jérôme mesnager. Ses œuvres ornent les murs du monde entier. De la Muraille de Chine aux rues de New York

Le Journal de Saône et Loire - 03 janv. 2012 à 05:00 - Temps de lecture :
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Jérôme Mesnager posant devant un de ses dessins sur un mur. à Montreuil. Photo AFP/Jacques Demarthon
Jérôme Mesnager posant devant un de ses dessins sur un mur. à Montreuil. Photo AFP/Jacques Demarthon

Peintre de rue, Jérôme Mesnager, 50 ans, dessine depuis 30 ans des « corps blancs » sur les murs de Paris et du monde entier en poursuivant une démarche artistique particulière, entre l’officiel et le subversif, sans choisir ou s’y enfermer.

Pourtant, une vingtaine d’expositions par an, autant de tableaux par mois devraient lui suffire. « Je ne laisse pas passer le gag visuel », un mur abandonné le séduit, mais pas n’importe où, il doit attirer l’œil du passant, explique-t-il depuis son atelier de Montreuil, à l’est de Paris.

De la Muraille de Chine aux rues de New York

« Je peins depuis l’âge de 14 ans, c’était abstrait », précise cet ancien élève de l’école Boulle, spécialisée dans les métiers d’arts. Le premier « corps blanc », très stylisé et aux muscles arrondis, remonte à 1983.

Depuis, il a dessiné un peu partout, de la muraille de Chine jusqu’au Japon ou à Pondichéry. Ses corps se retrouvent aussi dans les rues de New York et sur les parois des catacombes où, au cours des années 80, il a emmené Sting, Jacques Higelin et le cinéaste Werner Herzog. Ses silhouettes y sont encore visibles. « Un peu champignonnées », selon un témoin, mais Mesnager est rassuré d’avoir été préservé des tags qui ont envahi les souterrains de Paris.

« Je ne fais pas de tags », insiste-t-il. « Jamais de bombe, c’est fait pour les radiateurs », ajoute cet ancien professeur de dessin. « Dans les tags il y a beaucoup de vandalisme, on ne peut cohabiter avec des gens qui ont envie de nuire ». À Montreuil, il recouvre de gris l’injure écrite sur son personnage dénonçant « une vulgarité ».

Pas d’ennui avec la police

« Moi je peux copier Michel-Ange, dit Mesnager, j’exprime une dynamique du vivant à travers le corps humain ». Rodin, Delacroix sont aussi ses inspirateurs, même si « la liberté est le vrai message de mon art, que j’ai confié aux corps blancs, comme la page où tout reste à écrire, à rêver, à imaginer », écrit-il dans son autobiographie ( Ma vie en blanc Editions Le voyageur).

Alors que chaque nuit, la police interpelle plusieurs tagueurs pour dégradation, ses rapports avec la police sont sereins. « Salut Jérôme ! C’est bien ce que tu fais », lui disent, selon lui, les policiers. Même s’il se rappelle avoir échappé de peu à la brigade fluviale sur les quais de Seine où il était le premier à s’exprimer ainsi au début des années 80.

À Shanghai, les habitants lui offraient des bières et l’invitaient à peindre sur leurs murs. Des architectes viennent parfois lui offrir le hall d’une nouvelle construction. Un jardin zoologique s’est implanté à Ménilmontant sous ses pinceaux et ceux de son ami Némo, autre peintre de rue aux silhouettes stylisées, avant de disparaître. Depuis quelques années, des oiseaux sont apparus à côté des corps blancs. « Ils transforment une surface en ciel, d’un coup de pinceau magique le mur disparaît et devient l’immensité céleste » explique-t-il.

Coté, vendu dans de nombreuses galeries et même récemment sur des panneaux de signalisation routière détournés, Mesnager veut « être accessible à tous ». Une toile de taille moyenne vaut entre 500 et 1 000 euros, un panneau routier, original, vaut environ 800 euros.

« J’ai fais 4 500 tableaux, mais quand on aime on ne compte pas », dit-il en souriant avec un regard vif d’adolescent. Selon lui, « depuis 20 ou 30 ans il n’y a pas eu de nouveau mouvement artistique, les derniers sont la figuration narrative, le nouveau réalisme, l’art de rue a pris la place ». « On se doit de poursuivre », ajoute-t-il. Et d’entretenir, car régulièrement il va rafraîchir ses fresques.