. Vig. & Humbert) Kosterm. Natojabo End
Mammea sessiliflora (Poir.) Planch. & Triana Nato End
Mammea vatoensis P.F. Stevens Natovoraka End
Psorospermum fanerana Baker Fanerana End
Symphonia clusioides Baker Kimba sp End
Terminalia sp. L. Veso Ind
COMBRETACEAE
Terminalia tetrandra (P. Danguy ex Lecomte) Capuron Vesoala End
Weinmannia bojeriana Tul. Maka End
CUNONIACEAE
Weinmannia rutenbergii Engl. Lalona End
CYATHEACEAE Cyathea sp. Sm. Faho End
DRACAENACEAE Dracaena reflexa Lam. Hasina Trp
EBENACEAE Diospyros gracilipes Hiern Hazomainty Trp
Elaeocarpus sericeus Baker Sana End
ELAEOCARPACEAE
Sloanea rhodantha (Baker) Capuron Vanana End
Agauria polyphylla Baker Angavodiana End
ERICACEAE Erica densa Andrews Anjavidy End
Vaccinium secundiflorum Hook. Kitonda End
Erythroxylum cf. buxifolium Lam. Fanilo End
ERYTHROXYLACEAE
Erythroxylum sphaeranthum H. Perrier Malambovony End
Antidesma petiolare Tul. Hazonovy End
Bridelia tulasneana Baill. Harina End
Croton mongue Baill. Mongina End
EUPHORBIACEAE Croton sp. L. Sily Ind
Macaranga alnifolia Baker Karambitona End
Macaranga ankafinensis Baill. Mokaranana End
Macaranga cuspidata Boivin ex Baill. Fafarona End

- 117 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Albi zia chinensis (Osbeck) Merr. Albizia Trp


Albizia gummifera (J.F. Gmel.) C. A.S Volomborona End
FABACEAE
Calliandra
Annexe alternans Benthamglobale de l’ensemble
I : Liste floristique Ambilazona
des relevés End
Dalbergia baronii Baker Voamboana End
Anthocleista amplexicaulis Baker Dendemy End
GENTIANACEAE
Anthocleista madagascariensis Baker Dendemy End
HAMAMELIDACEAE Dicoryphe stipulacea J. St. & Hil. Longotra End
ICACINACEAE Cassinopsis madagascariensis Baill. Hazomafaika End
LAURACEAE Cryptocarya cf. lucida Blume Tavolo End
Cryptocarya cf. aromatica (Becc.) Kosterm. Tavolomanitra End
Cryptocarya cf. ovalifolia (Danguy) van der Werff Tavolomena End
Cryptocarya cf. thouvenotii (Danguy) Kosterm. Tavolopina End
Ocotea auriculiformis Kosterm. Varongy ravinamontana End
Ocotea cymosa (Nees) Palacky Varongy fotsy End
Ocotea nervosa Kosterm. Varongy End
Ocotea trichophlebia Baker Varongy vaza End
Potameia thouarsiana (Baill.) Capuron Sary End
Potomea eglandulosa Kost. Lonjo End
MAESACEAE Maesa lanceolata Forssk. Voarafy Trp
Dombeya hafodahy Arène Hafodahy End
MALVACEAE
Dombeya sp. Cav. Hafotra Ind
MELANOPHYLLACEAE Melanophylla cf. crenata Baker Vavaporetaka End
MELASTOMACEAE Dichaetanthera oblongifolia Baker Tsingotroka End
MELIACEAE Malleastrum sp. (Baill.) J. & F. Leroy Tongobivihy End
Ephippiandra madagascariensis (Danguy) Lorence Tambonetra End
MONIMIACEAE Tambourissa perrieri Drake Ambora End
Tambourissa trichophylla Baker Amboralahy End
Ficus politoria Lam. Famakilela End
MORACEAE Ficus trichophlebia Baker Voara Ind
Streblus dimepate (Bureau) C. C. Berg. Mahanoro End
MYRICACEAE Myrica humilis Cham. & Schtdl. Lakalaka Trp
Oncostemum botryoides Baker Kalafana End
MYRSINACEAE
Oncostemum nervosum Baker Kalafambakaka End
Eucalyptus robusta Smith Kininina Autre
Eugenia bernieri Drake Rotramboa End
Eugenia louvelii H. Perrier Voabe End
Eugenia sp. L. Rojabo Trp
MYRTACEAE Psidium cattleyanum Sabine Goavy Autre
Syzygium cuneifolium Bojer Robary Trp
Syzygium emirnense (Baker) Labat & G. E. Schatz Rotramena End
Syzygium jambos (L.) Alston Rotrabe Autre
Syzygium sp. P. Browne ex Gaertn. Rotra Trp
Noronhia crassiramosa H. Perrier Tsilaitra fotsy End
OLEACEAE Noronhia leandriana H. Perrier Tsilaitra mena End
Noronhia sp. Satadtm. ex Touars Tsilaitra End
Pandanus leptopodus Martelli Tsirika End
PANDANACEAE
Pandanus sp. Parkinson Vakoanala Ind
PINACEAE Pinus patula Schedtl. & Cham. Pinus Ind
PITTOSPORACEAE Pittosporum polyspermum Tul. Ambovitsika End
PROTEACEAE Dilobeia thouarsii Roem. & Schult. Ramandriona End
Chassalia ternifolia (Baker) Bremek. Voananananala End
Gaertnera macrobotrys Baker Bararata Trp
Gyrostipula foveolata (Capuron) J. & F. Leroy Valotra End
Lemyrea krugii (A.Chev.) A.Chev. Tomenjy End
Mapouria macrochlamys Bremek. Fohaninasity End
Mapouria parkeri (Baker) Bremek. Bararata End
Mussaenda arcuata Lam. ex Poir. Anambahy Trp
RUBIACEAE Mussaenda vestita Baker Fatora End
Pauridiantha lyallii (Baker) Bremek. Hazotoho End
Psychotria sp. L. Elaboana End
Pyrostria media (A. Rich. ex DC.) Cavaco Fatsikahatra End
Rytigynia sp. Blume Sily fotsy Ind
Saldinia sp. A. Rich. ex DC. Tongely End
Schismatoclada farahimpensis Homolle Hazoporetaka End
Schismatoclada psychotrioides Baker Bararata End
Evodia madagascariensis Baker Rebosa End
RUTACEAE Vepris ampody H. Perrier Ampody End
Zanthoxylon tsihanimposa Baker Fahavalonkazo End

- 118 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe I : Liste floristique globale de l’ensemble des relevés


Homalium albiflorum (Boivin ex Tul.) O. Hoffm. Hazombahy End
SALICACEAE
Scolopia madagascariensis Sleumer Faritraty End
Allophylus arboreus Choux Dikana End
Beguea apetala Capuron Lanary elatrangidina End
Deinbollia macrocarpa Capuron Lanary mavo End
Deinbollia pervillei (Blume) Radkl. Lanary madinika End
SAPINDACEAE Dodonaea viscosa Jacq. Dingandahy Trp
Doratoxylon stipulatum Capuron Fanjavala End
Litchi sinensis Sonner Letchee Autre
Plagioscyphus louvelii Danguy et Choux Lanary mainty End
Tina striata Radlk. Lanary End
SAPOTACEAE Chrysophyllum boivinianum (Pierre) Baehni Rahiaka Trp
SCROPHULARIACEAE Halleria ligustrifolia Baker Tsetsitsoy End
SOLANACEAE Solanum auriculatum Aiton Seva Autre
Grewia sp. L. hafomaka Ind
TILIACEAE
Grewia sprima Capuron Hafopotsy End
VERBENACEAE Premna corymbosa (Burm. F.) Rottler & Willd. Odimamo End
Fanorafa Ind
Voakenala Ind
Aff. : Affinité biogéographique

- 119 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

POTENTIALITE DE REGENERATION DES ESPECES


HERBACEES DANS LES PLANTATIONS DE PINS ET D’ACACIA
SUR LES HAUTES TERRES MALGACHES.
1 2 3
Herizo RANDRIAMBANONA , Elie Léonard AKPO , Charlotte RAJERIARISON ,
1
Stéphanie M. CARRIERE
1
Gestion des Espaces Ruraux et Environnement à Madagascar (Programme GEREM-
Fianarantsoa) CNRE-IRD, BP 434 Tsiadana, Antananarivo 101, Madagascar.
2
Laboratoire d’écologie végétale, Faculté des Sciences et Techniques,
Université Cheikh Anta Diop, BP 5005, Dakar, Sénégal.
3
BP 906, Département de Biologie et Ecologie végétales, Faculté des Sciences,
Université d’Antananarivo.

RESUME
Cette recherche concerne l’étude de la végétation secondaire dans les
plantations de pins (Pinus patula Schltdl. & Cham.) et d’Acacia à tannins
(Acacia decurrens var. dealbata Link) à la suite de perturbations (cyclones,
feux, exploitation forestière, culture) dans le chantier forestier d’Androy–
Fianarantsoa II.Les relevés de végétation ont été effectués selon la méthode
d’échantillonnage par transects (N = 40 avec 205 relevés dans la plantation de
pins et N =12 avec 58 relevés dans la plantation d’Acacia). Cent vingt cinq
(125) espèces réparties en 46 familles ont été recensées dans la plantation de
pins, et 62 espèces réparties en 32 familles ont été inventoriées dans la
plantation d’Acacia. Cette différence peut être imputable à l’ancienneté de
l’exploitation agricole dans la plantation d’Acacia qui a fortement réduit sa
biodiversité.

L’Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) a été utilisée afin


d’identifier les groupements végétaux et de décrire la dynamique post-
perturbation de la végétation de la région.Dans la plantation de pins, trois
groupements ont été identifiés : (i) les formations herbeuses (champs de
cultures de manioc), (ii) les formations herbeuses (jeunes jachères de 0 à 2
ans) et (iii) les formations ligneuses (recrûs pre-forestiers).Quatre groupements
végétaux ont été décelés dans la plantation d’Acacia : (i) les formations
herbacées (les cultures de manioc), (ii) les jachères herbeuses, (iii) les
formations à dominance ligneuse (les jachères arbustives) et (iv) les formations
typiquement ligneuses (recrûs forestiers).Certaines espèces autochtones ou
endémiques peuvent se régénérer dans ces espaces reboisés. La dynamique
de la végétation de la région est fortement liée à l’anthropisation : exploitation
forestière, agriculture.

Mot-clés : Régénération forestière, groupements végétaux, reboisements,


Pinus, Acacia, haute terres, Madagascar

- 120 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

1- INTRODUCTION
Le début du XXième siècle a été marqué par l’introduction de
nombreuses essences de reboisement à Madagascar (Ramanantsoavina,
1963, Chauvet, 1969). Depuis, plus de 300000 hectares de plantations ont été
réalisées à Madagascar constitués pour la moitié d’Eucalyptus et de pins
(CIRAD, 2006).

La région de Fianarantsoa au Centre Sud de l’île, grâce à son climat


frais et humide était une zone propice aux plantations notamment de pins
(CTFT, 1973), mais d’autres essences y sont également bien adaptées (Acacia
et Eucalyptus).

Malgré les rôles importants sur le plan économique (source d’énergie,


bois d’œuvre et de chauffe) et écologique (aménagement du paysage,
protection de l’environnement) que jouent les reboisements (CIRAD, 2006 ;
Carrière et Randriambanona, 2007), les essences introduites sont réputées
vigoureuses par rapport aux espèces autochtones du fait de leur forte capacité
d’adaptation aux conditions écologiques plus rudes (Perrier de la Bathie 1931 ;
Blaser et al., 1993 ; Strasberg, 1994). Or, dans certaines zones où la forêt
naturelle persiste, les ouvertures qui sont créées à la suite de diverses
perturbations (cyclones, feux, exploitation forestière, culture) ont permis aux
espèces autochtones de s’installer et de se développer dans les reboisements.

En effet, de véritables recrûs forestiers secondaires se sont


reconstitués dans les reboisements. Frontier et Pichod-Viale (1998) définissent
ce phénomène comme le rajeunissement de l’écosystème par perturbation.

Ces observations nous paraissent pertinentes pour apprécier le


potentiel de régénération des espèces malgaches, en émettant l’hypothèse que
les ouvertures dans les espaces reboisés (Pinuspatula et Acacia) facilitent
l’installation des espèces autochtones et réactivent leur régénération.

Cette étude a pour objectifs :

− d’évaluer le niveau de la biodiversité dans les plantations à la suite de


perturbations ;
− d’identifier les groupements végétaux et d’en établir la typologie.

2- MATERIELS ET METHODES
2- 1. La zone d’étude
L’étude a été réalisée dans la commune d’Androy sud située à 35 km
au Nord-Est de la ville de Fianarantsoa (carte 1).

- 121 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

La commune d’Androy, constituée de 10 (dix) fokontany fait partie du


district de Fianarantsoa II, région de la Haute Matsiatra et s’étend sur 257 km2
(Anonyme, 2003). Cette zone est soumise à un climat tropical d’altitude.
De 1994-2004, les précipitations moyennes annuelles de la station de
Beravina-Fianarantsoa sont de 1296 mm, la température moyenne annuelle est
de 19°C.

Carte 1. Localisation de la zone d’étude

Les principales formations végétales y sont : la forêt dense ombrophile


de moyenne altitude à Weinmannia et Tambourissa (Koechlin et al., 1974), les
formations secondaires issues de la mise en culture sur brûlis de la formation
précédente (Randriamalala et al. 2007; Carrière et al., 2005), les reboisements
(pins, Acacia à tannin) (Carrière et Randriambanona, 2007), et des mosaïques

- 122 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

de pseudo-steppes à Aristida similis Steud., Lepturus sp. parsemées de


plantations d’Eucalyptus.
• Le chantier forestier d’Androy
Les périmètres de reboisements étudiés sont inclus dans le chantier
forestier d’Androy qui est délimité par la RN 45 (vers Mananjary) au Nord, la RN
7 à l’Ouest, la commune de Fianarantsoa II au Nord-Est, la ligne de chemin de
fer (Fianarantsoa-Manakara) au Sud, et la forêt naturelle d’Ambohipanja à l’Est
(Figure 1).

La plantation d’Acacia à tannins (Acacia decurrens var. dealbata)


La plantation d’une superficie de 2200 ha a été réalisée dans les
années 1920 pour produire de tannins (Parrat, 1966). La Société des Tannins
Malgache a cessé l’exploitation au début des années 1950 à cause de la chute
des prix du produit sur le marché international.
Une grande partie de cette plantation a été ensuite remplacée par la
plantation de pins en 1969. Le reste, par contre, a été mis en culture par la
population locale depuis 1970. Actuellement, elle est formée d’une mosaïque
de champs de manioc et de patate douce, des jachères herbacées et de recrûs.

La plantation de pins (Pinus patula Schltdl. & Cham.)


La plantation de pins (2317 ha) entreprise entre 1969 et 1971 était
destinée à approvisionner une usine de fabrication de pâte à papier qui devait
être construite dans la région (Ramanantsoavina, 1963, Chauvet, 1969). Elle a
été en partie faite sur l’ancienne plantation d’Acacia supra citée et sur des
formations herbeuses à Aristidasimilis.

Le passage de deux cyclones en 1986 et1994 a provoqué d’importants


dégâts dans ce périmètre. A partir de 1994, le service des Eaux et Forêts a
commencé à vendre des parcelles aux exploitants privés. Depuis l’an 2000,
certaines parcelles sont exploitées par la population riveraine à des fins
agricoles (culture de manioc). Le mode de culture dans les plantations est la
culture sur brûlis (défriche, mise à feu, culture). Après une ou deux années de
culture, les parcelles sont laissées en jachères pendant un ou deux ans. Elles
se présentent sous forme de formations herbacées dominées par des espèces
annuelles (Ageratum conyzoides, Bidens pilosa) ou de formations mixtes
ligneux-herbacées avec une strate ligneuse basse (1,5m) peu dense formée
par des espèces ligneuses pionnières (Harongana madagascariensis, Trema
orientalis, Solanum auriculatum) et de rejets de souches de Weinmannia
rutenbergii, Vernonia garnieriana, Chassalia bojeri) issus de la formation
défrichée.

- 123 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2-2- Méthode utilisée


• Relevés de végétation
L’échantillonnage par transects a été adopté afin de tenir compte des
différentes situations de relief. Les transects sont orientés dans le sens Est-
Ouest, transversaux par rapport aux plis liés à des mouvements tectoniques qui
ont affecté le socle cristallin (Bouchard, 1966).

Le long de chaque transect, des relevés distants d’environ 30 m ont été


effectués, leur emplacement a été dicté par les positions topographiques (bas
versant, mi-versant, haut de versant et sommet). L’aire de relevé est de 100 m²
soit un carré de 10 m de côté, cette superficie s’insère dans les gammes de
l’aire minimale variant de 1 à 96 m², proposée par Pfund (2000) et
Randriamalala (2005) pour l’étude de ce type de végétation secondaire de la
région. L’inventaire floristique réalisé à la fin de la saison de pluies (mars et avril
2005) concerne à la fois les ligneux, les herbacées, les lianes et les fougères.
Une liste floristique a été dressée pour chaque relevé.

Les coordonnées géographiques de chaque relevé ont été déterminées


à l’aide d’un GPS afin de cartographier les stations d’inventaires, que nous ne
présentons pas dans ce travail.

Deux cent cinq (205) relevés notés P1, P2,…P205 répartis sur 40
transects ont été réalisés dans la plantation de pins et 58 relevés (A1,
A2,…A58) le long de 12 transects dans la plantation d’Acacia. L’historique de
chaque station a été établi à la suite des enquêtes et recoupements effectués
auprès de la population locale ou le propriétaire du champ si la parcelle est
cultivée.

La liste floristique a été établie à partir des récoltes et des


déterminations par comparaison aux herbiers de références au Parc Botanique
et Zoologique de Tsimbazaza à Antananarivo. Les synonymes ont été
actualisés et normalisés à l’aide de la base de données floristiqueTropicos du
Missouri Botanical Garden à Antananarivo.
• Traitement des données
L’Analyse Factorielle des Correspondances (AFC) a été utilisée pour
rechercher l’homogénéité de la végétation et aussi identifier les éventuels
groupements végétaux. L’objectif de l’analyse factorielle est de représenter
géométriquement, dans un espace de faible dimension, des situations
multidimensionnelles (Benzécri et al., 1980).En effet, elle se propose de
représenter deux ensembles (relevés-espèces) sur une même carte, plane ou
spatiale, de telle sorte que chaque relevé se trouve entouré de ses espèces. De
même, chaque espèce se retrouve à proximité des relevés où elle figure. De ce

- 124 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

fait, les relevés qui se ressemblent et les espèces associées se retrouvent


groupés (Guinochet, 1973).

L’interprétation des résultats est basée sur :

− l’inertie du système qui indique le pouvoir explicatif d’un axe factoriel, elle
est exprimée en bits (valeurs propres) ou en pourcent (inertie) (Akpo et al.,
1995) ;
− la contribution qui mesure la participation d’un individu (relevé) ou d’une
variable (espèce) à l’inertie d’un axe.
Le logiciel XLSTAT-Pro a été utilisé.

3- RESULTATS
3-1. Composition floristique
Les richesses floristiques des formations végétales étudiées sont
consignées dans le tableau I.

Tableau 1. Richesse floristique des plantations étudiées.

Types de Nombre Nombre de Nombre de Espèces


plantations d’espèces genres familles communes
Plantation de pins 125 91 46
Plantation d'Acacia 62 49 32 55

Au terme de l’inventaire, 125 espèces se répartissant en 91 genres et 46


familles ont été enregistrées dans la plantation de pins.

Les familles les mieux représentées sont les Asteraceae (19 espèces),
puis les Poaceae et les Rubiaceae avec 14 espèces chacune. La famille des
Fabaceae est représentée par trois espèces : Acacia decurrens var. dealbata
(Link) Maiden, Crotalaria uncinella Lamk., Zornia puberula Molhenbrock.

Les ligneux sont au nombre de 58 (46,4%), les espèces herbacées sont


55 (44%) et les lianes sont 12 (9,6%).

Dans la plantation d’Acacia, 62 espèces réparties en 49 genres et 32


familles ont été recensées. La famille des Asteraceae avec 13 espèces, des
Poaceae avec 7 espèces et des Rubiaceae avec 4 espèces sont les mieux
représentées.

Les ligneux, les herbacées et les lianes comptent respectivement 32


(51%), 26 (41%), et 4 (6,4%) espèces.

- 125 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Enfin, 67 et 4 espèces sont respectivement propres à la plantation de


pins et à la plantation d’Acacia, 55 espèces sont communes aux deux
formations. La liste floristique est donnée en annexe I.
3-2. Groupements végétaux
• Plantation de pin
La projection de l’ensemble des relevés sur les axes factoriels F1xF2
est représentée par la figure 1. Le plan factoriel absolu 17,44% de la variabilité
totale dont 11,57% pour l’axe 1 et 5,87 pour l’axe 2. Pour décrire ces axes,
seuls les individus (relevés) ou les variables (espèces) dont la contribution est
au moins égale à la moyenne peuvent intervenir de façon significative.

(axes F1 et F2 : 17,44 %)

G PI
-- axe F2 (5,87 %) -->

1
2 P 129

G PII P 36
P 118 P 117
P 116
P 105 P 62 P 113

P 125 P 27
P 160 P 139
PP
99130P 151P 111
PPP
P37
P55
41P59
11
P
80
44
1
PP
67
11
15
4
P
1998
P PP120
76 104
P
PP
P
P
P
P1
PP30
P
P57
P94
P91
P86
P84
P73
P77
128
75
P1
95200
P54
P92
87
81
52
53
67
82
56
00
P
1
63
39
1
97
78
1
29
P
45
41
33
40
93
74
49
48
24
85
83
58
21
26
86
84
90
89
06P1
73
88
78
74
80
66
65
64P
07
03
P
P85
89
71
82
1 P
1
P79
47
4696
P 72
P
75
56
158
55
47
46
P
20
21
22
23
24
25
26
9
31
8
32
7
6
5
4
3
2P
0
1
2
3
97
96
95
94
93
92
4
5
6
7
8
91171
70
205
76
77
79
181
P202
P203
P204
P 102
01
1
09
0 P38
P122 P 43
P 34 P 152
PP8368
PP 701
69P
P42
P2153
51
50
60
201
90
88
72
23
61
62
63
64
27
68
65
28
69
66
87
1
31
32
33
42
34
43
35
48
44
36
49
45
40
37
08
98
99
91 57
54
P 35
P1
P61
59 P 150

-1
-1 0 1 2 3 4

-- axe F1 (11,57 %) -->

Figure 1. Analyse factorielle des correspondances : projection de 205 relevés x


125 espèces dans le plan principal (axes F1xF2).

Le long de l’axe F1, cette projection permet de dégager deux groupes :

- 126 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

− en abscisses positives le groupe (GPI), constitué par les relevés


réalisés dans les champs de culture et les jachères : P61 (1,9)1, P150 (1,8),
P152 (1,8), P153 (1,8), P154 (1,8), P157 (1,8), P138 (1,6) ;
− en abscisses négatives le groupe (GPII) constitué par les relevés
effectués dans les recrus, leurs contributions sont très faiblesprès de
l’intersection des deux axes.
L’axe F1 oppose ainsi les relevés réalisés dans les champs de culture
et jachères (GPI) à ceux effectués dans les recrûs (GPII).

A ces deux groupes de relevés sont associées des espèces. Les


espèces qui présentent des contributions supérieures à la moyenne pour le
groupe (GPI) sont Manihot sp. (22,4%), Erigeron naudinii (Bonnet Humbert)
(19,9%), Emilia citrina DC. (18%) Pteridium aquilinum (L.) Kuhn (13,7%),
Rhynchelytrum repens (Willd.) C.E. Hubb. (2,5%), Bidenspilosa L. (1,8%),
Imperatacylindrica (L.) Rausch (1,44%). Pour le deuxième groupe (GPII),
aucune espèce ne présente de contribution supérieure à la moyenne.

Le premier groupe (GPI) peut être subdivisé en deux sous-groupes :

− (GPI-1) ce groupe de relevés contribue fortement à l’axe F1. Il correspond


aux relevés réalisés dans les champs de manioc. Les espèces associées à ce
groupe sont Manihot sp., Erigeron naudinii, Emilia citrina,Pteridium aquilinum,
Rhynchelytrum repens, Bidenspilosa, Imperatacylindrica. Hormis le Manihot sp.
(manioc) elles sont toutes des espèces rudérales ;
− (GPI-2) est représenté par les relevés P62, P104, P105, P111, P120,
P139, P130, P151, P76, P99, P98, aucun de ces relevés ne présente de
contribution significative. Ce sont les relevés réalisés dans les jachères, ils se
présentent sous forme de formation herbeuse ou de formation mixte avec un
tapis herbacé discontinu et une strate ligneuse basse. Andropogoneucomus
Nees, Psiadiasalviaefolia Baker, Crassocephalum sarcobasis (DC.) Moore,
L’Hert., Ageratum conyzoides Linné, Tristemma virusanum Juss.,
Stenotaphrum dimitidiatum, L., Fimbristylis sp, Helichrysumattenuatum Humb.,
Panicum maximum Jacq., Anthospermum emirnense Baker,
Elephantopusscaber L., Paspalum sp., Oldenlandiaherbaceae (L.) DC.,
Phytolacca dodecandra, Trema orientalis sont les espèces.
On peut conclure que l’axe F1 traduit un gradient d’utilisation car il
oppose les champs de cultures caractérisés par des espèces rudérales à ceux
de jeunes jachères et de recrûs. En revanche, l’axe F2 n’a pas permis de
discriminer de groupes de relevés, en effet aucune signification écologique ne
lui a été attribuée.

1
Les valeurs entre parenthèses indiquent la contribution (%) des relevés ou des espèces aux axes factoriels considérés.

- 127 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Une analyse partielle (128 relevés/99 espèces) a été effectuée sur le


groupe (GPII). Le nuage de points se concentre toujours au milieu du
dendrogramme, les relevés semblent être homogènes. Ainsi, aucun nouveau
groupement n’a pu être décelé.

Finalement, trois groupements végétaux (GPI-1, GPI-2 et GPII) ont été


identifiés et retenus dans les plantations de pins.

• Plantation d’Acacia
La projection des espèces et des relevés dans les axes factoriels
F1xF2 est représentée par la figure 4. Ce plan absolu 27,20% de la variabilité
dont 17,03% par l’axe 1 et 10,17% pour l’axe 2. Ces résultats montrent un
nuage de points bien structuré de forme parabolique et fait ressortir l’effet
Guttman qui indique une redondance entre les deux variables étudiées : la
connaissance de la ligne donne pratiquement celle de la colonne ; toute
l’information est contenue dans le premier axe F1, qui oppose les valeurs
extrêmes, tandis que le deuxième axe F2 oppose les intermédiaires aux
extrêmes.

Deux groupes de relevés se dégagent le long de l’axe F1 :

− en abscisses positives (GAI), est constitué par les relevés : A45 (12,03),
A57 (10,16), A31 (7,37), A19 (7,09), A20 (7,06), A21 (7,06), A34 (6,49), A54
(4,43), A54 (4,43), A55 (4,43), A56 (4,43), A10 (4,24), A29 (4,24).
− abscisses négatives (GAII), aucun relevé ne présente de contribution
supérieure à la moyenne.
La distribution des relevés le long de l’axe F1 permet de distinguer les
relevés réalisés dans les champs de culture et jachères herbeuses de ceux
réalisés dans les jachères arbustives et les recrûs.

Les espèces associées à ces groupes de relevés sont Manihot sp


(32,87), Emilia citrina (15,29), Erigeron naudinii (14,29), Ageratum conyzoides
(6,20), Bidens pilosa (5,36), Pteridium aquilinum (3,44) pour (GAI) et en
abscisses négatives aucune espèce n’est déterminante.

L’analyse de ce graphique permet de subdiviser (GAI) en deux sous-


groupes :

− (GAI-1) constitué par le groupe de relevés effectués dans les champs


cultivés (A45, A57, A31, A19, A20, A21, A34, A54, A55, A56, A10, A29). Les
espèces associées à ce groupe sont Manihot sp. (32,87), Emilia citrina (15,29),
Erigeron naudinii (14,29), Ageratum conyzoides (6,20), Bidens pilosa (5,36),
Pteridium aquilinum (3,44) ; Ces valeurs de contribution relative indiquent
clairement que l’axe F1 est décrit par les espèces rudérales de culture.

- 128 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

(axes F1 et F2 : 27,20 %)
2
A 23
22

A 11
2 A 48 A 30
1 A 25 A 47
AA27
13
A
AA43A 2
AAAA11
51
A
39
41 952 A 53
A 35
A
A
A 26
58
33
3837
36
axe F2 (10,17 %)

A 44
A A87
AA 28
A 24
46 A 49
0 AA32
A56
A
A116 A1
A29
0
A2 A 21
1
20
9
A 18
A 40 A 56
55
52
54 A 31
AA45
57
A4
A 50
A 42
A3 1
-1
1 A 34

A 14
A 17

-2

GAII GAI

-3
-1 0 1 2 3 4
axe F1 (17,03 %)

Figure 4. Analyse Factorielle des Correspondances : diagramme de 58 relevés


x 62 espèces selon les axes F1 et F2.

− (GAI-2) constitué par les relevés réalisés dans jachères herbeuses (A30,
A35, A47, A48, A53), ils présentent tous des contributions inférieures à la
moyenne. Les espèces associées sont Trichopteryx dregeana, Bulbostylis
trichobasis, Tristemma virusanum, Hyparrhenia variabilis Stapff., Psiadia
salviaefolia Baker, Helichrysum faradifani Scott Eliot, Sporobolus sp.
Le deuxième groupe (GAII) peut également être subdivisé en deux sous-
groupes :

− (GAII-2) correspondant au groupe de relevés effectué dans les jachères


mixtes composées d’espèces herbacées et de ligneux. Ce sont des formations
ligneuses ou de formations mixtes ligneux-herbacées avec un tapis herbacé
discontinu.
Il n’existe pas d’espèces efficaces le long de l’axe, mais par analogie
les espèces ligneuses retenues sont Vernonia garnieriana Klatt , Weinmannia
rutenbergii Engler, Anthocleista madagascariensis Baker, Senecio hypargyreus
DC., Psidium cattleianum Sabine, Psorospermum fanerana, Canthium sp.,

- 129 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Galiniera sp. Les espèces herbacées sont représentées par Aristida similis,
Sporobolus subulatus Hack., Scleria baronii C.B. Clarke, Sticherus flagellaris
(Bory) St John.

− (GAII-1) est constitué par les relevés réalisés dans les recrus forestiers
(A14, A17). Ce sont des formations typiquement ligneuses correspondantes
aux recrûs forestiers qui se sont régénérés après l’arrêt de l’exploitation des
tannins présentant une physionomie de forêt secondaire totalement
reconstituée de type formation dense, pluristrate. Notons que ces stations n’ont
jamais été mises en culture. Les espèces sont Agauria salicifolia (Lam.) Hook.
F. ex Olivier, Allophylus sp., Polyscias sp., Schefflerabojeri R. Viguier,
Seneciofaujasioides Baker, Syzygium emirnense (Baker) Labat & G.E. Schatz,
Tabernaemontana sp., Vacciniumemirnense Hook., Weinmanniabojeriana
Tulasne, Cassinopsis madagascariensis Baillon.
L’axe F1 sépare nettement les formations typiquement herbacées
(champs cultivés et jachères herbeuses) aux formations mixtes et
exclusivement ligneuses (jachères arbustives et recrûs ligneux) il traduit ainsi
un gradient d’utilisation (exploitation agricole).

Pour ce qui est de l’axe F2, il oppose trois groupes de relevés :

− en ordonnées négatives, A17 (20,98), A14 (20,98), A3 (4,99), A48 (3,39),


A42 (2,64), A50 (1,94), A15 (1,75) ;
− en ordonnées positives, A22 (4,69), A23 (4,69), A11 (1,01), A30 (1,61),
A47 (1,44), A27 (1,96), A53 (1,60) ;
− en position intermédiaire, les relevés ont de contribution insignifiante.
Les espèces associées à ces différents groupes de relevés sont :

− en ordonnées négatives : Evodiamadagascariensis (3,15), Polyscias sp.


(3,11), Vacciniumemirnense (3,11), Gaertnera sp. (3,06), Weinmanniabojeriana
(2,87), Tabernaemontana sp. (2,82), Syzygiumemirnense (2,73),
Seneciofaujasioides (2,71), Radamaeamontana (2,71), Schefflerabojeri (2,71),
Myricaphyllireaefolia (2,71), Allophylus sp.(2,71), Agauriasalicifolia (2,71),
Syzygium sp. (2,56), Tambourissaperrieri (2,32), Macarangaalnifolia (1,87) ;
− en ordonnées positives : Helichrysumbenthamii (8,86),
Trichopteryxdregeana (5,04), Bulbostylistrichobasis (4,41),
Tristemmavirusanum (3,82), Hyparheniavariabilis (2,73), Helichrysum sp.
(2,20), Sporobolus sp. (2,31), Helichrysumfaradifani (1,95) ;
− en position intermédiaire, il n’existe pas d’espèces efficaces.
L’axe F2 oppose donc les relevés dans les jachères herbeuses
dominées par des espèces indicatrices de sols dégradés (Helichrysum
benthamii, Sporobolus sp.) en ordonnées positives et ceux effectués dans les

- 130 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

recrûs et jachères arbustives sous forme de forêt secondaire partiellement


reconstituée. L’axe F2 peut traduire un gradient de propriétés du sol.

Quatre groupements végétaux ont été identifiés dans la plantation


d’Acacia : (i) GAI-1 correspondant aux formations herbeuses (cultures de
manioc), (ii) GAI-2 qui regroupe les formations herbeuses (jachères), (iii) GAII-2
est constitué par des formations mixtes (jachères) et (iv) GAII-1 qui
correspondent aux formations typiquement ligneuses (recrus forestiers).

4- DISCUSSIONS
Les objectifs de ce travail sont d’apprécier le niveau de la biodiversité et
d’identifier les groupements végétaux dans les plantations de pins et d’acacia.
Le relevé de végétation par transect a été utilisé.

4-1. Composition floristique


Du point de vue du nombre d’espèces recensées, la plantation d’acacia
avec 62 espèces est moins riche que la plantation de pin (125 espèces). Ce
résultat peut être dû à l’ancienneté de l’exploitation agricole dans la plantation
d’acacia. C’est surtout l’exploitation agricole qui modifie la végétation car les
labours répétés pendant les phases culturales détruisent les souches des
ligneux et les feux détruisent la banque de graines du sol. Floret et Pontanier
(1982) soulignent que la culture peut changer la composition floristique et
diminuer le nombre d’espèces.

Les familles botaniques les mieux représentées pour les deux types de
plantations sont les Asteraceae, les Rubiaceae et les Poaceae. Ces familles
sont caractérisées par la production de graines abondantes et de petite taille
facilitant leur dispersion par le vent ou par les animaux. Elles comptent de plus
des espèces pionnières et rudérales dont les stratégies reproductives sont très
efficaces. La taille, la forme des graines correspondent à une stratégie
particulière d’établissement des plantules (Hutchings, 1986, Charles
Dominique, 1995). De plus, la dissémination des diaspores par anémochorie
(Asteraceae et Poacaeae) et la zoochorie pour les Rubiaceae et la grande
quantité de graines produites leur permettent de s’installer dans les brèches
provoquées par les perturbations (coupes, mise en culture). Ce sont également
des espèces qui développent une stratégie démographique de type r c’est-à-
dire une grande vitesse de multiplication, une spécialisation dans l’exploitation
des ressources (alimentaire et espace), et une forte compétition entre elles
(Barbault, 1987; Perrin ; 1987, Whitmore, 1990).
La plupart des espèces sont héliophiles, on remarque l’abondance des
genres Helychrisum et Vernonia (Asteraceae), Imperata cylindrica et
Sporobolus (Poaceae), Galiniera(Rubiaceae).

- 131 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

De plus la proximité de ces plantations à la forêt primaire (moins de


3km) et l’existence de lambeaux forestiers dans le paysage constituent une
source de graines importante et déterminante dans l’évolution de la végétation
forestière. La structure du paysage intervient comme une forte contrainte dans
l’étape de la migration et détermine largement le potentiel floristique (Fournier
et al., 1999), grâce à l’hétérogénéité spatiale de la végétation de cette région.
Dans les deux types de formations, les ligneux recensés sont tous des
espèces autochtones voire endémiques hormis les espèces de plantation et
Psidium cattleyanum (goyavier de Chine). Ce résultat montre qu’il y a des
espèces autochtones qui peuvent se développer dans des conditions plus ou
moins défavorables. Parrat (1966) note certains aspects négatifs (sols peu
profonds avec des pseudo concrétions, déficients en Phosphore et en bases
échangeables) sur les caractères physico-chimiques des sols des périmètres
de reboisements. Leur apparition dans ces recrûs témoigne à la fois leur
capacité et leur efficacité à se régénérer.

Ainsi l’exploitation forestière, la mise en culture, les feux ont transformé


la formation initialement monospécifique en formation plurispécifique. Riéra
(1995) et Blondel (1995) soulignent que les perturbations (passées ou
actuelles) jouent un rôle important dans la dynamique de la végétation qui,
garantit la diversité. Le même phénomène a déjà été observé en Ethiopie où
des espèces ligneuses autochtones ont fini par remplacer l’Eucalyptus globulus
(Michelsen et al., 1993).

5- 2. Les groupements végétaux dans les plantations


Les différents groupements identifiés par l’analyse présentent une
composition floristique et une physionomie particulière.
Les trois groupements discriminés dans la plantation de pin (les
cultures, les formations herbacées et formations mixtes, les formations
ligneuses) correspondent en effet à trois types de milieux : les champs cultivés,
les jachères et les recrûs.
Les cultures sont caractérisées par des espèces adventices Erigeron
naudinii, Bidens pilosa, Emilia citrina, Imperata cylindrica, Ageratum
conyzoides. Le nombre d’espèces y est considérablement réduit ne dépassant
pas neuf à cause du mode de culture (défrichement, feu, labours). Il s’agit d’une
chute de la diversité après une perturbation (Blondel, 1995).

Les jachères sont de deux types : les formations herbeuses et les


formations mixtes ligneux-herbacées.
Les jachères herbeuses dans la plantation de pin correspondent aux
parcelles dans lesquelles se sont succédé deux cycles de culture (c’est le
nombre maximal de cycles culturaux enregistrés pendant les investigations).
Par conséquent, le couvert herbacé est constitué d’espèces rudérales et de

- 132 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

celles qui viennent de s’installer (Anthospermum emirnense, Oldelandia


herbaceae, Psiadia salviaefolia, Helichrysum attenuatum,…).
Les formations mixtes sont constituées de deux strates : une strate
ligneuse basse de 1,5 m dominée par Weinmannia rutenbergii, Harungana
madagascariensis, Dodonaea viscosa. Le recouvrement ligneux est faible
(environ 5 %). La plupart de ces espèces se sont régénérées soit par rejets de
souches soit par drageonnement. Le tapis herbacé est formé de Trichopteryx
dregeana et d’Andropogon eucomus.
Le troisième groupe est constitué par les recrûs qui sont généralement
des formations ligneuses mais par endroit, on note la présence de quelques
espèces herbacées ubiquistes telles que Dianella ensifolia, Scleria baronii aux
recouvrements très faibles (inférieur à 5 %). A l’ombre des arbustes se
développent des tapis de formation végétale constituée par des Panicum sp.
Dans la plantation d’Acacia, les quatre groupements sont (i) les cultures
qui recèlent les mêmes espèces que celles de la plantation de pin, (ii) les
formations herbeuses, (iii) les formations mixtes et (iv) les formations
typiquement ligneuses (recrûs).
Les formations herbeuses correspondent aux parcelles qui ont déjà fait
l’objet d’exploitation agricole pendant plusieurs années. La strate herbacée est
formée d’un tapis continu de Sporobolus sp. ou Andropogon eucomus,
Stenotaphrum dimidiatum (L.) Brongn, avec des recouvrements de l’ordre de
100 % pendant la saison de pluies. Acertains endroits, la strate herbacée est
dominée par Helichrysum benthami et Pteridium aquilinum qui reflète la
dégradation du sol (Riquier et Bourgeat, 1966 ; Bouchard, 1966 ;
Razafimamonjy, 1987).
Les formations mixtes sont formées de deux strates. La strate ligneuse
basse de 1,5 à 2,5 m est constituée de Vernonia garnieriana, Acacia decurrens,
Aphloia theiformis (Vahl.) Benn. La strate herbacée est formée de tapis
discontinu d’Aristida similis. Ce sont pour la plupart des jachères âgées de plus
de cinq ans.
Les formations exclusivement ligneuses sont formées de trois strates :
une strate ligneuse haute de 3 à 3,5 m (Weinmanniarutenbergii, W.bojeriana,
Agauria salicifolia, Polyscias repanda, Schefflera sp.) une strate moyenne de 2
m représentée par Chassalia bojeri, Gaertnera sp et une strate basse de 1,5 m
formée par les arbustes (Ixora sp., Galiniera sp.). Elles se présentent comme
de véritables forêts secondaires reconstituées.
Dans les deux cas, les résultats corroborent ceux obtenus par Mitja et
Hladik (1989), Donfack et Seignobos (1996) et Randriamalala (2005) qui ont
souligné que la physionomie et la composition floristique des jachères varient
en fonction de la date de l’abandon des cultures et du degré d’exploitation.
Par ailleurs, la végétation pré-existante influe sur la composition
floristique de la végétation, notamment les ligneux qui selon César (1991)

- 133 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

reflètent souvent l’état initial de la végétation. Certaines espèces (Weinmannia


rutenbergii, Vaccinium emirnense, Vernonia garnieriana, Cassinopsis
madagascariensis, Evodia madagascariensis, Aphloia theiformis) qui étaient sur
place avant la plantation ont pu se maintenir grâce à leur potentiel végétatif
(rejeter des souches).
Il convient également de noter que les groupements ont été identifiés
surtout en fonction du mode d’exploitation et que ce gradient se trouve le long
de l’axe F1. Une tendance semble se dégager, l’évolution de la végétation dans
les deux cas se fait dans les sens : culture, formations herbacées puis
formations mixtes et formations ligneuses.
Par rapport aux résultats obtenus dans la plantation d’Acacia et dans
les jachères forestières ceux de la plantation de pins n’a pas présenté d’effet de
Guttman, ceci est dû à la différence de la durée d’exploitation. Cette répartition
du nuage de points étant l’influence d’un facteur (mise en culture) sur tout le
milieu. Dans la plantation de pin celle-ci n’est pas encore très perceptible. Les
stades de développement de la végétation sont encore très proches les uns des
autres.

5-CONCLUSION
Cette étude a permis d’apprécier la capacité de certaines espèces
autochtones malgaches de se régénérer et de coloniser les plantations (Pinus
patula et Acacia) soumises à diverses perturbations. Les analyses multivariées
des données par l’AFC ont permis, d’une part, d’identifier les différents
groupements végétaux qui se sont formés dans ces espaces reboisés et d’avoir
une vision globale de l’évolution de la végétation d’autre part. La dynamique
végétale post-perturbation commence toujours par l’installation des espèces
annuelles qui sont ensuite relayées par des espèces pérennes.

L’hypothèse émise au départ semble être vérifiée car les formations


monospécifiques (plantations de pins et plantation d’Acacia) deviennent
plurispécifiques suite aux perturbations. Ces plantations peuvent être des
catalyseurs de régénération pour certaines espèces autochtones ou même
endémiques malgaches. Certes, l’homme, par ses activités (agriculture,
exploitation forestières…) rompt l’équilibre écologique des écosystèmes de la
région mais il peut mettre à son profit le processus écologique étudié afin de
conserver et de restaurer les écosystèmes dégradés.
REMERCIEMENTS
Ce travail a bénéficié d’un soutien logistique, matériel et financier du
programme conjoint CNRE-IRD « GEREM-Fianarantsoa » et d’aide financière
de l’AUF grâce à l’obtention d’une bourse de formation à la recherche. Il est
également le fruit d’une étroite collaboration entre le programme sus-cité et
l’UCAD, Faculté des Sciences et Techniques, Laboratoire d’Ecologie Végétale,

- 134 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Dakar Sénégal et l’Université d’Antananarivo, Faculté des Sciences,


Département de Biologie et Ecologie Végétales.

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- 136 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

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- 137 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE I:Cortège floristique (+ : présence, - : absence). Les espèces


précédées d’un astérisque sont endémiques.
Milieux
Espèces Famille
Pins Acacia
Acacia decurrens var. dealbata (Link) Maiden Fabaceae + +
Agauria salicifolia (Comm. Ex Lam.) Hook. f. ex Oliv. Ericaceae - +
Ageratum conyzoides Linné Asteraceae + +
Allophylus sp. Sapindaceae + +
Andropogon eucomus Nees Poaceae + -
*Anthocleista madagasacriensis Baker Loganiaceae + +
Anthospermum emirnense Baker Rubiaceae + -
*Aphloia theiformis (Vahl) Benn. Aphloiaceae + +
*Aristida similis Steud. Poaceae - +
Bidens pilosa L. Asteraceae + +
Buddleja madagascariensis Lamarck Buddlejaceae + -
Bulbostylis trichobasis (Baker) C.B. CL. Cyperaceae + +
Canthium sp.1 Rubiaceae + -
*Carissa edulis M. Vahl Apocynaceae + -
*Cassinopsis madagascariensis Baillon Icacinaceae + +
Centella asiatica (L.) Urb. Apiaceae + +
*Chassalia bojeri Bremek Rubiaceae + +
Cissampelos sp.1 Menispermaceae + -
Cissampelos sp.2 Menispermaceae + -
*Cissus lemurica Desc. Vitaceae + -
Melastomatacea
Clidemia hirta (L.) D. Don. e + +
Cnestis glabra Lam. Connaraceae + -
Commelina sp.1 Commelinaceae + -
Crassocephalum sarcobasis (D.C.) Moore Asteraceae + -
Crotalaria uncinella Lamk. Fabaceae + -
Cynodon sp. Poaceae + -
Danais fragrans (Comm. Ex Lam.) Pers. Rubiaceae + -
Dianella ensifolia (L.) DC Liliaceae + +
Melastomatacea
*Dichaentanthera cordifolis Baker e + -
Dodonaea viscosa Jacquin Sapindaceae + -
Dracaena reflexa Lam. Liliaceae + -
Elephantopus scaber L. Asteraceae + -
*Embelia concinna Baker Myrsinaceae + -
Embelia sp. Myrsinaceae + -
Emilia citrina DC. Asteraceae + +

- 138 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Milieux
Espèces Famille
Pins Acacia
Eragrostis racemosa (Thumb.) Steud. Poaceae - +
Erigeron naudinii (Bonnet) Humbert Asteraceae + +
Eulalia villosa (Thumb) Nees Poaceae + -
*Evodia madagascariensis Baker Rutaceae + +
Evodia sp. Rutaceae + -
Fimbristylis sp. Cyperaceae + +
Gaertnera macrostipula Baker Rubiaceae + -
Gaertnera sp.1 Rubiaceae + +
Galiniera sp. Rubiaceae + +
Halleria ligustrifolia Baker Scrophulariaceae + -
*Harongana madagascariensis Choisy Clusiaceae + +
*Helichrysum attenuatum Humb. Asteraceae + -
*Helichrysum benthamii R. Vig. & Humbert Asteraceae + +
*Helichrysum cordifolium DC. Asteraceae + -
*Helichrysum faradifani Scott-Eliot Asteraceae + +
*Helichrysum microcephalum DC. Asteraceae + -
Helichrysum sp. Asteraceae + +
Hyparrhenia variabilis Stapf Poaceae + +
Hypoestes sp. Acanthaceae + -
Hypoestes sp.1 Acanthaceae + -
Impatiens vilersi Constatin & Poisson Balsaminaceae + -
Imperata cylindrica (L) Rausch. Poaceae + +
Ipomea sp. Convolvulaceae + -
Isachne sp. Poaceae + -
Ixora sp. Rubiaceae + +
Ligodium lanceolatum Desv. Schiziaceae + +
Ludia sp. Salicaceae + +
Lycopodium clavatum (L.) Lycopodiaceae + -
Macaranga alnifolia Baker Euphorbiaceae + -
Manihot sp. Euphorbiaceae + +
Morinda sp. Rubiaceae + +
Mussaenda vestita Baker Rubiaceae + -
*Myrica phyllireaefolia Baker Myricaceae + -
*Nuxia capitata Baker Loganiaceae + +
*Nuxia sphaerocephala (Baker) Baker Loganiaceae + +
Oldelandia herbacea D.C. Prod. Rubiaceae + -
*Oncostemum bojerianum A. DC. Myrsinaceae + -
*Oncostemum umbellatum Baker Mez. Myrsinaceae + -
Panicum maximum Jacq. Poaceae + -

- 139 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Milieux
Espèces Famille
Pins Acacia
Panicum repens L. Poaceae + -
Paspalum commersonii Lamk. Poaceae + -
Pauridiantha paucinervis (Hiern) Bremeck Rubiaceae + -
Pellaea viridis Forssk Adiantaceae + -
Penissetum sp. Poaceae + +
Peponidium sp. Rubiaceae + -
Philipia floribunda Benth. Ericaceae + -
Phymatosorus scolopendria (Burm. f.) Pic. Serm. Polypodiaceae + +
Phytolacca dodecandra L'Hér. Phytolaccaceae + -
Pinus patula Schltdl. & Cham. Pinaceae + -
Polyscias ornifolia (Baker ) Harms Araliaceae + -
Polyscias sp. Araliaceae + -
*Psiadia altissima (DC.) Drake Asteraceae + +
*Psiadia salviaefolia Baker Asteraceae + -
Psidium cattleianum Sabine Myrtaceae + +
*Psorospermum fanerana Bak. Clusiaceae + +
Psychotria sp.1 Rubiaceae + +
Dennstaedtiacea
Pteridium aquilinum (L) Kuhn e + -
Radamaea montana Benth. Scrophulariaceae + +
Rhynchelytrum repens (Willd.) C.E. Hubbard Poaceae - +
Rubus moliccanus L. Rosaceae + -
Rubus rosaefolius J.E Smith Rosaceae + +
*Rytigynia sp. Rubiaceae + +
Saldinia sp. Rubiaceae + -
Schefflera bojeri R. Viguier Araliaceae + -
Schefflera longipedicellata (Lec) Bern. Araliaceae + +
*Scleria baronii C.B. Clarke ex Cherm. Cyperaceae + -
Scleria sp. Cyperaceae + +
*Senecio faujasioides Baker Asteraceae + -
*Senecio hypargyreus DC. Asteraceae + +
*Senecio longiscapus Bojer ex DC. Asteraceae + +
*Senecio myricaefolius (Bojer ex DC.) Humbert Asteraceae + -
Sida rhombifolia L. Malvaceae + +
Smilax kraussiana Meisner Smilacaceae + -
Solanum auriculatum Aiton Solanaceae + -
Sporobolus sp. Poaceae + -
Sporobolus subulatus Hack. Poaceae + +
Stenotaphrum dimidiatum (L.) Brongn. Poaceae + -

- 140 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Milieux
Espèces Famille
Pins Acacia
Sticherus flagellaris (Bory) St John Gleicheniaceae + +
Syzygium emirnense (Baker) Labat & G.E. Schatz Myrtaceae + +
Syzygium sp. Myrtaceae + +
Tabernaemontana sp. Apocynaceae + +
*Tambourissa perrieri Drake Monimiaceae + -
*Tambourissa purpurea (Tul.) A. DC. Monimiaceae + +
Trema orientalis L. Ulmaceae + -
Trichopteryx dregeana Nees ex Lindl Poaceae + +
Melastomatacea
*Tristemma virusanum Juss. e + +
Vaccinium emirnense Hook. Ericaceae + +
Vaccinium secundiflorum Hook. Ericaceae + -
*Vernonia garnieriana Klatt. Asteraceae + +
Vernonia sp. Asteraceae + +
*Weinmannia bojeriana Tulasne Cunoniaceae + +
*Wenmannia rutenbergii Engl. Cunoniaceae + +
Zea mays L. Poaceae + -
Zornia puberula Molhenbrock Fabaceae + -

- 141 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

SUIVI PHENOLOGIQUE DES ESPECES VEGETALES


CONSOMMEES PAR Propithecus coronatus DANS LA FORET
DE BADRALA
(ANTREMA – REGION BOENY)
1 1
Herisoa RAZAKANIRINA , Edmond ROGER1, Charlotte RAJERIARISON , Claude Marcel
2
HLADIK
1
B.P. 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences, Université
d’Antananarivo.
2
Muséum National d’Histoire Naturelle. 4 Avenue du Petit Château. 91800 Brunoy, FRANCE

RESUME
La Station Forestière à Usage Multiple d’Antrema constitue un des
habitats de Propithecus coronatus. Dans cette région, ce lémurien est vénéré
comme étant les représentants des ancêtres des « sakalava ». Cette culture
leur offre donc un haut niveau de protection mais est ce que la forêt peut leur
fournir les nourritures dont ils ont besoin?

Des études sur la phénologie des espèces végétales consommées par


ce lémurien ont été réalisées dans la forêt sèche sur dune de Badrala (partie
Nord de la station) afin de faire ressortir les différents types phénologiques et la
saisonnalité des différentes phénophases des arbres de cette forêt. Trois (3)
plots de 2000m2 ont été montés dans la forêt et dans chaque plot, tous les
arbres à DHp ≥10cm sont numérotés et des paniers collecteurs de litières sont
installés suivant un transect de 200m. La phénologie des arbres a été suivie
pendant une année grâce à des observations directes de chaque individu et à
l’analyse des litières qui sont collectées tous les 15 jours. Le taux des espèces
en fleurs varie en fonction de la saison, la période de floraison maximale des
espèces se produit au début de la saison humide, avant l’apparition des feuilles.
La fructification ne présente pas de grande variation saisonnière. La
défeuillaison est assez importante au milieu de la saison sèche.

Mots clés : suivi phénologique, plantes consommées, Propithecus coronatus,


forêt sèche, Badrala, Station Forestière à Usage Multiple d’Antrema,
Madagascar

1- INTRODUCTION
Propithecus coronatus ou « Sifaka » couronné est considéré depuis
longtemps comme en danger d’extinction (A2) sur la liste rouge de l’IUCN
(Mittermeier et al., 1994) et sa distribution est limitée aux forêts caducifoliées du
Nord Ouest de la grande île, en particulier entre les rivières Betsiboka et
Mahavavy. Les connaissances sur les habitats de ce Lémurien, en particulier la
phénologie des espèces végétales, sont insuffisantes. Pourtant, ces données
sont importantes dans l’étude de l’alimentation de l’espèce. La phénologie
permettra d’analyser les contraintes énergétiques particulières dans le milieu et

- 142 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

les limites dans lesquelles ces Lémuriens ont co-évolué avec les espèces
végétales. A cet effet, une hypothèse a été émise : la densité de « Sifakas »
élevée est-elle permise par une phénologieavec beaucoup d’espèces qui
fleurissent et qui fructifient toute l’année ou par des décalages de phénologie
entre espèces assurant une bonne disponibilité pendant les saisons plutôt
considérées comme typiques de la raréfaction alimentaire ?

Du point de vue de leur régime alimentaire, les « Sifakas » couronnées


sont folivores et frugivores. Plus de 90% de l’alimentation de ce Lémurien sont
constitués par des feuilles quelque soit la saison (Ramanankirahina, 2004). La
question qui se pose est de savoir comment Propithecuscoronatussatisfait-il
ses besoins trophiques dans une forêt littorale sèche? Ce travail a donc comme
principal objectif de fournir une base de données phénologiques pour compléter
les études déjà réalisées sur l’alimentation de ce Lémurien.

2- MILIEU D’ETUDE
La station forestière à usage multiple d’Antrema est localisée dans la
province de Majunga, région Boeny, dans la commune rurale de Katsepy, du
Fivondronampokontany de Mitsinjo et du Fokontany d’Antrema. Elle se trouve à
12 km du village de Katsepy et couvre une superficie de 12270ha dont 1000ha
de parc marin et 11270ha de terre ferme. (Gauthier et al., 1999) (Annexe 1). La
station repose sur un bassin sédimentaire le long d’une côte basse alluviale et
uniformément sableuse (Besairie, 1966).

La région est soumise à un climat tropical sec de type bioclimatique


subhumide chaud (Morat, 1973) (Annexe 2), caractérisée par la présence de
deux saisons bien distinctes : la saison sèche et fraîche, la saison humide et
chaude.

La végétation climacique est représentée par des forêts denses sèches


caducifoliées.

3- MATERIELS ET METHODES
Suite aux études déjà menées dans les sites fréquentés par
Propithecus coronatus, le présent travail a été conduit sur un nouveau site, la
forêt sèche de Badrala. Ainsi, 3 plots de suivi de 2000m2 (10m x 200m) ont été
montés dans les endroits les plus fréquentés par les groupes de propithèques,
sujet de l’étude.

Pour le suivi de la phénologie, des observations directes ont été


effectuées pendant les différentes saisons dans les 3 plots de suivi. Dans
chaque plot, des arbres ou arbustes avec un Diamètre à Hauteur de poitrine
(DHp) supérieur à 10cm sont individualisés par un numéro. De plus, des
collecteurs de litières disposés dans chaque parcelle (20 collecteurs, installés à

- 143 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

1m30 du sol) ont permis, grâce à l’analyse de leur contenu, de suivre toute
l’année la saisonnalité de la floraison et de la fructification. Le contenu de
chaque collecteur est ramassé tous les 15 jours.

Pour les observations directes, les différents « stades phénologiques » :


la feuillaison, la floraison et la fructification avec estimation de la quantité de
feuilles, de fleurs et de fruits de chaque pied ont été notées à chaque relevé.

4- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4-1- Cycle phenologique des arbres
Au total, 417 individus à DHp ≥10cm.ont été suivis pendant une année
dans les 3 plots.


Feuillaison et défeuillaison
a) Saison sèche
 Au niveau des individus
Au début de la saison sèche (Mai), 5,12% des individus en état
végétatif n’ont pas de feuilles, 5,19% présentent encore des jeunes feuilles et
87,26% sont à feuilles matures (figure 1a).

En pleine saison sèche (Juillet), le taux d’individus sans feuilles


augmente jusqu’à 7,43% alors que le taux d’individus présentant des jeunes
feuilles est réduit de moitié (2,48%) (Figure 1b).

91,95%
87,26% individus sans individus sans
feuilles feuilles
individus à feuilles individus à feuilles
jeunes jeunes
individus à feuilles individus à feuilles
matures matures
5,19%
5,12% 2,48% 7,43%

a : Au début de la saison sèche b : En plein saison sèche

Figure 1 : Pourcentage d’individus sans feuilles, à feuilles jeunes et à


feuilles matures en période sèche

 Au niveau des espèces


Au cours du mois de Mai, période correspondante au début de la
saison sèche, seulement 2 espèces sont complètement défeuillées,
Operculicarya gummifera et Pachypodiumrutembergianum. Ce nombre
augmente au mois de Juillet, 14 espèces soit 25,8% sont défeuillées. En plus
de Operculicarya gummifera et Pachypodiumrutembergianum, plusieurs autres
espèces sont défeuillées, à savoir : Cratevaexcelsa, Syzygiumsakalavarum,

- 144 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Rauvolfiamedia, Strychnosdecussata, Uvariaacuminata, Eucliniasuavissima,


Majideazanguebarica, Capurodendrongracilifolium, Grewialavanalensis,
Memecylondelphinense, Allophyllus sp. et Mimusopssp. La sécheresse pendant
cette période (Mai à Juillet) a favorisé la chute des feuilles de ces arbres.

b) Saison humide
 Au niveau des individus
Au début de la saison humide (en Novembre), 59,5% des individus
sont en état végétatif : 6,27% sont encore défeuillés, 4,6% présentent des
bourgeons foliaires au niveau de l’apex, 18,4% à nouvelles feuilles jeunes et
70,7% à feuilles matures (Figure 2a).

A la fin de la saison humide (en Avril), 10,8% des individus en état


végétatif sont à feuilles jeunes (nouvelles) et 89,2% en feuilles matures ; aucun
individu sans feuilles et à bourgeon foliaire n’est observé (Figure 2b).

70,70% individus sans 89,20%


individus sans
feuilles feuilles
individus à individus à
bourgeons foliaires bourgeons foliaires
individus à feuilles individus à feuilles
18,40% jeunes jeunes
4,60% 6,27% individus à feuilles individus à feuilles
matures 10,80% 0% 0% matures

a : Au début de la saison humide b : A la fin de la saison humide

Figures 2 : Pourcentage d’individus sans feuilles, à feuilles jeunes et à feuilles


matures en période humide

 Au niveau des espèces


Au début de la saison humide (Novembre), seulement 7 espèces soit
12% gardent leur état complètement défeuillé, cas de Rauvolfiamedia,
Crataevaexcelsa, Eucliniasuavissima, Uvariaacuminata, Grewiagrandulosa,
Drypetes perrieri et Bridelia tulasnaena. Des espèces à nouvelles feuilles
jeunes (comme Gardenia decaryi, Strychnos decussata, Terminalia taliala) et à
nouveaux bourgeons foliaires sont aussi observées pendant cette période. Les
pluies (même en quantité assez faible) vers la fin de la saison sèche, au mois
de Septembre (11mm) et Octobre (16mm) ont déclenché la feuillaison de ces
espèces (Figure 3).

- 145 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

16 450
14 400

Nombre des espèces

Précipitation (mm)
12 350
300
10
250
8
200
6
150
4 100
2 50
0 0
M J J A S O N D J F M A M J
Mois

nombre des espèces défeuillées Précipitation (mm)

Figure 3 : Défeuillaison des espèces ligneuses et pluviométrie (Mai


2008 à Juin 2009)

La diminution de la température (jusqu’à 24°C) vers les mois de Juin et


Juillet déclenche la chute des feuilles de ces espèces pendant le mois de Juillet
(Figure 4).

16 29,0
14 28,0
Nombre des espèces

Température (°C)
12 27,0
10
26,0
8
25,0
6
4 24,0

2 23,0
0 22,0
M J J A S O N D J F M A M J
Mois

nombre des espèces défeuillées Température (°C)

Figure 4 : Défeuillaison des espèces ligneuses et température (Mai


2008 à Juin 2009)

I.1.2- Floraison

La floraison est définie comme étant le développement des différentes


pièces florales d’une espèce végétale. Le taux de floraison des espèces varie
en fonction de la saison (Tableau 1). Les observations effectuées pendant les
périodes sèches (en Mai et Juillet 2008) ont montré que ce taux varie de 5 à
7%. Au début de la saison humide (en Novembre), 55% des espèces sont en
phase de floraison. Vers la fin de la saison humide, le taux est seulement de
7%.

- 146 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 1 : Pourcentage des espèces en fleurs en fonction de la


saison

Saison sèche Saison humide


Saisons
Début mi Début Fin
Taux de floraison
des espèces (%) 7 5 55 7
La variation du nombre d’espèces en fleurs en fonction de la
pluviométrie est donnée par la figure 5.

35 450
30 400
Nombre des espèces

Précipitation (mm)
350
25
300
20 250
15 200
150
10
100
5 50
0 0
M J J A S O N D J F M A M J
Mois

nombre des espèces en fleur Précipitation (mm)

Figure 5 : Floraison des espèces ligneuses et pluviométrie (Mai 2008 à


Juin 2009)

L’augmentation de la température vers les mois d’Octobre et Novembre


(jusqu’à 29°C) favorise la floraison de la majorité des espèces au mois de
Novembre (Figure 6).

35 29,0
30 28,0
Température (°C)
Nombre des

25 27,0
espèces

20 26,0
15 25,0
10 24,0
5 23,0
0 22,0
M J J A S O N D J F M A M J
Mois

nombre des espèces en fleur Température (°C)

Figure 6 : Floraison des espèces ligneuses et variations des


températures

(Mai 2008 à Juin 2009)

- 147 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Le début de la saison de pluie correspond donc à la période de


floraison maximale.
• Fructification
D’après les relevés effectués, la fructification ne présente pas une
grande variation saisonnière. Pendant la saison sèche, le taux de fructification
des espèces varie de 21 à 26% et il varie de 17 à 31% pour la saison humide
(Tableau 2).

Tableau 2: Pourcentage des espèces en fruits en fonction de la saison

Saison sèche Saison humide


Saisons Début Pleine Début Fin
Taux de fructification des espèces (%)
21 26 31 17
La précipitation et la température ne présentent pas d’influences
prépondérantes sur la fructification. Le nombre d’espèces en fruits est élevé
pendant les périodes sèches (Juillet) et au début de la saison humide
(Novembre). 15 à 18 espèces (soit 26 à 31%) sont en fruits pendant ces
périodes (Figure 7). La pluviométrie ne semble pas avoir de grande influence
sur la fructification des espèces ligneuses.

20 450
18 400
Nombre des espèces

Précipitation (mm)
16 350
14 300
12
250
10
200
8
6 150
4 100
2 50
0 0
M J J A S O N D J F M A M J
Mois

Nombre des espèces en fruit pluviométrie

Figure 7 : Fructification des espèces ligneuses et pluviométrie (Mai


2008 à Juin 2009)

Le nombre d’espèces en fruits est indépendant de la variation des


températures (Figure 8). Ainsi, la température ne semble pas avoir une grande
influence sur la fructification desespèces.

- 148 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

20 29,0
18
28,0

Nombre des espèces


16

Température (°C)
14 27,0
12 26,0
10
8 25,0
6 24,0
4
23,0
2
0 22,0
M J J A S O N D J F M A M J
Mois

nombre des espèces en fruit Température (°C)

Figure 8 : Fructification des espèces ligneuses et température (Mai


2008 à Juin 2009)

Les variations du taux d’individus sans feuilles, à feuilles jeunes, à


feuilles matures, en fleurs et en fruits pendant les différentes périodes
d’observations sont récapitulées dans le tableau 3.

Tableau 3 : Récapitulation de la variation des taux de la phénologie en


fonction de la saison

Périodes Saison sèche Saison humide


Taux (%) Début mi Début Fin
Individus sans feuilles 5,12 7,43 6,27 0
Individus à feuilles jeunes 5,19 2,48 18,4 10,8
Individus à feuilles matures 87,26 91,95 70,7 89,2
Individus en fleurs 7 5 55 7
Individus en fruits 21 26 31 17

5- DISCUSSION
La forêt de Badrala présente une certaine particularité par la feuillaison
de beaucoup d’espèces pendant la saison sèche, cette particularité peut être du
à l’humidité du littoral dans le site. Mais en général, la forêt détient une
ressemblance avec les autres types de forêts de Madagascar pour la
défeuillaison et la floraison (Rajeriarison, 1984).

Concernant la phénologie et le régime alimentaire, Propithecus


coronatus est un herbivore et il se nourrit essentiellement de feuilles (folivore) et
de fruits (frugivores). D’après les travaux réalisés dans la forêt de Beakama
(forêt dense sèche sur dune) à Antrema, les feuilles sont les bases du régime
alimentaire.En plus des feuilles, le Lémurien consomme les fruits et les fleurs
pendant la saison de pluies alors que pendant la saison sèche, ils se contentent
de l’écorce, des bourgeons et de feuilles (Ramanankirahina, 2004). Cette

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

variation saisonnière du régime alimentaire est fonction de la phénologie des


plantes. Ainsi, pendant la saison sèche, la majorité des plantes est défeuillée
partiellement ou complètement, alors pour subvenir à leurs besoins
alimentaires, les Propithèques consomment des feuilles d’autres espèces
comme, les feuilles d’Operculicarya gummifera.

Dans la réalisation des travaux, pour les observations proprement dites


en forêt, un certain nombre de difficultés se présentent pour l’observateur.
Ainsi, pour certaines espèces, Abrahamia sp., Vitex beraviensis etc., pour
lesquelles la floraison a lieu en même temps que la feuillaison, il est parfois
difficile de distinguer les organes floraux et les fruits dans les houppiers.
L'apparition simultanée des boutons floraux et des bourgeons foliaires entraîne
parfois des confusions. C’est le cas de Grewia grandulosa.

Il est à noter aussi que les observations sont insuffisantes pour


déterminer les types phénologiques.

6- CONCLUSION
Les études ont permis d’obtenir de nombreuses informations sur la
phénologie des arbres de cette forêt. Les différentes phénophases sont
fonctions de la saison.

Les variations saisonnières des différentes phénophases n’influent pas


beaucoup sur l’alimentation des « Sifaka » dans cette forêt sèche sur sable de
Badrala. Ainsi, la densité encore élevée de ces Lémuriens dans ce site peut
être dû à la disponibilité de la nourriture, même pendant les périodes les plus
critiques (saison sèche).

Les études réalisées jusqu’à aujourd’hui sur l’alimentation des


propithèques couronnés dans la Station ont montré que les forêts existantes
peuvent encore leur offrir les types d’aliments dont ces Lémuriens ont besoin et
ils ont su s’adapter à cette variation saisonnière de la phénologie des plantes.

Il est à noter que les résultats obtenus jusqu’ici sur la phénologie ne


sont que des donnés préliminaires. De ce fait, des études plus approfondies
s’avèrent indispensables pour compléter ces données. La même étude devrait
être réalisée dans d’autres sites habités par ce Lémurien.

REMERCIEMENTS
En témoignage de notre profonde reconnaissance, nous tenons à
adresser nos remerciements les plus sincères à des nombreuses personnes et
institutions, tels que la SFUM et son équipe ; le Muséum National d’Histoire
Naturelle de Paris qui nous a soutenu matériellement et financièrement ; le
Département de Biologie et Ecologie Végétales qui a beaucoup contribué à la

- 150 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

rédaction et à la finalisation de cette publication ; et tous ceux qui ont de près


ou de loin apporté leur aides.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Besairie, H., 1966. La géologie du bassin de Majunga à Madagascar. Service
de la géologie. Document n°172. 285 p.

Gauthier, C.A., Deniaud, J.L., Rakotomalala, M., Razafindramanana, S.,


1999. Observation de trois (3) espèces et sous espèces de Lémuriens
dans des mangroves au Nord Ouest de Madagascar. XIème colloque de
la société Francophone de Primatologie. Paris. 98 p.

Mittermeier, I., Constant, W.R., Meyer, M. 1994. Lemurs of Madagascar.


Conservation International. New York. 356 p.

Rajeriarison, C., 1984. Influences des formations végétales Malgaches et des


principaux facteurs climatiques dans la composition des flux polliniques
atmosphériques de la Région de Tananarive (Madagascar), au cours de 3
cycles annuels (1979, 1980 et 1981).Doctorat. Univ. Des Sciences et
Techniques de Languedoc. 150p.

Ramanankirahina, R., 2004. Rythme d’activité et régime alimentaire de


Propithecus coronatus et d’Eulemur mongoz dans la Station Forestière
d’Antrema. Mémoire de DEA. Département de Biologie Animale. Faculté
des Sciences. Université d’Antananarivo. 78 p.

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXES

ANNEXE 1 : Carte de localisation de la Station Forestière à Usage Multiple d’Antrema

ANNEXE 2 : Données climatiques recueillies entre 2000 et 2008 dans la Station


Forestière d’Antrema

Mois J F M A M J J A S O N D
P (mm) 484,5 312,2 164,3 45,9 11,7 1,03 2,4 0,5 2,5 13,4 111,2 268,2
J 28 19 9 3 1 1 1 1 2 3 7 17
Tm max (°C) 31,08 30,76 32,34 33,28 32,56 31,07 31,13 31,83 32,3 33,67 33,06 31,04
Tm min (°C) 24,42 24,34 24,32 23,2 21,6 19,1 22,05 19,02 20,9 22,45 24,1 24,3
T moy (°C) 27,87 27,77 28,37 28,33 27,13 25,33 26,45 25,35 26,8 27,9 28,3 27,9
Source : Service de la météorologie Ampandrianomby (ANTANANARIVO)

P (mm) : précipitation en mm T mmax (°C) : températures moyennes maximales en


J : nombre de jours de pluie °C
T mmin (°C) : températures moyennes minimales en °C
T moy (°C) : températures moyennes en °C

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE 3: Liste floristique des espèces suivies dans la forêt sèche de Badrala

Nom
FAMILLE Nom scientifique Affinité
vernaculaire
ANACARDIACEAE Abrahamia sp._AH7169 Manavodrevo
Operculicarya gummifera Atokonjo
Uvaria acuminata
ANNONACEAE Xylopia bemarivensis Kipindropindro
Pachypodium rutembergianum Vontaka
APOCYNACEAE
Rauvolfia media Tsilanimboana
Tabernaemontana coffeoides Mamalipolaly
BRASSICACEAE Boscia plantefolii End. Maroaka
Crateva excelsa Bevoa
CANNELACEAE Cinnamosma fragrans End. Motrobeantinana
COMBRETACEAE Terminalia boivinii End. Amaninomby
Terminalia taliala Taliala
Diospyros angustifolia Ledoledo
EBENACEAE
Diospyros cupulifera End. Pingo
Diospyros ferrea End. Belomboka
Bridelia pervilleana Kitata
Croton sp._M1714 Manaranjia
Drypetes sp._M1732 Taipapango
EUPHORBIACEAE
Euphorbia antso Samanta
Phyllanthus sp._M1740 Koropokala
Securinega seyrigii Natolahy
Baudouinia fluggeiformis End. Manjakabentany
Bussea perrieri End.
Cadia sp.
FABACEAE
Chadsia flammea Fanamohazo
Neoapaloxylon madagascariense Kolohoto
Vaughania perrieri Kifaitrovavy
Strychnos decussata Afr.-Mad. Hazomby
LOGANIACEAE
Strychnos madagascariensis End. Vakakoa
Tsilaitra
MELASTOMATACEAE Memecylon delphinense maintindravina
Warneckea sp._AH7234 Warneckea
MELIACEAE Astrotrichilia asterotricha Andranoky
MORACEAE Trilepisum occidentalis End. Kililo
Eugenia sp._M1724
MYRTACEAE
Syzygium sakalavarum Motsovavy
OCHNACEAE Ochna sp._AH7157 Boramenabe
Trop.-Asie-
OLACACEAE
Anacolosa perveilleana Afr. Maivalafika
OLEACEAE Noronhia boinensis End. Tsilaitrabe
PEDALIACEAE
Uncarina decaryi Tabotabo

RUBIACEAE Euclinia suavissima Voalitsaka


Gardenia decaryi Sofinakomba

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE 3: Liste floristique des espèces suivies dans la forêt sèche de Badrala (suite).

RUTACEAE Cedrelopsis greveii End. Katrafaibe


Allophyllus sp._M1706 Ampoly
Camptolepis sp._M1738 Hazontsovaka
SAPINDACEAE
Doratoxylon chouxii Antsingeny
Lepisanthes senegalensis Tapapoasy
Macphersonia gracilis Antsingeny lahy
Majidea zanguebarica Menavoa
SAPINDACEAE M1734
Capurodendron gracilifolium Natovavy
SAPOTACEAE
Mimusops occidentalis End. Natofotsy
Mimusops sp. Arbre 89 sur T1
SPHAEROSEPALACEAE Rhopalocarpus lucidus Hazondrengitry
TILIACEAE Grewia glandulosa Sely vato
Grewia lavanalensis Zorotanto
Vitex beraviensis End. Mojiro
VERBENACEAE
Vitex perrieri End. Malazovoavy
(End. : Endémique, Trop. : Tropicale, Afr. : Afrique, Mad. : Madagascar)

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ETUDE DE LA VEGETATION, MICRO HABITAT PREFERENTIEL


DE Pyxis arachnoïdes DANS LA ZONE LITTORALE DE
TOLIARA –MOROMBE
SolonombànaKolyVITANTSOA, Agnès RADIMBISON, Edmond ROGER
BP. 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des sciences. Université
d’Antananarivo.

RESUME
La présente recherche porte sur la caractérisation des micro-habitats de
Pyxis arachnoïdes et la détection des types de végétations préférentielles de
Pyxis arachnoïdes. Cinq types de formations ont été choisis: le bas fourré sur
sol calcaire, le bas fourré sur sol sableux, le haut fourré xérophile, la formation
de transition (entre les fourrés du Sud et la forêt dense sèche de l’Ouest) et la
formation ripicole. Ces formations sont toutes fréquentées par Pyxis
arachnoïdes mais le nombre de tortues rencontrés est différent selon la
formation. La formation ripicole de Lamboara- Befandefa est considérée comme
le préférendum de Pyxis arachnoïdes. Le bas fourré xérophile sur sol sableux
est considéré comme la zone optimale de Pyxis arachnoïdes. L’intervalle de
tolérance pour cette espèce correspond au reste des formations étudiées qui
sont le haut fourré xérophile, la formation de transition, et le bas fourré
xérophile sur sol calcaire. Les formations étudiées sont toutes dégradées, mais
en bon état de santé de régénération sauf pour la formation de transition. Une
perturbation, qui peut être due à la présence de l’espèce introduite Acacia
bellula et aux actions anthropiques a été notée dans cette formation de
transition.

Mots clés : Pyxis arachnoïdes, Sud ouest de Madagascar, fourré, végétation


préférentielle, micro- habitat

1. INTRODUCTION
La région de Toliara présente un certain nombre de caractéristiques
écologiques remarquables, tant par la nature que par la diversité des
écosystèmes qui y sont représentés. Cette diversité des écosystèmes favorise
la diversification de la faune et de la flore dont la majorité est endémique
(Commissariat au Développement intégré du Sud, 1993). Cependant, plusieurs
menaces telles que la déforestation, les feux de brousse, la pratique du
« hatsake » et la surexploitation pèsent sur cette diversité unique Ces
menaces, liées aux activités humaines entraînent un déséquilibre de
l’écosystème qui se traduit par la diminution rapide des surfaces forestières, la
dégradation et la destruction des habitats naturels (FIMAMI, 2003). Tout ceci

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

peut conduire à l’extinction des espèces et même des communautés entières


(Richard, et Ratsirarson, 2005).

Ainsi, plusieurs espèces d’animaux et de végétaux endémiques de


Madagascar sont classées dans la liste rouge de l’UICN.

Dans cette liste, 17 sur 312 espèces de reptiles endémiques de l’île


comme Pyxis arachnoïdes sont menacés (Rabarisoa et al., 2007).

Pyxis arachnoïdes est une tortue terrestre endémique de Madagascar


appartenant à la famille des Testudinidae (Annexe I). Cette espèce est classée
« Vulnérable » dans la liste rouge de l’IUCN (2003) et inscrite dans l’Annexe II
de la CITES depuis 1975.
A l’issue de l’atelier CAMP organisé par l’UICN en mai 2001, des
propositions de changement de statut de Pyxis arachnoïdes ont été avancées.
Il a été recommandé de changer le classement de l’espèce, de « vulnérable » à
« En danger » et de transférer l’espèce de l’Annexe II à l’Annexe I de la CITES
(UICN, 2001). Il faut noter que touted les tortues malgaches sont dans Annexe I
depuis 2010. Ainsi, il est nécessaire de collecter des données sur son habitat
afin d’améliorer sa conservation.
L’objectif de cette étude est la caractérisation écologique des micro-
habitats de Pyxis arachnoïdes et la détection destypes de végétations
préférentielles de la tortue. L’ensemble des données recueillies fournira des
informations sur l’habitat de l’espèce et permettra de connaître les mesures à
prendre afin d’assurer une conservation durable de l’espèce et de son habitat.
2. MILIEU D’ETUDE
Le présent travail a été mené dans la région Atsimo Andrefana de
Madagascar, de Belalanda Toliara à Morombe, le long du littoral. Belalanda est
située à 5 km au Nord de la ville de Toliara.

La zone d’étude est incluse dans la forêt des Mikea. Cette zone est
soumise à un bioclimat sub aride sec et semi aride caractérisé par une
température moyenne de 25°3C, des précipitations allant de 0,133 à 202,2 mm
et 8 mois écologiquement secs.

La partie occidentale de la forêt des Mikea fait partie du domaine du Sud


dont la végétation climacique est un fourré à Didiereaceae et à Euphorbia sp.
(Koechlin et al, 1974). 3 types de fourrés ont été déterminés par Razanaka en
1995 : basfourré xérophile sur sol calcaire, bas fourré xérophile sur sol sableux
et haut fourré xérophile.

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

La partie orientale est incluse dans le domaine de l’Ouest, avec une forêt
dense sèche de l’Ouest, appartenant à la série à Dalbergia, Commiphora et
Hildegardia.

Les fourrés passent d’une forme littorale la plus xérique à une forme de
transition qui sépare la partie occidentale de la forêt des Mikea de sa partie
orientale.

3. METHODES D’ETUDE
Cette étude vise essentiellement à assurer la conservation durable de
Pyxis arachnoïdes. Ainsi, il est indispensable de connaître la biologie et la
distribution de cette espèce ainsi que l’état de son habitat. Les sites d’étude
sont délimités en fonction de la présence de la tortue.

Les méthodes appliquées sont celles basées sur les méthodes d’étude
des animaux notamment celles des reptiles. L’établissement du transect
d’étude diffère donc légèrement de celui utilisé normalement en écologie
végétale. Il a fallu adapter les 2 méthodes pour étudier l’habitat de Pyxis
arachnoïdes.

3.1. Collecte des données


3.1.1. Enquêtes
Des enquêtes ont été menées dans le but d’obtenir des informations :

d’une part, sur Pyxis arachnoïdes (sa présence ou non


dans les sites d’étude, sa nourriture, ses sites de repos et son habitat ; les
menaces qui pèsent sur l’animal).
d’autre part, sur les plantes les plus utilisées et les plus
connues par la population locale afin de voir les impacts des collectes sur
l’habitat et la disponibilité en source de nourriture pour Pyxis arachnoïdes.
Les sites d’étude sont déterminés en fonction de la présence de la tortue
dans le littoral de Toliara jusqu’à Morombe. L’échantillonnage stratifié a été
utilisé pour découper la zone d’étude en unités écologiques qui représentent les
sites d’étude.

Le logiciel utilisé est Arc GIS 9.2.

3.1.2. Méthodes d’étude de la flore et de la végétation

Un transect est considéré comme un sentier, souvent long de plusieurs


kilomètres, qui traverse la zone d’étude en son milieu dans le sens de la
longueur. Il permet d’étudier lavégétation, de compter les tortues et les foyers
de charbons rencontrés dans chaque site d’étude.

- 157 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Pour connaître les micro-habitats des tortues, 2 méthodes ont été utilisées :
la méthode de Placeau de Braun Blanquet et la méthode de Luisseli et Fillipi
(2006).

Les deux méthodes combinées donnent la méthode de cercle


concentrique en un point. Ainsi, un cercle de 10 m de rayon a été monté à
chaque fois que l’on rencontre une tortue. Les relevés écologiques ont été
effectués à l’intérieur de ce cercle. Ce cercle constitue une placette ou un plot.
Les plots appartenant à une même formation ont été regroupés pour former un
placeau (Figure 6). Le placeau a été monté dans 5 types de formations: bas
fourré xérophile sur sol calcaire, bas fourré xérophile sur sol sableux, haut
fourré xérophile, formation de transition et formation ripicole.

Figure 1 : Disposition du placeau

Pour chaque relevé, les paramètres physiques, écologiques et


floristiques ont été considérés :

3.2. Analyse des données

3.2.1. Structure verticale

La méthode de Godron (1983) a été adoptée pour étudier la structure


verticale. Elle consiste à établir une image réelle représentant l’ensemble de la
végétation. Dans chaque plot, une ligne représentée par une corde tendue
suivant le diamètre a été montée. Tous les individus touchant la ligne et tous les
individus se trouvant à 1m de part et d’autre de la ligne ont été schématisé
pour obtenir le profil schématique de la végétation étudiée (Figure 1).
Lescaractéristiques de la végétation étudiée telles que la physionomie, le
recouvrement, et la répartition des individus ont été déduites de ce profil
schématique.

- 158 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

3.2.2. Structure horizontale

Elle exprime la distribution des espèces végétales à la surface du sol et


se traduit par la fréquence relative, l’abondance relative et la densité.

• La fréquence relative d’une espèce (Fp) est exprimée par le


pourcentage des plots contenant l’espèce par rapport au nombre total de plots
(Greig Smith, 1964).

Fp(%) = (Ni /N) x 100

Où Ni est le nombre de plots contenant l’espèce et N est le nombre total de plots


• L’abondance relative (Ar) est le pourcentage d’individus
d’une espèce par rapport au nombre total d’individus des relevés (Godron et al.,
1983).
Ar (%)= (Ni / N) x 100

Ni : nombre d’individus d’une espèce ;

N : nombre total des individus de toutes les espèces rencontrées


dans les relevés.

• La densité peut être appréciée au niveau spécifique ou au


niveau d’un peuplement. Ainsi, on distingue :
- la Densité spécifique : rapport entre le nombre total d’individus
d’une espèce et la surface totale des relevés.
• la Densité du peuplement : rapport entre le nombre total des
individus des espèces inventoriées et la surface totale des relevés. Elle exprime
le taux de remplissage d’une station donnée.
• Dans le cadre de cette étude, le recouvrement des espèces a été
utilisé pour définir les espèces dominantes.

3.2.3-étude de la régénération naturelle

Pour évaluer le potentiel de régénération de chaque type de formation,


tous les individus semenciers et régénérés se trouvant dans chaque plot ont été
comptés. La phénologie est le paramètre choisi pour différencier les individus
semenciers des individus régénérés. Les individus semenciers sont les
individus capables de se reproduire (UICN, 2000). Ils portent des fleurs et /ou
des fruits. Les individus régénérés sont les individus en phase de croissance
c’est-à-dire ne portant pas de fruits ni de fleurs.

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Le rapport ramené en pourcentage entre le nombre des individus


régénérés (Ni) et semenciers (Na) donne le taux de régénération (TR) (Rothe,
1964).

TR%= Ni / Na x100

Le potentiel de régénération est évalué en tenant compte du taux de


régénération (TR) et des pressions dans la formation étudiée.

Si TR est compris entre 0 à 99 %, la régénération


de la formation est mauvaise ;
TR entre 100 à 999 %, la régénération est bonne ;
TR supérieur à 1000 %, le potentiel de régénération
de la formation est élevé.
La santé de régénération de la formation est déduite de la courbe de la
répartition des individus par classe de diamètre. Quatre (4) intervalles de
diamètre ont été adoptés :
Intervalle 1 : 0,5 ≤ Ø < 2,5cm ;
Intervalle 2 : 2,5 ≤ Ø < 5 cm ;
Intervalle 3 : 5 ≤ Ø < 7,5 cm ;
Intervalle 4 : 7,5 ≤ Ø < 10 cm.

La fréquence des troncs par classe de diamètre est traitée avec Excel
pour donner un histogramme dont l’allure servira à interpréter l’état de la
formation. L’allure de référence est celle d’un « J » inversé, qui est l’allure
normale pour une formation en bonne santé (Rollet, 1969).

La santé de régénération de la formation est déduite de la courbe de la


répartition des individus par classe de diamètre. L’allure de référence est celle
d’un « J » inversé, qui est l’allure normale pour une formation en bonne santé.

4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4.1 Résultats des enquêtes ethnobotaniques

Cinquante six (56) personnes ont été enquêtées: 5 maires, 9 chefs


Fokontany, 8 guides, 22 habitants locaux et 12 personnes rencontrées dans
les forêts. Elles ont donné des informations d’une part, sur ladistribution, les
heures d’activités, le site de repos et l’habitat de Pyxis arachnoides, la
nourriture et les menaces qui pèsent sur elle et d’autre part,sur l’utilisation des
ressources forestières par la population locale.

- 160 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4.2. Informations obtenues sur pyxis arachnoïdes


4.2.2. Distribution
La présence de Pyxis arachnoïdes est liée à certaines
conditions :

Végétation peu dense avec présence de sols nus ;


Végétation formée par de petits arbustes (environ 2 à 4 m
de hauteur) et ouverte. Pyxis arachnoïdes préfère surtout les buissons ;
Sol sableux, surtout avec de gros grains de sable.
Pyxis arachnoïdes ne se rencontre pas dans des formations très
dégradées. Les enquêtes ont prouvé qu’elle y a vécu auparavant. Ces
dégradations sont dues soit par les nombreux foyers de charbon, soit par les
coupes, soit par les feux de brousse et les collectes abusives. Ces dernières
ont provoqué l’extermination de la tortue dans certaines formations.
4.2.2. Heures d’activites
La tortue ne supporte pas la chaleur torride de la journée. Pyxis
arachnoïdes sort le matin de 6h à 10h30. Puis, elle s’abrite sous les petits
arbustes ou sous les buissons pour se reposer ; elle ne reprend ses activités
que vers 15h de l’après midi jusqu’aux environ de 18h.
4.2.3. Site de repos et habitat de la tortue
La tortue se repose en général sous un buisson de 0,5-1 m de
hauteur ayant un recouvrement d’environ 5 à 10 %. De tels buissons
constituent donc son habitat.
Certaines plantes sont utilisées à la fois comme nourriture et abri :
Chadsia grevei, Commiphora simplicifolia, Securinega capuronii et Grewia
calvata (tableau1). Ces 4 espèces lui sont donc très utiles.
L’indice d’utilisation des espèces utilisées seulement comme
source de nourriture par Pyxis arachnoïdes est compris entre 8,93 % et 42,86
%. Actuellement, ces plantes sont abondantes et leur collecte ne présente
aucun effet sur la disponibilité en source de nourriture pour Pyxis arachnoïdes.
L’indice d’utilisation des espèces utilisées comme site de repos est
compris entre 42,86 % et 100 %, ces plantes sont donc connues ou très
connues et utilisées ou même très utilisées par la population pour ses besoins
quotidiens. Ceci peut présenter des effets négatifs sur l’habitat de Pyxis
arachnoïdes. En effet, la collecte de ces plantes peut dégrader ou même
détruire l’habitat de la tortue.
Les espèces utilisées par Pyxis arachnoïdes, à la fois comme
source de nourriture et comme site de repos, ont des indices d’utilisation
compris entre 60,71 % et 80, 36%. Ces plantes sont aussi très utilisées par la
population locale.

- 161 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4.2.4 Nourriture
Pyxis arachnoïdes est frugivore mais ne possède pas de régime strict.
Elle mange presque tous les fruits qui se trouvent dans son habitat et qui
tombent sur le sol (Tableau 1). Son régime alimentaire varie en fonction de la
saison selon les fruits disponibles.
Le tableau 1 donne la liste des plantes utilisées par Pyxis arachnoïdes
comme nourriture et/ou comme abri.
Tableau 1 : Utilisation des plantes par Pyxis arachnoïdes

Types d’utilisations Indice


Nom Scientifique Famille d'utilisation
Nourriture Site de repos
I(%)
Astrotrichilia elliotii MELIACEAE + 8,93
Chadsia grevei FABACEAE + + 80,36
Clerodendron sp. VERBENACEAE + 42,86
Commiphora simplicifolia BURSERACEAE + + 60,71
Commiphora sp1 BURSERACEAE + 51,79
Combretum grandidieri COMBRETACEAE + 48,21
Cordia mairei BORAGINACEAE + 35,71
Croton geayi EUPHORBIACEAE + 42,86
Dalbergia sp2 FABACEAE + 44,64
Dicoma carbonaria ASTERACEAE + 51,79
Didierea madagascariensis DIDIEREACEAE + 100
Diporidium baronii OCHNACEAE + 42,86
Erythroxylum leandrianum ERYTROXYLLACEAE + 57,14
Euphorbia stenoclada EUPHORBIACEAE + 100
Flacourtia indica SALICACEAE + 26,79
Gagnebina commersoniana FABACEAE + 48,21
Grewia calvata TILIACEAE + + 69,64
Grewia geayi TILIACEAE + 75
Grewia grevei TILIACEAE + 87,50
Ruellia albopurpurea ACANTHACEAE + 30,36

Ruellia sp. ACANTHACEAE + 21,43


Securinega capuronii EUPHORBIACEAE + + 66,07
Terminalia ulexoides COMBRETACEAE + 35,71
Zygophyllum depauperatum ZYGOPHYLLACEAE + 57,14

+ : espèce utilisée comme nourriture et/ou abri

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4.2.5. Menaces
La plupart des menaces qui pèsent sur Pyxis arachnoïdessont d’origine
anthropique. Les feux de brousse et la fabrication de charbon détruisent son
habitat. La collecte abusive constitue également une autre menace pour la
tortue. Pyxis arachnoïdes est mangée par la population locale : elle constitue un
plat favori, même les petits enfants en font de la grillade. Cette tortue est aussi
victime de la surexploitation illicite pour le commerce international des animaux
d’agrément.

4.3. Caractéristiques des micro- habitats de pyxis arachnoïdes


Trente (30) sites répartis entre Belalanda Toliara au Sud et Morombe au
Nord (Carte n°1) ont été prospectés. Les tortues ont été rencontrées dans 16
sites sur 30. Les 14 autres sites sans tortues sont utilisés comme témoin et vont
permettre de faire une comparaison des résultats.
4.3.1- Richesse et composition floristique
L’inventaire floristique dans tous les sites a permis de recenser 177
espèces réparties dans 120 genres et appartenant 55 familles.
Les familles les mieux représentées sont les : Fabaceae; Euphorbiaceae;
Rubiaceae ; Asclepiadaceae;Acanthaceae ; Bignoniaceae ; Combretaceae et
Capparidaceae.
L’endémisme est très prononcé dans la zone d’étude avec un taux de 91
%.

4.3.2. Régénération naturelle

La plupart des individus rencontrés dans les différentes formations ont un


diamètre de 2,5cm, mais ils sont classés comme semenciers car ils portent des
fleurs et/ou des fruits.

Le taux de régénération du bas fourré xérophile sur sol calcaire


est de 1100 % : la formation a donc un potentiel de régénération élevé.
La régénération est bonne pour le bas fourré xérophile sur sol
sableux
(TR=337,5 %) et la formation ripicole (254,25 %).

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Carte 1: Localisation des sites d’étude

La figure 2 montre la répartition des individus par classe de diamètre


pour chaque type de formation. Dans le bas fourré xérophile sur sol calcaire
(Figure 2a), le bas fourré xérophile sur sol sableux (Figure 2b), la formation
ripicole (Figure 2c) et le haut fourré xérophile (Figure 2d), l’allure de la courbe
de la répartition des individus par classe de diamètre présente une forme en
« J » renversée, correspondant à un bon état de santé de régénération. Donc
chacune des formations végétales étudiées sont en bonne régénération et
capable de se renouveler.

La formation de transition (Figure 23e) ne présente pas une courbe en


forme en « J » renversé : la perturbation peut être due d’une part, à la présence
d’Acacia bellula, espèce introduite qui commence à envahir cette formation et
d’autre part, aux actions anthropiques. En effet, des coupes ont été observées
dans la formation et une grande partie de la forêt est mise en culture.

- 164 -
II. Statut de conservation,, écologie et écophysiologie végétales

nombre d'individus 400 2000

nombre d'individus
350
300 1500
nombre nombre…
250
d'individus 1000
200
150 500
100
50 0
0 classe de diamètre classe de diamètre
0,5-2,5 2,5-5 5-7,5 7,5-10
2a:0,5-2,5 2,5-5 xérophile
bas fourré 5-7,5 7,5-10
10
sur sol 2b: bas fourré xérophile sur sol
calcaire sableux

40 000 40

nombre d'individus
nombre d'individus

30 000 30 nombre…
nombre…
20 000 20

10 000 10

- 0 classe de diamètre
classe de diamètre
0,5-2,5 2,5-5 5-7,5 7,5-10
10 0,5-2,5 2,5-5 5-7,5 7,5-10
2c: formation ripicole 2d: haut fourré xérophile

20
nombre d'individu

nombre…
10

0 classe de diamètre
0,5-2,5 2,5-5 5-7,5 7,5-10

2e: Formation de transition

Figure 2 : Répartition des individus par classe de diamètre par type de


formation

4.4. Caractérisations écologiques des différents types de formations

4.4.1. Caractérisations écologiques des sites avec tortue

Le tableau 2 résume les caractéristiques écologiques des sites avec


tortues. D’après ce tableau, la richesse floristique des micro-habitats
habitats de Pyxis
arachnoïdes varie de 3 à 45 espèces, avec un taux de recouvrement de 2 à
30%, et une densité de 0,1 à 0,3m². La présence de sol nu a été remarquée.
Les formations, stratifiées ou non, sont ouvertes.

Les litières constituées par des troncs morts sont minces, discontinues
ou parfois même absentes.

Les fourrés sont des formations ouvertes à espèces de petite taille


présentant des caractères particuliers adaptés au climat aride. Les
microphanérophytes et les nanophanérophytes sont
sont abondants et dominants.

- 165 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Quelquefois, des lianes et des thérophytes existent mais en faible pourcentage.


Ces fourrés sont composés de petits buissons, de petits arbustes et d’arbres de
diamètre relativement faible qui constituent les micro-habitats de Pyxis
arachnoides.

Tableau 2 : Tableau récapitulatif des caractéristiques des sites avec


tortue

Formation Haut fourré Formation de Bas fourré sur Bas fourré sur Formation
Caractéristiques xérophile transition sol calcaire sol sableux ripicole
Nombre de site 1 2 5 7 1
Nombre de 1 2 5 7 65
tortues
Type de sol sol sableux sol sableux roux sol calcaire sol sableux roux sol sableux
Altitude roux
94 m 92 à 96m 27 à 44m 10 à 53m 21m
Topographie plane plane plane plane plane
Humidité (%) 45 65 à 71 32 à 71 52,5 72,85
couche couche mince et
Litière formée par des
mince - - discontinue formée
troncs morts
et par des troncs morts
Richesse discontinue
3 familles 7 familles 15familles 25 familles 20 familles
floristique 3 genres 7 genres 18 genres 40 genres 28 genres
3 espèces 9 espèces 20 espèces 45 espèces 34 espèces
71,77% :
91,70 % : 77,14 % :
état végétatif
Phénologie état végétatif état végétatif état végétatif état végétatif
21,04% :
6,94 % en 17 % en
floraison
fructification fructification
7,2 % en
6% : fleur
fructification
78 % : 78 % : 75 % : 62,22 % : 73 % :
Micropha Micropha Microphanérophytes
Types biologiques
nérophytes Microphanérophytes Microphanerophytes nérophytes 15 % :
22 % : 22 % :Nanopha 10 % : 22,2 % :
Nanopha nérophytes Nanophanérophytes Mésopha Nanophanérophytes
nérophytes 10% : Lianes nérophytes 12 % :
5%: 13,33 % : Lianes
-Leucaena -Euphorbia
Espèces -Didierea -Didierea -Chadsia grevei,
leucocephala stenoclada,
dominantes madagascariensis madagascariensis -Euphorbia
-Didierea
stenoclada
madagascariensis

- 166 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 2 : Tableau récapitulatif des caractéristiques des sites avec tortue (Suite)
Formation Formation de
Haut fourré Bas fourré sur Bas fourré sur Formation
transition
Caractéristiques
xérophile sol calcaire sol sableux ripicole

-Tallinella grevei
-Ruellia sp, -Barleria alluaudii,
Espèces les plus -Didierea -Combretum
-Leucaena -Commiphora sp1 -Chadsia grevei,
fréquentes madagascariensis, grandidieri,
leucocephala, -Ruellia sp, -Euphorbia
-Chadsia grevei, -Grewia calvata,
-Commiphora -Euphorbia stenoclada,
-Cedrelopsis grevei -Capurodendron
sp1 stenoclada, -Ruellia sp
mandrarense,
-Didierea
-Securinega
madagascariensis
capuronii,
-Didierea
Espèces -Chadsia grevei
abondantes -Didierea -Ruellia sp -Didierea -Chadsia grevei,
madagascariensis -Commiphora sp1 madagascariensis -Euphorbia
- stenoclada,
-Ruellia sp, ,
-Zygophyllum
depauperatum,
-Rhigozum
madagascariense,
2 -Commiphora
Densité ind/m 0,42 0,108 0,36 0,28 0,41
Recouvrement 3 à 10% 2 à 33% 3 à 20% 2 à 25% 30%
Stratification 1 niveau 2 niveaux non stratifié 2 niveaux 2 niveaux
Taux de - - 1100% 337,5 % 254,25%
régénération
Sol nu oui oui oui oui oui
Présence de oui oui oui oui oui
Nombre de foyers
de charbon 0 4 44 10 0
observés

4.4.2 Caractérisations écologiques des sites sans tortues


Dans 14 autres sites aucune tortue n’a été rencontrée pendant la
prospection. Ces sites appartiennent aux mêmes types de formations que les
sites avec tortue.

Le tableau 3 résume les résultats obtenus dans ces sites où aucun plot
n’a été monté car aucune tortue n’a été observée.

- 167 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 3 : Tableau récapitulatif des caractéristiques des sites sans tortue

Formation Bas fourré sur sol sableux Formation de Haut fourré xérophile Formation ripicole
Caractéristiques transition
Nombre de site 1 9 3 1
Litière - couche mince très discontinue -
continue constituée
par des feuilles et
Espèces -Agave sp1 Didierea Didierea Adansonia za
dominantes -Didierea madagascariensis madagascariensis
madagascariensis
-Opuntia
-Agave sp1sp Chadsia Didierea -Adansonia za
-Didierea grevei,Didierea madagascariensis -Acacia bellula
Espèces les plus madagascariensis madagascariensis,
fréquentes -Opuntia sp Jatropha curcas,
Cedrelopsis grevei

Chadsia
Espèces Didierea -Didierea
grevei,Didierea Acacia bellula
abondantes madagascariensis madagascariensis
madagascariensis,
-Chadsia grevei
Combretum
grandidieri,
Cedrelopsis grevei
Sol nu abondant rare rare rare
Présence de oui oui oui oui
Nombre de foyers 2 76 24 0
de charbon
Type de sol sol sableux roux sol sableux roux sol sableux roux sol contenant une
grande quantité de
Topographie plane plane plane plane
Humidité 66 % 70 % 50 % 65 %
Altitude 45m 90 à 97m 90 à 93m 53m
Observations - existence de culture: - site près du village - existence de strate
arbres fruitiers, maïs, - présence de culture - sol sableux avec herbacée
manioc - formation très couche très épaisse - présence de
- formation très dégradée - beaucoup de foyers marais
dégradée, très ouverte, de charbon Pyxis et de plantes
près des habitations éteinte (enquête) indicatrices de
- existence de culture: salinité
maïs, manioc - absence de
Chadsia grevei

4.4.3. Comparaison des sites avec et sans tortue

L’habitat de Pyxis arachnoïdes est localisé entre 10 - 97m d’altitude. La


tortue préfère une végétation peu dense et ouverte constituée par des petits
buissons dont la taille peut atteindre 2 à 4 m de haut. Cette végétation repose
sur des substrats sableux présentant de gros grains de sable, des parties
dénudées et sans quantité élevé de sel.

- 168 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

La litière est très discontinue ou absente.

Pyxis arachnoïdes ne se rencontre pasdans des formations très


dégradées. Ces dégradations sont provoquées soit par des coupes, soit par
des cultures ou de nombreux foyers de charbons.

Didierea madagascariensis, Euphorbia stenoclada, Chadsia grevei et


Commiphora simplicifolia sont abondantes, fréquentes et/ou dominante dans
l’habitat de Pyxis arachnoïdes. Ces espèces sont utiles pour cette tortue. Par
contre, Pyxis arachnoïdes ne vit pas dans des formations à l’intérieur
desquelles existent des espèces savanicoles exotiques Agave sp. et Opuntia
sp.

5. DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
La méthode de Braun Blanquet consiste normalement à effectuer des
relevés dans un placeau de superficie ≥ 0,1 ha. Cette surface n’a pas pu être
appliquée car la mise en place de plot dépend de l’existence de tortue. Ce
critère ne permet pas d’avoir une superficie continue de 0,1 ha dans un même
site.

La vérification sur terrain des études bibliographiques concernant les


forêts des Mikea montre que la vitesse de dégradation des forêts de Mikea est
très alarmante. Ainsi, les points suivants sont à suggérer pour la conservation
de Pyxis arachnoïdes, de son habitat et de la forêt des Mikea.

Pour la conservation de Pyxis arachnoïdes les suggestions suivantes


peuvent être avancées :

installer des sites protégés comme le Parc de tortue qui


existent déjà à Ifaty surtout dans les régions où la consommation dePyxis
arachnoides est un « fady » comme à Lamboara pour conserver l’habitat;
appliquer strictement les lois existantes pour limiter le
braconnage.
Face aux menaces et compte tenu des richesses faunistiques et
floristiques de la sous région Mikea, la protection des communautés originelles
intactes contre la destruction et la restauration de celles dégradées sont encore
les priorités les plus importantes et les plus urgentes de la conservation.

Le Sud de Madagascar constitue un domaine exceptionnel débordant de


richesse. La zone dispose de tous les atouts pour la relance de l’écotourisme
qui peut être générateur d’emploi pour la communauté locale, ce qui réduirait la
pauvreté et favoriserait la réduction de la pression sur les ressources naturelles.
La valorisation des ressources forestières assurerait le développement et la
gestion durable des ressources forestières.

- 169 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

6. CONCLUSION
Les unités de végétation choisies pour cette étude répondent à 5 types
de formations : le bas fourré sur sol calcaire, le bas fourré sur sol sableux, le
haut fourré xérophile, la formation de transition et la formation ripicole.

Ces formations sont toutes fréquentées par Pyxis arachnoïdes mais le


nombre de tortues rencontrés est différent dans chaque formation. La tortue
peut habiter aussi bien dans les fourrés que dans la formation de transition et
dans la formation ripicole. Mais, la tortue possède une valence écologique
assez limitée qui correspond aux zones littorales, de la côte jusqu’à 15 km à
l’intérieur des terres. D’après les résultats obtenus, la formation ripicole de
Lamboara- Befandefa est considérée comme le préférendum de Pyxis
arachnoïdes.
Le bas fourré xérophile sur sol sableux est considéré comme la zone
optimale. L’intervalle de tolérance pour cette espèce correspond au reste des
formations étudiées : le haut fourré xérophile, la formation de transition et le
bas fourré xérophile sur sol calcaire. Pyxis arachnoïdes peut vivre dans ces
formations. Mais, la collecte abusive de l’animal accentuée par la forte
dégradation de la formation conditionne son existence.
La présence de Pyxis arachnoïdes est liée aux caractères floristiques et
physionomiques de la formation, au type de sol et surtout à l’état de
dégradation de la formation. Pourtant, les formations étudiées sont toutes des
formations dégradées qui nécessitent une conservation et une restauration. Le
changement climatique devrait perturber davantage l’habitat naturel de Pyxis
arachnoïdes. Or, ces formations constituent également une protection contre
l’aridité et contribuent à la réduction des gaz à effet de serre : préserver ce riche
patrimoine unique est une nécessité impérative. Pour ce faire, l’élaboration d’un
schéma d’aménagement par une équipe pluridisciplinaire serait un outil qui
permettrait de valoriser les ressources forestières, d’intégrer l’écotourisme et le
transfert de gestion. Tout cela assurerait la gestion rationnelle et durable des
ressources naturelles et garantirait la viabilité de cette biodiversité
exceptionnelle.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à toutes les


personnes qui, de près ou de loin, ont apporté leur contribution à la réalisation
de cette étude :

Conservation International pour l’appui financier

- 170 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Ryan Walker, notre collègue de terrain


Le département de biologie et écologie végétales
Tous les guides et les villageois de tous les Fokontany visités

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Commissariat au Développement intégré du Sud (CDIS). 1993. Plan cadre


du Développement de la région du Sud. Table ronde des bailleurs des
fonds. Rapport final. Fiches de projets3 volumes 3 sur 4. République de
Madagascar. 485p.
Koechlin, J., Guillaumet, J. L., & morat, Ph. 1974. Flore et végétation de
Madagascar. Cramer. Vaduz. 687p.
FIkambanana MIaro ny Alan’i MIkea (FIMAMI). 2003. Valorisation de la
recherche, développement des opportunités de conservation et
planification d’une NAP pour la forêt des Mikea. Rapport préliminaire.
SAGE. 10p.
Rabarisoa, R., Rabenandrasana, M., Rahagalala, P. et Rahagalala, T. 2007.
Evaluation des menaces de la gestion et la planification de la
conservation. REPC. Madagascar. 41p.
Razanaka, S. J. 1995. Détermination des zones de contact des aires semi-
arides et sub arides de la végétation du Sud Ouest de Madagascar. Mem
DEA. Ecol. Végétale, Univ d’Antananarivo. 232p.
Richard, B. P., et Ratsirarson, J. 2005. Principe de base de la conservation
de la biodiversité. Banque Mondiale Madagascar. 294p.
Rothe, P. 1964. Régénération naturelle en forêt tropicale. Le Dipterocarpus
dreyi (Dau) sur le versant Cambodgien du Golfe de Siam, Bois et forêts
des Tropiques, n° 94, pp15-22.
UICN, 2001. Catégories et critères de l’UICN pour les listes rouges. UICN
Gland. Suisse. 32p.

- 171 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE : CLASSIFICATION DE Pyxis arachnoïdes

Règne : ANIMAL

Embranchements : CHORDES
Sous embranchements : VERTEBRES
Classe : REPTILES
Sous classe : ANAPSIDES
Ordre : TESDUDINES
Sous ordre : CRYPTODIRES
Famille : TESTUDINIDES
Sous famille : TESTUDININES
Genre : Pyxis
Espèce : arachnoïdes (Bell1827)
Noms vernaculaires : Anglais : Spider Tortoise
Français : tortue araignée
Malgache : Tsakafy, Rere, Kotroky, Kapika, Zakapy

- 172 -
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

BIOGEOGRAPHIE DES BAOBABS DES COMORES : ANALYSE


SPATIALE DE LA DISTRIBUTION DES INDIVIDUS POUR LA
CONSERVATION DE LA BIODIVERSITE D’ADANSONIA
DIGITATA L.
1 2 3 4
Abdillahi Maoulida Mohamed , Cyrille CORNU , DANTHU Pascal , ROGER Edmond &
5
RAKOUTH Bakoulimalala
(1), (4), (5) : BP. 906. DBEV, Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo. (2) et (3) : Cirad,
URP Forêt et biodiversité

RESUME

Symbole de la biodiversité de la forêt tropicale sèche, le genre


Adansonia, plus communément appelé « baobabs », appartient à la sous-
famille des Bombacacées (famille des Malvacées), regroupe 8 espèces
d’arbres tropicaux dont Adansonia digitata, espèce la plus connue et la plus
répandue des espèces de ce genre, en Afrique, à Madagascar et aux Comores.
Même si elle est plus rependue aux Comores, l’espèce est menacée et sa
biogéographie n’est pas connue.
Cet article propose de montrer que les baobabs de l’espèce A. digitata ont
colonisé les Comores par les voies marines, en utilisant la méthodologie
d’analyse spatiale des données d’inventaire de terrain et d’images de
GoogleEarth pour contribuer à la conservation de l’espèce. Dans les trois îles
où l’étude s’est effectuée, 1225 individus de baobabs ont été recensés, les
résultats de l’analyse spatiale montrent que la plus parts des baobabs se
localisent en bordure de route, dans les localités et sur la côte de chaque île.
Mais, la densité des baobabs autour de la côte est très importante surtout vers
les 300m, ce qui appui l’idée de la colonisation par la voie maritime.

Mots-clés : biogéographie, analyse spatiale, conservation, biodiversité des


Comores, baobab, Adansonia digitata

INTRODUCTION
Il existe huit espèces de baobabs au monde. La plus commune et la plus
connue d’entre elles, est Adansonia digitata. De par leur nombre et leur
imposante silhouette, les baobabs de cette espèce sont des végétaux ligneux
dominants et parmi les plus caractéristiques de la biodiversité des écosystèmes
forestiers tropicaux « secs » du Sud du continent Africain : ils sont présents au
Sahara (Baum, 1995b), en Afrique du Sud (Wickens et Lowe, 2008), à la côte
occidentale malgache et dans la végétation littorale comorienne sèche.

Un doute existe quant à sa présence aux Comores : (i) soit elle est
africaine et importée aux Comores par les navigateurs arabes (Perrier de la
Bâthie et Hochreutiner, 1955) ; (ii) soit elle est d’origine malgache, et les
transferts « en retour » se sont faits depuis Madagascar par la variabilité du

173
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

sens des courants marins dans le Canal du Mozambique ou par la modification


du niveau de l’océan, hypothèse soutenue par Miège (1974) ; (iii) soit par
transport passif selon la théorie du modèle de Simpson. Les travaux récents de
certains chercheurs du CIRAD-Madagascar, Leong Pock Tsy et al., 2009,
montrent que A. digitata a migré de l’Ouest du continent africain vers l’Est et le
Sud (incluant l’Archipel des Comores et Madagascar). Cependant la question
de la colonisation des Comores par cette espèce reste encore à confirmer.Peut-
on appliquer le modèle de Simpson (1940) de colonisation de ce pays par les
mammifères (Stankiewicz et al., 2006) ou faut-il envisager un autre
modèle comme les courants marins, hypothèse déjà vérifiée sur l’espèce A.
madagascariensis ?
Il n’existe aucun texte qui mentionne la conservation des baobabs des
Comores comme c’est le cas à Mayotte pour l’espèce A. madagacariensis.
Beaucoup de baobabs existent dans le parc marin de Mohéli, (premier aire
protégées des Comores), mais ils ne pour autant pas protégés ou considéré
comme espèce phare (Programme des Nations Unies pour le Développement.,
1998 ; Union Mondiale pour la Nature., 2002 ; Moulaert, 1998). Afin de
contribuer à la conservation des baobabs des Comores, l’hypothèse du présent
article est de chercher à démontrer, en utilisant une méthodologie d’analyses
spatiales, que les baobabs de l’espèce A. digitata sont plus proches de la côte
(de chaque île) que des routes et des localités, afin de confirmer qu’ils sont
parvenus dans ce pays par l’intermédiaire des courants marins.

2. MATERIELS ET METHODES
2.1-Zone d’étude
L’Union des Comores est située dans l’océan Indien, au nord-ouest de
Madagascar et est formée de quatre îles volcaniques (PNUE., 2002). Cette
étude a été menée seulement dans les trois îles, à savoir, Ngazidja ou Grande
Comore (11° 40′ 01″ S et 43° 20′ 48″ E), Ndzuani ou Anjouan (12° 15′ 00″
S 44° 25′ 00″ E), et Mwali ou Mohéli (12° 19′ 28″ S et 43° 44′ 22″ E), sur un
territoire de 1250 km2 en particulier dans les zones du nord, sud et centre-sud
de chaque île (Carte 1).
2.2-Espèce d’étude
Adansonia digitata est l'une des huit espèces de baobabs dans le genre
Adansonia (et la un seul qui se produit naturellement sur le continent africain.
Le baobab (Adansonia digitata L.) est un arbre emblématique (Venter et
Witkowski 2010) d’une hauteur moyenne d'environ 20m, mais certains individus
peuvent atteindre plus de 20m de circonférence (Baum, 1995). Il est pollinisé
par des chauves-souris (Jaeger, 1954). Il est très répandu au sud du Sahara,
en particulier dans les régions de savane (Patrut et al. 2007), dans le sud-ouest
de Madagascar et dans la zone côtière et littorale des Comores.

174
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Carte 1 : Localisation de la zone d’étude


Cette vaste zone de distribution est liée au peu d'exigences de cet arbre
sur la qualité du sol et au fait qu’il s'acclimate à une large gamme de conditions
climatiques : zone à pluviométrie annuelle comprise entre 90 mm et 1400 mm.
Cependant il montre une prédilection pour les sols calcaires et profonds bien
drainés, les zones de précipitations annuelles comprises entre 200-800 mm
marquées par une saison humide de 2 à 6 mois,et des températures moyennes
annuelles de 20et 30°C (G. Sébastien, 2007).

2.3-Méthodologie

Elle consistait à inventorier sur terrain tous les baobabs de trois des îles
de l’Union des Comores(Ngazidja, Ndzuani et Mwali) d’une part et d’autre part,
affiner cet inventaire à partir d’analyses spatiales, inspiré des travaux déjà
réalisés à Madagascar par l’équipe-baobabs dirigé par Cyrille Cornu, du
Département "Environnements et sociétés", Unité mixte de recherche «
Territoires, environnement, télédétection et information spatiale», Dispositif de
recherche en partenariat avec « Forêts & biodiversité», du Cirad-
Madagascar,dans le cadre du projet BaoMaCo.

2.3.1-Inventaire sur terrain des baobabs des trois îles


L’inventaire comprend les étapes suivantes :

175
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

a-Recherche bibliographique
Elle consiste à collecter et consulter tous les documents relatifs au thème
étudié et aux milieux d’étude avant et après les descentes sur terrain. Ces
documents sont relatifs à notre étude ; les ouvrages généraux et spécialisés
concernant les travaux déjà effectués sur les baobabs de l’Union des Comores,
de Madagascar et de l’Afrique ; et les sites Web officiels appartenant au
différentes instituions : CIRAD, IRD, Université d’Antananarivo, Direction
Générale de l’Environnement et des Forêts, Institut Nationale pour la
Rechercher en Agriculture Pêche et Environnement,…..etc.
Toutes les observations faites sur le terrain ont été enregistrées

b-Recensement des baobabs

Un inventaire et des observations des baobabs ont été effectués lors des
descentes sur terrain, sur trois îles de l’Union des Comores, Ngazidja, Ndzuani
et Mwali, durant la saison chaude et humide (Janvier, Février, Mars, Avril,
Septembre et Décembre 2009) et saison sèche (Juin, Juillet, août 2009 et juin
2010). Ils ont été réalisés à l’aide d’un GPS Garmin 60 de l’URP Forêt et
biodiversité, d’une précision de 6 à 7m, pour être transférées dans le SIG
Baobab A. digitata L.
L’inventaire consistait à relever les paramètres écologiques du milieu et
des baobabs tels que la date de relevé, la localisation, les coordonnées
géographiques (longitude, latitude et altitude) et l’orientation ; les paramètres
floristiques tels que le Diamètre à Hauteur de Poitrine (Dhp), la Hauteur totale
(Ht), la Hauteur du fût (Hf), la phénologie (feuillaison, floraison et fructification) ;
et les paramètres édaphiques tels que le type de sol (volcanique, volcanique-
squelettique, volcano-ferralitique, argileux,…...), l’occupation du sol (forêt,
champs, fourré,….) et la topographie.

c-Intégration des données sur terrain dans un Système d’information


géographique SIG
Le Système d’Information Géographique permet aux utilisateurs de
mener un grand nombre d’opérations et de traitements de données
(cartographie, analyses spatiales, transfert et gestion de données
géoréférencées).

Les espèces du genre Adansonia peuvent être étudiées à différents


niveaux d’échelles : d’une échelle globale (1/1000000e) à une échelle très
locale (1/10000e). Dans ce travail, une échelle à un niveau local a été utilisée
pour l’étude des baobabs au niveau individuel. A cette échelle, il a été possible
d’analyser l’espace élémentaire dans lequel évolue un individu et de

176
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

représenter les sites d’étude par des polygones et les individus de l’espèce A.
digitata L. par des points.

Pour la réalisation de notre SIG baobabs, plusieurs données se sont


avérées nécessaires : des données environnementales et des données
topographiques. Ces informations renseignent sur le biotope et la niche
écologique de l’espèce A. digitata. : le climat, le relief, la nature des sols et la
végétation qui l’entoure. Des informations environnementales à petite échelle
de notre zone d’étude ont pu être acquises à partir de données géoréférencées
en libre accès résultantes de divers projets internationaux:

- le Modèle Numérique de Terrain (MNT) de 90m de résolution du «


Shuttle Radar Topography Mission ». Un Modèle numérique de terrain
(MNT) correspond à une représentation sous forme numérique du relief
d'une zone géographique. Ce modèle peut être composé
d'entitésvectorielles ponctuelles (points côtés), linéaires (courbes de
niveau), surfaciques (facettes) ou représenté en mode raster (cellules). Il
permet d'une manière générale, de manipuler de façon quantitative le
terrain étudié (de reconstituer une vue en images de synthèse du terrain,
de déterminer une trajectoire de survol du terrain, de calculer des
surfaces ou des volumes et de tracer des profils topographiques), (J-P
Cherel, 2010).

- le MNT ASTER d’une résolution de 30m, produit en collaboration entre la


« National Aeronautics and Space Administration » (NASA) et le
ministère de l'économie, du commerce extérieur et de l'industrie du
Japon (METI), à partir de paires stéréoscopiques ASTER (Carte 2).

Carte 2 : Exemple de variationaltitudinale de l’ile de Mwali selon le MNT


ASTER

177
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- les couches de données vectorielles (shapefile) sur les Comores, sur


www.maproom.psu.edu/dcw.

- les cartes IGN des trois îles (Ngazidja, Ndzuani et Mwali) de 1995.
L’intérêt des métadonnées est d’aider à la gestion, au catalogage et à la
recherche d’informations, de faciliter l’interopérabilité (partage et
échange de données) et de permettre de gérer et protéger les droits des
données. L’application ArcCatalog d’ArcGIS présente un module de
gestion de ces métadonnées qui permet de documenter n’importe quelle
couche au format shapefile en fonction des normes de métadonnées qui
sont proposées par le logiciel. Dans le cadre du SIG Baobab, toutes les
données vectorielles sont ainsi renseignées en fonction de la norme
Federal GeographicData Geographic Data Committee (FGDC). Cette
norme permet de renseigner chaque données, pour ce qui nous
concerne, par : sa catégorie ; son nom et son contenu ; son origine ; sa
date de validité ; la méthode de collecte ; le niveau de collecte ; le
format ; la couverture ; des observations générales ; et des conditions
d’utilisation.
Pour le traitement des données SIG, la projection Universal Tranverse
Mercator (UTM) d’une précision métrique associée au système géodésique
Word Geodetic System 1984 (WGS84) a été utilisée car elle est mieux adaptée
au SIG Baobab. L’UTM permet d'identifier n'importe quel point à la surface du
globe en se référant à une projection cylindrique qui conserve les angles et les
formes (type conforme). Les coordonnées de cette projection se basant sur un
système décimal, elles sont plus faciles à utiliser pour les calculs notamment
pour les calculs de distance. Cette projection permet une meilleure
interopérabilité entre les différents systèmes informatiques (SIG, Google Earth,
GPS) et facilite l’échange et le transfert de données d’un appareil à un autre.

Ainsi toutes les données du SIG ont été transformées et projetées, grâce
à l’application ArcToolbox et son module de Gestion de données (boite à outils
« Projection et transformation »), dans le système de coordonnées projetées
WGS94_UTM38S afin d’être « superposables ». Toute cette information
constitue notre premier jeu de données noté code « T ».

Cet inventaire dde terrain a été complété et affiné par un deuxième


inventaire à partir d’images à Très Haute Résolution Spatiale (THRS) par le
biais de Google Earth.

178
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2.3.2-Inventaire des baobabs des trois îles à partir de l’Utilisation de


Google Earth

Cette méthode consiste à localiser les baobabs de l’espèce A. digitata et


de leur population par photo-interprétation d’images satellitaires dites à « très
haute résolution spatiale ». Cette méthode permet : (i) de compléter les
données SIG par un inventaire quasi-exhaustif et une caractérisation spatiale
des populations de baobabs en utilisation les informations de Google Earth; (ii)
une mise en relation avec des paramètres environnementaux selon une gamme
continue d’échelles spatiales, allant de l’individu à la population; (iii) une
localisation géographique très fine (capacité d’identifier les individus d’une
espèce).
L’utilisation de Google Earth permet de vérifier la présence ou non de
baobabs afin de faire un complément de données des baobabs qui manquaient
dans notre premier jeu de données obtenus par GPS (jeu de données noté
code « T »). Ces baobabs se trouvaient soit dans des zones non accessibles
soit dans des zones non connues par la population locale.
Les étapes à suivre sont les suivantes :

a-Inventaire des images satellites sur Google Earth


Il consiste à recenser les images sur Google Earth prises à des dates
différentes et à saisons différentes, et disponibles sur chaque île. L’application
Google Earth met à disposition un globe virtuel formé à partir d’images satellites
qu’il est possible de visualiser simultanément grâce une technologie de
mappage 3D des images satellites et un service de téléchargement des
données à la volée développé par la société KeyHole en 2001.
Pour Ngazidja, les images existant sont : 29/08/2002, 27/11/2002,
05/12/2002, 03/07/2004, 21/08/2004, 21/09/2004, 21/08/2004, 12/02/2005,
25/04/2005, 05/06/2005, 22/04/2009, 22/04/2009 bis et 24/06/2009 ; pour
Ndzuani, 17/11/2002, 27/11/2002, 05/12/2002, 28/03/2003, 10/04/2003,
17/03/2004, 17/03/2004 bis, 23/05/2004, 23/05/2004 bis, 06/08/2005 et
16/07/2009 ; et pour Mwali, 5/06/2002, 05/2006, 24/05/2006, 22/04/2009 bis,
et24/06/2009 bis. Ces images satellites ne possèdent pas le même degré de
précision. Les images retenues sont celles des périodes sèches car les
baobabs présentent un aspect rayonnant, caractéristique d’un arbre caduc et
facilement reconnaissable (05/06/2005 et 24/06/2009 pour Ngazidja,
06/08/2005 et 16/07/2009 pour Ndzuani, 5/06/2002 et 24/06/2009 bis pour
Mwali) ; ce qui n’est pas le cas en saison humide au cours de laquelle, il est
difficile de reconnaitre les baobabs en feuillaison ; car tous les arbres
présentent tous le même aspect (Fig.1).

Ces images THRS disponibles sur GoogleEarth ont été prises par le
satellite Quickbird.

179
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Figure 1 : Inventaire des images THRS sur Googleeath

b-localisation des baobabs sur Google Eath


Il consiste à localiser par géo référencement tous les baobabs sur
Google Eath, puis les inventorier suivant deux paramètres : le diamètre du
houppier de chaque individu et la date de chaque image THRS. Le diamètre du
houppier est un paramètre qui facilite le regroupement des individus par taille ;
car dans pour arbre le diamètre du houppier est fonction de sa taille (Fig. 2).

Figure 2 : localisation des baobabs surimages THRS de Google Earth

Tous ces éléments ont été en suite sélectionné et a constitué notre 2e jeu
de données (code « G ») et sont utilisés pour convertir les données acquises
sur Google Earth, sous un fichier « klm » vers les données SIG Baobab (jeu de
données de code « T »).
Toutes ces données ont été converties grâce à une boite outils « Convert
kml to shp » utilisable via l’application ArctoolBox.

180
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Google Earth utilisant une projection cylindrique simple avec un plan de


référence WGS84, chaque couche a par la suite été projetée dans le système
de projection UTM38S. Les résultats de ces activités d’acquisition d’objets
géographiques par photo-interprétation ont pu être validés par des descentes
de vérité terrain. Ces descentes sur terrain ont permis de comparer les
observations faites sur les images satellites de Google Earth à la réalité du
terrain. Cette phase de validation est primordiale en photo-interprétation. Elle
permet de confirmer la justesse de l’interprétation et de repérer des erreurs ou
des oublis pour pouvoir par la suite généraliser les résultats en regroupant des
objets de même nature (Provencher et Dubois, 2007).
Les deux jeux de données (jeu de données de code « T » et jeu de
données de code « G ») sont en fin regroupés, uniformisés et validés pour une
analyse spatiale de la distribution des baobabs.

2.3.3-Analyse spatiale des Baobabs Adansonia digitata


Les analyses spatiales sont utilisées pour comprendre la distribution
dans l’espace des objets géographiques et mettre en évidence des structures et
des formes d’organisation spatiale.
Elles permettent de mieux comprendre les processus et les champs
déterminants (Brunet, 1992) qui sont à l’origine de cette distribution (Pumain,
2004). Dans notre étude, les analyses spatiales vont permettre de déterminer
les relations de proximité existante appelées zones tampons (ou Buffer) entre
les baobabs et la côte, d’une part et les baobabs et les routes et les localités
(chefs lieu préfecture, chefs lieu sous préfecture, villes et villages), d’autre part ;
et de présenter les résultats obtenus sous forme de densités.
Pour chaque entité (la côte, les routes et les localités), deux séries de
zones tampons ont été générées autour (à l’intérieur ou à l’extérieur) à partir de
la zone maximale : (i) une première série a été réalisée sur les 100m autour
avec un intervalle de 10m entre chaque zone afin de pouvoir étudier l’évolution
de la densité dans les 100 premiers mètres autour de l’entité ; (ii) une seconde
série a été générée sur une distance plus importante mais variable (2000m et
3200m) et un intervalle de 100 m entre chaque zone (Fig. 3).
Ces analyses permettent de calculer la distance entre les baobabs et la
côte d’une part, et entre les baobabs et les routes et localités d’autres part afin
de déterminer les entités les plus proches des baobabs. Ce calcule nécessite
en plus de ces entités l’utilisation de la fonction jointure via l’application
ArctoolBox.

Ce calcule nécessite aussi après création et géoréférencement d’un


nouveau projet de travail, la transformation des entités sous forme de polygone
en polyline. Les densités de baobabs en fonction de la distance à la côte ont
été en suite représenté sous forme de graphique et un traitement statistique
des résultats a été réalisé.

181
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Figure 3 : Exemple de zones tampon sur les 1000m premiers mètres de la côte
de
la partie du Sud-est de Ndzuani

Ainsi, dans le cadre des études biogéographiques menées sur A. digitata


L., les analyses spatiales apparaissent primordiales pour comprendre la
distribution des individus et des populations et vérifier des hypothèses
soulevées par l’observation des baobabs dans leur milieu.

3. RESULTATS
Les résultats obtenus essaient de caractériser « la relation de proximité
entre les Baobabs A. digitata et les routes et les localités de chaque île d’une
part, les baobabs et la côte de chaque île d’autre part.

3.1-Nombre de baobabs dans les trois îles


Tous les baobabs inventoriés sur terrain et ceux sur image THR sont
représentés (Fig.4) sous forme de tableau et en pourcentage.

L’analyse de cette figure montre que :


-En somme 1225 individus de baobabs sont recensés pour l’ensemble des trois
îles ;
-le tableau montre que c’est l’île de Ngazidja qui possède le plus de baobabs
(soit 721 individus, avec un pourcentage de 50 pour cent), suivi de l’île de Mwali
(soit 358 individus avec un pourcentage de 34,33 pour cent) et de l’île de
Ndzuani avec le moins de baobabs recensés (soit 146 individus avec un
pourcentage de 16 pour cent).

182
II. Statut de conservation,, écologie et écophysiologie végétales

Nombre
de Nombre de
baobabs baobabs sur Total par
Iles sur terrain image THR île
Ngazidja 449 272 721
Ndzuani 142 4 146
Mwali 309 49 358
Total 900 325 1225

Nombre de baobabs sur terrain


50%
100%
34,33%
16%

Ngazidja Ndzuani Mwali Total

Nombre de baobabs sur image THR

84%
100%

15,07% 1,23%

Ngazidja Ndzuani Mwali Total

Figure 4 : Représentation du nombre de baobabs recensés dans les trois îles

3.2-Caractérisation
Caractérisation de la « la relation de proximité
proximité entre les Baobabs A.
digitata L.et les routes et les localités » de chaque île

Cette étude a montré que seuls certains


certains baobabs se trouvent dans les
localités ou autour des localités (villes et villages) surtout au sud et au nord de
chaque île (Photo : 1; Carte 3).

183
II. Statut de conservation,, écologie et écophysiologie végétales

Photo 1: Baobab à Nyoumachoua,


Nyoumachoua Mwali

Carte 3 : Distribution des baobabs A.


digitata suivant les localités de Mwali

D’autres baobabs se trouvent en bordure des routes (Photo


(Photo : 2 ; Cartes :
4).

Photo 2:: Baobab au bord de la route de Domoni


lambwani, Ngazidja

Carte 4 : Distribution des baobabs A.


digitata suivant les routes de Ngazidja

184
II. Statut de conservation,, écologie et écophysiologie végétales

3.3-Caractérisation
Caractérisation de la « la relation de proximité entre les Baobabs A.
digitata L.et la côte»
» de chaque île

Au cours de cette étude, nos observations ont permis de remarquer que


dans ces trois îles de l’Union des Comores, tous les baobabs se trouvent en
grande partie sur la zone côtière de chaque île, comme la mentionné Maoulida,
2009 (Photo : 3; Cartes : 5).

Photo 3 : Baobab sur la plage de Sadampoini,


Ndzuani

Carte 5 : Distribution des baobabs


A.digitata suivant la côte de
Ndzuani

De plus, les analyse de la variation altitudinale selon le model MNT


ASTER de chaque île (Cartes
( : 6 et Fig. 5a, 5b, 5c)) montent que dans
l’ensemble des trois îles, les baobabs ne dépassent pas les 600 m d’altitude à
partir du niveau de la mer : ils se trouvent en effet entre 0 et 300 m sur l’île de
Mwali, entre 0 et 400 m sur l’île de Ndzuani, entre 0 et 600 m sur l’île de
Ngazidja ; donc aucun baobabs ne se trouve en forêt humide.

185
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Carte 6 : Variation altitudinale sur l’île deMwali

Altitude (en m) Nombre


0-100 306
100-200 234
200-300 109
300-400 34
400-500 30
500-600 5
600-700 0
700-800 0
800-900 0
900-1000 0
2400-2500 0

Densité en fonction de l'atltitude

400
300
200
100
0
0-100
100-200
200-300
300-400
400-500
500-600
600-700
700-800
800-900
900-1000
2400-2500

Figure 5a : Densité en nombre de baobabs en fonction


de la variation altitudinale de l'île de Ngazidja

186
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Altitude Nombre Altitude (en m) Nombre


0-100 116 0-100 250
100-200 28 100-200 94
200-300 0 200-300 12
300-400 0 300-400 0
400-500 0 400-500 0
500-600 0 500-600 0
600-700 0 600-700 0
700-800 0 700-800 0

Densité en fonction de l'atltitude Densité en fonction de l'altitude


150 300
100 250
50 200
150
0 100
50
0

Figure 5b : Densité en nombre de baobabs en fonction


de la variation altitudinale de l'île de Ndzuani

Figure 5c : Densité en nombre de baobabs en


fonction de la variation altitudinale de l'île de
Mwali

3.4-Caractérisation de la « la relation de proximité entre les Baobabs A.


digitata L.et la côte» de chaque île selon la variation des densités des îles

Les résultats des analyses spatiales de la variation de la densité (en


nombre de baobabs/km2) en fonction de la distance la côte (en m) de chaque
île (Fig. 6a, 6b et 6c) montrent :
-une présence de baobabs à moins de 10m de la côte ;
-une densité de baobabs plus élevée à 10m de la côte de chaque île ;

-une densité de baobabs qui chute de la côte à partir de 1000m sur l’île
Ngazidja, à partir de 300m sur l’île de Ndzuani et à partir de 100m sur l’île de
Mwali.

187
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Densité Densité Densité Densité


Distance à (nombre de Distance à (nombre de Distance (nombre de Distance à (nombre de
la côte (en baobabs/km2) la côte (en baobabs/km2) à la côte baobabs/km2) la côte (en baobabs/km2)
m) 10-2 m) 10-2 (en m) 10-2 m) 10-2
10 69,4 1300 26,94
10 34,26 200 23,01
20 69,1 1400 25,3
20 34,85 300 8,52
30 69,1 1500 23,72
40 69,14 1600 23,01 30 34,03 400 8,01
50 68,97 1700 21,72 40 34,15 500 7,45
60 68,91 1800 21,49 50 34,27 600 7,14
70 68,84 1900 21,38 60 33,67 700 7,1
80 68,67 2000 21,41 70 33,55 800 6,44
90 68,5 2100 19,51 80 32,22 900 6,36
100 67,52 2200 17,98
90 30,88 1000 6,59
200 62,23 2300 15,61
300 59,2 2400 13,44
100 29,77 2000 0
400 54,98 2500 11,33
Densité (nb de
500 51,77 2600 7,29
40
baobabs/km2)10-2
600 49,97 2700 4,41
700 47,43 2800 2,78 30
800 45,57 2900 1,96
900 44,11 3000 0,73 20
1000 34,54 3100 0,56 10
1100 32,55 3200 0
1200 30,11 0
0 1000 2000 3000

Densité (nombre de baobabs/km2) 10-2


Figure 6b : Evolution de la densité en individus
dans l'ile de Ngazidja
80 d’A. digitata autour de la côte de Ndzuani
70
60 Distance Densité Distance Densité
à la côte (nombre de à la côte (nombre de
50
baobabs/km2) baobabs/km2)
40 (en m) 10 -2
(en m) 10-2
30
10 170,81 200 69,12
20
20 167,15 300 56,55
10
0
30 164,21 400 47,3
0 1000 2000 3000 4000 40 149,12 500 35,92
50 147,22 600 33,66
60 145,14 700 29,48
Figure 6a : Evolution de la densité en individus d’A. digitata
70 142,02 800 24,94
autour de la côte de Ngazidja
80 137,34 900 13,77
90 101,2 1000 10,63

188
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Densité (nombre de
200 baobabs/km2) 10-2

150

100

50

0
0 500 1000 1500 2000 2500

Figure 6c : Evolution de la densité en individus


d’A. digitata autour de la côte de Mwali

DISCUSSION

Les résultats de la caractérisation de la relation entre les baobabs et


chaque entité, montre que les baobabs sont plus proches de la côte que les
routes et les localités de que île. Ils tendent à indiquer que les baobabs de
l’espèce A. digitata sont arrivés aux Comores par l’intermédiaire des courants
marins puis dispersés par la suite par les Homme vers l’intérieur, d’où la
présence de baobabs autours des localités et le bord des routes. L’idée de la
dispersion anthropique des graines de baobabs est peut être confirmé par la
présence des baobabs dans plusieurs localités des pays africains : comme au
Sud-Ouest du Mali, où le recrutement de jeunes individus d’A.digitata est plus
élevé dans les villages et les champs que sur les falaises, suggérant un rôle
direct de l’homme dans la dispersion de cet arbre (Duvall, 2007). Au Sud-Est du
même pays, les juvéniles de baobabs sont plus abondants dans les villages, les
champs et les jachères (Dhillion, Gustad, 2004).

La dispersion des baobabs par les courants marins est aussi possible
pour d’autres espèces. L’examen des fruits des espèces de baobabs montre
que ceux-ci sont capables de flotter sur l’eau (Andriantsaralaza et al., 2013). La
flottabilité des fruits de baobabs sont en accord a été confirmée récemment par
une équipe du CIRAD-Madagascar qui démontre que l'hydrochorie marine est
possible pour les baobabs. Ces études se sont basées sur la flottabilité des
fruits de A. madagascariensis en comparaison avec d’autres espèces et elles
rapportent que les espèces, présentes sur une bande couvrant la au nord-
ouest de l'île de Madagascar, est en fait souvent présents dans les thalwegset
en bordure de l'eau temporaire ou permanente cours. Il est également souvent

189
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

trouvé près de la mer, au bord des zones de marée (Baum, 1995). De la même
manière que A. suarezensis et A.rubrostipa, A.madagascariensis peut être
trouvé le long de la côte, où l'eau de mer inondant parfois produit (Baum, 1996).
A.madagascariensis se trouve au nord de Madagascar et sur les rives de
Mayotte (Charpentier, 2006) à Dapani.

Cette dispersion le long des rivières ou lors des inondations en saison


des pluies est un événement de nature à espèces avec un péricarpedur (A.
digitata, A.madagascariensis, A.zaet A.perrieri) (Baum, 1996). Les fruits des
baobabs sont de grandes baies indéhiscentes, sphériques à oblongues selon
les espèces, contenant de multiples graines enfouies dans une pulpe farineuse
blanche, mais aussi présentant un épicarpe (encore appelé coque) très lignifié,
de texture plus ou moins résistante selon les espèces (Baum, 2003 ; Schatz,
2001). Une comparaison des fruits des et des graines deux espèces A. digitata
et A. madagascriensis montre que la première possèdent plusieurs formes et
tailles qui ressemblent à la deuxième espèce. De plus la première espèce est la
plus rependue des autres espèces de baobabs.

CONCLUSION

Cette étude apporte plus d’informations sur la biogéographie des


baobabs des Comores qui aideront les gestionnaires de l’environnement à la
conservation de la biodiversité comorienne. Elle montre queles baobabs des
Comores sont localisés soit dans les localités (villes et village), au bord des
routes et surtout sur la côte (en forêt sèche et en bordure de la mer) des trois
îles ou s’est déroulé l’étude. Tous ces baobabs appartiennent à l’espèce
Adansonia digitata. Parallèlement à cette étude, une autre étude menée sur l’ile
sœur de Mayotte montre la présence de cette même espèce sur les mêmes
endroits ainsi que la présence d’une autre espèce de baobabs
A.madagascariensis.
L’abondance des baobabs en en bordure de mer confirme l’hypothèse
d’une introduction des espèces par voie marine ; L’hydrochorie marine est
confirmée sur l’espèce A.madagascariensis par des études en cours au CIRAD-
Madagascar. Cette étude ouvre de nouveaux outils pour l’identification de
l’originalité des espèces afin de mieux connaitre pour conserver la biodiversité
endémique des Comores. Il seraitintéressant d'étudier génétiquement les
espèces des Comores et de compléter des études qui sont en cours sur la
génétique des espèces de baobabs au niveau mondiale.

REMERCIEMENT

Nous remercierons tous les auteurs qui ont contribué de près ou de loin
pour la réalisation de cet article.

190
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

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192
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ELEMENT DE TYPOLOGIE DES FORETS HUMIDES DE


MOYENNE ALTITUDE
1 1 2
Andry RANDRIANARISON , GaëtanRATOVONIRINA , Samuel RAZANAKA ,
1 3
VonjisonRAKOTOARIMANANA , Dominique HERVE
1
. BP 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences. Université
d’Antananarivo
2
BP 1739 - 101 Antananarivo. CNRE Fiadanana,
3
IRD, BP434 Antananarivo. Programme MEM (IRD/Université de Fianarantsoa)

RESUME

Le maintien de la biodiversité terrestre dépend, à Madagascar, de la


conservation des forêts. C’est pourquoi le corridor forestier de Fianarantsoa
(Centre Est de Madagascar) représente un enjeu national pour la politique de
conservation. La connaissance de l’état de la forêt est une étape nécessaire
pour définir une stratégie de conservation. Nous nous appuyons sur une
caractérisation des forêts dans la zone de Sahabe (C.R. Ambohimahamasina).
Des relevés écologiques ont été effectués selon les méthodes de transect et de
placeau, pour caractériser les structures horizontales et verticales de la
végétation, et quantifier les paramètres écologiques (densité, dendrométrie,
richesse floristique, régénération). Une analyse factorielle de correspondance
(AFC) différencie trois groupements floristiques selon leur degré de
perturbation. Cette perturbation se manifeste surtout sur la dendrométrie et la
présence/abondance des espèces héliophiles dans la formation. On en déduit
les critères de typologie des forêts humides de moyenne altitude.

Mots clés : Forêt primaire, forêt dégradée, typologie, corridor forestier de


Fianarantsoa, Madagascar.

1- INTRODUCTION

La forêt tropicale humide couvre 1 753 millions d’hectare soit 64% de la


surface totale des forêts dans le monde (Lanley, 1992). Pendant les dernières
décennies du 20ème siècle, le taux de disparition moyen annuel de forêt
naturelle est estimé à 0,8% pour l’ensemble africain (FAO, 2001). Les activités
humaines qui y sévissent sont à l’origine de cette déforestation et de la
transformation de l’état primaire de la forêt.

La forêt humide malgache, localisée surtout sur le côté oriental de l’île,


couvre une superficie de 12,8 millions d’hectare dont la forêt primaire
représente 10,5 millions d’hectare en 2005 [Web 01, 2009]. Cette forme de forêt
primaire est localisée surtout dans des zones très éloignées de l’agglomération.
La forêt qualifiée de primaire n’est sans doute pas partout primaire (Carrière
&al., 2007 ; Moreau, 2002). Cette question se pose dans le corridor forestier

193
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

de Fianarantsoa, précisément entre le Parc national de Ranomafana et le Parc


National d’Andringitra, du fait de l’existence de sentiers traversant le corridor
d’Ouest en Est. Ainsi, cette étude portera sur la typologie des forêts accessibles
par l’un de ces sentiers qui est le sentier le plus emprunté par la population
locale. La distance à ce sentier peut en effet mesurer un gradient de
perturbation de la forêt.

2. MATERIELS et METHODES
• Zone d’étude
L’étude a été effectuée dans le centre du corridor forestier de
Fianarantsoa dénommé « Corridor Fandriana-Vondrozo », plus précisément,
dans la commune rurale d’Ambohimahamasina qui est la plus peuplée du
corridor. Dans cette commune, un sentier traverse d’Ouest en Est le corridor
reliant ainsi le pays Betsileo et le pays Tanala (Figure 1). Cette étude a été
effectuée le long du sentier dans la partie Betsileo pour mettre en évidence
l’influence de la population locale sur l’état de la forêt.

Le climat y est de type tropical d’altitude alterné en deux saisons : six


mois de saison pluvieuse (Octobre – Mars) suivis de six mois de saison sèche
(Avril – Septembre). La température moyenne varie entre 15°C et 20°C et peut
atteindre 30°C pendant la période chaude et 5°C pendant la période froide.

D’après Humbert & Cours Darne (1965), la forêt dans la région fait partie
de la forêt humide sempervirente de moyenne altitude, série à Weinmannia et à
Tambourissa.

Choix des sites

Après une prospection effectuée dans la zone, 4 sites sont


retenus pour constituer un gradient de dégradation : les forêts de références qui
sont les Alamainty2 et les Alamena 3, les forêts en contact avec les savanes
qui constituent deux groupes, les forêts en contact avec les savanes incluses
et les forêts en contact avec les savanes sur versant. Cinq relevés écologiques
sont effectués par sites, soit un total de vingt relevés.

2
Alamainty : forêt qui selon la perception paysanne est la forêt naturelle « primaire ».
3
Alamena : forêt naturelle appartenant à un niveau topographique élevé ou une forêt qui a subit une
dégradation.

194
II. Statut de conservation, écologie
é et écophysiologie végétales

Carte 1:: Localisation de la zone d'étude (source: FTM BD 100, 2005; MEM, 2009)

195
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

• Méthodes d’étude de la structure verticale

La méthode de transect (Gautier,1994) consiste à installer un transect de


50m dans la végétation, matérialisé par une chevillière, et qui est parallèle à la
pente. Tous les 1m, la hauteur de contact entre la partie vivante de la plante et
les points de lecture est notée à l’aide d’un goal de 7m de hauteur (Figure 1).
Cette méthode permet de visualiser les différentes strates de la formation et
ainsi en déduire le recouvrement de chaque strate.

Hauteur (m)
Goal

co
Chevillière

Piquet

Distance (m)

Figure1 : Méthode d’étude de la structure verticale de la végétation (Gautier,


1994)
Méthode d’étude de la structure horizontale

La méthode de placeau consiste à installer un plot un placeau de 900m²


dans la formation. Le plot est ensuite subdivisé en trois compartiments (Figure
2) : le compartiment A qui correspond à tout le placeau, le compartiment B qui
correspond au quart du compartiment A et le compartiment C qui correspond au
quart du compartiment B.

Le recensement des individus est ensuite faite de la manière suivante :

Tous les individus ayant un diamètre à hauteur de poitrine (dhp)


supérieur à 10cm sont recensés dans le compartiment A.

Tous les individus ayant un diamètre à hauteur de poitrine (dhp) entre 5


et 10cm sont recensés dans deux compartiments B.

Tous les individus ayant un diamètre à hauteur de poitrine (dhp) inférieur


à 5cm sont recensés dans cinq compartiments C.

196
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Figure 2 : Dispositif d'un placeau A

A chaque recensement, les paramètres floristiques utilisés sont le nom


scientifique, la hauteur du fut ou la hauteur du tronc jusqu’à la première
ramification, la hauteur maximale et le diamètre à hauteur de poitrine (dhp).

Ces paramètres ont permis de caractériser les différentes formations à


travers la densité pour estimer le nombre d’individus à l’hectare, la surface
terrière et le biovolume (pour estimer le potentiel en bois et le taux de
régénération pour estimer le potentiel de régénération de la formation).

Analyse numérique : Analyse factorielle des


correspondances (AFC)

Après les relevés sur le terrain, une analyse factorielle de


correspondance des données obtenues a été effectuée sur la matrice des
relevés et de la richesse floristique, pour identifier les différents groupements
végétaux.

3. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Identification des groupements végétaux

Les résultats de l’analyse factorielle des correspondances sur la matrice


des 20 relevés et des 138 espèces inventoriées sur l’ensemble des relevés sont
représentés dans la figure 3.

197
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Figure 3 : Cartes factorielles dans le plan 1-2 des 20 relevés (a) et des 138
espèces (b)

R1, R2, R3, R4, R5 : relevés des Alamainty ; R6, R7, R8, R9, R10 : relevés des
Alamena ; R11, R12, R13, R14, R15 : relevés des forêts en contact avec les
savanes incluses ; R16, R17, R18, R19, R20 : relevés des forêts en contact
avec les savanes sur versant ; 1,…,129 : codage des espèces (un chiffre=une
espèce). Ne sont représentéssur la figure b que les espèces ayant une forte
contribution absolue et une bonne représentation

Le premier plan factoriel 1-2 explique environ 64% de la variabilité


totale soit 42,07% pour l’axe 1 et 21,72% pour l’axe 2. Suivant l’axe 1, les
relevés des Alamainty (G3) et des Alamena (G2) sont proches en abscisse
négative. A ces relevés s’ajoutent les relevés des forêts en contact sur versant.
Quant aux relevés des forêts en contact avec les savanes incluses, ils sont
écartés en abscisse positive. Cette répartition des relevés serait liée au degré
d’ouverture de la voûte forestière. L’axe 1 représente donc le degré d’ouverture
de la voûte.

Suivant l’axe 2, certains relevés des Alamena, des forêts en contact


avec les savanes incluses et les forêts en contact avec les savanes sur
versants sont en ordonnée négative par contre les relevés des autres forêts avec
les relevés des Alamainty sont en ordonnée positive. Ainsi, l’axe 2 représente le
degré de perturbation de la formation.

198
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

En faisant la correspondance de la carte factorielle des relevés avec la


carte factorielle des espèces, les différents groupes présentent leurs espèces
caractéristiques. Selon la contribution des espèces sur les axes factorielles, le
groupe 1, représenté par les relevés des forêts en contact avec les savanes
incluses, est une forêt à Ficus soroceoides et à Erythroxylum nitidilum, le
groupe 2, représenté par les relevés des forêts en contact avec les savanes
sur versant et les relevés des Alamena, est une forêt à Erythroxylum nitidilum et
à Amerya humbertii et le groupe 3, représenté par les relevés des Alamainty,
est une forêt à Dalbergia sp.et à Polyscias ornifolia. La contribution des
espèces sur les axes factoriels se traduit par la fréquence de présence des
espèces ainsi de l’abondance et dominance des espèces. Les deux espèces
qui représentent les groupes sont les deux espèces ayant la contribution la plus
élevée.

L’abondance de Dalbergia sp. dans le groupe 3 indique que la formation


de ce groupe est la moins dégradée des 3 groupes. L’abondance des espèces
héliophiles dans le groupe 2 indique que la formation est la plus dégradée des
trois. Ainsi, les forêts en contact avec les savanes sur versant sont plus
dégradées que les forêts en contact avec les savanes incluses.

Description des groupements végétaux

Forêtà FicusSoroceoideset àErythroxylumnitidilum(G1)

Richesse floristique

La formation est composée de 92 espèces réparties dans 70 genres et


41 familles. Les familles les plus représentées sont les Rubiaceae avec 10
espèces, les Euphorbiaceae avec 10 espèces, les Araliaceae avec 4 espèces
et les Clusiaceae avec 6 espèces.

Structure horizontale

La formation est dominée par des individus de taille moyenne. La


présence d’arbres de diamètre supérieure à 35cm de diamètre est rare. Le
potentiel en bois est important avec un biovolume de 121m3/ha et une surface
terrière de 26 m ²/ha avec un nombre d’arbres ayant un dhp supérieur à 10 cm
de 1172 individus/ha. La densité du peuplement est de 21213 ind. /ha soit 2 ind.
/m².

199
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Structure verticale

La formation présente 3 strates, avec les émergents. Aussi, la voûte


forestière est assez fermée. Le nombre de strates et leur taux de recouvrement
sont présentés dans les figures 4 et 5

La strate supérieure présente une hauteur comprise entre 10 et 15 m


(figure 4) et un taux de recouvrement pouvant aller de 37 à 80% (Figure 5). Les
espèces les plus représentées sont : Labramiaditimena (Sapotaceaea), Ocotea
sp. (Lauraceae), Mauloutchia sp. (Myristicaceae), Sideroxylon sp.
(Sapotaceae), Garcinia sp. (Clusiaceae), Eugeniabernieri (Myrtaceae), Ficus
sp. (Moraceae).

La strate moyenne allant de 4 à 10m de hauteur ayant leur taux de


recouvrement de 47 à 70%. La strate est composée par les mêmes espèces
que la strate supérieure mais, les espèces suivantes sont également présentes
: Dombeyalucida (Sterculiaceae), Ameryahumbertii (Euphorbiaceae),
Mapouriaparkerii (Rubiaceae), Cyathea sp. (Cyatheaceae), Gaertneraobovata
(Rubiaceae) et par la famille des Araliaceae représentée par les genres
Polyscias et Schefflera.

La strate inférieure (0-4m) est composée surtout par des arbustes et des
espèces herbacées tels que Cephalostachyrum sp. et Ruellia cyanea. Elle
présente un taux de recouvrement compris entre 43 et 67%. Les espèces les
plus fréquentes dans cette strate sont surtout Erythroxylum nitidilum
(Erythroxylaceae), Drypetesmadagascariensis (Euphorbiaceae),
Oncostemumbotrioïdes (Myrsinaceae), Peperodium sp.,
Canthiumhumbertianum (Rubiaceae).

Forêt à Erythroxylum nitidilum et à Amerya humbertii (g2)

Richesse floristique

L’inventaire fait état de 123 espèces réparties dans 66 genres et 39


familles. Les familles les plus représentées sont la famille des Rubiaceae avec
10 genres et 14 espèces, Euphorbiaceae avec 6 genres et 14 espèces,
Clusiaceae avec 6 genres et 8 espèces, Araliaceae avec 3 genres et 7
espèces.

Structure horizontale

La formation est riche en individus de taille moyenne et en arbustes. De


ce fait, la densité des individus est élevée avec un potentiel en bois moyen. En
effet, la densité du peuplement est 27011 ind. /ha soit environ 3 ind. /m².

200
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Respectivement, la surface terrière et le biovolume ont une valeur de 20 m²/ha


et de 72 m3/ha.

Structure verticale

La formation présente 4 strates bien distinctes représentées par les


figures 6 et 7.

La strate supérieure, a une hauteur comprise entre 8 à 12 m (Figure 6).


La strate est assez ouverte avec un taux de recouvrement allant de 43 à 70%
(Figure 7). Labramiaditimena (Sapotaceae), Weinmannia sp. (Cunoniaceae),
Uapacathouarsii (Euphorbiaceae), Ocotea sp. (Lauraceae),
Anthocleistarhizophoides (Loganiaceae) et Syzigiumonivense, Eugenia
jambolana (Myrataceae) sont les espèces les plus représentées.

La strate moyenne est entre 5 et 8m de hauteur, dont les principales


espèces constitutives sont Symphoniamicrophilla (Clusiaceae), Ocoteacymosa
(Lauraceae), Cyathea sp. (Cyatheaceae), Burasariamadagascariensis
(Menispermaceae), Petchiamadagascariensis (Apocynaceae). Le taux de
recouvrement environne les 57%.

La strate arbustive est représentée par des espèces telles que


Eliaeaarticulata, Calophyllummilvum, Psorospermumfanerana (Clusiaceae),
Erythroxylumnitidilum (Erythroxylaceae), Crotonglomeratus (Euphorbiaceae),
Tinathouarsiana (Sapindaceae), Grewiaopetala (Tiliaceae) et
Oncostemumbothryoides (Myrsinaceae). Ces espèces ont une hauteur entre 1
et 5m dont le taux de recouvrement varie de 47 à 60%.
La strate herbacée est dominée par l’espèce Cephalostachyrum sp.
(Bambusaceae). Le taux de recouvrement, y est très élevé (environ 90%).
Forêt à dalbergia sp. et à polyscias ornifolia (g 3)

Richesse floristique
L’inventaire effectué fait état de 99 espèces réparties dans 73 genres et
43 familles. La liste floristique est donnée dans l’annexe 4c. Les familles les
plus représentées sont les familles de Rubiaceae avec 9 genres et 12 espèces,
d’Euphorbiaceae avec 7 genres et 8 espèces, de Clusiaceae avec 5genres et 6
espèces et d’Araliaceae avec 2 genres et 6 espèces.

201
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

13
12
11
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31
Figure 4 : Structure de la forêt à Sorosoides et à Erythroxylum nitidilum

3
14_15 20
37
12_13 60
70
10_11 80
Hauteur (m)
70
8_9 63
57
6_7 70
53
4_5 47
50
2_3 67
53
0_1 43

0 20 40 60 80 100
Recouvrem ent (%)

Figure 5 : Diagramme de recouvrement de la forêt Sorosoides et à Erythroxylumnitidilum

202
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

13

12

11

10

0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

Figure 6 : Structure de la forêt à Erythroxylumnitidilum

20
10_11 43
67
Hauteur (m)

8_9 70
57
6_7 57
57
4_5 47
50
2_3 50
60
0_1 90

0 20 40 60 80 100
Taux de rec ouvrement % )

Figure 7 : Diagramme de recouvrement de la forêt à Erythroxylumnitidilum

203
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Structure horizontale

La formation présente une rareté en espèces de taille moyenne (10cm


<dhp< 35cm) mais la présence d’arbres de diamètre supérieure à 35cm
témoigne du potentiel en bois élevé. En effet, avec une densité d’arbres
supérieure à 10cm de diamètre d’environ 900 individus dans le plaçeau de
900m², la formation présente une surface terrière de 30m²/ha et un biovolume
de 169m3/ha. La densité du peuplement est de 21901 ind. /ha.

Structure verticale

La formation présente 4 strates bien distinctes avec les émergeants


(figure 8) Chaque strate présente un intervalle de taux de recouvrement
représenté par la figure 10.

La strate supérieure est comprise entre 10 et 16m de hauteur avec un


taux de recouvrement variant entre 47 à 73%. Elle est constituée par des arbres
de gros diamètre (dhp supérieur à 10cm) des espèces suivantes : Eugenia
bernieri, Syzigiumemirnense (MYRTACEAE), Ocotea sp. (LAURACEAE),
Albiziafastigata, Dalbergia sp. (FABACEAE). Des lianes se développent en
s’agrippant sur le tronc des gros arbres afin de chercher la lumière au niveau de
la canopée. Des épiphytes se développent aussi sur les troncs : des orchidées
et des fougères.

La strate moyenne est constituée par des arbres de taillemoyenne. La


hauteur des individus se situe entre 7 et 10m. Les espèces constitutives sont
Mapouriaparkeri (RUBIACEAE), Macarangaalnifolia (EUPHORBIACEAE),
Cyathea sp. (CYATHEACEAE), Polyscias aculeata, Polyscias sp.
(ARALIACEAE). Le recouvrement de la strate varie entre 53 et 60%.

La strate arbustive est dominée par la famille des RUBIACEAE telles


que Psychotria sp, Canthiumhumbertianum, Peporidium sp., Bertiera sp.,
Gaertneraobovata, et quelques espèces à savoir Mollinaearetusa
(SAPINDACEAE), Oncostemumlaurifolium, Oncostemumfalcifolium
(MYRSINACEAE), Calophyllummilvum, Chrysophyllumboiviniana
(CLUSIACEAE). Ces espèces ont une hauteur comprise entre 1 et 7 m dont le
recouvrement est entre 43 et 53%.

La strate inférieure est dominée par Ruelliacyanea (ACANTHACEAE)


qui constitue un peuplement monospécifique hors les repousses des strates au-
dessus. Le taux de recouvrement de cette strate est, très élevé, environ de
97%.

204
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

17_18

16_17

15_16

14_15

13_14

12_13

11_12

10_11

9_10

8_9

7_8

6_7

5_6

4_5

3_4

2_3

1_2

0_1
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30

Figure 8 : Structure de la forêt à Dalbergia sp. et Polyscias

15_16 33
47
63
12_13 73
73
Hauteur (m)

53
9_10 40
40
60
6_7 60
53
43
3_4 50
43
43
0_1 97
0 20 40 60 80 100
Recouvrem ent (%)

Figure 9 : Diagramme de recouvrement de la forêt à Dalbergia sp. et Polyscias

205
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4- DISCUSSION

Par la présence du genre Polyscias ornifolia dans le groupe 3, ce groupe


ne peut plus être considéré comme forêt intacte mais plutôt comme forêt
mature. En effet Polyscias est une espèce héliophile caractérisant une forme
de perturbation d’une formation. Ainsi, la forêt de Sahabe est une forêt qui est
déjà perturbée. Cette perturbation varie en fonction de l’intensité des activités
de la population locale d’où les trois groupements floristiques. Le terme de forêt
mature est déjà utilisé par Carrière et al., (2007) dans la zone d’Ambendrana et
par d’autres auteurs comme Ranarivelo & Kotozafy (2001) et Moreau (2002)
respectivement dans le Parc National de Ranomafana et sur les forêts en lisière
Betsileo du corridor forestier.

Les caractères floristiques des groupements sont résumés dans le


tableau 1.

Tableau I : Caractères floristiques et biométriques des différentes formations

La forme de perturbation de la forêt n’est pas perceptible au niveau


floristique. En effet, le groupe 2 est le plus perturbé mais avec une richesse
floristique faible par rapport aux autres groupes. Donc, la perturbation n’est pas
toujours synonyme de rareté d’espèce (Randrianarison, 2009). Ce résultat
corrobore ceux de Carrière et al., (2007). Cette perturbation est par contre mise
en évidence par le biovolume et la densité d’arbres de gros diamètre. Plus le
biovolume est faible mais avec une densité d’arbres de gros diamètre élevé,
plus la formation est perturbée et inversement. Ces paramètres sont régis par
les ouvertures de la voûte forestière. En outre, le degré d’ouverture de la voûte
forestière peut être évalué par la présence et l’abondance d’espèces héliophiles
ou sciaphiles dans la strate herbacée.

Le facteur sol est également un critère de la typologie de la végétation.


Mais pour notre cas, l’étude a été faite au niveau local. Ainsi, le sol est
apparemment homogène dans la zone d’étude. Toutefois, des auteurs comme
Pfund (2000), Randriamalala et al. (2007) et Randriambanona (2008) ont
démontré que les variables édaphiques n’exerce pas une grande influence sur

206
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

la végétation. Le sol est pris en compte lorsque la classification se fait à grande


échelle.

Après une perturbation quelconque, les forêts primaires deviennent en


se reconstituant des forêts matures mais qui se différencient de la forêt primaire
originelle. Cette forme de maturité pourrait mieux se définir en détectant des
formations régénérées pendant une cinquantaine d’années.

5- CONCLUSION

La présente recherche a permis de dégager que la forêt de Sahabe est


une formation mature à cause d’activités humaines anciennes et actuelles. Du
fait de ces activités, la végétation dans la région est une végétation hétérogène
composée de forêt (mature, dégradée), de savane et de savoka. Le degré de
perturbation varie selon la proximité aux agglomérations. Les forêts, qui sont
près des villages, sont les plus dégradées.
Les critères de typologie qui se dégagent et qui sont générales dans
toutes les études de la typologie sont alors les critères floristiques, structurales,
historiques, stationnel et édaphiques.

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Randriambanona H.A., 2008 – Successions écologiques dans les plantations
de Pinus, D’Acacia et dans les forêts naturelles de la région nord-ouest
du corridor de Fianarantsoa (Madagascar). Thèse de doctorat en
Sciences de la vie, option Biologie et Ecologie Végétales, spécialité
Ecologie végétale. Université d’Antananarivo.111 p.
Randrianarison A., 2009 – Dynamique des écosystèmes forestiers en contact
avec les savanes dans le corridor forestier de Fianarantsoa : Sahabe-
Ambohimahamasina. Mémoire de DEA, option écologie végétale.
Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des sciences,
Université d’Antananarivo/Programme MEM. 70 p.

208
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ETUDE ECOLOGIQUE DE DIX (10) ESPECES VEGETALES LES


PLUS UTILISEES DES MASSIFS FORESTIERS DU MONT
MZEKUKULE MOHELI : STATUT DE CONSERVATION,
CARACTERISATION DE L’HABITAT, DISTRIBUTION
GEOGRAPHIQUE EN VUE DE LA CREATION D’UNE AIRE
PROTEGEE TERRESTRE.
Anli MOHAMED; Edmond ROGER; CharlotteRAJERIARISON
PB 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences, Université
d’Antananarivo

RESUME
Les dix espèces végétales faisant l’objet de cette étude appartiennent
au reliquat de forêt dense humide de moyenne altitude de Mohéli. En dépit de
leur importance écologique et économique, leur utilisation non contrôlée les
expose à des risques élevés d’extinction. Ainsi des mesures de conservation
sont nécessaires pour le maintien de la pérennité de cette biodiversité. Pour y
parvenir, les menaces et les pressions qui pèsent sur ces espèces et sur leur
habitat, leur distribution et leur écologie ont été analysées afin d’évaluer leurs
statuts de conservation pour un classement dans les catégories des menaces
selon UICN. Six (6) espèces sont catégorisées en danger critique d’extinction
(CR) et quatre (4) en danger (EN). L’état actuel de leur écosystème exige un
classement de ce dernier en Aire Protégée terrestre.

MotsClés : écologie – pressions et menaces– statut UICN – flore et végétation


– mzekukule – moheli – comores.

INTRODUCTION

Actuellement, au niveau mondial, la déforestation est devenue un


phénomène tropical où son ampleur 15 millions d’ha/an
(http://wwwmalango.net) et ses impacts s’accroissent annuellement de façon
exorbitante, causant des catastrophes écologiques dramatiques (désertification,
sécheresse, problème d’eau, réduction de la biodiversité, dégradation des sols.)
Malgré sa richesse biologique, plus de 2000 espèces végétales et 1337
espèces animales, son importance scientifique, écologique et économique sur
des îles océaniques d’une faible superficie environ 1/300 de celle de
Madagascar, les écosystèmes forestiers de l’union des Comores subissent des
pressions et menaces anthropiques notamment le défrichement au rythme de
1277 ha/an (PFN, 2007). Ces pressions et menaces sont à l’origine d’une
disparition d’espèces, d’une réduction des ressources forestières et d’un
déséquilibre écologique dont les indices les plus remarquables sont le

209
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

tarissement des cours d’eau, des étangs, des marécages et des mares très
visibles à Anjouan.
En ce sens, des mesures de protection et de conservation en vue d’une
utilisation rationnelle et durable de ce patrimoine doivent se mettre en place par
le biais de la création d’Aires protégées. Raison pour laquelle cette étude a été
menée afin de déterminer les espèces végétales les plus utilisées et leurs
statuts de conservation, de fournir des informations scientifiques sur l’état de
leur habitat pour inciter une prise de décision pour un aménagement de la forêt
dense humide de moyenne altitude de Mohéli en aire de conservation.

MILIEU D’ETUDE

D’origine volcanique, l’archipel des Comores est constitué de quatre îles


principales dont Grande Comore, Anjouan et Mohéli formant ainsi l’union des
Comores et Mayotte qui reste sous l’administration française. Il est situé dans la
partie septentrionale du Canal de Mozambique entre l’Afrique et Madagascar.

Mohéli est la plus petite des îles Comores avec 211 km² de superficie. La
zone d’étude, le massif montagneux de Mzékukulé se trouve dans la région de
Mlédjélé, partie centrale et occidentale de Mohéli, à une altitude comprise entre
400 à 790 m. elle est située entre 12° 16’ et 12°20’ de latitude Sud et entre 43°
38’ (Hawabouchi) et 43° 45’de longitude Est (Col de Mlédjélé Nkowani) et a une
superficie de 1070 ha. Quatre sites ont été étudiés : Serandréngué (bas et haut
versant), Vouléni (mi-versant et sommet Mzékukulé).

MATERIELS ET METHODES D’ETUDE

3-1- Matériels

Les descriptions botaniques des espèces étudiées sont faites à partir


d’observations directes sur terrain et complétées par des données
bibliographiques (Dupuy, 2002 ; Perrier de la Bathie, 1952 ; Aubreville, 1974 ;
Morat, 1971).

• Nuxia pseudodentata. A.J. Leewemberg.


Famile : Loganiaceae ; Nom vernaculaire : Moiha

Arbre de 4 à 16 m, tronc de 24 à 75 cm, rameaux gris brun pâle, feuilles


simples opposées, inflorescence rameuse, Fruit capsule, espèce endémique
des Comores, répartition dans la FDHSC, utilisée dans la construction des
cases et comme bois de chauffe.

• Grisollea myrianthea. Baillon


Famille : Icacinaceae, Nom vernaculaire : Nkarayagnombé

210
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Arbre de 10 à 15 m, de 27 à 35 cm de diamètre, rameaux épais. Les


feuilles sont simples et alternes ; l’inflorescence est en grappe, fruit elliptique
épais. Endémique des Comores et de Madagascar, Commune à la FDHSS,
FDHSV, FDHSC, Utilisée dans la construction des cases et comme bois de
chauffe.

• Ocotea comorensis. Kosternm.


Famille : Lauraceae, Nom vernaculaire : « Mkafré »

Arbre de 20 m de hauteur, Rameaux subanguleuses, feuilles simples


alternes, inflorescence en grappe. Espèce endémique des Comores, fréquente
dans la FDHSS, FDHSV et FDHSC. Utilisée pour la fabrication des chevrons et
planches.

• Chrysophyllum boivinianum. L
Famille : Sapotaceae ; Nom vernaculaire : Mbajewu.

Arbre de 25 à 30 m de hauteur, feuilles simples alternes, fruit globuleux


de 5 à 6 graines, endémique des Comores et de Madagascar et commune à la
FDHSS, FDHSV et FDHSC. Usage : chevron et planche.

• Sygygium sakalavarum. H. perr.


Famille Myrtaceae, Nom vernaculaire « Chikélé »

Arbre de 30 m de hauteur et plus de 1 m de diamètre ; feuilles simples


alternes, inflorescence cyme trichotome ; fruit est une baie, rencontrée dans la
FDHSV et FDHSC ; espèce Pantropicale ; usage : chevron et planche

• Breonia chinensis. (Lam) Capuron.


Famille : Rubiaceae ; Nom vernaculaire : « Mchagama »

Arbre de 7 à 25 m, feuilles simples opposées, inflorescence solitaire ;


fruit individuel avec un dur endocarpe ; présent dans la FDHSV ; espèces
Pantropicale ; utilisée dans la construction des cases, et dans la menuiserie
comme chevron et planche.

• Weinmannia comoriensis.Tul
Famille : Cunoniaceae ; nom vernaculaire : « Mrikudi »

Arbre de 20 m de hauteur ; rameaux légèrement épais aux nœuds ;


feuilles composées pennées, fruits capsules ; endémique des Comores,
fréquente dans la FDHSV et FDHSC ; utilisée comme planche et chevron.

211
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Carte 1 : Situation des Comores dans l'Océan Indien et de Mohéli dans


l'archipel des Comores
Source : DGE, 2002 améliorée par l’auteur

• Brachylaena ramiflora. Var. comorensis.BACK


Famille : Asteraceae ; nom vernaculaire : Hadza

Arbre de 15 à 20 m de hauteur ; rameaux pubescentes ; feuilles


simples opposées ; inflorescence en capitule ; espèce endémique des
Comores, rencontrée dans la FDHSV et FDHSC, utilisée surtout comme
chevron.

• Albizia glaberrima. shumach et thonn


Famille : Fabaceae ; nom vernaculaire : Mdjindjé

212
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Arbre de 24 à 30 m, 150 cm de diamètre ; feuilles composées alternes ;


inflorescence en grappe ; rencontrée dans les FDHSS ; espèce : Pantropicale ;
utilisée dans la fabrication des pirogues.

• Callophylum comorense. H. perr.


Famille : Clusiaceae ; nom vernaculaire : Mtrondronvouzi

Arbre de 20 à 25 m de hauteur, de 60 à 80 cm de diamètre ; feuilles


opposées simples ; fruits globuleux très lisses, espèces endémiques des
Comores, rencontrée dans la FDHSV et utilisée comme chevron et planche.

3.2- Methodes d’étude

Pour mener à bien cette étude et pour atteidres les objectifs, plusieurs
méthodes ont été appliquées dans le but d’enrichir les données sur l’écologie
des espèces et de cerner les caractéristiques de leur écosystème afin de
proposer un schéma d’aménagement.

Des enquêtes ethnobotaniques ont été menées auprès des


habitants de Wallah I et II, Ndrodroni, Nioumachoua, Mirigoni et Barakani pour
collecter les informations sur la gestion des plantes, d’estimer les menaces et
les pressions qu’elles subissent afin de sélectionner celles qui sont confrontées
à des risques accrus d’extinction comme espèce à conserver.
L’indice d’utilisation selon la formule de Lance (1994) est utilisé comme
référence pour le choix des espèces cibles
Nombre de personnes citant favorablement l’espèce cible
Indice d’utilisation =
Nombre totalde personnes enquêtées
La méthode de Duvigneaud (1946) était utilisée pour connaitre la
richesse spécifique de la zone d’étude. Les relevés relatifs à la
présence/absence ont été effectués dans des carrés juxtaposés de côté égal à
4 m x 4 m.
La méthode de Gautier et al. (1994) était appliquée dans le but de
déterminer la physionomie de la forêt et son état de dégradation. Au cours du
déplacement de la gaule de 7 m le long d’une chevillière de 100 m, les hauteurs
de contact avec la partie vivante des végétaux ont été répertoriées et celles
supérieures à 7 m ont été estimées.
Le traitement des données sur Excel a permis l’établissement du profil
de la végétation et le recouvrement.

La méthode utilisée pour cerner la flore associée aux dix (10)


espèces cibles et l’étude de leurs abondances numérique est celle de quadrat
centré en un point (Brower et al., 1990). La sociabilité d’un taxon à une espèce
cible a été évaluée selon la formule de Greig Smith (1994).

213
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

nix 100
Fr =
NE
L’abondance spécifique a été donnée par la formule de Schatz et al. (2001).
A=Sxd
Avec A : Abondance spécifique ; S : Aire où la sous population a été étudiée et
d : densité spécifique dans le site d’étude
N
d=
P

Avec N : nombre total d’individus et P : surface totale de parcelleétudiée


La distance de l’espèce associée à l’espèce cible, le Dhp et la hauteur totale
sont les paramètres utilisés.
Pour l’étude de la régénération naturelle, les observations
suivantes ont été réalisées : dissémination des graines, phénologie, structure
démographique et le potentiel de régénération.
Il est calculé selon la formule de Rothe (1964).
Nombre d’individus d’espèces régénérées x 100
TR =
Nombre d’individus d’espèces semenciers

- Si TR < 100 la régénération est mauvaise


- Si TR > 100 la régénération est bonne
- Si TR > 100 la régénération est très bonne
A propos de la s structure démographique, la répartition des
individus par classe de diamètre a été réalisée. Six classes de diamètre ont été
considérées. (] 0 ; 2,5[ ;] 2,5 ; 5[ ;] 5 ; 10[ ;] 10 ; 15[ ;] 15 ; 30[ ; > 30 cm).
La distribution des troncs dans les différentes classes indique la santé des
individus et l’existence d’éventuelles perturbations de la forêt et des espèces
cibles.
Pour l’étude de la distribution géographique des espèces cibles,
les coordonnées géographiques et les données bibliographiques ont été
traitées dans un logiciel SIG (Map-info) pour l’élaboration des cartes
correspondantes.
Les pressions et menaces que subissent les espèces cibles et leur
habitat sont estimées par l’analyse et l’interprétation des données des enquêtes
ethnobotaniques et des observations sur terrain.

4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Les résultats mettent en évidence les utilisations, la structure
démographique, la régénération naturelle, la distribution et la densité de chaque
espèce, ainsi que les menaces et pressions qu’elles subissent afin d’évaluer
leur statut écologique selon UICN (2001).

214
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4.1. Utilisation
Le tableau 1 résume les différentes utilisations des espèces
sélectionnées d’après les enquêtes ethnobotaniques et les observations
directes sur terrain. Elles sont surtout utilisées dans la construction des cases,
clôtures, pirogues et l’ébénisterie.

Tableau 2 : Usage local des espèces cibles et leur indice d'utilisation


Indice
Noms scientifiques Noms vernaculaires Usage local
d’utilisation
Construction, pirogue, bois de
Albizia glaberrima Mdjindjé 61,65 %
chauffe
Weinmannia Menuiserie, chevron, planche,
Mrikudi 73,38 %
comorensis bois d’œuvre, bois de chauffe
Chevron, planche, bois de
Ocotea comorensis Mrembwe, Mkafré 65,76 %
chauffe
Brachylaena ramiflora Construction, chevron, bois de
Mtrouagnigni 63,5 %
var. comorensis chauffe
Nuxia pseudodentata Mwaha Construction, bois de chauffe 69,16 %
Planche, chevron, construction,
Breonia chinensis Mchagama 78,6 %
bois de chauffe
Chrysophyllum Planche, chevron, construction,
Mimbajewu 67,52 %
boivinianum bois de chauffe
Planche, chevron, construction,
Syzigium sakalavarum Chikele 80,52 %
bois de chauffe
Planche, chevron, construction,
Callophylum comorense Mtrondrovouzi 65,33 %
bois de chauffe
Chevron, construction, bois de
Grisollea myrianthea Nkaroyagnombe 62
chauffe

4.2- Structure démographique


Le tableau 2 indique les fréquences des espèces cibles en fonction des
classes de diamètre. Certaines classes sont absentes ou sont faiblement
représentées). Ceci révèle l’existence de perturbations au sein des populations
des espèces cibles. Ces perturbations sont surtout de nature écologique et
relative à la topographie (pente forte), la mauvaise régénération et à la nature
du sol. Chaque espèce est confrontée à un cas particulier.
- Pour Albizia glaberrima, l’absence de diamètre inférieur à 30 cm est due
à la mauvaise régénération.
- Pour Ocotea comorensis, Brachylaena ramiflora var. comorensis,
Weinmannia comorensis, Callophylum comorense et Syzygium sakalavarum,
les troncs de diamètre supérieur à 30 cm sont exploités pour la fabrication de
planches et chevrons.

215
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Pour Nuxia pseudodentata et Grisollea myrianthea les pieds de diamètre


compris entre 2 à 15 cm sont utilisés dans la construction des cases comme
perches ou piliers.
- L’absence de diamètre compris entre 2,5 à 5 pour Breonia chinensis est
du à une mauvaise régénération.
- Pour Chrysophyllum boivinianum, l’explication de l’absence d’individu à
diamètre compris entre 2,5 à 15 cm reste hypothétique et peut être assimilée à
sa maturité.
Tableau 3 : Fréquences des classes de diamètres des espèces cibles
Fréquences des classes de diamètre (%)
Espèces
] 0 – 2,5] ] 2,5 –5] ] 5 – 10] ] 10 – 15] ] 15 – 30] > 30
Albizia glamberrina 0 0 0 0 0 100
Nuxia pseudodendata 6,25 17,75 0 0 54,8 20,19
Brachylaena ramiflora var.
0 0 30 20 45 5
comorensis
Ocotea comorensis 14,28 14,28 9,5 23,80, 4,76 23
Grisollea myrianthea 59 26 5 10 0 0
Syzygium sakalavarum 83 0 0 0 0 17
Weinmannia comorensis 0 0 11 12 69 8
Chrysophyllum boivinianum 88 4 0 0 2 6
Breonia chinensis 0 0 22 31,25 34,37 9,37
Callophylum comorense 91 0 0 0 3 6

4.3. Régénération naturelle


Après avoir calculé les taux de régénération le tableau 3 résume les
valeurs obtenues.

Tableau 4 : Taux de régénération des différentes espèces


Effectif des Effectif des
Espèces cible individus individus Total TR (%)
régénérés semenciers
Callophylum comorense 97 7 104 1385,7
Syzygium sakalavarum 10 6 16 166,6
Grisollea myrianthea 36 7 43 514,3
Brachylaena ramiflora var. comorensis 6 7 13 85,7
Ocotea comorensis 8 13 21 61,5
Nuxia pseudodentata 7 14 21 50
Albizia glaberrima 0 4 4 0
Weinmannia comorensis 3 23 26 13
Breonia chinensis 7 25 32 24
Chrysophyllum boivinianum 65 3 68 2166,66

4.4. Distribution des espèces cibles


Le tableau 4 renferme les informations sur la distribution des espèces
étudiées d’après nos investigations et l’interprétation des informations.

216
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

L’analyse de la carte de distribution (Carte 2) a mis en exergue l’aire


d’occupation et l’aire d’occurrence. L’absence d’une Aire Protégée aux
Comores expose les espèces à une Prédiction de Déclin Future de 100 %.

Trois (3) espèces seulement ont une large distribution (Chrysophylum


boivinianum, Grisollea myrianthea et ocotea comorensis). Les sept (7) autres
sont de distribution restreinte. Elles sont représentées par une petite sous
population. Leurs Aires d’occurrence et d’occupation sont inférieures à 10 km².
Leur écologie est caractérisée par 3 types de formation : une FDHSS, une
FDHSV et une FDHSC. Elles se différentient par leur aspect physionomique,
leur composition floristique et leur type biologique. 215 espèces ont été
inventoriées réparties dans 147 genres et 74 familles.

Carte 2 ; Répartition géographique des espèces sélectionnées

4-1- Analyse des risques d’extinction


Le tableau 5 renferme les données utilisées pour l’évaluation des
statuts des espèces étudiées. La confrontation de ces données avec les
critères de l’UICN a permis l’estimation des statuts UICN des espèces.

217
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 5 : Caractéristiques de la distribution des espèces selectionnées


Répartition
Altitude sous AOO EOO PFD
Espèces cibles biogéographiq Habitat
. (m) population (km²) (km²) (%)
ue
Albizia glaberrima Pantropicale < 470 FDHSS 1 3,62 9,71, 100
Endémique des FDHSV
Nuxia pseudodentata > 470 1 8,8 9,71 100
Comores FDHSC
350 - FDHSS
Breonia chinensis Pantropicale 1 2,9 9,71 100
580 FDHSV
Endémique des FDHSS
Chrysophyllum boivinianum Comores et de 100-790 FDHSV 1 7,42 9,71 100
Madagascar FDHSC
Endémique des FDHSS
Grisollea myrianthea Comores et de 100-730 FDHSV 1 7,42 9,71 100
Madagascar FDHSC
Endémique des FDHSV
Callophylum comorense > 580 1 3,8 9,71 100
Comores FDHSC
Brachylaena ramiflora var. Endémique des 350 - FDHSS
1 2,32 9,71 100
comorensis Comores 580 FDHSC
FDHSS,
Endémique des 100 -
Ocotea comorensis FDHSV 1 3,71 9,71 100
Comores 750
FDHSC
Endémique des FDHSV
Weinmannia comorensis > 580 1 1,88 9,71 100
Comores FDHSC
470 - FDHSV
Syzygium sakalavarum Pantropicale 1 3,8 9,72 100
790 FSHSC
EOO : Aire d’occurrence ; AOO : Aire d’occupation, PFD : Prédiction du déclin future ; Alt : Altitude,
FDHSS : Forêt Dense Humide Semi-Sempervirente, FDHSV : Forêt Dense Humide sempervirente de
Versant, FDHSC : forêt dense humide sempervirente de crête.

Tableau 6 : Evaluation des critères pour les risques d'extinction


Critères PDF D Eoo Aoo Perte Statut
Ab TR Sp° Utilisation
Espèces (ind/ha) (Km²) (Km²) d’hab. proposé
Albizia glaberrima 100 144800 40 9,71 3,62 0 1 Oui Oui CR
Nuxia pseubodentata 100 7518 85 9,71 8,8 50 Oui Oui CR
Breonia chinensis 100 51135 175 9,71 2,9 24 Oui Oui CR
Chrysophytllum 2166,6
100 22279 30 9,71 7,42 Oui Oui EN
boivinianum 6
Grisollea myrianthea 100 54213 73 7,42 514,3 Oui Oui EN
Callophylum
100 26645 70 9,71 3,80 1385,7 Oui Oui EN
comorense
Brachylaena ramiflora
100 33603 115 9,71 2,92 85,7 Oui Oui CR
Var. comorensis
Ocotea comorensis 100 116616 120 9,71 9,71 61,5 Oui Oui CR
Weinmannia
100 34550 183 9,71 1,88 13 Oui Oui CR
comorensis
Syzygium
100 23980 63 9,71 3,80 166,6 Oui Oui EN
sakalavarum
Eoo : Aire d’occurrence, Aoo : Aire d’occupation ; PDF : Prédiction du déclin futur
d : densité ; Sp° : sous population ; TR : taux de régénération.
ab : Abondance ; EN : en danger d’extinction ; CR : en danger critique d’extinction.

218
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

6 espèces sont proposées d’être classées en danger critique d’extinction (CR) et 4 en danger d’extinction
(EN).

5. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
5-1- Discussions
Malgré, les difficultés rencontrées, les différentes méthodes utilisées ont
permis l’aboutissement aux objectifs de cette étude. Néanmoins, quelques
points méritent d’être discutés.

L’évaluation des statuts UICN des espèces exige beaucoup plus


d’informations sur leur écologie, leur répartition (Aoo et Eoo) et leur
abondance. Ce qui nécessit plus de prospections et récoltes dans plusieurs
sites, toutefois, la topographie de la zone, les moyens matériels et
financiers et le temps imparti ont limité l’investigation.
Les impacts des menaces et pressions sur les espèces cibles sont
considérables. Ainsi, une étude du sol pourrait apporter plus de précisions
sur les paramètres significatifs sur la répartition des communautés
végétales et les besoins des espèces étudiées qui pourraient être prise en
compte dans l’aménagement. Or les aléas climatiques rencontrés sur place
n’ont pas permis l’étude chimique du sol.

5.2. Recommandations

Les menaces fondamentales des espèces et de leur écosystème ne sont


autres que les défrichements, les bois de chauffe et de construction. Cela peut
expliquer la formulation des recommandations suivantes.

Mise en place d’une source d’énergie renouvelable pour réduire l’utilisation


plus importante du bois de chauffe.
Création des activités génératrice de revenus pour aider la population à
améliorer leur niveau de vie.
Amélioration des terres cultivables et techniques culturales pour ralentir la
vitesse de défrichement et maximiser les rendements.
Lutter contre la surpopulation pour créer l’équilibre entre les ressources et
les dépenses.
Promouvoir les recherches écologiques et le développement social et
projeter le classement immédiat de la zone d’étude en AP terrestre pour
assurer la conservation in- situ des espèces menacées et penser à la
création d’autres populations par la conservation ex- situ (mise en place de
pépinières, …).

219
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

6. CONCLUSION

Pour parvenir à la détermination des statuts UICN des espèces


végétales les plus utilisées des massifs du Mont-Mzékukulé et mettre en
évidence les caractéristiques de leur habitat, Il a été nécessaire de mettre en
exergue les menaces et pressions que subissent les espèces et connaître les
facteurs écologiques, pédologiques et biologiques régissant la vie dans ce bloc
forestier.
De ce fait, le traitement et l’interprétation des données bibliographiques,
l’analyse des enquêtes ethnobotaniques et les travaux de prospection ont
élucidé les perturbations de ce biotope basées sur les défrichements et
l’élevage. Manifestement, représentés par les ouvertures de la voûte forestière,
la modification des paysages forestiers et les déséquilibres écologiques qui en
découlent.
Trois (3) types de formations végétales quasiment originels (FDHSS,
FDHSV et FDHSC) ont été identifiés et étudiés. Les relevés écologiques ont
révélé la richesse floristique des sites considérés, leurs caractéristiques
structurales et leurs états. La répartition de ces formations végétales est
influencée par les précipitations, l’insolation et l’altitude.
La stratification des critères et catégorie de l’UICN avec les données sur
les espèces et l’ampleur des menaces sur celles-ci et leur habitat ont conduit à
la proposition des statuts provisoires suivants :
- Six (6) espèces en danger critique d’extinction (CR)
- Quatre (4) espèces en danger d’extinction (EN)
Des actions et des mesures de protection pour la sauvegarde de ces
espèces et de leur biotope doivent se mettre en place. D’où l’intérêt de la
délimitation de ce bloc forestier en Aire Protégée terrestre. Pour ce faire des
actions visant l’amélioration des conditions de vie de la population riveraines
doivent se mettre en cours. Un changement comportemental des habitants vis-
à-vis de l’environnement doit être renforcé par la voie de l’éducation
d’information et la communication.
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier le Conservation International et le Département
de Biologie et Ecologie Végétales de la Faculté des Sciences de l’Université
d’Antananarivo qui ont contribués à la réalisation de cette étude.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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végétation et du milieu.C.N.R.S. Paris.283p.
Gautier, L. Birkinshaw, C., Messmer, N., Ralimanana, H., Ranaivojaona,
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Structure et flore de la forêt sur la pente d’Andranomay –
Recherche pour le développement. Série Sciences Biologiquees,
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Greig-Smith, P.1964.Quantitative plant ecology 2nd ed. Butter Worths, London
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Humbert, H., 1962. Flore de Madagascar et des Comores, Mus. Natl. Hist
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Leeuwemberg, A., J.M 1984.Flore de Madagascar et des Comores, famille


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Morat, PH., 1991.Flore de Madagascar et des Comores. Museum d’histoire
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Rollet, B., 1983. La régénération naturelle dans les trouées. Un processus
général de la dynamique des forêts tropicales humides. Bois et forêts
des tropiques, 298p.

221
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Rothe, P.L., 1964.Régénération en forêt tropicale. Le Dipterocarpus drey (Dau)


sur le versant Cambridgien du Golf de Siam, Bois et forêt des tropiques
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Schatz, G.E., 2001. Generic tree flora of Madagascar. Royal Botanical gardens,
Kew et Missouri Botanical Garden. R. Linklater ; 503p.
UICN., 2001.Catégories et Critères de l’UICN pour la liste rouge version 3.1
UICN Gland, Suisse, 32 p.

ANNEXE : Richesse floristique globale


Famille Nom scientifique Noms vernaculaires
ACANTHACEAE Hypoestes sp.Sol exR.Br
ALANGIACEAE Alangium salvifolium. Lam Mzilidji
ANACARDIACEAE Sorindeia madagascariensis.Thouars Mtsididi
Monanthotaxis sp.
ANNONACAEAE Monanthotaxis valida. (Diels) Verdc
Polyalthia ghesquiereana.Cav. & Ker
APHLOIACEAE Aphloia theaeformis. Ben
Saba comorensis. Pichon
Carissa edulis.Vahl.
Petchia erythrocarpa
Petchia torulosa Mbougwe
APOCYNACEAE
Rauwolphia myrtifolia Msidano
Tabernaemontana coffeoides.(Boj) A.DC
Mascarenhasia arborescens.(Boj).DC
Landolphia multifolia. Pichon
ARACEAE Pothos scandens
Schefflera myriantha.Forster&Forste
ARALIACEAE Polyscias rependa
Polyscias sp.
Dypsis sp. Noronha ex. C. Martius
ARECACEAE Mvovo massera
Dypsis hildebrandtii. Baillon
Didymochlaena truncatula. (Sw) J. Sm. Hook
ASPIDIACEAE
Tectaria gumifera
Asplenium sp.L
Asplenium rutaefolium. L
ASPLENIACEAE
Asplenium aff. Nidus. L
Asplenium petiolulatum. L
ASTERACEAE Brachylaena ramiflora var.comorensis H. Humbert Hadza
BALSAMINACEAE Impatiens sp. L
BEGONIACEAE Begonia sp.L
Fernandoa madagascariensis. (Sprague) A. Gentry.
Ophiocolea floribunda.H.Perrier
Ophiocolea arborescens. Ex Perrier
BIGNONIACEAE Ophiocolea Hook.fif madagascariensis. (Twaites)
Colea tantziana
Colea tetragona
Ophiocolea comorensis
BLECHNACEAE Blechnum sp.L
CAPPARIDACEAE Thylachium soumangie.Wlw
Mystroxylon aethiopicum aethiopicum. (Thumb) Loesner
CELASTRACEAE Brexiella sp.
Mystroxylon madagascariensis. Nonha.ex Thouars

222
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Richesse floristique globale (suite)

Famille Nom scientifique Nom vernaculaire


Callophylum milvum.Stevens
CLUSIACEAE Callophylum comorense
Garcinia verrucosa. Jum. & perr. Aff
Floscopa glomerata.Hassk
COMMELINACEAE
Commelina sp.
Ipomea bulbufera.L
CONVOLVULACEAE
Dracaena sp.vand.ex.L
Weinmannia comorensis.Tul
CUNONIACEAE Weinmannia rutenbergii.Engler Mkindrikidri
Weinmannia mammea.Bernardi
Cyathea boivini.Sn
Cyathea madagascariensis
CYATHEACEAE
Cyathea sp.
Gymnosphaera madagascariensis.Blume
CYPERACEAE Scleria arbotiva.P.Bergius
DENNSTAEDTIACEAE Saccoloma/Orthiopteris henriettae. (Bak.)Cop..
DICHAPELACEAE Dichapetalum leucosia.(spreng) Engler.
DIDYMELACEAE Didymeles perrieri. Leandri
Diospyros sakalavarum.H.Perrier
EBENACEAE
Diospyros sphaerosepala.Baker
Erythroxylum sphaeranthum.P.Brawne
ERYTHROXYLACEAE
Erythroxylum nitidulum. Baker
Antidesma petiolare
Drypetes sp.
Orfilea coriacea
Macaranga bailloniana.Mull.arg
Moillotus sp.
EUPHORBIACEAE
Domohinea perrieri.J.Leandri
Croton argyrodaphne
Acalypha sp.L
Excoecaria madagascariensis.H.Baillon
Macaranga sphaerophylla.Thouars
Sennasp.Miller=cassia.Alexandrian
FABACEAE Cynometra pervilleana.L
Delonixdecaryi
FLACOURTIACEAE Casearia nigrescens. Jacq Fandrabou
HAMAMELIDACAE Dicoryphe sp.Thouars
HUPERZIACEAE Huperzia opositifolia.Bernh
Grisollea myrianthea.Baillon
ICACINACEAE Nkaro
Apodites dimidiata.E.Meyer.ex.Arn
Cryptocarya perrieri.R.Br
Ocotea comorensis.Oblet
LAURACEAE Ocotea cymosa.Palaky Mkafré
Raventsara areolata.Kost
Ocotea nervosa.L

223
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe: Richesse floristique globale (suite)

Famille Nom scientifique Nom vernaculaire


Leea monticola.Meyer.ex.l
LEEACEAE
Leea guineensis.G.Don
Nuxia capitata.Comm&Lin
LOGANIACEAE Anthocleista grandiflora.Gilg Mouaha
Strychnos madagascariensis
LOMARIOPSIDACEAE Lomariopsis pollicina
MALVACEAE Hibiscus tiliaceus
MARATTIACEAE Marattia fraxinea
Gravesia sp.Naudin
Clidemia hirta.
MELASTOMATACEAE
Medinilla sp.Don
occidentallis.Gaudih
MELIACEAE Trichilia tavaratra
MENISPERMACEAE Raptonema sp.
MIMOSACEAE Albizia glaberrima.Benth
Tambourissa leptophylla.Sonn
Tambourissa purpurea.Sonn
MONIMIACEAE Tambourissa religiosa.Sonn
Ephippiandra microphylla.Dene
Ficus polita.L
Trophis montana.P.Brawne
Broussonetia sp.L.Merit.ex.Vent
MORACEAE Ficus megapoda.L
Ficus cycomorus.L
Broussonetia greviana.L.Merit.ex.Vent
Ficus lutea. Vahl
Haematodendron glassum
MYRISTICACEAE Mauloutchia chapelieri Mbaraitnie
Mauloutchia humblotii
Oncostemum botrioides. Baker
Oncostemum sp.A.Juss
Ardisia sp. A.Juss
Foumthsanga
MYRSINACEAE Oncostemum polytrichum. Baker
massera
Oncostemum tusiflorum A.Juss
Oncostemum elephantipes. H.perr
Oncostemum terniflorum
Syzygium emirnense.Baker
Eugenia radiciflora.L
Eugeniasp.L
MYRTACEAE
Syzygium bernieri.Gaertner
Syzygium sakalavarum.Comb (wild.)DC
Eugenia jambolana.Lamk
Noronhia sambiranensis.Stadtm.ex Thouars
Noronhia
OLEACEAE
Noronhia crassiramosa.Stadtm.ex Thouars
Noronhia candicans

224
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Richesse floristique globale (suite)

Famille Nom scientifique Nom vernaculaire


Graphoskis sp.Thouars
Cynorkis sp.Thouars
Disperis oppositifolia.Sw
ORCHIDACEAE Jumellea major
Platylepis sp.A.Riche
Bulbophyllum sp.Thouars
Aerangis sp.Reichb.f
PANDANACEAE Pandanus sp.
Piper capens.L
Mdarafilifili
PIPERACEAE Piper borbonens.L
Rambou
Peperonia pubipetiola.Puriz&Pavon
Pittosporum ochrosifolium.Bojer
PITTOSPORACEAE Pittosporum verticillatum.Bojer
Pittosporum senacia.Putt
Olyra latifolia.L
POACEAE Stenotaphrum dimidiatum.Trin
Dactylocteniumsp.Wild
POLYPODIACEAE Phymatodes scolopendra
Lanchitis pubescens
Blotiella pubescens
PTERIDACEAE Kaouré
Pteris brevisora
Pteris tripinata. L
Gouaniasp.Jacq
RHAMNACEAE
Colubrina faralaotra. H. Perr Chivissa
Cassipouria gummiflua.Tul
RHIZOPHORACEAE
Macarisia pyramidata.Th
Breonia chinensis.A.Rich
Canthiumsp.
Canthium misanthium.Aublet
Canthium quadrilocularis.L
Canthium onivensis.Aublet.
Canthium homolleae.L
Canthium majus.Cavaco
Canthium médium.A.Rich
Chassalia sp. Comm ex juss
Chassalia psychotrioides.Comm.ex poiret
Coffea sp. ternifolia.Comm ex Poiret
RUBIACEAE Coptosperma madagascariensis.Hook.f
Cremocarpoon triflora.Benth
Euclinia suavissima.Homolle ex cavaco
Gaertnera obovata.Lam
Ixora ciphometa.L
Ixora onivensis. Aublet
Mapouria retiphlebia.Touars
Mapouria homolleae.L
Morinda citrifolia.L
Pentas sp.
Peponidium sp.

225
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Richesse floristique globale (suite)


Famille Nom scientifique Nom vernaculaire
Polysphaeria grandifolia.cavaco
Polysphaeria multiflora.Aublet
Polysphaeria sp.Hook.f
Pseudopeponidium ixorifolium.Arènes
Psychotria areotrophis.L
Psychotria obovota.L
RUBIACEAE
Psychotria locaensis.L
Psychotria quadrilocularis.L
Psychotria sp.Baillon
Saldinia sp. A. Rich
Saldinia littoralis.A.Rich
Saldinia proboscidea.A.Rich
Teclea punctata.Verdc
Vepris sp.
Vepris elliotina. Comm.ex.A.Juss
RUTACEAE
Melicope belahe.Forster& Forster.ff
Vepris nitida.(Back).verdc
Melicopesp.Forster& Forster
Scolopia madagascariensis.Schreber
SALICACEAE
Ludia scolopioides.Comm.ex A.Juss
Deinbolia sp.
SAPINDACEAE Allophylus cobbe .L
Filicium decipiens
Chrysophyllum boivinianum.L
SAPOTACEAE
Faucherea exandra.Leconte
SMILACACEAE Smilax anceps.L
Tacca leontopetaloides. Forster& Forster.f.f
TACCACEAE
Taccasp. Forster& Forster.f.f
Cyclosorus sp.Link
THELYPTERIDACEAE
Thelypteris sp.
TILIACEAE/MALVACEAE Grewia triflora.L
ULMACEAE Trema orientalis
Bochmeria sp.Jacq
URTICACEAE
Elatostema sp.
VIOLACEAE Rinorea arborea.Oblett
VITTARIACEAE Vittaria ensifolia

226
Ethnobotanique

CARACTERISATION ECOLOGIQUE DES ESPECES


VEGETALES LES PLUS UTILISEES ET DE LEURS HABITATS
DANS LA PARTIE NORD DU MASSIF DE LA GRILLE (GRANDE
COMORE)
Anllaouddine ABOU HOUMADI, Edmond ROGER, Miadana Harisoa FARAMALALA, Charlotte
RAJERIARISON, Harison RABARISON
BP : 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences,
Université d’Antananarivo

RÉSUMÉ :

La forêt du massif de la Grille renferme des ressources que toutes les


populations du Nord de l’Ile de la Grande Comore, exploitent sans contrôle pour
satisfaire leurs besoins quotidiens divers. La régression de sa superficie, la
dégradation de ses écosystèmes et les besoins incessants de la population en
produits forestiers constituent des facteurs pour la réalisation de cette étude
dans le but de fournir des données dont leur application contribuera à une
valorisation des ressources forestières pour le bien être des
populations.Plusieurs méthodes appliquées à cette étude (enquêtes
ethnobotaniques, relevé de la végétation etc.) ont permis de fournir des
renseignements sur la formation forestière et sur les espèces les plus utilisées.
Trois types de formations végétales ont été identifiés. A travers notre étude,
cinq espèces végétales ont été sélectionnées parmi les plus utilisées par la
population riveraine de cette forêt :
- Ocotea comorensis (Lauraceae);
- Weinmannia comorensis (Cunoniaceae);
- Tambourissa leptophylla (Monimiaceae);
- Nuxia pseudodenta (Loganiaceae);
- Eugenia comorensis (Myrtaceae)
Ces cinq espèces sont endémiques des Comores. Leur disponibilité en
milieu forestier est faible. Khaya comorensis (espèce qu’on a crue inexistante
dans la zone) figure dans la liste des espèces recensées. Les résultats d’étude
ont permis de proposer un schéma d’aménagement pour une gestion intégrée
de ce massif forestier.
Mots clés : Ecologie, flore et végétation, ethnobotanique, régénération
naturelle/ massif de la Grille, plan d’aménagement, Comores.

1. INTRODUCTION
Le massif forestier de la Grille renferme les meilleures terres agricoles
de l’Ile. Il connait aussi une dégradation intense de ses écosystèmes surtout
suite aux besoins incessants de la communauté locale en produits forestiers. La

227
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

croissance démographique, le manque de données d’inventaire forestier


national fiables et récentes sur le pays, l’absence d’une politique forestière,
l’insuffisance des instruments juridiques et le manque de politique de
développement local engendrent des conséquences néfastes sur la superficie
des forêts, sur l’état des sols, sur la biodiversité et sur la vie des populations
(DGE, 1994).

Certaines espèces végétales autochtones telles que Khaya


comorensis, Eugenia comorensis, Nuxia pseudodenta et Ocotea comorensis
offrant du bois de qualité en menuiserie semblent rares voire inexistantes dans
certaines localités où on commence à les remplacer par des espèces exotiques
comme Eucalyptus sp.

Toutes ces formes de dégradation ont attiré l’attention du


gouvernement comorien, des partenaires nationaux et internationaux quiont
initié cette recherche. Nos principaux objectifs sont d’apporter des informations
sur les espèces végétales autochtones les plus utilisées du massif de la Grille
(identifier d’abord ces espèces, déterminer leurs caractères biologiques et
analyser leurs exigences écologiques) et d’étudier leurs habitats afin de
proposer un plan de gestion durable en vue de leur conservation.

2. MILIEU D’ETUDE

2-1 Milieu physique

• Climat
Le massif forestier de la Grille situé au Nord de l’Île de la Grande
comore bénéficie d’un climat tropical humide sous influence océanique (Carte
1).
Les températures moyennes annuelles se situent autour de 21,3°C.
L’île est soumise aux alizés (Kussi), pendant la saison sèche et aux moussons
(Kashkazi) pendant la saison des pluies (Battistiniet Verin, 1984). La
pluviomètrie est élevée (1500 à 6000 mm par an). Les moyennes des
précipitations annuelles et leurs répartitions au cours de l’année varient selon
l’exposition et l’altitude. Le versant Ouest est le plus arrosé. Le relief joue un
grand rôle. L’île n’a pas de réseau hydrographique permanent malgré
l’abondance des précipitations.Toutefois, au massif de la Grille, une source
naturelle est localisée à Maoueni, à l’ouest de la forêt.

• Geologie et pedologie
Les éruptions volcaniques épisodiques ont mis en place un sol dominé
par des produits volcaniques. Une couverture tellurique riche en matières
organiques en décomposition vient de se mettre en place. La situation

228
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

géographique de la Grille ainsi que son sol fertile dans l’île font que celle-ci est
devenue remarquable par sa richesse végétale.

2-2- Milieu biologique

• Flore et vegetation
La flore de l’île de la Grande Comore est mal connue et la plupart des
données portent sur l’ensemble de l’archipel. Une série d’espèces sont
endémiques sans trop s’écarter des espèces des îles voisines. Adjanohoun et
al., en 1982 estiment environ 2000 espèces de plantes terrestres sur les 3 îles
(Anjouan, Mohéli, Grande Comore).
Plusieurs types de végétation existent à la Grande Comore : forêts
denses humides, fourrés arbustifs et buissonnants, savanes, mangroves,
marécages, marais, prairies, groupements saxicoles sur scories, plantations et
cultures (Adjanohoun et al., 1982). Le massif forestier de la Grille fait partie des
forêts denses humides de moyenne altitude (600 à 1200m).
La végétation des Comores a connu deux types de remaniements :
remaniements d’origine naturelle qui s’expliquerait par les contraintes des
coulées de laves et les éruptions volcaniques et rémaniement d’origine
anthropique.

En fonction de l’altitude, les étages de végétation suivant ont été


observés
- La zone côtière : l’atitude est inférieure à 400m. C’est la zone de plantations
parexcellence.
- La zone de moyenne altitude : A partir de 400m, elle a une écologie
sensiblement différente avec une température moyenne plus basse et une
pluviométrie abondante.
- La zone de haute altitude : à partir de 1000m d’altitude avec plusieurs
étages.

• Faune
Les îles Comores constituent l’habitat de certaines espèces uniques,
emblématiques et à un intérêt scientifique international. Les plus importantes
sont les tortues marines (Chelonia mydas ; Eretmochelys imbricata), le dugong
(Dugong dugong), le Cœlacanthe (Latimeria chalumnae), les baleines, les
dauphins, la roussette de Livingstone (Pteropus livingstonii), le maki mongoz
(Lemur mongoz) et les holothuries. En 2004, Louette a estimé 175 espèces
terrestres, à part les insectes.

2-3- L’homme et ses activites


Les Comores n’échappent pas au problème de la croissance
démographique que rencontrent souvent les pays en voie de développement.

229
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Se trouvant naturellement en milieu rural, la population de la Grille est


principalement paysanne dont plus de 90% vivent de l’agriculture. Celle-ci est à
base de cultures vivrières. Le secteur artisanal est essentiellement représenté
par la menuiserie. La santé de cette population dans la sous région reste
toujours précaire.

Concernant le secteur éducatif, l’insuffisance des locaux et


d’équipements constitue les problèmes majeurs rencontrés sur le milieu
d’étude.

Pour le secteur touristique, une Comission pour le Développement de


Maoueni (CODEMA) vient d’êtremis en place pour développer le tourisme rural,
l’un des secteurs de l’économie ayant une bonne perspective de
développement à courtterme et pouvant contribuer d’une manière décisive au
développement économique du pays en général et de la zone en particulier.

3- METHODES D’ETUDE

3.1. Etudes socio-économiques

Des enquêtes ethnobotaniques ont été menées pour connaître les


espèces les plus utilisées ainsi que leurs diverses utilisations par les
populations riveraines. Les personnes enquêtées viennent essentiellement de
quatre villages situés autour de la Grille: Dimadjou et Batou situés sur le
versant Est, Maoueni et Ivembéni sur le versant Ouest. Ces enquêtes sont
effectuées sous forme de questions fermées, semi-ouvertes, ou ouvertes
(Martin, 1995). Les questions et les réponses sont retenues sous forme de
fiches d’enquête au fur et à mesure de l’interview.

L’enquête vise toute personne susceptible d’apporter des informations


rélatives à notre étude (les agriculteurs, les menuisiers, les responsables
administratifs, les consommateurs, les maçons, les vendeuses de plantes
médicinales au marché et les dockers).

L’indice d’utilisation des espèces a été détérminé à partir de la formule :

I (%) = n / N x 100 (Lance et al., 1994)

Avec n : nombre de personnes citant l’espèce cible


N : nombre total de personnes enquêtées

230
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Carte 1: Localisation des deux massifs forestiers de la Grande Comore


(Farid. A, 2000)
- Si l’indice d’utilisation est compris entre 60 et 100%, l’espèce est très connue
et très utilisée.

- Si l’indice d’utilisation est entre 30 et 60%, l’espèce est moyennement utilisée


et moyennement connue.

- Si l’indice d’utilisation est inférieur à 30%, l’espèce est peu connue et peu
utilisée.

3-2. Etude biologique


Pour l’identification des specimens, on a utilisé la clef de
détermination de Schatz (2001). Certaines espèces ont été déja identifiées lors
des travaux antérieurs par la méthode de consultation d’herbiers. Pour les

231
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

espèces inconnues, deux spécimens de chaque espèce ont été récoltés et


deux herbiers identiques ont été montés. L’un est gardé au pays et l’autre
exemplaire est envoyé à Madagascar. La détermination de ces spécimens a été
faite à l’herbarium du P.B.Z.T.à Antananarivo et au Département de Biologie et
Ecologie Végétales de l’Université d’Antananarivo. Les échantillons stériles
(sans fleurs et sans fruits au moment de la récolte) sont déterminés au moins
au niveau du genre.

3-3. Etude écologique

Des rélevés écologiques basés sur la situation topographique de la


végétation, de la richesse floristique, des informations obtenues lors de nos
enquêtes ainsi que de l’homogénéité physionomique, floristique et du degré
d’anthropisation de la végétation ont été réalisées. Au total, 12 relelés ont été
réalisés sur 3 collines du massif de la Grille. Plusieurs méthodes ont été
adoptées:

- La méthode de Transect de Duvigneaud (1980) permettant d’abord de


dégager les renseignements généraux sur la variation de la végétation dans le
site et de déterminer l’aire minimale, puis la méthode de placeau de Braun
Blanquet (1965) pour inventorier les espèces végétales présentes dans des
différentes surfaces élémentaires et en même temps dégager leurs
caractéristiques écologiques et floristiques. La surface du relevé délimitée est
supérieure ou égale à l’aire minimale et la surface à échantillonner choisie est
de 50m x 20m, soit 0,1 ha.

- L’étude de la structure horizontale permet d’évaluer la densité des troncs


d’arbres (D) dans la formation végétale et la distribution de ces arbres suivant
leur classe de diamètre. Cette densité est estimée à partir de la formule de
Brower et al. (1990) :

D= n (n+n’) x 1000/ (∑di) 2

avec n : nombre total des individus (arbres et arbustes) associés


n’ : nombre total des individus cibles
di : distance entre les individus cibles et les individus associés.

-La méthode de Quadrat Centré en un Point ou QCP de Brower a été utilisée


pour le calcul de cette densité (D) mais aussi pour déterminer la flore associée
aux espèces sélectionnées. La fréquence supérieure à 10% pour la famille et
supérieure à 5% pour le genre signifie que l’espèce est en association étroite
avec l’espèce cible (Ratovoson et Randriantafika, 2000).

- Nous avons aussi utilisé la méthode de Gautier (1998) pour connaitre à la


fois les structures verticale et horizontale de la formation végétale. Le profil de

232
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

la végétation ainsi que le recouvrement sont obtenus après traitement des


données par le logiciel Excel.

- Pour comparer la richesse floristique des différents relevés nous avons


choisi le coefficient de similitude de Sorensen (1948):

Ps = 2C x 100

A+ B avec :

A : espèces présentes dans le relevé A;


B : espèces présentes dans le relevé B;
C : espèces communes aux relevés A et B.

- Pour l’étude de la regeneration, on a cherché à connaître le taux de


régénération, la structure démographique, l’état phénologique et le mode de
dissémination des espèces étudiées.

Pour calculer le taux de régénération (TR), nous avons utilisé la formule


de Rothe (1964) : TR (%) = Nr/ Ns x 100
Nr : Nombre d’individus de régénération (diamètre<10cm);
Ns : Nombre d’individus semenciers (diamètre>10cm);
TR : Taux de régénération.
Des classes d’intervalle de diamètre ont été utilisées et les données
obtenues serviront egalement à estimer le potentiel de régénération des
espèces cibles et à évaluer leurs menaces.

- Consernant l’étude pédologique, des fosses mesurant 100 cm x 80 cm x 50


cm ont été effectuées dans 6 sites et des échantillons de sol ont été ensuite
analysés directement suivant leur texture et leur structure.

4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4-1 Utilisation et exploitation des ressources naturelles.
Les informations des enquêtes sont recueillies sur des fiches dont une
figure en annexe I. vingt et cinq (25 espèces ont été citées, et utilisées par les
populations locales pour différents usages. Leur indice d’utilisation varie de 6%
à 100%.

La liste des espèces utilisées est présentée selon l’indice d’utilisation


décroissant (en annexe I).

Les espèces à usages multiples sont nombreuses. Leur utilisation est à


la fois, en menuiserie, construction, médicine traditionnelle, bois de chauffe,
charbon, fourrage, artisanat, engrais vert, production d’instruments de pêche
etc.

233
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Parmi les espèces les plus utilisées et les plus connues par la
population, Cinq (5) ont été sélectionnées pour l’étude. Leur indice varie de 98
à 100%. Il s’agit de : Ocotea comorensis, Weinmannia comorensis,
Tambourissa leptophylla,

Nuxia pseudodenta et Eugenia comorensis.Ces espèces sont


endémiques des Comores et les deux premières figurent dans la liste I de
l’arrêté ministériel du 14/05/2001 sur la protection des espèces de faune et de
flore sauvages des Comores.

La description botanique des espèces séléctionnées est résumée en


annexe II
Cette description a été effectuée à partir de nos observations sur le
terrain et complété par celle de clés de détermination par Schatz(2001).

4-2- Resultats floristiques


L’analyse spécifique de la forêt a permis de déterminer des caractères
floristiques, physionomiques et biologiques.

Pour la richesse floristique,12 relevés ont été effectués et ont permis de


resenser 106 espèces reparties dans 88 genres et 45 familles. La richesse
floristique est montrée dans le tableau 1. Les espèces endémiques sont au
nombre de 25 reparties dans 16 genres et 14 familles.

Tableau 1 : Bilan floristique

Taxa Familles Genres Especes


ANGIOSPERMES Dicotylédones 36 51 81
Monocotylédones 6 10 16
PTERIDOPHYTES 3 7 9
TOTAL 45 68 106

Les familles les mieux représentées sont présentées dans le


diagramme 1 et différentes formes biologiques sont dans le diagramme 2. Les
caractères floristiques des formations végétales ainsi que leurs caractères
physionomiques sont rassemblés dans l’annexe II.

234
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Piperaceae Orchideae
13% 38%
Araliaceae
13%

Euphorbiace
ae Rubiaceae
13% 23%

Diadramme 1 : Importance des familles les mieux représentées

Plantes Géophytes Hémiparas


grasses 8% ites
8% 4%

Plantes
lianescent
es
15% Epiphytes
65%

Pourcentages des différentes formes


biologiques

Diagramme 2: Importance des différentes formes biologiques


4-3 - Flore associée
Les familles fréquemment associées ainsi que les espèces les plus
associées aux espèces sélectionnées sont présentée en annexe IV. Ces
familles et ces espèces associées aux espèces cibles sont caractéristiques des
forêts denses humides.

4-4 - Régénération naturelle


Les études de la régénération naturelle portent sur la régénération de la
forêt et la régénération des espèces séléctionnées. La dissémination de ces
espèces ainsi que leur phénologie seront egalement données. Le taux de
régénération (TR) varie en fonction des sites. Les résultats sont consignés en
annexeV.

235
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Les cultures sous forêt et l’abattage des arbres constituent les


principales causes de la mauvaise régénération de la forêt de la Grille.

Pour la régénération des espèces cibles, les résultats sont obtenus


seulement à partir des individus rencontrés dans les parcelles de nos relevés.
Les espèces telles que Ocotea comorensis et Eugenia comorensis n’ont pas
été observées dans la colline I. De même l’espèce Nuxia pseudodenta n’a pas
été rencontrée dans la colline II. Ces 3 espèces sont citées dans nos enquêtes
et des paysans confirment leur existence dans toutes ces formations végétales.
Leurs taux de régénération sont faibles. Leur absence peut s’expliquer
probablement par leur utilisation excessive (annexe III).

Les bas fonds et bas versants constituent les zones facilement


accessibles par les paysans pour défricher à des fins agricoles ou pour se
procurer du bois. Mais ces zones abritent toujours des individus bien élancés.
Les arbres à diamètre dépassant 30 cm sont encore nombreux. En effet, ces
bas fonds et bas versants sont les zones les plus fertiles mais ces arbres non
abattus ne sont pas de bonne qualité à exploiter pour la production du bois
d’œuvre. De plus, ces arbres par leur ombrage, servent de couverture aux
cultures de bananiers et de taros. Dans les zones difficilement accessibles, la
régénération des espèces est généralement bonne.
D’une façon globale, la disponibilité des cinq espèces étudiées sur le
terrain est faible. Concernant leur distribution géographique, seules
Weinmannia comorensis et Tambourissa leptophylla ont une large distribution
et capables de se régénérer.
Bien qu’elles soient très utilisées, ces deux espèces ne sont pas
menacées.Les 3 autres espèces, à savoir Ocotea comorensis, Nuxia
pseudodenta et Eugenia comorensis, ont une distribution restreinte et sont en
difficulté de régénération. Elles sont aussi menacées d’une surexploitation.
La dissémination de ces espèces est de types barochore, anémochore et
zoochore.
Lors de notre descente sur terrain, du mois de mai jusqu’en juillet, les
seules espèces que nous avions vu en fructification sont Tambourissa
leptophylla et Ocotea comorensis. Nuxia pseudodenta était en floraison et les
deux autres espèces cibles étaient à l’état végétatif.
Les coefficients de similitude (Ps) donnent des valeurs supérieures à
50%.
Alors, les différentes localités de chaque versant ainsi que les versants
sont floristiquement similaires.

236
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Les sols de la Grille sont humifères, épais et fertiles sauf au sommet.


Cette singularité explique son exploitation intense pour l’agriculture vivrière.
En comparant les deux versants Est et Ouest, on se rend compte que :
A l’Est comme à l’Ouest, les formations végétales se ressemblent ; mais les
arbres sont plus élancés à l’Ouest qu’à l’Est. Aussi, à partir de 950 m d’altitude,
les caractères et l’abondance des espèces changent : la taille des individus
diminue, les Bryophytes et les Lichens abondent et 3 espèces, à savoir
Ravenea sp., Dracaena sp.et Calanthea sylvatica deviennent très abondantes.
Les arbres sont à système racinaire peu profond et serpentaire.

5. DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
5-1- Discussions
- Mener des enquêtes auprès des paysans est une tache compliquée aux
Comores à cause de l’ignoranceet la méfiance des paysans. La Grille est une
zone à vocation agricole. Pour cela, on a travaillé dans des zones parfois
dégradées.

- Le cortège floristique comporte seulement les espèces rencontrées dans


les sites de relevé. Aussi, les résultats d’enquêtes ethnobotaniques nous
portent quelques espèces non rencontrées dans les sites.

- Actuellement, il y a une seule Aire Protégée aux Comores. Il s’agit du Parc


National Marin de Mohéli (PMM).

5-2 - Recommandations
Compte tenu de nos résultats d’étude, nous proposons un schéma
d’aménagement pour une gestion intégrée de la forêt de la Gille.
Deux grandes zones sont à dégager :
- Une zone de conservation qui renfermerait un noyau dur et une zone
tampon.
- Une zone d’éco-développement : Elle correspond à la zone trop dégradée et
aux reliques forestières représentées par la zone périphérique.
Comme autres suggestions, nous proposons la création d’activités
alternatives car l’origine de la déforestation, c’est surtout la pauvreté. Une
éducation environnementale et une sensibilisation sont aussi nécessaires car
beaucoup de paysans ignorent l’importance des plantes et des terres dans
leurs activités quotidiennes.

237
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Enfin, il est urgent d’imposer à la population une limitation des naissances car
c’est surtout la forte densité de la population qui accentue la transformation des
terres.

6. CONCLUSION
Le massif de la Grille renferme encore une flore riche et endémique
mais menacée. Les 5 espèces sélectionnées comme étant les plus utilisées
sont en quantité limitée sur le terrain. L’habitat de ces espèces est une forêt
dense humide sempervirente de moyenne altitude. Parmi ces espèces, seules
Weinmannia comorensis et Tambourissa leptophylla ont une large distribution
géographique et sont en bonne régénération. La série de la végétation est à
Weinmannia sp. et à Tambourissa sp. Concernant la typologie de la végétation,
trois types de formations végétales ont été identifiés.
Cette étude connait des intérêts dans plusieurs domaines :
- Dans le domaine scientifique : on connait les caractères biologiques et
l’habitat des espèces les plus utilisées.
- Dans le domaine socioéconomique : l’étude apporte des informations
aux utilisateurs sur la distribution géographique des espèces étudiées,
leurs habitats, leur disponibilité ainsi que leurs pressions et menaces.
Toutes ces informations vont contribuer à une prise de décision en vue
d’une utilisation durable de ces espèces, mais également à une gestion
rationnelle de leurs habitats. Les contraintes majeures à contourner restent le
problème foncier, la pauvreté et la démographie.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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pharmacopée locale. République Fédérale Islamique des Comores.
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DEA. Ecologie Végétale. Univ. Antananarivo, 89p.
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explicative de la cartevolcano-tectonique de la grande Comores. 37p.
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238
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

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programmes d’activités. 92p.
Daroussi. A., 2006.Etude écologique des espèces les plus utilisées dans l’île
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Plan d’action de la diversité biologique.12p.
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Duvigneaud, P.1980.La synthèse d’écologie 2ème éd. France.356p.
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Paris, 517p.
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Ratovoson. F.A., 2000. Description – Distribution et risque d’extinction des
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Rothe. P.L., 1964. Régénération en forêt tropicale. Le Dipterocarpus drey
(Dau) sur le versant Cambridgien du Golf de Siam, Bois et forêt des tropiques
de Madagascar.vol.8, pp. 386-397
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Botanical Gardens Kew et Missouri Botanical Garden. 503 p.
UICN., 2003. Lignes directives pur l’application au Niveau Régional, des
critères de l’UICN pour la liste rouge, version 3.0, UICN Gland
Suisse, 26 p.
Verin, P. ,1992. La destruction de la forêt orientale à Madagascar et ses
conséquences. CEROI, INALCO, Collections, travaux et Documents
n°20, Paris, 51p.

ANNEXE I : LISTE DES ESPECES UTILISEES


NOMS Indice
FAMILLES NOMS SCIENTIFIQUES UTILISATION
VERNACULAIRES I (%)

LAURACEAE Ocotea comorensis Mkafouré Con, Me 100


CUNONIACEAE Weinmannia comorensis Mrikoudi Con, Me, Bo 100
MONIMIACEAE Tambourissa leptophylla Mledjeza Med, Con 100
SALICACEAE Aphloia theaeformis Mfandrabo Al, Con 100

239
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Eucalyptus sp. Mkaliptus Bo, Con, Ch, Me 100


MYRTACEAE Eugenia comorensis Mrimweou Bo, Con, Me 98

LOGANIACEAE Nuxia pseudodenta Mwanga Bo, Con, Me 98

RUTACEAE Teclea sp. Mwangouli Bo, Con, Me 98

MYRTACEAE Psidium cattleyanum Msongoma Bo, Con, Ch, Me 97

EUPHORBIACEAE Macaranga bailloniana Mouhangani Fo, Con, Me 83

EBENACEAE Diospyros sp. Mrihali mwegne Con, Me 74

SAPOTACEAE Chrysophyllum boivinianum Msoulbary Bo,Con 67

FABACEAE Albizzia lebbeck Mdjedjé Fo, Ag, Me 57

PIPERACEAE Peperomia sp. Mdara Med 51

OLEACEAE Olea lanceolata Ndrihali Me, Con 51

RUTACEAE Vepris eliotii Mwatrani Con, Me 23

ASTERACEAE Brachylaena ramiflora Mrihali ngou Con, Me, Bo 20

LOGANIACEAE Anthocleista grandifolia Mdongori Fo, Con 19

LOGANIACEAE Nuxia oppositfolia Hangani Con, Me, Bo 19

MYRSINACEAE Rapaena comorensis Mkonko Ch, Me 14

LAURACEAE Cinnamomum zeylanicum Mdarassiné Med, Al 13

CELASTRACEAE Brexia madagascariensis Mtsombaha Bo, Me 13

PIPERACEAE Piper capens Ramboumsirou Med 13

MELIACEAE Khaya comorensis Mtakamaka Con, Me 6

EUPHORBIACEAE Cleistanthus sp. Mzimantsi Con, Me 6

Fo : fourrage Po : Plantes ornementales Con : construction


Ch : charbon de bois Me : menuiserie Med : médicinale
Bo : bois d’œuvre Bch : bois de chauffe Ag : engrais vert
Al : Alimentation

240
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE II :

1- Description botanique des espèces séléctionnées

Types Taille
Espèces Familes Tige Feuilles Inflorescence Fruit
biologiques (m)
ovales-elliptiques et terminale en
Ocotea comorensis LAURACEAE Arbre 10 à 12 Cylindrique Akène
opposées panicule axillaire
racemeuse en
Weinmannia comorensis CONONIACEAE Arbre 20 à 25 Cylindrique imparipennées Capsule rouge
épis grêle
ramiflore ou
Tambourissa leptophylla MONIMIACEAE Arbre 14 à 16 Cylindrique ovales et opposées Drupe charnue
cauliflore
terminale en
Nuxia pseudodenta LOGANIACEAE Arbre 16 à 18 Cylindrique allongée cunéiforme Akène
panicule axillaire
Eugenia comorensis MYRTACEAE Arbre 16 à 20 Cylindrique elliptiques opposées inconnue Baie charnue

2- Caractères floristiques des formations végétales


Type de forêt
Relique forestier F.D.H.S. écrémée F.D.H.S. naturelle
Typologie
Richesse floristique 32 F, 49 G et 54 espèces 35 F, 59 G et 78 espèces 35 F, 48 G et 67 espèces
Espèces les plus Weinmannia comorensis Weinmannia comorensis Weinmannia comorensis
représentées Tambourissa leptophylla Tambourissa leptophylla Tambourissa leptophylla
Psidium sp. Cyathea sp. Dracaena sp.
Types biologiques les Phanerophytes Phanerophytes Phanerophytes
plus représentés Epiphytes Epiphytes Epiphytes
Forme des racines Normale Normale Serpentaire

241
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

3-Caractères physionomiques
Types de Formations
Relique forestier F.D.H.S. écrémée F.D.H.S. naturelle
strates
Niveau de stratification 1 2 3
Espèces émergentes Weinmannia comorensis Weinmannia comorensis Weinmannia comorensis
Anthocleista sp. Anthocleista sp. Gastonia sp.
Gastoniasp Gastonia sp
Recouvrement Canopée très ouverte Canopée peu ouverte Canopée fermée
Structures Densité faible (1912 T/ha) Densité moyenne (9640 Densité élevée (16348
horizontales T/ha) T/ha)

ANNEXE III
Tableau A : Taux de régénération d’Ocotea comorensis
Site
te Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant
Colline I Colline I Colline I Colline I Colline II Colline II Colline II Colline II Oussoudjou Oussoudjou Hambouche Hambouche
Nombre d'individus 0 0 0 0 3 2 2 3 7 3 5 3
régénérés
Nombre d'individus
semenciers 0 0 0 0 5 2 2 2 5 2 2 2

TR(%) 0 0 0 0 60 100 100 150 140 150 250 150

Tableau B : Taux de régénération de Weinmannia comorensis

Site
te Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant
Colline I Colline I Colline I Colline I Colline II Colline II Colline II Colline II Oussoudjou Oussoudjou Hambouche Hambouche
Nombre d'individus 0 2 12 15 2 6 13 12 12 12 17 16
régénérés
Nombre d'individus 12 14 10 11 13 13 11 11 10 11 13 12
semenciers
TR(%) 0 14,28 120 136,36 15,38 46,15 118,18 109,1 120 109,1 130,77 133,33

242
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE III (suite)


Tableau C : Taux de régénération de Tambourissa leptophylla
Site
te Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant
Colline I Colline I Colline I Colline I Colline II Colline II Colline II Colline II Oussoudjou Oussoudjou Hambouche Hambouche
Nombre d'individus 2 2 12 11 3 5 12 13 10 12 10 11
régénérés
Nombre d'individus 9 10 10 10 10 12 12 12 13 11 11 11
semenciers
TR(%) 22,22 20 120 110 30 41,67 100 108,33 76,92 109,1 90,91 100

Site
te Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant
Colline I Colline I Colline I Colline I Colline II Colline II Colline II Colline II Oussoudjou Oussoudjou Hambouche Hambouche
Nombre d'individus 0 0 1 0 0 0 0 0 4 7 13 16
régénérés
Nombre d'individus 0 0 3 3 0 0 0 0 10 14 13 14
semenciers
TR(%) 0 0 33,33 0 0 0 0 0 40 50 100 87,5

Tableau D : Taux de régénération de Nuxia pseudodenta

Site
te Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Bas fond Bas versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant Mi versant Haut versant
Colline I Colline I Colline I Colline I Colline II Colline II Colline II Colline II Oussoudjou Oussoudjou Hambouche Hambouche
Nombre d'individus 0 0 0 0 0 3 3 5 1 5 2 4
régénérés
Nombre d'individus 0 0 0 0 0 1 2 3 5 8 2 7
semenciers
TR(%) 0 0 0 0 0 300 150 166,67 20 62,5 100 57,14

Tableau E : Taux de régénération d’Eugenia comorensis

243
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE III
Tableau F : Caractéristiques démographiques des espèces cibles

Densité des Densité des


Taux de
Espèces cibles individus individus
régénération (%)
semenciers par ha régénérés par ha
Ocotea comorensis 91% 40 25
Weinmannia
87% 140 122
comorensis
Tambourissa
76% 130 103
leptophylla
Nuxia pseudodenta 26% 50 36
Eugenia comorensis 71% 30 20

244
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE IV : Liste des familles et espèces associées aux espèces


séléctionnées

Espèces Familles les plus représentées Espèces les plus représentées


CONVALLARIACEAE (18,18%) Dracaena grandifolia (11,11%)
SALICACEAE (27,27%) Aphloia theaformis (33,33%)
MONIMIACEAE (18,18%) Tambourissa leptophylla (22,22%)
Ocotea comorensis
LOGANIACEAE (18,18%) Weinmannia comorensis
CUNONIACEAE (9,10%) (22,22%)
MYRSINACEAE (9,10%) Anthocleista grandiflora (11,11%)
ARALIACEAE (28, 57%)
Tambourissa leptophyla (30,77%)
MONIMIACEAE (28, 57%)
Aphloia theaformis (30,77%)
SALICACEAE (14, 28%)
Weinmannia comorensis Ophiocolea floribunda (23,10%)
BIGNONIACEAE (14,28)
Gastonia comorensis (10,32%)
MYRTACEAE (7,14)
CUNONIACEAE (7,14%)
ARALIACEAE (20%) Aphloia theaformis (37,5%)
MONIMIACEAE (30%) Tambourissa leptophylla (20%)
Nuxia pseudodenta MYRTACEAE (30%) Eugenia comorensis (20%)
SALICACEAE (10%) Ophiocolea floribunda (12,5%)
BIGNONIACEAE (10%)
Ophiocolea floribunda (18,18%)
ARALIACEAE (30,77%)
Dracaena grandifolia (14,28%)
LOGANIACEAE (7,72%)
Anthocleista grandiflora (7,14%)
Tambourissa leptophylla CUNONIACEAE (30,77%)
Weinmannia comorensis (28,6%)
BIGNONIACEAE (23,10%)
Aphloia theaformis (14,28%)
SALICACEAE (7,72%)
Gastonia comorensis (7,14%)
Aphloia theaformis (18,18%)
ARALIACEAE (33,33%) Olea lanceolata (9,09%)
SALICACEAE (11,11%) Nuxia pseudodenta (27, 27%)
Eugenia comorensis CUNONIACEAE (22,22%) Chrysophylum boivinianum
LOGANIACEAE (22,22%) (9,09%)
MONIMIACEAE (11,11%) Weinmannia comorensis (18,18%)
Erythroxylum nitidilum (9, 09%)

245
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE V : Taux de régénération de la forêt dans les differents sites

Taux de
Stations topographiques Signification
régénération Pressions et
des sites et altitudes(m) suivant l’échelle de
(TR) en % menaces
Rothe
Bas fond (Sourankafou I) :
700m à 708m 26,31% Mauvaise
Bas versant (Sourankafou
I) : 708m à 780 m. 58,97% Mauvaise
Mi versant (Sourankafou I) :
Défrichement
780m à 860 m. 110,20% Bonne
pour les
Haut versant (Sourankafou
cultures
I) : 860m à 920 m. 130,19% Bonne
vivrières.
Bas fond (Sourankafou II):
710 m à 721m 30% Mauvaise
Bas versant : 721m à 778
Déboisement
m. (Sourankafou II) 84,85% Mauvaise
(ébénisterie,
Mi versant (Sourankafou
bois de
II) : 778m à 896 m. 115% Bonne
construction,
Haut versant (Sourankafou
bois d’œuvre
II): 896m à 980 m. 112% Bonne
et bois
Mi versant (Oussoudjou):
d’énergie).
920m à 972m 78,79% Mauvaise
Haut versant (Oussoudjou):
972m à 1010 m 132,36% Bonne
Mi versant (Hambouche): Pâturage
910m à 960m 91,43% Mauvaise
Haut versant (Hambouche):
960m à 982 m. 140% Bonne

246
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

CARACTERISATION ECOLOGIQUE DE LA ZONE FORESTIERE


DU JARDIN BOTANIQUE DE NGNOUBADJOU (Grande
Comore).
1 2 2
Daroussi Oili AHAMADI , EdmondROGER , Charlotte RAJERIARISON
1 2
BP :906, Faculté des Sciences et Techniques de l’Université des Comores, Faculté des
Sciences de l’Université d’Antananarivo
RESUME
Les caractéristiques écologiques et les aspects ethnobotaniques ont
permis de distinguer d’une part les différents types de formations végétales de
la zone forestière de Ngnubadjou : 3 zones ont été distinguées (une zone de
culture vivrière en dessous de 500m d’altitude , une formation dominée par à
Psidium cattleyanum et Eugenia jambolana entre 500 et 700m d’altitude et la
forêt dense humide au dessus de 800m d’altitude) et d’autre part , connaître les
affinités éco floristiques, et les espèces les plus exploitées de la zone. La forêt
de Ngnubadjou a une bonne régénération à partir de 800m d’altitude.
Mots clés : Ngnubadjou, caractérisation écologique, régénération naturelle,
flore et végétation, Comores.

1- INTRODUCTION
La zone forestière du jardin botanique de Ngnubadjou fait partie des
forêts de basse altitude du Massif du Karthala. La forêt du Karthala est connue
par sa richesse biologique et elle est parmi les sites identifiés comme prioritaire
sur le réseau national des Aires Protégées aux Comores. Un projet initié par le
projet Biodiversité des Comores en 1999 a reçu l’aide financière du Programme
de Nations Unies pour le Développement et la Convention sur la Diversité
Biologique. Cent quatre vingt quinze (195) espèces reparties dans 133 genres
et dans 65 familles ont été recensées dans la partie sud du massif du Karthala
(Andilyat, 2007). Les forêts de l’Union des Comores subissent fortement des
pressions anthropiques. À l’échelle nationale la reduction de la forêt est de
36% soit 1277ha par année (PFN, 2007) ce qui entraînerait une disparition
alarmante des forêts naturelles d’ici une dizaine d’années. Dans l’île de
Ngazidja, il reste encore 2 blocs de forêts : celle de la Grille au Nord de l’île et
celle du Karthala renfermant des formations végétales variées. Karthala est
modifiée par les phénomènes naturels (tels que les éruptions volcaniques) et
anthropiques variés liés à l’utilisation de l’espace vert. Pourtant, elle constitue
un grand écosystème et un habitat naturel jugé prioritaire à cause de sa
potentialité biologique (Andilyat, 2007). Le site de Ngnubadjou constitue un
centre historique et socioculturel de l’île de Ngazidja où la population riveraine
conscient de la dégradation du site décide de le valoriser en Jardin Botanique.

247
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2-MILIEU D’ETUDE
La Grande-comore est l’île la plus volcanique, la plus jeune, la plus
grande (1148 km2) et la plus occidentale. Elle mesure 64 km de long et 24 km
de large, à 700km de la côte Nord-Ouest Malgache et à 300km de la côte
orientale de Mozambique. Au centre Sud, l’île reste sous l’emprise du Karthala,
volcan ayant la plus grande caldéra active au monde. L’ancienne scierie
Chogodundra (Ngnoubadjou) se trouve au Sud de l’île de Ngazidja au centre
Ouest du massif du Karthala à 500m d’altitude et la forêt est localisée à une
altitude comprise entre 545 et 1000 m; avec les coordonnées géographiques
suivantes : S : 11°48’08.9 & E0: 43°18’32.3’’et le point le plus haut S :
11°47’02 & EO : 43°19’12 ,1’’.

Forêt de
Ngnoubadjou

Carte 1 : Localisation de la forêt de Ngnoubadjou dans la forêt du Karthala.

Le climat est de type tropical humide sous influence océanique.


L’année peut être divisée en deux grandes périodes: une saison sèche et
fraîche de Mai à Octobre et une saison humide et chaude de Novembre à Avril.

248
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Les températures moyennes annuelles (25°c et 28°c) sont relativement


constantes. L’île de Ngazidja est soumise à deux types de vent selon la période
de l’année : l’Alizé du Sud-est (Kussi), pendant la saison sèche et la Mousson
du Nord-Ouest (Kashkazi) pendant la saison des pluies (Battistini et Verin,
1969).
La pédologie est constituée par des andosols qui se développent
essentiellement sur les matériaux volcaniques de la phase récente. En fonction
du degré d’évolution, ils sont plus ou moins épais vers 1000 m d’altitude jusqu’à
1800m, et moins épais en dessous de cette altitude où elle est liée directement
au lessivage de la litière du au déboisement.

La forêt de Ngnoubadjou est une forêt dense humide sempervirente de


montagne caractérisée par une flore très variée suivant l’altitude, l’exposition, le
microclimat et l’altitude ainsi que le degré d’ancienneté de la coulée de lave.
Les principales activités de la population riveraine de Ngnoubadjou sont
l’agriculture, l’élevage, l’exploitation forestière et les petites activités informelles.

2- METHODES D’ETUDE
Cet article vise à donner un aperçu général sur l’exploitation des
ressources végétales de la zone forestière du Jardin Botanique de
Ngnoubadjou, connaître la caractérisation écologique de cette forêt
notamment : sa richesse floristique, sa régénération naturelle et les affinités
biogéographiques de cette formation végétale par rapport à la végétation du
Karthala.

2-1- Enquêtes ethnobotaniques


Des enquêtes ethnobotaniques ont été menées en utilisant l’indice
d’utilisation calculée par la formule de Lance et al., 1994 et ont permis de
connaître les espèces les plus exploitées.

I (%) = n / N x 100

Avec n : nombre de personnes citant l’espèce cible


N : nombre total de personnes enquêtées

- Si l’indice I est inférieur à 30%, l’espèce n’est pas connue par la


population
- Si l’indice I est comprise entre 30 et 60% l’espèce est moyennement
connue et moyennement utilisée par la population.
- Si l’indice I est supérieure à 60%, l’espèce est plus connue et plus
utilisée par la population.

249
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

• Etudes floristiques et régénération naturelle


Le transect de Duvignaud est utilisé pour l’étude de la richesse floristique
et le placeau de Braun Blanquet pour connaître la potentialité de régénération.
Le calcul du taux de régénération permet de connaître la santé de la forêt.Il est
calculé par la formule de Rothe (1964).

TR % = Nr / Ns x 100.

Avec Nr, le nombre d’individus régénérés


Ns, le nombre d’individus semenciers. Selon Rothe (1964) :

- Si le taux de régénération est inférieur à 100 %, l’espèce a des difficultés


de régénération
- Si le taux de régénération est compris entre 100 à 1000 %, la
régénération est bonne
- Si le taux de régénération est supérieur à 1000 %, la régénération est
très bonne.
• Etudes structurales de la végétation
La méthode de Gautier a été utilisée pour connaître la stratification de
la végétation, dans cette méthode une gaule graduée de 7 m de hauteur a été
déplacée tout au long d’une ligne de 50m qui coupe la végétation, les niveaux
de contact de végétaux avec la gaule ont été marqués sur un papier millimétré
puis les données seront traitées sur logiciel Excel pour avoir le profil
schématique de la végétation (Figure1).

Figure 1 : Méthode de Gautier

250
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

3- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Cinq (5) localités ont été enquêtées, la localité la plus peuplée est
Mitsoudjé avec 2770 habitants et 490 ménages. La moins peuplée est
Nkomioni avec 397 habitants et 51 ménages. Le nombre d’habitats est
proportionnel au nombre de ménages (Tableau1).
Tableau 1:Répartition de la population des localités enquêtées (Recensement,
2003)

POPULATION NOMBRE DE POPULATION POPULATION RAPPORT


LOCALITE TOTALE MENAGES MASCULINE FEMININE HOMMES/FEMMES
DJOUMOICHONGO 1958 277 991 967 1,03
MITSOUDJE 3129 490 1508 1621 0,93
NKOMIONI 397 51 208 189 1,1
SALIMANI 1482 247 729 753 0,97
CHOUANI 2245 310 1126 1119 1,01
NIOUMADZAHA 2770 445 1333 1437 0,93

3.1. Utilisation des espèces végétales


Les espèces les plus utilisées avec leurs domaines d’utilisation sont
mentionnées sur le tableau 1, en tenant compte des réponses obtenues pour
tous les villages. Parmi elles figurent des espèces endémiques des Comores
(Weinmannia comorensis, Khaya comorensis, Nuxia pseudodenta, Eugenia
comorensis …)
Tableau 2 : Liste des espèces les plus utilisées par la population riveraine de
Ngnoubadjou.
VILLAGES ENQUETES
Noms Noms Djoumoi Chouani Mitsoudjé Salimani Ngnou Indice
vernaculaires scientifiques chongo Nkomyoni madzaha (%)
Weinmannia
1-Mrikoudi B, C, M B, C, M B, C, M C, M, B B, C, M 100
comorensis
Khaya
2-Mtakamaka M, C M, C M, C 60
comorensis
3-Mkafré C, M C, M C, M C, M C, M 100
Eugenia
4-Mrimwewu C, M, B C, M C, M, B C, M M 100
comorensis
5-Mkoliko Lasiodiscus sp C, B C C 60
Lasiodiscus
6-Bidjo B, C B, C B, C 60
articularis
Nuxia
7-Mwanga B, C B, C B, C B, C B, C 100
pseudodenta
Aphloia
8-Mfandrabo Med, B Med, B Med, B Med, B Med, B 100
theaeformis
10-Mribondzi M, C, B M, C, B C M, C 80
Macaranga
11-Mgangani C, M C, M C, M C, M 80
decaryama
Tambourissa
13-Mboessa Med Med Med Med Med 100
leptophylla

251
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

14-Mdara Piper Capens Med Med Med Med Med 100


Ficus
15-Mhiyi B B B 60
symocorus

16-Mkalpis Eugenia sp C, Med, B C, Med,B C, Med, B C, Med C, Med 100


C : construction, M : menuiserie, Med : médicinale, B : bois de chauffe, F : fourrage animal

Domaines d’utilisation
Les ligneux sont utilisés dans les activités quotidiennes de la population
en milieux ruraux de l’Union des Comores. Ils sont utilisés comme bois de
chauffe, bois de construction, charbon de bois, bois d’œuvre, fourrage et
plantes médicinales.
La plupart des ligneux sélectionnés lors de l’enquête sont utilisés
surtout pour la construction à Ngnoubadjou.

3.2- Caractéristiques floristiques


Richesse floristique
La forêt de Ngnoubadjou est à haute futae de 20 à 30 m. 46 familles
comprenant 70 genres et 84 espèces ont été recensées et en plus 43 espèces
de Cryptogames non déterminées ont été inventoriées. La liste floristique est
présentée en annexe. Des transects ont été réalisés entre 500m et 900m
d’altitude couvrant 2 sites principaux (Ngnouba en basse altitude et Msirou ;
Forêt de haute altitude) L’aire minimale enregistrée présente une surface de
700 m2

Tableau 3 : Principaux groupes taxonomiques de la Forêt Dense Humide


Sempervirente de basse altitude de Ngnoubadjou
Sites Taxa Familles Genres Espèces
SPERMAPHYTES 39 60 73
500m
PTERIDOPHYTES 9 12 14
Ngnouba
BRYOPHYTES 12
LICHENS INDETERMINEES 19
973m Msirou CHAMPIGNONS INDETERMINEES 22
Total spécimens 140

Espèces caractéristiques
Quatre (4) espèces sont caractéristiques de Ngnubadjou étant données
leur abondance et leur état de régénération dans ce site ; elles sont quasi
observées dans les autres sites de la forêt du Karthala mais en faible quantité
et elles ne sont rencontrées que dans la forêt de moyenne altitude. Ce qui
explique leur présence dans les autres forêts de basse altitude. Parmi ces
espèces caractéristiques on peut citer :

252
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Photo1 : Filicium decipiens « Mduri » Sapindaceae, arbre de


25 à 30m utilisé pour faire le « Gouli » (presse à canne à
sucre) c’est une espèce caractéristique des forêts humides des
Comores, actuellement elle est très rare dans les autres sites il
se trouve sous forme régénérée et à Ngnoubadjou il y a même
des arbres.

- Photo2 : Dombeya cf. condensata« Badjou » de la famille


des Malvaceaeest un arbre élancé pouvant atteindre 15 à 20m
de haut, son écorce est utilisée comme ficelle et corde

- Photo 3 : Olea lanceolata« Ndrihali Ndrovi » Oleaceae est


utilisée comme bois de construction, elle est observée dans
cette forêt que dans les milieux conservés. La forêt de
Ngnoubadjou est représentative de la forêt de basse altitude
actuellement disparue sur les autres flancs du Mont Karthala
(Andilyat, 2007).

-Photo4 : Khaya comorensis « Mtakamaka", MELIACEAE


est un arbre de 15 à 25 m selon le milieu ; élancé si l’habitat
est conservé, sinon elle est tortueuse si son microclimat est
dégradé. Elle est utilisée comme bois d’œuvre ; elle
représente 15% de la composition floristique globale du site.
C’est à Ngnubadjou au niveau de l’archipel que l’espèce est
observée avec une bonne régénération.

3.3- Typologie des formations végétales et régénération naturelle


La végétation de Ngnubadjou est une forêt dense humide de moyenne
altitude (600 à 1200m d’altitude), 3 zones de végétation ont été distinguées :
1- Végétation sur le bas fond (Culture ancienne); Cette formation
végétale est caractérisée par une dominance d’espèces cultivées (cas du
genre Dioscorea) et d’espèces envahissantes (Clidemia hirta). La composition
floristique est caractérisée par 41 espèces reparties dans 26 genres et 23
familles soit 47% de la composition floristique globale. Les familles les plus
représentées sont : les Asteraceae et les Melastomataceae. Les espèces les
plus représentées sont Psidiumcattleianum avec une abondance relative de
l’ordre de 35 % et Eugenia jambos avec une abondance de l’ordre de 23%. La
liste floristique est présentée en annexe. L’aire minimale est obtenue à une
superficie de 110 m2.

253
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2- Une végétation secondaire à Psidium cattleianum et Eugenia


jambos comprise entre 500 et 700m d’altitude. Les arbustes sont isolés et
élancés et la végétation n’est pas stratifiée. On y distingue des espèces
rudérales au milieu des cultures maraîchères. Ils se développent tous sur un sol
rocheux lessivé très pauvre en humus. Cette végétation représente la zone de
transition entre la forêt dégradée et les zones de cultures.
3- Forêt dense humide sempervirente de basse altitude dégradée à
Cyathea de 800 à 1200m d’altitude : La composition floristique est constituée
de 30 espèces, reparties dans 64 genres et 34 familles, soit 46.5 % de la
composition floristique globale. Les familles les plus représentées sont les
Piperaceae. Au niveau générique Weinmania et Tambourissa sont les plus
riches en espèces et représentent environ 42%. L’aire minimale est de 1200 m2
à l’Ouest et 1000 m2 au Sud. Les Cyatheaceae (Cyathea sp) représentent une
couverture totale de 46% et Psidium cattleyanum (Myrtaceae) : 26 % aux
environ de 800 m d’altitude. Les bananeraies sous forêt sont très limitées.Cette
végétation est pluristratifiée et composée par 3 strates :
- Une strate supérieure de 25 à 35 m de haut discontinue héliophile
constituant la canopée de la végétation où sont rencontrées des Oleaceae
(Olea lanceolata et sp) ; des Malvaceae (Dombeya condensata), une
Arecaceae (Dypsis sp.) etKhaya comoriensis(Meliaceae).
- Une strate moyenne de 7 à 15 m, hémisciaphile jointive
constituant une futaie continue où se développent des essences forestières tels
que : Sapotaceae (Chrysophylum boivinianum), des Myrsinaceae
(Ramenacomoriensis et Oncostemon sp.) et des Euphorbiaceae (Cleistanthus
sp. et C. boivinianus).
- La strate inférieure de 0 à 7m de haut très discontinue sciaphile
renferme les espèces régénérées de ces différentes essences forestières, ainsi
que des herbacées.
La potentialité de régénération des deux types de formations végétales
est présentée sur le tableau 4.

Tableau 4 : Régénération naturelle des deux types de formations végétales


Type de formations végétales Régénération naturelle
Sur une surface de 200m2, 880 individus ont
Végétation à Psidium cattleyanum et Eugenia été recensés avec un taux de régénération
jambos d’espèces forestière de 45%. Le Taillis a donc
une très mauvaise régénération naturelle.
Le relevé est effectué sur une surface de
Forêt dense humide sempervirente de basse
50m2. 1900 individus ayant un Taux de
altitude dégradée à Cyathea de 800 à 1200m
Régénération de 140% ont été recensés
d’altitude
montrant une bonne régénération de la forêt.

254
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
La forêt de Ngnubadjou fait partie des forêts denses humides de
moyenne altitude du massif forestier du Karthala. Cette formation végétale
présente une richesse floristique et abrite des espèces végétales rares comme
Khaya comoriensis et Filicium decipiens. Ces 2 espèces sont caractéristiques
des forêts denses humides des Comores uniquement et disparues dans les
autres sites. La forêt a une bonne régénération et elle est moins dégradée par
rapport aux autres forêts de basse et moyenne altitude du Karthala. Pourtant,
elle représente une source de revenu pour les 5 localités. La forêt a subit des
dégradations immenses depuis l’époque coloniale jusqu’au nos jours, elle doit
bénéficier d’une politique de conservation afin de renouveler cette couverture
forestière qui abrite des espèces importantes de la biodiversité comorienne
(C’est le cas des espèces menacées comme Khaya comoriensis et Filicium
decipiens).
L’ancienne scierie de Humblot et les bâtiments administratifs des
années coloniales se trouvent à Ngnoubadjou. Ce site marque donc l’histoire de
l’occupation française dans l’archipel des Comores. Il répond aux normes d’un
aménagement d’une réserve communautaire qui peut contribuer à l’éducation.
La communauté villageoise de Ndjoumoichogo à 2km du site avec l’appui
financier du Programme des Nations Unis pour le Développement aux Comores
a pris l’initiative de constituer le site en Jardin Botanique. Cette forêt devrait
bénéficier d’un arrêté en Forêt Classée ou en Réserve Naturelle Intégrale.

REMERCIEMENTS
Ce travail a été réalisé grâce à collaboration entre certaines personnes
et des Institutions. Ainsi, nous tenons à remercier la Faculté des Sciences et
Techniques de l’Université des Comores (Herbier National des Comores) et le
Département de Biologie et Ecologie Végétales de la Faculté des Sciences de
l’Université d’Antananarivo. Puis le Ministère français des Affaires Etrangers et
Européennes qui a octroyé un appui financier pour la réalisation des travaux de
terrain (financement FSP-SEP). Sans oublier la communauté villageoise de
Ndjoumoichogo.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Adam. H., 2007. Priorités nationales en matière de biodiversité. Coordination
Nationale du PMF/PNUD/FEM. Avril 2007. 20 diapositives.
Adjanohoun et al. 1982. Etude ethnobotanique et floristique des Comores.
République Fédérale Islamique des Comores. CCT. Paris. 84p.
Andilyat. M., Daroussi.A ; Ouledi. A.; Roger. E, 2010.Espèces forestières
endémiques les plus utilisées dans les îles Comores et évolution spatio-

255
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

temporelle de la forêt du Karthala 1969-2010. Poster 144 bis Congrès


International des Botanistes.
Andilyat. M. ; 2007. Etude écologique de la forêt du Karthala. Mémoire de DEA
Ecologie Végétale. Univ. Antananarivo. 140 p.
Battistini, R. & Verin, P., 1984. Géographie des Comores. Agence de
coopération culturelle et technique, Ed Nathan.
Daroussi. A., 2006.Etude écologique des espèces les plus utilisées dans l’île
d’Anjouan : cas du mont Ntringui. Mémoire : DEA. Ecologie Végétale.
Univ. Antananarivo. 97pages.
Duvigneaud, P., 1980. La synthèse d’écologie 2ème éd. France.
Gautier, L. Birkinshaw, C., Messmer, N., Ralimanana, H., Ranaivojaona,
N., Randrianaivo, R. et Ravololonjanahary, H., 1994. – Structure et
flore de la forêt sur la pente d’Andranomay – Recherche pour le
développement. Série Sciences Biologiquees, MRS-CIDST, vol.13, pp.
14-28.
Godron. M., 1971. Un essai d’approche probabiliste de l’écologie des
végétaux. Thèse d’Etat USTL, Montpellier.276p.
Rothe, P.L., 1964. Régénération en forêt tropicale. Le Dipterocarpus drey
(Dau) sur le versant Cambridgien du Golf de Siam, Bois et forêts des
tropiques de Madagascar.vol.8, pp. 386-397.

ANNEXE
Liste des espèces récoltées de la zone forestière de Ngnoubadjou

Noms
Nombre Familles Noms Scientifiques
vernaculaires
1 APHLOIACEAE Aphloia theaformis M'fandrabo
2 APOCYNACEAE Carissa edulis M'droundrouwa
3 Cussonia spicata Mtsoudji
4 Gastonia duplicata
ARALIACEAE
5 Polycsias felicis M'mia
6 Schefflera myriantha Milongori
7 Dypsis cf. lanceolata Ipvopvo
ARECACEAE
8 Ravenea sp.
9 Phoenix reclinata Inazi
10 ASTERACEAE Ageratum conyzoides "M'nouka"

256
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE : Liste des espèces récoltées de la zone forestière de


Ngnoubadjou (suite)

Noms
Nombre Familles Noms Scientifiques
vernaculaires
Brachylaena ramiflora var.
11 ASTERACEAE
comorensis N'guou
12 Emilia citrina
13 BALSAMINACEAE Impatiens auricoma Trindi mbe
14 BEGONIACEAE Begonia comorensis
15 BIGNONIACEAE Ophiocolea comorensis M'lembe-lembe
16 CELASTRACEAE Celastraceae sp1
17 CLUSIACEAE Clusiaceae sp1
18 COMMELINACEAE Commelina diffusa Coha
19 CUNONIACEAE Weinmannia comorensis Mrinkoudi
20 CYPERACEAE Cyperus sp.
21 Acalypha sp.
N'tsongoma za
22
Cleisthanthus occidentalis msirou
23 EUPHORBIACEAE Cleisthanthus sp. Namliwa
24 Macaranga boutonoides
25 Macaranga decaryana Gangani
26 Phyllanthus sp1
27 Phyllanthus sp2 Mrounda Ntsolé
28 FABACEAE Desmodium triflorum
29 FLACOURTIACEAE Flacourtia indica M'tsongoma ziba
30 Flacourtia sp.
31 GENTIANACEAE Anthocleista grandifolia "M'dongori"
32 URTICACEAE Laportea perrieri
33 LILIACEAE Dracaena sp. M'tsangaya
34 MALVACEAE Dombeya cf. condensata Badjou
35 Hibiscus surattensis
36 MELASTOMATACEAE Clidemia hirta
37 MELIACEAE Khaya comorensis M'takamaka
38 MONIMIACEAE Tambourissa leptophylla M'bwessa
39 Ficus symocorus M'hyi madji
MORACEAE
Ficus lutea Mvouvou
40 Ficus pyrifolia Mzingara
41 Eugenia comorensis M'ri mweou
Mbera
42 MYRTACEAE Eugenia jambolana chizoungou
Eugenia aromatica karanfou
Eucalyptus grandis Mkinini
43 Psidium cattleyanum Tsongoma

257
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE : Liste des espèces récoltées de la zone forestière de


Ngnoubadjou (suite)

Noms
Nombre Familles Noms Scientifiques
vernaculaires
44 OLEACEAE Olea capensis N'drihali mwigni
45 Olea lancelolata N'drihali ndrovi
47 Calanthe sylvatica
48 Polystachya concreta
49 Liparis caespitosa
50 Oberonia disticha
51 Bulbophylum sp
52 Jumellea anjouanensis
53 Jumellea comorensis
54 Orchidaceae sp1
55 PAPAVERACEAE Argemone mexicana
56 PIPERACEAE Piper capens M'dara
Gwé la Rambou
PIPERACEAE Peperomia humblotii
57 m'sirou
58 POACEAE Andropogon nardus
59 Lasiodiscus articularis Bidjo
RHAMNACEAE
60 Lasiodiscus sp. Koliko
61 Canthium bibracteatum M'karare
62 Captosperma supra-axilare
63 RUBIACEAE Captosperma sp.
64 Ixora sp.
65 Psychotria aff.aledjoensis M'harou
66 Vepris aff. parvicalyx M'watrani
RUTACEAE
67 Vepris sp. 3 feuilles
68 SAPOTACEAE Chrysophyllum boivinianum "M'souloubari"
69 SAPINDACEAE Filicium sp. Mdouri
70 ULMACEAE Trema orientalis Mbessi
71 ASPLENIADACEAE Asplenium nidus Foug trindi
72 BLECHNACEAE Blechnum atternuatum Fougère femelle
73 Cyathea comorensis
74 CYATHEACEAE Cyathea sp1
75 Cyathea sp2
76 ELAPHOGLOSSACEAE Elaphoglossum sp. Fougère poile
77 HUPERZIACAE Huperzia sp Fougère herbe
78 HYMENOPHYLACEAE Trichomanes sp. Fougère fine
79 OLEANDRACEAE Nephrolepis biserta "Koudjou "
80 POLYPODIACEAE Belvisia spicata

258
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE : Liste des espèces récoltées de la zone forestière de


Ngnoubadjou (suite)

Noms Noms
Nombre Familles
scientifiques vernaculaires
81 POLYPODIACEAE Cyclosorus unitus Fougère
Microsorium
82 POLYPODIACEAE
punctatum
Phymatodes
83 POLYPODIACEAE
scolopendria
84 VITTARIACEAE Vittaria sp.
85 RUTACEAE Toddalia asiatica Roneza msirou
86 Mri moudou

259
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

CARACTERISATION ECOLOGIQUEET ANALYSE


STRUCTURALE DES FORETSHUMIDES DES ALTITUDES
SUPERIEURES DE LA MONTAGNE D’AMBRE (REGION DIANA)
1 1
Mialy Harindra RAZANAJATOVO , Edmond ROGER ,
1 2
Charlotte RAJERIARISON , Laurent GAUTIER
1
B.P.906. Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences. Université
d’Antananarivo.
2
CJB Genève

RESUME
Les altitudes supérieures (800 à 1475 m) de la Montagne d’Ambre,
constituées principalement par la forêt humide de moyenne altitude ont fait
l’objet d’intenses travaux de recherche. Cinquante-huit relevés mixtes ligne-
surface ont été réalisés dans six principaux sites du massif et ont permis de
donner les principales caractéristiques structurales de la majeure partie de la
forêt. Par la comparaison des paramètres structuraux, 4 principaux
groupements végétaux liés aux facteurs écologiques comme l’altitude, la
topographie et l’exposition ont été identifiés.

Mots-clés : Flore, végétation, structure, relevé mixte ligne-surface, écologie,


Montagne d’Ambre

1- INTRODUCTION
La Montagne d’Ambre est un massif volcanique localisé à l’extrémité
septentrionale de Madagascar, datant du Pliocène (Battistini, 1965). C’est un
Complexe d’Aires Protégées créé en octobre 1958, composé d’un Parc
National et d’une Réserve Spéciale. Les altitudes supérieures (800 à 1475 m)
de la Montagne d’Ambre sont constituées principalement par la forêt humide
isolée des forêts analogues rencontrées sur les autres montagnes du Nord de
Madagascar, notamment Marojejy, Manongarivo, Tsaratanàna et Daraina. Cet
isolement aurait favorisé le développement des espèces endémiques de ce
massif d’où l’intérêt d’étudier sa flore et sa végétation. Cependant, cette
formation humide est moins prospectée que les formations sèches peuplant le
piedmont du massif. De plus, les études botaniques antérieures sur la
Montagne d’Ambre ont été limitées aux zones les plus accessibles du massif.
Ainsi, ce travail a pour objectifs la description et la caractérisation des
formations humides du massif en mettant un accent sur les aspects
physionomiques et structuraux de cette forêt.

260
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2- METHODOLOGIE
2-1- Choix des sites d’étude
La forêt dense humide de la Montagne d’Ambre est rattachée au
domaine du Centre, sous-domaine du Centre Nord, au secteur de moyenne
altitude, de la série à Weinmannia et Tambourissa (Humbert, 1955). La
prospection de l’habitat a permis de placer 57 relevés ciblés pour couvrir un
éventail de situations différentes en fonction de l’altitude, de la position
topographique et de l’exposition, selon les critères apparents d’homogénéité,
notamment physionomique, floristique et édaphique.

2-2- Methodes de relevé de la végétation


Pour obtenir des données sur la structure de la végétation et sur la
composition floristique des zones étudiées, une méthode de relevé mixte ligne-
surface (Gautier & al., 1994) a été adoptée.
Relevé linéaire : il s’agit de recenser tous les points de contact de la
végétation le long d’une série de lignes verticales imaginaires, réparties de
manière équidistante le long d’une ligne au sol d’azimut constant (Messmer et
al., 2002). Sur la ligne ainsi matérialisée, un jalon gradué de 8 m a été dressé
verticalement tous les 2 mètres. La hauteur de contact entre la ligne verticale et
les éléments végétaux a été relevée. Au-delà de 8 m de hauteur, les hauteurs
de contact sont estimées.
Relevé de surface : il est matérialisé par une parcelle de 0,1 ha, centrée
sur la ligne médiane de chaque relevé linéaire et a permis d’évaluer la
distribution des individus par classe de diamètre, la densité du peuplement, la
surface terrière et le biovolume de la parcelle. Les paramètres considérés sont
le diamètre à hauteur de poitrine (DHp ≥ 10cm), la hauteur du fût (Hfût) et la
hauteur maximale (Hmax) des arbres.

2-2- Etude structurale de la végétation


C’est l’étude de la répartition et l’agencement des unes par rapport aux
autres des plantes constituantes d’une formation végétale (Guinochet, 1973).
Elle permet, d’une part, d’avoir une image réelle ou représentative de
l’ensemble de la végétation et, d’autre part, de déterminer l’organisation
spatiale des espèces. Elle met en évidence les différentes strates qui
composent la formation végétale et la continuité de chaque strate.
• Structure verticale
L’étude de la répartition verticale des éléments végétaux concerne la
hauteur de la canopée, la stratification de la végétation et le recouvrement par
intervalle de hauteur. Ces intervalles de hauteur, au nombre de 6, sont choisis a
priori selon une progression géométrique : 0-2 m ; 2-4 ; 4-8 ; 8-16 ; 16- 32 ; >
32 m. Ainsi, le profil de la végétation et le recouvrement ont été étudiés.

261
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

• Structure horizontale :
La structure horizontale a été approchée par des mesures
dendrométriques effectuées sur les parcelles de surface :
La densité correspond au nombre d’individus ayant un DHp ≥ 10 cm
observés sur toute la surface de la parcelle. Sa valeur est exprimée à l’hectare.
La distribution par classe de diamètredes individus suivant 7 classes
de diamètre par intervalle de 10 cm jusqu’aux diamètres > 70 cm.
La surface terrière et le biovolumede tous les arbres ayant un DHp ≥
10 cm ont été calculés suivant:

G = Σ Gioù Gi = di2

2
Gi : surface terrière occupée par chaque individu (m )
di : DHp de chaque fût (m)
2
G : surface terrière occupée par tous les individus sur la parcelle (m )

La valeur de la surface terrière est exprimée à l’hectare.


Le potentiel en bois de la forêt a été estimé en calculant son biovolume
à l’hectare. Laformule de Dawkins (1958)
V = Σ Vi où Vi = 0,53 ΣGi Hi
3
Vi : biovolume occupé par chaque individu (m )
Hi : Hauteur de chaque fût (m)
3
V : biovolume occupé par tous les individus sur la parcelle (m )
0,53 : coefficient de forme

• Etude de la similarite des releves


La similarité entre les relevés a été étudiée par le biais de la
Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) (Legendre& Legendre, 1979),
réalisée à partir de 11 paramètres structuraux (la hauteur moyenne de la
canopée, la longueur de la ligne des hauteurs maximales, le recouvrement, la
densité linéaire, la distribution par classe de diamètre, la densité du
peuplement, la hauteur moyenne du fût, la surface terrière, le biovolume, la
proportion de lianes et la proportion en épiphytes) sur les 58 relevés.

3- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
La CAH a permis d’identifier 4 groupements végétaux.
3-1- Description des groupements vegetaux
• Groupement vegetal G1
Le groupe G1 comprend 13 relevés effectués à différentes altitudes
(entre 940 et 1360 m) sur le versant oriental du massif directement exposé à
l’alizé, soumis à des précipitations élevées, dans des stations humides (bord
des rivières), où les pentes sont relativement faibles et le sol, ferralitique
profond.

262
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Structure verticale
Les formations végétales (Planche 1) présentent une voûte forestière
très irrégulière. La ligne des hauteurs maximales mesure environ 150 m. La
végétation est stratifiée et quatre strates ont été distinguées :
- une strate herbacée surtout représentée par des grandes
Fougères terrestres telles que Christella distans (Thelypteridaceae) et Blotiella
pubescens (Dennstaedtiaceae), puis par Impatiens sp. (Balsaminaceae),
Begonia sp (Begoniaceae), Asparagus simulans (Asparagaceae),
Streptocarpus sp. (Gesneriaceae) et Brillantaisia madagascariensis
(Acanthaceae) ;
- une strate arbustive dominée par Psychotria polygrammata et
Pauridiantha paucinervis(Rubiaceae), Clerodendron pyrifolium (Verbenaceae)
et Dracaena sp (Convallariaceae) ;
- une strate arborée inférieure surtout représentée par Tannodia
grandiflora (Euphorbiaceae), Phyllarthron sp.(Bignoniaceae), Malleastrum sp.
(Meliaceae) et Syzygium sp. (Myrtaceae) ;
- une strate arborée supérieure dominée par Chrysophyllum
madagascariensis (Sapotaceae), Macaranga sp.(Euphorbiaceae) et Dombeya
acerifolia (Sterculiaceae). Les émergents sont représentés par Cryptocarya
crassifolia (Lauraceae), Ephippiandra madagascariensis et Tambourissa
sp.(Monimiaceae), Canarium madagascariense (Burseraceae) et Faucherea
ambrensis (Sapotaceae).
En général, la strate herbacée est très fournie. Ensuite le recouvrement
est plus faible dans la strate arbustive et il augmente progressivement vers les
strates arborées. L’humidité élevée favorise le développement des Fougères.
30

25

20
Hauteur (m)

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure a : A41, Rivière Antsakoabe, bas fond, 975 m

263
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

30

25

20

Hauteur (m)
15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure b : A36, Rivière Antsakoabe, plateau, 1080 m

30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure c : A09, Grand Lac, plateau, 1190 m


30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure d : A02, Grand Lac, mi-versant, 1360 m

Planche 1 : Profil de végétation de quelques relevés du groupe G1

Des variations physionomiques ont été observées en fonction de


l’altitude. De 900 à 1100 m, la hauteur moyenne dépasse 17 m et les
émergents atteignent 23 m. La strate herbacée ne dépasse pas 1 m. De 1100 à
1400 m, la canopée est moins élevée, et les émergents ne dépassent pas 20
m. En altitude, les formations sont de plus en plus exposées aux vents assez
violents et aux perturbations cycloniques qui ont entraîneés les ouvertures. De
même, elles témoignent des exploitations antérieures.

264
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Structure horizontale
Dans l’ensemble des relevés du groupe G1, les histogrammes de
distribution des individus par classe de diamètre montrent une allure en J
inversé qui reflète l’équilibre du peuplement. Toutefois, quelques variations ont
été observées en fonction de la position topographique (Planche 2) :
- Dans le bas fond où le sol est plus riche, les arbres de plus de 60
cm de diamètre sont plus nombreux tandis que l’effectif des individus de DHp <
30 cm est faible. La densité du peuplement est plus faible à cause de
l’inondation fréquente. Pourtant, la surface terrière et le biovolume sont assez
grands.
- Sur le mi-versant, l’effectif des individus de DHp < 30 cm est plus
élevé. Ainsi, la densité du peuplement est assez élevée mais la surface terrière
et le biovolume plus faibles. L’absence des classes de diamètre 50 à 70 cm
témoigne des anciennes exploitations forestières, probablement sélectives,
favorisées par la facilité d’accès car les pentes sont plus faibles sur le versant
Est.
- Sur le plateau, la densité du peuplement est très élevée à cause
du grand effectif des arbres de moins de 30 cm de diamètre. Cette forte
proportion de jeunes individus pourrait être attribuée au développement des
rejets à la suite des anciennes exploitations. Par conséquent, la surface terrière
et le biovolume sont plus élevés.
Sur le versant Est du massif, facilement accessible à cause du relief
peu accidenté et de la proximité des villages, les traces des activités
anthropiques sont assez marquées. Les formations sont plus ou moins
secondarisées.

• Groupement végétal G2
Le groupe G2 comprend 17 relevés effectués entre 900 et 1340 m
d’altitude, dans plusieurs parties du massif : dans la zone sommitale, dans les
parties nord, ouest et Est, sur les versants exposés à l’ouest, à l’abri des vents
assez violents, dans des stations moins humides où le relief est accidenté et le
sol profond.
Structure verticale
Les relevés rassemblés dans le groupe G2 présentent une voûte
forestière assez régulière et quatre principales strates (Planche 3) :
- une strate herbacée, peu fournie, surtout représentée par
Coleotrype madagascariensis (Commelinaceae) et des Acanthaceae;
- une strate arbustive, semi-ouverte, surtout représentée par
Mostuea brunonis (Loganiaceae), Leea guineensis (Leeaceae), Claoxylon sp.
(Euphorbiaceae) et Colea tetragona (Bignoniaceae) ;

265
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- une strate arborée inférieure, peu ouverte, surtout représentée par


Carissa septentrionalis (Apocynaceae), Ficus soroceoïdes et Trophis montana
(Moraceae), Pandanus sp (Pandanaceae) ;
- une strate arborée supérieure dominée par Chrysophyllum
boivinianum (Sapotaceae) et Tambourissa rota (Monimiaceae). Les émergents
sont surtout représentés par Canarium madagascariense (Burseraceae) et Olea
aff. madagascariensis (Oleaceae).
Des variations ont été constatées suivant la position topographique. Sur
le plateau (Grand Lac), la strate herbacée est discontinue ; sur le bas versant
(Lac Maudit), les arbres atteignent une hauteur de 26 m. La ligne des hauteurs
maximales mesure 180 m, ce qui traduit une importante ouverture de la
canopée, confirmant l’existence d’anciennes exploitations. Sur le mi-versant
(Grande Cascade), la hauteur moyenne de la canopée est de 19 m et les
émergents atteignent 23 m. La strate herbacée, très développée, atteint 2 m.
Sur le haut versant (Rivière Antsakoabe), les arbres ne dépassent pas 18 m.
Les strates arbustive et arborée sont moins denses et la strate herbacée,
presque continue mais moins développée. La faible ouverture de la strate
arborée supérieure pourrait être expliquée par l’emplacement des sites tournés
vers l’ouest, à l’abri de l’alizé, favorisant le développement des masses foliaires.
70

60

50
Effectif

40

30

20

10

0
[10 - 20[ [20 - 30[ [30 - 40[ [40 - 50[ [50 - 60[ [60 - 70[ [70...[
Classe de diamètre (cm)

Figure a : A41, Rivière Antsakoabe, bas fond, 975 m

70

60

50
Effectif

40

30

20

10

0
[10 - 20[ [20 - 30[ [30 - 40[ [40 - 50[ [50 - 60[ [60 - 70[ [70...[
Classe de diamètre (cm)

Figure b : A02, Grand Lac, mi-versant, 1360 m

266
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

70

60

50

Effectif
40

30

20

10

0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70,,,[
Classe de diamètre (cm)

Figure c : A10, Grand Lac, plateau, 1190 m

Planche 2 : Distribution des individus par classe de diamètre sur quelques


relevés du groupe G1
30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure a : A40, Rivière Antsakoabe, haut versant, 1010 m


30

25

20
Hauteur (m)

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure b : A47, Grande Cascade, mi-versant, 1030 m


30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure c : A04, Grand Lac, plateau, 1250 m


267
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

30

25

Hauteur (m)
20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure d : A26, Lac Maudit, bas versant, 1012 m


Planche 3 : Profil de végétation de quelques relevés du groupe G2

Structure horizontale
Les relevés du groupe G2 montrent un certain état d’équilibre mais
quelques variations ont été observées en fonction de l’altitude (Planche 4). Vers
900 m, la densité du peuplement et le potentiel en bois sont plus faibles. Vers
1000 m, toutes les classes de diamètre sont représentées. La densité du
peuplement est assez forte. La surface terrière et le biovolume très élevés sont
liés à la présence de certaines essences à très gros diamètre telles que
Breonia sp et Nuxia ambrensis. Au-dessus de 1200 m, l’effectif des individus de
DHp < 30 cm est plus élevé mais celui des arbres de plus de 60 cm de
diamètre plus faible. L’absence de la classe de diamètre 60 à 70 cm (Figure b)
reflète l’existence des anciennes exploitations. Cependant, la densité du
peuplement est très forte et le potentiel en bois assez élevé.

• Groupement vegetal G3
Le groupement G3 rassemble 10 relevés dans la partie centrale du
massif, entre 1040 et 1430 m d’altitude, sur les crêtes et les hauts versants très
exposés aux vents violents. Les pentes sont relativement fortes et le sol
superficiel. Les précipitations enregistrées sont les plus élevées du massif à
cause de l’influence conjuguée de la mousson et de l’alizé dans la zone
sommitale.
Structure verticale
Les relevés du groupe G3 présentent des formations végétales assez basses
mais très denses (Planche 5). Le nombre de strates est réduit et parfois la
stratification est moins nette. En général, la forêt présente trois strates :
- Une strate herbacée, fermée, surtout représentée par
Poecilostachys sp. (Poaceae), Elatostema goudetianum (Urticaceae) et
Ionacanthus calcaratus (Acanthaceae) ;
- Une strate arbustive, semi-ouverte, surtout représentée par Croton
hovarium (Euphorbiaceae) et Oncostemum elephantipes (Myrsinaceae) ;

268
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Une strate arborée, fermée, dominée par Cyathea borbonica var


pervilleana, Cyathea borbonica var simulans (Cyatheaceae) et Dypsis sp
(Arecaceae). Les émergents sont représentés par Weinmannia sanguisugarum
(Cunoniaceae), Aphloia theiformis (Flacourtiaceae), Polyscias ornifolia
(Araliaceae) et Elaeocarpus subserratus (Elaeocarpaceae).
En fonction de l’altitude et de l’exposition, des variations ont été
observées. Vers 1000 m, les arbres atteignent une taille de 17 m. Entre 1100 et
1400 m, la hauteur des émergents varie de 9 à 14 m. La végétation présente
trois states : la strate herbacée de 0 à 1 m est très dense, la strate arbustive
peu ouverte et la strate arborée fermée. Au-dessus de 1400 m, les arbres ne
dépassent pas 7 m. Les formations sont formées de deux strates fermées. Ces
formes d’adaptation aux conditions stationnelles (températures basses et
exposition directe aux perturbations climatiques) les rapprochent de la silve à
lichens (Perrier de la Bathie, 1921).

70

60

50
Effectif

40

30

20

10

0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70...[
Classe de diamètre (cm)

Figure a : A26, Lac Maudit, bas versant, 1012 m

70

60

50
Effectif

40

30

20

10

0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ |60-70| [70,,,[
Classe de diamètre (cm)

Figure b : A05, Grand Lac, mi-versant, 1210 m

269
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

70

60

50
Effectif
40

30

20

10

0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70,,,[
Classe de diamètre (cm)

Figure c : A07, Grand Lac, haut versant, 1340 m


Planche 4 : Distribution des individus par classe de diamètre sur quelques
relevés du groupe G2
30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure a : A35, Lac Texier, haut versant, 1040 m

30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure b : A24, Lac Maudit, crête, 1150 m

270
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

30

25

20
Hauteur (m)
15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure c : A15, Station des Roussettes, crête, 1275 m

30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure d : A06, Grand Lac, crête, 1430 m


Planche 5 : Profil de végétation de quelques relevés du groupe G3

Structure horizontale
La distribution des individus par classe de diamètre reflète l’équilibre du
peuplement par une structure en J inversé. Néanmoins, des variations ont été
constatées en fonction de l’altitude et l’exposition (Planche 6). Vers 1000 m,
toutes les classes sont représentées mais les effectifs des individus de DHp >
30 cm sont assez faibles. La densité du peuplement, la surface terrière et le
potentiel en bois sont assez élevés. De 1100 à 1400 m, aucun individu de DHp
> 50 cm n’a été relevé sur les crêtes. Le peuplement est constitué d’arbres de
moins de 50 cm de diamètre. Les pentes relativement fortes n’ont pas permis
l’installation des grands arbres. De plus, ces sites sont directement exposés
aux vents violents et aux perturbations cycloniques. La densité du peuplement
et la surface terrière sont élevées mais le biovolume plus faible. Cette forte
densité est liée à la forte proportion d’individus à DHp < 20 cm issus du
développement des rejets suite à la chute des grands arbres favorisée par
l’exposition aux vents violents. Au-dessus de 1400 m, la densité du
peuplement, la surface terrière et le biovolume sont faibles. Les conditions
stationnelles relativement extrême (températures basses, exposition aux vents
assez violents), ne permettraient que l’installation des espèces les plus
adaptées.

271
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

• Groupement vegetal G4
Le groupe G4 réunit 17 relevés se trouvant entre 890 et 1250 m
d’altitude, sur le pourtour de la zone faîtière du massif. La plupart des relevés
ont été réalisés vers 1000 m d’altitude, huit dans la zone périphérique du Parc
National, au nord (A14, A18, A19, A48, A49, A51, A52, A53), quatre près de la
lisière à l’Est (A54, A55, A57, A58) et un à proximité d’une piste dans la partie
centrale (A11). Les sols sont profonds et le climat est humide à l’Est mais plus
sec à l’ouest.
Structure verticale
Les formations sont stratifiées et présentent une voûte forestière très
irrégulière (Planche 7). Quatre strates ont été distinguées :
- une strate herbacée peu fournie, surtout représentée par
Hypoestes sp (Acanthaceae) ;
- une strate arbustive peu ouverte, où les espèces les mieux
représentées sont Excoecarya sp.(Euphorbiaceae), Stephanodaphne
cremostachya (Thymelaeaceae) et Diospyros gracilipes (Ebenaceae) ;
- une strate arborée inférieure surtout représentée par Ochrocarpos
orthocladus (Clusiaceae), Tabernaemontana sp. (Apocynaceae) et Ocotea
ambrensis (Lauraceae) ;
- une strate arborée supérieure dominée par Homalium nudiflorum
(Flacourtiaceae) et Polyalthia oligosperma (Annonaceae). Les émergents sont
surtout Chrysophyllum boivinianum (Sapotaceae) et Canarium
madagascariense (Burseraceae).
180
160
140
120
Effectif

100
80
60
40
20
0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70...[
Classe de diamètre (cm)

Figure a : A35, Lac Texier, haut versant, 1040 m

272
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

180
160
140
120

Effectif
100
80
60
40
20
0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70…[
Classe de diamètre (cm)

Figure b : A24, Lac Maudit, crête, 1150 m

180
160
140
120
Effectif

100
80
60
40
20
0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70…[
Classe de diamètre (cm)

Figure c : A06, Grand Lac, crête, 1430


Planche 6 : Distribution des individus par classe de diamètre sur quelques
relevés du groupe G3

Des changements au point de vue physionomique ont été observés en


fonction de l’altitude. De 800 à 1100 m, la hauteur moyenne de la canopée
varie de 13 à 14 m et les émergents dépassent parfois 20 m. Les strates
herbacées et arbustives sont ouvertes et les strates arborées fermées. La
Station des Roussettes est localisée près du poste de contrôle si bien que les
formations y bénéficient d’un suivi rigoureux. De plus, l’emplacement des sites,
tournés vers l’ouest, à l’abri de l’alizé, favorise le développement des masses
foliaires dans la strate arborée supérieure. De 1100 à 1300 m, la canopée
mesure en moyenne 10 m et les émergents ne dépassent pas 14 m. Les strates
arborées présentent nombreuses ouvertures et pour A22 et A11 la ligne des
hauteurs maximales mesure 171 et 137 m. Ces ouvertures ont favorisé le
développement des strates herbacées et arbustives. Leur présence reflète
l’existence des exploitations forestières et d’autres perturbations liées aux
activités anthropiques.

273
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Structure horizontale
Dans l’ensemble des relevés du groupe G4, les histogrammes de la
distribution des individus par classe de diamètre traduisent l’équilibre du
peuplement (Planche 8).
- Sur le plateau, toutes les classes de diamètre sont représentées.
La densité du peuplement est assez forte. La surface terrière est relativement
élevée à cause du plus grand effectif d’individus à gros diamètre. Le biovolume
est assez élevé à cause de la hauteur des arbres plus élevée ;
- Sur le mi-versant, le nombre d’individus de DHp > 30 cm diminue.
Ainsi, la surface terrière et le biovolume sont moins élevés ;
- Sur le haut versant, les classes de DHp > 60 cm sont absentes.
La densité du peuplement, liée à l’abondance des individus de DHp < 30 cm,
est plus élevée mais le potentiel en bois plus faible. Ce site étant localisé en-
dehors du Parc National, il peut faire l’objet d’une exploitation forestière jusqu’à
l’heure actuelle.

30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure a : A18, Station des Roussettes, crête, 985 m


30

25
Hauteur(m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure b : A27, Lac Maudit, haut versant, 1060 m

274
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

30

25

Hauteur (m)
20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure c : A22, Lac Maudit, mi-versant, 1150 m


30

25
Hauteur (m)

20

15

10

0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Longueur (m)

Figure d : A11, Station des Roussettes, haut versant, 1250 m


Planche 7 : Profil de végétation de quelques relevés du groupe G4 (échelle
1/700)
100
90
80
70
60
Effectif

50
40
30
20
10
0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70,,,[
Classe de diamètre (cm)

Figure a : A55, Lac Texier, plateau, 995 m

275
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

100
90
80
70
60

Effectif
50
40
30
20
10
0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70,,,[
Classe de diamètre (cm)

Figure b : A28, Lac Maudit, mi-versant, 1140 m

100
90
80
70
60
Effectif

50
40
30
20
10
0
[10-20[ [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70…[
Classe de diamètre (cm)

Figure c : A19, Station des Roussettes, haut versant, 1035 m

Planche 8 : Distribution des individus par classe de diamètre sur quelques


relevés du groupe G4

4- DISCUSSION
Particularités physionomiques
La physionomie de certaines forêts de la Montagne d’Ambre retient
l’attention à cause de certaines particularités. Plusieurs constatations peuvent
être formulées.
Des espèces à large contrefort comme Canarium madagascariense et
Chrysophyllumboivinianum prédominent entre 1000 et 1200 m d’altitude.
Pourtant, dans la forêt orientale, les arbres à contrefort se rencontrent dans les
bas fonds afin d’augmenter leur stabilité. D’après l’histoire géologique de la
Montagne d’Ambre, une intense activité tectonique est à l’origine des activités
volcaniques. L’importance de la masse de produits éruptifs qui constituent le
massif reflète une grande instabilité tectonique dans l’extrême nord de
Madagascar (Rossi, 1980). La découverte d’une faune actuelle dans les tufs
basaltiques d’Antsiranana a permis de supposer que l’âge des dernières
éruptions est subactuel (Decary, 1922). Cependant, des études palynologiques

276
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ont permis de présumer que la Montagne d’Ambre était peuplée par les
espèces végétales de la forêt ombrophile de l’Est pendant les derniers 100 000
ans (Straka, 1996). Ainsi, la forêt humide existant actuellement à la Montagne
d’Ambre pourrait dériver de la forêt orientale dont le substrat a été surélevé
suite aux activités tectoniques.
La fréquence des ouvertures et des chablis dans de nombreux sites
témoigne des exploitations antérieures entraînant la dominance des
peuplements de Harungana madagascariensis, habituellement observée dans
les formations ouvertes, et d’espèces secondaires comme Dombeya acerifolia
et Macaranga sp. La situation isolée du massif qui l’expose directement aux
vents et aux perturbations cycloniques accentuerait les effets de ces anciennes
exploitations. De nombreuses espèces cicatricielles telles que Strobilanthes
madagascariensis et Ionacanthus calcaratus dominent la strate herbacée.
Au-dessus de 900 m, les épiphytes, les lianes et les Ficus étrangleurs
se rencontrent en abondance au niveau des différentes strates. Leur présence
reflète une humidité atmosphérique élevée par la présence de brouillard
permanent. En outre, de nombreuses plantes herbacées ont une taille
supérieure à 2 m. Les Fougères arborescentes et les palmiers sont fréquents.

Similarités avec les forêts orientales


Les forêts humides de la Montagne d’Ambre présentent des caractères
physionomiques, floristiques et biologiques similaires avec la forêt orientale de
basse altitude. La canopée élevée de 15 à 25 m est similaire à celles des forêts
de même type : Masoala (Randrianjanahary, 2004) et Mananara-Nord
(Raharimalala, 2000 – Rakotoarivelo, 1998) ; des arbres à large contrefort
comme Canarium madagascariense prédominent dans la strate arborée et
différentes espèces de lianes, d’épiphytes et de parasites ont été observés.
Toutefois, à cause de l’altitude plus élevée et de la nature du substrat
volcanique, quelques différences ont été constatées. La strate herbacée est
plus dense et plus développée alors qu’elle est discontinue dans la forêt
orientale et les taxons caractéristiques de la forêt dense humide sempervirente
de basse altitude, à savoir Anthostema et Myristicaceae, n’ont pas été
rencontrés à la Montagne d’Ambre.

5- CONCLUSION
La Montagne d’Ambre forme une enclave humide localisée à l’extrême
nord de Madagascar. C’est un massif volcanique issu des mouvements
tectoniques importants d’âge plio-quaternaire (Rossi, 1980) qui ont contribué à
l’élévation du massif à relief très accidenté. Elle constitue une barrière nord-sud
perpendiculaire à la direction de l’alizé. Le relief présente un profil
dissymétrique d’Est en Ouest ; les pentes Est sont douces et les pentes Ouest

277
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

plus raides. Les sols dérivent du subtrat basaltique. Le climat est de type
tropical humide sur le versant Est et plus sec sur le versant occidental.
Les formations végétales confèrent à la Montagne d’Ambre son
importance et ses multiples potentialités, notamment le fait de constituer le
réservoir d’eau pour l’extrême nord de Madagascar.
Dans les différentes formations, des caractéristiques dendrométriques
et biologiques assez particulières résultent de la nature des sols sur un substrat
volcanique. En effet, la taille des contreforts des arbres et leur diamètre sont
spécialement grandes sur certains représentants autochtones comme
Canariummadagascariense, Breonia sp. et Nuxia ambrensis, ou secondaires
comme Harunganamadagascariensis.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Battistini, R., 1965. Problèmes géomorphologiques de l’extrême nord de
Madagascar. Revue de géographie n°7, Univ. Antananarivo, pp 1-61.
Dawkins, H. C., 1958. The management of natural tropical high forest with
special reference to Uganda Imperial Forestry Institute, Oxford Institute
Paper, N° 34, 155p.
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Botanic Gardens of Malawi, Zomba, pp 1339-1350.
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données écologiques. Masson, Paris. 247p
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Famille. Icacinaceae).
Raharimalala, F., 2000. Analyse et caractérisation de la biodiversité végétale
dans la forêt primaire de la Réserve de biosphère de Mananara-Nord.
Thèse de Doctorat de 3e cycle, Opt. Ecologie Végétale, Univ.
Antananarivo, 123p.

278
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Rakotoarivelo, N. J. J., 1998. Contribution à l’étude de quelques types de


forêts dans la Réserve de Biosphère de Mananara-Nord : Cas du Parc
National terrestre de Verezanantsoro (Flore-Structure-Cartographie).
Mém. DEA, opt. Ecologie Végétale, Univ. Antananarivo, 82p.
Randrianjanahary, M. O., 2004. Etude des effets de passage de cyclone
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forestières de la péninsule de Masoala. Mém. DEA, opt. Ecologie
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Straka, H., 1996. Histoire de la végétation de Madagascar oriental dans les
derniers 100 millénaires. In Biogéographie de Madagascar, pp 37-47.

279
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANALYSE FLORISTIQUE DE QUELQUES GROUPEMENTS


VEGETAUX DES FORETS A ALTITUDES ELEVEES DE LA
MONTAGNE D’AMBRE
Solotiana Deraharilanto RAMANDIMBIMANANA, Edmond ROGER,
Charlotte RAJERIARISON, Laurent GAUTIER
B.P.906. Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences, Université
d’Antananarivo.

RESUME

Une étude des forêts du Parc National de la Montagne d’Ambre a été


réalisée afin de déterminer leurs caractéristiques floristiques. L’approche
floristique a été faite à l’aide de 58 relevés linéaires à une altitude variant de
890 m à 1430 m. Au total, 640 espèces et morphoespèces réparties dans 249
genres et 99 familles ont été identifiées, dont 86% sont endémiques. En
fonction de la similarité floristique des relevés, cinq groupements végétaux ont
été identifiés. Dans chaque groupe, des différences sont marquées tant sur la
composition floristique que sur les adaptations biologiques des espèces. D’Est
en Ouest, la forêt passe d’une forêt dense humide à une forêt dense
subhumide et de transition.

Mots clés : Montagne d’Ambre, inventaire, flore, groupements végétaux.

1- INTRODUCTION
Le Parc National de la Montagne d’Ambre est situé sur un massif
volcanique isolé à l’extrême Nord de Madagascar. Ses forêts principalement de
type humide montagnard se détachent des forêts sèches avoisinantes et sont
isolées à plus de 100 km de la forêt humide des domaines du Centre et de l’Est
situées plus au Sud. Cette situation a pour conséquence l’existence de
plusieurs espèces endémiques locales. Malgré son statut Parc National à
Madagascar - le premier, créé en 1958, les connaissances scientifiques sur la
flore de la Montagne d’Ambre sont encore insuffisantes. En effet, une grande
partie des récoltes et expéditions effectuées jusqu’à l’heure actuelle ne
couvrent que les parties les plus accessibles du massif (le Nord et la partie Est)
particulièrement à proximité de la station des Roussettes. En outre, cet îlot de
forêt est actuellement soumis à des fortes pressions anthropiques. Ainsi, cette
recherche a pour objectif d’étudier cette flore encore mal connue de la
Montagne d’Ambre.

2- METHODES D’ETUDE
La méthodologie a été faite suivant 3 stades successifs : les études
préliminaires, les collectes des données sur terrain et enfin les traitements et
analyses des données.

280
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

- Choix et localisation de la zone d’étude

A l’aide de documentations bibliographiques et cartographiques, 6 sites


ont été choisis pour l’étude de la flore, en se basant sur le type de végétation et
l’altitude tout en ciblant les zones peu prospectées. Ensuite, le choix des
emplacements des relevés a été fait en tenant compte de l’homogénéité
physionomique, de l’homogénéité floristique, et de l’uniformité des conditions
écologiques apparentes.
- Collecte des données sur le terrain
Afin d’obtenir un maximum d’informations quantitatives et qualitatives sur
la composition floristique, la méthode de relevé linéaire proposée a été adoptée
(Gautier &al., 1994). Cinquante et huit (58) relevés linéaires se trouvant entre
890 m à 1430 m d’altitude ont été réalisés. Dans une surface de végétation
jugée homogène, une chevillère a été tiré sur une longueur de 100 m. Puis, un
jalon de 8m de haut a été déplacé tous les 2 mètres le long de la ligne de 100
m. La hauteur de contact avec le jalon, le nom scientifique et le type biologique
de chaque individu ont été notés. Les espèces qui n’ont pu être identifiées sur
place ont été récoltées.

Analyses des données

- Analyses floristiques : basées sur l’identification des espèces, le calcul


de l’abondance et la fréquence de chaque espèce. Les affinités
biogéographiques et les types biologiques des espèces ont été également
étudiés.
- Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) : utilisée pour regrouper
les relevés en fonction de leurs similarités floristiques. Cela est fait en
comparant la liste floristique des relevés pris deux à deux par le calcul de
l’indice de similarité de Horn (HORN, 1966). Les espèces indicatrices de
chaque groupement identifié ont été ensuite trouvées en utilisant le logiciel
IndVal. Ces espèces sont dites indicatrices d’un groupe du fait de leur forte
abondance et fréquence dans le groupe. Cependant, ces espèces peuvent être
présentes dans les autres groupes mais en moindre importance
quantitativement.

3- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3-1- Caracteristiques floristiques et biologiques globales

- Richesse et diversité floristique


Au total, 640 espèces et morphoespèces ont été identifiées. Ces
espèces se répartissent dans 249 genres appartenant à 99 familles. Le tableau
I résume la répartition des espèces recensées dans les différents rangs

281
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

taxonomiques. Les 5 familles les plus riches en espèces sont les


Euphorbiaceae, Rubiaceae, Flacourtiaceae, Myrsinaceae et les Lauraceae.

Tableau I : Richesse floristique


floristique globale des forêts de la Montagne d’Ambre
TAXONS Familles Genres Espèces
Dicotylédones 75 212 566
ANGIOSPERMES
Monocotylédones 6 15 34
GYMNOSPERMES 1 1 1
PTERIDOPHYTES 17 21 39
TOTAL 99 249 640

- Affinités biogéographiques
L’endémisme spécifique
spécifique est très élevé dans la Montagne d’Ambre avec
80.37% (Figure 1). De même, deux familles endémiques et 21 genres
endémiques ont été identifiés.

Figure 1 : Spectre biogéographique de la végétation de la Montagne d’Ambre


Légende
- End. = espèces endémiques
endémiq - Afr.Mcar = Afrique, Madagascar
- Pantrop. = espèces pantropicales - Afr.Mcar.Masc = Afrique, Madagascar,
- Cosm. = espèces cosmopolites Mascareignes
- Afr. = Africaines - Afr.trop. = Afrique tropicale
- Afr.Asi. = Afrique, Asie - Trop = Tropicale

3-2- Caracterisations
tions des groupements vegetaux

Le tableau II montre la répartition des relevés au sein de chaque


groupement identifié.

Groupement végétal I

Cinquante (50) espèces réparties dans 35 familles et 50 genres ont été


identifiées. Les familles les plus représentées
représentées sont les Rubiaceae avec 4
espèces, les Clusiaceae et les Orchidaceae représentées chacune par 3

282
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

espèces. Au niveau spécifique, les espèces les plus abondantes sont Dombeya
capuroniana, Poecilostachys sp. LG 5146, Syzygium bernieri et Streptocarpus
sp. A06-002.

Tableau II : Répartition des relevés au sein des 5 groupements végétaux


Groupemen Groupement Groupement végétal Groupement végétal
Groupement végétal V
t végétal I végétal II III IV
Nombre
1 1 19 14 23
relevés
Site n°1:
Sites de relevés constitutifs de chaque

Site n°2 : Site n°2 : Site n°2 :


Site n°3 : Grand Lac
Station des Station des Station des
Lac Maudit A01, A02, A03, A04,
Roussettes Roussettes Roussettes
A24 A05, A06, A07, A08,
A12 A18, A19 A13, A14, A17, A20
groupement végétal

A09, A10
Site n°3 : Site n°4 :
Site n° 2 :
Lac Maudit Lac Texier
Station des
A21, A22, A23, A25, A31, A32, A33, A35,
Roussettes
A26, A27, A28, A29, A54, A55, A56, A57,
A11, A15, A16
A30 A58
Site n°5 :
Site n°6 :
Site n°4 : Rivière Antsakoabe
Grande Cascade
Lac Texier A36, A37, A38, A39,
A46, A47, A48, A49,
A34 A40, A41, A42, A43,
A50, A51, A52, A53
A44, A45

En tenant compte de la valeur indicatrice des espèces, dix-sept (17)


espèces peuvent être considérées comme indicatrices de ce groupe
(AnnexeII.1.) dont les plus marquantes sont : Weinmannia sp., Syzygium
bernieri et Garcinia verrucosa, Dombeya capuronian, Croton humblotii, Cyperus
longifolius et Hypoestes phyllostachya.
Il montre la prédominance des phanérophytes avec 59,2 %, suivis des
chaméphytes avec 18,4 %. Les cryptophytes sont les moins représentés avec
seulement 4,1 %. Les cryptophytes sont les moins représentés (4,1 %). (Figure
2)
La répartition biogéographique des taxons constitutifs de ce groupe est
illustrée par la figure 3. Elle montre encore la prédominance des espèces
endémiques (77 %).
La végétation dans ce groupement est une forêt dense humide sur crête
et où la voute forestière est très basse. Ce relevé se trouve dans les plus
hautes altitudes, l’humidité relative reste favorable à l’installation des mousses
et des épiphytes.
Groupement végétal II
Trente-six (36) espèces réparties dans 22 familles et 33 genres ont été
identifiées. Les familles les plus représentées sont les Rubiaceae avec 4
espèces, Celastraceae, Euphorbiaceae et les Flacourtiaceae représentées
chacune par 3 espèces. Les espèces les plus abondantes sont Poecilostachys

283
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

sp_LG 5146, Homalium nudiflorum, Mystroxylum aethiopicum et Psychotria


expansissima.

8,2%
Microphanéroph 8% 7%
10,2% yte 8%
afr
38,8% Mesophanéroph
4,1%
yte afr mad
77% masc
Nanophanéroph
yte end
18,4%
Chaméphyte trop
2,0%
18,4%

Figure 2 : Spectre biologique du groupement Figure 3 : Distributio


ribution biogéographique
végétal I du groupement végétal I

La végétation dans ce groupement constitué d’un seul relevé est une


forêt dense humide sur crête où la voute forestière est très basse. Ce relevé se
trouve dans les plus hautes altitudes, l’humidité relative
relative reste favorable à
l’installation
n des mousses et des épiphytes.

Groupement végétal II

Ce groupement est représenté par un seul relevé du site n°3 (Lac


Maudit) qui est le relevé A24. Ce relevé est localisé dans la partie ouest du
parc, vers 1280 m d’altitude.
d’altitude. La végétation est une formation basse, sur une
crête très exposées directement au vent et à pente très forte.
forte
Trente-six
six (36) espèces réparties dans 22 familles et 33 genres ont été
identifiées. Les familles les plus représentées sont les Rubiaceae avec av 4
espèces, Celastraceae, Euphorbiaceae et les Flacourtiaceae représentées
chacune par 3 espèces. LesL espèces les plus abondantes sont Poecilostachys
spLG 5146, Homalium nudiflorum, Mystroxylum aethiopicum et Psychotria
expansissima.

En tenant compte de la valeur indicatrice des espèces, dix-sept


dix (17)
espèces peuvent être considérées comme indicatrices de ce groupe
gr (Annexe
I.2.) dontMystroxylum
Mystroxylum aethiopicum, Tambourissa trichophylla, Psychotria
expansissimaet Todalia asiatica.
asiatica
Les
es phanérophytes dominent avec 78,8 % (Figure 4). Les proportions en
liane(6,06 %) et epiphyte (3,03 %) ont diminué par rapport à celles du groupe I.

284
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

La répartition biogéographique des taxons constitutifs de ce groupe est


illustrée par la figure 5. Elle montre encore la prédominance des espèces
endémiques (75 %).

6,06% Microphanéroph
3,03% 8% 9% 8% afr asi
yte
12,12% Mesophanérophy
afr mad
te
masc
Chaméphyte end
51,52%
75%
Epiphyte trop

27,27% Liane

Figure 4 : Spectre biologique du groupement Figure 5 : Distribution biogéographique


végétal II du groupement végétal II

La végétation dans ce groupement est une forêt dense humide très


basse (4 à 5 m de haut). Cependant,
Cependant, sa différence avec le groupement végétal
II réside au niveau de la composition floristique et des caractères biologiques
des espèces. Une diminution des proportions en épiphyte et en espèce
lianescentes est observée. Ces caractères sont attribués à l’action l’ de la
topographie (crête très exposée au vent), occasionnant la diminution du degré
d’humidité dans cette zone.
Groupement végétal III
Ce groupe réunit les relevés réalisés dans les basses altitudes, entre 890
m et 1175 m dont la majorité se trouve sur le flanc occidental du massif. Tous
les niveaux topographiques sont représentés dans ce groupe et la pente varie
de 2° à 44°. Dans cette partie de la forêt, les précipitations moyennes annuelles
enregistrées sont de 1349 mm/an à 1368 mm/an. La formation formation est une forêt
dense humide d’une hauteur moyenne de 15 m mais l’aridité ’aridité climatique est de
plus en plus ressentie.
Nous avons recensé 391 espèces dans ce groupement. Ces espèces se
répartissent dans 74 familles et 182 genres. Parmi les familles les plus
représentées figurent les Rubiaceae avec 45 espèces, les Euphorbiaceae avec
32 espèces, les Lauraceae et les Myrsinaceae avec 19 espèces et enfin 18
espèces pour les Flacourtiaceae.
Les espèces les plus fréquentes sont Chrysophyllum boivinianum avec
94,7 %, Salacia madagascariensis et Trophis montana respectivement avec 89
%.
Vingt (20)) espèces ont été identifiées comme étant indicatrices
indicatrices de ce
groupe (Annexe I.3),, dont Polyalthia oligosperma, Drypetes madagascariensis

285
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

Coffea mogenetii,i, Leea guineensis,


guineensis Tabernaemontana
ernaemontana sp, Salacia
madagascariensis et Dichapetalum bojeri.
bojeri
Dans cette partie de la forêt, la saison sèche est perceptible et la
diminution de l’humidité apporte son effet sur les modes d’adaptations des
plantes. Ainsi, la forêt est constituée d’un mélange
mélange d’espèces sempervirentes et
d’espèces caducifoliées. Outre les modes d’adaptations en milieu humide déjà
rencontrés dans les groupes précédents, certaines espèces possèdent des
modes d’adaptations en milieu sec comme :
- la sclérophyllie qui est présente
prés chez Mystroxylum aethiopicum ;
- les feuilles en cladodes chez Phylloxylon xylophylloides ;
- la pubescence chez Dalbergia monticola.
Les proportions des types biologiques de ce groupemontre
groupe la
prédominance des phanérophytes avec 83,96 % (Figure 6).. Les lianes
l (9,31 %)
sont encore présentes et les épiphytes
piphytes sont relativement peu représentées
avec 2,84 %. Cette faible proportion en épiphytes est attribuée à la diminution
de l’humidité à l’intérieur des forêts, qui n’est pas favorable au bon
développement dess espèces de ce type biologique.
La distribution des taxons suivant les affinités biogéographiques dans ce
groupe montre un endémisme
endémi spécifique très élevé avoisinant les 90 % (Figure
7).

Figure 6: Spectre biologique du Figure 7 : Distribution biogéographique


groupement végétal III du groupement végétal III

L’analyse de ce groupement végétal III a permis de montrer l’existence


des espèces indicatrices de ce groupe comme Polyalthia oligosperma et
Trophis montana.. De même, des changements s’observent dansdans la composition
floristique et les caractères biologiques des espèces, mettant en évidence le
passage progressif des forêts humide du d versant est et du centre de la
montagne vers les forêts denses sèches du versant Ouest. Nous pouvons

286
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

interpréter cela comme une conséquence de l'effet de foehn sur le versant


occidental qui induit une saison sèche plus importante et un degré d’humidité
moindre.

Groupement végétal IV
Les sites de relevés de ce groupement se trouvent dans les hautes
altitudes de la Montagne d’Ambre, dans la partie centrale du Parc National, à
altitude comprise entre 1140 m et 1430 m. La pente varie de 3° à 37° et tous les
niveaux topographiques sont représentés dans ce groupe. La végétation
correspondante est une forêt dense humide sempervirente montagnarde d’une
hauteur moyenne de 10 m et avec une strate herbacée très dense.
Sur l’ensemble des 14 relevés constitutifs de ce groupe, 247 espèces
réparties dans 135 genres et 70 familles ont été identifiés. Les familles les plus
riches sont les Rubiaceae (23 espèces), Euphorbiaceae (17 espèces),
Acanthaceae (9 espèces), Araliaceae, Moraceae et Oleaceae avec 8
espèces.Les espèces les plus fréquentes sont Aphloia theiformis (93 %),
Strobilanthes madagascariensis (86 %), enfin Ephippiandra madagascariensis
et Elaeocarpus subserratus chacune avec 64 %.
Les espèces indicatrices de ce groupe sont présentées en annexe I.4.
Au total, elles comptent 23 espèces à savoir Carissa sessiliflora,Nuxia coriacea,
Weinmannia sanguisugarum, Elaeocarpus subserratus et Ephippiandra
madagascariensis.
Les caractères d’adaptations des espèces sont les mêmes que ceux des
forêts humides orientales malgaches déjà mentionnées plus haut.
L’épiphytisme est surtout représenté par Blechnum microbasis, Asplenium
nidus.L’altitude impose également son effet sur les plantes dont le nanisme,
très fréquent en haute altitude dans les crêtes, se rencontre chez Weinmannia
sanguisugarum et Schefflera sp_A06-015.
Les espèces recensées sont en majorité des phanérophytes
représentant 69,81 % des taxons (Figure 8). Cette répartition est attribuée au
taux d’humidité élevée issu des brouillards persistants sur les zones élevées de
la Montagne d’Ambre.
La distribution des différents taxons inventoriés dans ce groupe suivant
leurs affinités biogéographiques est illustrée par la figure 9. Elle montre un fort
taux d’endémicité spécifique représentant 87,08 % des taxons.
La végétation au sein du groupement végétal IV est une forêt dense
humide montagnarde caractérisée par des espèces telles que Weinmannia
sanguisugarum et Ephippiandra madagascariensis et marquée par l’abondance
des fougères arborescentes, des lianes et des épiphytes. Ces caractères

287
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

floristiques et biologiques sont attribués à l’effet de l’altitude qui est supérieure à


1140 m et où l’humiditéité est très élevée.

Figure 8 : Spectre biologique du Figure 9 : Distribution


groupement végétal IV biogéographique du groupement
végétal IV

Groupement végétal V

Les relevés ont été effectués dans la partie orientale de la Montagne


d’Ambre à une altitude
itude comprise entre 965 m et 1180 m. La topographie est
moins accidentée et les pentes sont assez douces, variant de 0° à 18°. Les
précipitations sont de 1349 mm/an à 1376 mm/an et la formation végétale
rencontrée est une forêt dense humide sempervirente.
Trois cent soixante-quinze
soixante quinze (375) espèces y ont été inventoriées. Ces
espèces appartiennent à 82 familles et 180 genres. Les familles les plus riches
sont les Euphorbiaceae et Rubiaceae représentées chacune par 30 espèces,
espèces
les Lauraceae avec 21 espèces,
espèces less Flacourtiaceae avec 17 espèces et les
Moraceae avec 13 espèces.
Les espèces les plus fréquentes sont Asplenium nidus et Chrysophyllum
boivinianum avec 91,3%,
3%, Elatostema goudotianum, Blechnum microbasis et
Canarium madagascariense avec 87%, Strobilanthes madagascariensis (83 %)
et Allophyllus cobbe (78 %). Quelques espèces comme Phyllarthron spSMT
203,, Mendoncia cowanii sont également très abondantes.
Parmi les espèces recensées, 21 2 espèces ont été retenues comme
étant des espèces indicatrices
catrices de ce groupe
group (Annexe I.5). Parmi ces espèces
figurent Harungana madagascariensis, Canarium madagascariense, Scolopia
madagascariensis, Dracaena reflexa, Psychotria polygrammata, Canthium
bosseri et Chrysophyllum lanceolatum.
lanceolatum
La partie orientale de la Montagne d’Ambre est régie par un climat
humide. Les espèces rencontrées dans cette zone présentent des modes

288
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

d’adaptation liées à l’humidité dont l’épiphytisme chez Bulbophyllum


coriophorum, Asplenium nidus et Blechnum microbasis,la la lianescence chez
Gouania glandulosa et Cissus floribunda.
floribunda. Les feuilles sont persistantes.
Le spèctre biologique des taxons recensés dans ce groupe montre que
la proportion en phanérophytes est nettement supérieure avec un pourcentage
de 72,92 %. Les lianes et les épiphytes sont également bien représentés (10,95
% et 8,07 %) alors que les chaméphytes sont presque inexistants avec 0,28 %
(Figure 10).
La figure 11 nous renseigne la répartition biogéographique des taxons
inventoriés dans le groupement végétal V. Le pourcentage d’endémicité est très
elevé, représentant 88,11 % des taxons.

Figure 10 : Spectre biologique du Figure 12 : Distribution


biogéographique dugroupement
groupement végétal V
végétal V

Du point de vue floristique pour le groupement végétal V, les espèces


esp
rencontrées sont similaires à celles des forêts humides orientales malgaches. Il
y a augmentation de la proportion des lianes et des épiphytes. Ces
observations sont attribuées à l’humidité élevée dans cette partie de la
Montagne d’Ambre.

4- DISCUSSION

Lee mélange entre la flore sèche et la flore humide dans la partie


occidentale de la Montagne d’Ambre est dû d à la proximité é entre les deux
formations, un effet qui est marqué par la variation progressive des modes
d’adaptations des espèces. L’abondance d’Aphloia
d’ hloia theiformiset
theiformis Harungana
madagascariensis qui sont des espèces cicatricielles, montre la perturbation de
cette forêt. La cause étant le fait qu’avant d’avoir un statut d’Aire
d’Air Protégée, la
Montagne d’Ambre était une ancienne zone d’exploitation forestière.
forestière.L’effet des
perturbations naturelles (cyclone …) pourrait être également remis en

289
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

cause. Cependant, cette forêt semblerait actuellement progresser vers un


stade climacique.

Certains taxons des forêts humidessont absents dans les forêts de la


Montagne d’Ambre. Parmi ces espèces figurent Dilobeia thouarsii, uneespèce
caractéristique des forêts de moyenne altitude (Koechlin et al., 1974) ; Sloanea
rhodantha (Elaeocapaceae), espèce présente à Ambohimirahavavyet
Beampoko dans le Tsaratanàna (Andriamiarinoro, 2007; Randrianarivony,
2007) et dans le Pic d’Ivohibe vers 1200 m d’altitude (Rakotomalaza et
Messmer, 1999) est totalement absente à la Montagne d’Ambre. De même les
familles des Sarcolaenaceae et Asteropeiaceae y sont absentes, pourtant, ces
familles sont présentes à Manongarivo (Gautier, 2002) et à Marojejy (Messmer
et al., 2000).

5- CONCLUSION
Au total, 640 espèces réparties dans 249 genres et 99 familles ont été
identifiés dans les forêts à altitudes élevées de la Montagne d’Ambre. La
grande variabilité des conditions écologiques dans ce massif, entre autres son
profil dissymétrique, son climat et sa variation altitudinale, sont à l’origine de la
particularité et de l’originalité floristiques de la Montagne d’Ambre. Bien que les
résultats de cette étude ne soient pas exhaustifs, ils contribuent néanmoins de
manière significative à l’augmentation des connaissances floristiques de la
Montagne d’Ambre.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

Andriamiarinoro, H., 2007. Zonation de la flore et végétation, et répartition des


Pandanaceae dans les massifs de Beampoko et d'Ambohimirahavavy
(Partie Nord de Madagascar). Mémoire de DEA. Faculté des Sciences,
Université d’Antananarivo. 83p.
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species: theneed for a flexible asymmetrical approach. Ecological
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Gautier, L., 2002.Etude de la structure et de la composition floristique de la
végétation de la Réserve Spéciale de Manongarivo, Madagascar. In:
Gautier, L. & Goodman, S. M. (eds.). Inventaire floristique et faunistique
de la Réserve Spéciale de Manongarivo (NW Madagascar). Boissiera :
Mémoires de botanique systématique, vol. 59: 241-309.
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vegetation studies based on hight resolution satellite imagery. In:
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meeting of Aetfat. Zomba, Malawi, 2: 1339-1350.

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II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

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Toulouse, France, CNRS et ORSTOM. 162p.
Horn, H. S., 1966. Measurement of «overlap» in comparative ecological
studies. Amer. Naturalist 100:f 419-424.
Koechlin, J., Guillaumet, J.L. et Morat, P. - 1974.Flore et végétation
deMadagascar. Ed. VADUZ et CRAMER, 687p.
Messmer, N., P.J. Rakotomalaza et L. Gautier, 2000.Structure and Floristic
Composition of the Vegetation of the Parc National de Marojejy,
Madagascar. In: GOODMAN, S. M. (ed.) A floral and faunal inventory of
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variation. Fieldiana: Zoology, new series 97: 41-104.
Rakotomalaza, P.J. et N. Messmer, 1999.Structure and floristic composition of
the vegetation in the Réserve Naturelle Intégrale d'Andohahela,
Madagascar. In: Goodman, S. M. (ed.) A floral and faunal inventory of
the Réserve Naturelle Intégrale d'Andohahela, Madagascar: With
reference to elevational variation.Fieldiana: Zoology, new series 94: 51-
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Randrianarivony, T.N., 2007. Etude des formations végétales dans les hautes
montagnes du Nord de Madagascar, Cas d'Ambohimirahavavy et de
Beampoko, Sud-est de Tsaratànana (Régions SOFIA, SAVA),
autoécologie du genre Vaccinium dans ces massifs. Mémoire de DEA.
Faculté des Sciences, Université d’Antananarivo. 76p.

291
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXES I : Liste des espèces indicatrices des 4 groupements végétaux


ANNEXE I.1 : Liste des espèces indicatrices du groupement ANNEXE I.2 : Liste des espèces indicatrices du
végétal I groupement végétal II
FAMILLE GENRES ESPECES FAMILLE GENRES ESPECES
ACANTHACEAE Hypoestes phyllostachya ARALIACEAE Polyscias ornifolia
ARECACEAE Dypsis sp_SDR 064 longipedicellata var.
ARALIACEAE Schefflera longipedicellata
CLUSIACEAE Mammea sp_A12-006
CELASTRACEAE Brexiella ambrensis
CUNNONIACEAE Weinmannia sp_MHR 012
CELASTRACEAE Mystroxylum aethiopicum
CYPERACEAE Cyperus longifolius
EBENACEAE Diospyros haplostylis
DRACAENACEAE Dracaena sp_MHR 009
FLACOURTIACEAE Homalium nudiflorum
ERYTHROXYLACEAE Erythroxylum sp_A48-007
FLACOURTIACEAE Ludia cf pinnatinervia
GESNERIACEAE Streptocarpus sp_A06-002
MELIACEAE Malleastrum pseudopauperatum
MALVACEAE Dombeya capuroniana
MONIMIACEAE Tambourissa trichophylla
MYRTACEAE Syzygium bernieri
MORACEAE Ficus sp_MHR 147
ORCHIDACEAE Bulbophyllum coriophorum
MYRSINACEAE Oncostemum sp_SMT 089
ORCHIDACEAE Liparis sp_A12-028
OLEACEAE Noronhia sp_A50-051
verticillatum var.
PITTOSPORACEA
PITTOSPORACEAE Pittosporum microphyllum
E Pittosporum ambrense
RUBIACEAE Pyrostria sp_A12-034
POACEAE Poecilostachys sp_LG 5146
RUBIACEAE Tarenna sp_MHR 020
RUBIACEAE Enterospermum calyculatum
SAPOTACEAE Capurodendron sp_A17-046
RUBIACEAE Psychotria expansissima
SMILAXACEAE Smilax anceps
RUTACEAE Todalia asiatica

ANNEXE I.3 : Liste des espèces indicatrices du groupement végétal III


FAMILLE GENRES ESPECES
ANACARDIACEAE Protorhus sp_A22-022
ANNONACEAE Polyalthia oligosperma
APOCYNACEAE Petchia erythrocarpa
CELASTRACEAE Salacia madagascariensis
EUPHORBIACEAE Claoxylon sp_A46-012
EUPHORBIACEAE Croton hovarium
EUPHORBIACEAE Drypetes madagascariensis var perrieri
EUPHORBIACEAE Phyllanthus erythroxyloïdes
FLACOURTIACEAE Casearia nigrescens
FLACOURTIACEAE Scolopia sp_A25-029
LEEACEAE Leea guineensis
MALVACEAE Nesogordonia normandii
MELASTOMATACEAE Dichaetantera sp_SDR 062
MORACEAE Trophis montana
OLEACEAE Chionanthus sp
POACEAE indet_A20-066
RUBIACEAE Breonia sp_SDR 029
RUBIACEAE Coffea mogenetii
RUBIACEAE Ixora sp_A17-057
TILIACEAE Grewia brideliaefolia var minutiflora

292
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

ANNEXE I.4 : Liste des espèces indicatrices du ANNEXE I.5 : Liste des espèces indicatrices du
groupement végétal IV groupement végétal V
FAMILLE GENRES ESPECES FAMILLE GENRES ESPECES
ACANTHACEAE Brillantaisia madagascariensis ANNONACEAE Ambavia gerrardii
APOCYNACEAE Carissa sessiliflora APOCYNACEAE Carissa septentrionalis
ARECACEAE Dypsis sp_LG 5125 ASPLENIACEAE Asplenium nidus
BUDLEJACEAE Nuxia coriacea BURSERACEAE Canarium madagascariense
CUNONIACEAE Weinmannia sanguisugarum COMMELINACEAE Coleotrype madagascariensis
CYATHEACEAE Cyathea borbonica DRACAENACEAE Dracaena reflexa
DENNSTAEDTIACEAE Blotiella pubescens FLACOURTIACEAE Scolopia madagascariensis
DRYOPTERIDACEAE Ctenitis sp_A05-041 HYPERICACEAE Harungana madagascariensis
ELAEOCARPACEAE Elaeocarpus subserratus LAMIACEAE Mendoncia cowanii
EUPHORBIACEAE Acalypha reticulata LAURACEAE Ocotea sp_A58-024
EUPHORBIACEAE Aphloia theiformis MELASTOMATACEAE Gravesia sp_A10-008
EUPHORBIACEAE Claoxylon sp_LG 5117 MORACEAE Ficus politoria
INDET indet_MHR 083 MYRSINACEAE Oncostemum sp_A57-008
MONIMIACEAE Ephippiandra madagascariensis RUBIACEAE Canthium bosseri
MORACEAE Ficus pachyclada RUBIACEAE Mapouria parkeri
MYRSINACEAE Oncostemum elephantipes RUBIACEAE Psychotria polygrammata
MYRSINACEAE Oncostemum umbellatum RUTACEAE Melicope belahe
OLEACEAE Noronhia linocerioïdes SAPINDACEAE Allophyllus cobbe
RHIZOPHORACEAE Cassipourea s/g weihea SAPOTACEAE Chrysophyllum lanceolatum
RUBIACEAE Canthium majus SMILAXACEAE Smilax sp_MHR 112
RUBIACEAE Saldinia sp_A05-018 THELYPTERIDACEAE Christella distans
URTICACEAE Elatostema goudotianum
URTICACEAE Phenax sp_A05-057

293
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

EVALUATION ET STRATEGIE DE CONSERVATION DE LA


ZONE D’ORONJIA (ORANGEA), COMMUNE RURALE DE
RAMENA – REGION DIANA
1 1 2
Antinoine RAZANAKOLONA , Eustache MIASA , ROGER Edmond
1
Gestion des Ressources Naturelles et de l’Environnement (GRENE), Université de Toamasina
2
BP :906, Departement de Biologie et Ecologie Végétales, Université d’Antananarivo

RESUME
Dans le Nord de Madagascar, de nombreux sites à haute valeur en
biodiversité ne bénéficient pas de mesures pour la conservation. Alors pour
sauver ses patrimoines, et en vue de les valoriser pour le bien de la population,
la Région Diana a priorisée la protection de l’environnement parmi les axes
stratégiques de son plan de développement. Une nouvelle aire protégée
Oronjia (Orangea) a été ainsi proposée par le Missouri Botanical Garden
Antsiranana avec l’appui de Conservation International pour entreprendre des
recherches. Dans notre étude, différentes méthodes ont été adoptées. Ainsi la
richesse floristique du site est comparable à celle de la Montagne de Français.
Du point de vue biodiversité faunistique, le site est riche en réptiles et
Amphibiens (34 espèces). La faune aviaire (63 espèces) est marquée par la
présence de la colonie de Phaetonlepturus qui est une espèce non représentée
dans le réseau des aires protégées de Madagascar. Treize (13) espèces de
mammifères ont été identifiées, dont 3 sont des lémuriens endémiques
Régionales et elles sont menacées selon IUCN.
Cependant la zone d’Oronjia est soumise à de fortes pressions et
menaces anthropiques telles que le défrichement pour la fabrication de charbon
de bois, pour la mise en culture des terrains, pour la construction et pour la
mise en pâturage de la forêt. De ce fait, nous recommandons la protection de
ce site tout en considérant l’amélioration des niveaux de vie de la population
riveraine afin de préserver la biodiversité exceptionnelle restante. Par ailleurs,
une bonne gestion de la NAP et la valorisation de la biodiversité avec les
ressources culturelles par le biais du développement de l’écotourisme pourront
augmenter l’économie de la zone.

Mots clés : évaluation, stratégie, conservation, Oronjia (Orangea), Ramena,


Région Diana

1- INTRODUCTION
Madagascar a été classé comme une zone prioritaire en matière de
Conservation de la biodiversité. Cette situation et la mise en œuvre de la vision
Durban ont incité les parties prenantes à tous les niveaux d’agir en faveur de la
protection des écosystèmes.

294
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Actuellement, Conservation International (CI) avec divers organismes et


les associations locales élabore des stratégies pour la mise en place d’un
complexe d’aires protégées marine et côtière dans le Nord Est de l’île, qui est
formé par la Baie d’Ambodivahibe, la Montagne des Français, la forêt d’Ampio
et la zone d’Oronjia (Orangea).
La forêt d’Oronjia est une des forêts littorales de la cote Nord-est de
Madagascar. Dans le processus de sa mise en place parmi les nouvelles aires
protégées, l’étude biologique des zones terrestres a été menée pa le Missouri
Botanical Garden et c’est dans ce cadre qu’intervient notre part de
collaboration. Notre travail fera l’objet d’une évaluation et stratégies de
conservation de la zone d’Oronjia.

2. METHODES D’ETUDE

2.1. Collecte des données


Dans cetteétude, les données biologiques socioéconomiques
etsocioculturelles ont été recueillies par documentation. Le rapport des études
faunistique, socio économique etsocioculturelle disponible au sein de MBG et le
PCD de la commune rurale de Ramena, ont été consultés. Mais les données
concernant l'inventaire holistique de la zone d'étude repose sur les récoltes
antérieures c'est à dire, les récoltes effectuées de 1900 jusqu'en 2008.Une
descente sur terrain a été effectuée dans le but de faire un enquête
complémentaire pour évaluer la gravité des menaces affectant le site et de
collecter les coordonnées des espèces et point importantes du site.

2.2. Traitement des données collectées


Les données floristiques et zoologiques sont analysées à l'aide des
fonctions dans Excel. Le statut des espèces a été obtenu en consultant
lespublications disponibles.
Les espèces répertoriées ont été classées selon leur importance, en
comparant la diversité biologique du site avec d'autres. L'analyse des pressions
et menaces a été effectuée avant de proposer des stratégies de conservation.

3. RESULTATS ET DISCUSSION
3.1. Richesses biologiques
La liste globale des plantes répertoriées dans le site est récapitulée en
annexe 1. L'analyse floristique d'Oronjia nous a permis de distinguer 215
espèces reparties dans 149 genres et regroupées dans 57 Familles. Sur les
215 espèces, 173 espèces sont endémiques de Madagascar dont 36 espèces
sont endémiques régionales et on peut encore distinguer 8 espèces qui ne se
rencontrent qu'aux environs du site et dont 3 d'entre elles sont propres au site.
En plus deux familles endémiques de Madagascar sontprésentes dans le site

295
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

(Physenaceae représentée par l'espèce Physena sessiffora et


Sphaerocepalaceae, représentée par Rhopatocarpus suarezensis et
Rhopalocarpus triplinervus). Trois espèces (Pachypodium rutembergianurn,
Euphorbia hirta, et Euphorbiaintisy) figurent dans l’annexe II de la CITES,
L'espèce Pachypoclium rutembergianum est exploitée dans la zone.
Douze espèces figurent sur laliste UICN, dont cinq (5) espèces (Cordia
lowryana, Delonix regia, Phylloxylonarenicola, Rhopalocarpus suarezensis et
Rhopalocarpus triplinervus) sont en danger critique, et trois espèces (Dalbergia
lemurica, Delonix velutina et Tricalysia ovatiofolia), sont vulnérables.Delonix
velutina est très exploité dans la zone, tandis que Dalbergia lemurica se fait
rare.
Sur la faune aviaire, 63 espèces d'oiseaux ont été inventories sur une
altitude de 0 à 50md'altitude. Le taux d'endémicité est de 32% soit 20 sur les 83
espèces recenser et 11 sont endémiques régionales. Une seule espèce
(Lophotibis cristata) est menacée selon UICN et 12 autres espèces sont
classées dans la liste de la CITES. Les espèces typiques des zones humides
sont au nombre de vingt deux (22). Ellessont caractérisées par la présence de
colonies de Phaetonà queue blanche, Phaéton lepturus. La liste et les statuts
de conservation ainsi que la distribution des espèces recensées sont données
en annexe II.
Trente deux (32) espèces de reptile et 2 espèces d’amphibien ont été
répertoriées. Toutes les espèces de reptilesont endémiques, dont 25sont
endémiques de Madagascar et 7(Furcifer petteri, Blaesodactylus boevini,
Phelsuma abbotti, Phelsuma madagascariensis grandis, Paroedura lohatsara,
Trachylepis tavaratra et Stenophis inopinae) sont endémiques régionales. De
plus deux espèces sont en danger selon le statut UICN et à fa fois figurées
clans l'annexe I de la CITES (Acrantophis madagascariensis, Sanzinia
madagascariensis volontany). Huit espèces (Furcifer pardalis, Furcifer petteri,
Furcifer verucosus, Phelsuma abbotti, Phetsuma madagascariensis grandis,
Uroplatus sp2 fimbriatus, Uroplatus sp3, Uroplatus sp3 cfsikorae) appartiennent
à l'annexe IIde la CITES.
Les Mammifères sont au nombre de 13, avec 3 espèces de lemurien
(menacées selon UICN).

3.2. Pressions et menaces


Cette grande diversité est actuellement très menacée par les activités
anthropiques. Les principales menaces de lazone d'Oronjia sont :
- l'exploitation des forêts pour le charbon de bois entraînant la destruction de
l'habitat et le risque d'extinction des individus des espècesles plus ciblées;
- la pratiques des cultures sur brûlis qui réduit la surface forestière ; ainsi que la
collecte des ignames laissant des trous dans la forêt,
- la divagation des bétails dans la forêt freine la régénération des plantes

296
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

-la collecte de sable.

3.3. Axes stratégiques pour la conservation d'Oronjia


Dans le but d’atteindre les objectifs de la conservation du site, nous
suggérons quelques axes prioritaires selon les besoins et les pressions dans le
site.

3.3.3. Sensibilisation

Afin d’éviter les problèmes ou contradictions dans le processus de la


mise en place en NAP de ce site une forte sensibilisation est à effectuer.

• Système de communication

L'incompréhension des communautés de base sur l'avancement de la


situation des NAP fait partie des problèmes de la plupart des NAP. De ce fait,
pour éviter cette situation un renforcement de la sensibilisation et des diffusions
d'information doivent être effectués à tous les niveaux des parties concernées
pour la conservation de ce site. Ainsi l'élaboration d'un système de
communication est nécessaire.

• Lois et réglementations
Avec l'accroissement de la population et la pauvreté, les personnes de
la zone d'influence de ce site auront toujours une tendance à utiliser les
ressources naturelles pour couvrir leurs besoins quotidiens. De ce fait
lessensibilisations effectuées par les divers ONG dans les zones n'ont pas
données des résultats concrets. Ainsi il est nécessaire de sensibiliser les
communautés locales aux principales règles fixées par les textes et les lois
forestières tels que la loi n° 90-033 du 21/12/90 portant le CEM (Charte de
l'Environnement Malagasy) et ses modifications, loi n° 2001/05 du 11/02/03
portant le code de gestion des NAP. Il est également, important de mettre à la
disposition des communautés les objectifs et orientations fixées sur les textes
de la Polfor (ministère des eaux et forêts, 2001) pour inciter la participation de
la communauté locale à la gestion des ressources forestières. Cette approche
est nécessaire pour orienter les pratiques destructives et pour aller vers un
équilibre durable et harmonieux entre les besoins de la communauté et les
soucis écologiques. Toutefois, il est primordial de réconcilier la population avec
son environnement ; ceux-ci peuvent être effectués en cherchant et adoptant un
système de développement pour améliorer le niveau de vie de la population.

6.1.1. Réduction de la pauvreté


Comme il aété déjà énoncé précédemment, les pressions
anthropiquesidentifiées sont liées à des raisons économiques et de

297
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

subsistance. De ce faitpour les résoudre, il serait juste d'avancer des solutions


qui répondent aux objectifs du gouvernement et aux besoins des communautés
locales. Cependant il est aussi nécessaire d'apporter des appuis dans le
domaine socio-économique. Ceux ci permettront d'améliorer les conditions de
vie de la population.

• Alternative face au charbonnage intense


La meilleure stratégie face à cette pratique de charbonnage très
accentuée est la culture des arbres à croissance rapide comme Eucalyptus sp.
et Acacia sp. De plus les Acaciasp.ont des propriétés fertilisants et assurent le
rôle de brisevent et peuvent même utilisés comme haie vive.
Comme cette solution est encore une mesure pour avoir des résultats à
moyen terme les charbonniers ont besoin de ces produits destinés pour couvrir
en parties les besoins de la ville d'Antsiranana, Alors nous suggérons un
reboisement destiné à la production de charbon.Dans le but d’effectuer celle
activité, un périmètre sera Identifié (Zone d'usage multiple) et le projet devra
élaborer un programme de formation des paysans sur la création et le maintien
d'un centre de pepinière.
En parallèle avec le reboisement il est primordial de voir des
alternatives immédiates : voir des moyens pour améliorer les techniques de
pêche. Pour ce faire, des formations et des apports en matériels de pêche
tiennent la première place. En période de soudure ces gens peuvent travailler
pour développer le tourisme et le développement de la zone. Il est aussi
possible d’inciter les villageois pour favoriser la création et le
développementdes petits et simplesrestaurants pour les touristes et visiteurs.
L'artisanat est aussi à valoriser. La formation guides locaux est aussi à
envisager.
• Alternatives face à la culture sur brûlis et à la divagation de bétail
La culture sur brûlis est très remarquable dans la zone d'Oronjia et
cette activité est faite pour avoir des terrains de culture pour le maïs et
quelques légumineuses.Dans le but d’arrêter cette pratique, il faut continuer de
faire des sensibilisations, d'avancer des options qui répondent aux besoins de
la population.
Dans cette zone, l'agriculture et l'élevage constituent une activité
d'accompagnement à cause de l'insuffisance d'eau. Ces deux activités suivent
un système traditionnel qui ne demande pas des moyens techniques,
financiers, matériels et organisationnel important. C'est un système de type
familial et de subsistance. Donc le rendement de la production agricole est
faible.
De ce fait, dans cette étude nous suggérons une orientation des
techniques vers des pratiques permettant d'améliorer le rendement et de
protéger l’environnement. En effet, des études pour augmenter la production

298
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

agricole des paysans pouvant satisfaire leurs besoins devait être effectuées.
Dans le domaine de l'élevage, une forte sensibilisation est à faire pour que les
bétails ne soient plus laissés dans la forêt car leur piétinement pourrait
endommager les régénérations naturelles des plantes. Les zones de pâturage
doivent être gérées.

• Récoltes des plantes médicinales et des fruits sauvages


La zone d'Oronjia est aussi un lieu de collecte des plantes médicinales,
Pour les quelques maladies comme le maux de ventre, les allergies à la piqûre
d'insectes et les blessures. La population locale fait encore recours à la vertu
desplantes médicinales. Leur collecte est à gérer, soit limiter aux besoins
locaux pour éviter toute possibilité de raréfaction des espèces cibles.
De Février à Avril, les fruits de Flacourtia
ramountchi(Larnontygornogorno) sont abondants dans la forêt ainsi que les
fruits deStrychnosdecussata (Mokotra) pour leur besoin ou vendus soit au
niveau local ou au marché d'Antsiranana.

• Appui technique dans le domaine de la pêche


La pêche joue un rôle déterminant dans l'économie de la commune de
la zone d'étude, le service régional de la pêche en collaboration avec les
autorités doit élaborer un programme économique, social et environnemental
sur la pêche ou bien renforcerleprogramme existant.Changer les pirogues en
plastique (plus durables) est aussi une option pour éviter l’abattage répété des
arbres dans la forêt. Etant donné que le secteur pêche constitué le pilier de
l'économie de la zone d'influence, les pêcheurs doivent respecter les règles
environnementales et humanitaires.

• Amélioration des pistes


Les pistes aux alentours de la zone d'Oronjia sont en mauvais état,
alors la circulation reste assez difficile. (L'évacuation des produits et des
malades est ainsi désavantagée).
Ainsi un programme de construction ou tout au moins la réhabilitation
de ces pistes doit être conçu. La mobilisation et la responsabilisation de tous
les habitants peuvent être entreprises pour exécuter ce programme. Cette
activité abordera aussi le développement du tourisme dans les zones. Ainsi,
avec le renouvellement des pistes, l'évacuation des produits sera plus pratique.
• Amélioration de l’activité touristique
La zone d'Oronjia est constituée des belles plages avec la mer calme.
Pour cela, la commune doit améliorer et accentuer ces stratégies pour attirer
les touristes, les vacanciers, et même les citadins de la ville d’Antsiranana pour
fréquenter ces zones. Des systèmes de droit d’entrée sont à renforcer pour
améliorer les revenus de la commune. Cette dernière peut également collaborer

299
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

avec les services touristiques afin de mieux passionner les visiteurs et


d'encourager plus d'étranger à venir.
Dans cette étude nous incitons les parties concernées au renforcement
de la valorisation da l'écotourisme et du tourisme balnéaire à travers la création
de la NAP d’Oronjia. En effet avec une bonne gestion, l'activité touristique
pourrait apporter une part importante au développement de lazone.

3.3.3. Suivi écologique et recherche scientifique


Vu l'augmentation de la population, les besoins en produits
desressources naturelles augmentent et la pauvreté incite les villageois à
utiliser les ressources forestières. Aussi pour pouvoir évaluer le stock naturel, il
est prioritairede procéder à un suivi écologique de la biodiversité, cela nécessite
des inventaires périodiques ainsi que des études écologiques plus
approfondiespour mettre en évidence les espèces les plusutilisées et les plus
menacées c'est-à-dire pour estimer l’évolution des stocks en ressources
naturelles. Ce suivi écologique a pour but :
- d'acquérir les données de base pour la gestion de ces sites, surtout
indispensable pour ta prise des décisions sur la gestion,
- d'étudier l'intensité de pression des actes de l’homme sur la biodiversité et le
site même.
- de maintenir l'équilibre des habitats
- de préserver les espèces importantes
Il est aussi nécessaire d'effectuer des études approfondies sur les
espèces cibles de conservation, comme Delonix velutina, Phaeton tepturus, et
Dioscoreaseriflora.
3.4. Catégorisation de la NAP selon les critères de l’UICN
Les objectifs de ce projet sont de :
- conserver et restaurer la zone d'Oronjia et sa biodiversité ainsi que les
richesses que le site renferme (richesse culturelles et paysagiques)
- maintenir les services écologiques qu'elle offre,
- contribuer au développement économique de la Région par la valorisationet
l'utilisation durable de ses richesses naturelles et paysagiques.
Si tels sont les objectifs de la création de la NAP Oronjia, en respectant
les objectifs de l’UICN, des remarques peuvent être avancées :
• le site ne présente pas des activités minières;
• 1216 ha sont délimités comme zone prioritaire de conservation stricte de
la biodiversité, soit 57,98 % de la superficie du site,
• toute activité de valorisation tient compte de l'utilisation durable des
ressources naturelles, surtout par le biais du tourisme qui promet un avenir
meilleur pour te site et un développement de la Région. Ainsi, dans le SAPM
nous proposons de classer la NAP Oronjia dans la catégorie II de l'UICN.

300
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Comme le site est sous la gestion du Ministère de la Défense Nationale,


représenté localement par la Région Militaire N.7, la NAP proposée pour
Oronjia sera alors classée comme privée. Par contre, lacontribution du
Ministère tutelle pour la gestion des ressources naturelles, notamment le MEFT
est suggérée pour appuyer les responsables, tant que la conservation de la
biodiversité ne s'inscrit pas dans la mission de ce dernier. Les parties prenantes
avec les populations locales vont jouer aussi un rôle important sur l’appui à la
gestion.

4. CONCLUSION
La présente étude nous a permis de décrire l'aspect général de la zone
d'Oronjia du point de vue de sa composition floristique et faunistique. Les
études sur sa biodiversité ont montré 215 espèces floristiques, dont 80% sont
endémiques de Madagascar. De plus la zone abrite deux familles endémiques
et 8 espèces de plantes qui sont endémiques locales et ne sont pas encore
représentées dans aucune AP de Madagascar. La faune aviaire est constituée
de 63 espèces d'oiseaux, notons là présence d'une espèce rare et menacée
selon le statut de l'UICN (Lophotibis cristata) et des colonies de Phaeton
lepturus, espèce qui n'a jamais été représentée dans les AP existantes.
La zone d'Oronjia occupe une place importante dans la vie de la
population riveraine et dans là satisfaction de leur besoin. Les produits issus de
cette zone sont utilisés pour les besoins locaux et à des fins économiques.
En effet, l'exploitation forestière et le charbonnage sont faits pour
subvenir aux besoins et aussi liées au problème d'énergie de la ville
d'Antsiranana. C'est ainsi que le site connaît une dégradation rapide en
ressources natureiies, alors qu’il dispose des atouts nécessaires pour le
développement de l'économie régionale. Malgré cela, la pauvreté ainsi que la
dégradation des potentialités et des ressources devient un obstacle à la
création des actions susceptibles de mettre en place le développement de la
commune. Actuellement la pêche et l'exploitation des ressources naturelles de
la forêt d'Oronjia restent les activités prioritaires et conditionnent l'économie de
la zone d'étude.
Le projet de la mise en place de l’aire protégée proposée de la zone
d'Oronjiâ (Orangea) a pour but de maintenir et de protéger les biodiversités de
ce site et constitue un des moyens pour améliorer la vie des populations
riveraines de la zone car ce site présente des potentialités touristiques
frappants.
Ainsi, le présent travail préconise la création de l'aire protégée et la
gestion du site, car la présence des antennes régionales permanentes basées
à Antsiranana des ONG, tels que MBG / SAGE, Conservation International et
des divers acteurs privés, les autorités régionales, communales et les forces de
l'ordre constituent des atouts pour ne pas détourner les objectifs fixés.

301
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

En conséquence, pour atteindre les objectifs de la mise en place de la


NAP proposée, il est impératif de réaliser tous tes travaux nécessaires pour
assurer une efficacité de la gestion de la NAPet pour que lapopulation locale
puisse ressentir l'importance d'une AP.

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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http://www.usaid.ciov/rnissions/mg/fr/hisl blodivefsite.hilfn:conservation de la
biodiversité de Madagascar.

302
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

EFFETS DE L’EXPLOITATION SUR LE PEUPLEMENT


FORESTIER D’UNE FORET DENSE SECHE DE LA REGION DE
MENABE- CAS DE LA FORET DE KIRINDY
Nivo RAZAFIMAMONJY,-Charlotte RAJERIARISON, Bakolimalala RAKOUTH
BP 906. Département de Biologie et Ecologie Végétales. Faculté des Sciences. Université
d’Antananarivo

RESUME
La majorité des écosystèmes forestiers malgaches a été modifiée par
des actions anthropiques notamment l’exploitation. L’ouverture forestière
modifie les conditions environnementales du peuplement et constituent des
perturbations écologiques. Ces perturbations entraînent des modifications de la
structure du peuplement.
La forêt de Kirindy, une forêt dense sèche caducifoliée du Menabe, a
subi des exploitations contrôlées pendant près de 20 ans. Cette étude effectuée
dans la concession forestière de Kirindy a pour objectif d’étudier les effets de
l’exploitation sur la composition floristique et la structure dendrométrique du
peuplement forestier. Deux peuplements dans deux parcelles ont été choisis
pour l’étude, un ayant subi une exploitation en 1986 pour un volume de 6,45
m3/ha et un autre non exploité.
L’analyse des données issues des inventaires floristiques et
dendrométriques des deux parcelles ont permis de mettre en évidence des
différences de la structure floristique et de la structure dendrométrique. D’après
les résultats, l’ouverture forestière par l’exploitation entraîne la forte colonisation
d’individus de régénération, d’espèces héliophiles et pionnières dans la parcelle
exploitée et le déséquilibre de la structure dendrométrique avec un effectif élevé
des individus de faible et moyen diamètre (diamètre inférieur à 15 cm) par
rapport aux individus de gros diamètre.
L’étude de l’impact de l’exploitation sur la structure du peuplement est une
nécessité pour la définition des règles de gestion forestière.

Mots clés : Exploitation –peuplement forestier- composition floristique-structure


dendrométrique- Kirindy- Forêt dense sèche caducifoliée

1- INTRODUCTION
La région du Menabe abrite l’un des plus grands massifs de forêt dense
sèche caducifoliée dans la partie occidentale de Madagascar. La forêt dense
sèche est caractérisée par une hétérogénéité biologique exceptionnelle avec un
nombre remarquable d’espèces localement endémiques. Comme les
écosystèmes forestiers des autres écorégions de Madagascar, la forêt dense
sèche du Menabe n’échappe pas aux différentes pressions et perturbations
liées à l’exploitation. La forêt de Kirindy située au Nord Est de Morondava en

303
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

fait partie. Elle a subis pendant près de 20 ans un système d’exploitation à


faible prélèvement visant à assurer une gestion rationnelle des ressources
(Sorg, 2000).
L’exploitation forestière, même à faible intensité, entraîne toujours des
changements au niveau de la végétation. Parmi ces changements, une forte
augmentation de la richesse spécifique accompagnée d’un développement
rapide de quelques espèces est observée (Deconchat, 2001). Elle s’explique
par l’accroissement de la disponibilité en lumière due à l’ouverture forestière qui
favorise l’apparition d’espèces pionnières et d’espèces héliophiles. Les
espèces initialement présentes sur le milieu mais inhibées par l’ombrage
monopolisent rapidement l’ensemble des ressources occasionnées par
l’ouverture forestière (Halpern et Spies, 1995). Les effets de l’exploitation
peuvent aussi se traduire par une diminution des effectifs des gros arbres, une
augmentation de la densité d’arbres de petits et moyens diamètres et de la
survie des jeunes individus.

Cette étude a pour but de mettre en évidence les effets de l’exploitation


sur la structure floristique et la structure dendrométrique du peuplement de la
concession de Kirindy. En comparant la structure des peuplements de deux
parcelles d’étude : une parcelle non exploitée et une parcelle exploitée, nous
nous attendons à des différences de composition floristique, traduite par une
abondance d’espèces pionnières et héliophiles et une forte densité d’arbres de
petits et moyens diamètres dans la parcelle exploitée. L’étude de l’impact de
l’exploitation sur la structure et la dynamique du peuplement forestier constitue
un élément indispensable pour la formulation des règles utiles à la gestion
forestière.

2- MILIEU D’ETUDE

La forêt de Kirindy se trouve à 60 km au Nord Est de la ville de


Morondava, à environ 20 km de la côte, bordée à l’Ouest par la route nationale
RN8A reliant Morondava à Belo-sur-Tsiribihina. Elle se trouve entre 20°3’ et
20°10’ de latitude Sud et 44°28’ et 44°46’ de longitude Est.Son étendue est de
12 000 ha. Le relief est pratiquement plat. La région appartient au type
bioclimatique chaud de l’étage sub-aride (Cornet, 1974). La végétation
climacique est la forêt dense sèche caducifoliée appartenant au domaine de
l’Ouest de la série à Dalbergia, Commiphora et Hildegardia (Humbert, 1955) et
à la zone écofloristique occidentale de basse altitude (Faramalala, 1995).
La forêt de Kirindy a fait l’objet d’une exploitation contrôlée de 1978 à
1993 respectant les prescriptions légales. L’exploitation a été sélective en ce
qui concerne les espèces. Elle portait sur plus de 60 espèces ligneuses
différentes pour un prélèvement de 6 à 20 tiges /ha soit 4 à 15 m3/ha.

304
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

3- METHODES D’ETUDE

Cette étude a été faite dans le but de déterminer les éventuels effets de
l’exploitation sur le peuplement forestier de Kirindy. Les structures floristiques et
dendrométriques du peuplement ont été étudiées dans deux parcelles
différentes : une parcelle non exploitée et une parcelle exploitée. Le traitement
et l’analyse des données par différents tests statistiques et par l’AFC ont été
faits pour détecter les différences entre les peuplements des deux parcelles.
3-1-Choix et localisation de la zone d’étude
Les sites d’étude ont été choisis après une prospection sur terrain
précédée de consultations d’ouvrages et de documents sur les différents blocs
forestiers de la concession de Kirindy. Le choix des sites d’étude réside dans
les critères qui tiennent compte des considérations combinées de l’exploitation
et des variations des conditions stationnelles dues ou non à l’exploitation.

Deux blocs forestiers ont été retenus pour l’étude, le bloc CS7 et le bloc
CN3 (Carte 1). Ils sont aussi destinés à l’étude de la dynamique des
populations de Dalbergia car ils disposent d’une densité suffisamment élevée
de populations deDalbergia sp. Des parcelles permanentes de recherchede 9
ha (300 m x 300 m) chacune y ont été installées dans ce cadre.
3-2-Dispositif et collectes des données sur les structures floristiques et
dendrométriques

3-2-1-Dispositif d’étude
Les unités d’échantillonnage utilisées sont des placettes circulaires de
15m de rayon. 24 placettes ont été implantées suivant un quadrillage
systématique dans chacune des parcelles permanentes de 9ha, soit au total 48
placettes pour les deux parcelles. Elles sont espacées de 60 m dans la zone
centrale des parcelles et de 150m en bordure des parcelles. Elles sont
numérotées de 1 à 24 dans la parcelle exploitée et de 25 à 48 dans la parcelle
non exploitée.En cumulant les surfaces des 24 placettes par parcelle, la surface
totale d’échantillonnage est de 1,7ha correspondant à un taux de sondage de
18,9%.
Des inventaires floristiques et dendrométriques ont été effectués.

3-2-2-Etude floristique
L’inventaire floristique proprement dit porte sur l'identification des
espèces par leur nom vernaculaire et sur l’abondance numérique. L’abondance
numérique est le nombre total d’individus de chaque espèce présents dans
chaque placette.
Des herbiers ont été récoltés en vue d’une identification des noms
scientifiques puis placés à l’herbarium du FOFIFA Ambatobe.

305
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Les paramètres issus de cet inventaire utilisés pour décrire la structure


floristique sont la richesse spécifique et la diversité spécifique.

Parcelle d’étude

Campement

Route nationale

Carte1 : Localisation des parcelles d’étude dans la concession forestière de


Kirindy (Source CFPF)

- La richesse spécifique est le nombre d’espèces présentes dans une


aire donnée.

- La diversité spécifique est l’indice qui prend en compte la contribution


de chaque espèce dans le peuplement considéré. Plusieurs indices de diversité
sont disponibles. L’indice de diversité de Simpson, l’indice de diversité de
Shannon Weaver etl’indice d’équitabilité de Pielou (Dajoz, 1996) ont été
retenus. Les fréquences spécifiques de présence des espèces végétales sont
utilisées pour calculer ces indices.

306
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

• L’indice de diversité de Simpson de formule D= 1- ∑ indique la


probabilité pour que 2 arbres choisis au hasard soient d’espèces différentes.

• L’indice de diversité de Shannon Weaver est donnée par la formule :


H’=− ∑ 2

où S est le nombre total d’espèces


pi =ni/N avec ni : nombre d’individus de l’espèce i
N : nombre total d’individus
• L’indice d’équitabilité de Pielou sert à déterminer la régularité de la
répartition des espèces présentes et se calcule à partir de la formule :
E=H’/H max avec H max=log 2 (S)

Pour caractériser quantitativement la structure du peuplement, l’abondance, la


fréquence et la dominance des espèces ont été calculées. Lerang de chaque
espèce dans le peuplement est apprécié par son importance relative ou indice
de valeur d’importance (IVI), qui associe l’abondance, la fréquence, la
dominance (Curtis et Mcintosh, 1951)

3-2-3-Etude dendrométrique
Au cours de l’inventaire, le paramètre dendrométrique mesuré est la
circonférence qui est un indicateur de la dimension d’un arbre. La mesure est
effectuée à hauteur de poitrine ou à 1m30 du sol.
Les structures dendrométriques sont décrites à partir de la densité, des
surfaces terrières et de la distribution des diamètres.
-La densité des peuplements est définie par le nombre d’individus par
unité de surface.
-La surface terrière est la superficie exprimée en mètre carrée par
hectare de la section des tiges à hauteur de poitrine. Elle permet de déterminer
le potentiel ligneux d’une forêt et de connaitre le degré de remplissage.
-La distribution des diamètres est la distribution du nombre d’arbres par
catégories de diamètre.

3-2-4-Evaluation des effets de l’exploitation sur le peuplement


Les données de la composition floristique et de la structure
dendrométrique des deux parcelles ont été analysées à l’aide de l’analyse
factorielle de correspondances (AFC). Pour la composition floristique, l’AFC a
été réalisée sur les données en abondance absolue des espèces recensées sur
les 48 placettes regroupées dans un tableau de contingence. Pour l’analyse de
la structure dendrométrique, le tableau de contingence utilisé pour l’analyse
répartit les individus de chaque placette dans 10 classes de diamètre allant de
0 à un diamètre supérieur à 50cm suivant un intervalle de 5 cm.

307
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Des tests statistiques de Kolmogorov Smirnov ont été effectués par la


suite pour comparer les diamètres des individus des deux parcelles.

4- RESULTATS
4-1-Caractéristiques générales des parcelles d’étude

Les deux parcelles ont le même type de sol : sol ferrugineux tropicaux
jaune non lessivé. L’humidité du sol conditionnée par la proximité ou non de la
rivière Kirindy les diffère. La rivière Kirindy coule à moins de 250 m de la
parcelle non exploitée. Le sol y est donc plus humide et plus riche en éléments
fertiles. La parcelle exploitée est située dans une station plus sèche, à environ
1km au Nord de la rivière Kirindy. Le bloc CN3 d’une superficie de 100 ha
auquel fait partie la parcelle exploitée a subi des prélèvements d’une intensité
estimée à 6,45 m3/ha en 1986. Une vingtaine d’espèces dont la liste figure en
annexe ont été prélevées.

4- 2-Structure floristique
4-2-1- Richesse et composition floristique
Quatre vingt six (86) espèces réparties dans 30 familles ont été
recensées dans l’ensemble des placettes de la parcelle non exploitée. La
parcelle exploitée compte 80 espèces regroupées dans 32 familles.Les familles
les mieux représentées en nombre d’espèces dans les 2 parcelles sont :
Fabaceae (environ 20%), Malvaceae (environ 10%).

Classées par ordre d’importance, en combinant les indices


d’abondance, de fréquence et de dominance, les espèces les plus importantes,
avec un IVI supérieur à 10, sur l’ensemble des placettes des 2 parcelles sont
répertoriées dans le tableau suivant.

Tableau 1 : Espèces les plus importantes dans les 2 parcelles


Parcelles Noms scientifiques Familles F(%) A(%) D(%) IVI
Buxus moratii BUXACEAE 3,24 20,43 4,23 27,91
Adansonia rubrostipa MALVACEAE 1,35 0,54 23,62 25,51

PNE Strychnos decussata LOGANIACEAE 3,10 6,72 2,92 12,75


Foetidia asymetrica LECYTHIDACEAE 2,70 3,33 4,90 10,95
Securinega seyrigii EUPHORBIACEAE 1,21 4,69 4,14 10,04
Securinega seyrigii EUPHORBIACEAE 3,89 30,81 30,88 65,59
Strychnos decussata LOGANIACEAE 3,89 12,56 6,63 23,09
Buxus moratii BUXACEAE 3,57 9,58 2,86 16,01
PE
Fernandoa
madagascariensis BIGNONIACEAE 3,73 3,63 4,56 11,92
Adansonia rubrostipa MALVACEAE 0,65 0,17 10,57 11,40

308
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

PNE : parcelle non exploitée - PE : parcelle exploitée - F(%) : Fréquence relative -


A(%) : Abondance relative - D(%) : Dominance relative - IVI : Importance value Index

Les 2 parcelles présentent une similitude floristique élevée. 70 espèces


sont communes aux deux parcelles.

4-2-2- Diversité floristique


La diversité floristique présentée dans le tableau II a été calculée avec
l’indice de Shannon-Weaver, l’indice de Simpson et l’indice d’équitabilité de
Pielou.

Tableau 2. Indices de diversité


Parcelle Surface N S D H’ H max E
Non exploitée 1,7 2217 86 0,93 5,04 6,42 0,78

Exploitée 1,7 2285 80 0,87 4,26 6,32 0,67

N : nombre total de tiges - H’ : indice de SHANNON - S : nombre d’espèces


H max : Diversité maximale - D : indice de SIMPSON E : Equitabilité de diversité

L’indice de Simpson montre une très grande variation de la composition


floristique dans la parcelle non exploitée où D est égal à 0,93, valeur plus
élevée par rapport à celle de la parcelle exploitée qui est de 0,87. L’indice de
Shannon dont la valeur est de 5,04 confirme aussi cette grande variabilité
floristique de la parcelle non exploitée. Son rapport à la diversité maximale égal
à 0,78 reflète une tendance vers l’équirépartition. Les valeurs des indices de
diversité sont plus faibles dans la parcelle exploitée. Elles sont dues à
l’abondance de 3 espèces (Securinega seyrigii, Strychnos decussata, Buxus
moratii), qui représentent à elles seules plus de la moitié de la densité du
peuplement.

4-3-Tempérament des espèces

La parcelle exploitée compte plus d’individus à tempérament héliophile


et moins d’individus à tempérament sciaphile que la parcelle non exploitée. La
proportion respective des espèces héliophiles et sciaphiles de chaque parcelle
est donnée par la figure 1.

309
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

Espèces héliophiles Espèces sciaphiles

42,39% 36,19% 56,51%

63,63%

PNE PE
PNE PE

Figure 1 : Proportion des espèces selon leur tempérament


tempérament dans les 2 parcelles

Parmi les espèces exclusives à chaque parcelle, les espèces


héliophiles représentent une proportion de 37,5% de celles de la parcelle non
exploitée et 50% de celles de la parcelle exploitée. Les espèces sciaphiles
comptent 56,25%5% de ces espèces dans la parcelle non exploitée contre 42,4%
dans la parcelle exploitée.

4-4-Structure
Structure dendrométrique
La densité moyenne sur les 24 placettes de la parcelle non exploitée
est de 1307 arbres /ha (min=750 arbres/ha, max=1895 arbres/ha, coefficient
coef de
2
variation de 26,6%) et la surface terrière totale est égale à 21,03m /ha. Dans la
parcelle exploitée, la densité moyenne est de 1347 arbres/ha (min= 665
arbres/ha, max=2051 arbres/ha, coefficient de variation de 29,3%) et la surface
ale est de 13,69m2/ha.
terrière totale
Pour une densité plus élevée par rapport à celle observée dans la
parcelle non exploitée, la surface terrière de la parcelle exploitée est plus faible.
Comparé avec les données de l’IEFN en 1996 pour les forêts denses sèches de
l’Ouest
st de Madagascar qui présentent 900 tiges/ha correspondant à une
surface terrière moyenne de 20m3/ha, les 2 parcelles ont une densité élevée
mais la surface terrière enregistrée dans la parcelle exploitée est plus faible.
faible
Cette faible valeur peut s’expliquer
s’expliquer par l’abondance de tiges de faible diamètre,
moins de 15 cm, dans la parcelle exploitée. Ces tiges représentent près de 89%
du nombre total de tiges dans cette parcelle.

4-5-Analyse
Analyse des effets de l’exploitation sur la structure floristique

L’analyse factorielle des correspondances réalisée sur la totalité des


espèces des 48 placettes des deux parcelles a mis en évidence sur le plan
factoriel
oriel deux groupes de placettes (Figure 2).

Le premier groupe est composé engrande majorité par les placettes


placette de
la parcelle non exploitée à l’exception d’une appartenant à la parcelle exploitée

310
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

(placette 18). Le deuxième groupe est associé aux placettes de la parcelle


exploitée auxquelles s’ajoutent 3 placettes de la parcelle témoin (placettes 37,
44,46). Les espèces responsables de ce regroupement donc des différences
floristiques entre les parcelles sont : Securinega seyrigii etFernandoa
madagascariensis pour la parcelle exploitée, Foetidia asymetrica, Buxus
moratiiet Macphersonia gracilisdans la parcelle non exploitée. Elles sont
importantes en termes d’abondance et de dominance dans chaque parcelle.
Elles présentent sur l’une des 2 parcelles une abondance marquée et un faible
effectif sur l’autre. Les deux espèces qui caractérisent la parcelle exploitée sont
à tempérament héliophile.Pour la parcelle non exploitée, seule Buxus moratii
présente un caractère semi pionnier.

6- Analyse des effets de l’exploitation sur la structure dendrométrique


L’AFC réalisée sur la distribution des classes de diamètre des individus
des deuxparcelles montre aussi une répartition des placettes en 2 groupes : un
groupe composé à majorité de placettes de la parcelle exploitée (76,19%) et un
autre groupe constitué par plus de 70% des placettes de la parcelle non
exploitée .Les distributions suivant les plans factoriels sont présentés sur la
figure 3.
Les classes de diamètre de chaque groupe de placettes sont
différentes. Les effectifs en pourcentage d’individus dans chaque classe de
diamètre pour chaque groupe sont résumés dans le tableau 2 :

Figure 2 : Représentation des deux groupes de placettes des deux parcelles


après l’analyse factorielle de la composition floristique

311
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie
ophysiologie végétales

Figure 3 : Représentation des deux groupes de placettes des deux parcelles


après l’analyse factorielle de la distribution
distrib par classe de diamètre
diam

Tableau 2 : Distribution par classe de diamètre des arbres des deux groupes de
placettes
Classe de diamètre (cm) [0-5[ [5-10[ [10-15[ [15-20[ [20-25[
25[ [25-[
er
1 groupe de placettes 4,04 63,29 22,79 5,54 2,19 2,14
2 ème groupe
e de placettes 5,21 63,88 14,18 8,13 4,37 4,25

Il ressort de ce tableau que les placettes du premier groupe composé


en grande partie par des placettes de la parcelle exploitée comptent plus
d’arbres dans les classes de diamètre inférieures à 15 cm tandis que le second
groupe a un effectif plus élevé dans les classes de diamètre supérieures à 15
cm.

Cette différence structurelle, observée après les analyses multi variées,


est confirmée par des tests statistiques de comparaison desdiamètres
desdiamètres entre
les 2 parcelles,
arcelles, test de Kolmogorov-
Kolmogorov Smirnov. Des tests ont été effectués sur la
totalité des espèces, sur les espèces communes aux deux parcelles et sur les
espèces exploitées communes.
communes Les résultats sont résumés dans le tableau 3

312
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 3: Résultats des tests de Kolmogorov Smirnov sur lesdiamètres des


arbres des deux parcelles

Type D p-value (>D)


Totalité des espèces des deux parcelles 0,056 0,0013***
Espèces communes aux deux parcelles 0,06 0,0006***
Espèces exploitées communes 0,068 0,43.

D : valeur calculée de la comparaison, p : p-value du test de Kolmogorov Smirnov, ***<10-3,


**<10-2, *<5.10-2, .≥5.10-2

Des différences significatives entre les distributions des diamètres ont


été notées sur les comparaisons effectuées sauf pour les espèces exploitées.
La probabilité que la totalité des espèces et les espèces communes aux deux
parcelles présentent les mêmes distributions des diamètres est très faible,
inférieure à 0,1%.

L’égalité statistique des diamètres constatée pour les espèces


exploitées peut s’expliquer par la faible intensité de prélèvement et la
reconstitution forestière. L’exploitation qui a concerné un faible volume de 6
m3/ha correspondant à une surface terrière d’environ 2,23m2/ha, n’a pas
beaucoup affecté la structure dendrométrique. La forêt s’est probablement
reconstituée 20 ans après l’exploitation.

5- CONCLUSION
L’analyse de la comparaison des structures floristiques et
dendrométriques confirment les hypothèses émises qui sont :
-l’augmentation de la densité d’individus de régénération, d’espèces héliophiles
et pionnières dans la parcelle exploitée
-le déséquilibre de la structure dendrométrique avec un effectif élevé d’individus
de faible et moyen diamètre par rapport aux individus de gros diamètre. Ces
individus de faible et de moyen diamètre ont colonisé le milieu après l’ouverture
forestière.
Ces différences observées peuvent être dues aux effets de
l’exploitation sur le peuplement. Des réserves sont à émettre sur cette
affirmation étant donné l’absence de données sur l’état des deux parcelles
avant l’exploitation. Les différences de conditions stationnellesdues à la
proximité de la rivière temporaire Kirindy de la parcelle non exploitée peuvent y
être également associées.
Dans la parcelle non exploitée, les espèces indicatrices de la proximité
des cours d’eau comme Quivisianthe papinae, Berchemia discolor et Colubrina

313
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

decipiens sont bien représentées. Colubrina decipiens est l’une des espèces
exclusives de la parcelle non exploitée. Pour la composition floristique donc, la
présence ou l’absence d’espèces dans l’une ou l’autre des deux parcelles ne
peut pas seulement être attribuée à l’exploitation.
Pour la structure dendrométrique, en rajoutant la surface terrière
estimative prélevée au cours de l’exploitation à celle calculée dans la parcelle
exploitée,la valeur obtenue est de 15,92m3/ha. Ellereste toujours inférieure à la
moyenne observée dans la forêt dense sèche (20m3/ha selon l’IEFN) et à celle
calculée dans la parcelle non exploitée. La parcelle exploitée aurait eu une
faible surface terrière avant l’exploitation.

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Halpern, C.B., Spies, T.A., 1995. Plant species diversity in natural and
managed forests of the pacific Northwest. Ecol. Appl, 5, 913-934.
Humbert, H., 1956.Territories phytogéographiques de Madagascar. In colloque
internationaux du CNRS, LIX : Les divisions écologiques du Monde.
Année biologique 3è série, 31, 5-6 : 439-448.
IEFN, 1996. Inventaire écologique forestier national. Problèmatique, objectifs,
méthodes, résultats, analyses et récommandations. 26p.
Sorg, J.P.-2000-Recherche en forêt dense sèche- Forêt de Kirindy
Morondava<URL:http://e-collection.ethbib.ethz.ch :ecopol-
pool/bericht/bericht_209.pdf-14 p.

REMERCIEMENTS
Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous ceux qui
ont contribué à la réalisation de ce travail :
-Le Département de Biologie et Ecologie Végétales et le CIRAD : URP Forêt et
Biodiversité Madagascar et UR Dynamique des forêts naturelles Montpellier qui
nous ont apporté des aides précieuses lors de la rédaction et les traitements de
données.
-L’IFS qui nous a soutenus matériellement et financièrement.
- Les personnels duCNFEREF (ex CFPF) pour leur appui lors des descentes
sur terrain

314
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

-Notre assistant sur terrain, Tsizafy, qui nous a aidés dans tous les travaux
d’inventaire ainsi que tous ceux qui nous ont apporté de près ou de loin leur
aide.

Annexe : Les espèces exploitées dans le bloc CN3

Essences Noms scientifiques N pieds V (m3) DHp (cm)


arofy g.f Commiphora arafy 452 412,15 43
arofy p.f Commiphora sp 143 130,66 41
anakaraka Cordyla madagascariensis 36 25,92 43
sakoambaditsa Poupartia sylvatica 14 15,15 48
sarongaza Colvillea racemosa 17 13,61 41
nato 18 6,18 33
arofy mena Commiphora guillaumini 6 5,1 40
monongo Zanthoxyllum tsihanimposa 7 4,76 39
manary Dalbergia sp. . 14 4,62 29
vory Broussonetia greveana 3 1,66 34
beholitse Hymenodictyon decaryii 2 1,4 35
Fernandoa
2 1,38 40
somotsoy madagascariensis
mandakolahy Chloroxylon falcatum 1 0,62 33
sambalahy 1 0,58 37
latabarika Grewia cyclea 1 0,41 33
mangiliakelika Brachylaena microphylla 1 0,4 35
sarongazala 1 0,35 30
alimboro Albizia bernieri 1 0,3 32
katrafay Cedrelopsis grevei 1 0,19 21
tsiandala Berchemia discolor 1 0,1 21
Total 722 625,54 42

315
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

TRANSFERT DE GESTION DE LA FORET DE MAROVATO,


MIDONGY DU SUD : ZONAGE ET INVENTAIRE FLORISTIQUE
1 1 2
Lovanomenjanahary MARLINE , Charlotte RAJERIARISON , Lala RAZAFY FARA , Edmond
1
ROGER
1
BP 906, Departement de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences Université
d’Antananarivo
2
WWF Madagascar, BP 738 Antananarivo
RESUME
Dans le cadre d’une approche participative des communautés locales
(transfert de gestionde la forêt) dans la gestion conservatoire des forêts
humides « Ala Atsinanana » de Madagascar, un inventaire floristique et un
zonage de la forêt ont été menés dans la forêt communautaire de Marovato,
Midongy du sud. Cette étude a permis de délimiter deux zones : le noyau dur et
la zone périphérique qui sont respectivement caractérisées par 197 et 179
espèces. Une carte de la délimitation ainsi que le cortège floristique de ces
deux zones sont présentées.
Mots clés : Forêts humides, inventaire, zonage, transfert de gestion, Marovato,
Région Atsimo Atsinanana

1- INTRODUCTION
La forêt communautaire de Marovato, située à 900km d’Antananarivo,
est classée parmi les restes de forêts denses humides de basse altitude de la
partie Sud-est de Madagascar. Elle fait partie intégrante du corridor qui relie le
parc National de Midongy du Sud et de la Reserve Spéciale de Vondrozo. Elle
est composée d’une forêt dense humide de moyenne et/ou de basse altitude, et
se trouve sur socle ferralitique et alluvial. Elle est regroupée dans la Région
« Ala Atsinanana » qui couvre une superficie de 31 199 455 ha et s’étend sur la
totalité de la partie Est (Razafy Fara & Randriamarolaza, 2003).
Cette Région appartient à l’étage humide et sous étage humide avec
une température et une précipitation moyenne annuelle de 20°C et 2079,8 mm.
Le climat est de type tropical humide sous le vent avec un hiver frais dû à
l’altitude et à l’influence de la côte orientale. Comme plusieurs zones forestières
à Madagascar, cette forêt est confrontée aux problèmes de conservation de sa
biodiversité à cause de la destruction continuelle des habitats naturels due à
une pression anthropique importante. En effet, de 1997 à 2002, plus de 25 000
ha de la forêt ont été défrichés dans cette zone (Goodman et al., 2007).
Depuis décembre 2003, cette forêt fait partie de la zone d’intervention
du WWF et de l’UNESCO. Pour une meilleure gestion des ressources, WWF a
mis en place une approche participative avec l’intervention de la communauté
locale.
Le but de cette étude est de (1) faire un zonage de la forêt de Marovato
et une zone de conservation et une zone d’exploitation à des fins de transfert

316
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

de gestion de la forêt à la population locale, (2) faire un inventaire floristique


des deux zones.

2- METHODES D’ETUDE
Zonage
Le zonage est basé sur la distance où se trouve la forêt par rapport aux
villages les plus proches. Il est purement intuitif. Pour ce faire, il faut travailler
en étroite collaboration avec les populations locales et les membres du COBA.
Il a pour but de déceler la zone de conservation de la zone d’exploitation. Il
comprend deux étapes :
- Prospection des sites : le but est d’analyser l’état de la forêt, elle consiste
en une reconnaissance des lieux. Elle s’est faite en compagnie de quelques
représentants du village, les agents du WWF sur le terrain et quelques
membres de COBA.
- Zonage : il permet de délimiter les endroits à inventorier. Dans le cas
d’un transfert de gestion, le but est de définir les zones de conservation et les
zones d’exploitation. Ainsi deux zones sont délimitées : le noyau dur qui sera la
zone de conservation et la zone périphérique qui sera la zone d’exploitation.
Les coordonnées géographiques des zones délimitées seront relevées
en vue d’une cartographie du zonage.

Inventaire floristique
La méthode adoptée est une méthode d’inventaire par carrés emboités.
Pour chaque zone, des échantillonnages ont été effectués. Des placeaux carrés
d’une superficie de 625 m2 (25m x 25m) ont été montés. Pour avoir des
résultats fiables et des données représentatives de toute la forêt, 30 placettes
ont été montées pour chaque zone délimitée. Chaque placeau est divisée en
trois compartiments A, B et C (Figure 1). Les individus d’arbres rencontrés ont
été recensés par classe de diamètre en fonction du compartiment
correspondant :
- Compartiment A (5m x 5m) : tous les individus ayant 1 à 5cm de
diamètre
- Compartiment B (10m x 10m) : les arbres ayant un diamètre entre 5 à 10
cm
- Compartiment C (25m x 25m) : tous les arbres ayant 10 cm et plus de
diamètre.

317
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

25 m

25 m
10 m

5m B
10 m

A 5m

Figure 1 : Dimension et compartiment d’un placeau


Cartographie du zonage
La cartographie de la forêt de Marovato pour délimiter ces deux zones
a été réalisée avec le logiciel Arc Gis 9.1. L’usage d’un fond de végétation
(Anonyme, 2007) a permis de mettre en évidence l’état général de la forêt. Des
motifs ont été utilisés pour distinguer les deux zones.

3- RESULTATS
Zonage de la forêt
Comme il a été défini au début de cette étude, deux zones ont été
identifiées en fonction de la distance par rapport au village le plus proche et le
degré de dégradation de la forêt (Carte 1). Le noyau dur est représenté par la
partie de la forêt où les formes de dégradation sont moins fréquentes et où
toute exploitation devra être interdite. La zone périphérique où se rencontrent
des traces de perturbation attribuées aux activités humaines, devrait constituer
l’ensemble de la forêt que la population locale peut exploiter rationnellement.

Richesse floristique globale


Au total, 291 espèces réparties dans 149 genres et 58 familles sont
recensées dans la forêt de Marovato. Le tableau 1 ci-dessous résume la
richesse floristique de la forêt de Marovato.
Tableau 1 : Richesse floristique de la forêt de Marovato
Familles Genres Espèces

Dicotylédones 52 141 278


Angiospermes
Monocotylédones 4 6 11

Ptéridophytes 2 2 2

318
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Carte 1. Zonage de la forêt de Marovato

La liste floristique de chaque zone est donnée en annexe. Les espèces


sont présentées par ordre alphabétique dans chaque famille. Les noms
scientifiques sont suivis des noms vernaculaires entre crochets. Toutes les
espèces endémiques de Madagascar sont suivies d’une lettre « E » diminutive
du mot « Endémique ».

Liste floristique du noyau dur


Cent quatre vingt dix sept (197) espèces regroupées dans 114 genres
et 49 familles sont recensées dans le noyau dur. 62.35% de ces espèces sont
endémiques de Madagascar.
Les familles des Rubiaceae (23 espèces, Sapindaceae (17 espèces) et
Euphorbiaceae (14 espèces) sont les mieux représentées.
Liste floristique de la zone périphérique
Quarante quatre (44) familles regroupant 104 genres et 172 espèces ont
été inventoriées dans la zone périphérique. 48,10% sont endémique de
Madagascar. Les familles les mieux représentées sont : Euphorbiaceae
(17 espèces), Lauraceae (17 espèces), Rubiaceae (15 espèces) et
Sapindaceae (13 espèces).

319
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

4- DISCUSSION ET CONCLUSION
La Forêt de Marovato jouit d’un fort taux d’endémisme. Elle est
caractérisée par la présence de deux familles endémiques : Sarcolaenaceae et
Physenaceae. 40 genres et 102 espèces endémiques ont été également
recensés, entre autre : les genres Ophiocolea, Rhodocolea, Blotia, Eliea,
Aspidostemon ; les espèces Erythroxylum sphaeratum, Bridelia tulasneana,
Cinnamosma madagascariensis, Protothus ditimena (Marline, 2009).

Cette étude a montrée que, de la périphérie de la forêt jusqu’au noyau


dur, la richesse floristique de la forêt augmente. Cette situation est due au fait
que la zone périphérique est plus accessible est plus exposée aux diverses
menaces et pressions dues aux activités humaines.
La forêt de Marovato mérite l’attention des chercheurs pour des suivis
écologiques et d’une étude approfondie sur les espèces composantes ; elle
mérite également d’être conservée du fait qu’elle joue un rôle important en tant
que pont biologique reliant deux Réserves forestières.

1. DISCUSSION ET CONCLUSION (suite)


La participation des divers acteurs (Etat, Organisations
environnementaux et communauté de Base) dans les activités de conservation
et de suivi en vue d’améliorer la gestion des ressources et la conscientisation
de la population locale de l’importance de la forêt figurent parmi les moyens
stratégiques pour la conservation de la biodiversité, le maintient des services
écologiques de la forêt et de la gestion conservatoire du corridor.
La participation de la population locale dans un projet de conservation
consiste à leur transférer la gestion de la forêt. Cette méthode de transfert sera
un atout sur l’éducation environnementale des riverains.
Depuis l’intervention du WWF, la chasse aux animaux forestiers et les
coupes illicites des arbres ont considérablement diminué, vu l’absence de forme
de dégradation bien définie de la forêt. Transférer la gestion de la forêt à la
communauté de base leur permet de protéger ce qui est « les leurs »

REMERCIEMENTS
Cette étude a été menée grâce à la collaboration entre le Département
de Biologie et Ecologie Végétale et le WWF. Nos sincères remerciements
s’adressent au DBEV de nous avoir confié cette mission. Nous remercions
également WWF qui finance la présente recherche. Nous tenons à remercier
particulièrement WWF-Midongy du Sud et les agents de terrain de nous avoir
aidés dans l’organisation du travail avec l’aide de la population locale.

320
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Anonyme, 2007. Atlas de Madagascar. Royal Botanical Garden, Kew.
Goodman, S. M. & Raselimanana, A. 2007. Inventaire biologique de la faune
et flore du corridor forestier d’Anjozorobe-Angavo. Recherches pour le
développement. 24. WWF, Mac-Arthur. Madagascar.217p.
Marline, L., 2009.Inventaire bioplogique et typologie des forêts
communautaires de Marovato-Midongy du Sud en vue d’un transfert de
gestion. Mémoire DEA, Ecologie Végétale, Université d’Antananarivo. 87p
+ annexes.
Razafy Fara, L. & Randriamarolaza, L. P. 2003.Programme de conservation
de l’écorégion forêt humide. Reconnaissance de la forêt humide
malgache. WWF. Antananarivo. 117p + annexes.

321
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Liste floristique de la forêt de Marovato

322
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Liste floristique de la forêt de Marovato (suite)

323
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Liste floristique de la forêt de Marovato (suite)

324
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Annexe : Liste floristique de la forêt de Marovato (suite)

325
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

DYNAMIQUE DES SAVANES INCLUSES DANS LE CORRIDOR


FORESTIER DE FIANARANTSOA : Zone de Sahabe -
Ambohimahamasina.
Gaétan DonatienRATOVONIRINA, VonjisonRAKOTOARIMANANA
BP : 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Fac. Sciences, Univ. Anatananarivo

RESUME
Le corridor forestier de Fianarantsoa, dénommé «Corridor Fandriana-
Vondrozo»a ne représente plus qu'un couloir reliant quelques massifs forestiers
le long de la partie orientale des hautes terres. Etant donné son importance
écologique, ce corridor est fortement menacé et laisse peu à peu la place à des
formations secondaires plus ou moins dégradées avant de devenir des
savanes.Cette étude a été menée dans la partie centrale du corridor forestier
(Ranomafana-Andringitra) dans le but de déterminer les causes de persistance
des formations herbeuses à l'intérieur d'une forêt dense humide. Dans ces
formations qualifiées comme savanes incluses sont étudiés les effets du feu et
du pâturage sur leur composition floristique. Des observations écologiques ont
été réalisées dans ces savanes en conditions non brûlée et brûlée/pâturée. Les
résultats obtenus ont montré que le feu et le pâturage provoquent une
amélioration de la composition floristique des savanes, favorisant ainsi leur
persistance au fil des années. En effet, ces savanes inclusessont devenues un
pseudoclimax à cause du passage régulier du feu et du pâturage.

1. INTRODUCTION
Le corridor forestier de Fianarantsoa, dénommé «Corridor Fandriana-
Vondrozo» est une partie de la forêt ancienne de l'Est malgache. Il ne couvre
plus qu'un couloir reliant quelques massifs forestiers de la région (Repoblikan'i
Madagasikara, 2006), le long de la partie orientale des hautes terres. Etant
donné son importance écologique, ce corridor est fortement menacé et laisse
peu à peu la place à des formations secondaires plus ou moins dégradées ou
savoka avant de devenir des savanes (Salomon, 1981).
Ainsi, l'observation des cartes et des photos aériennes de 1957 jusqu'à
2004 a montré une grande ouverture constituée, d'Ouest en Est, par de grands
versants herbacés ondulés dont les hauts de versant sont sous forêt suivis d'un
chapelet de clairières de savanes incluses de tailles réduites.
La présente étude vise, d'abord, à déterminer les causes de la
persistance de ces savanesincluses à l'état herbacé au fil des années, et
ensuite à évaluer les impacts écologiques du feuet du pâturage sur la
composition floristique de ces savanes.

326
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

2. MILIEU D'ETUDE
La région de Sahabe se situe dans la partie centrale du corridor
Ranomafana-Andringitra, une portion du corridor Fandriana-Vondrozo, reliant
les deux parcs nationaux de Ranomafana et d'Andringitra (Carte 1). Le village
de Sahabe se trouve à 5 km du Chef lieu de la commune rurale
d'Ambohimahamasina, soit à environ 45 km à l'Est d'Ambalavao, au sein de la
Région Haute Matsiatra.
La mosaïque paysagère est composée de forêts denses naturelles,
plus ou moins dégradées, de parcelles de jachères à différents stades
d'évolution, de formations herbeuses et de reboisements (Carte 1). La
végétation naturelle est représentée par une forêt dense ombrophile de
moyenne altitude, de 800m à 1800m d'altitude, appartenant à la série à
Weinmannia (Cunoniaceae) et Tambourissa (Monimiaceae) dans le domaine
du Centre Sud-est (Humbert et Cours Dame, 1965). Selon Faramalala (1986),
la région est située dans la zone éco floristique de moyenne altitude orientale
caractérisée par une strate supérieure composée d'arbres culminant entre 20 et
25m de hauteur.

Carte 1 : Localisation de la zone d'étude


3. METHODES D'ETUDE
Des observations écologiques ont été faites dans des unités de
savanes comportantdes parties non brûlées et brûlées/pâturées. Des
échantillonnages ont été réalisés pour recenser les espèces présentes dans
chaque unité de savane, jugée homogène. Puis, les espèces ont été
inventoriées, à l'aide de relevés linéaires de deux fois 10m de longueur au
dessus de la savane, orientés à la fois parallèlement à la grande pente et
perpendiculairement à la lisière, avec des points de lecture espacés de 10 cm.

327
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Les noms scientifiques, les noms vernaculaires et la hauteur de contact sont les
paramètres pris en compte.
Les données brutes obtenues ont fait l'objet de traitements statistiques.
Les affinités floristiques des sites étudiés ont été testées à l'aide de l'indice de
similarité de JACCARD SJij. Une analyse factorielle des correspondances (AFC) a
été utilisée pour tester si les différentes unités de savanes en condition
brûlée/pâturée et non brûlée appartiennent à un groupe floristiquement
homogène ou à des groupes distincts.

4. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
4.1. Caractéristiques générales des savanes de la région
Du point de vue floristique, les savanes étudiées comportent 51
espèces réparties dans 45 genres et 18 familles. Les familles les plus
représentées sont les Poaceae (28%), les Asteraceae (19,29%), les
Cyperaceae (10,52%). Les familles les moins rencontrées sont les Rubiaceae,
les Orchidaceae, les Amaryllidaceae, les Aizoaceae, les Malvaceae et les
Melastomataceae qui ne représentent chacune que 1,75%.
Ces savanes ont deux strates bien distinctes :
• Une strate graminéenne haute, ne dépassant pas 80cm, plus ou
moins fermée, et largement dominée par la famille des Poacées (90%). Cette
famille est représentée par Aristida similis (80%), Loudetia madagascariensis,
Andropogon ecomus, Hypparhenia schimperi et Hypparhenia timberia. Les
autres espèces ligneuses présentes sont quelques jeunes espèces pionnières
tels que Harungana madagascariensis, Maesa lanceolata, Weinmannia sp.,
Aphloia theaphormis, ainsi quedes arbustes comme Erica latifolia et
Helichrysum leucosphaerum.
• une strate graminéenne basse, voir même au ras du sol
lorsqu'elle est peu développée. Elle est représentée par —Centella asiatica,
Crinum flrmifolium, Emiliasp., Mimosa pudica, Mollungo nudicalus, Sporobolus
subulaius, Zornia glochidiata.
Dans tous les sites étudiés, savanes sur versant sous forêt et savanes
incluses, le recouvrement global de la végétation dépasse 90 %. Cette
fermeture de la savane constitue un blocage pour le bon développement des
espèces de la strate inférieure qui ne couvrent qu'environ 50 % de la surface du
sol.

4.2. Les analyses floristiques


Quatre types de savanes ont été observés : SVF, SIS, SIA et SIR. Les
données brutes recueillies dans les quatre sites de savanes, tels que les
savanes sur versant sous forêt (SVF), les savanes incluses stables (SIS), les
savanes incluses progressives (SIA) et les savanes incluses régressives (SIR),
font l'objet des traitements statistiques.

328
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Similarité des relevés


Le test de similitude effectué dans les différentes unités de savanes
renseigne sur les affinités floristiques des différents relevés en condition
brûlées/pâturées et les savanes en condition non brûlées (Figure 1).

SVF : savane sur versant sous forêt SIS : savane incluse stable SIA : savane incluse progressive SIR : savane
incluse régressive NB : non brûlée BP : brûlée et pâturé — - • - : SJii < 50 % —————— : 50 % < SJii <70 %
== : 70 % <SJii
Figure 1 : Dendrites de similitudes des relevés (a) et (b).

Le premier traitement combine les savanes brûlées/pâturées (BP) et les


savanes non brûlées (NB). Aucune ressemblance entre BP et NB (SJii < 50 %)
n'est remarquée, sauf pour SIR BP, qui présente une affinité avec SIS NB et
SIR NB (Figure 1a). De plus, entre les savanes brûlées/pâturées (figure 1b),
seule la savane incluse régressive brûlée/pâturée (SIR BP), le site le plus
éloigné des habitations humaines, présente une différence floristique (SJii < 50
%) vis-à-vis des trois autres, qui semblent homogènes. Cette différentiation des
savanes incluses régressives (SIR) peut être due à leur éloignement des
villages, synonyme de réduction des pressions anthropiques : rareté du
passage des feux et faible intensité depâturage (par enquête). En résumé, le
feu et le pâturage provoquent une différentiation de la composition floristique
des savanes. Ainsi, cette modification entraîne un micro hétérogénéité au
niveau des unités de savanes de même condition.
. Structure floristique
Différents groupes de savanes sont discriminés par une AFC portant
sur leurs espèces caractéristiques. Ainsi, les relevés faits dans les sites
brûlés/pâturés et les (1) non brûlés sontd'abord analysés séparément puis (2)
combinés afin de les comparer.
. Comparaison -des savanes non brûlées et les savanes brûlées/pâturées
Le résultat de l'AFC de 71 espèces x 40 relevés dans les savanes non
brûlées et brûlées/pâturées révèle la distinction floristique des sites de ces deux
conditions (Figure2).

329
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

S VF : savanes sur versant sous forêt SIS : savanes incluses stable SIA : savanes incluses progressives SIR :
savanes incluses régressives N : non brûlée B : brûlée/pâturée
Figure 2 : Cartes factorieiles des 40 relevés effectués dans les savanes
brûlées/pâturées et non brûlées (a), et les 71 espèces (b).

L'axe 1 oppose les relevés effectués dans les savanes brûlées et


pâturées (en abscisses négatives : SVFB, SISB, SIAB et SIRB) (GrI) aux
relevées réalisées dans les zones non brûlées (en abscisses positives : SVFN,
SISN, SIAN et SIRN) (GrII). Cette répartition conduit à interpréter cet axe
comme représentant l'effet combiné du feu et du pâturage.
La superposition des Taxes factoriels des relevés et ceux des espèces
permet d'identifier les espèces caractéristiques des deux groupes obtenus. Les
parties brûlées et pâturées (Gr.I) sont caractérisées par Eragrostis cilianensis,
(5), Commelina madagascariensis, Hypparhenia schimperi (61), Tristema
vurusanum (66), Bulbostylis viguieri (17), Sporobolus subulatus (35), Mottugo
nudicaulus (1) Andropogon ecomus (63), Salvia sp (44), Cyperus chermezonii
(16) Emilia graminea (13), Senecio fanjasioides (26) Crinumfirmifolium.
Les savanes non brûlées (Gr.Il) sont caractérisées par Ericalatifolia (9),
Elephantopus scaber (54), Aphloïa theaformis (22), Wemmannia rutembergii
(41), Vernonia glutinosa (10), Fimbristylis dichotoma (60), Dichranopteris sp.(7),
Dianella ensiflora (59), Pteridium acquilinum (6) Halleria ligustrifolia (37),
Vaccinium sp.(27).

Les savanes brûlées/pâturées


Le résultat d’AFC effectuée sur la matrice de 58 espèces x 20 relevés
issus des savanes en condition brûlées/pâturées est représenté surle figure 3.

330
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

SVF : savanes sur versant sous forêt SIS : savanes incluses stable SIA : savanes incluses progressive SIR :
savanes incluses
Figure 3 ; Cartes factorielles dans le plan 1-2 des 20 relevés (a) et des 58
espèces (b) dans les savanes brûlées/pâturées
Les deux axes qui forment le plan factoriel représentent 40 % de la
variabilité totale, soit 14 % pour l’axe 1 et 26 % pour l’axe 2. L'axe 1 oppose les
relevés faits dans les savanes incluses régressives (SIR) en abscisses,
négatives, et les 15 relevés des trois autres sites, (SVF, SIS et SIA) en
abscisse positive.
Le premier groupe (Gr.I), formé par les relevés effectués dans SIR est
caractérisé par les espèces suivantes : Pteridium aquifolium (6), Senecio
beguei (10), Vaccinium sp.(24), Loudetia madagasacariensis (26), Cynorkis
fastigiata (38), Panicum sp.(45). Le second groupe (Gr.II), réunit les relevés
faits dans SVF, SIS, SIA. Ce groupe est caractérisé parMollugo nudicaulus (1),
Helichrysum faradifani (2), Erica floribenda (8), Emilia adscendens (9), Emilia
graminea (11), Bulbostylis viguieri (15), Crinum firmifolium (18), Psorospermum
fanerana (20), Helychrisum madagascariense (22), Helichrysum plantago (25)
Sporobolus subulatus (30), Emilia sp.(33), Salvia sp. (39), Exacum sp. (41),
Zornia glochidiata (42), Centella asiatica (47), Fimbristylis dichotoma (54),
Andropogon ecomus (57).
Ces deux groupes ne se différencient que par leur distance par rapport
aux villages, la proximité étant synonyme de fortes activités anthropiques. Le
premier groupe de sites se trouve au voisinage des occupations humaines (10.
à 20mn de marche) alors que le second est assez reculé des villages (2h de
marche), l'axe 2 représente l'intensité du feu et du pâturage.

5. DISCUSSION
L'origine des savanes de Madagascar fait l'objet des nombreuses
discussions entre les chercheurs. Les uns attribuent aux savanes une origine
naturelle (Burney, 1997 ; Perrier de la Bâthie, 1921 ; Humbert, 1927) et les

331
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

autres les qualifient exclusivement comme un résultat des actions humaines


(Granier, 1967 ; Klein, 2002). Quant aux savanes incluses à l'Est de Sahabe.
Ces savanes ne sont apparues qu'au milieu du 20eme siècle suite à une
exploitation excessive des essences forestières.
Influences du feu et du pâturage sur les savanes
Du point de vue floristique, il a été démontré que la richesse spécifique
des savanes incluses dans le corridor forestier de Fianarantsoa augmente avec
les actions combinées du feu et du pâturage. Ces constatations réaffirment
celles de Randrianjafy (2006) et de Rakotoarimanana (2002) dans le sud-ouest
de Madagascar. Le feu de pâturage entraîne un enrichissement sélectif des
espèces végétales savanicoles. Les espèces les plus adaptées (Hyparhenia
ruffa, Eragrostis sp. Aristida similis, Andropogon ecomus et quelques espèces
dela famille des Asteraceae (Helychrisum sp., Elephantopus scaber) se sont
développées d'unefaçon progressive et envahissent pour occuper toutes les
savanes, tandis que les espèces les moins adaptées, moins résistantes au feu,
ont tendance à disparaître. Or, ces espèces résistantes aux feux sont qualifiées
comme des espèces de mauvaise qualité fourragère car celles-ci se lignifient
trop rapidement en saison sèche.
Par contre, ces résultats s'opposent avec ceux obtenus dans une
savane des hautes terres malgaches de Rakotoarimanana et al. (2004), qui
relate que les effectifs des familles, des genres, et des espèces diminuent
significativement en fonction de l'intensité de pâturage
Cette étude a aussi permis de montrer qu'en condition
brûlées/pâturées, les savanes augmentent leur recouvrement par le
développement des espèces au ras du sol. Il est à noter aussi que les sites
exposés à une forte intensité de pâturage possèdent le plus fort pourcentage de
recouvrement. Le feu et le pâturage favorisent le développement des espèces
de la strate inférieure.
De ce fait, le feu n'offre que des transformations négatives de la qualité
et quantité des pâturages. Or, sa suppression entraine l'envahissement des
Anjavidy (Erica sp.) l'avancée de la lisière forestière et la disparition des
espèces savanicoles, ce qui condamne l'élevage extensif. Donc le recourt aux
feux s'avère nécessaire dans un certain contexte de l'élevage de zébus.

6. CONCLUSION
Les savanes incluses dans le centre du corridor forestier de
Fianarantsoa sont desformations graminéennes à Aristida similis caractérisées
par une pauvreté en espèces et uneprédominance des graminées tolérant le
feu. Malgré un climat et un sol favorables à la forêt, les savanes incluses n'ont
pas disparu, en raison de la pratique généralisée des feux courants. À part les
facteurs édaphiques non favorables à la recolonisation des espèces forestières
dans les prairies marécageuses, le feu et le pâturage restent les premiers

332
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

responsables de la dynamique et la maintenance des versants de savanes


incluses à l'état herbacé.
Le feu et le pâturage entraînent une différentiation de la composition
floristique de la savane par un enrichissement sélectif des espèces tolérantes
aux feux telles qu’Eragrostis cilianensis, Emilia sp., Elephantopus scaber,
Vernonia sp., Helichrysum sp.,...). Ils causent aussi un écartement progressif
des touffes d'herbes, augmentant ainsi le pourcentage des sols nus, et la
réduction des hauteurs de la couverture herbacée jusqu'à 40cm.

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333
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

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334
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

EFFETS DES PRATIQUES CULTURALES SUR LA BANQUE DE


GRAINES DU SOL DANS LES RECRUS POST-AGRICOLES
D'ORIGINE FORESTIERE (RAF) EN LISIERE OUEST DU
CORRIDOR RANOMAFANA-ANDRINGITRA (FIANARANTSOA).
1 1 2 2
R.J.RANDRIAMALALA ; J.C.RANDRIAMBOAVONJY ; D. HERVE ; S. M.CARRIERE
1
BP 175, Département des Eaux et Forêts, Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques,
Ankatso, Antananarivo 101, Madagascar,
2
IRD (UR199), 911, Avenue Agropolis, BP 64501, 34394 Montpellier Cedex 05, France.

RESUME :
Cette étude a pour objectifs de déterminer (1) la densité et dans une
moindre mesure la composition la banque de graines lors de successions
végétales et (2) les effets des pratiques culturales sur la densité et le mode de
dispersion des graines de recrus post agricoles. Les hypothèses qui ont été
posées sont : (1) la densité de la banque de graines diminuent avec l'âge
d'abandon et (2) la proportion de graines anémochores augmente avec
l'intensité des perturbations culturales ayant eu lieu avant abandon. Des
prélèvements de graines suivis de test de viabilité au TTC à 1% ont été
effectuées sur cinq recrûs post-agricoles d'origine forestière (RAF) : (1) un RAF
herbacé (=kilan]y) fortement exploité, (2) deux RAF arbustifs moyennement
exploités et (3) deux RAF arbustifs faiblement exploités. La densité de graines
dans le site d'étude varie de 150 à 1692 graines viables/rn2. Elle augmente
avec l'âge d'abandon tandis que la proportion de graines anémochores
représentées par les Poaceae et les Asteraceae reste stable. Les fortes
exploitations agricoles, correspondant au jeune RAF, ont détruit une forte
proportion de la banque de graines, y compris les Poaceae et les Asteraceae.
La régénération naturelle dans de telle parcelle se base essentiellement sur la
pluie de graines anémochores car les souches d'espèces autochtones ont
également été décimées. La banque de graines dans le site d'étude contribue
peu à la régénération naturelle et doit se combiner avec les potentiels advectif
(pluie de graines) et végétatif (souche, drageon) pour être efficace et permettre
un retour à l'état initial de forêt mature.
Mots clés : Banque de graines, successions végétales, corridor forestier,
Fianarantsoa, Madagascar.

3. INTRODUCTION
Les étude sur les successions végétales consécutives au tavy (culture
sur brûlis) à Madagascar se focalisent surtout sur la description floristique des
différents stades(Razafimamonjy,1987 ;Rasolofoharinoro et
al.,1997 ;Pfund,2000 ; Brown & Gurevitch,2004). Les dynamiques progressives
de la végétation des recrûs post-agricoles, dans l’est de la grande île, se
caractérisent par l’accroissement de la densité des espèces arbustives

335
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

arborées (méso et macrophanérophyte) et la diminution de la présence des


herbacés (géophyte, thérophyte et hémicryptophyte ; Rasolofoharinoro et al.,
1997). Elles s’accompagnent également d’une diversification des forme
biologique (Rasolofoharinoro et al., 1997 ;Randriamalala et al.,2007), une
hausse de la biomasse ligneuse (Brand & Pfund,1998) et la dominance
d’espèces zoochores (Randriamalala et al.,2007.Cependant, le retour à l’état
initial, sur les plans floristique et structurale, n’a pas toujours lieu, même après
plus d’un siècle d’abandon (Brown & Gurevitch, 2004). Une dynamique
régressive pouvant aboutir à des formations pseudo-steppiques se produit en
cas d’incendies fréquentes (Rasolofoharinoro et al., 1997 ; Pfund, 2000 ; Styger
et al., 2007) et/ou d’intense pratique d’exploitation agricole (grande fréquence
du cycle culture-jachère et/ou raccourcissement de la durée de jachère ; Pfund,
2000 ; Randriamalala et al., 2007) Styger et al., 2007).Ces perturbations
récurrentes finissent paréliminer les soucjes d’espèces ligneuses pionnières et
autochtones, et favorisent l’installation permanente d’espèces herbacées telles
qu’Imperata sp. et Aristida sp. (Rasolofoharinoroet al., 1997 ;Pfund,
2000 ;Styger et al.,2007).Les données sur les potentiels de régénération, en
particulier la banque du sol et la pluie de graines, lors des succesions
secondaires, font défaut à Madagascar contrairement à d’autres pays tropicaux
(Saulei & Swaine, 1988 ; Teketay, 1997 ; Baider et al., 2001 ; Viereira 1 Proctor,
2007; ect.) Or ce sont ces potentiels qui conditionnement en partie les
successions végétales. Ce travail contribue à combler cette lacune.
Les objectifs de cette étude sont : (1) la détermination de la densité et
dans une moindre mesure de la composition de la banque de graines lors de
differents de succession végétale et (2) la détermination des effets des
pratiques culturales sur la densité et le mode de dispersion des graines des
recrûs. Les hypothèses de recherche qui ont été posées sont : (1) la densité de
la banque de graines diminuent avec l’âge d’abandon comme cela a été
constatée ailleurs (Saulei & Sweine, 1988 ; Teketay, 1997 ; Baider et al., 2001 ;
Vieira & Proctor, 2007) et (2) la proportion de graines anémochores augment
avec l’intensité des pratiques culturales ayant eu lieu avant abandon.

2. MILIEU D'ETUDE
Le site d'étude est localisé au Centre-Est des Hautes-Terres malgaches
dans le terroir villageois d'Ambendrana (province de Fianarantsoa, commune
d'Androy, 21°22'46"S ; 47°18'34"E ; en lisière nord-ouest du « corridor »
forestier qui relie les Parcs Nationaux de Ranomafana et d'Andringitra.
L'altitude varie de 1100 à 1250 m. La température moyenne annuelle est de
17,7°C et la pluviosité annuelle de 1370 mm. Le climat est de type tropical
unimodal de moyenne altitude caractérisé par un hiver frais, humide. Les sols
sont ferrallitiques rouge et jaune sur rouge, particulièrement pauvres en
phosphore assimilable et en bases échangeables. La végétation naturelle est

336
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

formée d'une forêt dense ombrophile de moyenne altitude caractérisée par la


série à Weinmannia spp. (Cunoniaceae) et à Tambourissa spp. (Monimiaceae)
(Koechlin et al., 1974 ; Goodman & Razafindratsita, 2001).

3. MATERIELS ET METHODESD’ETUDE
La banque de graine, c'est-à-dire la quantité de graines viables dans le
sol est différente du stock de graines qui compte toutes les graines y compris
celles qui sont mortes (Christoffoleti & Caetano, 1998).
3.1. Echantillonnage des parcelles d'étude
Cinq recrûs post-agricoles d'origine forestière (RAF) selon un gradient
d'intensité d'exploitation décroissant ont été sélectionnés (Tableau 1): (1) un
RAF herbacé (=kilanjy) fortement exploité (cultivé pendant environ 10 ans et
labouré plusieurs fois ), (2) deux RAF arbustifs moyennement exploités (cultivés
pendant cinq à six ans, jamais labourés mais ayant fait l'objet de kobokaka1) et
(3) deux RAF arbustifs faiblement exploités (cultivés pendant moins de quatre
ans et n'ayant jamais fait l'objet de labour ni de kobokaka).
Les historiques culturaux des parcelles d'étude ont été obtenus par
enquêtes formelles auprès de leurs propriétaires.
Des relevés floristiques avec les méthodes utilisées par Randriamalala
et al.(2007) ont également été effectués dans les RAF choisis. Les relevés
floristiques ont permis de calculer la richesse spécifique de la végétation (S), sa
densité (D ; n/ha) et la surface terrière (G ; m2/ha).

Tableau 1. Historique cultural des parcelles d'étude.


Nombre d'années
Intensité Age depuis le Mode de préparation du Nombre d'années
depuis le premier
d'exploitation dernier abandon sol lors de la dernière cumulé
défrichement
agricole (année) (année) culture de culture (année)
Forte 21 4 Labour 10
21 15 Kobokaka 6
Moyenne 20 10 Kobokaka 5
Faible 25 22 Semis direct 3
11 10 Semis direct 1

3.2. Echantillonnage des graines au niveau parcellaire et leurs traitements


Pour estimer le stock de graines dans le sol, une sonde de 8 cm de
diamètre a été utilisée pour prélever un échantillon de sol sur 5 cm de
profondeur. Cette opération a été répétée 10 fois par parcelle. Les échantillons
de sol contenant les graines ont été mises dans des sacs en plastique avant
d'être passés à travers des tamis dont les mailles sont : de 2 mm, 400 µm et
200 µm. La limite inférieure de la maille a été retenue pour des raisons
pratiques. Environ deux semaines sont écoulées entre la collecte et le tamisage
des graines.

337
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Les graines séparées, ont ensuite été comptées et identifiées, dans la


mesure du possible, en lescomparant à des spécimens préalablement récoltées
et identifiées, en utilisant une loupe binoculaire (2x). Certaines graines ayant
germé, environ trois à quatre semaines après la collecte, ont été classées parmi
celles qui sont viables tandis que tout le reste a été testé à l'aide du produit
TTC à 1% pendant 48 h (tetrazolium triphenyle chloride). Ce réducteur colore
en rouge les embryons viables qui dégagent de l'oxygène et n'interagit pas
avec ceux qui sont morts. La banque de graines dans le sol est donc formée
par celles qui ont germé et par celles qui ont été testées positivement au TTC.
Toutes les graines n'ont pas été identifiées, celles des Poaceae,
Fabaceae, et des Asteraceae l'ont été au niveau de la famille.
La banque de graines est caractérisée par sa richesse spécifique (Sg,
le nombre total d'espèces d'une parcelle), sa densité moyenne (Dg, n/m2) et la
proportion de graines de Poaceae et d'Asteraceae (%(Poa+Aster), en %) qui
représentent, l'essentiel des graines anémochores.

3.3. Traitements numériques des données


Des tests non-paramétriques de Kruskal-Wallis, suivis de comparaisons
multiples avec les tests de Mann-Whitney (SPSS 15) ont été mis en oeuvre
pour étudier les effets de l'intensité des exploitations agricoles sur la Densité et
Pourcentage de poaceae et Asteraceae.

4. RESULTATS et INTERPRETATIONS
La banque de graines dans le site d'étude contient 33 espèces, dont 15
appartiennent à la famille des Poaceae et quatre Asteraceae. Les taxons les
plus abondants sont anémochores appartenant à la famille des Poaceae ou des
Asteraceae et dans une moindre mesure des espèces pionnières zoochores
telles que Psychotria sp., Trema orientalis et Phytolacca dodecandra. La
richesse spécifique de la banque de graines est comprise entre 4 et 17 (tableau
2). La densité de la banque de graines varie de 155 à 1692/m2.
Les espèces qui dominent dans la banque de graines ne sont
généralement pas celles qui contribuent le plus à la surface terrière ou qui sont
les plus abondantes dans la végétation correspondante (Tableau 2 et 3). En
effet, ces espèces ne sont pas ligneuses mais plutôtherbacées. Certaines
espèces telles que Phytolacca dodecandra, espèce zoochore, sont absentesde
lavégétation alors qu'elles sont présentes dans la banque de graine du sol. Ceci
est dû au faite que les graines de l’espèce en question ont été emportées par
des animaux qui les consomment.

338
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Tableau 2. Densité (Dg) et richesse spécifique (Sg) de la banque de graines


Contribution
Intensité d'exploitation agricole Dg Sg Espèces les plus Famille
2 A Densité
(n/m ) abondantes
D(%)
Forte 155 4 nd2 Poaceae 57
nd6 Asteraceae 27
ndl Poaceae 15
518 11
Tréma orientalis (L.) Ulmaceae 13
Moyenne
Blume
637 9 ndl Poaceae 34
nd5 Poaceae 19
nd6 Asteraceae 40
1692 17 Psychotria sp. Rubiaceae 11
Phytolacca dodecandra Phytolaccaceae / 11 -"
Faible L'Hér.
ndl Poaceae 31
518 8
Tréma orientaïis
Ulmaceae 27
(L.) Blume

Tableau 3. Espèces dominantes et abondantes dans la végétation des RAF


Intensité Riche Espèces dominantes Contribution à Espèces abondantes Contri-
d'exploi sse la surface bution à
tation spécif terrière (%) la densité
ique D
Ageratum conyzoides L.
11
(Asteraceae)
Forte Psiadia altissima (DC.) Drake
11
(Asteraceae)
Erigeron naudinii (Bonnet) Humbert
11
(Asteraceae)
Sporobolus subulatus Hack.
11
(Poaceae)
Vemonia moquinioides Baker
27 P. altissima 18
(Asteraceae)
Ilex mitis (L.) Radlk. 17 Halleria ligustrifolia Baker 9
Psorospermum fanerana Baker 6
39 Weinmannia rutenbergii Engl. 6
Weinmannia rutenbergii 16 Vernonia moquïnioides Baker 5
Moyenne Harungana madagascariensis Lam.
Engl. 4
Ex Poir.
Pteridium aquilinum (L.) Kuhn 3
Dodonaea viscosa Sm. 18
Harungana H. madagascariensis 13
50 madagascariensis Lam. Ex 90 Psorospermum fanerana Baker 8
Poir. Maesa lanceolata Forssk. 7
Psidium cattleianum Sabine 5
Dodonaea viscosa Sm. 40 Psidium'cattleianum 18
Faible 57 ilexmitis (L.) Radlk. 8
Harunganamadagascariensîs 24
Psidiumfanerana 7

339
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

Maesa lanceolata Forssk. 4


Schismatoclada psychotrioides
4
Baker
Macaranga alnifolia Baker 3
Cassinopsis madagascariensis
3
Baill.
Mapouria parkeri (Baker) Bremek. 3
Garcinia aphemophlebia Baker 3
Psiadia altissima (DC.) Dràke 26 Psidium fanerana 10
Harungana
26 Hallerialigustrifolia Baker 8
madagascariensis
11 Psiadiaaltissima 6
Weinmannia rutenbergii Engl. 5
Maesa alnifolia 5
Harungana mdaagascariensis 4
57
Syzygium emirnense (Baker) Labat
4
Dodonaeaviscosa & G.E. Schatz
Dodonaeaviscosa 3
Vernonia sécundifolia Bojer. ex DC. 3
Agauria salicifolia (Comm. Ex Lam.)
3
Hook. f. ex Oliv.
Tambourissa purpurea (Tul.) A. DC. 3

4.2. Effets des pratiques culturelles sur la banque de graines


La densité de la banque de graines augmente significativement quand
l'intensité d'exploitation agricole passée diminue (p-0,03 ; Figure 1). En effet,
elle est minimale dans le RAF herbacé, caractérisé par un nombre cumulé
d'années de culture élevé et abandon depuis peu (Tableau 1). La densité est
par contre maximale dans les RAF ayant subi une faible intensité d’exploitation
agricole passée qui sont les plus âgés (Figure 1).

Figure 1. Effet de l'intensité d'exploitation agricole sur la densité de la banque


de graines dusol

340
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

La proportion de graines de Poaceae et d'Asteraceae diminue mais pas


de manière significative avec l'intensité d'exploitation agricole (p=0,252 ; Figure
2).

Figure 2. Effet de l'intensité d'exploitation agricole sur la proportion de graines


de Poaceae etd'Asteraceae dans la banque de graines

5. DISCUSSIONS
5.1. Densité moyenne de la banque de graines
La densité de la banque de graines du sol du site d'étude est
comparable à celles trouvées par Vieira & Proctor (2007 ; 450 à 1190 graines
viables/m2) dans des recrûs post-agricoles de cinq à 20 ans dans la partie Est
de l'Amazonie. Elle est également comparable à celle des forêts secondaires
dans le sud-est du Brésil (589 à 800 graines viables/m2 ; Martins & Engel,
2007) et à celle des savanes en zone aride d'Ethiopie (320 à 676 graines
viables/m2 ; Kassahun et al., 2009). Les densités de graines viables du site
d'étude se rapprochent également de celles des forêts tropicales matures
variant de 150 à 200 graines/m2 en Guyane française (De Foresta, 1983), 872
graines viables/m2 au Brésil (Baider et al, 2001) et 1020 graines viables/m2
dans les forêts hawaïennes (Drake, 1998). La densité de graines viables dans
le site d'étude est cependant globalement plus faible que celle trouvée par
Young et al. (1987), 6800 à 9500 graines viables/m2 dans les sols de recrus
forestiers de trais à 75 ans au Costa Rica. Teketay (1997) a mis en évidence
une densité de 9400 à 20740 graines viables/m2 le long d'un gradient forêt-
trouée récente/terre cultivée en zone semi-humide d'Ethiopie. Buttler &
Chazdon (1998), dans une forêt secondaire de 16 ans du Costa Rica, ont
trouvé une densité maximale de 5456 graines viable/m2. Baider et al. (2001) ont
trouvé des densités déclinant de 11028 à 4644 graines viable/m2 dans des
recrûs forestiers de cinq à 27 ans dans le Sud-Est du Brésil.
L'importance de ces densités est essentiellement due à la présence de
graines d'espèces herbacées qui constituent la majeure partie de la banque.

341
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

5.2. Banque de graines affectée par l'historique des parcelles


La densité de la banque de graines des recrûs augmente avec l'âge qui
décroît quand l'intensité des pratiques augmente, ce qui n'est pas le cas en
%(Poa+Aster) (Figures 1 et 2). Cette tendance est différente de celle observée
dans les végétations secondaires tropicales (Saulei & Swaine, 1988 ; Teketay,
1997 ; Baider et al., 2001 ; Vieira & Proctor, 2007) et tempérées (Hyatt &
Casper, 2000) qui est marquée par la baisse de la densité totale au cours de la
succession secondaire. En effet, la banque de graines après l'abandon est
formée essentiellement par des espèces herbacées et ne contient pratiquement
pas d'espèces ligneuses, dont la proportion augmente au cours des
successions secondaires (Saulei & Swaine, 1988 ; Baider et al., 2001). La forte
intensité d'exploitation agricole antérieure dans le site d'étude (quatre ans
d'abandon ; 10 ans de culture et labours fréquents ; ont contribué à détruire la
majeure partie de la banque de graines, y compris celles des herbacées. Les
graines restantes sont des anémochores formées essentiellement par des
Poaceae et d'Asteraceae, dont l'installation est probablement récente. La
destruction de la banque de graines dans le sol par de longues années de
culture, même sans labour, a également été suggérée par De Rouw (1991).
La banque de graines du sol des recrûs est partiellement décimée à la
fin d'une période de culture et est essentiellement formée par des herbacées
anémochores. Son enrichissement en terme de diversité et de densité, s'opère
plus rapidement si les perturbations culturales antérieures sont faibles (faible
nombre d'années de culture ; pas de labour) : des graines zoochores, qui
forment l'essentiel des graines non-Poaceae et non-Asteraceae, s'accumulent
au cours de la période de jachère. Cette accumulation est probablement le fait
de la pluie de graines et du développement rapide d'espèces pionnières
arbustives et zoochores telles que H. madagascariensis, et T. orientalis qui
attirent les disperseurs de graines. Ces dernières contribuent à la formation de
la banque de graines par la chute de leurs propres graines mais aussi, en
amplifiant la pluie de graines zoochores en servant de perchoir aux oiseaux et
chauve-souris qui en sont les principaux vecteurs (Picot et al., 2007 ; Carrière
et al.,2QQ7 ; Martin et al., 2009). Dans le cas contraire (forte perturbation
agricole passée), la reconstitution de la banque de graines s'appuie
essentiellement sur la pluie de graines apportant des espèces anémochores,
essentiellement des Poaceae et des Asteraceae, et la lenteur du recouvrement
de la parcelle par des arbustes anémochores retarde également l'arrivée des
graines zoochores.
'
D'où la persistance, pendant au moins quatre ans, d'une banque de
graines pauci spécifique, peu dense et formée surtout de Poaceae.

342
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

5.3. Banque de graines et successions végétales


Les espèces les plus abondantes dans la banque de graines ne sont
pas celles qui dominent (forte contribution à la surface terrière) ou qui sont les
plus abondantes dans la végétation correspondante. La discordance entre la
composition floristique de la végétation et celle de la banque de graines est
courante pour les formations végétales peu perturbées (Saulei & Swain, 1988 ;
Hanlon et al, 1998 ; De Villier et al., 2003). La richesse spécifique de la banque
de graines est significativement plus faible que celle de la végétation
correspondante (p=0,016. N=10 ; test de Mann-Whitney). Il faut cependant
relativiser cette différence puisque la surface de relevé est d'environ 0,05 m2
(10 prélèvements avec un cylindre de 8 cm de diamètre) pour les graines contre
plus de 4 m2 (5≤AM≤72 m2) pour la végétation correspondante. Quoiqu'il en
soit, ces résultats semblent suggérer une faible contribution de la banque de
graines dans les successions végétales secondaires, surtout pour les recrûs
herbacés. Une faible contribution de la banque de graines à la régénération a
également été constatée en Australie (Toh et al., 1999), au Costa Rica
(Wijdeven & Kuzee, 2000), à Porto Rico (Cubina & Aide, 2001), au Brésil
(Baider et al., 2001) et au Panama (Svenning & Wright, 2005).
La destruction, au moins partielle, de la banque de graines par les
fortes perturbations culturales est avérée. Ces dernières éliminent une forte
proportion de la banque de graines et ne laissent subsister qu'une faible partie
(150 graines viables/m2) formées exclusivement de Poaceae et d'Asteraceae.
La régénération de la végétation de telles parcelles repose essentiellement sur
le potentiel advectif, ayant le vent, comme principal vecteur. Les graines de
Poaceae et d'Asteraceae, les plus petites et les plus abondantes, premières
arrivées sur place, germent et recouvrent le sol, ce qui empêche par
compétition la régénération des autres graines anémochores de taille plus
grande, comme celles Dedonaeaviscosa, en les privant partiellement de
lumière et en rendant plus difficile leur contact avec le sol. La lenteur de la
régénération ligneuse dans les parcelles fortement exploitées est
essentiellement due à l'absence de graines correspondantes dans la banque.
La limitation de la vitesse de la régénération par manque de graines dans la
banque du sol est vérifiée même dans le cas de simples éclaircies en forêt
tropicale mature (Svenning & Wright, 2005), et également dans les pâturages
tropicaux, issus de défrichements de forêts matures (Toh et al., 1999 ; Wijdeven
& Kuzee, 2000). La régénération est plus rapide dans les parcelles ayant subit
de faibles perturbations culturales du fait de la combinaison de trois facteurs
favorables : (1) la persistance du potentiel végétatif (rejets de souche et
drageon), (2) le faible dommage subi par la banque de graines et (3) la forte
proportion de graines zoochores dans la pluie de graines (cf. supra).

343
II. Statut de conservation, écologie et écophysiologie végétales

6. CONCLUSION
La banque de graines des recrûs de la zone d'étude est fortement
affectée par les pratiques agricoles. La densité de la banque de graines
augmente avec l'âge d'abandon et quand l'intensité d'exploitation agricole
diminue. Par contre, la proportion de Poaceae et d'Asteraceae n'est pas
significativement affectée par l'historique cultural de la parcelle. Les deux
hypothèses de recherche sont donc infirmées. La banque de graines contribue
peu à la régénération des recrûs herbacés qui se base essentiellement sur le
potentiel advectif. La régénération de la végétation pionnière des recrûs
faiblement exploités est probablement accélérée par le faible dommage subi
par le potentiel végétatif et la banque de graines et la forte proportion de
graines zoochores dans la pluie de graines.

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346
III. Physiologie végétale

III-
III- PHYSIOLOGIE
VEGETALE
VEGETALE
III. Physiologie végétale

APPROCHE QUANTITATIVE DES ORGANISMES


MYCORHIZIENS D’Uapaca densifoliaLeandr
DE TROIS FORMATIONS FORESTIERES DE VOHIMANA
Misa.L. RAKOTONDRAINA, Isabelle. RATSIMIALA RAMONTA,
BP 906, Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences Université
d’Antananarivo.
RESUME
Une évaluation des bioindicateurs de fertilité du sol liés au
fonctionnement des trois formations végétales de Vohimana (formation
primaire, formation secondaire et Savoka) a été effectuée, afin de prévoir une
restauration du sol.L’espèce Uapaca densifolia a servi de matériel végétal. Sont
considérés pour évaluer la mycorhization : les spores du sol, les champignons
ectomycorhiziens et endomycorhiziens.Des analyses physico-chimiques du sol
pour chaque type de formation végétaleainsi que le dénombrement de spores
contenues dans 50g de sol ont été faites. Des plantules d’Uapaca densifolia
collectées en forêt ont servi lors du test d’aptitude symbiotique. Les racines de
la plante-test ont été observées à l’œil nu afin d’évaluer les morphotypes
d’ectomycorhizes.L’infection des racines par les mycorhizes à vésicules et
arbuscules (MVA) a été mise en évidence par la coloration au Bleu de Trypan
puis comptée. Les spores des champignons mycorhiziens sont abondantes
dans les Savoka (160±1,98 spores/ 50g de sol). En forêt, cinq morphotypes
d’ectomycorhizes ont été identifiés dans la formation primaire et trois dans la
formation secondaire ; en serre un seul morphotypea été observé. L’infection
par les MVA est élevée en forêt (6,1±0,94%) par rapport en serre (3,2±1,39%).
L’établissement de la symbiose mycorhizienne est régi par les facteurs
biotiques et abiotiques du milieu.
Mots-clés : spores, ectomycorhizes, mycorhizes à vésicules et arbuscules,
Vohimana, restauration écologique, Uapaca densifolia

1. INTRODUCTION

Des études récentes menées sur le site de Vohimana ont montré que,
suite à la pratique du tavy, trois types de formations végétales y ont été
identifiés (Hasiniaina, 2007 ; Manjato, 2008).La formation végétale primaire est
celle qui n’a pas subi de pression anthropique; la formation végétale secondaire
est mise en place après le passage de feu ou l’exploitation de bois et la
végétation de Savoka apparait après un ou plusieurs friches et diffère l’une de
l’autre selon la fréquence et l’âge du Savoka.
Il a été constaté que la dégradation de la forêt s’accompagne de perte
des éléments minéraux du sol et d’organismes telluriques. Au niveau du sol, la
mycorhize est une forme d’association symbiotique entre les mycéliums des
champignons et les racines des plantes hôtes. Suivant le type de mycorhize,

347
III. Physiologie végétale

l’association peut être visible à l’œil nu c’est le cas des ectomycorhizes, ou


encore elle nécessite l’utilisation de microscope optique, c’est le cas des
endomycorhizes. Cette association est à bénéfice réciproque pour les deux
partenaires. Dans quelle mesure la présence des mycorhizes contribue-t-elle à
la dynamique de la restauration du sol des trois formations végétales ?
Le projet FOREAIM (Forest Restoration in Eastern of Africa, Indian
Ocean Islands and Madagascar) qui œuvre dans le cadre d’une restauration
écologique a mis en place une stratégie de restauration des sites dégradés de
Vohimana. Pour cette étude, l’objectif est donc d’évaluer les bioindicateurs de
fertilité du sol lié au fonctionnement des trois formations végétales. La diversité
des champignons mycorhiziens présents dans le sol des trois formations
végétales influe sur la dynamique de la restauration du sol.

2. MATERIELS ET METHODES

I. Site d’étude
La forêt de Vohimana se situe dans la commune rurale d’Ambatovola,
sous-préfecture de Moramanga et appartient à la région d’Alaotra-Mangoro.
Géographiquement, Vohimana se positionne entre les latitudes 18°55’12’’Sud
et 18°56’44’’Sud et les longitudes 48°30’22’’Est et 48°31’21’’Est. Elle est
délimitée au Nord par le Parc National de Mantadia, au Sud par la Station
Forestière de Vohidrazana et à l’Ouest par la Réserve Spéciale
d’Analamazaotra (Carte 1). Sa superficie est de 4000ha. La forêt de Vohimana
constitue le dernier bloc forestier du corridor Zahamena-Ankeniheny et se
trouve sur la partie Sud.
Le matériel végétal d’étude est Uapaca densifolia Leandr. Elle
appartient à la famille des Euphorbiaceae. C’est une espèce autochtone
malgache qui présente un important intérêt biologique par sa capacité
symbiotique d’être à la fois endomycorhizée et ectomycorhizée.

II. Méthodes de travail sur le terrain

Deux plots par formation végétale ont été choisis pour représenter
chaque formation.

a. Collecte d’échantillons de sol


Le prélèvement de sol a été effectué comme suit : cinq placettes
juxtaposées de 5m de côté ont été érigées. Cinq prélèvements par placette ont
été effectués. Après avoir mélangé le sol, 250g de sol ont été empaquetés puis
envoyés au laboratoire du CNRE pour les analyses physico-chimiques.
Le prélèvement de sol pour les tests d’aptitude symbiotique a été effectué d’une
part en prélevant 16kg de sol à l’intérieur des plots et d’autre part en effectuant

348
III. Physiologie végétale

quatre prélèvements autour du pied de Uapaca densifolia choisi au hasard à


l’intérieur du plot.

Carte 3 : Localisation de la station forestière de Vohimana. Source : Carte FTM BD


500, Image NASA (Google Earth)

b. Collecte de plantules et de racines d’Uapaca densifolia


A défaut de graines lors de notre descente sur le terrain, les plantules
d’Uapaca densifolia ont servi comme plante-test. Elles ont été prélevées au
niveau du pied-mère le plus isolé pour s’assurer de leur identité. Les racines ont
été récoltées suivant la méthode de suivi racinaire consistant à fouiller au
niveau du collet de l’espèce jusqu’aux extrémités racinaires. Les racines
prélevées ont été gardées dans une solution GEE (Glycérol-Ethanol-Eau
distillée v/v/v).

III. Méthode de travail au laboratoire


a. Préparation du substrat et repiquage des plantules d’Uapaca
densifolia
Des pots de culture ont été remplis par le substrat correspondant à
chaque type de formation, les plantules y ont été repiquées. L’observation
racinaire a été effectuée 6 mois après transplantation.

349
III. Physiologie végétale

b. Extraction et dénombrement des spores du sol


50g de sol ont été mélangés dans l’eau puis tamisés sur deux tamis
superposés de maille 1000µm et 45µm respectivement. Les dépôts récupérés
sur ce dernier ont été transférés dans des tubes à centrifuger de 50ml.
L’ensemble a été centrifugé à 1750tr/mn pendant 5mn. Le culot obtenu a été
additionné d’une solution de saccharose à 48% puis centrifugé à 1750tr/mn
pendant 15secondes ; les spores remontent à la surface suivant sa densité par
rapport à la concentration en solution du saccharose. Le surnageant ainsi
obtenu est passé au tamis puis transféré dans une boite de Pétri. L’observation
a été faite à la loupe binoculaire et les spores ont été dénombrées.

c. Caractérisation et dénombrement des morphotypes


d’ectomycorhizes

Les racines ectomycorhizées présentent une modification de la


morphologie des bouts racinaires par la présence de renflement, de ramification
ou de colonisation par les mycéliums fongiques. La caractérisation des
morphotypes d’ectomycorhizes se fait par observation macroscopique à l’œil nu
et à la loupe La couleur et la forme du mycorhize, l’absence ou l’existence de
mycélium frangeant ont été notées. 200 bouts de racines par pied ont été
évalués. Le résultat obtenu est exprimé en pourcentage.
Nombre de racines ectomycorhizées
%= x 100
Nombre total de racines observées

d. Mise en évidence des racines endomycorhizées par la méthode de


coloration au Bleu de Trypan
La méthode adoptée par Ingleby (2007) est une variante de celle de
Phillips et Hayman (1970). Les racines fines ont été transférées dans des
seringues modifiées puis éclaircies dans une solution de KOH (2,5 % à 10 %) à
l’autoclave 121°C pendant 15 mn. Après rinçage à l’eau, les racines ont été
plongées dans une solution de H2O2/ NH3 pendant 30 mn puis dans une solution
de HCl à 1% pendant une heure à température ambiante. Les racines ont été
plongées dans du bleu de Trypan 0,05% (p/v) et autoclavées à 121°C pendant
3 mn. Les infections par les mycorhizes à vésicules et arbuscules (MVA) sont
visibles en utilisant un microscope optique avec un grossissement x100-x1000.
La présence de vésicules ou d’hyphes indique une infection par les MVA et est
marquée par (+). Le résultatest exprimé en pourcentage :

Nombre de racines infectées


%= x 100
Nombre total de racines observées

350
III. Physiologie végétale

3. RESULTATS

I. Propriétés physico-chimiques
physico du sol
Les sols des trois formations
formations végétales rencontrées à Vohimana sont
extrêmement acides (4,39<pH<4,95) et très riches
riche en matières organiques.
organique Les
formations primaire et secondaire présentent un taux de phosphore moyen (5- (5
6,9 ppm) tandis que dans le Savoka ce taux est pauvre (2,30-3,9
(2,30 3,90ppm). Le sol
est de texture limon-argilo
argilo-sableux.

II. Nombre de spores dans chaque formation végétale


La figure 1 montre le nombre moyen de spores issues de chaque type de
sol des formations végétales rencontrées à Vohimana.
Les spores sont abondantes au niveau
niv du Savoka. Elles sont trois fois
plus nombreuses (45 dans 50g de sol) que celle de la formation primaire et huit
fois plus dans la formation secondaire (160 dans 50g de sol).

180
Nombre moyen de spore

160
140
dans 50g de sol

120 Forêt
100
Serre
80
60
40
20
-
Formation primaire Formation Savoka
secondaire Types de formation

Figure 1 : Nombre
ombre moyen de spores présentes dans 50g de sol en forêt et en serre pour
chaque formation végétale

III. Morphotypes d’ectomycorhizes observés sur les racines d’Uapaca


densifolia

A l’état naturel, cinq


inq morphotypes d’ectomycorhizes ont été observés sur les
racines de Uapaca densifolia dont :
• Morphotype blanc : il comprend deux types
o morphotype blanc touffu,, au sein duquel les hyphes sont très
abondants, épais et très blancs. L’ensemble de la racine est
colonisée par l’hyphe.
o Le morphotype blanc voile pour lequel la racine est recouverte
d’une sorte de voile très fine, le manteau
manteau fongique est très mince.
• Morphotype brun : les hyphes de couleur brunâtre sont abondants et
épais.

351
III. Physiologie végétale

• Morphotype à bout touffu : il est semblable au morphotype blanc touffu,


touffu
la différence
nce se situe au niveau du bout de la racine.
racine
• Morphotype à bout neigeux
neig : le bout de la racine est d’aspect blanc
neigeux

La figure 2 montre le pourcentage respectif des morphotypes


d’ectomycorhizes dans les formations primaire et secondaire.
Les cinq morphotypes décrits ont été tous rencontrés dans la formation
primaire alors que seulement trois morphotypes (blanc touffu, blanc voile, bout
touffu) ont été observés dans la formation secondaire. L’analyse statistique
montre une différence significative entre le pourcentage des morphotypes
d’ectomycorhizes récoltés en forêt pour IC 95%. En serre, seul le morphotype
blanc voile a été observé

70,00
60,00
Pourcentage moyen des racines

FI
50,00 FII
ectomycorhizées (%)

40,00
30,00
20,00
10,00
0,00
Blanc touffu Blanc voile Bout neige Bout touffu Brun Non
mycorhizée
Morphotypes d'ectomycorhizes
Figure 2: Pourcentage moyen des morphotypes d’ectomycorhizes observés en forêt dans la
formation primaire (FI) et la formation secondaire (FII). (n=1200, IC95%)

IV. Evaluation des infections


infections à vésicules et arbuscules d’Uapaca
densifolia

La figure 3 montre que lesles racines infectées par les MVA sont plus
nombreuses en forêt qu’en serre. Ces différences sont significatives d’après les
valeurs de la limite de confiance pour IC95%. De plus, l’infection
l’infection en serre est
réduite de moitié par rapport à celle en forêt. Toutefois, la variation en nombre
de racines endomycorhizées n’est pas significativement différente pour les
plantules cultivées en serre.

352
III. Physiologie végétale

(%) 8
7
racines endomycorhizées FI
Pourcentage moyen des
6
FII
5
S
4

0
Forêt Serre

Figure 3 : Comparaison entre le pourcentage moyen des racines endomycorhizées de Uapaca


densifolia en forêt et en serre (n=10 ; IC 95%)

4. DISCUSSIONS

Les trois types de formation végétale se distinguent surtout les unes


des autres selon leur richesse floristique. Ces différences résident dans le fait
fai
que les forêts originelles ont subi des actions anthropiques démesurées
conséquence de la démographie galopante (Brund, (B , 1997). Les propriétés
physico-chimiques
chimiques du sol sont modifiées sous l’influence de la dégradation et la
composition floristique du milieu,
milieu, ainsi le biofonctionnement du sol est perturbé.
Le pH acide du sol entraine une toxicité par lessivage du sol et une perte des
éléments nutritifs du sol. Toutefois, l’action de la mycorhization pourrait
empêcher cette perte par formation de sidérophore (Fortin et al., 2008). De
même, la richesse en matières organiques du sol pourrait être favorable à la
propagation et la multiplication des propagules mycorhiziennes (Rouquerol,
1967; Dommergues,, 1970).
1970)

a. Spores contenues dans le sol

Concernant les spores du sol dans les formations primaire et


secondaire, sa réduction en nombre en serre pourrait être due soit à la
réduction du nombre de spores viables (Duponnois
(D et al.,, 2001), soit à l’état de
dormance des propagules (Jasper
(J et al, 2001), soit par la non spécificité
sp des
spores pour la plante-hôte
hôte (Duponnois
(D et al., 2001) et la compétitivité contre les
antagonistes.. Par contre dans les Savoka, le nombre de spores élevé peut être
influencé par la composition floristique du milieu (Jasper
(J et al.,, 1991) car les
formations fortement anthropisées sont à forte dépendance mycorhizienne d’où
l’abondance des spores (Plenchette,
(P , 1991). En serre, l’augmentation du
nombre de spores pourrait s’expliquer par les conditions du milieu favorables à

353
III. Physiologie végétale

sa multiplication(Guadarrama, 1998, Fortin et al., 2008) et par la stimulation de


la rhizosphère via la mycorhization. Le sol pourrait renfermer des bactéries
pouvant vivre en synérgie avec les champignons mycorhiziens (Rouquerol,
1967).

b. Ectomycorhization

Les morphotypes d’ectomycorhizes reflètent la richesse en champignon


du milieu. Dans les sols forestiers, les ectomycorhizes sont surtout nombreuses
dans les horizons organiques sous la litière puis diminuent en profondeur. Ces
ectomycorhizes sont aussi bien visibles sur les plantules d’Uapaca densifolia
que sur les pieds âgés. Le nombre réduit des morphotypes observés dans la
formation primaire pourrait s’expliquer par l’influence de la perturbation du
milieu. De même, les champignons ectomycorhiziens ont une exigence
écologique. La présence du seul morphotype en serre après six mois de culture
pourrait être due à la présence de champignon précoce et de champignon tardif
au niveau du sol (Guinberteau et al., 1997). Les champignons ectotrophes
évoluent donc au cours du temps.

c. Infection par les champignons endomycorhiziens

En forêt, le niveau d’infection élevé des mycorhizes à vésicules et à


arbuscules pour la formation primaire reflète le nombre de propagules adaptées
à la plante- hôte ainsi qu’à la capacité de ce sol à favoriser la germination des
propagules (Plenchette, 2005). La diminution de l’infection en serre pourrait être
due à l’absence de souches indigènes au niveau du sol lors de la
transplantation ou à la perturbation du sol lors du prélèvement entrainant ainsi
une rupture des réseaux d’hyphes. Les hyphes mettent un certain temps avant
de se régénérer après perturbation à cause de la capacité germinative lente
des spores (Jasper, 1991). Du fait de leur action synergique, la durée de vie
des propagules est courte en l’absence de l’hôte.

5. CONCLUSION

Les caractéristiques physico-chimiques, la composition floristique de


chaque formation et la teneur en matières organiques jouent un rôle dans
l’établissement de la symbiose mycorhizienne
Les formations forestières de Vohimana hébergent des champignons
mycorhiziens sous forme de propagules, à degré d’infection différent. La
présence de ces champignons mycorhiziens est indispensable dans
l’amélioration de la croissance des espèces forestières.
La connaissance des mécanismes régissant le biofonctionnement du
sol présente un atout dans la restauration des Savoka puisque les plantules

354
III. Physiologie végétale

d’Uapaca densifolia pourraient stimuler les microorganismes symbiotiques des


sols pauvres.

REMERCIEMENTS

Nous tenons à présenter nos vifs remerciements :


-Aux promotteurs du projet FOREAIM - A l’ONG “L’Homme et l’Environnement”
et à la population de Vohimana
- Au Département de Biologie et Ecologie Végétales, Faculté des Sciences

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CRIBLAGE PHARMACOLOGIQUE A LA RECHERCHE DES


COMPOSES ANTIPALUDIQUES À PARTIR DES EXTRAITS
BRUTSDE FEUILLESPhyllarthron bernierianun
Herintsoa RAFATRO, Hajatiana RAKOTOAREVIANANA, JeanFrançoisRAJAONARISON
Suzanne RATSIMAMANGA.
Laboratoire de Criblage Pharmacologique (LCP), Institut Malgache de Recherches
Appliquées - Fondation Albert Rakoto-Ratsimamanga (IMRA - FARR), Antananarivo,
Madagascar.

RESUME
A Madagascar, le paludisme reste encore à l'heure actuelle une des
maladies courantesgraves et épidémiques qui sévissent dans le pays malgré
des luttes engagées depuis plusieurs décennies pour le contrôler.Mais à l'issu
de plusieurs enquêtes ethnobotaniques réalisées par l'équipe scientifiquedu
laboratoire dans des différentes localités de Madagascar, il a été évoqué que
ledécocté des feuilles de plantes dénommées Phyllarthron bernierianun
(Antohiravina) a été utilisé en médecinetraditionnelle pour traiter cette
maladie.Ainsi, les feuilles de cette plante ontétécollectées à différents endroits
de l'île et desextraits bruts hydro alcooliques ont été préparés afin d'évaluer leur
activitéantiplasmodiale.Sur modèle expérimental in vitro, les valeurs de la
concentration inhibitrice de l'extraitbrut de Phyllarthron bernierianunvarient entre
26 à 38 µg/ml. A la fin d'un test antipaludique surmodèle in vivo (souris), à la
dose de 500 mg/kg, cet extrait exerce une suppression de lacroissance
parasitaire à plus de 38%. En effet, l'extrait brut hydro alcoolique de
Phyllarthron bernierianuncontient des composés antiplasmodiaux dans sa
phase acétate d'éthyle.
Mots-clés : Paludisme, Phyllarthron bernierianun, plante de Madagascar

356
III. Physiologie végétale

1. INTRODUCTION
Madagascar est un pays, une grande île plus précisément, bien
reconnu dans le mondeentier par sa grande biodiversité floristique. Cette flore a
surtout une réputation en terme de taux élevé en espèces endémiques [Rafatro
et al., 2007]. Elle constitue ainsi une grande diversité biochimique lui valant une
potentielle richesse comme ressource de médicaments [Randimbivololona,
1996].
C'est la raison pour laquelle, l'investigation de la flore de Madagascar a
été menée dans le but de rechercher des molécules antiplasmodiales
contribuant à la lutte perpétuelle menée par le Gouvernement Malgache contre
le paludisme, une maladie épidémique difficile à éradiquer et qui sévit encore
sur la population des régions chaudes du pays. Cette étude a été réalisée dans
le cadre d'un projet financé par le groupe RCS/TDR de l’OMS - Genève -
Suisse : l'activité antipaludique des extraits bruts de ces plantes a été
déterminée, leur cytotoxicité a été évaluée et les molécules actives ont été
recherchées.

2. MÉTHODES D’ETUDE
2.1. Enquêtes ethnobotaniques
En aval des activités cadrées dans le programme du projet, elle
commence toujours par la recherche d'informations sur l'utilisation des plantes
dans le domaine du paludisme. Les enquêtes ethnobotaniques sont menées,
par l'équipe scientifique pluridisciplinaire du laboratoire (botaniste, biologiste,
médecin, chimiste, ...), principalement au cours des expéditions forestières. Les
guérisseurs traditionnels sont beaucoup visités et interviewés individuellement.
Ces enquêtes ont été réalisées pour identifier les plantes utilisées en
médicine traditionnelle pour soigner le paludisme. Les plantes sont en même
temps collectées pour des études ultérieures de phytochimie et de
pharmacologie.
Les plantes collectées ont été ensuite mises en herbiers, puis les
botanistes de l'équipe ont procédé à l'identification par comparaison avec des
échantillons authentiques déposés au Département de Botanique et Zoologique
de Tsimbazaza (P.B.Z.T.), Antananarivo.

2.2. Fractionnement bio guidé


Le matériel végétal (feuilles) séché et broyé a été extrait jusqu'à
épuisement par macération dans l'éthanol 95%. Les solutions alcooliques ont
été évaporées à sec sous pression réduite. La moitié de l'extrait alcoolique (ou
extrait brut) ainsi obtenu a été soumise à un partage liquide - liquide entre
acétate d'éthyle - eau. La phase organique a été évaporée à sec sous pression
réduite.

357
III. Physiologie végétale

Chaque extrait brut préparé a été soumis à une séparation


chromatographique de première intention sur colonne, utilisant un gradient de
polarité croissante de système de solvants composé d'hexane, de
dichlorométhane, d'acétate d'éthyle) et de méthanol. Les fractions recueillies
sont groupées en fonction de leur similitude en chromatographie sur couche
mince et sont biologiquement testées pour évaluer leur activité biologique.

2.3. Étude de l'activité biologique


Le clone hautement chloroquinorésistant nommé FCM29C1 de la
souche de Plasmodium falciparum a été utilisé pour le test antipaludique in
vitro. La chimiosensibilité du parasite a été évaluée par la méthode de semi
micro test isotopique [Desjardins et aL, 1979] : elle consiste à mesurer le
pouvoir des extraits inhibant l'incorporation d'un corps radio marqué. Pour le
test antiplasmodialin vivo, la souche de Plasmodium yoelîi var. nigeriensis a été
utilisée. Ce parasite a été inoculé chez la souris et le taux de suppression de la
parasiîémie a été déterminé à la fin du test [Peters, 1975]. La toxicité de l'extrait
a été évaluée par l'effet inhibiteur de la croissance in vitro d'une lignée cellulaire
issue des cellules leucémiques de souris nommée P388.

3. RÉSULTATS ET DISCUSSION
3.1. Données ethnobotaniques
C'est par les habitants vivant aux alentours de la région d'Alaotra, dans
la forêt de Didysur la partie Centre Est de Madagascar, qu'a été répertorié le
nom de la plante étudiée"zahana". La feuille de cette dernière est utilisée par
les gens de la côte Est deMadagascar et entre dans la composition du remède
antipaludique.
Sur le Centre Ouest de Madagascar, dans la forêt d'Ankarafantsika,
région du Boina, lenom de la plante qui a cette même morphologie foliaire est
"Phyllarthron bernierianun". Le décoctédes feuilles constitue le remède dit
"mangidy" ou amer utilisé pour soigner le paludisme.
Après identification systématique, ces deux plantes appartiennent à la
même famille, aumême genre mais à deux espèces différentes.
La vertu antipaludique «de ces plantes est citée dans certains livres,
mais à notreconnaissance, aucune étude scientifique n'est encore menée dans
ce domaine. Lesinformations recueillies sur ces deux plantes sont résumées
dans le tableau 1.

Tableau 1 : Données ethnobotaniques sur les deux espèces de plantes


étudiées.

358
III. Physiologie végétale

3.2. Effet antipaludique


Les résultats des tests biologiques réalisés sur les extraits des plantes
étudiées sont illustrés dans le tableau 2.

Tableau 2 : Activités antipaludique et cytotoxique des extraits bruts hydro


alcooliques des feuilles de zahana et de Phyllarthron bernierianunexprimées en
µg/ml (in vitro : concentration inhibitrice ou CI50) et mg/kg (in vivo : dose efficace
ou DE50).

Activités biologiques Zahana Antohiravina


Chimiosensibilité plasmodiale: In 26,57 31,00
vitro (CI50g/mL):
In vivo (mg/kg): 54,69 46,44
Cytotoxicité (µg/mL): N.D. (CI50 supérieure à 100 85,16
µg/mL)

Les extraits bruts hydro alcooliques préparés à partir des feuilles de


zahana et Phyllarthron bernierianunsont doués d'activité inhibitrice de la
croissance parasitaire du Plasmodïum falciparum (in vitro) et yoelii (in vivo). La
molécule active de l'extrait brut dePhyllarthron bernierianunse trouve dans la
fraction d'acétate d'éthyle : la valeur de CI50 est de 38,98 µg/ ml (effet
antiplasmodialin vitro) et le pourcentage d'inhibition est de 38,56% pour une
dose de 500 mg/kg (activité antiplasrnodiale in vivo).

359
III. Physiologie végétale

L'effet toxique sur les cellules cancéreuses de l'extrait brut


dePhyllarthron bernierianunpourrait être considéré comme faible avec une
valeur de CI30 supérieure à 80 µg/ml. Elle est plus du double de celle observée
(CI50) lors du test antipaludique in vitro. Ce rapport représente une marge de
sécurité en terme d'indice thérapeutique.
La littérature indique que les molécules antiplasmodiales des plantes de
la famille des Bignoniaceae sont des naphtoquinones [Carvalho et al., 1988].
Les molécules ont été isolées de la partie non polaire, lipophile, de la plante
[Onegi et al., 2002]. Ainsi, il est suggéré que les molécules actives
dePhyllarthron bernierianunseraient de structure chimique similaire.

4. CONCLUSION
Les résultats décrits dans cet article ont été obtenus à la suite de
l'investigation d'une plante malgache appelée Phyllarthron bernierianun
« Antohiravina ». Sa feuille a une similarité morphologique et elle appartient à la
même famille de la plante nommée Zahana. Les extraits bruts préparés à partir
des feuilles de ces deux plantes exercent une activité antiplasmodiale. La
découverte de leurs molécules actives pourrait contribuer à la lutte
antipaludique. Cette étude a été réalisée primordialement dans le but de
valoriser scientifiquement cette richesse de la médecine traditionnelle. Ceci
nous donne l'espoir afin de conscientiser la population et de convaincre les
autorités locales à reconnaître l'importance de leur utilité au quotidien et de la
sauvegarde de ces plantes.

REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercierles organismes suivant : " UNICEF / UNDP / World
Bank / WHO / Spécial Programme for Research and Training in tropical
Diseases (RCS / TDR) pour le financement de ce projet. Nos sincères
reconnaissances s'adressent aux tradipraticiens qui ont bien voulu nous
partager leur savoir-faire sur l'utilisation des plantes médicinales, ainsi qu'à tous
les assistants et les techniciens du laboratoire qui ont bien voulu nous aider lors
des expérimentations et des études sur terrain.

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