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Société Botanique

du Vaucluse
B.P. 1227 - Site Agroparc - 84911 AVIGNON CEDEX 9
n°15 - mai 2005
-
Bulletin de liaison de la Société Botanique du Vaucluse

Euphorbia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia Lam.)


Espèce protégée nationale vue à la sortie du 9 mai 2004
près de Blauvac (Vaucluse).
(extrait de « Inventaire des plantes protégées de France »
P.Danton et M.Baffray-ED. Nathan-1995) .
Sommaire
Éditorial p.3
Ont participé à ce numéro

Botanique Vauclusienne
Société Botanique
p.4
- Plantes nouvelles pour le Vaucluse - Année 2004
du Vaucluse - Les Polypodes du Vaucluse
- Sortie du 9 mai 2004 (les marnes et ocres de Blauvac/Mormoiron)
Siège Social avec Jean-Pierre Roux
Lycée Agricole - A la rencontre des orchidées
François PETRARQUE - Note sur la flore des « Busans » - Gordes.
Cantarel - route de Marseille - Les enjeux de la biodiversité sur les crêtes du Petit Luberon (La cèdraie et
les milieux ouverts sommitaux)
Adresse postale - Esprit Requien (1788-1851) un botaniste avignonnais méconnu
BP 1227
Site Agroparc Stage de la Société Botanique de Vaucluse
84911 AVIGNON cedex 9 en Cerdagne et Capcir dans les Pyrénées-Orientales
des 10 au 14 Juillet 2004 p. 15
Adresse Internet - Rappel des itinéraires
Site SBV - Quelques uns des milieux et habitats observés
http://www.sbvaucluse.org
Botanique Générale p.21
Courriel - Plantes envahissantes de la région méditerranéenne.
info@sbvaucluse.org - Liste des plantes envahissantes de la région méditerranéenne (15 fiches)
- Encore une envahissante… !
Réunion mensuelle - Week-end dans les Baronnies (22 et 23 mai 2004)
Tous les deuxièmes mardis du mois, - Biodiversité
au Lycée François PETRARQUE - Informatisation des collections
- Arabidopsis thaliana
Cotisation annuelle - Mares temporaires
18 euros membres adhérents - Ambroisie
9 euros membres associés
9 euros étudiants Informations p.23
demandeurs d’emploi - Un aperçu de nos activités au sein des manifestations à caractères botani
ques de la région PACA
Droit d’entrée - S’instruire à Salagon
7 euros nouvel adhérent
Notes de lecture p.24
- Flora alpina
Bulletin de la SBV - Des publications récentes pour se repérer dans l’Histoire de la Botanique
- Introduction à la botanique
Distribution - Le courrier de l’environnement de l’I.N.R.A
Le bulletin de la SBV est distribué gratuite- - Atlas en couleurs - Structure des plantes
ment aux adhérents. Les non adhérents peu-
Bibliographie p.27
vent se le procurer en adressant leur demande
à l’association.
Parutions p.28
Directrice de Publication
La Présidente : Huguette ANDRE
Le coin de la poésie p.28
Redaction
Les membres du bureau de l’association Encart couleur au centre du bulletin pages I à VIII
Maquette et Impression
Denis Coquidé - Didier Alapetite

N° ISSN : 1281-2676
Bulletin de la SBV - 2 - n°15 - mai 2005
Editorial
Ont participé à ce numéro
Huguette André
30250-Junas
Voici le n°15 Junasole@aol.com
un peu tardif pour beaucoup de bonnes raisons que je ne vais pas vous exposer.
Vous allez pouvoir le lire, le commenter, présenter vos remarques, Josette Argaud
par écrit ou par courriel, à ce propos je vous donne l'adresse nouvelle: 66000 Perpignan
sbvaucluse@yahoo.fr jos.argaud@wanadoo.fr
Le site Internet a lui aussi changé :
www.sbvaucluse.org André Bart
Ces changements ont monopolisé beaucoup de temps pour trouver une solution qui 26170 Buis les Baronnies
conviennent aux membres du bureau, j'espère que cela fonctionnera bien et que tous les AnBart@wanadoo.fr
adhérents internautes trouveront ce qu'ils désirent. Je dois préciser que ce n'est pas un ad-
Jean-Claude Bouzat
hérent qui a pris en charge la création du site mais un professionnel et il en assure la main- 34090 Montpellier
tenance (auparavant c'était Daniel Mathieu qui avait crée et hébergé le site de la SBV, ce Jean-claude.bouzat@club-internet.fr
n'était plus actuellement possible pour lui).Deux solutions ont été envisagées soit l'annuler
ou le maintenir sous une autre forme. Sur les conseils de Daniel et d'autres internautes nous Sarah Brunel
avons recherché dans notre proche entourage un concepteur de site car aucun de nous 34000- Montpellier
n'avait les compétences en la matière. www.ame-lr.org
L'assemblée générale a eu lieu le 8 mars 2005
Voici un bref compte rendu moral : Pierre Duthilleul
84000 Avignon
32 personnes présentes sur 134 inscrits (dont 11 nouveaux).
Chaque année il y a une dizaine de nouvelles adhésions mais il y a en contrepartie une di- Bernard Girerd
zaine de personnes qui ne renouvellent pas leur inscription. Les conférences et les sorties 84250-Le Thor
sont suivies par une 30ne d'adhérents. 25 pour la session d'été. bernardgirerd@wanadoo.fr
La participation aux manifestations publiques : les journées de Sérignan, les fruits de l'au-
tomne, ainsi que la fête de l'arbre en Avignon, demeure un peu faible, j'ai fait la remarque Michel Graille
suivante :" se sont toujours les mêmes ", il faut que ça change ! Je le souhaite vivement 84310-Morières les Avignon
pour que notre association demeure dynamique. micgrail@wanadoo.fr
Bilan financier présenté par Claire Ventrillard s'avère positif avec 809 €,
Christian Grosclaude
voici un aperçu les: 43520-Le Mazet Saint Voy
Recettes Cotisations 2498 christian.grosclaude@wanadoo.fr
Vente publication 703
Subventions Indemnités 1368 Georges Guende
Dons 59 84400-Apt
Total 4628 € georges.guende@parcduluberon.fr
Dépenses Fonctionnement 3772
Achat livre 47 Roselyne Guizard
Total 3819 € 84380-Mazan
rguizard@voila.fr
Le bilan est positif, mais les frais engagés pour la mise en place du site, la réalisation du Jean-Pierre Jacob
bulletin, et l'achat d'un vidéo projecteur que nous avons étrenné lors de l'assemblée généra- 46150 Boissières
le ne figurent pas dans les dépenses (2004). Jacob.jeanpierre@free.fr

Autre changement (que vous savez déjà pour la plupart), depuis la parution du programme Odette Mandron
je ne suis plus domiciliée à Montfavet. Je vous rappelle qu'il faut trouver un ou une prési- 38700- La Tronche
dent(e) vauclusien (ne) c'est bientôt l'année prochaine !!!!!!Pensez-y !
Pierre Moulet
84000 Avignon
En attendant, je vous souhaite une bonne saison botanique. Je vous signale que vous pou- musee.requien@wanadoo.fr
vez nous envoyer vos photos numériques, vos propres observations floristiques à la SBV
par courriel elles pourront être éventuellement diffusées sur le site, un autre moyen de par- Jean-Pierre Roux
ticiper activement. A bientôt. 84200 Carpentras
cbn.84@wanadoo.fr
La présidente,
Huguette ANDRE Catherine Salles
26770 Salles/Bois
salles.catherine@free.fr
Vous pourrez noter quelques modifications dans la structure du bureau 2004 :
Présidente : Huguette André David Tatin
Conseiller scientifique : Bernard Girerd 84660 Maubec
Ceep.84@wanadoo.fr
Vice Présidente : Nicole Chiron - Vice Président : Jean-Pierre Jacob
Trésorière : Claire Ventrillard - Trésorière Adjointe : Roselyne Guizard Jean Virolleaud
Secrétaire : Michel Graille - Communication : Jeanne -Marie Pascal - 84000 Avignon
Bibliothèque : Mireille Tronc - Coordonnateur des relevés botaniques : Jean-Claude Bouzat
Autres membres : Janine Vizier, Jean-Pierre Roux, Daniel Mathieu Claire Ventrillard
84000 Avignon
Bulletin de la SBV - 3 - n°15 - mai 2005
Botanique Vauclusienne
Plantes nouvelles 2004 179 bis - Hordeum marinum Huds. - larges folioles et à ses gros fruits d’un
Cette espèce littorale proche d’Hor- noir luisant. Mais nous la rencontrons
deum murinum L. s’en différencie par essentiellement à proximité du littoral,
Pour cette année 2004, on peut
ses épis glauques et beaucoup plus notamment dans le Var (très abondante
enregistrer 7 espèces nouvelles petits et par ses feuilles étroites. Signa- à Porquerolles) et dans les Bouches du
ou retrouvées pour le départe- lée par M. PALUN (1867) sur les Rhône. Les citations éloignées de la
ment de Vaucluse. Cinq de ces bords de la Durance elle avait été ob- mer sont rares et sporadiques (par
nouveautés (Lagurus ovatus L., servée sur ce cours d’eau en 1997 (H. exemple à Saint-Rémy-de-Provence en
MICHAUD et J.-P.R), dans les Bou- 1988). Une population d’une cinquan-
Hordeum marinum Huds., Lotus ches-du-Rhône, en face de l’ancienne taine de sujets a été détectée par C.
ornithopodioides L., Smyrnium Chartreuse de Bonpas (station à Eu- ROULET à Mondragon, au bord de la
olusatrum L. et Eclipta prostrata phorbia serpens Kunth). Elle vient RN 7, au niveau de la digue ouest du
(L.) L.) sont des plantes de mi- d’être retrouvée (très importante popu- canal de fuite de Donzère-Mondragon.
lation) dans le Vaucluse à Bollène au Il s’agit peut-être également d’une pré-
lieux chauds, jusqu’alors considé-
sud de l’usine hydroélectrique A. Blon- sence accidentelle, liée aux grandes
rées comme des « littorales » et del. Mais il faut dire que ce site est voies de communication, probablement
paraissant remonter sensiblement connu pour la présence d’autres espè- aussi à l’origine de l’observation, pres-
plus au nord de leur localisation ces littorales comme Limonium echioi- que chaque année, de quelques pieds
habituelle. Faut-il y voir une in- des (L.) Miller, ou encore Polypogon de Ferula communis L. sur les bords de
maritimus Willd. subsp. maritimus. l’autoroute A 7.
fluence du réchauffement clima-
tique ou de simples apparitions 890 - Trifolium strictum L. - Cette 1459 bis - Lomelosia simplex (Desf.)
sporadiques ? La découverte de espèce calcifuge connue sur grès dans Rafin. – G. GUENDE (ainsi qu’ A.
Trifolium strictum L. vient les Alpes-de-Haute-Provence (P. SAATKAMP, M. BARCELLI et J.-P.
confirmer une fois de plus la ri- LIEUTAGHI à Vachères ; G. R.) ont observé à Apt, aux Jean-Jean,
chesse floristique du massif des GUENDE à Oppedette et au Revest- des plantes correspondant bien aux
des-Brousses) vient enfin d’être détec- critères de ce taxon qui diffère de L.
ocres de Gignac-Roussillon. Quant tée dans le Vaucluse par un jeune étu- stellata (L.) Rafin. (=Scabiosa monspe-
à Lomelosia simplex (Desf.) Ra- diant allemand A. SAATKAMP à Apt liensis Jacq.) essentiellement par des
fin., ce pourrait être un taxon aux Jean-Jean, tout près de la station de bractées entières et non divisées. Tou-
jusqu’alors sous-observé. Une Lomelosia simplex (Desf.) Rafin. Elle tefois, il serait utile de faire de nouvel-
doit se trouver probablement ailleurs et les observations sur ces plantes pour
sous-espèce nouvelle doit égale-
est à rechercher sur l’ensemble du mas- bien confirmer la présence, chez nous,
ment être prise en compte : Ga- sif de Gignac-Roussillon. des deux espèces, car il risque d’y
lium palustre L. subsp. elongatum avoir eu des confusions précédemment.
(C. Presl) Lange. Enfin, un curi- 913 bis - Lotus ornithopodioides L. - De plus la synonymie entre L. stellata
eux hybride entre un Aegilops et Ce lotier est bien différent des diverses et S. monspeliensis n’est pas admise
formes de Lotus corniculatus L. que par Flora Europaea qui décrit 2 espè-
un blé mérite notre attention.
nous rencontrons habituellement dans ces différentes, contrairement aux trai-
notre région. Il est beaucoup plus tements plus récents (BDNF).
91 bis - Lagurus ovatus L. - Cette élé-
grand, avec des folioles larges et
gante graminée à inflorescences ovoï-
surtout, les longues siliques (plus de 5 1522 bis -Eclipta prostrata (L.) L. - Il
des mollement velues, ainsi que toute
cm), fortement arquées, sont réunies en s’agit d’une Composée annuelle, peu
la plante, avait été signalée sporadique-
grappes et très voyantes. Normalement, élevée (30 à 50 cm), à feuilles oppo-
ment en Vaucluse (bords de la route
cette espèce reste étroitement liée aux sées, lancéolées entières ou très faible-
d’Uchaux à Mornas), paraissant plutôt
pelouses sèches du littoral. Une popu- ment dentées et à petits capitules de
échappée de jardins comme plante or-
lation dense, mais peu étendue a été fleurs blanches solitaires ou groupés
nementale. Elle semble maintenant
découverte à Avignon, sur la digue de par 3 à l’aisselle des feuilles. C’est une
mériter de figurer dans la flore départe-
la Durance proche de la confluence plante hygrophile originaire des ré-
mentale puisque, au cours de la sortie
avec le Rhône par N. CHIRON. Pour gions tropicales, inconnue en France
de la Société Botanique du Vaucluse avant 1990, au moment de sa décou-
du 20 mai 2004, elle a été observée à le moment, on peut considérer cette
présence comme accidentelle, mais il verte en Camargue. Bien décrite par P.
Avignon, en plusieurs points de la di-
faudra cependant surveiller son main- JAUZEIN, elle est citée également
gue de la Durance, entre la gare TGV
tien éventuel. dans Flora Europaea (4 : 141) et dans
et la confluence avec le Rhône. Bien
la Flora d’Italia de S. Pignatti (3 : 57).
connue dans les Bouches-du-Rhône, on
1082 bis - Smyrnium olusatrum L. L’un de nous (J.-P. R.) en a observé
peut penser qu’elle a maintenant fran-
« Maceron à fruits noirs » - Nous une petite population à la Roque-sur-
chi la Durance, en direction du nord.
connaissons bien cette grande ombelli- Perne, à proximité du cimetière. Il fau-
Son extension éventuelle est à surveil-
fère (dépassant souvent 1 m de haut), dra surveiller si cette présence est acci-
ler.
caractérisée par ses feuilles divisées en dentelle et sans suite, ou si elle peut
s’implanter longtemps, sachant qu’elle

Bulletin de la SBV - 4 - n°15 - mai 2005


est bien liée aux milieux aquatiques. x triticoides (Req. ex Bertol.) A. sés pour chaque espèce concernent la
Bibliographie : Camus a été récolté par J.H. FA- ou les feuilles caulinaires moyennes
JAUZEIN, P. 1991 - Eclipta prostrata (éventuellement la supérieure) et non
(L.) L. adventice des rizières de Ca-
BRE à Orange en 1871. C’est un celles situées en bas de tige. Il convient
margue. Monde Pl. 440 : 15-16. hybride entre Aegilops ovata L. toutefois d’admettre une marge de va-
et Triticum aestivum L. Avec riabilité et il faut étudier plusieurs
1399 - Galium palustre L. - Cette des observations attentives, nous plantes d’une même population.
espèce des milieux humides, caractéri- pouvons donc espérer découvrir
sée par ses feuilles plus ou moins obtu- Les 6 espèces concernées peuvent se
ses et surtout non mucronées a déjà été
quelques uns de ces hybrides, en répartir en 2 groupes :
observée dans le Vaucluse sous 2 sous- bordure des champs de blé.
espèces distinctes : subsp. palustre et 2 espèces à tiges non ou peu feuillées :
subsp. debile (Desv.) Bonn. & Layens Bernard GIRERD Hieracium murorum et Hieracium
(= G. constrictum Chaub.). A la suite Jean-Pierre ROUX umbrosum
d’observations de C. ROULET dans
les fossés et mayres de la région de Les Hieracium forestiers 4 espèces à tiges très feuillées :
Lapalud, il convient maintenant d’ajou- Hieracium ramosissimum, Hieracium
ter une 3e sous-espèce : Galium palus-
du Contrat (Ventoux) prenanthoides, Hieracium juranum et
tre L. subsp. elongatum (C. Presl.) Bernard GIRERD Hieracium rapunculoides.
Lange.
Ces trois sous-espèces, qui doivent La forêt du Contrat, à l’est du Mont- Les 2 espèces à tiges non ou peu
exister dans plusieurs stations du dé- Serein est bien connue des promeneurs feuillées
partement, peuvent se reconnaître ain- car c’est la plus montagnarde et une
si : des plus agréables du massif du Ven- Ces deux Hieracium présentent des
subsp. debile : plante grêle à feuilles toux car l’influence des reboisements y tiges nues ou à 3 feuilles au maximum.
très étroites, de 15 mm x 1,5. est assez limitée. La partie située entre Ce sont des plantes bien vertes et mu-
subsp. palustre : feuilles de plus de 2 la cabane du Contrat et la grande Com- nies de poils homogènes, tous fins, non
mm de large et inflorescences à ra- be Faoulaitière abrite les plus vénéra- mêlés de poils épais.
meaux et pédicelles réfléchis à la fin de bles sapins et hêtres, véritables reliques
la floraison. de la forêt primitive, rescapés des Hieracium murorum L.
subsp. elongatum : feuilles aussi larges grands déboisements anciens. Cette Cette espèce se distingue de toutes
que celles de la sous-espèce précéden- partie de forêt doit faire l’objet d’une celles avec qui elle a été trop souvent
te, mais plante beaucoup plus robuste protection intégrale. confondue par les caractères suivants :
(dépassant souvent 1 m de haut) avec couleur des feuilles d’un vert pur, un
des rameaux de l’inflorescence dressés, Le sentier de la Frache, tracé au niveau peu brillant, sans macules et aucune
non réfléchis. de 1400 m d’altitude, permet une péné- tendance à la glaucescence (H. glauci-
tration facile et fort intéressante pour num qui peut lui ressembler est de tein-
les botanistes qui peuvent ainsi obser- te nettement glauque et normalement
Hybride entre un Aegilops ver à peu près tous les éléments floris-
et un Triticum (Blé) plus précoce avec une pilosité compor-
tiques de l’étage montagnard. C’est tant une proportion de poils épais) ; les
aussi le seul endroit du Ventoux (et de tiges sont nues ou munies d’une seule
A proximité d’un champ de blé tout le Vaucluse) qui abrite une intéres- feuille bien développée (parfois une 2°
et parmi des populations d’Aegi- sante collection de Hieracium qu’il est très réduite) nettement pétiolée, le lim-
lops divers, notre ami C. ROU- possible de qualifier de « forestiers », be, bien distinct étant arrondi et même
c’est-à-dire 6 espèces exclusivement un peu cordiforme à la base (croquis ci
LET a eu la chance (et la patien- liées à la strate arborescente et à peu
ce !) de trouver à Lapalud, près -dessous) . L’inflorescence, sur les
près inconnues ailleurs en Vaucluse. sujets normaux forme une ample pani-
du Lauzon, une plante énigmati- cule ramifiée et dense et non fourchue
que, évoquant un hybride. Elle a Sur le même itinéraire, on peut ren- et pauciflore comme chez H. bifidum.
été transmise à J. MOLINA pour contrer, à la faveur de clairières ou de Cette plante n’est pas rare dans le forêt
rocailles découvertes, d’autres Hiera- du Contrat, mais elle reste liée à sa
examen et il s’avère qu’il s’agit cium non inféodés à la forêt, comme
de : Aegilotriticum x rodetii partie la plus fraîche.
toute la gamme des espèces glanduleu-
(Trab.) A. Camus. C’est un hy- ses (H. amplexicaule et taxons pro-
bride entre Aegilops ventricosa ches), ou les plantes de large réparti-
Tausch. et Triticum durum Desf. tion dans la région, comme H. glauci-
num ou H. bifidum et leurs satellites.
(c’est-à-dire le blé dur). Ils n’entrent pas dans cette étude.
Les hybrides entre des Aegilops
et le blé sont connus de longue Comme pour tous les Hieracium, la
date (et cités par P. FOUR- détermination de ces plantes forestiè-
NIER), mais ils sont toujours res » n’est pas très facile, mais l’appro-
che adoptée ici repose beaucoup sur la
rares et réduits à des sujets iso- forme des feuilles qu’il convient d’ob-
lés. Un épi d’Aegilotriticum server attentivement ; les dessins réali-

Bulletin de la SBV - 5 - n°15 - mai 2005


comportent presque que des poils glan- Hieracium juranum Fries
Hieracium umbrosum Jord. duleux, chez d’autres, il y a un mélan- Normalement, cette espèce se présente
Cette plante ressemble à la précédente, ge avec des poils simples et parfois comme un H. prenanthoides plus ré-
mais elle s’en distingue par la présence même, les poils glanduleux sont très duit : dont les feuilles caulinaires sont
de 2 (ou 3) feuilles caulinaires dont la rares (moins de 10 %) et très petits. Ce moins nombreuses, moins nettement
supérieure est nettement embrassantes, sont donc des plantes assez variables resserrées « en violon » et moins large-
l’autre étant atténuée à la base, avec un mais la plupart ont des feuilles cauli- ment embrassantes (croquis ci-
pétiole indistinct, bordé d’une aile em- naires un peu rétrécies « en violon », dessous) ; les tiges sont garnies, à la
brassant légèrement la tige (croquis ci- embrassantes à la base (croquis ci- base, de feuilles encore vertes au mo-
dessous de la feuille supérieure et de la dessous), de teinte sensiblement glau- ment de la floraison. De plus, c’est une
feuille caulinaire moyenne). Normale- que au moins en dessous, généralement plante très polymorphe et un peu dé-
ment, ces plantes sont phyllopodes, dentées et munies d’un réseau de ner- routante, comportant des populations
c’est-à-dire pourvues, au moment de la vures très apparentes. Les alvéoles des phyllopodes, d’autres aphyllopodes. .
floraison, de plusieurs grandes feuilles réceptacles sont dépourvues de cils, ce Dans le Ventoux, toujours à cause des
basales encore vertes au moment de la qui permet d’éviter des confusions conditions sèches, les plantes ont vite
floraison, formant une rosette bien dé- avec H. viscosum, espèce qui pourrait tendance à se défeuiller à la base, com-
veloppée. Toutefois, les années très lui ressembler mais jamais signalée ni me chez H. prenanthoides rendant le
sèches, cette rosette basale est souvent observée dans le Ventoux. H. ramosis- jugement difficile. C’est de loin, l’es-
fanée et plus ou moins disparue dès le simum recherche les stations rupestres, pèce la plus répandue dans toute cette
début de floraison. On rencontre cette plus souvent en bordure que dans la forêt dont elle s’éloigne volontiers dans
espèce dans les mêmes milieux que H. forêt elle-même. les milieux voisins.
murorum et souvent en mélange.

Hieracium prenanthoides Vill. Hieracium rapunculoides A.-T.


Ce sont des plantes forestières classi- Les plantes appartenant à cette espèce
ques et bien connues par leurs feuilles ressemblent à des H. juranum mais les
toutes typiquement en forme de violon feuilles caulinaires, peu nombreuses
(resserrées à leur tiers inférieurs) et (souvent pas plus de 5), sont progressi-
largement embrassantes (croquis ci- vement rétrécies en coin dans leur moi-
dessous) ; la base des tiges est généra- tié inférieure, sans tendance « en vio-
lement défeuillée ou munie de feuilles lon », et très peu embrassantes (ci-
sèches dès le début de la floraison. dessous), croquis de la feuille supérieu-
Toutefois, dans le Ventoux, sans doute re et d’une feuille caulinaire moyenne).
à cause des conditions plutôt sèches on Cette espèce paraît plutôt rare mais elle
Les 4 espèces à tiges très feuillées rencontre peu de sujets très typiques est peut-être sous-observée à cause de
Ces 4 plantes peuvent être assez hautes mais surtout des plantes peu élevées à la ressemblance avec H. juranum à
(jusqu’à 1 m) avec des tiges compor- feuilles caulinaires relativement peu laquelle elle est bien mêlée. (elle a été
tant toujours au moins 5 feuilles (H. nombreuses (guère plus de 10) qu’il est notée vers 1700 m, à la tête de la Gra-
rapunculoides), parfois plus de 10 (H. souvent difficile de distinguer de H. ve, sous les derniers pins à crochets du
ramosissimum et H. prenanthoides). juranum. Les populations sont bien haut du versant nord).
Pour les étudier il faut toujours com- localisées dans les parties les plus fraî-
mencer par donner un coup de loupe ches de cette forêt.
sur les bordures de feuilles à la recher-
che de poils glanduleux, normalement
visibles même sur le terrain !

Hieracium ramosissimum Schl.


Ce sont, en général, de grandes plantes
formant des colonies importantes et à
floraison très tardive (août). Elles se
différencient de tous les autres Hiera-
cium forestiers par la présence de poils
glanduleux en bordure de feuilles.
Mais attention, si certains sujets ne

Bulletin de la SBV - 6 - n°15 - mai 2005


Les Polypodes Forme du sommet du limbe : Brusque- lement, des espèces à fort intérêt patri-
ment rétréci en longue pointe pour P. monial.
du Vaucluse cambricum, progressivement réduit
Bernard GIRERD chez P. interjectum. Le premier arrêt est réservé au Vallat
du Canadel situé à proximité du village
Les Polypodes sont, parmi les fougères Dentelures des pennes : très marquées de Blauvac. Ce site appartient à un très
de notre région, celles qui sont les plus chez P. cambricum, presque inexistan- long et étroit ensemble qui s’étire sur
faciles à reconnaître. Les frondes, sim- tes chez P. interjectum. une dizaine de km de Crillon-le-Brave
ples mais profondément lobées, se dé- à Méthamis. Il se caractérise par une
veloppent sur des rhizomes épais et Périodes de fructification : En hiver ou alternance de bancs de gypse et d’argi-
longuement rampants. On les rencontre début de printemps pour P. cambricum, le qui conservent l’humidité pendant
dans les ravins ombragés de tous les fin d’été et hiver pour P. interjectum. longtemps et se présentent sous la for-
massifs montagneux du Vaucluse, à C’est pourquoi, sur la planche ci-jointe, me de vallons très pentus et souvent
partir de 100 m d’altitude, jusqu’à plus les sores sont d’un jaune pâle sur P. encaissés. Il est à noter que le gypse est
de 1500 m. cambricum, car en début de formation, encore exploité non loin de là. Dans
Mais les plantes regroupées sous cette alors qu’elles sont brunes et en fin d’é- ces milieux si particuliers et à la végé-
appellation collective se composent en volution sur P. interjectum. tation clairsemée nous observons une
réalité de 3 espèces distinctes, souvent belle euphorbe à tige très fine, à feuil-
encore confondues. Il s’agit de : Deux autres critères important n’appa- les étroites (1mm) et aux inflorescen-
raissent pas sur les photos : ces petites et peu nombreuses, Euphor-
Polypodium vulgare L., Polypo- bia graminifolia Vill. (= E. tenuifolia
dium cambricum L. et Polypodium La présence de paraphyses dans les Lam.) endémique provenço-
sores de P. cambricum, alors qu’elles dauphinoise (surtout Provence et haute
interjectum Shivas
sont absentes chez P. interjectum. Il Provence), espèce protégée nationale-
faut savoir que les paraphyses sont ment.
Pendant longtemps, (et notamment parfois peu visibles et peuvent même
dans mon inventaire de 1978), on ne Presque tout le reste de la journée se
paraître absentes sur les plantes sèches déroulera alors à Mormoiron, dans les
reconnaissait que 2 espèces : P. vulga- ou en fin de fructification.
re et P. cambricum (= P. australe Fée, sables ocreux d’un secteur qui s’inscrit
P. serratum Willd.). Depuis, la présen- en arc de cercle en piémont du mont
Les deux pennes inférieures de P. cam- Ventoux pour se terminer au nord à
ce des 3 taxons a été bien confirmée en bricum sont redressées vers la face
Vaucluse. Leur détermination est facile Bédoin. Ces gisements d’ocres qui se
supérieure, alors que chez P. interjec- retrouvent, dans le Vaucluse, dans le
avec le récent et remarquable ouvrage tum elles sont normalement situées sur
de R. Prelli : Les fougères et plantes bassin d’Apt ( Gignac/Roussillon) et à
le même plan que les autres. Bollène/Uchaux se présentent sous
alliées de France et d’Europe occiden-
tale, Belin 2000). forme de lentilles très irrégulières. On
Il ne faut toutefois pas s’étonner de est ici en présence d’un paysage insoli-
rencontrer des sujets ambigus, car il te, parmi les plus remarquables du dé-
Il faut cependant préciser que l’emploi existe des hybrides entre ce 2 espèces.
de la loupe binoculaire est indispensa- partement et façonnés par l’homme qui
Et d’ailleurs, les déterminations certai- en a exploité l’ocre depuis le XIXe
ble pour détecter les paraphyses dissé- nes devraient comporter le dénombre-
minées dans les sores et pour l’obser- siècle, exploitation qui se poursuit tou-
ment chromosomique, les 3 taxons jours. Ce sont des sédiments d’origine
vation des cellules mécaniques des étant caryologiquement différents,
sporanges. marine datant du Crétacé qui, par lessi-
mais ce critère n’est pas à la portée des vage et altération sous un climat de
Polypodium vulgare est l’espèce la botanistes de terrain.
moins répandue dans notre départe- type tropical, ont donné naissance aux
ment. Elle n’a été notée que sur le ver- ocres aux pigments si contrastés (du
sant nord du Ventoux, dans le massif SORTIE DU 9 MAI 2004 jaune au rouge en passant par le blanc
ou le vert).
du Saint-Amand et à Rustrel. Elle est (les marnes et ocres de Le deuxième arrêt nous conduit à la
surtout caractérisée par un limbe étroit,
à bords à peu près parallèles et par une
Blauvac/Mormoiron) Pavouyère. En bordure de route, on
fructification surtout estivale. avec Jean-Pierre ROUX rencontre :
Par contre, P. cambricum et P. inter- Bunias erucago L.
jectum sont très abondants et souvent Le rendez-vous était prévu devant la Corynephorus canescens (L.) P.
en contact dans les mêmes milieux ; mairie de Blauvac (Vaucluse) d'où Beauv.
leur différenciation est parfois délicate. nous sommes partis pour effectuer un Myosotis ramosissima Rochel
Dans la combe de la Canaud à Flassan, circuit principalement axé sur les sa- Artemisia campestris L.
les deux cohabitent et la planche ci- bles ocreux de la commune de Mor- Hypochaeris glabra L.
contre permet une utile comparaison moiron. La végétation psammophile y Hypochaeris radicata L.
des caractères. Les deux plantes sélec- est très caractéristique, formée princi- Alkanna tinctoria Tausch (l’orcanette
tionnées présentent, en effet, tous les palement d’une pinède de pin maritime qui est une plante tinctoriale)
critères donnés par Prelli, à savoir : et d’une lande à bruyères à l’intérieur illustration page 8
Forme générale du limbe : Le rapport desquelles des pelouses à annuelles Hieracium umbellatum L.
longueur/largeur est de ½ pour P. cam- arrivent parfois à s’exprimer. Les an- Calluna vulgaris (L.) Hull
bricum, et de 1/3 pour P. interjectum. nées pluvieuses leur biodiversité est Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray
exceptionnelle et on y rencontre, loca- Trifolium dubium Ehrh.

Bulletin de la SBV - 7 - n°15 - mai 2005


Aethionema saxatilis (L.) R. Br. ceptionnel avait été visité à l’automne Euphorbia graminifolia Vill.
Vers le fond de la parcelle, la présence 2003 où quatre espèces à très fort inté-
( E. tenuifolia Lam. )
d'une mare, en eau une bonne partie de rêt patrimonial y avaient été obser-
l’année, apporte un élément de diversi- vées : -Protégée Nationale-
fication avec entre autres : Bassia laniflora (S.G. Gmel.) A.J.
Carex punctata Gaudin(protégé en Scott. (= Kochia arenaria (P. Gaertn. Plante vivace glabre de 10 à 50
région Provence-Alpes-Côte d’AZUR) & al.) Roth), plante annuelle originaire cm. de hauteur, de couleur entiè-
Populus tremula L. d'Asie centrale et qui ne s’observe en rement verte, à tige dressée, grê-
Populus nigra L. France, pratiquement plus que dans le le, raide, feuillée, le plus souvent
Salix cinerea L. Vaucluse (Protégé en région Provence- simple mais portant parfois quel-
Juncus anceps Laharpe (toujours très Alpes-Côte d’Azur) ques rameaux floraux sous l’om-
rare en région méditerranéenne).Le Cycloloma atriplicifolium (Sprengle)
belle. Les feuilles sont dressées,
troisième arrêt au Vallat de la Naye Coulter (figure dans le supplément de
permet l’observation de beaux spéci- la flore de P. FOURNIER, après la
un peu fermes, étroitement lan-
mens de pin maritime et de pin pignon table des matières). C’est une espèce céolées à linéaires (1,50- 6 cm.
( Pinus pinaster Aiton et Pinus pinea naturalisée qui est très rare en France de long sur 1 à 3 mm. de large),
L.), mais également de : (quelques localités seulement) aiguës, uninervées et un peu lui-
Cruciata pedemontana (Bellardi) Ces deux espèces sont des Chénopo- santes ; celles du bas de la tige,
Ehrend. (= Galium pedemontanum diacées liées aux sols sableux et à rapidement caduques, sont les
(Bellardi) All.) à la tige grêle portant floraison estivale. plus courtes. La floraison a lieu
des aiguillons très petits aux angles Silene portensis L. (plante annuelle du en mai et juin. Les fleurs, monoï-
Peucedanum oreoselinum (L.) Moench littoral atlantique et qui est protégée en ques, sont situées à l’extrémité de
Trifolium subterraneum L. région Provence-Alpes-Côte d’Azur)
trois à cinq rameaux, fins et bi-
Trifolium diffusum Ehrh., trèfle extrê- Bufonia tenuifolia L. (Caryophyllacée
mement rare sur l’ensemble du territoi- très discrète qui fleurit plus tôt et af-
furqués, réunis en ombelle termi-
re national et qui est ici abondant et ce fectionne les sols arides) nale pourvue d’un involucre de
même si, la plantation récente d’une La parcelle qui héberge ces espèces feuilles lancéolées plus larges et
vigne l’a en partie endommagé vient de faire l’objet d’une acquisition plus courtes que celles de la tige.
Vicia sativa L. subsp. amphicarpa et une gestion conservatoire devrait Les bractées florales, opposées,
(Boiss.) Battand aux fleurs pourpres être assurée dans les meilleurs délais. sont largement ovales lancéolées
qui est spécifique de ces milieux et qui à triangulaires. Le fruit est une
mériterait probablement d’être mieux Le sixième et dernier arrêt est situé à
l’Arcade, à 3 km environ de Mormoi- capsule trigone glabre (environ 3
étudiée, tellement elle est particulière. mm. de long), légèrement chagri-
ron en direction de Bédoin. On y re-
trouve le même substrat qu’au premier née et pustuleuse. Cette espèce
Le quatrième arrêt est situé près de la
ferme des Sourds. En bordure d’une arrêt, mais avec des espèces bien diffé- assez mal connue a longtemps
piste on rencontre : rentes et dont certaines sont peu com- été considérée comme une endé-
Lathyrus angulatus L. munes : mique du sud-est de la France,
Trifolium subterraneum L. Bromus japonicus Thunb. mais il semble que sa répartition
Valerianella carinata Loisel. Althaea hirsuta L. soit un peu plus large.
Ornithogalum narbonense L.
alors que dans une friche proche à la C’est une plante des lieux humi-
très riche biodiversité, on peut noter : Ranunculus bulbosus L.
Sonchus asper (L.) Hill
des à marécageux, herbeux, le
Cruciata pedemontana (Bellardi) plus souvent sur sol argileux,
Ehrend. Phragmites australis (Cav.) Steudel
Crepis pulchra L. également dans quelques dépres-
Spergula pentandra L.
Orchis purpurea Hudson sions de clairières fraîches de
Trifolium incarnatum L.
Vicia hirsuta (L.) S.F. Gray Aegilops cylindrica Host pinèdes, à basse et moyenne alti-
Vicia lutea L. tude (moins de 1000 m.)
Huguette André et Jean-Pierre Roux Comme toutes les plantes de
Le cinquième arrêt s’effectue au site de lieux humides, cette euphorbe
Vacquière. Avant d’y arriver et au bord s’est raréfiée à cause des travaux
de la route Mormoiron-Flassan, une
de drainage et de mise en culture
vesce aux fleurs d’un pourpre très fon-
cé et aux gousses pubescentes attire
des prairies humides.
notre attention. Il s’agit de Vicia villosa Par la forme caractéristique de
Roth. subp eriocarpa (Hausskn.) P.W. ses feuilles, la discrète Euphorbe
Ball. C’est une espèce qui se rencontre à feuilles de graminée est plus
régulièrement dans tout ce secteur et facile à déterminer qu’à discerner
qui a été récemment mise en évidence sur le terrain.
en France (elle était probablement con-
fondue avec d’autres taxons). (D’après « Inventaire des plantes
A Vacquière même on rencontre en protégées en France » de P.Danton
particulier Phleum arenarium L. subsp. et M.Baffray –Ed. Nathan)
caesium H. Scholz.
Il est à noter que ce site tout à fait ex-

Bulletin de la SBV - 8 - n°15 - mai 2005


A la rencontre des orchidées sés souvent limités par des escarpe- d’implantation dans le Vaucluse. La
ments parfois en escalier et surmontés lande à Genêt de Villars (Genistetum
Sortie du Jeudi 20 Mai 2004 avec de reliefs peu prononcés. villarsii) présente un intérêt patrimo-
Pierre Duthilleul nial exceptionnel en raison de la pré-
(qui nous transmet cette note) Sur le plan géologique, l’ensemble est sence d’espèces orophytes ou en limite
très complexe car il est affecté par une de leur aire de répartition :
« C’est par un bel après midi de Mai, le série de failles. L’assise est constituée
Jeudi 20, que nous nous sommes re- de calcaires compacts à faciès urgonien Arenaria aggregata
trouvés une douzaine, derrière la gare du Bédoulien et plus marginalement, -plante formant des coussinets denses
du TGV à Avignon…Parmi ces douze par des marnes du Ludien. Mais une avec les fleurs groupées par 4 ou 5
personnes figuraient Huguette André, des grandes originalités géologiques dans chaque cyme.
Messieurs Girerd et Roux, … des Monts de Vaucluse se situe préci-
Toutes les orchidées étaient bien au sément sur la dalle de calcaire de type Minuartia capillacea
rendez-vous et fleuries… urgonien des Busans qui a été profon- -plante à grandes fleurs blanches dont
Nous avons rencontré des milliers de dément corrodé par des bactéries calci- les pétales sont typiquement arrondis.
pieds de phages appelées Microcodium. Cette
Serapias vomeracea biocorrosion rend le calcaire très tendre Paronychia kapella subsp. gallopro-
Anacamptis fragrans ( Subsp. de corio- et friable. La roche voit donc sa struc- vinciale
phora ) ture complètement détruite. La masse -plante vivace à souche sus-ligneuse,
Ophrys apifera d’urgonien affectée ici est considérable tortueuse. Ses fleurs en têtes très ser-
Et quelques Himantoglossum robertia- et exceptionnelle puisqu’elle atteint rées, d’un blanc argenté, au sommet
num défleuris… une épaisseur de plus de 40 mètres. des rameaux, sont cachées par des
Cette dalle domine une dépression irré- bractées largement obovales, obtuses
Une participante m’appela pour me gulière, tapissée d’Eocène et d’Oligo- ou mucronées, scarieuses argentées.
montrer une nouvelle espèce, peut-être cène, couches qui se prolongent sur le
Serapia lingua que nous n’avons pas plateau. Ce même plateau est constitué, Lomelosia graminifolia , seule station
encore trouvée sur le 84.Quelle ne fut au sud-est et à l’est de calcaire urgo- du Vaucluse.
pas ma surprise de constater que j’a- nien dur et non altéré. -plante vivace typique à feuilles lon-
vais affaire à un nouvel hybride pour le gues et étroites, soyeuses argentées.
Vaucluse et fort rare dans toute la Pro- Du point de vue climatique, c’est la Ses tiges sont nombreuses, simples,
vence. Un seul pied haut de 28 cm. partie des Monts de Vaucluse la plus ascendantes et elles portent chacune un
avec 6 fleurs et 3 boutons… chaude et la plus aride, l’eau s’y perd seul capitule violet pâle, élégant.
Je le suivis pendant plus d’une semaine par de nombreuses fissures qui alimen-
et le pris en photo, dont voici un bel tent la Fontaine de Vaucluse. La présence de flores d’origine diver-
exemplaire. » se : orophile et montagnarde coexistant
La végétation du site relève globale- avec une flore méditerranéenne à base
Il s’agit d’un hybride Anacamptis co- ment du plafond de l’étage mésomédi- de Pin d’Alep et de romarin interpelle.
riophora Subsp.fragrans X Serapias terranéen, mais l’on y observe des for-
vomeracea mations affines de l’étage supramédi- Grâce à cette richesse patrimoniale, ce
(Voir l’encart couleur ) terranéen (pelouses du Xerobromion). site est tout naturellement inscrit dans
214 espèces végétales en une dizaine plusieurs inventaires : Natura 2000,
d’associations sont recensées. ZNIEFF, Zones de valeur biologique
Note sur la flore des 9 sont inscrites dans le Catalogue des majeure du Parc naturel régional du
« Busans » - Gordes. espèces rares et menacées de la région Luberon.
PACA :
J’ai pu participé le 1er juin 2004, le Arenaria aggregata (L.) Loisel Le Conservatoire- Etudes des Eco-
matin, à une sortie botanique organisée Carex liparocarpos Gaudin systèmes de Provence- Alpes du Sud
par le Parc naturel régional du Lube- Genista pulchella Vis. (CEEP) travaille sur le site par
ron sous la direction de Georges Lomelosia graminifolia (L.) Greuter& convention avec la commune de Gor-
Guende « à la découverte de la flore Burdet des et l’Office National des Forêts.
originale des Busans ». Minuartia capillacea (All.) Graebner Plusieurs actions ont été mises en place
La SBV avait visité le site lors d’une Ophrys drumana Delforge, protégée ces dernières années, notamment grâce
sortie le 26 mars 1995 de Gordes à nationale à un programme européen de restaura-
Sénanque. Paronychia kapella (Hacq.) Kerner tion des pelouses sèches :
subsp. galloprovinciale Küpfer -Restauration des pelouses et des dalles
Le site des Busans, localisé sur la Scorzonera austriaca Willd. sur les terrains communaux (coupe
commune de Gordes, à environ 450- Polygala monspeliaca L. sélective des pins, des buis et gené-
500 m. d’altitude, à l’extrémité nord- vriers). L’objectif actuel est de remet-
orientale du grand vallon de la Sénan- La dalle à Microcodium constitue un tre en place une activité de pâturage
cole, est incontestablement l’un des des plus remarquables habitats rupico- pour entretenir l’ouverture des milieux.
plus remarquables du département sur les pour son contenu écologique aux -Suivi scientifique (avifaune nicheuse,
le plan floristique. Le site appartient particularités botaniques hors du com- entomologie…).
aux Monts de Vaucluse et est caractéri- mun. On y trouve en effet une associa-
sé par un ensemble de vallons encais- tion végétale dont c’est le seul point

Bulletin de la SBV - 9 - n°15 - mai 2005


Sur le plan botanique a été noté en Les Busans
2004 l’augmentation du nombre des la dalle à Microcodium
pieds fleuris d’Ophrys drumana et
l’observation, à confirmer, d’une nou-
velle espèce d’orchidée- Ophrys arach-
nitiformis.
-Information du public (pose de pan-
neaux d’information du public, distri-
bution d’une plaquette).

En résumé, une matinée riche en dé-


couvertes, dont les apports peuvent être
concrétisés grâce aux documents
(rapports et photographies) mis à ma
disposition avec beaucoup de générosi-
té par Georges Guende, Jean-Pierre
Roux et David Tatin, que je remercie
très sincèrement. Je les ai copieuse-
ment pillés…mais c’est pour la bonne
cause ! pastorale depuis les temps les plus an-
Les enjeux ciens.
Michel Graille de la biodiversité
LA CEDRAIE :
sur les crêtes La forêt des cèdres du petit Lube-
Sources : du Petit Luberon ron constitue une zone historique
-Parc naturel régional du Luberon – (La cèdraie et de réalisation forestière.
Secteurs de valeur biologique majeure les milieux ouverts sommitaux) L’on vient ici de toutes parts visiter
ce peuplement de référence semé
Georges Guende- Max Gallardo- vers 1860 par quelques Forestiers
INTRODUCTION :
Hervé Magnin.- 1999. convaincus, à partir de graines ré-
La végétation du petit Luberon s’orga-
coltées dans la forêt nord-Africaine
nise selon trois grands ensembles se
-Conservatoire Botanique National Les premiers arbres arrivés à matu-
superposant aux conditions topographi-
Méditerranéen- Parc naturel régional rité ont commencé à se reproduire
ques. Des formations boisées importan-
du Luberon- vers 1900.Depuis la forêt s’étend
tes (Chênaies et forêts mixtes ) oc-
Diagnostic phytoécologique d’un site chaque année de plus en plus,
cupent l’essentiel de l’ubac ,et de l’a-
d’intérêt communautaire, les Busans puisqu’elle occupe aujourd’hui plus
dret oriental du Petit Luberon. L’adret
( Gordes, Vaucluse, France). de 250 hectares sur le plateau, qui
occidental présente des formations
Georges Guende et Jean-Pierre Roux – était couvert au siècle dernier es-
arbustives et herbacées méditerranéen-
Décembre 1999. sentiellement de pâturages pon
nes. Entre les deux versants se trouvent
ctués de buis et de quelques chê-
des zones de crêtes avec une nette do-
-Conservatoire- Etudes des Ecosystè- nes rabougris. Rares sont les intro-
minance de pelouses et ligneux bas
mes de Provence- Alpes du Sud ductions d’espèces qui ont montré
méditerranéo-montagnards.
(CEEP) une telle force colonisatrice.
Les crêtes du petit Luberon sont oc-
Ecologie :
cupées par un vaste plateau de 600-700
Haut vallon de la Sénancole- rapport Le cèdre de l’Atlas est originaire
m d’altitude de 16 km de longueur et
d’activité 2004. des hautes montagnes du sud de la
pouvant atteindre localement 500 m de
David Tatin – Mission Vaucluse. Méditerrannée où il se développe
largeur .Elles sont limitées au sud et à
naturellement entre 1300 et 2400 m
l’ouest par d’imposantes falaises et,
-Société Botanique du Vaucluse- Bul- d’altitude .Il s’adapte bien sous nos
s’infléchissent doucement vers le nord
letin n° 1- Janvier 1996. climats dans les étages collinéen et
par une série d’arêtes secondaires.
De Gordes à l’abbaye de Sénanque – montagnard où il croit rapidement.
Ce plateau se caractérise géologique-
sortie du 26 mars 1995. Au contraire, dans l’étage méditer-
ment par une roche calcaire très dure
Roselyne Guizard. ranéen, il a une croissance plus
de type urgonien favorisant un modelé
lente et une certaine difficulté à se
karstique à lapiaz.
-La flore du département de Vaucluse reproduire. Le cèdre prospère sur
Si la moitié orientale de ce plateau est
– Nouvel inventaire- Bernard Girerd. tous les types de sols, excepté les
occupée
sols argileux ou mouilleux.
aujourd’hui par une vaste cédraie plan-
En réalité le cèdre ne fait que re-
tée dans les années 1860 ,la partie s’é-
trouver ici un habitat qu’il avait déjà
tendant sur la moitié ouest est consti-
occupé anciennement puisque des
tuée de milieux ouverts :vastes landes à
analyses polliniques de sédiments
buis et thym ponctuées de quelques
ont dévoilées son existence en Pro-
chênes verts et blancs accompagnés
vence , il y a guère plus de 20 000
d’une riche végétation herbacées
ans avant notre ère.
conférant à cet espace une vocation

Bulletin de la SBV - 10 - n°15 - mai 2005


Sur le Luberon, les cèdres associés à la Le mode de gestion utilisé pour cette étudier l’évolution de ces peuplements
végétation naturelle, forment un en- forêt est la futaie jardinée : peuplement hors exploitation.
semble harmonieux. Par leur silhouette d’arbres de tous ages mélangés pied à
remarquable ils créent un paysage inso- pied. Les vieux arbres arrivés à maturi- LES MILIEUX OUVERTS DES
lite de grand intérêt. Mais lorsque les té sont ponctuellement exploités .Ce CRETES DU PETIT LUBERON
cèdres dominent, ils modifient les type de traitement se rapproche le plus
conditions de vie auxquelles les espè- du fonctionnement naturel, mais ne Sur les milieux ouverts exposés des
ces méditerranéennes sont habi- peut s’utiliser que pour des espèces sommets du petit Luberon le climat
tuées .Seuls quelques buis et chênes d’ombre comme le cèdre capables de méditerranéen y est excessif et impo-
résistent à la faible luminosité qui tra- se régénérer sous son propre couvert. se des contraintes sévères : fortes am-
verse le feuillage des grands cèdres. plitudes thermiques (températures éle-
Ainsi le sous bois de la cédraie, peu- Utilisation des produits du cèdre : vées en période estivale, mais gelées
plement dense et fermé, est très pauvre Le bois de cèdre est mal connu du pu- prononcées en hiver), précipitations
en espèces phanérogamiques .Par blic ,mais c’est un bois aux chaudes capricieuses (longues périodes de sé-
contre cette ambiance d’ombre et de couleurs(brun jaune) recherché, et cheresse suivies de courtes phases de
fraîcheur est propice à une flore cryp- d’excellente qualité pour la menuiserie précipitations intenses) et surtout mis-
togamique et bryophytique extrême- (meubles rustiques),les charpentes, les tral qui au débouché de la vallée du
ment riche et variée. 350 espèces de parquets, solives, plafonds, clôtures , Rhône y atteint une violence extrême.
champignons se réfugient ici. Parmi portes, chalets. A ces facteurs naturels limitants se sont
celles-ci, certaines ne se retrouvent que Il a une réputation d’imputrescibilité superposés depuis les temps immémo-
dans les peuplements naturels de l’A- remarquable au même titre que le mé- riaux une autre contrainte : le pâturage.
tlas Nord Africain : Cortinaria hercu- lèze Le blocage de la dynamique végétale
leus (Cortinaire d’hercule), Pustularia Utilisé dans les temples sacrés de l’In- spontanée établie pendant des millénai-
insignis, Urnula pouchetii. D’autres de et de l’Egypte, des poutres de 2700 res par la conjonction de tous ces fac-
champignons qui poussent normale- ans d’âge y sont encore intactes. La teurs a crée des biotopes ouverts ex-
ment en dehors de la région méditerra- résine du cèdre fournit le fameux bau- ceptionnels où se concentrent des espè-
néenne, rencontrent aussi en ces lieux me de cèdre qui entrait dans la compo- ces végétales et animales de grand inté-
un habitat unique en Provence favora- sition des produits d’embaumements rêt. Il est bien connu que plus les don-
ble à leur développement. lors des momifications. nées du milieu sont fortes et originales,
De nombreux oiseaux nicheurs trou- La cédraie du petit Luberon a été clas- plus les systèmes biologiques qui en
vent refuge dans cette forêt depuis les sée peuplement reproducteur de qualité résultent sont intéressants.
plus petits passereaux : Troglodyte, depuis 1982. Les pépiniéristes viennent Dans le petit Luberon la biodiversité
Rouge gorge, Mésanges, Roitelet, jus- s’y approvisionner en graines et elle est végétale s’exprime beaucoup moins
qu’aux plus gros rapaces : Autour des un des principaux foyers de production dans les milieux boisés (sauf dans les
palombes. L’avifaune de la cédraie est de graines pour les reboisements de la fonds de combes) que dans les forma-
peu représentative de la région médi- Provence. tions de milieux ouverts.
terranéenne, on y rencontre surtout des Le cèdre par sa silhouette remarquable Les milieux ouverts des crêtes du Lu-
espèces ubiquistes des régions tempé- crée des paysages d’un grand intérêt beron offrent un éventail de biotopes
rées touristique. assez larges dont certains restent très
rares au niveau national lié à leur mar-
Botanique : Ennemis : ginalité écologique. Tel est le cas de
Le cèdre appartient au groupe des Au printemps sont visibles au sol des l’association à Genet de Villars
Gymnospermes et il se reconnaît à son amoncellements de feuilles et de pous- (Genista pulchella subsp villarsii) qui
port pyramidal, à ses petites feuilles en ses. Il s’agit des dégâts provoqués par est accompagnée d’espèces dont cer-
aiguilles groupées en rosettes et à ses les chenilles parasites du cèdre. L’une, taines lui sont strictement inféodées
cônes ovoïdes de 5-6 cm dressés vers la tordeuse, provoque la torsion et la d’autres moins fidèles mais rares égale-
le ciel. cassure de l’extrémité des pousses ter- ment. Citons la Sabline agrégée
Le genre cèdre se divise en quatre es- minales, l’autre, mineuse défeuille les (Arenaria aggregata),la Sabline capil-
pèces : cèdre de l’Atlas (Maroc Algé- rameaux pour se nourrir des aiguilles. laire (Minuartia capillacea),la Serratu-
rie), cèdre du Liban, cèdre de Chypre, Il existe également un puceron parasite le à tige nue (Serratula nudicaulis),la
cèdre de l’Himalaya. du cèdre et qui produit un abondant Scorzonère d’Autriche (Scorzonera
Le cèdre peut avoir une longévité très miellat qui colle aux feuilles. austriaca),la Renoncule à feuilles de
grande (3000 ans au Liban) et atteindre La cédraie résiste bien aux incendies, graminées(Ranunculus gramineus),Le
de grandes tailles : 75m de haut pour grâce à la fraîcheur qu’elle entretient Carex à fruits luisants (Carex liparo-
l’Himalaya. Le plus haut du Luberon dans son sous bois. carpos), le Crepis de Suffrene (Crepis
mesure 33m (Communication verbale suffreniana),l’Euphorbe à ombelles
de M. Toth) Recherches scientifiques : jaunes (Euphorbia flavicoma),le Plan-
L’unité de recherches forestières médi- tain argenté(Plantago argentea),la Po-
Conduite des peuplements terranéenne de l’INRA développe plu- tentille cendré(Potentilla cinerea) l’Ail
(Sylviculture) : sieurs programmes de recherches pour jaune (Allium flavum), la Gagée des
L’Office national des Forêts gère cette étudier la croissance du cèdre et sa prés (Gagea pratensis), la Gagée du
forêt pour le compte des communes de sylviculture, ses parasites, sa diversité Luberon (Gagea luberonen-
Bonnieux, Lacoste, Ménerbes qui en génétique. Une parcelle de cédraie de sis),l’Ophrys aurélien (Ophrys aure-
sont propriétaires. 15 hectares a été mise en réserve pour lia),l’Ophrys de la Drôme(Ophrys dru-
mana) , L’Ophrys de Provence

Bulletin de la SBV - 11 - n°15 - mai 2005


(Ophrys provincialis), L’Ephedre à pour la première fois sur le petit Lube- vage) et les éleveurs. Les chasseurs
chatons opposés ( Ephedra distachya), ron et connu seulement du Vauclu- sont aussi régulièrement consultés no-
l’Ephedre des monts nebrodes se ,des Bouches du Rhône, des Alpes tamment sur les périodes de pâturages.
(Ephedra nebrodensis),ces sept derniè- de haute Provence et des Pyrénées Pour suppléer au manque d’équipe-
res espèces étant protégées par la loi. orientale ;la Magicienne dentelée(Saga ment pastoral des points d’eaux ont
Soulignons que les Ephedres plantes pedo) orthoptère entomophage qui se étés mis en place, des bergeries restau-
reliques rares à caractères primitifs, nourrit principalement de sauterelles et rées, des travaux d’éclaircies débrous-
véritables fossiles vivants appartenant de criquets est bien représentée ici, le saillages ont étés réalisés dont l’entre-
aux gymnospermes ; trouvent sur les Moiré provençal(Erebia epistygne) et tien est assuré par les troupeaux .Une
crêtes du petit Luberon avec l’espèce le Nacré de la Filipendule(Brenthis association des éleveurs a été consti-
nebrodensis ses plus belles populations hecate) espèces remarquables de Lepi- tuée permettant une gestion collective
en Provence et en France. (ci-dessous) doptères,la punaise Aradus horvathi et responsable de l’ensemble de l’espa-
espèce endémique de la Provence et ce.
gravement menacée d’extinction.
Parmi les coléoptères le carabique Par- Une mesure agri-environnementale
dileus calceatus a été observé pour la rémunérant les éleveurs a été promue
première fois ici en Provence. pendant 5 ans (1995-2000) pour favori-
ser une gestion pastorale visant à pré-
Le pâturage joue ici un rôle crucial server ces pelouses.
dans les réseaux trophiques et le main- Dans ce cadre un Suivi Scientifique a
tien de ces espèces. Il est clair et dé- été mis en place et conduit par l’Uni-
montré que l’ écosystème amputé de versité de Marseille (IMEP) IL a visé
l’une de ses composantes essentielle à évaluer les conséquences écologiques
l’herbivore suivrait alors une dynami- du pastoralisme ayant pour objectif
que qui se traduirait par l’atténuation d’entretenir ou de rétablir des milieux
des données stationnelles et l’appari- ouverts.
tion de stades de recolonisation ligneux
différents dans leur structure et compo- Par ailleurs comme autre point d’inté-
sition biologique . Disparaîtraient alors rêt il convient d’évoquer la beauté de
la plupart des espèces végétales et ani- ces sites spectaculaires qui fascinent le
males des stades ouverts et pionniers à promeneur par la vue panoramique
commencer par les espèces fragiles qu’ils offrent. Le regard de là haut
sensibles aux modifications du milieu. plonge vers le sud sur la vallée de la
A leur place apparaîtraient des espèces Durance qui s’étend jusqu’à la monta-
plus banales des stades forestiers. gne de Sainte Victoire et devine la mer
D’une manière générale on assisterait par beau temps. Vers le nord c’est la
à une banalisation de la nature, une vallée du Calavon, les Monts de Vau-
La marginalité écologique de cette perte de biodiversité et une régression cluse et encore plus loin le Mont Ven-
association qui en France ne se ren- d’un certain niveau d’équilibre à l’é- toux.
contre que des Corbières aux Alpes du chelle du massif du Luberon.
Sud a favorisé en son sein une flore Au vu de ce constat il ressort que le L’utilité de ces milieux ouverts comme
hautement spécialisée. maintien de ce biotope exceptionnel pare-feu indispensables à la protection
nécessite de soutenir le caractère an- des versants plus boisés n’est plus à
Du point de vu de la faune on ren- thropique et donc le pâturage comme démontrer également.
contre sur ces crêtes essentiellement étant le meilleur mode de gestion et de
des espèces aviennes méditerranéenne conservation de la qualité biologique CONCLUSION :
ou d’affinités méridionale telle que les de ces milieux. Compte tenu qu’une
rare Vautour percnoptère et l’Aigle de gestion d’entretien est nettement plus Dans le Parc Naturel Régional du Lu-
Bonelli qui s’y alimentent, ou la fau- complexe qu’une gestion de restaura- beron le maintien de la diversité des
vette orphée. On y trouve également tion, il est rapidement apparu haute- espèces et des habitats constitue un
d’autres espèces intéressantes ou rares ment souhaitable d’éviter le processus objectif prioritairement affiché dans le
en Provence comme l’engoulevent, le de l’embroussaillement et de l’état domaine de la protection de la nature
bruant fou, ou le bruant ortolan. boisé par le cèdre des milieux ouverts par tous les partenaires gestionnaires
sur la partie occidentale des crêtes du d’espaces. Au vu de la connaissance
Au plan entomologique, ces pelouses petit Luberon. acquise de la valeur de ces deux habi-
constituent un réservoir d’une densité tats en présence concomitante (cédraie-
et d’une rareté exceptionnelles, notam- Pour assurer la pérennité de ces mi- milieux ouverts sommitaux) sur les
ment par la présence d’espèces steppi- lieux de haute qualité biologique le crêtes il a été convenu de garantir le
ques rares en région méditerranéenne. Parc Naturel Régional du Luberon a statut-quo dans la répartition actuelle
Plusieurs insectes patrimoniaux fré- depuis 26 ans mis en place des mesures des deux formations biologiques en
quentent ces crêtes :le criquet Arcypte- de gestion conservatoires en associa- présence. L’équilibre cédraie- pelouses
ra kheili endémique provençal des zo- tion avec l’Office National des forêts , de crêtes du Petit-Luberon a été forma-
nes de lapiaz, le criquet de l’aphyllan- les Communes, le C.E.R.P.A.M. lisé dans le cadre des révisions des
the (Euchorthippus chopardi) décrit (structure régionale de soutient à l’éle- documents d’aménagements forestiers
des Forêts communales

Bulletin de la SBV - 12 - n°15 - mai 2005


BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE :
Esprit Requien (1788-1851)
Le Fevre F. Diversité génétique de la cé- un botaniste avignonnais méconnu
draie du petit Luberon Courrier scientifique Pierre MOULET Museum Requien - 67 rue Joseph Vernet - 84000 Avignon
du
Parc Naturel Régional du Luberon n°3 - Injustement méconnu du grand public, faut comprendre son engagement dans la
1999- P 139-140 avignonnais notamment, Esprit REQUIEN sauvegarde des remparts d’Avignon. La
est pourtant une des figures les plus atta- ligne de chemin de fer reliant Paris à la
Fabre J.P. &Chalon A. Recherches sur les chantes du XIX° siècle de notre ville. Il Méditerranée ayant été décidée, on pensa
ravageurs du cèdre au petit Luberon : faut bien dire à sa décharge que le peu de en haut-lieu la faire passer le long du Rhô-
exemple de la tordeuse Courrier scientifi- publications rédigées (et sur des sujets as- ne, à l’emplacement des remparts qui au-
que du Parc Naturel Régional du Luberon sez abscons) milite guère en faveur de sa raient donc été tout simplement rasés. On
n°3 -1999-p141-143 reconnaissance. Quant aux actions plus imagine le tollé que cette décision engen-
prestigieuses auxquelles il fut associé, sa dra. Requien se lance dans la bataille pour
Fabre J.P. Extension du cèdre et risques modestie l’empêcha d’en prendre les avant- la conservation de l’enceinte médiévale,
d’attaques d’insectes .Revue Forestière postes. soutenu par une grande partie des avignon-
Française 1976 –T4-n°2-p 261-269 Qu’on en juge ! Sa naissance. Elle eut lieu nais et surtout par Prosper Mérimée qui,
le 5 mai 1788 dans une maison de la rue de Inspecteur des Monuments Historiques
Courbet F. Recherches sur la croissance et l’Ombre, toute petite ruelle étroite reliant la agissait dans les ministères pour la mainte-
la sylviculture du cèdre de l’Atlas. Quel- rue des Lices à la rue Portail Magnanen et nance. Encore que Mérimée se sente par-
ques résultats obtenus au petit Luberon qui porte justement ce nom. Cette demeu- fois abandonné par son ami vous êtes de
Courrier Scientifique du parc Naturel régio- re était certainement une des plus originales drôles de pistolets … vous ne faites rien
nal du Luberon n°3-1999-p 144-149 que peut rêver une imagination fantaisiste pour sauver vos remparts et vous voudriez
… Le rez-de-chaussée n’existait pas. Ce que nous fassions tout (Mérimée, 13 avril
Guende G. La Flore du Luberon Edisud n’était qu’un hangar où l’on entassait les 1846). Le dramaturge incite son ami à
2004 -143p produits de la tannerie administrée par un agir A votre place je ne me laisserai pas
régisseur (A. de Pontmartin). Voilà le décor canuler par ces canailles du conseil munici-
Gallardo M. La Faune du Luberon Edisud planté qui laisse augurer du bonhomme. pal … Ces gens sont déterminés à ne pas
1993-143p On ne sait rien de son enfance ni de son vous laisser en paix. Morbleu ! mettez-leur
adolescence, faut-il voir dans cet état de fait le feu au cul (Mérimée, 10 janvier 1847).
Favet C. Le Luberon des Insectes Edisud une conséquence de la période troublée que De tractation en compromis, l’affaire se
1998-119p notre pays traversa. A peine Requien évo- déroula lentement, mais Avignon conserva
quera t-il, bien plus tard, certains manuels ses remparts. L’opiniâtreté (et l’opposition
Guende G. Gallardo M. Magnin H. Sec- scolaires qu’il utilisait en classe de rhéto du ministère de la Guerre) paya. Requien
teurs de valeur Biologique Majeure Parc mais nul diplôme je crains que la notoriété accepta aussi, en tant que négociant, et à
Naturel Régional du Luberon 1999 –118p publique de vos connaissances en histoire plusieurs reprises, des fonctions au sein du
naturelle ne puissent suppléer aux parche- Conseil Municipal ; non pour l’engagement
mins qui vous manquent (Martins, 24 no- politique que cela représente, mais toujours
Guende G. ,Tatoni T., Bonin G. Patrimoine vembre1850). dans un souci d’aide à la communauté. On
végétal du Parc Naturel Régional du Lube- Malgré ce manque, Requien s’adonna sa lui proposa la législature. Il accepta que son
ron 20 ans de Recherche scientifique et de vie durant à l’étude de l’Histoire Naturelle. nom figure sur les listes mais faites votre
valorisation Courrier scientifique du Parc Mais là encore nous ne savons pas par quel- possible non pour me donner, mais pour
Naturel régional du Luberon n°1-1997- p33 le voie il est arrivé à cette passion dévoran- m’enlever des voix (à d’Olivier, s.d.).
-49 te, tout juste se souvient-il que mon père L’affaire des remparts amena Requien à
m’avait rapporté de là [Hyères] un sac de quitter Avignon et à s’installer en Corse.
Tatoni T., Vela E., Dutoit T., Roche P. coquillages, circonstance que je n’ai point Là, il pensait connaître une vie nouvelle
Présentation du suivi scientifique et des oublié et qui a peut-être influé sur mes dans laquelle l’Histoire Naturelle aurait
premiers résultats concernant l’organisation goûts ultérieurs (à sa mère, 21 juin 1837). enfin toute la place. Requien s’intéressa à
de la végétation dans le Luberon, Courrier Toujours est-il que Requien prend de plus presque toutes les disciplines, seule la zoo-
scientifique du Parc Naturel régional du en plus d’importance dans les deux voies logie ne le passionna pas beaucoup à l’ex-
Luberon n°2-1998, p 32-49 qu’il suivit sa vie durant : l’Histoire Natu- ception de la malacologie. Mais la botani-
relle et le Bien Public. Requien s’est telle- que fut la passion de toute sa vie.
Véla E., Tatoni T. , Brisse H., Etude syn- ment impliqué dans ces domaines qu’il a Dès 1806 (il n’a alors que 18 ans) Requien
chronique de l’influence du pâturage ovin été complètement absorbé, phagocyté. est en relation d’échange avec quelques
et de la mise en défens sur la végétation des C’est pour cela notamment, et à cause de botanistes locaux. Rapidement le cercle
pelouses calcaires du Luberon Courrier son amour de la liberté et liberté d’action s’agrandit et en 1809 il correspond avec
scientifique du parc Naturel Régional du qu’il resta célibataire et n’exerça aucune Loiseleur-Deslongchamps auquel il achète-
Luberon n°5-2001,p 102-121 activité professionnelle ; les revenus de la ra l’herbier bien plus tard et lui dit j’attends
tannerie familiale mise en gérance et ceux au premier jour M. De Candolle, il ne me
Beylier B., Garde L., Guende G., Lasseur de quelques terres agricoles en maraîchage trouva pas au mois de juin quoiqu’il se fut
J., Lécrivain E., La mesure agriculture- lui assurant des rentes suffisantes. Ainsi détourné de sa route exprès (6 octobre
environnement “ Biotopes rares et sensi- libéré de tout souci (il se trouva en outre un 1809), au même un peu plus tard mon her-
bles ” dans le Parc Naturel Régional du remplaçant pour la conscription), Requien bier commence à se former j’ai 4000 espè-
Luberon :un bilan pour le territoire et l’éle- put donc mener, s’adonner à ses deux pas- ces au moins et pourtant il m’en manque
vage Courrier scientifique du Parc Naturel sions en parallèle. près de 200 de la flore française ou des
Régional du Luberon n°6-2002,p88-102 Le Bien Public est une constante chez Re- suppléments. J’ai reçu de belles plantes de
quien. L’aide à ses concitoyens moins for- M. De Candolle, je lui ai fait reconnaître
tunés, un mot de recommandation … lui plusieurs erreurs dans sa flore (à Loiseleur
paraissaient l’évidence même. Nombreux Deslongchamps, 1811).
furent ceux qui eurent recours à la généro-
sité de Requien (qui en abusèrent même
parfois). C’est dans cet état d’esprit qu’il

Bulletin de la SBV - 13 - n°15 - mai 2005


A tous ses correspondants, Requien récla- raisonnable praticien des plaines et des était pénétré de cette idée essentielle, qu’u-
me des plantes sèches. Il reçoit beaucoup, monts qui s’armât de courage pour châtier ne bibliothèque provinciale doit valoir sur-
mais en contre partie il expédie beaucoup tant de florules, pour constituer enfin une tout par la réunion aussi complète que pos-
aussi Dans le courant de décembre j’ai fait légitime flore française. Tâtez-vous, Mon- sible des publications sur le pays, et que
partir 29 envois et j’en expédierai encore 2 sieur, et voyez si vous ne seriez pas notre parconséquent il est absolument nécessaire
ou 3 avant la fin du mois (à Loiseleur De- Messie en botanique ! Erigez ce monument qu’elle se les procure toutes, sans en dédai-
slongchamps, 26 décembre 1810). Les (Dufour, 27 septembre 1850). Ses observa- gner une seule, même la plus insignifiante
envois sont volumineux je peux vous expé- tions vauclusiennes lui permirent pourtant (Labande, 1897). Cette bibliothèque scien-
dier beaucoup d’espèces en 10, 20, 100 de dresser la coupe de l’étagement de la tifique devint rapidement énorme et Re-
échantillons et davantage à l’avenir (au végétation du mont Ventoux, étude parut quien affirme dans son testament que hors
même, 1 novembre 1811) et riches l’envoi dans l’ouvrage de Martins « Essai sur la Paris il n’y en a point d’aussi nombreuse.
que vous venez de me faire, outre quantité topographie botanique du Mont Ventoux en Lassé des tracasseries créées à son encontre
de bonnes plantes, en contient 3 ou 4 nou- Provence » (1838) où son nom n’est qu’à lors de « l’affaire des remparts », Requien
velles pour la flore (Loiseleur Deslong- peine mentionné. décida de quitter Avignon et d’aller résider
champs, 16 septembre 1809). Evidement, il L’autre affaire de sa vie, en matière de en Corse. Il avait déjà visiter l’île en 1822
devient rapidement « difficile » je suis botanique, fut le jardin botanique d’Avi- et avait été frappé par les richesses naturel-
fâché que mon dernier envoi de plantes gnon qu’il contribua à créer, qu’il enrichit les (principalement botaniques) qu’il dé-
sèches n’ait pas été complètement à votre grâce aux subsides qu’il faisait affluer en couvrit. Son intention, dès cette époque,
goût, il faut que votre herbier soit bien Avignon et qu’il meubla grâce aux dons était d’y retourner un jour d’autant que son
avancé puisque sur 66 espèces il ne s’en est nombreux de la part d’autres établissements ami Mérimée lui avait dressé un tableau de
trouvé que 3 ou 4 dignes d’y figurer similaires, particulièrement le Museum l’âme corse qui ne pouvait le laisser indif-
(Granier, 19 avril 1807) ou bien votre her- National d’Histoire Naturelle. férent. En 1847 il part pour ne plus revenir
bier est déjà considérable à en juger par la En marge de la botanique, Requien s’inté- en Avignon que brièvement (mars 1850-
liste de ce qui vous manque, qu’il est diffi- ressait aussi à la paléontologie. Là encore, avril 1851). En Corse, Requien consacre
cile de pouvoir y ajouter beaucoup grâce à ses connaissances et collectes, il sut tout son temps à la collecte d’échantillons
(Loiseleur Deslongchamps, 9 mars 1809). créer un réseau de scientifiques et d’amis botaniques et malacologiques. A la deman-
Toutefois, il ne fallait pas le duper sur ce auxquels il faisait parvenir largement ses de de Mérimée, il consigne aussi toutes les
qu’on lui envoyait vous me dites que vous glanes fossilifères qui ne manquaient ja- observations archéologiques et ethnologi-
ne m’avez point envoyé de plantes de jar- mais d’intérêt vos fossiles seront présentés ques qu’il peut. C’est en Corse qu’il ren-
din, dites moi si les roses jaunes et rouges à la société [Société géologique de France] contre Jean-Henri Fabre. Professeur nou-
doubles, si l’estragon et la scorsonère vien- dans la prochaine séance … Vous êtes as- vellement formé et nommé à Ajaccio, ce
nent dans vos champs ? (à Leautier, 25 surés d’avance de l’accueil qu’ils recevront. vauclusien d’adoption était passionné de
décembre 1809), la duperie était d’autant Ils arriveront dans une séance pour laquelle botanique et de mycologie. Les deux hom-
moins admissible qu’il achetait parfois des on nous annonce une lutte assez vive entre mes se rencontrèrent et échangèrent une
collections tout bien compté je n’ai trouvé deux conchyliologues distingués, Mrs Des- correspondance nourrie dans laquelle Fa-
que 500 échantillons qui méritent d’être hayes et d’Orbigny. Ce qui donnera à cette bre, friand de conseils scientifiques, s’épan-
comptés pour tels, pourtant pour vous mon- présentation une sorte d’à propos (Soc. che sur son avenir, son manque d’argent
trer que je ne veux point avoir de discus- Géol. France, 25 novembre 1843). Alcide (déjà !) et demande l’aide de Requien pour
sion je vous en paierai le double, savoir d’Orbigny, auteur d’une monumentale revenir sur le continent.
1000 et vos frais (au même, 7 décembre « Paléontologie française » eut très souvent Après un bref séjour en Avignon durant
1809). recours à lui et le nom de Requien apparaît lequel il s’occupa du Musée Calvet
Après quelques années à ce rythme d’expé- à de nombreuses reprises dans cette vérita- (incluant une section Histoire Naturelle), de
ditions nombreuses, de courses incessantes ble encyclopédie. Le marseillais Philippe la Bibliothèque et du Jardin Botanique,
et tout le travail de préparation que cela Matheron, auteur de la première carte géo- établissements dont il avait été nommé
demande, Requien traversa une période à logique des Bouches-du-Rhône lui dédia un directeur en 1849, Requien retourna en
vide. De 1810 à 1814 il abandonna presque genre nouveau de rudiste découvert à Or- Corse soit disant pour récupérer des affai-
totalement la botanique au grand désespoir gon : Requienia. Il ne publia rien en la ma- res. En fait, sitôt sur le sol insulaire, il re-
de ses correspondants. Mais la passion tière, laissant à d’autres le soin d’étudier prend ses courses botaniques mais le 29
n’était pas éteinte je vous félicite bien sin- ses collections. [mai] vers les 4 heures du soir, en préparant
cèrement de votre retour à la botanique … La malacologie fut une discipline qui l’inté- des plantes sur une table dans sa chambre,
j’ai dû d’ailleurs regretter un correspondant ressa toute sa vie et à laquelle il consacra il fut frappé d’une attaque d’apoplexie et,
aussi instruit et aussi capable de faire de beaucoup de temps et d’efforts. C’est d’ail- malgré les soins les plus prompts et les
bonnes et utiles découvertes et rien, je vous leurs pour la malacologie que Requien empressés de trois médecins de ses amis
jure, ne pouvais me faire autant de plaisir publia le seul vrai ouvrage qu’il n’a jamais qui ne l’ont pas quitté, il a expiré le 30 mai
que d’apprendre la résolution que vous rédigé « Catalogue des Coquilles de l’île de à 1 heure du matin (Ayme, 5 juin 1851).
avez formée de ne plus abandonner l’histoi- Corse » (1848). Ainsi finit, exilé, mais parmi les compagnes
re des plantes (Loiseleur Deslongchamps, En marge de ces activités scientifiques, il de toute sa vie : les plantes, un des plus
21 décembre 1814). Requien reprit l’étude en est une, tout à fait indispensable, qui lui grands avignonnais, un des plus méconnus
de la botanique, mais de manière beaucoup demanda également beaucoup d’énergie et aussi. La ville ramena la dépouille de Re-
plus calme quoique toujours aussi sérieuse. d’argent : la recherche et l’achat d’ouvra- quien et l’enterra à ses frais. Sur son tom-
Les nombreuses courses et excursions en ges. Car, bien sûr, Requien possédait une beau on grava ce verset de la Bible Cor
Provence furent l’occasion pour Requien bibliothèque. Bibliothèque généraliste et rectum inquirit scientiam.En 1853, un dé-
d’une multitude d’observations botaniques bibliothèque scientifique, deux volets d’une cret de Louis-Napoléon Bonaparte transfor-
qu’il consigna dans un catalogue des végé- même nécessité, celle du savoir. Requien ma le nom du Musée d’histoire naturelle en
taux de Vaucluse, opuscule publié dans engloutit dans l’achat de livres la majorité Museum Requien. En 1866, Fabre fut nom-
l’ouvrage de Guérin « Description de la de sa fortune. Entre 1823 et 1847 il dépensa mé Conservateur du Musée Requien qu’il
Fontaine de Vaucluse » paru en 1813. En plus de 45.500 francs de l’époque pour dirigera, avec les souvenirs que l’on imagi-
1825 il publia aux Annales des Sciences acquérir manuscrits, chartes et autres écrits ne, jusqu’en 1873. Puis, peu à peu, le Mu-
Naturelles des « Observations sur quelques relatifs à Avignon et au midi de la France seum tombe dans l’oubli, beaucoup de
plantes rares ou nouvelles pour la flore d’une part et, d’autre part, tout ouvrage choses sont enfermées dans des caisses et
française », mais nulle Flore comme on le scientifique propre à l’aider dans ses re- une infime partie seulement est exposée.
lui demandait il nous faudrait un bon et cherches... Requien ne négligeait rien car il

Bulletin de la SBV - 14 - n°15 - mai 2005


En 1907 le poste de conservateur est sup-
primé car jugé inutile. En 1925, un jeune Stage de la Société Botanique de Vaucluse
en Cerdagne et Capcir
bibliothécaire, Léon Germand, passionné
de Sciences Naturelles obtient de son supé-
rieur de s’occuper des collections. Le Mu-
seum est sur la voie du renouveau. Devant
les richesses accumulées et grâce à la bien- dans les Pyrénées-Orientales des 10 au 14 Juillet 2004
veillance de la Fondation Calvet, l’hôtel
Raphaelis de Soissans est acheté en 1940 Les participants au stage d’été se sont contournons vers le sud, avant de re-
pour y établir le Museum Requien. retrouvés cette année dans les Pyrénées monter vers les Bouillouses par le GR
Par testament du 21 janvier 1849 Requien -Orientales et plus précisément en Cer- 10.
rappelait les legs de 1839 et 1840 de sa dagne, dans le cadre agréable de l’hôtel
bibliothèque historique et de ses bibliothè- Planés de Saillagouse, petite ville à Avant de reprendre la navette certains
que scientifique et collections respective- 1300 mètres d’altitude. Josette et Emile membres se rendent au site du Malpas
ment à la ville d’Avignon. Aujourd’hui la
conservation des collections de Requien
ARGAUD nous ont fait largement pro- à propos duquel MM. Saule et Baudiè-
soit environ 300.000 plantes, 50.000 fossi- fiter de leur connaissance du terrain et re avaient publié un article en 2001.
les, roches et minéraux, 10.000 coquillages Milou a particulièrement veillé à ce
et plus de 3.300 numéros de bibliothèque que le train des botanistes reste compa- - le 12 juillet : vers le col de Porté-
est la tache principale de l’équipe du Mu- tible avec les impératifs des horaires Puymorens : le matin, en direction de
seum. Gestion mais aussi accueil des cher- liés à la marche en montagne. l’étang del Passet par le Cortal Michet-
cheurs et du public venus travailler sur ce te, nous partons au-dessus de Porté-
patrimoine inestimable et fragile. Rappel des itinéraires Puymorens, vers 1696 mètres par le
sentier « tour du Carlit » et après pres-
1: actuelle rue Cassan.
2: actuellement classe de Terminale.
Au cours de nos cinq journées nous que 2 km nous prenons un sentier vers
3: pour plus de détails voir bulletin SBV n° avons pu parcourir plusieurs massifs du le sud qui nous conduit au parking, à
4 (juillet 1997) Capcir et de la Cerdagne : proximité du barrage del Passet où,
4: ensemble qu’il appelait « Bibliothèque - le 10 juillet : le Roc d’Aude, depuis après un apéritif offert par la société,
historique du midi de la France » qui au les Angles (1650 mètres) nous prenons nous déjeunons.
jour du leg (1839) fut estimé 19.500 francs. les remontées mécaniques jusqu’au
5: cette bibliothèque ne fut pas estimée lors Pics d’Aude à 2325 mètres, évitant L’après midi nous allons en voiture
du don. ainsi une trop rude ascension pour ce jusqu’au parking de la gare inférieure
premier contact avec la montagne. De du télésiège de la station de ski de la
BIBLIOGRAPHIE
là, après avoir emprunté une piste de Vignole (1820 m.) pour nous diriger
Correspondants d’Esprit Requien, 4° série. ski et exploré quelques zones rocheu- vers l’Estanyol (2045 m.) en emprun-
Bibliothèque municipale d’Avignon ses sous le sommet nous nous sommes tant une piste aux abords de laquelle
[manuscrits]. dirigés vers l’ouest, en direction du plusieurs milieux intéressants ont pu
Collectif, 1979.- Histoire d’Avignon. Edi- Mont Llaret et du Roc d’Aude être explorés.
sud éd., Aix-en-Provence. (2376 mètres) pour redescendre ensuite
GRANIER J., 1980.- Esprit Requien et son vers la cabane et les étangs de la Bal- - le 13 juillet : Puigmal d’Err par la
herbier. Candollea, 35. mette (2047 mètres) où une pluie fine vallée d’Err : après Err nous prenons la
GRANIER J., 1984.- Esprit Requien et le nous surpris durant le déjeuner. route qui longe la rivière du même nom
musée d’Histoire naturelle d’Avignon.
Revue Annuelle d’Information Mairie d’A-
jusqu’au parking des Planes (1971 mè-
vignon. Le retour s’effectua au travers d’une tres) d’où s’effectue le départ. La route
LABANDE J.H., 1897.- Avignon (t. 27-28- zone tourbeuse dans la forêt de Pinus est empruntée sur un peu plus d’un
29) in Catalogue Général des Manuscrits uncinata et par la descente vers le lac kilomètre, jusqu’à la côte 2077 mètres
des Bibliothèques de France. Départements. de Balcère à1770 mètres, la navette où, au niveau de la station de traite-
Plon éd., Paris. pour un retour vers les Angles étant ment des eaux, l’on s’engage sur le
MOULET P., 1989.- Esprit Requien (1788- partie avant l’heure c’est grâce à l’a- sentier longeant le ruisseau en direction
1851). Essai de biographie. Fondation Cal- mabilité de pêcheurs que les chauffeurs SO-NE. La montée jusqu’à la crête, au
vet éd., Avignon. purent rejoindre les Angles et venir niveau du petit Pic de Sègre (2810 mè-
MOULET P., 1989.- Esprit Requien, un
botaniste provençal au XIX° siècle. Société
chercher le gros de la troupe. tres), se fait au milieu de groupements
des Amis du Museum National d’Histoire particulièrement intéressants. Le repas
Naturelle et du Jardin des Plantes. - le 11 juillet : circuit des petits lacs est pris à l’abri des rochers au niveau
MOULET P., 1997.- Histoire du jardin sous les Bouillouses : la route d’accès de la crête, à proximité d’un névé qui
botanique d’Avignon. Bulletin de la Société au barrage des Bouillouses étant inter- s’est maintenu au passage du col.
botanique de Vaucluse. dite à la circulation nous prenons la
MOULET P. & GRABIE M.H., 2005.- navette qui fait régulièrement le trajet L’après midi nous avons poursuivi par
Comptes-rendus d’explorations botaniques et nous descendons au niveau de la les crêtes en passant sous le sommet du
en Corse au milieu du XIX° siècle. 130° petite centrale électrique. L’herborisa- Puigmal pour rejoindre la Tossa del
Congr. Nat. Soc. Hist. Scient., La Rochelle,
Histoire des sciences – Voyages et voya-
tion débute aux abords de la route et du Pas dels Lladres. Le brouillard ne nous
geurs. sentier en direction de l’Estany Negre a pas permis de poursuivre jusqu’au
PONTMARTIN A. de, 1886.- Mes mémoi- au bord duquel nous déjeunons. col de Caralps pour étudier la flore
res. T. II : seconde jeunesse. Calman-Levy calcicole. Par le Pas dels Lladres (le
éd., Paris. L’après midi nous nous dirigeons vers col des voleurs) et le sentier passant
REQUIEN E., 1848.- Catalogue des coquil- l’Estany de la Pradella que nous par la Jaca del Prat de Tossa, au sud du
les de l’île de Corse. Seguin éd., Avignon.

Bulletin de la SBV - 15 - n°15 - mai 2005


téléski, nous avons rejoins la route et de là le parking.

- le 14 juillet : Massif du Madres : depuis Villeneuve, au nord de Matemale, à 1500 mètres environ, montée en voiture par une piste
jusqu’au col de Sansa, à une altitude de 1815 mètres. Nous prenons le sentier en direction de la maison pastorale du Pla de Gril jus-
qu’à la naissance du ruisseau de la Coume de Ponteils (2257 mètres), tourbière aux abords de laquelle nous déjeunons.

De là par le Clot Redon nous atteignons la bordure des falaises dominant les lacs 300 mètres plus bas et par « la Font de la Perdrix »
nous passons sous le roc des Gourgs pour redescendre, depuis le col de Passeduc (2284 m), sous le roc de la Pelade, en prenant le
sentier qui par le talweg (quelques affleurements calcaires) rejoint la Jasse d’Ancréou.

En grisé : zones d’herborisation - 5 sites


Résidence pour le stage : Saillagouse

Quelques uns des milieux et habitats observés


Il n’est pas question ici de faire un descriptif complet des espaces parcourus et de ce qui a été vu lors du parcours des itinéraires ci-
dessus, il sera essentiellement fait état de quelques milieux particulièrement marquants et typiques.

Tout d’abord il faut souligner l’importance du facteur exposition et la très nette opposition entre les soulanes (adrets) brûlés de soleil
et les ombrées (ubacs) aux pentes longuement enneigées. Cette différence apparaît particulièrement dans les espaces couverts par les
landes.

Bulletin de la SBV - 16 - n°15 - mai 2005


Les landes pendulina, Sorbus aucuparia, Daphne
mezereum, Polystichum lonchitis, Athy-
Reconnaissable de loin à la teinte vert- rium filix-femina, Gymnocarpium
bleuâtre des buissons arrondis et en été dryopteris, Lycopodium clavatum, Po-
par leur éclatante floraison jaune d’or, lygonatum verticillatum, Luzula nu-
la lande à Genêt purgatif (Cytisus oro- tans, Veratrum lobelianum, Dactylor-
mediterraneus) occupe une place im- hiza maculata, D. viridis, Gymnadenia
portante depuis le haut de l’étage mon- conopsea, Pseudorchis albida, An-
tagnard jusqu’à la base du subalpin. Ce thoxanthum odoratum, Deschampsia
groupement monotone abrite quelques flexuosa, Festuca eskia, Angelica razu-
arbustes et herbacées héliophiles, ci- lii, Conopodium majus, Meum atha-
tons notamment Asphodelus albus, manticum, Adenostyles alliariae, Arni-
Senecio adonidifolius, Linaria repens, ca montana, Crepis lampsanoides,
Conopodium majus, Deschampsia Hieracium pallidiflorum, H. pilosella,
flexuosa, agrostis capillaris, Hyperi- H. umbellatum, Homogyne alpina,
cum maculatum, Thymus nervosus, Loiseleuria procumbens (L ) Desvaux Prenanthes purpurea, Senecio adonidi-
Helictotrichum sedenense, etc. - Azalea procumbens L. folius, S. pyrenaicus, Solidago virgau-
rea, Coincya cheiranthos, Jasione
Très sensible aux gelées printanières le C’est un sous-arbrisseau à tiges ligneu- montana, Stellaria holostea, Knautia
Rhododendron (R.ferrugineum) exige ses disposées en espaliers plaqués au maxima, Lotus corniculatus, Gentiana
une abondante couverture neigeuse sol, avec des rameaux étalés ou légère- acaulis, G. burseri, Hypericum macu-
protectrice se maintenant tardivement ment redressés garnis de petites feuil- latum, Armeria arenaria, Polygala
durant le printemps, c’est donc en ex- les opposées et rapprochées, ovales, vulgaris, Anemone nemorosa, Pulsatil-
position nord que va se développer la coriaces, épaisses, marquées par un la alpina subsp. apiifolia, Trollius eu-
Rhodoraie. Celle ci forme une strate sillon central, vertes sur les deux faces. ropaeus, Potentilla erecta, Cruciata
dense et laisse peu de place aux autres Les petites fleurs roses, dressées sur glabra, Galium pinetorum, Thesium
espèces, on y rencontre toutefois Vac- des pédicelles courts, s’épanouissent pyrenaicum, Linaria repens, etc.
cinium myrtillus, V. uliginosum, Rosa en petits groupes de 2 à 6 fleurs en juin
pendulina, Juniperus sibirica, Calluna -juillet. Le calice à 5 divisions lancéo- Les forêts
vulgaris, Sorbus chamaemespilus, Ho- lées est plus court que la corolle qui
mogyne alpina, Deschampsia flexuosa, est découpée jusqu’au milieu en 5 lo- Les forêts de pins à crochets, essence
Senecio pyrenaicus, Galium pumilum, bes étalés en étoile ou légèrement ren- dominante, presque exclusive, des fo-
Hypericum burseri, Geranium sylvati- versés vers l’extérieur, autour des 5 rêts climaciques subalpines des Pyré-
cum, Gentiana burseri, Saxifraga gera- étamines et du pistil. Le fruit est une nées, occupent une place importante
nioides, Dianthus barbatus, Allium capsule ovoïde de 3 mm. de haut envi- dans le secteur oriental du massif, entre
victorialis, Pulsatilla alpina subsp. ron. 1700 et 2450 mètres, en particulier en
apiifolia, Pseudorchis albida, Oxalis Cerdagne et Capcir. Espèce à vocation
acetosella, etc. Distribution pyrénéenne : espèce typi- pionnière d’une grande amplitude éco-
que des landes rases qui s’établissent à logique on les rencontre sur les sols les
Ces landes peuvent dans le cadre de la la limite des étages subalpin et alpin, plus divers, dès l’étage montagnard en
dynamique de la végétation évoluer sur les versants exposés à l’action vio- mélange avec le Pin sylvestre, avec
lentement vers un peuplement de Pins lente des vents, qui, outre leur action alors des phénomènes d’introgression,
à crochets. mécanique propre, décapent le man- et généralement seul à l’étage subalpin.
teau neigeux hivernal, laissent les Lors de notre séjour les pineraies ont
A la limite des étages subalpins et al- plantes sans protection, soumises à des été notées en particulier lors des excur-
pins et dans les situations les plus ex- conditions de vie extrêmement sévè- sions sur les massifs du Madres, du
posées aux rigueurs hivernales, soumi- res ; centre et est de la chaîne à partir Carlit (petits lacs sous les Bouillouses)
ses aux vents violents et sans couvertu- de la Haute-Garonne et de l’Aragon et au roc d’Aude vers le lac de Balcère.
re neigeuse protectrice va se dévelop- oriental. Il s’agissait essentiellement de pine-
per la lande à Azalée naine raies à flore acidiphile, associée en
(Loiseleuria procumbens), lande très Aire : régions froides et hautes monta- ubac au Rhododendron, c’est là que la
rase, avec beaucoup de lichens gnes de l’hémisphère nord. forêt est la plus dense et aussi la plus
(Cetraria et Cladonia), très imbriquée riche floristiquement, tandis qu’en sou-
avec les pelouses rocailleuses voisines. lane elle est accompagnée par les Ge-
Un bel exemple de cet habitat a pu être Des landes dominées par la Callune névriers et le Raisin d’ours.
observé sur le massif du Madres, no- (Calluna vulgaris) sont également as-
tamment sur le plateau au NW de la sez fréquentes, elles abritent nombres Sur les soulanes (= adrets) les pineraies
Font de la Perdrix. Parmi les nombreu- d’espèces rencontrées dans les milieux sèches de Pin à crochets sur sol sili-
ses espèces notées sur ce secteur rete- précédents. Vers le col de Puymorens, ceux supportent la sécheresse estivale
nons Vaccinium. uliginosum, Leonto- à 1900 mètres environ, une lande do- et les très basses températures qu’en-
don pyrenaicus, Luzula lutea, Juncus minée par la Callune hébergeait : Rho- traîne un déneigement précoce. Outre
trifidus. dodendron ferrugineum, Vaccinium le faciès à Genévrier il est possible de
myrtillus, V. uliginosum, Cytisus oro- noter des peuplements avec le Genêt
mediterraneus, Genista anglica, Rosa purgatif et aux altitudes les plus éle-

Bulletin de la SBV - 17 - n°15 - mai 2005


vées la présence de la Myrtille des ma- ques, qui colonise les pierriers siliceux sutum, Senecio adonidifolius, Silene
rais. On y rencontre avec Pinus uncina- et les éboulis schisteux et qui a pu être rupestris, Solidago virgaurea, Spergu-
ta et en fonction des faciès : Pinus syl- observé au Puigmal. la morisonii. Dans les éboulis du bas
vestris, Betula pendula, Juniperus de pente Dryopteris oreades a été noté.
communsis, J. sibirica, Cytisus orome- Les pierriers siliceux à gros blocs abri-
diterraneus, Arctostaphylos uva-ursi tent une association « caractérisée par Au roc d’Aude, vers le mont Llaret des
subsp. crassifolius, Calluna vulgaris, l’un des plus beaux ornements de la blocs rocheux abritaient un certains
Vaccinium myrtillus, Veronica offici- flore pyrénéenne, un Séneçon vigou- nombre de fougères : Dryopteris car-
nalis, Linaria repens, Senecio adonidi- reux, sous-arbrisseau au feuillage thusiana, D. filix-mas, Polystichum
folius, Melampyrum pratense, Hiera- soyeux, blanc de neige, surmonté d’une lonchitis, Athyrium distentifolium, Cys-
cium gr. murorum, Deschampsia hampe à capitules jaune-d’or : le Sene- topteris fragilis, Gymnocarpium dryop-
flexuosa, Viola riviniana, Luzula nivea, cio leucophyllus….Le Senecietum leu- teris qu’accompagnait notamment
Lathyrus linifolius subsp. montanus, cophyllae introduit une note étrange, Saxifraga geranioides.
Cruciata glabra, Agrostis capillaris, presque africaine, dans la désolante
Festuca eskia, Conopodium majus, nudité des hauts sommets ruiniformes,
Eryngium bourgatii, Jasione laevis, et sous ce ciel limpide, rappelle un
Dianthus deltoides, Prunella hastifolia, peuplement de Cineraire, image de
etc.. végétation méditerranéenne ». Avec le
En ombrée (=ubac) et au subalpin Séneçon on commencera à rencontrer
moyen le Pin à crochets sera accompa- le rare Xatardia scabra, «Ombellifère
gné du Rhododendron et du Sorbier volumineuse, trapue et grasse, presque
des oiseleurs, la Myrtille sera égale- acaule, à souche puissante, localisée
ment présente. D’autres faciès sont sur quelques crêtes élevées… » (Braun-
fonctions de l’altitude, le Pin pourra Blanquet), espèce sans adaptation xéro-
être accompagné du Sapin dans les phile visible qui s’associe parfois au
zones les plus basses sur les versants Senecietum leucophyllae. Dans ces
les plus humides, de l’Airelle des ma- zones nous avons notées en particu-
rais au subalpin supérieur et, dans les lier : Senecio leucophyllus, Xatardia
zones les plus élevées, exposées au scabra, Poa cenisia, Erysimum seip-
vent violent et au froid intense, il ac- kae, Iberis sempervirens, Arenaria
compagnera la lande à Azalée naine grandiflora, Minuartia recurva,
(Loiseleuria procumbens) et à Camari- Sédum alpestre, Veronica fruticulosa,
ne (Empetrum hermaphroditum). etc.

Dans la forêt de Pins à crochets de Lli- Dans les éboulis schisteux à grains plus
via (secteur des Bouillouses) ont pu fins on a pu observer des éléments de
être notées les espèces ci-après : Ajuga l’association à Iberis spatulatha avec
pyramidalis, Arnica montana, Calluna en outre Papaver lapeyrousianum,
vulgaris, Conopodium majus, Festuca Ranunculus parnassifolius, Pritzelago
paniculata subsp. paniculata, Genista alpina, Epilobium anagallidifolium,
anglica, Gentiana acaulis,.G. pyrenai- Galium cometorhizon, Galium pyrenai- Cerastium pyrenaicum Gay.
ca, Homogyne alpina, Jasione laevis cum, Galeopsis pyrenaica, Saxifraga
subsp. Laevis, Luzula nutans, Meum exarata subsp. moschata, Viola diver- Clé : Espèce vivace, pistil à 5 styles,
athamanticum, Phleum pratense, Plan- sifolia, Myosotis corsicana subsp. py- capsule à 10 dents, feuilles ovales,
tago monosperma, Potentilla erecta, renaearum. pétales dépassant largement les sépa-
Prenanthes purpurea, Pseudorchis les.
albida subsp. albida, Pulsatilla alpina Sur les rochers schisteux, dominants Description détaillée :
subsp. apiifolia, Sorbus aucuparia, les éboulis, notamment au SW du Petit Les tiges souterraines allongées, rami-
Trifolium alpinum, Vaccinium myrtil- Puigmal de Segre, ont été notés vers fiées, émettent des tiges aériennes
lus, Veratrum lobelianum, Veronica 2700 mètres : Androsace carnea, Pri- courtes (15 cm. au plus), redressées,
officinalis, Viola riviniana. On note mula latifolia, Saxifraga pubescens, S. munies de feuilles ovales assez larges,
donc dans ce relevé nombre d’espèces bryoides, Biscutella pyrenaica et quel- rapprochées, densément couvertes de
des pelouses et landes voisines, té- ques touffes du rare Cerastium pyre- poils droits, non crépus. Les fleurs
moins de la reconquête de la forêt sur naicum dans les anfractuosités des solitaires ou en petit nombre, s’épa-
les espaces ouverts. schistes. nouissent de juillet à septembre. Les
pétales échancrés en cœur sont ciliés à
Les éboulis et les rochers : Sur des falaises au dessus de Porté la base, ainsi que les étamines ; les
Puymorens, vers el castell dels moros à sépales lancéolés velus, à bordure
Les groupements d’éboulis ont une 1780 mètres, on a relevé Asplenium membraneuse étroite, sont dépassés
grande extension dans les montagnes septentrionale, Campanula rotundifo- par les pétales. Le fruit oblong, droit,
siliceuses, en particulier à la base des lia, Deschampsia flexuosa, Festuca est un peu plus long que le calice.
crêtes schisteuses. Dans les Pyrénées eskia, Jasione montana, Minuartia Aire : endémique des Pyrénées.
orientales on rencontre notamment un laricifolia subsp. diomedis, Plantago
groupement original, riche en endémi- holosteum, Sedum brevifolium, S. hir-

Bulletin de la SBV - 18 - n°15 - mai 2005


Pelouses et rocailles dus, Carex curvula*, C. nigra, Pulsa- formis, Drosera intermedia, Pinguicula
tilla vernalis, Bupleurum ranunculoi- grandiflora, P. vulgaris, Parnassia
Différentes formes de pelouses acidi- des, Ranunculus pyrenaeus, Iberis palustris, Primula integrifolia, Ranun-
philes ont pu être reconnue sur les iti- sempervirens, Murbeckiella pinnatifi- culus angustifolius, R. aconitifolius,
néraires parcourus, leur répartition da, Cardamine alpina, Draba dubia*, Saxifraga stellaris subsp. robusta,
outre l’altitude, est fonction des Erysimum seipkae*, Pritzelago alpina, Bartsia alpina, Viola palustris, accom-
contraintes d’exposition, de pente, Geum montanum, Potentilla crantzii, pagnées en périphèrie par Salix lappo-
d’humidité et de la nature des sols. Alchemilla saxatilis, Arenaria grandi- num, S. repens.
Leur surface est très variable, et peu flora, Cerastium alpinum, Minuartia
parfois être très réduite. Ont été noté : recurva, M. sedoides*, Silene acaulis, Vers le col de Puymaurens, non loin du
S. ciliata, S. suecisa, S. rupestris, Se- lac de l’Estanyol, en bordure de ruisse-
Pelouses à Gispet (Festuca eskia), pou- dum alpestre, Sempervivum montanum, lets, outre certaines des espèces ci-
vant se présenter sous une forme en Mucizonia sedoides*, Armeria alpina*, dessus on a pu observer Carex curta,
gradin ou bien fermée. Cette Fétuque Genista pilosa, Trifolium alpinum, Juncus alpinarticulatus, Luzula sudeti-
est caractérisée par des feuilles très Anthyllis vulneraria subsp. vlunera- ca, Narthecium ossifragum, Cirsium
dures, piquantes et glissantes, elle a été rioide, Lotus alpinus, Viola diversifo- palustre, Cardamine amara, Drosera
régulièrement observée. Parmi les es- lia*, Androsace carnea*, A. vitaliana*, rotundifolia, etc.
pèces qui l’accompagnent ont été no- Saxifraga fastigiata*, S. oppositifolia,
tées : Veronica fruticans, Campanula S. geranioides, S. exarata, S. moschata, Ce compte rendu est bien incomplet
ficaroides, Phyteuma hemisphaericum, S. pentadactylis*, S. pubescens*, Pedi- puisque nombre d’espèces rencontrées
Trifolium alpinum, Silene rupestris, cularis pyrenaica, Polygonum vivipa- et non des moindres n’y sont pas men-
Festuca rubra, Gentiana acaulis, Co- rum, Jasione crispa, Gentiana alpina, tionnées, c’est le cas de Lilium pyre-
nopodium majus, Epikeros pyrenaeus, G. pyrenaica, G. verna, Gentianella naicum qui à plusieurs reprises et en
Meum athamanthicum, Ranunculus campestris, Plantago monosperma, particulier dans les mégaphorbiaies a
pyrenaeus, etc. Linaria alpina, Leontodon pyrenaicum, pu être observé avec les Aconits et le
Antennaria carpatica, A. dioica, Aster cortège habituel de ces milieux.
Pelouses à Nard (Nardus stricta), soit alpinus, Erigeron aragonensis, Hiera- Cette région des Pyrénées est particu-
mésophile (Nardaie sèche), en particu- cium breviscapum, Leucanthemopsis lièrement riche et nous aurons plaisir à
lier sur les pentes du Roc d’Aude et du alpina, Saussurea alpina (Madres), etc. y revenir, ne serait ce que pour appro-
Madres, soit humide (Nardaie humide) Sur le Madres, un affleurement calcaire fondir la connaissance de certaines
notamment vers les lacs dans le secteur à Dryas octopetala et dans des petites espèces et pouvoir différencier Mi-
des Bouillouses. Dans les Nardaies dépressions sommitales de Salix pyre- nuartia verna de M. recurva, dont Flo-
sèches on a noté Carex caryophyllea, naica et S. herbacea. ra Iberica indique qu'en haute monta-
C. ovalis, Luzula multiflora, Phleum (* au Puigmal). gne on peut observer des formes parti-
alpinum, P. pratense, Antennaria dioi- culières, quelques unes convergeant
ca, Hieracium lactucella, Leontodon Les milieux humides vers M. recurva…
pyrenaicus, Silene rupestris, Trifolium
alpinum, T. repens, Lotus corniculatus, Les torrents et leurs abords immédiats Jean-Claude BOUZAT
Veronica serpyllifolia, etc. Dans les hébergent une végétation qui tranche
Nardaies humides outre certaines des nettement avec celle des milieux envi- Les vertus de Loiseleuria procumbens
espèces ci-dessus on va trouver Epike- ronnants, c’est là que l’on va ren- (d ‘après Émile)
Pendant le stage d’été dans les Pyrénées Orienta-
ros pyrenaeus, Potentilla erecta, Phy- contrer le Saxifragetum aquaticae, as- les remarquablement encadré par Jean-Claude
teuma hemisphaericum, Gentiana ver- sociation endémique des Pyrénées Bouzat et Josette Argaud, nous avons été, non
na, Trollius europaeus, etc. orientales et centrales avec en particu- moins remarquablement guidés par Emile Ar-
lier, aux abords du torent Aiguaneix gaud (mari de notre accompagnatrice locale).
Et c’est lui qui nous a confié la recette de sa
Pelouses à Alopecurus alpinus (= ge- sur le Puigmal : Achillea ptarmica potion miracle contre les calculs rénaux :
rardi) et Trifolium alpinum, ce groupe- subsp. pyrenaica, Adenostyles alliariae Faire bouillir une grosse poignée de Loiseleuria
ment qui peut se rencontrer dans les subsp. pyrenaica, Cardamine amara, dans ½ litre d’eau pendant 5 minutes.
zones où la neige reste jusqu’au début Cerastium cerastoides, Epilobium alsi- Filtrer et boire la tisane.
Ne pas jeter les plantes et recommencer l’opéra-
de l’été n’a pas vraiment été observé, nifolium, Gentiana verna, Imperatoria tion mais cette fois en maintenant à ébullition
même si l’espèce a pu être notée dans ostruthium, Leontodon duboisii, Luzula pendant 10 minutes.
le massif du Madres vers 2310 mètres desvauxii, Polygonum bistorta, Poten- La troisième et dernière fois, il faut 15 minutes
vers le Pla des Gourgs tilla crantzii, Primula integrifolia, d’ébullition.
Il faut donc boire 1 litre et demi de tisane de plus
Saxifraga aquatica, Saxifraga stellaris en plus concentrée (et donc de plus en plus amè-
Pelouses alpines couvrant les hauts subsp. robusta, Viola biflora, V. palus- re) au cours d’une même journée.
massifs siliceux parcourus lors de la tris. Loiseleuria procumbens(L.)Desv. est, en catalan,
session, parfois imbriquées avec la appelée Trenque (prononcez trinque) pedre ce
qui pourrait se traduire par casse-pierres, en
lande à Azalée naine ou à Saules ram- Sur le massif du Madres, en particulier raison de ses propriétés.
pant et piquetées de rochers affleurants à la naissance du ruisseau de la Coume Cette plante n’est malheureusement pas commer-
le sol, ou Festuca airoides forme un des Ponteils et sur les tourbières som- cialisée par les herboristes.
gazon ras. Ont été noté Botrychium mitales du Pla des Gourgs ont été no- Il vous faudra donc récolter vous-mêmes les
rameaux terminaux fleuris (la meilleure période
lunaria, Agrostis rupestris, Helitotri- tées Carex echinata, C. nigra, Erio- de cueillette se situe fin juin) sur les versants
chon sedenense, Oreochloa elegans*, phorom polystachion, E. vaginatum, nord entre 2000 et 2500 mètres d’altitude. Bonne
Luzula lutea, L. spicata, Juncus trifi- Trichophorum cespitosum, Juncus fili- récolte ! Catherine Salles

Bulletin de la SBV - 19 - n°15 - mai 2005


Xatardia scabra (Lapeyrouse )
Meissner.

« La monotonie minérale apparente des


croupes schisteuses et des éboulis
bruns qui croulent depuis les hautes
crêtes des Pyrénées catalanes réserve
pourtant des rencontres de choix. L’u-
ne des plus inattendues est la découver-
te d’un peuplement de cette ombellifè-
re naine et trapue qui surnage dans la
marée mouvante des plaques de schis-
tes.

Le limbe des feuilles, vert Véronèse,


trois fois divisé, et dont les lobes com-
me les nervures sont rudes au toucher
( scabres ) , a un aspect qui rappelle
d’autres ombellifères et lui vaut son
nom catalan, Julivert d’isard ( Persil
d’isard ).Les pétioles des feuilles sou-
Senecio leucophyllus De Candolle. C’est une plante vivace assez remarquable, vent enfouis dans l’éboulis se dilatent à
qui rappelle en réduction (30 cm. au plus), la base en une large gaine striée, em-
le Seneçon Cinéraire des jardins de rocail- brassante, teintée de rouge violacé dans
le. Le rhizome, entouré par les débris des la partie qui émerge à la lumière. La
anciennes feuilles, donne naissance à des tige engoncée dans les gaines des feuil-
rosettes de feuilles pétiolées couvertes sur les, porte une ombelle à rayons très
les deux faces d’un feutrage très dense inégaux, épais, couronnés par des om-
blanc de neige, à limbe profondément dé- bellules denses de fleurs blanc- verdâ-
coupé en segments eux-mêmes^dentés ou tre à étamines crème, accompagnées
lobés. La tige florifère munie de quelques par un involucre de bractées étroites,
feuilles à segments un peu plus étroits, est caduques. Au cours de la fructification
elle aussi revêtue de blanc pur avec, à son la tige s’élève, ainsi que les rayons de
sommet, un corymbe dense composé de l’ombelle, sans excéder une hauteur de
capitules jaunes d’or qui s’épanouissent de 25 cm. Les fruits ovoïdes assez gros, à
juin à août. Les fleurs en tube et les fleurs côtes épaisses, sont surmontés par les
à ligule, ces dernières en petit nombre (5- styles persistants rabattus. A la suite
8), sont entourées par un involucre blanc d’un collet qui traduit par ses stries et
laineux. Les fruits couverts de petits poils son infléchissement l’accroissement de
sont surmontés d’une aigrette de soies la plante qui lutte contre l’épaississe-
disposées sur plusieurs rangs. ment de l’éboulis, un enracinement
Aire : Massif Central (Mézenc, où nous puissant plonge sous la couverture
l’avons vu en juin 2004), Pyrénées cata- pierreuse dans la partie profonde qui
lanes et ariégeoises). emmagasine les éléments fins et les
réserves d’humidité indispensables.
Dessins et leurs commentaires sont ex-
traits de « La grande flore illustrée La plante a été dédiée au botaniste ca-
des Pyrénées » par Marcel Saule – Ed. talan Pagès-Xatard (1774-1846 ) phar-
Milan – 2002. macien à Prats de Mollo, qui la récolta
sauf Eryngium bourgatii pour la première fois vers le col de
de « les Pyrénées » C. Dendaletche Nuria.ll collabora avec Lapeyrouse, et
( Ed. Delachaux - Niestlé ) lui fit part de ses découvertes. La-
peyrouse appela la plante Selinum sca-
http://perso.wanadoo.fr/argaud/ brum. Meissner créa le genre particu-
botanique/index.html lier Xatardia.

Herbier virtuel des Distribution pyrénéenne : éboulis


Pyrénées orientales: ~ 460 espèces. schisteux et calcaires ( espèce caracté-
Josette Argaud ; liens photos : ristique de ces milieux ) aux étages
J ;Dexheimer. subalpin et alpin de la partie orientale
( Index par espèces noms latins- Photo- de la chaîne.
graphies- Liens vers d’autres sites inté-
ressants- Scanners de plantes fraîches- Aire : endémique des Pyrénées.
Agrandissement d’images possible-
Brève description de l’espèce ).

Bulletin de la SBV - 20 - n°15 - mai 2005


Botanique Générale
(comptes-rendus M. Graille)

Plantes envahissantes de la ces posent des problèmes de santé pu- Liste des plantes envahissantes
région méditerranéenne. blique ; qu’elles soient allergisantes, de la région méditerranéenne
urticantes ou encore photosensibilisan-
tes. (15 fiches)
Cette présentation a été assurée par
Sarah Brunel, chargée de mission Les habitats naturels soumis à des per-
turbations d’origine naturelle Acacia dealbata Link.-Fabacées-
« plantes envahissantes » pour le Mimosa d’hiver.
Conservatoire Botanique National Mé- (incendie, éruption volcanique, crues)
et surtout artificielle ( déforestation, Ailanthus altissima(Miller) Swingle-
diterranéen de Porquerolles le mardi 22 Simaroubacées-Faux-vernis du Japon.
février 2005 lors de la réunion men- mise à nue de la terre, surpâturage)
sont généralement les plus sensibles Ambrosia artemisiifolia L.-Astéracées-
suelle. Ambroisie à feuille d’armoise.
Une plante envahissante est par défini- aux invasions végétales.
Amorpha fruticosa L.-Fabacées-Faux-
tion une « espèce exotique naturalisée indigo.
dans un territoire qui modifie la com- En région méditerranéenne 15 espèces
ont perçues comme les plus envahis- Baccharis halimifolia L.-Astéracées-
position, la structure et le fonctionne- Séneçon en arbre.
ment des écosystèmes naturels ou semi santes (voir liste jointe).
Après enquêtes auprès des gestionnai- Buddleeja davidii Franchet-
-naturels dans lesquels elle se propa- Buddlejacées-Buddleia ou arbre aux
ge » (Cronq et Fuller, 1995). res d’espaces naturels et de milieux
aquatiques (Agence Régionale pour papillons.
Une plante sur mille deviendrait enva-
hissante selon une règle établie par l’Environnement en PACA et l’Agence
Méditerranéenne de l’Environnement Carpobrotus acinaciformis(L.) L.Bolus
Williamson. Carpobrotus edulis(L.)N.E.Br.-
Les invasions biologiques sont unani- en Languedoc-Roussillon- avec le
concours du Conservatoire Botanique Aizoacées-Griffes de sorcière.
mement reconnues comme un réel pro-
blème à l’échelle mondiale. Les orga- National Méditerranéen de Porquerol-
les) un programme a été mis en place, à Cortaderia selloana(Schultes) Asch.et
nisations internationales et les gouver- Graebner-Poacées-Herbe de la pampa.
nements se mobilisent autour de ce la charnière entre le monde des scienti-
fiques et le monde des professionnels Impatiens glandulifera Royle-
phénomène, considéré comme l’une Balsaminacées-Balsamine de l’Hima-
des grandes causes de perte de diversi- -analyses de terrain à l’aide d’observa-
teurs, synthèse des connaissances laya.
té biologique. Lippia canescens Knnth-Verbenacées-
Il n’existe pas de « profil type » pour -expérimentation des méthodes d’ac-
tion, de contrôle des espèces envahis- Lippia.
les plantes envahissantes. Celles-ci
présentent des traits biologiques très santes (diverses techniques peuvent
être envisagées depuis des mesures de Ludwigia grandiflora(Michaux) Greu-
variés. Elles ont souvent une croissan- ter& Burdet
ce rapide ; des modes de reproduction précaution jusqu’à des mesures de
contrôle mécanique, chimique ou bio- Ludwigia peploides(Knuth) P.H. Raven
sexuée ou végétative très actifs. Elles - Onagracées-Jussies.
sont ,par ailleurs, très compétitives et logique).
résistantes. Souvent, leur caractère Opuntia spp.-Cactacées-Oponces ou
envahissant ne se révèle qu’a la suite Ces plantes, modèles de productivité,
d’adaptation et de résistance, sont sou- Figuiers de Barbarie.
d’une phase de latence de plusieurs
dizaines d’années après leur introduc- vent vendues dans le commerce. Elles
présentent d’indéniables qualités orne- Reynoutria japonica Houtt.
tion. Reynoutria sachalinensis(Friedrich
Les plantes envahissantes se caractéri- mentales. Elles servent parfois à végé-
taliser talus, bords de routes et autres Schmidt Petrop.) Nakai-Polygonacées-
sent en fait par les nuisances qu’elles Renouée du Japon et Renouée de Sak-
génèrent sur l’environnement, sur les lieux incultes. Il sera nécessaire de
collaborer de manière accrue avec les haline.
activités humaines, sur la santé ou en-
core sur les paysages. Elles entrent en organisations professionnelles pour
trouver des espèces de substitution Robinia pseudoacacia L.-Fabacées-
compétition avec les espèces autochto- Robinier faux-acacia.
nes et peuvent concurrencer ou mena- répondant aux besoins des consomma-
teurs et s’affranchissant des nuisances Senecio inaequedens DC.-Astéracées-
ces des espèces rares, protégées ou à Séneçon du Cap.
forte valeur patrimoniale. Par leur pro- liées aux invasions. Ainsi, il sera possi-
lifération, elles modifient également les ble de transformer en atout ce qui au-
rait pu être considéré comme un frein à Encore une envahissante… !
écosystèmes et peuvent, en conséquen-
ce, perturber la faune sauvage. Les la croissance économique d’une filière
professionnelle. Sous le titre « une peste végétale à combat-
modifications du milieu qu’elles entraî- tre »,le Courrier de la Nature n° 214-juillet-
nent peuvent avoir des répercussions aout 2004, envisage le cas de Phytolacca
sur le pastoralisme en diminuant la Tous les problèmes évoqués ci-dessus decandra L.( le raisin d’Amérique) qui
valeur fourragère des pâtures, ou sur la ont fait l’objet d’un débat avec les so- envahit la forêt de Fontainebleau, générant
circulation de l’eau en milieu humide. ciétaires présents. des dangers pour les herbivores( sa toxicité
Elles peuvent également devenir des Un guide a été élaboré. La version pa- est égale à celle du buis) et ayant la pro-
pier étant épuisée car il a été largement priété de fermer les biotopes.
pestes pour les cultures et diminuer les Le seul remède envisagé est l’arrachage
rendements agricoles. Quelques espè- diffusé, le texte intégral reste accessi-
ble en ligne sur le site www.ame-lr.org soigneux…les bénévoles sont sollicités !

Bulletin de la SBV - 21 - n°15 - mai 2005


Week-end dans les Baronnies 12.000 ans. Elle rejoint la douzaine Arabidopsis thaliana
(22 et 23 mai 2004) d’espèces protégées déjà inventoriée
Une lignée mutante de cette plante favorite
dans la combe de Cléry et les autres des généticiens (« hothead ») ne respecte
1-Le Devès de Nyons. pentes dans le secteur de la Turra à pas les lois de la génétique ?
Herborisation dans la matinée au som- l’ouest du col du Mont-Cenis. Selon une étude américaine publiée dans la
met du Devès. Le milieu est malheureusement mis en revue « Nature »,ce végétal disposerait
Le détail peut se retrouver dans un danger par un projet de construction de d’un mécanisme de réparation de ses muta-
huit remontées mécaniques !! tions fondé non sur l’ADN mais sur une
article antérieur de « Terres d’Eygues » sorte de copie cachée et ancestrale de ce
n° 33- pages 25 à 36 phénomène (ARN « crypté »).Le caractère
« Ballade floristique sur le Devès de Informatisation des collections mutant disparaîtrait à la 3 ème génération
Nyons » par Michel Bernardeau, Jean dans 10% des cas.
Laurent, Marie-Hélène Le Roux, Jean- L’informatisation des collections scientifi-
Des critiques de cette étude évoquent des
ques est une priorité des muséums. En ré-
Louis Rochas et Vally Laget pour les mécanismes de chimèrisme déjà observés
gion PACA, cette tâche, qui s’étend sur
noms provençaux. chez certaines plantes ornementales.
plusieurs années, a été initiée avec des logi-
Document illustré d’un 4 pages cou- A suivre…
ciels différents.
leurs et accompagné d’une bibliogra- Au niveau national, ce sont les herbiers qui
phie. ont été choisis pour être les pionniers en Mares temporaires
Présentation géologique, géographique faveur d’une homogénéisation de l’infor- Le Courrier de la Nature n° 212- mai-juin
et historique. matisation des données. Le Muséum natio- 2004 signale le bilan en préparation du
Plantes de la chênaie verte nal d’histoire naturelle propose d’utiliser la programme « mares temporaires » de Life-
Plantes de la garrigue et des rocailles . base SONNERAT pour rassembler les Nature. Ces milieux sont en régression
informations (planches, types nomenclatu- constante car méconnus du public et très
Plantes des terrasses. raux, fruits, bois,..). Cette base déjà utilisée
Quelques plantes de l’étage collinéen. sensibles aux changements environnemen-
à Paris permet la constitution d’un catalo- taux
gue avec l’attribution d’un numéro d’inven- Ils hébergent des espèces rares et protégées
2-Vallée de l’Eygues- plusieurs sta- taire aux parts. L’ensemble des données telles que Ranunculus laterifolius DC.( vue
tions. sont consultables sur Internet et permet en Ardèche lors d’une sortie de la SBV et
A retenir deux plantes protégées régio- ainsi une large diffusion des informations Marsilea strigosa (la marsilée pubescen-
nales auprès des chercheurs. te),espèce méditerranéenne de fougère
Biscutella valentina L. subsp. pyrenai- Trois musées en France informatisent déjà amphibie.
ca ( A. Huet) Grau & Klingenberg et leurs collections sous SONNERAT : Le
Muséum de Clermont-Ferrand, le Conser-
Biscutella cichoriifolia Loisel vatoire de Nancy et l’Institut botanique de
Ambroisie
Montpellier. Il faut signaler le très complet « Dossier
3 Montagne du Raton. Dix institutions sont détentrices d’herbiers d’information- Guide méthodologique » -
A retenir deux plantes protégées en région PACA, ce qui correspond à un La lutte contre l’ambroisie- diffusé par la
-nationale total de 1,5 million de spécimens environ. Direction Départementale des Affaires
Orchis spitzelii Sauter ex Koch subsp. Sanitaires et Sociales de Vaucluse.Il peut
spitzelii, deux pieds fleuris vers 1220 (d’après « Actualités- Muséums de la ré- être téléchargé sur le site :
m. sur terrain marneux humide. gion PACA -n° 10-Automne-Hiver 2004). www.ambroisie.info
-régionale
Ephedra nebrodensis Guss. sur crête, Les planches de l’Harmas sont accessibles sur le site : www.mnhn.fr
vers 1400 m.
Institution Ville Herbiers princi- Nombre de Informatisés %
Les relevés botaniques exhaustifs de paux spécimens
ces deux journées ont été dressés par Musée Requien Avignon Requien 450000 1280 0,3
Jean-Claude Bouzat. De loiseleur-
Deslongchamps
MNH Aix- Dughi 422000 18000 4,2
Biodiversité. en-Provence Reynier
Jahandiez
Début juillet 2004, la Société botani- Quezel
que de France a organisé une session MHN Nice Vallot 250000 20000 8
Barla
sur le site riche en histoire du Mont- Salanon
Cenis. Lors de l’exploration de la com- Université Marseille Castagne 150000 20000 13,3
be de Cléry, toute proche du col du Aix-Marseille I Contandriopou-
Mont-Cenis à plus de 2000 m. d’altitu- los
Peunel
de, les botanistes ont découvert une Metzger
plante non encore signalée d’un bout à MHN Marseille Legre 150000 0 0
l’autre de l’arc alpin : la laîche des Mercurin
glaciers (Carex glacialis).Cette discrè- Harmas de Sérignan Fabre 20000 3500 17,5
te plante herbacée n’était connue que Fabre du Comtat
Université Marseille Huvé 20000 5000 25
dans les régions proches du cercle arc-
Aix-MarseilleII Verlaque
tique. Il s’agit d’une découverte excep- Boudouresque
tionnelle, le recensement d’une nouvel- Berner
le espèce dans les Alpes étant un fait MHN Toulon Albert 18900 100 0,5
rarissime. Il s’agit d’une plante réfu- Lamar
Jacquart
giée après la dernière glaciation il y a Total 1480000 67880 4,5

Bulletin de la SBV - 22 - n°15 - mai 2005


Informations
Un aperçu de nos activités vialité venez ,n'hésitez pas la prochai-
ne fois … Chers amis adhérents vous qui êtes
au sein des manifestations à peut être loin d'Avignon, peu disponi-
caractères botaniques Une 3ième manifestation non prévue ble, je tenais à vous dire tout cela, la
de la région PACA dans le programme s'est ajoutée en SBV ne se repose pas sur ses
cours d'année. "lauriers".
La SBV, comme vous l'avez vu dans le La mairie d'Avignon, par son adjoint
programme, participe aux journées délégué à l'environnement, monsieur Huguette ANDRE
"Plantes rares et jardins naturels " François Leleu, nous a sollicité pour
à Sérignan. participer à la semaine "Fête de l'Ar-
Elles se sont déroulées les 17et 18 bre "du 2 au 6 novembre2004. S’instruire à Salagon - extraits
avril 2004. Une bonne dizaine d'adhé- "Fête de l'arbre" - oui, mais en autom-
rents se sont mobilisés pour mettre en ne où l'on risque de n'avoir que des Musée Départemental Ethnologique-
place une superbe exposition de plantes arbres défeuillés ! ( difficile alors Prieuré de Salagon 604300 MANE
fleuries du moment, 170 au total. L'ex- d'identifier). Après une concertation Tel. 0492757050 - Fax. 0492757058
position a été très appréciée par le avec les membres du bureau nous musee.salagon@wanadoo.FR.
public. avons opté pour une exposition des www.musee-de-salagon.com
A l'occasion de cette 4ième participation arbres à feuilles persistantes (conifères,
nous avons décidé de réaliser 5 affi- fagacées,etc.) et la présentation d’un Dimanche 22 Mai : 14 h. à 17 h.- Stage
ches (70x120cm) à thèmes: diaporama .Ainsi décidé et proposé, animé par Dorothy Dore, botaniste à
Le Mont Ventoux nous avons réalisé pour notre plus Salagon.
Les Monts de Vaucluse grande joie une exposition de 110 es- Initiation à la botanique- Niveau 1.
La garrigue pèces botaniques à feuilles persistantes De la loupe binoculaire aux usages
Les sables siliceux et les ocres mais aussi à feuilles caduques( les traditionnels : reconnaissance de quel-
Les milieux humides conditions climatiques nous l'ont per- ques familles de plantes présentes au-
Pour cela nous avons réuni des diaposi- mis) dans le péristyle de l'hôtel de vil- tour du Prieuré, à cette saison. Réalisa-
tives, des photographies de nos adhé- le, une magnifique salle d'exposition tion d’un herbier de la flore utile en
rents et effectué une sélection pour bien éclairée mais malheureusement Haute-Provence.
composer nos planches. Au départ située au premier étage !
nous ne pensions pas que ce serait aus- Le vendredi était réservé aux scolaires Samedi 4 Juin : 11 h.- Conférence ani-
si laborieux et coûteux, nous y sommes et leurs enseignants, avec ateliers et mée par Pierre Lieutaghi, ethnobotanis-
arrivés et le résultat est très convenable visites adaptées, tandis que le samedi te.
(bien sûr il y a mieux !mais nous ne était ouvert à tout public. La récolte, la L’évolution des milieux boisés en
sommes pas des "pros ") mise en place, l'encadrement, le diapo- Haute-Provence.
Notre participation ne s'arrête pas là, rama ont nécessité la collaboration La diversité des plantes ligneuses est
nous avons encadré 4 sorties sur le d'une dizaine de personnes. plus élevée en région méditerranéenne
sentier botanique au cours desquelles L’absence de signalisation appropriée que dans le reste de l’Europe. Depuis
se sont noués de bons contacts. au rez-de-chaussée a probablement plus de 7000 ans, les sociétés humaines
Je remercie toutes les personnes pour perturbé la fréquentation de l’exposi- ont profondément modifié le visage
leur active participation et conseille tion, la proximité de la salle des maria- primitif de ce couvert végétal aux mul-
vivement à tous les adhérents ges pour la projection du diaporama le tiples potentialités.
(nouveaux surtout) de s'intégrer à cette samedi après-midi a donné lieu à quel- De nos jours, la fin de l’économie rura-
manifestation un moyen sur et efficace ques difficultés. le traditionnelle fait que le paysage
pour découvrir la flore du Vaucluse, Malgré cela il s’est trouvé, parmi le végétal méditerranéen se modifie rapi-
c'est ainsi que les membres fondateurs public, un couple particulièrement at- dement, au point d’amorcer un retour
de la SBV ont progressé… tentif et qui nous a laissé un témoigna- vers des états antérieurs à l’histoire.
ge bien sympathique de son passage : Cela ne va pas sans conséquences bio-
En octobre les 9/10 /11 à Châteaure- “ We were so delighted to see this ex- logiques, ni sans enjeux sociaux d’im-
nard, département limitrophe, nous cellent display of the flora of Vaucluse portance et nous fait nous interroger
avons présenté, sur le thème " Fruits and to find that –traditional Botany- is sur son devenir en un temps où la crise
de l'automne ", 200 espèces botani- still flourishing in France. In English de l’environnement oblige à réfléchir
ques avec leurs fruits aux côtés de la schools and colleges the emphasis is all sur une nouvelle gestion des milieux
Société mycologique du Vaucluse. on plant physiology! forestiers.
Les dates correspondant avec la Fête Philip and Susan Cheetham- Canter-
de la Science, le lundi nous avons ac- bury- England”. 15 h.- Table ronde scientifique sur le
cueilli les classes primaires et se- thème de « L’arbre et l’homme ».
condaires avec leurs enseignants. En soirée, nous avons pu assister à une
La récolte, la mise en place, l'encadre- conférence sur les « allergies aux pol- Dimanche 2 Octobre : 14 h. à 17 h.-
ment ont été accomplis par un petit lens, en particulier celles engendrées Stage animé par François Tessari, res-
groupe très dynamique qui a soif de par la famille des cupressacées » du ponsable des jardins à Salagon.
connaissance et qui aime le faire parta- Dr. Autran. Une documentation très Initiation à la botanique- Niveau 2.
ger et tout cela dans un esprit de convi- complète a été distribuée.

Bulletin de la SBV - 23 - n°15 - mai 2005


Approfondir les connaissances en découvrant l’anatomie simplifiée des plantes à fleurs, le vocabulaire botanique usuel, les méthodes
de détermination et les usages de la flore en France.

Samedi 15 Octobre : dans le cadre de la Fête de la Science- Conférence animée par Pascal Luccioni, Maître de conférences.
Le latin de mon jardin
Le latin est la langue officielle des botanistes depuis plus de 300 ans. Mais quel sont les grands traits de cette « langue » artificielle
qu’est le latin botanique ?Après avoir donné quelques exemples de sa puissance d’évocation en s’inspirant des plantes présentes
dans les jardins de Salagon, P.Luccioni s’attachera à parler des origines historiques du latin et essaiera surtout de nous faire com-
prendre la formation des noms.

Notes de lecture
Flora alpina1 4028 espèces voient aux flores nationales, régionales
430 sous espèces. ou spécialisées, listes rouges, arrêtés
Il s'agit là d'un monument de la science Pour chacune des espèces étudiées, une législatifs etc…Ces manques peuvent
botanique, tant par son ampleur que par fiche indique, après le nom scientifi- paraître regrettables pour les botanistes
son contenu, réalisé par des botanistes que accepté, selon les règles du Code de terrain pour lesquels Flora alpina
de renom avec le concours de nom- International de Nomenclature ne constituera qu'un complément , cer-
breux spécialistes au nombre desquels (Greutner et al. , 2000), le basionyme tes très utile, voire indispensable, à
sont cités notamment A. Charpin, (un basionyme est un synonyme por- d'autres flores plus classiques. A ce
L.Garaud, B. Girerd, D.Jordan pour la tant l'épithète spécifique originale sujet, on ne peut s'empêcher de compa-
France et après consultation d'une mul- transférée à un autre genre) et les syno- rer cet ouvrage avec Flora helvetica
titude de documents originaux parmi nymes ainsi que les noms communs les dont la présentation, dans un format un
lesquels 16 Flores dont certaines nous plus répandus en français, allemand, peu moindre, est proche de celle de
sont familières (Coste, Fournier, Pi- italien, slovaque et parfois anglais. Flora alpina, ce qui n 'a rien de surpre-
gnattti). C'est le premier ouvrage Chaque fiche comporte une carte de nant puisque l'un de ses auteurs
consacré à la Flore de l'arc alpin dans répartition selon les subdivisions admi- (K.Lauber) est coauteur de Flora alpi-
son ensemble, arc alpin qui sur une nistratives présentes dans la dition na. C'est aussi pour cela que dans les
surface de 170 000 kilomètres carrés (districts, Länder, départements, pro- deux ouvrages figurent des photos
concerne, à des degrés divers, 7 pays : vinces ou cantons selon les pays). En identiques au format près. Et Flora
Allemagne, Autriche, France, Italie, outre, d'autres régions hors de l'arc helvetica comporte comme nous le
Liechtenstein, Slovénie, Suisse et mê- alpin, mais faisant cependant partie du savons, des descriptions morphologi-
me une petite partie de la Hongrie. Les "système alpin" ne sont pas oubliées, ques et une clé de détermination an-
limites de la dition ont été établies avec c'est le cas, pour la France, du Jura, du nexée.
précision. Ainsi, pour la France, si Massif Central, des Pyrénées, des Vos- Christian Grosclaude
seul le département des Hautes Alpes ges et de la Corse. Pour ces régions,
(05) figure dans sa totalité, 8 autres chaque fiche indique seulement la pré- 1
Ouvrage réalisé dans le cadre du Conser-
départements sont partiellement repré- sence ou l'absence de la plante considé- vatoire et Jardins botaniques de la Ville de
sentés : il s'agit des Alpes de haute rée. Les fiches donnent en outre des Genève (CJBG) par D. Aeschimann, K.
indications, sous forme de code, Lauber, D.M. Moser et J.P. Theurillat .,
Provence (04), des Alpes maritimes avec le concours de nombreux autres bota-
(06), de la Drôme (26), de l'Isère (38), concernant la biologie, la phénologie,
la chorologie (espèces endémiques, nistes. Trois volumes totalisant plus de
des deux Savoies (73-74), du Var (83) 2600 pages, dont la version française est
et du Vaucluse (84), la petite portion xénophytes ou indigènes), l'écologie et
disponible aux éditions Belin (prix : 190 €).
de ce dernier département excluant également la phytosociologie (basée
toutefois le Lubéron et le Plateau de sur le synsystème des Alpes de Theu-
rillat et al., 1995). Et, en regard des Des publications récentes
Vaucluse. L'ouvrage veut représenter
une synthèse des connaissances botani- fiches figurent des photos, voire des pour se repérer dans
schémas, d'excellente qualité.
ques acquises depuis le 19° siècle
Du fait de la couverture géographique
l’Histoire de la Botanique
concernant environ 4500 plantes vas-
culaires illustrées par près de 5900 transfrontalière de Flora alpina , les
1) Les botanistes et la flore de Fran-
photographies (ou parfois croquis) auteurs ont veillé à ce que chaque fiche
ce: trois siècles de découvertes par
d'excellente qualité. soit indépendante des langues utilisées
Benoît Dayrat
Si l'on définit un taxon comme étant dans les différents pays de la dition,
Dans le dernier numéro de ce bulletin,
une unité systématique de rang quel- d'où l'emploi de codes parfois fasti-
était signalée la parution en 2003 sous
conque, Flora alpina mentionne 4491 dieux à lire au premier abord. Pour la
la houlette du Muséum national d’His-
taxons soit le tiers environ des plantes même raison et également pour ne pas
toire naturelle, dans la collection Ar-
de notre continent européen. Ces diffé- alourdir encore cet ouvrage, on ne trou-
chives de ce gros livre - 690 pages ! -
rents taxons s'articulent comme suit : vera pas dans Flora alpina de descrip-
de Benoît Dayrat ; l’auteur est un ma-
148 familles tions morphologiques ni de clés de
lacologiste (= spécialiste des Mollus-
933 genres détermination , ni non plus d'indica-
ques Gastéropodes! ) averti, post doc-
33 agrégats (dans les genres Alchemil- tions sur la cytologie -nombres chro-
torant dans sa spécialité en Californie ;
la, Amaranthus, Aster, Hieracium, mosomiques-, l'ethnobotanique, la
il s’est pris aussi de passion pour ces
Leucanthemum, Potentilla, Ranuncu- toxicité ou les degrés de menaces, ru-
botanistes qui depuis des siècles ont
lus, Rubus, Rumex, Taraxacum ) briques pour lesquelles les auteurs ren-
arpenté le territoire français pour étu

Bulletin de la SBV - 24 - n°15 - mai 2005


dier les plantes composant sa couvertu- d’un homme tel que Jacques d’une Flore, d’un catalogue, d’un in-
re végétale et a écrit ce livre en même Gay (1786-1864) dans la création de la ventaire concernant tout ou partie du
temps qu’il préparait sa thèse. Société botanique de France. Bref à territoire français; ont été ainsi rédi-
À partir d’une liste d’espèces valides partir de ces relations humaines, il veut gées près de 880 notices, toujours assez
de la Flore de France présente dans contribuer à l’écriture de l’histoire de courtes, mais suffisantes pour décrire
Flora Europaea, et dans l’Index syno- la découverte de la biodiversité. le parcours et les activités du floriste;
nymique de Michel Kerguelen, l’auteur les sources d’informations sont indi-
a sélectionné les premiers botanistes Le livre se termine par les outils habi- quées en notes.
qui les ont découverts et a rédigé leurs tuels qui permettent de naviguer dans C’est une approche simple, bien diffé-
biographies, abondamment renseignées cette banque imposante de données rente par son écriture et sa densité de
jusqu’alors éparpillées dans diverses celles du livre de Benoît Dayrat, aussi
Par exemple, nous voyons ainsi évo- publications plus ou moins confiden- rigoureuse par ailleurs. La liste des
quer en plein “âge d’or de la Botani- tielles: Liste des espèces valides par auteurs est d’ailleurs bien différente.
que” le souvenir de Joseph, Xavier, auteur, liste des illustrations, index des
Bénézet Guérin (1775-1850), auteur noms cités (on y retrouvera quelques Les deux productions se complètent
d’Asplenium petrarchae, et celui d’Es- noms connus des adhérents de la donc heureusement ; ce sont deux ou-
prit Requien (1788-1851) auteur no- SBV !), Index général et Bibliographie tils indispensables pour qui veut dé-
tamment d’Euphorbia corsica. Bien marrer une approche historique de la
loin de la botanique, Benoît Dayrat 2) Le Journal de Botanique découverte de la flore et de la végéta-
n’hésite pas à citer une lettre virulente de la Société Botanique de France tion d’un territoire donné de la métro-
de Mérimée à son ami Requien à pro- pole. En particulier l’approche dépar-
pos du projet de destruction des rem- Seuls les sociétaires le reçoivent, mais tementale dans le numéro 10 est pré-
parts d’Avignon pour construire le on peut le consulter à la bibliothèque cieuse, car elle peut être utilisée si l’on
chemin de fer. L’attachement qu’il de la Société Botanique du Vaucluse; prépare un voyage ou si l’on veut véri-
porte à ces grands anciens transparaît on peut aussi se le procurer auprès du fier d’anciennes données. De même la
dans son écriture chaleureuse et se trésorier de la SBF, notre ami Rémy liste des anciennes sessions, 131 pour
communique au lecteur, surtout lorsque Sornicle 6, bd Jeanne d’Arc 45600 la SBF, 27 pour la SBCO facilite une
celui-ci a déjà tant soit peu fréquenté Sully-sur-Loire. approche à la fois synthétique et détail-
les bibliothèques sur la piste de vieux lée d’un territoire précis.
botanistes parfois oubliés. Vient de paraître la dernière partie d’u-
ne série de cinq articles ayant pour 3) Histoire de la Botanique
Après un avant-propos où l’auteur ex- thème une Bibliographie sélective des
pose sa méthode, vient une Introduc- Flores de France ; en réalité, c’est par Joëlle Magnin -Gonze. Éditions
tion générale qui survole l’histoire de plutôt une base de données réalisée par Delachaux et Niestlé -Septembre 2004-
la discipline et mentionne les botanis- André Charpin et Gérard-Guy Aymo- 240 pages.
tes pré linnéens depuis le renouveau de nin, suivant la progression ci-dessous:
la botanique en Europe au XV° et au N°10 Bibliographie sélective des Flo- 210 pages, c’est un peu étroit pour lo-
XVIe° siècle jusqu’à la dynastie des res de France nationales, régionales et ger toute l’histoire de la Botanique
Jussieu. départementales p.3 à 80 depuis l’Antiquité jusqu’aux années
Ensuite, le corps du livre se divise en suivie de : 1900 ainsi que de nombreuses illustra-
quatre chapitres correspondant à qua- tions. Lorsque l’auteur a présenté der-
tre grandes périodes de la découverte Les Sessions extraordinaires de la So- nièrement son livre à Continent
de la flore de France après Linné, ciété botanique de France (SBF) et Sciences, l’excellente émission scienti-
1) la transition linnéenne (1753-1790), de la Société botanique du Centre - fique de Stéphane Deligeorges sur
2) l’âge d’or (1790-1850), Ouest (S.B.C.O.) p.81 à 88. France Culture, on sentait qu’elle avait
3) vers les grandes flores (1850-1920) du se limiter et qu’elle le déplorait;
4) la systématique fine (de 1920 à nos Ce numéro 10 tout entier consacré au d’autant plus qu’elle ne réduit pas la
jours) sujet est paru en juin 1999 botanique à la seule floristique mais
qu’elle essaie de décrire pour le lecteur
Dans la Conclusion l’auteur explicite On trouvera la suite de cette Bibliogra- la construction progressive, au 19°
bien ses intentions ; il veut aller au- phie sélective des Flores de France siècle en particulier, d’une botanique
delà des destins individuels, où il a sous forme de Notices biographiques moderne qui va se différencier en de
essayé à la fois de cerner la valeur de sur les auteurs cités nombreuses disciplines spécialisées,
l’oeuvre scientifique, mais aussi la dans les numéros 20, Décembre fort bien recensées dans le détail par
personnalité de chaque botaniste évo- 2002 (partie II, A-C), p.65-104; René Georges Delpech dans un récent
qué;il veut le replacer dans le contexte numéro 21, Mars 2003 (partie III, D- message sur Tela Botanica.
des idées de l’époque et de la commu- I), p. 49-88;
nauté botaniste. Ainsi l’oeuvre d’A- numéro 25, Mars 2004 (partie IV J-0), L’entreprise de décrire une Histoire de
lexandre Boreau (1803-1875), auteur p.49-86; la Botanique en Français est méritante;
d’une Flore du Centre de la France ne numéro 27, Septembre 2004 (partie V, il était devenu très difficile de se pro-
peut être comprise sans l’évocation de P-Z), suivie de Compléments. p.47-87. curer un ouvrage ancien traitant du
son réseau impressionnant de corres- sujet; il est loin le temps où Gaston
pondants. De même, li est nécessaire Le critère de choix des anciens botanis- Bonnier incluait dans son cours de Bo-
d’expliquer l’importance politique tes, tous décédés, est la publication tanique des pages consacrées à cette
Histoire; en son temps, nous avions

Bulletin de la SBV - 25 - n°15 - mai 2005


utilisé pour aborder ce sujet les quatre Enfin un outil intellectuel que person- thèses”, Les ripisylves méditerranéennes”
tomes d’une volumineuse Histoire nellement j’apprécie beaucoup lors- compte rendu des journées de Sarrians (84)
Générale des Sciences publiée en 1961 qu’il existe, et que je me suis souvent revue Forêt méditerranéenne 24 (3) en sep-
aux Presses Universitaires de France, construit lorsqu’il est absent: une chro- tembre 2003.
Plus de 45 revues en rapport avec l’envi-
par René Taton coordonnant de nom- nologie détaillée de -500 avant Jésus- ronnement y sont recensées, ainsi qu’une
breux auteurs. Il fallait alors mettre Christ, jusqu’en 1900 permet par un vingtaine de documents divers, plaquettes
bout à bout les chapitres dispersés dans jeu de couleurs de relier visuellement brochures, cédérom; signalons les 15 fiches
les différents volumes traitant du sujet des événements majeurs et des décou- décrivant des plantes envahissantes de la
et ce n’était pas toujours commode. vertes importantes, aux personnages région méditerranéenne, dans Plantes enva-
évoqués dans les chapitres précédents. hissantes...2003 coed.AME-AREPACA.
On dispose donc maintenant, sous une
forme pratique, d’un ouvrage moderne, Ce livre met donc en appétit pour Sur les pages de couverture, présentation
une compilation, comme le nomme fort aborder plus en détail telle ou telle d’un animal protégé, en danger certain , et
qui dans notre région a fréquenté les gené-
modestement l’auteur, Conservatrice question de l’histoire de la discipline. vriers de la prairie du Mont Serein où il
de la bibliothèque des Musée et Jardins Le titre de la collection auquel il appar- thermorégulait au soleil, la Vipère d’Orsi-
botanique du canton de Vaud (Suisse), tient “Les références du naturaliste” ni.
et qui a ce titre est en contact quotidien suffira à indiquer qu’il a sa place dans
avec les livres, parfois fort anciens la bibliothèque de l’amateur comme du Numéro 52 Septembre 2004
écrits par les auteurs qu’elle présente. spécialiste. Des contributions sur des problèmes qui
peuvent nous préoccuper :
Une courte introduction précède neufs Les pommiers transgéniques résistants à la
chapitres, à savoir, l’Antiquité, le tavelure Gaétan Vanloqueren et Philippe
V.Baret
Moyen Age, les XIVe˚ et XVe˚siècles, Le Courrier de l’environnement
le XVIe°siècle, le XVIIe°siècle (1623- de l’I.N.R.A. Éléments en trace dans les sols et nos ali-
1694); les quatre derniers chapitres ments par Michel Mench et Denis Baize.
traitent du XVIIIe°siècle (première “Irrégulomadaire”, bulletin de liaison de
moitié :1694-1753; deuxième moitié la Mission Environnement et Société de À lire absolument un témoignage de Bruno
1753-1809), et du XIXe°siècle l’INRA, âgé maintenant de dix-huit Latour, sociologue des sciences « C’est la
(première moitié :1809-1851; deuxiè- ans, c’est une revue envoyée gratuitement fin de l’insouciance du progrès « article de
à toute personne intéressée qui en fait la Y. Miserey paru dans le Figaro en août
me moitié : 1851-1912). demande écrite à INRA ME&S, 147 rue de 2004 qui nous montre qu’on ne peut plus
l’Université , 75338 Paris cedex07. être aveuglément optimiste sur les progrès
A partir du 18°siècle , on voit ainsi Elle parait 3 fois par an, mais il ne faut pas scientifiques et qu’il est nécessaire pour des
apparaître progressivement les acteurs se cacher que sa survie dépend toujours de sociétés évoluées comme les nôtres de
de la Botanique classificatrice, de la la générosité des finances publiques. débattre du bien fondé de telle ou telle
nomenclature binomiale, de la recon- Le Courrier tire à 13000 exemplaires ; il se avancée en vue de choix raisonnés.( OGM
naissance des sexes chez les plantes; la prolonge par un site Internet très intéres- par exemple)
classification naturelle se précise ainsi sant www.inra.fr/dpenv.
que la construction intellectuelle de la Dans un autre domaine une étude de la
Dans le numéro 51 Février 2004 consommation traditionnelle des châtaignes
botanique évolutionniste; vient la Analyse environnementale des accords de
connaissance de plus en plus précise au XXe°siècle en Ille et Vilaine par Samuel
Luxembourg. Xavier Poux Perrichon.
des fonctions biologiques végétales , L’environnement en grandes cultures On appréciera diversement l’humour des
nutrition, photosynthèse, reproduction, Jean Luc Brochu et al. « Râleries d’un promeneur solidaire » de
respiration, jusqu’à la découverte de la Cheptel piscicole et milieu aquatique Jean Pierre Nicol, observations sur la dé-
génétique et de ses développements, Alexandre Brun. J Michel Pinet gradation de la campagne issues de prome-
qui vont chambouler les classifica- Les enjeux de la production de blé biologi- nades pédestres en Brie et à l’entour, facile-
tions. Cet ouvrage permet aussi de per- que. Christophe David et al. ment transférables en d’autres régions »
cevoir la circulation internationale des Parler des animaux: une rhétorique furtive. omniprésence des déchets, chemins en
Hubert Vincent. etc.... défonce, haies massacrées à l’épareuse, etc.
idées; tout le monde a entendu parler
de l’oeuvre capitale de Linné et de Même si le botaniste pur et dur ne semble Et puis les rubriques habituelles, livres,
l’importance des idées de Jussieu, de apparemment pas trouver son compte dans revues, colloques, etc.…où chacun peut
Lamarck et de Darwin, des découvertes ce sommaire, les pages de rubriques peu- pêcher ce qui l’intéresse.
de Mendel; peu connaissent les travaux vent à chaque fois être l’objet d’un butina- En couverture Cerambyx cerdo, le Grand
scientifiques d’Eduard Strasburger ge efficace. Capricorne longicorne , à la fois « trésor de
(1844-1912) professeur à Iéna et à la biodiversité ou ravageur forestier ma-
Bonn; il a décrit le premier le proces- Dans ce numéro, au hasard je cite ma jeur ».
sus de fécondation chez les Phanéroga- récolte rapide:
dans “On en parle encore”, l’opinion d’un À signaler tout de même qu’on peut recy-
mes en 1884, et il sera un des premiers garde forestier des Alpes maritimes sur la
à pressentir le rôle essentiel du noyau cler le papier de la collection de Courrier
gestion du retour du loup et le problème du de l’Environnement pour la remplacer par
cellulaire dans l’hérédité. pastoralisme en montagne; dans “on signa- le cédérom des Cinquante premiers numé-
le Livres, “mention du livre de Lucile Al- ros (Prix 50 euros + 5 euros de frais de
Bibliographie et index divers à la fin lorge” La fabuleuse odyssée des plantes” port) qui tiendra moins de place dans la
de l’ouvrage: l’Index des noms de per- J.C.Lattés et de celui d’Hervé le Guyader” maison.
sonnes est riche de 300 noms environ. Classification et évolution” , 124 pages aux
éditions Le Pommier, 239 rue St Jacques, Jean-Pierre JACOB
75005 Paris; dans “Rapports compte rendus

Bulletin de la SBV - 26 - n°15 - mai 2005


Introduction à la botanique pierrailles des crêtes supérieures sont symboles.
Georges Ducreux - 256p - 20€ - Belin 2004 surprenantes et inattendues. Devenu l’un des ouvrages les plus re-
Dans le but de s’initier facilement à la cherchés de l’édition naturaliste fran-
Cet ouvrage d’initiation écrit pour les
connaissance de la végétation du Ven- çaise de l’après-guerre, il est enfin ré-
étudiants de Deug-Licence dans la col-
toux, ce petit manuel décrit de façon la édité.
lection Belin Sup Sciences est une ou-
plus simple possible tous les arbres et
verture pour qui est plutôt familier Prix du Conseil de la Société botanique
arbustes de plus de 1 m. de haut, natu-
avec la botanique descriptive, car il de France en 1971, ce livre reste un
rels ou essences forestières introduites
aborde le sujet à la lumière des décou- texte de référence pour quiconque s’in-
( en particulier les conifères ), que l’on
vertes du siècle précédent( le XXè- téresse aux plantes ligneuses de nos
peut rencontrer dans le massif ( près de
me ! ) qui ont renouvelées notre vision climats, en un temps où leur devenir ne
150 espèces ).
du végétal. Avant d’approfondir on va plus de soi, où il convient de re-
apprécie la clarté de la présentation, En rassemblant ici à propos des plan- considérer le futur des arbres avec les
des schémas, des tableaux, du vocabu- tes ligneuses les chroniques à la fois meilleurs repères possibles.
laire, et les sous chapitres qui introdui- vivantes et précises parues sous sa plu-
sent une réflexion historique ou éco- me dans les « Carnets du Ventoux «, Ed. Actes Sud-2004-1322 pages- Prix :
nomique. Un outil pour aller plus loin, Bernard Girerd offre un compagnon 29 Euros.
pour mieux communiquer avec la re- précieux au randonneur de cette monta-
cherche de pointe, et pour éclairer une gne A la découverte de la flore
meilleure perception de la biosphère Editions Alain Barthélemy- 127 pages- du Haut-Languedoc.
dont notre monde actuel doit prendre 2004- Prix : 20 Euros. Philippe Durand- François Livet- Jac-
de plus en plus conscience. ques Salabert.
Le livre des Arbres,
Atlas en couleurs Arbustes et Arbrisseaux
Constituant la pointe sud-ouest du
Structure des plantes Massif Central, le Haut-Languedoc
Pierre Lieutaghi accueille une flore riche qui témoigne
B.G.Bowes- Trad. L.Gauthier –192p.- 45€ -
Inra Editions Avant- propos à la nouvelle édition. de ses influences climatiques atlanti-
Lexique des termes techniques. ques et méditerranéennes et de la di-
Les schémas de l’ouvrage précédent
Clef générale d’identification- Flore versité des paysages qu’elles compo-
m’amènent a rappeler cet atlas consa-
simplifiée de tous les arbres, arbustes, sent ( Montagne Noire, Sidobre, Monts
cré aux plantes vasculaires dont la des-
arbrisseaux et principaux sous- de Lacaune, Somail, Caroux-
cription précise et les schémas sont
arbrisseaux spontanés, naturalisés ou Espinouse, vallées du Jaur et de l’Orb,
illustrés de très belles images, du végé-
communément cultivés et des principa- Minervois, Faugérois, Monts d’Orb…).
tal à la coupe histologique ce qui per-
les espèces ligneuses d’ Europe Occi- Guide conçu pour l’amateur de botani-
met la liaison avec le réel.
dentale. que, mais aussi pour le touriste curieux
Jean Virolleaud Bibliographie. de découvrir la végétation de la région,
Index des termes médicaux, index gé- ce livre a été réalisé par des botanistes
Bibliographie néral. passionnés et reconnus qui offrent à un
Table révisée des noms botaniques, large public les résultats de plusieurs
Arbres et Arbustes Table des noms français. milliers d’heures d’herborisation. 400
du Ventoux Illustrations : dessins de l’édition origi- espèces végétales sont ainsi décrites
Bernard Girerd nale complétés et scanners. par un texte apportant les principales
Photographies d’Olivier Madon et Ber- Edité pour la première fois en 1969, Le informations (Caractères botaniques,
nard Girerd (111 photos ) Livre des arbres, arbustes et arbris- dates de floraison, écologie) ; elles sont
Préface de Pierre Lieutaghi seaux,qui associait l’étendue et la ri- illustrées par une riche iconographie et
Index des noms scientifiques, français, gueur de l’information à une forme par des dessins techniques au trait d’u-
provençaux. accessible à un large public, œuvre de ne très grande précision. Les espèces
botanique et d’ethnobotanique mais sont groupées en fonction des milieux
Le Ventoux est une montagne mythi- naturels où l’on peut les rencontrer, ce
que. Il a attiré, fasciné et inspiré tout aussi tentative d’écriture, était vite ap-
paru comme la plus riche synthèse de qui facilite l’identification des végé-
un monde, depuis les admirateurs les taux généralement associés dans cha-
plus modestes jusqu’aux personnages langue française en son domaine.
Flore descriptive avec clefs d’identifi- que station. Et s’il désire davantage
les plus célèbres. Cet attrait est essen- d’informations, le lecteur trouvera plu-
tiellement dû à sa position géographi- cation de toutes les plantes ligneuses
de France (région méditerranéenne sieurs relevés floristiques complets
que exceptionnelle ; nul ne peut l’aper- pour chaque milieu naturel présenté.
cevoir, en parcourant la vallée du Rhô- comprise) et des pays de l’Europe
moyenne, développant au besoin des Amateurs, spécialistes ou néophytes,
ne et la Provence, sans être saisi d’une chacun prendra plaisir à parcourir cet
envie irrésistible de le gravir. points intéressants de leur biologie, de
leur écologie ou de leur distribution, ouvrage, véritable invitation à décou-
Indéniablement, la végétation qui le vrir le monde si riche des plantes et la
recouvre sur ses deux versants consti- l’ouvrage traite simultanément des
principaux aspects de leur rencontre nature préservée du Haut-Languedoc.
tue son aspect le plus attrayant. Le pas-
sage progressif d’une végétation médi- avec les sociétés, dans l’histoire com-
me de nos jours : emplois artisanaux et Ed. du Rouergue / Parc régional du
terranéenne à une végétation monta- Haut-Languedoc-2004- 383 pages-
gnarde est spectaculaire, de même que industriels, usages médicinaux et ali-
mentaires, « folklore », croyances et 30,50 Euros.
les plantes alpines intercalées dans les

Bulletin de la SBV - 27 - n°15 - mai 2005


Parutions L’herbier du monde. Errance botanique en pays vellave
5 siècles d’aventures et de passions (La Grosse Roche)
Prodrome des végétations de France. botaniques au Muséum national d’his-
toire naturelle. Les 350 documents, Enveloppés de vent et de vastes horizons
Nombreux auteurs:Jacques Bardat et Des botanistes* ont perçu l'ample frisson
suivants dont René Delpech. pour la plupart inédits, sont choisis
Du sommet où chaque regard s'est perdu
Publications Scientifiques – Muséum parmi les huit millions d’échantillons Dans un vaste lointain qui met à nu
national d’Histoire naturelle – 2004 - du musée. L'Ail de la victoire a conquis nos rêves
171 pages – 21 Euros. Ed. L’Iconoclaste- 240 p.- avec le concours Et les Sceaux de Salomon, revenants bibli-
du laboratoire Fabre- 63 Euros. ques,
Poa de France, Belgique et Suisse. S'inclinaient devant la beauté magique
Robert Portal – 2005- 44,8 Euros port Qui semblait murmurer sans trêve :
"Ô vieux Terriens, prenez votre temps !"
compris chez l’auteur. Le coin de la poésie René Char nous nomme des
"entr'appelants"
Les orchidées sauvages de France Si comme moi, étant enfant, vous avez lu Quel écho mystérieux tentions-nous de
grandeur nature. « les fleurs de la petite Ida » (Hans Chris- capter
Textes et photos de Rémy Souche. tian Andersen), vous savez depuis ce temps Á travers les floraisons fugitives ?
Ed. Les Créations du Pélican- 2004. que si les fleurs se fanent, c’est que passant Quel message subliminal se dessinait,
leurs nuits au bal, elles sont fatiguées d’a- Parmi nos multiples perceptions intuitives,
Dictionnaire des arbres et arbustes. voir trop dansé et la fatigue ça influe sur le En filigrane, sur le Chant du Monde.
Ed. Larousse- 2004. teint. Enfant, cette explication me ravit, et il
m’arrive encore aujourd’hui, en enlevant La hampe enflammée de la Digitale
une fleur fanée, de lui murmurer : « il ne Les casques ensoleillés du Tue-Loup
Va paraître prochainement : « Un fallait pas tant danser ». Les Lis martagon à la fierté verticale
amour d’orchidée : le mariage de la Mais voilà maintenant je sais qu’au grand Les mini grelots du Petit Muguet un peu
fleur et de l’insecte » bal du printemps les fleurs ne font pas que fou
Aline Raynal-Roques, Albert Rogue- danser, ce sont des ensorceleuses ne son- Et les gouttes de sang de Rosa alpina
nant, Yves Sell. geant qu’a attirer, qu’a capturer des gour- Symphonie aux senteurs de rude climat !
(Aline Raynal-Roques est l’auteur du mands, des gourmandes de tous les plai- Quel vulnéraire embaumé de vent
livre « La botanique redécouverte »). sirs : abeilles, bourdons,oiseaux…qui aux Sur toi Grosse Roche a don d'apaisement ?
pièges suaves qu’elles leur ont préparé ne Don d'apaisement
L’herbier voyageur peuvent résister. Ainsi, non contente d’of-
frir au bourdon son labelle ventru et velou- Á tes pieds, des souliers timides de respect
Histoire des fruits,légumes et épices du Ont épargné Pinguicule et frêle Parnassie
té, la perfide orchidée apifera l’attire im-
monde. manquablement en diffusant dans l’air un Toutes deux, sur coussin de Sphaignes,
Michelle Jeanguyot et Martin Seguier- parfum en tout point semblable à celui de tapies
Gris.Ed. l’abeille ; notre gros bourdon, fou de désir, Timides de respect.
Plume de Carotte- Toulouse- 2004- 30 se rue sur la belle mais hélas en pure perte,
Euros ses ardeurs resteront insatisfaites ; et mal- Mais, ô passager solidement chaussé, sais-
gré cet échec notre pauvre mâle frustré, tu
coiffé désormais de deux pollinies,va de Que tu provoques un véritable tremblement
nouveau vers un autre leurre tenter de prou- de terre
ver qu’il est un vrai mâle… ! Le sais-tu ?
« Et quoi me direz-vous ? ,vous ne m’ap-
prenez rien que je ne sache déjà, tout cela En failles qui ouvrent naissance à la graine
ne sont que des stratégies pour assurer la solitaire
survie de l’espèce, pas de quoi fouetter un Depuis si longtemps par les autres étouffée
chat » Chacun son temps et sa destinée …
Oui, vous avez raison, mais c’est sans
compter sur le poète, le rêveur, celui qui "Tu es ce que je fus, tu seras ce que je suis"
voit les choses autrement et pourtant telles Grince le portail de Fay sur Lignon…
qu’elles sont. Alors si vous voulez vous Echo du Chant du Monde ?
plonger dans « les jupons enroulés d’une Odette Mandron
rose », « la minceur d’une primevère », Septembre 2004
« l’ombre violacée d’un muscari » ou vous * de la Société Botanique du Vaucluse :
griser de l’humeur créole d’une passiflore sortie du 26 Juin 2004.
et ne vous commettre qu’avec une reine
païenne, alors plongez-vous dans
« L’amour au jardin » de Jean-Pierre Otte,
poète et grand observateur de la nature,
publié aux éditions Phébus (1995) et que
j’ai trouvé à la librairie de la Chartreuse de
Villeneuve les Avignon. Vous pourrez, le
temps d’une lecture, être à la fois, la fleur
qui pour son amant a préparé mille recettes
de séduction, et cet amant fou qui n’hésite
pas à « expirer dans les ténèbres serrées,
chaudes et humides »…

Claire Ventrillard

Bulletin de la SBV - 28 - n°15 - mai 2005

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